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“Je ne sais pas comment vous faites pour tenir”. Un message que je reçois tous les jours en privé et parfois publiquement, depuis bientôt 4 ans et depuis que Bon Pote n’est plus anonyme.
Lorsque je réponds à cette question, c’est toujours succinct. C’est une question personnelle et il est donc toujours délicat d’y répondre. Mais dans la mesure où ma situation est similaire à celle de nombreuses personnes engagées, ou de personnes qui souhaitent s’engager et ont des hésitations ou craintes de le faire, ce texte pourrait s’avérer utile. Apprendre des erreurs, et gagner du temps et de l’énergie dans la lutte contre le changement climatique et tous les sujets que cela concerne.
Trois thèmes seront ici abordés : l’éco-anxiété, le harcèlement en ligne et les relations avec la famille et les amis.
Gérer son éco-anxiété
Commençons par le sujet le plus évident. Celui qui touche toute personne qui s’est un jour intéressée à l’environnement, au changement climatique ou à l’effondrement de la biodiversité : l’éco-anxiété.
Le chercheur Kévin Jean la définissait dans cet article comme un spectre de sentiments négatifs (peur, angoisse, colère) ressentis face aux désastres environnementaux en cours ou futurs et qui peuvent entraîner des symptômes divers.
A la lecture de cette définition, vous êtes probablement passé(e) par l’un de ces sentiments, plus ou moins longtemps, plus ou moins intensément.
Personnellement, et contrairement à ce qu’on pourrait penser en lisant certains commentaires sur les réseaux sociaux qui me comparent à un “éco-dépressif adepte de la thèse du réchauffement climatique”, j’ai la chance de ne pas vraiment souffrir d’éco-anxiété.
J’ai d’abord pensé que c’était dû à ma situation de privilégié. Mais même si le changement climatique va toucher plus durement les ménages les plus modestes, cela n’a finalement rien à voir avec votre situation financière, ou votre couleur de peau. Non, l’éco-anxiété n’est pas un truc de blancs, même si certaines personnes aiment le répéter. Cela peut concerner tout le monde.
On imagine mal Bill Gates ou Jeff Bezos se morfondre dans leur jet privé au sujet du risque pour l’humanité que représente le changement climatique, mais peut-être qu’ils ont eux aussi ressenti un danger, ou un risque du moins pour leur business, puisqu’ils font aujourd’hui au moins semblant de s’y intéresser et de s’engager.
Il n’y a que des rares moments où j’accuse un peu le coup. Notamment en été, quand le thermomètre dépasse les 40°C, ce qui devient de plus en plus fréquent en France. Je vis dans une passoire thermique et travailler sous 40°C n’est vraiment pas une partie de plaisir. J’imagine systématiquement les conditions dans lesquelles sont et seront des personnes plus précaires, et ce qu’il se passerait si la température atteignait non pas 40°C mais 50°C à Paris, dans la ville la plus mortelle d’Europe en cas de canicule, ainsi qu’ailleurs en France ou dans le reste du monde.
En parlant de canicules, il arrive aussi que certains articles soient beaucoup plus difficiles à finir que d’autres. Je pense notamment à cet article rédigé en 2022 après deux mois de canicules en Inde et au Pakistan, où il m’avait fallu 48H pour récupérer. Ou encore cet article qui décrit “à quel degré la température devient-elle mortelle ?“.
C’est à chaque fois plusieurs dizaines d’heures de travail pour analyser et une fois qu’on comprend les conséquences de ce qui est en train de se passer… c’est dur (tout en voyant les photos de vos amis qui prennent l’avion alors qu’ils savent que c’est l’une des pires choses à faire pour le climat, j’y reviendrai).
Facho-anxiété ?
S’il y a bien un autre sujet qui me préoccupe, c’est la montée des partis conservateurs un peu partout dans le monde et notamment de l’extrême droite en France. Entendre des propos xénophobes, racistes et parfois ouvertement climatosceptiques complètement banalisés et voir ces politiques accueillis à bras ouverts par la plupart des médias sans aucune contradiction m’inquiète tout autant que le changement climatique.
Depuis des années, et notamment en période électorale, tout programme écologique qui propose également une redistribution des richesses semble plus inquiéter les médias et certains politiques que la possibilité d’avoir l’extrême droite au pouvoir en France. Comment ne pas être inquiet de l’état de notre pays ?
Quand certains médias reçoivent l’extrême droite avec le sourire et que vous entendez plusieurs ministres comparer des activistes climat à des éco-terroristes, y compris des scientifiques venus donner des conférences devant des familles sur un lieu de manifestation autorisé contre le projet d’A69, vous comprenez assez vite que vous ne jouez pas avec les mêmes armes.
Les législatives 2024 n’ont été que la confirmation de ce marasme. Emmanuel Macron aurait pu entrer dans l’Histoire en devenant le premier Président à mettre en œuvre un programme social et écologique. Il restera celui qui a ouvert les portes du pouvoir à l’extrême droite et détruit la démocratie. La maison brûlait. Il l’a aspergée d’essence.
Le meilleur remède face à l’éco-anxiété
Que faire contre l’éco-anxiété ? Il n’y a malheureusement pas de recette miracle. Je pourrais citer des banalités comme le sport, la musique, les amis, le cinéma, le jardinage ou les balades en forêt. Mais chacun(e) trouvera ce qui peut le ou la réconforter.
Il y a deux points dont je suis en revanche certain. Le premier, et grâce notamment au travail de Kévin Jean, c’est que l’un des meilleurs remèdes universels contre l’éco-anxiété, c’est de passer à l’action.
On peut très souvent se sentir démuni(e) face à l’immensité des changements nécessaires. Se sentir utile et avoir (parfois) des résultats positifs peut vraiment aider contre l’éco-anxiété. A titre personnel, c’est probablement ce qui me fait tenir tous les jours et me donne de la force : n’avoir aucun regret et me dire que je ne peux pas faire plus.
Le deuxième point, c’est la nécessité de se connaître et de savoir faire des pauses quand c’est nécessaire. Nous sommes partis pour au moins 30 ans de lutte climatique (et pour la biodiversité…). Si vous ne suivez pas l’actualité climatique pendant une semaine voire un mois, le changement climatique sera encore là à votre retour (et Bon Pote aussi !). Nous aurons besoin de tout le monde sur le long terme, donc prenez soin de vous.
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Insultes, diffamations, menaces de morts : la joie des réseaux sociaux
Depuis plusieurs années maintenant, faire mon travail d’information sur le changement climatique me vaut de recevoir insultes, diffamations et menaces de morts. C’est quasi systématique sous chaque post de Bon Pote, et peu importe le sujet.
Cela a commencé en 2020 quand j’ai évoqué qu’il fallait des changements dans le sport de haut niveau pour qu’il devienne soutenable. Ce furent alors les premières comparaisons à un “nazi vert”, à un “communiste réchauffiste”. C’est depuis un festival, incluant fréquemment des menaces de mort. Vous comprenez, c’est normal de souhaiter que je meure, nous avons réalisé des choses graves comme suggérer de baisser la vitesse sur les autoroutes à 110km/h ou vulgarisé le dernier rapport du GIEC. Un crime.
C’est malheureusement le lot et le quotidien de nombreuses personnes engagées pour le climat. Peu importe le ton, peu importe la forme, si vous avez une certaine audience, on vous tombera dessus. Et ne comptez surtout pas sur la modération des réseaux sociaux ou les pouvoirs publics pour vous protéger. Des scientifiques du GIEC ont reçu des menaces de mort chez eux, certaines subissent des harcèlements répétés et sont obligés de quitter certaines plateformes (comme Twitter (X)).
C’est la réalité de toute personne engagée. Féminisme, justice sociale, anti-racisme, climat… aucun sujet n’est épargné par le harcèlement. S’engager n’est pas toujours une partie de plaisir. C’est certain, il est moins risqué de dire “quand on veut on peut” ou “la technologie va nous sauver du changement climatique” et devenir l’idole de Linkedin et d’Instagram.
Mais demandez un changement de système, moins d’inégalités, moins de racisme ou dénoncez tout simplement le greenwashing de TotalEnergies, et vous verrez les réactions que cela peut provoquer.
Vous noterez également que l’immense majorité des commentaires haineux proviennent d‘hommes. Ce sont très majoritairement des hommes qui vous expliquent qu’il n’y a pas de réchauffement ou que ce n’est pas si grave. Ce sont des hommes qui vous expliquent que vous n’avez pas compris votre métier et dans un bon jour, ils vous expliqueront comment vraiment faire (en racontant n’importe quoi).
Merci la loi de Brandolini
Il y a deux “outils” qui m’ont sauvé la vie sur les réseaux et devraient également vous aider. Le premier, c’est la loi de Brandolini. La définition est très simple : la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des idioties est supérieure d’un ordre de grandeur à celle nécessaire pour les produire. Avec l’expérience, on repère assez vite si cela vaut le coup de répondre à une personne…ou pas. “Don’t feed the trolls” est un adage particulièrement efficace. Se rappeler de cette phrase également :
Parfois, discuter avec un con, c’est comme essayer de jouer aux échecs avec un pigeon. Tu as beau être très fort aux échecs, il arrive, renverse les pièces, chie sur l’échiquier et s’en va avec l’air supérieur comme s’il avait gagné.
Le deuxième outil est la fonction “bloquer”. Même si c’est “excellent pour les algos” d’avoir des commentaires sous vos publications, je ne vois personnellement aucun intérêt à laisser des commentaires insultants ou climatosceptiques.
Certains comptes climatosceptiques/complotistes ne sont pas là pour argumenter : ils sont là uniquement pour désinformer, comme l’a démontré David Chavalarias et son équipe. Vous aurez toujours des idiots pour dire “ahah il m’a bloqué j’ai donc raison”, mais votre santé mentale vous remerciera sur le long terme.
PS : si l’idée de répondre “ahah mais t’es écolo et t’es sur les réseaux sociaux ça pollue hein” vous passe par la tête, je vous invite grandement à lire cet article.
“Mais comment faites-vous pour garder des amis pareils ?”
Depuis le début de la création de Bon Pote, je mets un point d’honneur à parler des relations et du coût social du changement. C’est pour cela que j’ai écrit Les relations chauffent dans un climat qui change, un texte qui me tenait vraiment à cœur et qui a beaucoup fait réagir (plus qu’un article sur les Pertes et Dommages ou sur la variabilité interne du climat, vous êtes surpris(e) ?)
En effet, le changement climatique jette de l’huile sur vos relations et le risque de vous brûler est bien plus présent que vous ne pourriez l’avoir anticipé. Que ce soit au travail, entre amis, en famille ou en amour, rien ne sera épargné.
Est-ce que les relations sont faciles tous les jours ? Ce serait mentir que de répondre “oui bien sûr”. Quand vous expliquez depuis des années par tous les moyens possibles que l’avion aggrave le réchauffement climatique et que vous voyez des amis CSP+ prendre l’avion pour la 5e fois de l’année et le mettre en avant, c’est chaque fois un bon rappel à la réalité.
Certaines personnes sont dans le déni. D’autres ont compris que c’était pas top mais ne savent pas à quel point. Puis d’autres s’en foutent carrément, et ont même parfois le culot de se plaindre de la chaleur pendant les canicules ou des feux en Grèce alors qu’ils viennent littéralement de prendre l’avion 48H avant pour s’y rendre.
Est-ce que vous garderez 100% de vos relations ? Probablement pas. Est-ce que c’est reposant de passer plusieurs jours d’affilée avec des amis “écolos” sans avoir à expliquer pourquoi Emmanuel Macron n’est pas vraiment un champion du climat ? Oui. Est-ce que vous devez parler systématiquement d’autres sujets et garder tous vos amis quoi qu’il arrive ? C’est à vous de voir !
Comme l’immense majorité des personnes, vous passerez par plusieurs phases. Parfois la colère, parfois l’abandon, le lâcher-prise… et vous ferez sûrement des erreurs. J’en ai probablement fait plusieurs, même en essayant de bien faire. C’est pour cela que nous avons rédigé avec plusieurs chercheurs spécialisés les 10 bonnes pratiques de communication sur le climat.
Il n’existe pas de communication unique et magique, ce serait trop facile. Vouloir tout conflictualiser en permanence est une erreur. Tout autant que de croire que la bienveillance et l’éducation suffiront. C’est aussi stupide que crédule. Allez demander à TotalEnergies d’arrêter le projet EACOP en Ouganda avec une petite fleur ou à Bernard Arnault d’arrêter de prendre son jet privé pour raisons écologiques, vous verrez à quel point c’est efficace.
A nouveau, il va falloir vous armer de patience si vous souhaitez vous engager. Avoir une ceinture noire de patience. Attendez-vous à tout. Même sans rien dire, vous aurez parfois des remarques, et on vous demandera de justifier vos choix de vie : “bah pourquoi tu ne manges plus de viande” ? “Mais pourquoi tu ne prends pas l’avion pour aller voir les aurores boréales, t’es con, c’est vachement plus rapide !“
Trouvez de quoi vous aérer la tête. Faites une pause si besoin, aussi longue que nécessaire. J’ai vu trop de personnes finir en burn-out autour de moi. Aucun “métier-passion” ne mérite de mettre votre santé en péril. J’ai mis du temps à le comprendre, mais il faut savoir écouter les personnes qui se battent quotidiennement depuis des décennies : c’est un combat long, et nous aurons besoin de tout le monde.
29 Responses
Bien plus que “comment faites-vous pour tenir ?”, mon interrogation est plutôt “comment vous faites pour y croire encore ?”. J’ai du mal à comprendre la dissonance entre vos propos anti-doomisme et le contexte politique sur lequel vous semblez pourtant lucide. L’effondrement des partis politiques un minimum conscients des enjeux écologiques et la croissance de ceux qui vont activement aggraver la situation ne sont-ils pas en soi un indicateur suffisant du caractère illusoire de ne serait-ce que la plus basse des espérances ? Si même les symptômes flagrants du dérèglement climatique ne suffisent pas à nous faire changer dans le bon sens, qu’est-ce le pourra ?
J’ajouterais que je ne pourrai pas être plus en désaccord sur l’activisme comme remède à l’éco-anxiété. De l’expérience que j’en ai, ça m’a mis aux premières loges pour assister à l’aggravation de la situation et à un certain nihilisme. Pourquoi dépenserai-je de l’argent et de l’énergie à me battre presque tout seul et en pure perte ? C’est même justement l’activisme qui a fait de moi un doomer.
L’image du jeu d’échecs avec un pigeon est magnifique. Je vais diffuser ce proverbe.
Merci pour ces articles, très documentés, très pertinents, qui nous donnent des pistes pour avancer.
Merci d’avoir partagé ça 🙂
Je sens que cette image mentale du pigeon qui “joue” aux échecs va m’être utile.
Bonjour Thomas,
Merci pour cet article et pour votre travail et votre engagement. Votre engagement m’inspire et m’aide à tenir. J’ai hésité à écrire ce message, je ne savais pas quoi dire. Je pense qu’il y a beaucoup d’autres personnes qui n’ont pas pu écrire mais qui vous sont reconnaissant et que votre engagement aide à tenir. J’espère que nos messages vous aident à tenir, beaucoup de personnes changent et évoluent grâce à votre travail.
Bravo et merci,
“Vous noterez également que l’immense majorité des commentaires haineux proviennent d‘hommes. ”
En tant que femme, très écolo, très féministe, j’ai ma petite hypothèse que je partage. Sur Metoo, je crois avant lu tout ce qui a été publié sur Le Monde et Médiapart.. en lisant les commentaires des pisse-vinaigres conservateurs qui enragent sur ces sujets… pour bien prendre la mesure de la connerie humaine…. on les retrouve souvent sur les articles écolo… tiens donc un drôle d’écho bien synchrone : hasard ?….
Le monde toxique à 360°, physiquement, chimiquement, psychiquement, que nous vivons est principalement le résultat de choix masculin en raison de la culture de la dominance qui s’appuie principalement sur le patriarcat pour asseoir sa pérénité.
La gloire de la technologie aéronautique, automobile, chimie : masculin; le digital : masculin, les progrès de la médecine : masculin, la libération sexuelle : masculin, le défi agricole : masculin, la politique les lois : masculin, les guerres : masculin, le génie de la finance : masculin, l’ONU, le FMi, l’OCDE : masculin, le leadership de tout ça : une ode à la gloire masculine, dont découle tout le management politique, entreprenarial et gestion familial : partout se réplique la culture de la dominance qui favorise le masculin au détriment du féminin puis des autres minorités (racisés, handicap, hommes pas assez virils)….
Les femmes : que des chieuses, qui font chier les mecs à gueuler pour exister! Alors qu’on a tout fait pour les rendre heureuses, on leur achète aspirateur, lave vaisselle, fringues, maquillage, vacances à la mer…. : regarder le bonheur au féminin dans la littérature, les films, les chansons… on leur permet de se protéger des grossesses non-voulues avec la contraception…. que du bonheur (à assouvir les fantasmes masculins), mais pourquoi elles nous font chier à ne pas être d’accord avec le si beau bonheur qu’on a créé pour elles! Quelles ingrates!
On comprend que la remise en question de ce si bel échafaudage est impossible pour la gente masculine. Vous voyez Macron accepter qu’il a eu tort? Hitler, Poutine accepter qu’ils ont eu tort? Ceci est une entreprise de destruction massive de la gloire masculine. Impossible, ils préfèrent s’arquebouter dans le déni le plus XXL que la psyché humaine puisse créer, d’où la violence viscérale existencielle du rejet masculin Et de l’écologie, Et du mouvement metoo.
C’est mon hypothèse, à confirmer avec des psychologues?
C’est pourquoi je crois profondément que les deux sujets sont intriqués, que pour avancer sur la cause metoo, il faut s’occuper des hommes, déconstruire les hommes comme les femmes : les deux sont pollués par la culture de la dominance et la reproduisent dans leur vécu quotidien intime : relation couple, parentalité.. Que pour avancer sur l’écologie, il faut travailler sur la déconstruction de la culture de la dominance qui structure l’organisation politique, étatique, entreprise, syndical, parti politique, ONG encore parfois….
Et que donc il faut réduire le temps de travail pour rééquilibrer la distribution des taches hommes-femmes, le travail à temps complet ayant été pensé pour un homme libéré de la domesticité par sa femme. Donc quand le capital absorbe les deux sexes, c’est bon pour le PI et destructeur pour l’indice de bonheur brut : massacre sur le couple, les enfants et l’accompagnement des personnes agées. Pour l’impact carbone, plus on a d’argent, plus on pollue. Erreur totale sur le réforme des retraite de mon point de vue : on aurait plutôt du généraliser le travail à temps partiel de 20 à 65 ans.
Pierre Rabbhi a toujours promu le travail à mi-temps : pour avoir sa finance de base et avoir le temps de cultiver son jardin et aimer ses proches.
A 58 ans, enfant d’écolo, donc de longues années de lutte contre , pour… ma prise de conscience date de mes 16 ans, soit en 1980…. oui, comment on fait pour tenir….
1 – par l’action : le meilleur remède contre le stress….
2 – en se ressourçant : il faut par moment se détacher de l’absurdité du moment, et se ressourcer sur son petit jardin personnel, aimer ses proches, la tasse de thé et juste dire merci au rayon de soleil qui passe, dormir sur l’herbe : la vie est encore belle par parenthèse. La fuite est aussi une façon de gérer le stress quand il est trop fort 🙂
3- En se rapprochant de personne qui sont éco conscient, qui peuvent rire de tout ça, la découverte de Bridget Tokyo dans les années 90 m’ a fait un bien fou!!! J’apprécie l’humour noir, d’ailleurs ceci pourrait être renforcé sur le site…
4- Prendre soin de sa santé globale pour résister à tout ça et profiter d’un corps sain géré par un esprit sain.
5- Accepter par moment, d’être envahi par l’éco-anxiété, étape normale quand un écoconscient est fatigué ! Et donc apprendre à méditer pour être en paix avec le chaos du monde et la bétise humaine.
6- Accepter le sens profond de la vie : quand on est en vie, on est en danger de mort. Savoir comment mettre fin à ses jours. Si le scénario tourne au désastre absolu, on est pas obligé de le vivre et on peut quitter la scène. Personnellement, je sais où j’ai mis mon curseur stop 🙂 c’est libérateur.
Merci pour le partage des sujets à 360° autour de ces sujets fondamentaux 🙂
Vous faites partie des gens que j’adore détester, parce que si je partage absolument votre conscience de la situation climatique, elle résonne très différemment chez moi. Je suis convaincu que pour agir efficacement, il faut aussi faire l’effort de comprendre le monde économique tel qu’il fonctionne réellement.
Si j’ai un conseil à donner, ce serait de lire Vaclav Smil, sorte de Janco puissance 2, qui aurait en plus compris l’économie. Alors qu’il a écrit plus de 40 livres, dont aucun n’était traduit jusqu’à présent en français, le plus didactique* vient de l’être, plus de 2 ans après sa parution (il avait été immédiatement traduit dans au moins 7 autres langues européennes, mais pas la notre). Ouvrons nos chakras !
Ps : croire un seul instant que Bill Gates n’est pas conscient de l’enjeu climatique est soit profondément ridicule, soit fait preuve d’un biais cognitif dangereux (et malheureusement assez typiquement français).
Titre anglais : How the World Really Works: The Science Behind How We Got Here and Where We’re Going
Titre français : Comment le monde fonctionne vraiment (préface de Janco)
Pardon mais il faut apprendre à lire. Je n’ai jamais écrit que Gates n’était pas conscient du CC. Juste que ses solutions sont du techno solutionnismes, cf sa compensation carbone pour l’usage de son jet privé. Compliqué d’échanger si vous ne lisez pas correctement ce qui est écrit, surtout qu’il y a eu de nombreux posts sur Gates sur Bon Pote…
D’accord sur l’ensemble de votre analyse. Juste une remarque : le problème ne vient pas que de ceux qui prennent 5 fois l’avion dans l’année. Souvenir d’une réunion de famille où l’une des participantes m’a expliqué sans rire :
1. que son SuV était nécessaire parce qu’elle se déplace beaucoup pour son travail. Un véhicule plus modeste ne lui rendrait-il pas le même service ? Ben non, question de confort;
2. qu’il était inacceptable qu’une prime soit accordée aux vélos électriques et pas aux VTT;
3. que la pratique des sports justifie l’achat de matériels sophistiqués et dont la production est polluante, oui, mais c’est bon pour la santé;
4. qu’elle a toujours voté à gauche et que le réchauffement n’était pas sa responsabilité mais celle des politiques de droite;
5. qu’on allait pas l’enquiquiner avec ses nombreux voyages aux USA en avion justifiés parce qu’elle y a de la famille…
Bon j’en passe. Ce genre conversation se multiplie. Chacun considérant que son mode de vie est incontournable, grosse bagnole, déplacements quotidiens sans recours aux transports en commun, voyages lointains, sur consommation d’objets. Chercher à minimiser son impact complique effectivement la vie et suppose des renoncements. Dans la vie quotidienne cela commence à peser sur les relations.
Beaucoup de respect et d’admiration.
Merci.
1. Je réfute ce mot d'”éco-anxiété”, qui a été fabriqué de toutes pièces par des
éco-inconscients, éco-dolents, éco-procrastineurs et autres éco-boulimiques.
Comme si l'”éco-anxieux” était malade et devait se faire soigner. En plus, si c’est pour aller contempler les trophées de chasse dans le cabinet de son psychiatre ou ses photos de safari, non merci.
Je me caractérise juste comme étant “éco-conscient”, “éco-responsable”, parfaitement sain d’esprit.
On connaît tous l’histoire de Diogène et d’Alexandre le grand. A noter qu’Alexandre était accompagné de ses généraux : après que Diogène eût dit à Alexandre : “Ote – toi de mon soleil”, les généraux se sont indignés :
– Alexandre, veux-tu que je passe cet impudent au fil de l’épée
– cet homme est fou, ne perdons pas notre temps avec lui
Mais Alexandre répondit : “Non, cet homme n’est pas fou. Bien au contraire, c’est l’homme le plus sage qu’il m’ait été donné de rencontrer”
Je ne dis pas que nous devons tous vivre dans un tonneau. MA PROPOSITION EST : EN MATIERE DE COM’, ON PEUT AVOIR INTERET A LANCER UN CONCOURS SEMANTIQUE POUR MIEUX DESIGNER LES ECOCIDES (VOIR MES EPITHETES AU DEBUT), PUIS LANCER UNE REVOLUTION SEMANTIQUE AUPRES DES JOURNALISTES, PUISQUE CE SONT EUX QUI DIFFUSENT LES NEOLOGISMES.
2. Pour convaincre notre entourage, il faut PRIVILEGIER L’HORIZON TRES PROCHE DE 2040 (ET AUCUN AUTRE) :
Actuellement, nos émissions de GES augmentent légèrement chaque année, donc non seulement le réchauffement se poursuit, mais même, il accélère ! La Terre se réchauffe de plus en plus vite.
Nous allons dépasser les +1.5°C “de façon durable” en 2029-2030, c’est mathématique (voir alors à tipping points)
Donc là, nous sommes sur la trajectoire où la France va se réchauffer de + 3,5 °C d’ici 2100, et surtout de +2,4°C en 2040, dans seulement 16 ans.
Or, dans son “rapport public annuel 2024, synthèses (ccomptes.fr)”, la Cour des comptes décrypte le retard de l’Etat dans l’adaptation au dérèglement climatique –> malgré toutes les annonces de plans, l’effet Ilot de chaleur fonctionnera toujours, donc, dans une ville comme Paris, nous aurons plutôt en moyenne +3,6°C en été, en moyenne, toujours en 2040.
–> ceci pour illustrer ma 2E PROPOSITION : DANS NOS DISCOURS, PRIVILEGIER L’HORIZON TRES PROCHE DE 2040 (ET AUCUN AUTRE )
Utiliser les projections nationales de Ribes et al. pour bien montrer aux Français :
– combien ils vont souffrir dans 16 ans, eux personnellement, et pas “les générations futures” (autre concept dévoyé pour encourager la procrastination)
– le problème des tipping points à +1,5°C
– sans parler de l’effondrement déjà en cours des puits de carbone
Autre avantage à parler de l’horizon 2040 : aucune techno en développement dans les labo ne sera diffusée à grande échelle en 2040.
Bravo à tous pour tout ce que vous faites.
Bises
L’éco-anxiété peut devenir pathologique, même dans le prisme écolo. Si ça vous conduit juste à vous mettre en colère ou à déprimer en permanence, ça vous fait du mal sans aucune plus-value écolo (source: expérience perso), ou dans des cas plus extrêmes, vous rendre dangereux (cf. Unabomber).
Juste merci de nous redonner un peu de courage!
Mêmes expériences, même ressenti et même “remède”, la parole de Greta qui accueille celles et ceux qui découvrent ma page FB : “Si tu veux guérir ta tristesse et ton angoisse, agis. C’est le seul remède possible.”
G. Thunberg
Bonjour
Merci pour tout Thomas.
La question n’est pas tant de convaincre (si un peu tout de même) que de préparer “l’après” de la catastrophe pour en éviter les aspects les plus sombres.
“Ne pas savoir nommer les choses rajoute aux malheurs du monde – Camus”
Un très grand nombre de citoyens du monde ne savent pas *nommer* ce qui arrive. Notre responsabilité, chacun à son niveau, est d’inventer les mots qui permettront de comprendre ce qui se passe. Car si nous avons déjà perdu une partie de l’innocence des cinquante (?) dernières années, il reste à inventer les gestes qui sauvent; permaculture, sobriété, rencontres, respect de la ressource … et les mots qui vont avec tout en gardant notre humanité. Bon courage à tous.
Merci Thomas,
Mes trois antidotes perso actuels : ACTION – RELATIONS – LOCAL
– l’Action
– En relation (physique, pas uniquement par écran) avec un groupe où les conditions du dialogue existentiel, si possible pensant différemment.
– A l’échelon local, plus résilient.
Miguel a dit avant moi combien tous nos efforts sont vains si le reste du monde pollue sans retenue et j’ajoute que des milliards d’individus aspiren de fait à acquérir notre bien être minimum dont on voit mal comment les en dissuader quand nous avons tout fait pour créer cette situation de “réussite sociale” qu’on considérait jusque-là comme l’objectif d’une vie.
Je participe à la lutte à mon échelle mais cette ” révolution mondiale” n’est pas pour demain tant que l’on ouvrira des centrales à charbon chaque semaine et que le surtourisme qui commence à poser problème n’émerge même pas à l’esprit de ceux qui aspirent un jour à faire le tour du monde.
Merci pour ton article, et tout tes posts qui informent et pour tout ce travail. J’aime beaucoup le passage avec le jeu d’échec. Passer à l’action je l’ai fait sous différentes formes jusqu’au jour où je me suis rendue compte que je devais changer de métier (le numérique) . Je travaille aujourd’hui dans la petite enfance et je me forme en autodidacte à la permaculture. J’ai mis un an à accepter ma reconversion mais maintenant je réalise que je suis mieux . Je veux planter des arbres sur mon temps libre même si ça paraît con pour mon entourage, moi ça me libère . Merci pour ton engagement !
La première chose à faire, c’est décider de ne rien faire. Toute action est consommatrice d’énergie. Et quelle que soit son origine, il faut l’économiser.
Quand on ne fait rien on peut se prendre à réfléchir. Il est vrai qu’un neurone actif consomme de l’énergie. Il est aussi établi que beaucoup de neurones travaillant sur le même problème en consomment plus que s’il restent au repos. Cela ne doit pas nous amener à décider de ne pas réfléchir.
Bravo Thomas pour votre action, votre courage! J’aime lire vos articles, toujours très pertinents, avec de l’humour, bien documentés. Merci d’être là! Il y a encore des personnes sensées, c’est rassurant!
Je me retrouve dans chacune de vos lignes. Merci pour cet article et pour tous les autres.
Love. Merci pour ce que tu fais et de la manière dont tu incarnes ce combat : rigueur, humanité, sincérité. On a besoin de toi et de ttes les autres figures militantes qui luttent nous donnent envie de lutter. Prends soin de toi.
Merci infiniment pour ce texte très juste, qui nous aide nous aussi à “tenir”. Bon courage !
J’ai adoré la phrase sur les cons et les pigeons (même s’il est dommage que ces oiseaux soient victimes collatérales de la métaphore).
Je me sens tellement en phase avec la partie de l’article sur les relations avec les amis.
Quant à l’éco-anxiété, j’ajouterai que le temps, qui permet d’accepter le deuil, finit par chasser ces sentiments négatifs. On peut aussi suggérer de s’informer, lire : il existe plein de contenus qui vous montrent des voies vers la sagesse. Et tout ça, avec l’Action, l’élément le plus efficace !
Bravo pour cet article.
Merci pour ce post.
A mon modeste niveau, par rapport au votre, j’ai aussi l’impression d’essayer de vider l’océan à la petite cuillère avec tout un tas d’ennemis (Total, les riches, les climatosceptiques) qui le remplissent à grand coup de seau…
Et quand je me dis que même si nous sortons victorieux de notre combat (un gouvernement de vraie gauche en France, une vraie politique écologique et sociale, des riches pollueurs qui paient à la hauteur des écocides commis, etc.), seul à peine 5% du chemin sera fait car il faudra que tout le reste du monde nous suive, j’avoue être découragé. Mais il faut tenir !
Nous devrions-nous pas à un moment produire le “Mur des pigeons haineux” et nous rendre directement à leur domilicile en masse, un par un histoire de leur faire assumer cette agressivité tres courageuse ?
Merci Thomas ! Toujours aussi efficace et intéressant.
Pour ma part, j’en ai marre d’entendre “Faut arrêter le négativisme” “T’es trop pessimiste” “Tu nous plombes l’ambiance avec ton écologie” “Nan mais c’est bon, l’être humain s’adaptera comme il l’a toujours fait”…. etc etc.
Attention, je suis loin d’être parfaite mais je suis au moins passée à l’action ; j’anime des fresques du climat dans ma collectivité, je suis militante dans une association… je n’ai pas de voiture, je suis végétarienne depuis plus de 25 ans, je consomme beaucoup moins … etc.
Mais l’être humain me désespère par sa bêtise et j’en viens parfois à me dire que ce ne serait pas si mal, au final, si on disparaissait tous (oui c’est moche car j’ai une fille et j’ai très peur pour elle). Au moins, la terre se réparerait sans son principal virus.
Un jour Dame Nature va nous filer un gros coup de gourdin sur la tête, et peut-être que cela va accélérer les prises de bonnes décisions… On en est là hélas, à entrer dans de telles funestes considération. Bravo, merci pour tout, bonne continuation.