Un voyage à Tahiti offert, ça vous tente ?

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Si on vous offrait un voyage à Tahiti, vous seriez partant(e) non ? Les plages paradisiaques, l’eau turquoise, la nature resplendissante… Un vrai petit paradis sur Terre. Mais pour se rendre dans ce petit paradis, il n’y a pas vraiment d’autre choix que d’y aller en avion. Et l’avion, comme tous les moyens de transport, ça pollue.

Il y a environ un mois, je posais cette question sur Twitter et Instagram :

En connaissant les conséquences environnementales, iriez-vous à TAHITI si on vous offrait le vol aller-retour ? (Vous pouvez remplacer Tahiti par une autre destination, l’important ici c’est l’impact environnemental) “.

Le sujet a suscité un très grand intérêt, avec plus de 3000 commentaires publics et privés. Des dizaines de personnes ont même commenté 24H après pour dire qu’ils y avaient réfléchi et potentiellement changé d’avis. C’est une bonne nouvelle, puisque c’est le but de cet article : ouvrir la réflexion sur un sujet qui va bien au-delà de la seule problématique du CO2. Bien que la situation de chacun(e) soit singulière, il a été possible d’identifier sept catégories de réponses, que je vous propose d’élaborer ici.

Avant propos et cadrage

Avant de découvrir les réponses, voici quelques éléments à garder en tête. Tout d’abord, il est indispensable de connaître l’impact de l’aérien sur le réchauffement climatique et les conséquences. Il y a une énorme différence entre “penser savoir”, “croire qu’on sait”, et réellement connaître les ordres de grandeur et les conséquences. Pour cela, les articles suivants sont un prérequis :

Enfin, pourquoi choisir l’avion ? Car il fait partie des rares exemples où il est possible de consommer un budget carbone annuel facilement et en très peu de temps.

Résultats et méthode pour choisir les commentaires

Comment faire pour choisir quelques commentaires sur plus de 3 000 ? Comment arriver à faire des catégories ? Pourquoi mettre en avant des commentaires, plus que d’autres ? Voici quelques points de méthode, précisions et limites de l’exercice :

  • Sur 5 258 votes sur Twitter, 59.6% des participant(e)s ont répondu qu’ils refuseraient ce voyage offert. Sur Instagram, avec plus de 15 000 votes, 50% des personnes acceptaient le voyage offert, 50% refusaient.
  • Les réponses en privé ont tendance à être plus sincères que les réponses publiques. Même si ce n’est pas le but de l’exercice, le regard des autres peut être important et biaiser votre réponse si vous dites que malgré les conséquences, vous souhaitez profiter d’un tel voyage.
  • La question était binaire : iriez-vous à Tahiti, OUI/NON. Mais la possibilité d’avoir des réponses longues et de nuancer était possible.
  • La population qui suit Bon Pote sur les réseaux sociaux est plus “conscientisée” que la moyenne française. Il est certain que le même sondage sur un échantillon plus large n’aurait pas donné le même résultat (avec plus de personnes qui auraient accepté le voyage)
  • L’important n’est pas la destination (Tahiti), mais la distance. Vous pourriez partir de New-York, de Francfort, de Madrid ou de Paris, l’important ici est de faire un voyage qui brûle au moins 2 ans de budget carbone individuel.
  • Pour le choix des catégories, c’est à partir de 50 réponses dans le même “thème” que la catégorie était créée. Si cela peut rassurer certain(e)s lectrices et lecteurs, votre cas était rarement unique dans les réponses !
  • Il n’y a pas de catégorie “bonne réponse” ou ” mauvaise réponse”. C’est légal d’accepter un A-R à Tahiti (ou autre). “Quel est le problème finalement ?

Non, je n’irais pas à Tahiti / Oui, j’irais

Au lieu de créer des catégories, nous aurions pu tout simplement faire deux points : “Oui, j’irais,” et “non, je n’irais pas”. Mais deux personnes qui avaient pourtant une décision totalement opposée pouvaient renvoyer à une même thématique et c’est bien pour cela que les catégories ont ensuite été créées. Avant de les présenter, voici quelques exemples de réponses justifiant le choix de faire ou non le voyage.

“Non, je n’irais pas”

Non, et nous sommes d’ailleurs quelques collègues à avoir refusé d’aller à un séminaire pro en Croatie (aux frais de notre employeur donc) justement car nous sommes au courant des conséquences environnementales (et mine de rien, ça fait du bien de ne pas avoir été le seul).

Non. Le plaisir n’en vaut pas la chandelle. Est-ce que je préfère profiter sur une courte durée et avoir un avenir difficile (chaleur, manque d’eau, conflits mondiaux pour l’alimentation…) ou vivre plus simplement pendant des années. Le choix est assez rapide !

Non. Je fais des efforts au quotidien pour limiter mon impact et voir tous ces efforts partir en un claquement de doigts. J’ai du mal à faire mon jardin à cause de la sécheresse et voir tous ces incendies autour de moi. Ça fait bien réfléchir.

Non connaissant l’impact de ces voyages à but uniquement touristique et dans un modèle de consommation +++ je ne pourrais pas apprécier le plaisir du voyage sans penser à l’égoïsme de ma décision

NON Parce que grâce à ton travail et à tes articles, je connais désormais l’impact

Non | won’t, dans X années quand le futur me demandera ce que j’ai fait pour empêcher ça: tout mon possible

“Oui, j’irais à Tahiti”

Oui parce que ce serait une opportunité unique , mais je ne volerais plus les 5 ans qui suivent. En tout cas c’est ce que j’aime à penser

Oui, car pas encore prête psychologiquement à revoir toute ma conception du bonheur qui pour moi passe aujourd’hui par la découverte et le voyage. Se déconstruire est difficile et parfois violent dans une société qui ne nous apprend pas à trouver du plaisir dans les choses simples. Accepter l’idée qu’il y a des endroits que je ne verrai jamais pour mieux les protéger est assez douloureux. Comme un sacrifice ultime et un abandon d’une partie de moi. C’est tout un processus long et si la prise de conscience de l’impact est importante, cela doit s’accompagner de solutions pour aider les personnes à revoir toute leur conception du plaisir, du bonheur, à revoir leurs valeurs, à se penser autrement, à orienter leur vie complètement différemment sans renoncer à être heureux pour autant. Sobriété heureuse sonne souvent comme un oxymore dans une société où l’on nous apprend qu’il faut toujours posséder/consommer plus pour être heureux. Mais j’y travaille”

On m’offre un voyage au Québec pour l’été prochain, c’est mon rêve d’y aller depuis 28 ans et depuis quelques mois je ne sais plus quoi faire !!!! N’importe quelle autre destination c’est non direct mais le Québec… trop dur

Pas assez déconstruit mon envie d’exotisme et de trucs incroyables

Oui parce que je suis vegan depuis 3 ans, vege avant ça depuis 5 ans, moi chaque jour je fais ma part

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Les 7 catégories de réponses

Passons désormais aux catégories de réponses. Pour rappel, une catégorie est créée lorsqu’il y a au moins 50 réponses sur le même thème. Ces catégories permettent non seulement d’ouvrir la discussion sur nos envies, nos blocages, nos renoncements, etc. mais rappellent aussi que si un sentiment vous traverse, et si cela peut vous rassurer… vous n’êtes pas seul(e) dans cette situation !

1/ L’honnêteté – devant le fait accompli

C’est une catégorie à part, mais qui mérite d’être mentionnée, tellement les réponses en ce sens étaient importantes. “J’ai répondu, mais qu’est-ce que je ferais si la situation arrivait vraiment ? Cela concerne plutôt les personnes qui ont répondu “non, je n’irais pas”. En effet, et parfois même 24h après le sondage, il était difficile d’affirmer avec certitude que si un voyage à l’autre bout du monde était offert, ces personnes auraient la force mentale de refuser.

Nous ne parlons pourtant “que d’un voyage”, non d’un chèque signé de TotalEnergies qui achète votre silence sur ses activités et sa responsabilité sur le changement climatique anthropique ! Mais cela touche au cœur du sujet : l’honnêteté, l’éthique, et au dit ‘renoncement’. Quelques commentaires en ce sens :

Franchement j’ai voté non en pleine conscience mais devant le fait accompli je sais pas si ma volonté tiendrait en vrai

Je pense que j’irai s’il m’est offert car je n’irai jamais par moi-même. Bien entendu, il s’agit d’un cas hypothétique ou quelqu’un me donnerait juste des billets, car je ne cherche pas à aller où que ce soit (c’est à dire que je ne participe à aucun concours ou tirage au sort mettant en jeu ce type de lots)… J’irai en me sentant coupable de prendre l’avion, mais je pense que je ne serai pas assez forte pour le refuser malheureusement

Je limite les voyages en avion depuis plusieurs années et malgré le fait que je sois fière et en parle autour de moi et essaye de convaincre mon entourage de faire la même chose, je sais au fond de moi que le voyage me manque. Si je gagnais ce billet je le verrais comme une chance, une exception. Je ferais mon maximum pour ne pas avoir trop d’impact sur place et serais d’autant plus attentive que je ne le suis déjà en rentrant. Mais je sais que je ne pourrais pas résister (et que cela entraînerait aussi à l’inverse la frustration de ne pas avoir résisté)

J’voulais revenir sur ton sondage, je l’ai vu hier et en fait tu m’as posé un sacré dilemme… De prime abord je me suis dis “oui j’irais, je n’ai pas beaucoup de moyens et ce serait vraiment une occasion unique” mais après je me suis demandée “donc si j’avais de l’argent est-ce que je ferais attention à l’écologie ? Parce que là si on me paie un voyage j’y vais, même si je sais que ça ruine absolument tous mes petits gestes ecolo du quotidien” et en fait après réflexion ben je sais pas si je ferais passer la protection de la planète avant mes désirs… Et ça remet beaucoup de choses en question…

2/ La pression sociale, le coût social

Ce n’est pas facile tous les jours d’être le petit écolo de la famille. L’écolo du bureau. L’écolo de la bande d’amis qui a beaucoup changé, parfois un peu trop au goût de certains.”

L’un des plus grands blocages au changement, et dont on ne parle pas du tout assez, c’est le coût social. Changer vos habitudes aura un impact sur votre portefeuille, sur votre empreinte carbone, mais aussi sur les liens sociaux qui sont parfois le fruit de plusieurs années d’amitié avec une personne. L’exemple du groupe d’amis d’enfance qui décide d’aller y passer les 10 jours de vacances est un excellent exemple. Que faire ? Y aller ? Fermer les yeux sur ses convictions et ne pas passer pour l’emmerdeur ? Ou refuser d’y aller, ne pas partager ce moment ensemble et risquer de s’éloigner de ce groupe d’amis ? Le parallèle avec le fait de devenir végétarien a également été évoqué plusieurs fois : le végétarien, le “relou de la bande”, car ce n’est pas la norme sociale.

“J’ai répondu oui car je pars à Bali cet été. La culpabilité est bien présente mais l’envie de partir avec mes amis qui m’ont proposé d’y aller était bien présente également. Je crois que ce qui m’a décidé (en plus de la tentation de faire ce voyage) c’est la déception et les échecs que la lutte essuie avec les gouvernements, les industriels et la déception (influence peut-être aussi ?) perso d’être entourée de beaucoup de personnes qui sont loin d’être climat friendly. Et c’est épuisant.”

“Je ne suis pas fière de prendre l’avion, ni même de baisser les bras, j’en ai juste marre d’être seule à faire des efforts pendant que mes potes continuent comme si ça ne brûlait pas partout”

3/ La justice sociale

C’est certainement la catégorie qui rassemble le plus de réponses. “Pourquoi refuser un voyage, un seul, quand certains font cela dix fois par an ?”. Cet argumentaire est très courant, et vient de toutes les catégories socio-professionnelles. Que vous ayez les moyens de vous payer le billet ou pas d’ailleurs.

J’ai répondu non par conviction MAIS je pense qu’avant de culpabiliser les petites gens à qui j’appartiens il faudrait réguler les grands comptes, les industries et les ultras riches (en 1 mois Bernard Arnault a consommé en Jet privé l’équivalent de 17 ans d’un français moyen !!!”

“Je vais pas me refuser un peu de rêve alors qu’un milliardaire prend son jet comme un bus.

Vous exposez clairement le problème de l’exemplarité des élites mais si la solution est de sacrifier unilatéralement une partie de notre vie en espérant un jour un geste de leur part, je suis navré mais je n’y crois absolument pas.”

Non, car tant que les gros privilégiés ne font pas d’effort, je vois pas pourquoi je me priverais du voyage d’une vie

En gros, ce sont les riches qui voyagent et polluent outre mesure, beaucoup plus que le couple qui n’a jamais voyagé et qui gagne un magnifique voyage. Limitons l’avion pour celles et ceux qui réellement en abusent parce qu’ils ont l’argent et le temps (le temps est la variable qu’on oublie souvent alors que c’est le nerf de la guerre) de le faire

Le plus écolo des Français

Rappelons que la justice sociale est indispensable pour avoir une chance de réussir la transition écologique. Rappelons également que le changement climatique est politique et si ce n’était pas encore clair pour vous, je vous invite vivement à lire cette synthèse du 2e volet du dernier rapport du GIEC.

PS : la justice sociale était déjà évoquée dans l’article “les Français se foutent-ils de l’écologie ?”.

4/ Dimension historique et justice climatique

Il est impossible de comprendre le changement climatique sans prendre en compte sa dimension historique. Nous touchons à nouveau du doigt le cœur du sujet : l’équité. Il y a un très fort décalage entre les personnes qui n’ont jamais pris l’avion et aimeraient par exemple voyager au moins une fois à l’autre bout de planète, découvrir une autre culture etc., et les personnes qui prennent l’avion comme d’autres prennent le métro. En d’autres termes : si le trafic aérien doit réduire pour respecter nos engagements climatiques, faut-il que les personnes qui en ont déjà bien profité montrent l’exemple ?

NON : J’ai eu la chance de faire 30 pays avant mes 22 ans et surtout avant d’avoir une conscience environnementale, maintenant je sais qu’il y a des milliers de choses à faire en France et en Europe. La preuve, cette année en train depuis Nantes avec pourtant peu de vacances : Venise, Milan, Turin, Berlin, Hambourg, les Alpes, les Pyrénées etc…

“Elle est compliquée ta question car elle met à disposition le privilège de faire un voyage unique à tout un chacun.e. Je suis déjà allée à Tahiti (j’ai une amie, j’en ai profité il y a plus de 10 ans) donc je me sens privilégiée à dire aujourd’hui stop l’avion alors que je suis allée au Japon (pour y vivre 1 an), à Tahiti et à NYC. C’est difficile je trouve de dire aux gens stop l’avion quand toi-même par le passé tu as été consommatrice et tu as vécu de belles choses grâce à tes voyages. Limite hypocrite. Il faut tenir compte de cela dans nos argumentaires et pas seulement condamner une pratique dont on a bien profité.”

Non. Mais je réponds « non » car mon métier m’amène à voyager et que j’ai eu l’occasion de découvrir le monde. Si tu m’avais posé la question quand j’avais 20 ans, j’aurais répondu oui.

5/ La durée du voyage

De nombreuses personnes ont indiqué que cela dépendait de la durée du voyage. Pour un aller-retour de quelques jours, c’est non, mais pour quelques mois, pourquoi pas. C’est donc ici et en très grande majorité la variable empreinte carbone qui domine : on divise les tonnes émises du voyage sur plusieurs mois ou années pour en amortir ‘le coût carbone’. Rappelons tout de même que même pour 3 mois, cela explose le budget carbone cible…

“Si c’est un allez retour sur 8 ou 10 jours ou moins, non – Si c’est un voyage de 3mois ou plus sans problème.”

“La question est trop simple. L’AR donné pour rester quelques jours c’est non. Par contre un vrai voyage, préparé, qui permet de visiter, de s’imprégner. La différence entre un tourisme consumériste qui dirait j’ai fait Tahiti et un moment central dans ma vie d’un voyage préparé…”

“Ça dépend de la durée. Je pose une autre question, à partir de combien de temps passé sur place peut-on considérer que c’est durable ? (1 an, 10 ans?)”

6/ La famille

C’est une remarque récurrente et qui est apparue plus de cent fois en commentaires : comment faire quand notre famille vit très loin ? Doit-on faire une exception pour la famille? Si votre sœur part vivre en Australie, pouvez-vous lui rendre visite une fois par an ?

Si une personne fait le choix de partir vivre à l’autre bout de la planète, doit-elle prendre en compte le fait que chaque retour en France (ou personne la visitant) serait l’équivalent de deux à trois années de budget carbone, et donc accepter inconsciemment de ne plus voir aussi facilement et fréquemment ses ami(e)s et sa famille ? Ou la famille doit-elle être une exception pure et simple, sans limite de voyages ? Pourquoi ce serait le cas pour la famille et pas votre meilleure amie, vitale pour votre bien-être et santé mentale ?

Et pour le mariage de votre meilleur ami, vous y allez à Tahiti ?

“Clairement non. Les long courriers c’est fini pour moi. Par contre je n’ai pas encore réussi à lâcher à 100% l’avion (1 vol par année pour voir mes parents en Grèce sans alternative plus écologique)”

“Par contre c’est vrai que j’aimerais aller voir mon frère qui vit à la Réunion pour son boulot, mais jamais je prendrais l’avion pour moins d’un mois sur place…”

“FAMILLE : Oui parce que j’en suis originaire et que je suis en France pour mes études. Ça pose un réel dilemme de choisir d’émettre 4t CO2 et exploser son budget carbone ou d’aller se ressourcer avec ses proches…”

“Non. La manière dont je l’obtiens n’enlèvera rien à l’empreinte carbone du vol. Et je dis ça en toute honnêteté, ma sœur prend l’avion pour aller au Portugal la semaine prochaine, son mari ne venant plus elle m’a proposé. C’était un dilemme horrible (parce que la moitié de ma famille est là-bas, ce n’est pas pour du tourisme) mais j’ai refusé. C’est dur mais la dissonance cognitive devient trop grande au bout d’un moment alors c’est comme ça. (Une connaissance m’a d’ailleurs traitée d’égoïste face à ce choix alors que y a pas plus dur). Je continuerai d’épargner pour me ruiner en train.”

7/ En couple, comment faire ?

La dernière catégorie est vraiment à part et est parfois source de tensions très fortes : comment faire lorsque l’on est en couple ? Il est courant qu’il y ait une personne plus consciente des enjeux climatiques que l’autre et que cette personne souhaite aligner son mode de vie avec ses convictions. Mais comment faire quand l’autre n’a pas le même niveau de compréhension, ou d’éthique ?

Un couple qui avait l’habitude d’aller à l’autre bout du monde deux fois par an pour profiter des barbecues à Puerto Rico et de cette viande divine à Buenos Aires ? Si d’un coup, il faut drastiquement réduire l’avion et la viande, voire devenir végétarien(ne), comment faire ?

“En fait je change d’avis, j’ai réfléchi et par rapport au fait que ça soit un cadeau ça sera difficile pour moi de refuser. Bon après si j’y vais seule, aucun intérêt à y aller, mais si c’est mon mec qui me l’offre (ça m’étonnerait bien) je l’accepterai. Il a voulu me faire plaisir. Mais je ne prends plus l’avion pendant 10 ans… ou on en parle, Tahiti c’est pas 1 semaine. Et plus de 1 semaine sans mes enfants, dur … Je suis désolé pour cette réponse, je serais tellement gêné que l’on m’offre un si beau cadeau à refuser…”

“Pour rajouter de l’eau au moulin, je ne prends plus l’avion après avoir pourtant bien bourlingué et travaillé pour des ONGs humanitaires… à une exception près. Je fais face à un dilemme et je pense ne pas être la seule car le père de ma gamine vit à 3 heures d’avion (les (ex) couples binationaux, une conséquence de la globalisation…) et pour maintenir un lien physique avec le papa, je n’ai pas d’autre choix que l’avion aujourd’hui dans la mesure où l’Orient Express est un monument du passé… j’ai beau faire tous les efforts possibles au quotidien, mon bilan carbone est fichu avec cet aller-retour estival en avion. Je vis avec la perspective que bientôt, on ne pourra plus du tout prendre l’avion. Il reste le bateau à voile et l’eurovélo pour booster l’imaginaire mais c’est dur.”

Ma position sur ce sujet c’est que c’est difficile de demander à des gens qui n’ont jamais voyagé (ou très peu) de renoncer à prendre l’avion pour les vacances. En revanche, les cadres sup qui ont déjà fait 10 pays à 30 ans n’ont aucune excuse pour continuer. Une position plus compliquée à accepter pour ma femme, venant d’un milieu plus modeste, qui a peu voyagé et qui en ressent de la frustration, ce qui est tout à fait compréhensible”.

Et quand vous êtes en couple avec deux femmes ou deux hommes, comment faire ? Si vous tombez amoureuse d’un Canadien et d’un Sud-Africain, ou d’une Australienne, comment faire ? La polygamie internationale est-elle compatible avec un monde soutenable ? Vous avez 4 heures.

Le mot de la fin

Cet article insiste sur un point qui est rarement explicité. En effet, avant d’être une question de CO2, le réchauffement climatique est avant tout une question éthique. Suis-je prêt(e) à changer certaines choses, à renoncer à d’autres, pour garder une Terre habitable pour le plus grand nombre ?

Alors qu’environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique, suis-je prêt à renoncer à un voyage de loisir ?
Vais-je aller au Cambodge, pour faire comme mon cousin, alors que le pays sera ravagé par le changement climatique, dans un monde réchauffé à +2°C (donc potentiellement autour de 2040). Vais-je aller en Australie, parce que j’adore les koalas, même si plus de 3 milliards d’animaux ont été affectés par les mégafeux en 2020, eux-mêmes aggravés par le changement climatique ? Pourquoi les morts des canicules en Inde m’empêcheraient d’aller visiter New-Delhi ? C’est quand même pas un aller-retour qui va tuer des centaines de personnes ! “Okay y a des morts, mais on va pas s’empêcher de vivre !

Outre l’aspect éthique, de nombreux points mis en évidence soulignent le besoin d’un changement systémique, indispensable si une hypothétique transition écologique devait avoir lieu. Cette transition n’arrivera pas sans justice sociale. Elle n’arrivera pas sans que les pays très fortement dépendants du tourisme ne préparent pas leur transition. Enfin, à l’instar du prix parfois exorbitant du prix du train et du prix ridiculement bas de l’avion, elle n’arrivera pas non plus si des changements structurels et des alternatives crédibles ne sont pas mises en place.

J’aimerais conclure cet article en citant Peter Kalmus, climatologue à la NASA :

Personne ne suggère que le fait de ne pas prendre l’avion résoudra l’urgence. Ce que je dis, cependant, c’est que l’incapacité des élites d’aujourd’hui, y compris de personnes conscientisées, à supprimer progressivement l’avion ou même à envisager de le faire, révèle un sérieux blocage sous-jacent à un changement rapide des systèmes.

Chaque fois que les activistes climat défendent le vol, même de façon habile, cela indique clairement le déni collectif fort et persistant auquel nous sommes confrontés en tant que mouvement/société/espèce.

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27 Responses

  1. Je vous découvre.
    Test intéressant.
    J’ai une question: y a t il des gens qui ont répondu “oui j’accepterais parce qu’à mon avis il est trop tard et qu’on va tous y passer”? C’est peut être la réponse que je vous aurais envoyé. Parfois j’ai l’impression que le manque de volonté politique général fait que de toute façon on ne pourra pas échapper à la catastrophe dans toute sa violence. Je crois que l’anthropocène va se terminer par une extinction de masse… incluant notre espèce. Avec comme pierre tombale: “ils ont disparu à cause de leur propre stupidité” (pour rester poli).

  2. mon avis est en 3 parties :
    Si le billet est déjà réservé, le mal est fait. laisser le siège vide ne donnera même pas le signal “je vote avec mon argent donc je n’achète pas de billet d’avion”
    Pour un billet qui n’est pas encore acheté, éthiquement il n’y a que le non qui tienne… au moins aussi longtemps qu’on serra au dessus des 1Tco2e/personne/an et qu’il restera un budget carbone suffisant pour ne pas dépasser le 1.5° (autant dire que c’est pas pour demain).
    cependant éthiquement, il y a une autre solution qui viens à l’idée : accepter mais payer une contribution à la neutralité carbone (= “compensation carbonne”) pour un montant d’au moins 3x l’empreinte carbone du vol.
    pourquoi 3x ? 1x pour l’empreinte identifiée. une 2ieme fois pour un problème de temporalité (la combustion et les traînées ont un impact réchauffant immédiat, le financement d’une diminution va lui avoir un impact dans l’avenir… par ex 30-100 ans pour un arbre). une 3ieme fois parce qu’on a toujours tendance a sous-estimer les dégâts futurs et surestimer les possibilités de réparations…un incendie de foret ruine à 0 la mesure.
    au moment de poster, je me dis que la seule véritable alternative au renoncement est peut-être de dépenser au moins la valeur du cadeau en contribution à la neutralité, ~700€ font 14 tonnes a 50€/T… le compte est précaire… par ex ce projet en Nouvelle Aquitaine d’agroforesterie est compté sur 30 ans… les 4T vont être résorbée en 2031… à la limite probable de l’épuisement du budget carbone 1.5°… faire moins que cela ne me semble plus défendable éthiquement si on a une connaissance un rien éclairé sur le sujet (ce qui n’empêcherait évidement pas un “ignorant” de le faire par méconnaissance des ordres des grandeurs et des conséquences… cela n’empêche pas non plus d’avoir un acte non éthique au besoin avec une excuse bricolé par notre cerveau pour pouvoir continuer à se regarder dans le miroir le lendemain… p’tre que mon calcul sur la contribution à la neutralité en est une après tout…

  3. 100% d’actu personnelle : ma belle famille nous offre un voyage où on est censés y aller en avion., on sait pas encore où.. ma femme a la pression car elle sait que je vais refuser. Elle a peur de se fâcher avec sa famille (clairement ils n’en n’ont rien à foutre du climat !).

    Je ne cèderai pas, ça c’est ferme et définitif. En revanche je publie ce commentaire pour vous remercier infiniment pour cet article que je garde en mémoire pour l’adresser à ma belle-mère le jour où (une fois de plus!) elle sera dans l’incompréhension la plus complète face à mes choix 😉

  4. Je me posais une question. Nous sommes une famille en plein voyage dans la décroissance depuis bientôt 10 ans, nous menons nos actions les unes après ou avec les autres. Par exemple le voyage: notre file 4,5 ans n’est jamais monté dans un avion, mon fils 7,5 ans une fois, mon mari refuse l’avion mais concède a 1 vol européens tous les 4 ans. Nous avons décidé donc de limiter nos voyages en avion a 1 tous les 4 ans. (ce qui créée parfois de la “frustration” mais pas forcément celle de ne pas prendre l’avion mais entendre au bureau, en ville les gens narrer le X -ème voyage de l’année de 3 jours à pétaouchnoc et se dédouaner puisque les autres font pourquoi pas moi?! Pas facile de résister à la “tentation”. Enfin chacun fait à sa sauce (pour l’instant :-P)

  5. Bravo pour cette enquête.

    Il y a peut-être un point qui n’a pas été abordé et qui fait que je ne suis pas totalement contre l’avion aujourd’hui.

    Le tourisme peut permettre un développement économique de certaines régions et la valorisation des espaces naturels (un lion a plus de valeur vivant que mort, une forêt tropicale plus d’attractivité touristique entière que brûlée).

    Sans tourisme, il resterait quoi à Tahiti, l’exploitation minière des fonds marins?

    Dans certains cas (rare), l’avion et le tourisme est peut-être un bien pour un mal.
    Malheureusement, je parle bien d’un tout petit % des vols et du tourisme actuel.

  6. Merci pour cette passionnante compilation puis analyse des réponses !
    Personnellement concernée par le 2 et le 4/7
    2 : je suis la seule végétarienne de la famille ; je continue à leur cuisiner à mari et enfants viande et poisson, sans en consommer, et même comme ça et sans faire de prosélytisme, je sens que ça “gonfle” tout le monde et ce n’est pas très agréable, d’autant que je vis de plus en plus mal le fait d’acheter et cuisiner des animaux…
    4/7 : plus jeune, j’ai pas mal voyagé ; aujourd’hui je refuse de prendre l’avion, mais mon mari (qui a moins voyagé) rêve de découvrir New York avec moi ; pour le moment ce n’est pas possible pour des raisons autres que mon refus (ouf !) mais d’ici quelques années il faudra faire un choix : lui tout seul, aucun de nous, ou nous deux… il n’a pas de questionnement écologique et considère qu’en triant les déchets il fait sa part (pour résumer grossièrement), donc il refuse de renoncer à ce voyage mais trouve absurde que je ne l’accompagne pas…

  7. Très intéressant. Ce que je trouve le plus difficile dans ce dilemme c’est le sentiment que faire ou ne pas faire le voyage ne changera probablement pas grand chose au problème. Mais évidement, si tout le monde raisonne comme ça, on n’y arrivera jamais.

    Je rajouterai un questionnement en tant que parents. Mes enfants (7 et 11) pourtant sensibles aux enjeux environnementaux, rêvent aussi de voyages. On en parle souvent avec eux, notamment sur les aspects climat. Je me pose régulièrement la question de « rester ferme » et tant pis pour le rêve, ou lâcher et profiter que mes enfants soient encore jeunes pour faire quelques beaux voyages avec eux. Pour l’instant, mes enfants n’ont pris l’avion qu’une fois dans leur vie (France – Grèce). Je sens que je vais probablement finir par faire quelques beaux voyages avec eux en me disant que l’enfance de ses enfants, ça n’arrive qu’une fois dans la vie.

  8. Un article encore une fois très intéressant et qui ouvre de nombreuses questions supplémentaires, un grand merci à Bonpote.

    Est-il prévu que d’autres suivront pour approfondir? Pourrait-on par exemple décortiquer la question initiale, et avoir des éléments de compréhension sur ce qui nous trouble tant à y répondre? Je pense d’ores et déjà à trois thème, et il y en a sûrement d’avantage:

    – Qu’est-ce qui m’amène à partir si loin? Qu’est ce que je fuis? Qu’est-ce que je vais y chercher? Pourquoi dois-je aller là-bas en particulier? A quel imaginaire et fantasie sur cet endroit ai-je été biberonné depuis toujours, pour entreprendre un tel voyage? Quel rôle joue le guide “Lonely Planet” Tahiti que je vais ajouter fièrement sur les autres et exposer empilés dans le salon à la vu de tous mes invités? Quid de la carte à grater où tout le monde pourra voir dans mes toilettes toutes les destinations que j’ai cochées?

    – Suis-je confortable avec la visite de cette destination en particulier? Quelle est l’histoire de la France métropole avec ce territoire, et est-ce quelque chose que je veux perpetuer? Quel est l’impact économique, social et environemental du tourisme dans cette destination prétendue paradisiaque?

    – Quel est l’influence du mode de distribution sur mon choix? En supposant que j’en ai les moyens, ma réponse est-elle différente si c’est un cadeau ou si j’achète mon billet? Dans le cas du cadeau, le billet étant déjà acheté, si je l’accepte mais que je ne monte pas dans l’avion, cela changera-t-il quelque chose, sachant que cet avion décollera de toute façon et que le billet acheté envoie le message de prévoir ce même vol à l’avenir?

    PS: Je viens d’écouter ton interview dans le podcast “SuperGreenMe”, c’est sympa de te découvrir par d’autre canaux 😉

  9. Quand j’aurai rendu mon dernier souffle, le fait d’avoir fait ce « super voyage fantastique tant rêvé depuis longtemps » ; ou le fait de ne pas l’avoir fait ; n’aura strictement plus aucune importance pour moi. Mais dans le premier cas, l’atmosphère alourdie de mes quelques tonnes de co2 oisifs se souviendra pendant encore très longtemps de ce voyage, pendant bien plus longtemps encore que mes proches survivants se souviendront de moi. Alors quel intérêt, si toutefois ce moyen de transport devenu en 20 ans le plus exécrable qui soit en a encore ?

  10. Merci pour le partage et l’analyse, même si comme mentionné, le public bonpote est déjà très conscient des enjeux. Je serais curieux des résultats d’un tel sondage dans la population.
    Pour mon cas, je limite l’avion et n’irais pas à tahiti, pour des raisons familiales. Ma femme est Australienne et nous vivons en Europe. Nous allons voir sa famille tous les deux ans en avion et eux viennent tous les deux ans également.
    C’est un réel sujet de débat et de stress dans notre couple. Priver les enfants de leurs grand-parents et nous priver d’y aller est impossible. Nous ne prenons donc plus l’avion pour aucune destination autre que l’Australie, depuis plusieurs années désormais afin de “pouvoir” le prendre tous les deux ans… Mais sans innovation technique dans l’aviation ou autre solution, notre budget carbone sera bien supérieur à la moyenne…

  11. Bravo pour ce titillement en pleine saison touristique dans laquelle les vols sont surbookés avec des pénuries de main d’oeuvre dans les aéroports…
    Effet réactif contre Covid avec anticipation d’éventuelles restrictions hivernale ?
    C’est quelques part le comble quand on pense que l’on crée les conditions de propagation du virus (Déforestation + élevage intensif + commerce mondiale (50000 porte conteneurs sillonnant la terre…) + tourisme (4 milliards de vols (une exponentielle récente))
    Avant dan l’histoire des pandémies c’était l’apanage des conquérants tour mondiste (à la voile) qui revenaient moins nombreux qu’en partant et qui rependaient quelques virus de ci de là…
    De même qu’il nous ai difficile d’envisager le moindre en mode “énergie renouvelable total(moulin à eau, à vent traction animal pour toute énergie externe à celle de l’homme…cf Jancovici et ses 250 chevaux et 3/500 esclaves par occidentale moyen ???
    Comme qui dirait “si la honte était côte en bourse, elle crèverait les plafonds”. mais cela ressort du discourt culpabilisant. Culpabilité il y a lorsque l’on commence à savoir le pourquoi du comment les conséquence de chacun de nos petits actes, paroles, pensées…
    Si l’on avait les conséquences de nos actes directement (Ex. on prends l’avion, notre maison brûle…) nous nous poserions moins de questions…
    Au raisonnement si les autres le font alors pourquoi pas moi… hum syllogisme ou autres faille de la “logique” (amis lettrés…) dans ce cas les comportements éthique n’existerait tout bonnement pas … puisque mon voisin à dénoncer untel (qui a finit dans un four) alors pourquoi ne ferait-je pas pareil.
    En fait, il est difficile de raisonner sans ce concept de culpabilité… savez-vous que dans certaine culture le mot lui même n’existe pas…
    en revanche une autre logique serait présente. (plus individuelle… cf. Karma).
    Mais au final je ne le fais pas que pour moi, aussi pour les autres voir surtout pour les autres. Et parait-il que ce qui nous rend le plus heureux est de faire le bonheur des autres ou tout au moins d’y contribuer… “il n’y a pas plus égoïste que d’être altruiste (confirmé par études en neurosciences (amis scientifiques ;-)).
    Ce qui au final ce qui avait l’apparence d’un renoncement est un cadeau à beaucoup de monde. Mais pour ne pas quand même reste sur ça fin de chercher des stratégies différentes (sans effets collatéral ou exponentiellement moindre) cf C.N.V. (Communication Non-Violente) Besoin/ Stratégie : un besoin des milliers de Stratégie… pour l’occurrence ici : besoin de dépaysement, de découverte, d’exploration… Stratégie : mobilité douce Vélo électrique train rando (sport nature …) avec peut être une durée accentué…. ce qui empiète sur le temps de travail… qui lui même aura été réduit puisque art de vie frugal/sobre/simple… Quid du crédit de 30 ans pour dormir au chaud à l’abri… et quid de la voiture à 10/30000 euros plus frais de fonctionnement …tout ça pour dire que tout ça est systémique autant pour les conséquence globale (espace et temps) qui sur le mode de vie. Si plus personne ne prends l’avion… (Flight-shaming)? que se passerait-il ?
    puissance du boycotte.
    Éthique ok et quid de la spiritualité (je dis bien spiritualité pas religion même si pas du négatif en théorie cela devait amener à plus d’éthique et de sagesse…) Éthique laïc pourrait s’inspirer de ce qu’il y a de meilleur ?
    Hum désolé je pars dans tous les sens (pensée arborescente et non en silo;:))
    Comme l’était le monde (très différent) il y a 200/300 ans il ne sera plus du tout le même dans 10/20/30 ans et ça notre imaginaire a beaucoup de difficulté à se le dire. (jusque là tout va bien) (chute à 1 m du sol)…
    De toute façon, nous mourrons quand même (moins bête …ou plus sage ?)
    merci de tout ces partages 😉

    1. bravo pour cette magnifique phrase : “ce qui avait l’apparence d’un renoncement est un cadeau à beaucoup de monde”

  12. Non sérieusement vous croyez à vos comptines ???
    Le bilan carbone de la guerre chez nos voisins ukrainiens !
    Plus vieux encore le bilan carbone de nos essais nucléaires puisque vous citez la Polynésie et encore plus vieux le bilan carbone de nos essais nucléaires en Algérie !!!
    Il n’y a plus de bilan carbone car les quotas sont largement explosés et rien n’arrêtera la destruction programmée de notre planète.

    1. Si je vous comprends bien, c’est foutu et toute action est inutile?

      Donc, si vous avez des enfants (voire des petits-enfants), ils sont condamnés à suffoquer dans leur vie future parce que personne n’aura rien fait? Dans ce cas, si je vous suis dans votre raisonnement, il vaudrait donc mieux mettre fin à leurs jours immédiatement pour leur éviter des souffrances ? Par notre action de les tuer aujourd’hui ou par notre inaction en les faisant mourir de chaud demain, nous nous permettons de continuer à agir dans le business as usual sans nous remettre en question. Bref c’est commettre un acte anti-politique (au sens du vivre ensemble énoncé d’Hannah Arendt). La tendance est au laisser-faire au nom de la sacro-sainte liberté d’entreprendre ou de jouir sans limites plutôt que de se questionner et d’agir pour le collectif d’aujourd’hui et de demain. Esprit des temps quand tu nous tiens…

      Honnêtement, je préfère poser des actes citoyens ici et maintenant en ne prenant pas l’avion afin que ceux qui nous suivent puissent avoir une chance. Le fait de voyager par les airs est un acte privilégié et souvent inutile: c’est donc une lâcheté de ne pas vouloir se remettre en question. Pour information, nous ne sommes que relativement peu sur terre à avoir pris un jour l’avion, et une part de ceux-ci sont des utilsateurs compulsifs très polluants si l’on regarde l’impact par personne. Idem en libérant des zones touristiques ou en interdisant l’exploitation de certaines zones industrielles pour les “ré-ensauvager” nous pouvons même en faire des puits à carbone.

      Bref, il faut taper là où il faut. Si l’industrie aéronautique ne se décroit pas d’elle-même, la pression doit venir du monde politique par exemple en taxant le kérosène. Pas possible? On est pourtant arrivé à tant de choses par du courage politique: par exemple, supprimer l’esclavage ou le travail des enfants en Occident. Si l’on y est parvenu, c’est parce qu’il a eu ce courage. Si l’on avait écouté à cette époque les excuses du type “Oui mais il n’y a rien qui est fait chez les autres, là-bas. Donc je ne suis pas d’accord pour commencer le premier”, nous aurions laissé la traite des esclaves se poursuivre bien plus longtemps.

  13. Beau travail d’analyse. Y aurait-il un chercheur caché derrière cette étude?

    L’aviation est une chose, mais il faut se rendre compte que l’industrie touristique représente en France 11 % de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre (selon l’Ademe). Cependant le voyage en avion est une des pratiques les plus inégalitaires par rapport à d’autres façons de se déplacer.

    Personnellement, cela fait quatre ans que je ne suis plus parti en vacances et nous n’avons pris qu’une seule fois l’avion (du Nord vers l’Espagne), il y a presque 20 ans. Et toutes nos vacances se sont passées à moins de 600 kilomètres de chez nous. Cela aurait été facile pour moi de dire non.

    Mais je comprends qu’il est si difficile de refuser une telle offre quand l’on se rend compte de la pression sociale énorme à ‘devoir’ partir et à l’image trop positive qui nous est offerte par toutes ces destinations exotiques. Lorsque nos enfants annoncent les plans pour leurs vacances aux amis de classe, ils se voient suspectés de vivre dans la pauvreté. Il faut dire que certaines classes populaires se saignent financièrement pour s’acheter des billets d’avion simplement afin de se sentir acceptés socialement.
    Pourtant tant de touristes se disent plus fatigués au retour qu’au départ. Et parfois ils omettent de dire tous les déboires qu’ils ont rencontrés, ce qui les incitent à repartir l’année suivante ailleurs, pour reprendre ce qu’ a dit le sociologue Jean-Didier Urbain :”Le touriste est un voyageur éternellement frustré. Et c’est pour cela qu’il récidive.” Je vous invite à lire les différents livres de Rodolphe Christin pour mieux comprendre les méfaits sociaux et environnementaux de la machine touristique, y compris du tourisme qui se prétend éthique.

    Ne pas prendre l’avion, voire ne pas partir du tout, c’est trouver la force de caractère de dire non à tous ces pressions, c’est résister à des tendances destructices pour notre environnement. Il faut se rendre compte que prendre en masse l’avion est un phénomène récent.
    Et ne pas accepter de le prendre, cela demande effectivement un effort de réflection. Nous devons réapprendre à trouver le bonheur dans des plaisirs simples, et non dans des images imposées. Et c’est tout à fait possible sans devoir partir loin, voire en restant tout près d’ici. Cet effort de refus , c’est remettre en cause une perception que beaucoup de personnes de classes privilégiées ou de la classe moyenne (que nous sommes si nous lisons ces lignes) n’osent pas faire, préférant voir cette évasion comme un besoin “vital”.

  14. Bonjour BonPote
    Pourriez vous faire un sondage, pour le fun et poser la question suivante :
    Essayez de donner 1 seule action qui serait plus plus dommageable pour le climat que de prendre l’avion pour un vol long courrier AR 2 x 5000 km ?

    Merci

  15. Merci pour le partage de toutes ses opinions !
    De mon côté, la question s’est clairement posée puisque mes parents viennent de m’offrir ce voyage à Tahiti où ils vivent depuis quelques temps. Eux n’ont pas pris l’avion pour y aller puisqu’il s’agit d’une longue étape de leur tour du monde à la voile entamé il y a plus de 3 ans.
    Toujours est-il que ma décision d’accepter ce voyage est assez difficile à vivre maintenant que le vol est réservé. Alors j’essaye de me déculpabiliser en me disant qu’au quotidien je fais des efforts et que je vais en faire encore plus pour “compenser”… bien au courant que ça ne “compensera” absolument pas ces 4tonnes de CO2 que cela représente.
    Mais bref, j’ai dit oui parce que je n’ai pas réussi à dire non à un voyage qui me fait rêver depuis toujours… au détriment de ma conscience et ça me déprime.

  16. Très intéressant, merci. Moi même je suis dans un dilemme de ce genre.

    Avec ma femme, pour nos 10 ans de mariage, nous nous étions promis de faire un voyage au Canada.
    Nous avons des revenus modestes et la seule fois où j’ai pris l’avion c’était pour notre voyage de noces en Finlande.
    Depuis cette promesse, j’ai pris conscience des enjeux climatiques et des conséquences des voyages touristiques.
    Je n’ai jamais été un adepte du tourisme, à contrario de ma femme, qui elle est moins impliquée et aimerait partir plus souvent ou plus loin qu’actuellement.
    Son argument principal est que notre train de vie n’a rien à voir avec les entreprises et les classes supérieures qui elles, ne se restreignent pas.

    Bien que je me restreigne sur ma consommation et mon mode de vie, je pense que je vais tout de même faire ce voyage pour plusieurs raisons :
    1/ Pour le bien de mon couple. J’aime ma femme, je veux lui faire plaisir.
    2/ Parce que le Canada est toujours un pays qui m’a attiré malgré mon côté casanier.
    3/ Parce que je ne vois aucun signe significatif qui parte dans la bonne direction de nos politiques et de nos sociétés, j’ai du mal à me dire que faire ce voyage ou pas changera quelque chose à l’issue.

    Même si je vais évidemment culpabiliser vis-à vis de mon fils et des jeunes générations.

    Je me pose par contre une question. J’avais lu un article, que je ne retrouve pas, sur l’auto culpabilisation qui avançait la thèse que les dominants ont réussit à nous faire culpabiliser individuellement tout en faisant de l’argent là dessus. Et pendant qu’on se divise entre petites gens sur qui à le meilleur mode de vie et les bonnes pratiques, ceux là continuent de se gaver sans limite et profiter jusqu’à plus soif de notre planète. Est-ce que nous limiter individuellement ne fera pas qu’ajouter du temps aux dominants pour arriver de toute façon à l’effondrement ?

  17. Merci pour cet article, j’apprécie la vision sociétale qu’apporte la conclusion de M Peter Kalmus, elle souligne bien l’orgueil de nos sociétés et cette impossibilité de critiquer collectivement les technologies qui nous détruisent…

  18. 50% qui disent non, je suis épatée. Mais honnêtement je pense que je n’en serais pas capable. J’ai beau avoir fait pas mal d’effort (végé 4 ans, flexitarienne depuis), quasi plus d’achat de vêtement/outils informatique neuf, voyage en train, petite voiture électrique, etc… Le voyage reste encore et toujours quelque chose dont j’ai du mal à me passer (pour le moment je limite à un vol par an). Et ayant de la famille à l’étranger et très voyageuses c’est très compliqué de dire non.

  19. Bonjour Thomas,
    Merci beaucoup pour cet article tellement intéressant et au goût du jour, encore plus en cette période de vacances estivales.
    Malheureusement, je n’ai pas vu le sondage sur Twitter mais j’avoue que je ne sais pas ce que j’aurais réellement répondu.
    Je me retrouve tellement dans certaines catégories de réponses que tu as décrites, notamment les 3, 4, 6 et 7. Changer tout son système de pensées, de conception de la vie et du bonheur demande du temps. Un temps que malheureusement nous n’avons pas. Et c’est encore plus difficile quand on est bien plus conscienté que les gens qui nous entourent. C’est d’ailleurs pour moi particulièrement difficile moralement de voir le changement climatique au quotidien. J’ai parfois l’impression d’être sur le pont d’un bateau qui voit au loin un iceberg, sait qu’il va le percuter mais qui n’arrive pas à changer la trajectoire avec mes pagaies.

  20. Article passionnant et très attendu !

    Je suis absolument épatée par le travail de recherche et la collecte de témoignages. De mon côté : le dilemme est toujours présent. Je trouve que chaque argument se vaut, et je n’arrive pas à faire pencher la balance… En tout cas, ça amène de la réflexion ! Je vais parler de ce dilemme à mes proches pour connaître leurs avis 🙂

    Merci pour ce super travail d’information !

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Sommaire
Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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27 Responses

  1. Je vous découvre.
    Test intéressant.
    J’ai une question: y a t il des gens qui ont répondu “oui j’accepterais parce qu’à mon avis il est trop tard et qu’on va tous y passer”? C’est peut être la réponse que je vous aurais envoyé. Parfois j’ai l’impression que le manque de volonté politique général fait que de toute façon on ne pourra pas échapper à la catastrophe dans toute sa violence. Je crois que l’anthropocène va se terminer par une extinction de masse… incluant notre espèce. Avec comme pierre tombale: “ils ont disparu à cause de leur propre stupidité” (pour rester poli).

  2. mon avis est en 3 parties :
    Si le billet est déjà réservé, le mal est fait. laisser le siège vide ne donnera même pas le signal “je vote avec mon argent donc je n’achète pas de billet d’avion”
    Pour un billet qui n’est pas encore acheté, éthiquement il n’y a que le non qui tienne… au moins aussi longtemps qu’on serra au dessus des 1Tco2e/personne/an et qu’il restera un budget carbone suffisant pour ne pas dépasser le 1.5° (autant dire que c’est pas pour demain).
    cependant éthiquement, il y a une autre solution qui viens à l’idée : accepter mais payer une contribution à la neutralité carbone (= “compensation carbonne”) pour un montant d’au moins 3x l’empreinte carbone du vol.
    pourquoi 3x ? 1x pour l’empreinte identifiée. une 2ieme fois pour un problème de temporalité (la combustion et les traînées ont un impact réchauffant immédiat, le financement d’une diminution va lui avoir un impact dans l’avenir… par ex 30-100 ans pour un arbre). une 3ieme fois parce qu’on a toujours tendance a sous-estimer les dégâts futurs et surestimer les possibilités de réparations…un incendie de foret ruine à 0 la mesure.
    au moment de poster, je me dis que la seule véritable alternative au renoncement est peut-être de dépenser au moins la valeur du cadeau en contribution à la neutralité, ~700€ font 14 tonnes a 50€/T… le compte est précaire… par ex ce projet en Nouvelle Aquitaine d’agroforesterie est compté sur 30 ans… les 4T vont être résorbée en 2031… à la limite probable de l’épuisement du budget carbone 1.5°… faire moins que cela ne me semble plus défendable éthiquement si on a une connaissance un rien éclairé sur le sujet (ce qui n’empêcherait évidement pas un “ignorant” de le faire par méconnaissance des ordres des grandeurs et des conséquences… cela n’empêche pas non plus d’avoir un acte non éthique au besoin avec une excuse bricolé par notre cerveau pour pouvoir continuer à se regarder dans le miroir le lendemain… p’tre que mon calcul sur la contribution à la neutralité en est une après tout…

  3. 100% d’actu personnelle : ma belle famille nous offre un voyage où on est censés y aller en avion., on sait pas encore où.. ma femme a la pression car elle sait que je vais refuser. Elle a peur de se fâcher avec sa famille (clairement ils n’en n’ont rien à foutre du climat !).

    Je ne cèderai pas, ça c’est ferme et définitif. En revanche je publie ce commentaire pour vous remercier infiniment pour cet article que je garde en mémoire pour l’adresser à ma belle-mère le jour où (une fois de plus!) elle sera dans l’incompréhension la plus complète face à mes choix 😉

  4. Je me posais une question. Nous sommes une famille en plein voyage dans la décroissance depuis bientôt 10 ans, nous menons nos actions les unes après ou avec les autres. Par exemple le voyage: notre file 4,5 ans n’est jamais monté dans un avion, mon fils 7,5 ans une fois, mon mari refuse l’avion mais concède a 1 vol européens tous les 4 ans. Nous avons décidé donc de limiter nos voyages en avion a 1 tous les 4 ans. (ce qui créée parfois de la “frustration” mais pas forcément celle de ne pas prendre l’avion mais entendre au bureau, en ville les gens narrer le X -ème voyage de l’année de 3 jours à pétaouchnoc et se dédouaner puisque les autres font pourquoi pas moi?! Pas facile de résister à la “tentation”. Enfin chacun fait à sa sauce (pour l’instant :-P)

  5. Bravo pour cette enquête.

    Il y a peut-être un point qui n’a pas été abordé et qui fait que je ne suis pas totalement contre l’avion aujourd’hui.

    Le tourisme peut permettre un développement économique de certaines régions et la valorisation des espaces naturels (un lion a plus de valeur vivant que mort, une forêt tropicale plus d’attractivité touristique entière que brûlée).

    Sans tourisme, il resterait quoi à Tahiti, l’exploitation minière des fonds marins?

    Dans certains cas (rare), l’avion et le tourisme est peut-être un bien pour un mal.
    Malheureusement, je parle bien d’un tout petit % des vols et du tourisme actuel.

  6. Merci pour cette passionnante compilation puis analyse des réponses !
    Personnellement concernée par le 2 et le 4/7
    2 : je suis la seule végétarienne de la famille ; je continue à leur cuisiner à mari et enfants viande et poisson, sans en consommer, et même comme ça et sans faire de prosélytisme, je sens que ça “gonfle” tout le monde et ce n’est pas très agréable, d’autant que je vis de plus en plus mal le fait d’acheter et cuisiner des animaux…
    4/7 : plus jeune, j’ai pas mal voyagé ; aujourd’hui je refuse de prendre l’avion, mais mon mari (qui a moins voyagé) rêve de découvrir New York avec moi ; pour le moment ce n’est pas possible pour des raisons autres que mon refus (ouf !) mais d’ici quelques années il faudra faire un choix : lui tout seul, aucun de nous, ou nous deux… il n’a pas de questionnement écologique et considère qu’en triant les déchets il fait sa part (pour résumer grossièrement), donc il refuse de renoncer à ce voyage mais trouve absurde que je ne l’accompagne pas…

  7. Très intéressant. Ce que je trouve le plus difficile dans ce dilemme c’est le sentiment que faire ou ne pas faire le voyage ne changera probablement pas grand chose au problème. Mais évidement, si tout le monde raisonne comme ça, on n’y arrivera jamais.

    Je rajouterai un questionnement en tant que parents. Mes enfants (7 et 11) pourtant sensibles aux enjeux environnementaux, rêvent aussi de voyages. On en parle souvent avec eux, notamment sur les aspects climat. Je me pose régulièrement la question de « rester ferme » et tant pis pour le rêve, ou lâcher et profiter que mes enfants soient encore jeunes pour faire quelques beaux voyages avec eux. Pour l’instant, mes enfants n’ont pris l’avion qu’une fois dans leur vie (France – Grèce). Je sens que je vais probablement finir par faire quelques beaux voyages avec eux en me disant que l’enfance de ses enfants, ça n’arrive qu’une fois dans la vie.

  8. Un article encore une fois très intéressant et qui ouvre de nombreuses questions supplémentaires, un grand merci à Bonpote.

    Est-il prévu que d’autres suivront pour approfondir? Pourrait-on par exemple décortiquer la question initiale, et avoir des éléments de compréhension sur ce qui nous trouble tant à y répondre? Je pense d’ores et déjà à trois thème, et il y en a sûrement d’avantage:

    – Qu’est-ce qui m’amène à partir si loin? Qu’est ce que je fuis? Qu’est-ce que je vais y chercher? Pourquoi dois-je aller là-bas en particulier? A quel imaginaire et fantasie sur cet endroit ai-je été biberonné depuis toujours, pour entreprendre un tel voyage? Quel rôle joue le guide “Lonely Planet” Tahiti que je vais ajouter fièrement sur les autres et exposer empilés dans le salon à la vu de tous mes invités? Quid de la carte à grater où tout le monde pourra voir dans mes toilettes toutes les destinations que j’ai cochées?

    – Suis-je confortable avec la visite de cette destination en particulier? Quelle est l’histoire de la France métropole avec ce territoire, et est-ce quelque chose que je veux perpetuer? Quel est l’impact économique, social et environemental du tourisme dans cette destination prétendue paradisiaque?

    – Quel est l’influence du mode de distribution sur mon choix? En supposant que j’en ai les moyens, ma réponse est-elle différente si c’est un cadeau ou si j’achète mon billet? Dans le cas du cadeau, le billet étant déjà acheté, si je l’accepte mais que je ne monte pas dans l’avion, cela changera-t-il quelque chose, sachant que cet avion décollera de toute façon et que le billet acheté envoie le message de prévoir ce même vol à l’avenir?

    PS: Je viens d’écouter ton interview dans le podcast “SuperGreenMe”, c’est sympa de te découvrir par d’autre canaux 😉

  9. Quand j’aurai rendu mon dernier souffle, le fait d’avoir fait ce « super voyage fantastique tant rêvé depuis longtemps » ; ou le fait de ne pas l’avoir fait ; n’aura strictement plus aucune importance pour moi. Mais dans le premier cas, l’atmosphère alourdie de mes quelques tonnes de co2 oisifs se souviendra pendant encore très longtemps de ce voyage, pendant bien plus longtemps encore que mes proches survivants se souviendront de moi. Alors quel intérêt, si toutefois ce moyen de transport devenu en 20 ans le plus exécrable qui soit en a encore ?

  10. Merci pour le partage et l’analyse, même si comme mentionné, le public bonpote est déjà très conscient des enjeux. Je serais curieux des résultats d’un tel sondage dans la population.
    Pour mon cas, je limite l’avion et n’irais pas à tahiti, pour des raisons familiales. Ma femme est Australienne et nous vivons en Europe. Nous allons voir sa famille tous les deux ans en avion et eux viennent tous les deux ans également.
    C’est un réel sujet de débat et de stress dans notre couple. Priver les enfants de leurs grand-parents et nous priver d’y aller est impossible. Nous ne prenons donc plus l’avion pour aucune destination autre que l’Australie, depuis plusieurs années désormais afin de “pouvoir” le prendre tous les deux ans… Mais sans innovation technique dans l’aviation ou autre solution, notre budget carbone sera bien supérieur à la moyenne…

  11. Bravo pour ce titillement en pleine saison touristique dans laquelle les vols sont surbookés avec des pénuries de main d’oeuvre dans les aéroports…
    Effet réactif contre Covid avec anticipation d’éventuelles restrictions hivernale ?
    C’est quelques part le comble quand on pense que l’on crée les conditions de propagation du virus (Déforestation + élevage intensif + commerce mondiale (50000 porte conteneurs sillonnant la terre…) + tourisme (4 milliards de vols (une exponentielle récente))
    Avant dan l’histoire des pandémies c’était l’apanage des conquérants tour mondiste (à la voile) qui revenaient moins nombreux qu’en partant et qui rependaient quelques virus de ci de là…
    De même qu’il nous ai difficile d’envisager le moindre en mode “énergie renouvelable total(moulin à eau, à vent traction animal pour toute énergie externe à celle de l’homme…cf Jancovici et ses 250 chevaux et 3/500 esclaves par occidentale moyen ???
    Comme qui dirait “si la honte était côte en bourse, elle crèverait les plafonds”. mais cela ressort du discourt culpabilisant. Culpabilité il y a lorsque l’on commence à savoir le pourquoi du comment les conséquence de chacun de nos petits actes, paroles, pensées…
    Si l’on avait les conséquences de nos actes directement (Ex. on prends l’avion, notre maison brûle…) nous nous poserions moins de questions…
    Au raisonnement si les autres le font alors pourquoi pas moi… hum syllogisme ou autres faille de la “logique” (amis lettrés…) dans ce cas les comportements éthique n’existerait tout bonnement pas … puisque mon voisin à dénoncer untel (qui a finit dans un four) alors pourquoi ne ferait-je pas pareil.
    En fait, il est difficile de raisonner sans ce concept de culpabilité… savez-vous que dans certaine culture le mot lui même n’existe pas…
    en revanche une autre logique serait présente. (plus individuelle… cf. Karma).
    Mais au final je ne le fais pas que pour moi, aussi pour les autres voir surtout pour les autres. Et parait-il que ce qui nous rend le plus heureux est de faire le bonheur des autres ou tout au moins d’y contribuer… “il n’y a pas plus égoïste que d’être altruiste (confirmé par études en neurosciences (amis scientifiques ;-)).
    Ce qui au final ce qui avait l’apparence d’un renoncement est un cadeau à beaucoup de monde. Mais pour ne pas quand même reste sur ça fin de chercher des stratégies différentes (sans effets collatéral ou exponentiellement moindre) cf C.N.V. (Communication Non-Violente) Besoin/ Stratégie : un besoin des milliers de Stratégie… pour l’occurrence ici : besoin de dépaysement, de découverte, d’exploration… Stratégie : mobilité douce Vélo électrique train rando (sport nature …) avec peut être une durée accentué…. ce qui empiète sur le temps de travail… qui lui même aura été réduit puisque art de vie frugal/sobre/simple… Quid du crédit de 30 ans pour dormir au chaud à l’abri… et quid de la voiture à 10/30000 euros plus frais de fonctionnement …tout ça pour dire que tout ça est systémique autant pour les conséquence globale (espace et temps) qui sur le mode de vie. Si plus personne ne prends l’avion… (Flight-shaming)? que se passerait-il ?
    puissance du boycotte.
    Éthique ok et quid de la spiritualité (je dis bien spiritualité pas religion même si pas du négatif en théorie cela devait amener à plus d’éthique et de sagesse…) Éthique laïc pourrait s’inspirer de ce qu’il y a de meilleur ?
    Hum désolé je pars dans tous les sens (pensée arborescente et non en silo;:))
    Comme l’était le monde (très différent) il y a 200/300 ans il ne sera plus du tout le même dans 10/20/30 ans et ça notre imaginaire a beaucoup de difficulté à se le dire. (jusque là tout va bien) (chute à 1 m du sol)…
    De toute façon, nous mourrons quand même (moins bête …ou plus sage ?)
    merci de tout ces partages 😉

    1. bravo pour cette magnifique phrase : “ce qui avait l’apparence d’un renoncement est un cadeau à beaucoup de monde”

  12. Non sérieusement vous croyez à vos comptines ???
    Le bilan carbone de la guerre chez nos voisins ukrainiens !
    Plus vieux encore le bilan carbone de nos essais nucléaires puisque vous citez la Polynésie et encore plus vieux le bilan carbone de nos essais nucléaires en Algérie !!!
    Il n’y a plus de bilan carbone car les quotas sont largement explosés et rien n’arrêtera la destruction programmée de notre planète.

    1. Si je vous comprends bien, c’est foutu et toute action est inutile?

      Donc, si vous avez des enfants (voire des petits-enfants), ils sont condamnés à suffoquer dans leur vie future parce que personne n’aura rien fait? Dans ce cas, si je vous suis dans votre raisonnement, il vaudrait donc mieux mettre fin à leurs jours immédiatement pour leur éviter des souffrances ? Par notre action de les tuer aujourd’hui ou par notre inaction en les faisant mourir de chaud demain, nous nous permettons de continuer à agir dans le business as usual sans nous remettre en question. Bref c’est commettre un acte anti-politique (au sens du vivre ensemble énoncé d’Hannah Arendt). La tendance est au laisser-faire au nom de la sacro-sainte liberté d’entreprendre ou de jouir sans limites plutôt que de se questionner et d’agir pour le collectif d’aujourd’hui et de demain. Esprit des temps quand tu nous tiens…

      Honnêtement, je préfère poser des actes citoyens ici et maintenant en ne prenant pas l’avion afin que ceux qui nous suivent puissent avoir une chance. Le fait de voyager par les airs est un acte privilégié et souvent inutile: c’est donc une lâcheté de ne pas vouloir se remettre en question. Pour information, nous ne sommes que relativement peu sur terre à avoir pris un jour l’avion, et une part de ceux-ci sont des utilsateurs compulsifs très polluants si l’on regarde l’impact par personne. Idem en libérant des zones touristiques ou en interdisant l’exploitation de certaines zones industrielles pour les “ré-ensauvager” nous pouvons même en faire des puits à carbone.

      Bref, il faut taper là où il faut. Si l’industrie aéronautique ne se décroit pas d’elle-même, la pression doit venir du monde politique par exemple en taxant le kérosène. Pas possible? On est pourtant arrivé à tant de choses par du courage politique: par exemple, supprimer l’esclavage ou le travail des enfants en Occident. Si l’on y est parvenu, c’est parce qu’il a eu ce courage. Si l’on avait écouté à cette époque les excuses du type “Oui mais il n’y a rien qui est fait chez les autres, là-bas. Donc je ne suis pas d’accord pour commencer le premier”, nous aurions laissé la traite des esclaves se poursuivre bien plus longtemps.

  13. Beau travail d’analyse. Y aurait-il un chercheur caché derrière cette étude?

    L’aviation est une chose, mais il faut se rendre compte que l’industrie touristique représente en France 11 % de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre (selon l’Ademe). Cependant le voyage en avion est une des pratiques les plus inégalitaires par rapport à d’autres façons de se déplacer.

    Personnellement, cela fait quatre ans que je ne suis plus parti en vacances et nous n’avons pris qu’une seule fois l’avion (du Nord vers l’Espagne), il y a presque 20 ans. Et toutes nos vacances se sont passées à moins de 600 kilomètres de chez nous. Cela aurait été facile pour moi de dire non.

    Mais je comprends qu’il est si difficile de refuser une telle offre quand l’on se rend compte de la pression sociale énorme à ‘devoir’ partir et à l’image trop positive qui nous est offerte par toutes ces destinations exotiques. Lorsque nos enfants annoncent les plans pour leurs vacances aux amis de classe, ils se voient suspectés de vivre dans la pauvreté. Il faut dire que certaines classes populaires se saignent financièrement pour s’acheter des billets d’avion simplement afin de se sentir acceptés socialement.
    Pourtant tant de touristes se disent plus fatigués au retour qu’au départ. Et parfois ils omettent de dire tous les déboires qu’ils ont rencontrés, ce qui les incitent à repartir l’année suivante ailleurs, pour reprendre ce qu’ a dit le sociologue Jean-Didier Urbain :”Le touriste est un voyageur éternellement frustré. Et c’est pour cela qu’il récidive.” Je vous invite à lire les différents livres de Rodolphe Christin pour mieux comprendre les méfaits sociaux et environnementaux de la machine touristique, y compris du tourisme qui se prétend éthique.

    Ne pas prendre l’avion, voire ne pas partir du tout, c’est trouver la force de caractère de dire non à tous ces pressions, c’est résister à des tendances destructices pour notre environnement. Il faut se rendre compte que prendre en masse l’avion est un phénomène récent.
    Et ne pas accepter de le prendre, cela demande effectivement un effort de réflection. Nous devons réapprendre à trouver le bonheur dans des plaisirs simples, et non dans des images imposées. Et c’est tout à fait possible sans devoir partir loin, voire en restant tout près d’ici. Cet effort de refus , c’est remettre en cause une perception que beaucoup de personnes de classes privilégiées ou de la classe moyenne (que nous sommes si nous lisons ces lignes) n’osent pas faire, préférant voir cette évasion comme un besoin “vital”.

  14. Bonjour BonPote
    Pourriez vous faire un sondage, pour le fun et poser la question suivante :
    Essayez de donner 1 seule action qui serait plus plus dommageable pour le climat que de prendre l’avion pour un vol long courrier AR 2 x 5000 km ?

    Merci

  15. Merci pour le partage de toutes ses opinions !
    De mon côté, la question s’est clairement posée puisque mes parents viennent de m’offrir ce voyage à Tahiti où ils vivent depuis quelques temps. Eux n’ont pas pris l’avion pour y aller puisqu’il s’agit d’une longue étape de leur tour du monde à la voile entamé il y a plus de 3 ans.
    Toujours est-il que ma décision d’accepter ce voyage est assez difficile à vivre maintenant que le vol est réservé. Alors j’essaye de me déculpabiliser en me disant qu’au quotidien je fais des efforts et que je vais en faire encore plus pour “compenser”… bien au courant que ça ne “compensera” absolument pas ces 4tonnes de CO2 que cela représente.
    Mais bref, j’ai dit oui parce que je n’ai pas réussi à dire non à un voyage qui me fait rêver depuis toujours… au détriment de ma conscience et ça me déprime.

  16. Très intéressant, merci. Moi même je suis dans un dilemme de ce genre.

    Avec ma femme, pour nos 10 ans de mariage, nous nous étions promis de faire un voyage au Canada.
    Nous avons des revenus modestes et la seule fois où j’ai pris l’avion c’était pour notre voyage de noces en Finlande.
    Depuis cette promesse, j’ai pris conscience des enjeux climatiques et des conséquences des voyages touristiques.
    Je n’ai jamais été un adepte du tourisme, à contrario de ma femme, qui elle est moins impliquée et aimerait partir plus souvent ou plus loin qu’actuellement.
    Son argument principal est que notre train de vie n’a rien à voir avec les entreprises et les classes supérieures qui elles, ne se restreignent pas.

    Bien que je me restreigne sur ma consommation et mon mode de vie, je pense que je vais tout de même faire ce voyage pour plusieurs raisons :
    1/ Pour le bien de mon couple. J’aime ma femme, je veux lui faire plaisir.
    2/ Parce que le Canada est toujours un pays qui m’a attiré malgré mon côté casanier.
    3/ Parce que je ne vois aucun signe significatif qui parte dans la bonne direction de nos politiques et de nos sociétés, j’ai du mal à me dire que faire ce voyage ou pas changera quelque chose à l’issue.

    Même si je vais évidemment culpabiliser vis-à vis de mon fils et des jeunes générations.

    Je me pose par contre une question. J’avais lu un article, que je ne retrouve pas, sur l’auto culpabilisation qui avançait la thèse que les dominants ont réussit à nous faire culpabiliser individuellement tout en faisant de l’argent là dessus. Et pendant qu’on se divise entre petites gens sur qui à le meilleur mode de vie et les bonnes pratiques, ceux là continuent de se gaver sans limite et profiter jusqu’à plus soif de notre planète. Est-ce que nous limiter individuellement ne fera pas qu’ajouter du temps aux dominants pour arriver de toute façon à l’effondrement ?

  17. Merci pour cet article, j’apprécie la vision sociétale qu’apporte la conclusion de M Peter Kalmus, elle souligne bien l’orgueil de nos sociétés et cette impossibilité de critiquer collectivement les technologies qui nous détruisent…

  18. 50% qui disent non, je suis épatée. Mais honnêtement je pense que je n’en serais pas capable. J’ai beau avoir fait pas mal d’effort (végé 4 ans, flexitarienne depuis), quasi plus d’achat de vêtement/outils informatique neuf, voyage en train, petite voiture électrique, etc… Le voyage reste encore et toujours quelque chose dont j’ai du mal à me passer (pour le moment je limite à un vol par an). Et ayant de la famille à l’étranger et très voyageuses c’est très compliqué de dire non.

  19. Bonjour Thomas,
    Merci beaucoup pour cet article tellement intéressant et au goût du jour, encore plus en cette période de vacances estivales.
    Malheureusement, je n’ai pas vu le sondage sur Twitter mais j’avoue que je ne sais pas ce que j’aurais réellement répondu.
    Je me retrouve tellement dans certaines catégories de réponses que tu as décrites, notamment les 3, 4, 6 et 7. Changer tout son système de pensées, de conception de la vie et du bonheur demande du temps. Un temps que malheureusement nous n’avons pas. Et c’est encore plus difficile quand on est bien plus conscienté que les gens qui nous entourent. C’est d’ailleurs pour moi particulièrement difficile moralement de voir le changement climatique au quotidien. J’ai parfois l’impression d’être sur le pont d’un bateau qui voit au loin un iceberg, sait qu’il va le percuter mais qui n’arrive pas à changer la trajectoire avec mes pagaies.

  20. Article passionnant et très attendu !

    Je suis absolument épatée par le travail de recherche et la collecte de témoignages. De mon côté : le dilemme est toujours présent. Je trouve que chaque argument se vaut, et je n’arrive pas à faire pencher la balance… En tout cas, ça amène de la réflexion ! Je vais parler de ce dilemme à mes proches pour connaître leurs avis 🙂

    Merci pour ce super travail d’information !

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