Gagner 10 000€ par mois est un problème pour le changement climatique

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“Si vous gagnez 10 000€ par mois, c’est un problème pour le climat”.

En général, expliquer ce qu’est le changement climatique et ses impacts ne fait pas vraiment débat. Mis à part les climatosceptiques opportunistes, tout le monde s’accorde à dire que c’est un problème et qu’il faudrait le régler. En revanche, lorsque l’on discute des solutions, et surtout de justice sociale et climatique, c’est souvent là que ça commence à gronder.

Dire “si vous gagnez 10 000€ par mois, c’est un problème pour le climat” fait systématiquement réagir. Notamment les personnes qui gagnent effectivement ce salaire, ou qui aspirent à gagner autant. Même chez des écolos convaincus de la catastrophe climatique, cela peut faire débat.

Vous pouvez d’ailleurs être certain(e) qu’à la sortie de cet article, des personnes s’arrêteront au titre et me compareront à un communiste fasciste vert, un jaloux des riches, un aigri qui rêverait de prendre un jet privé mais qui n’en a pas les moyens.

Pour les autres, je vous invite à lire l’explication et à en discuter ensuite. Car oui, l’objectif est de trouver des solutions de façon démocratique. Mais trouver des solutions sans avoir bien compris le problème est au mieux une perte de temps, au pire contreproductif.

Le constat : les inégalités en chiffres

Avant toute chose, il est nécessaire de bien expliquer le paramètre du problème et de rappeler ce que signifie 10 000€ net par mois.

Pour bien cadrer, on parle ici d’une personne qui gagne aujourd’hui 10 000€ de revenus NETS (pas BRUTS), et sur la durée, pas une personne qui a perçu un bonus et qui atteint un salaire mensuel une fois de 10 000€. Nous parlons bien d’un problème systémique et une exception ne saurait réfuter la thèse (les exceptions et nuances sont explicitées en deuxième partie).

En France, selon l’observatoire des inégalités, avec 3 489€ par mois, vous faites partie des 10% des plus hauts revenus. Avec 4 417€ par mois vous faites partie des 5%, et à partir de 7 180€ par mois, des 1% des plus hauts revenus.

Si vous gagnez 10 000€ net par mois, vous êtes donc dans les 1% des salaires les plus élevés en France. Vous faites partie de ce que l’INSEE appelle les “très hauts revenus” : 10 110€ / mois pour une personne seule et 18 210 euros pour un couple avec un enfant de moins de 14 ans.

Toujours selon l’INSEE, les ménages les plus aisés habitent plus souvent à Paris et dans les Hauts‑de‑Seine : ces deux départements hébergent 38 % des ménages du millième des personnes les plus aisées (les 0,1 % les plus aisés), 28 % des 9 millièmes suivants, 17 % des 9 % suivants et seulement 5 % des 90 % restants de la population.

Enfin, notez que le salaire est une chose, mais plus votre niveau de vie est important, plus les revenus du patrimoine (revenus de locations immobilières, dividendes) sont importants.

Plus vous êtes riche, plus votre empreinte carbone est importante ?

Parlons maintenant empreinte carbone. L’empreinte carbone d’une personne est la quantité de CO2eq qu’on peut rapporter à sa consommation chaque année.

Nous savons que l’empreinte carbone moyenne d’un Français est entre 9 et 10 CO2eq, une empreinte qui stagne depuis quelques années. La moyenne mondiale est elle environ de 7 tonnes CO2eq.

Evolution de l'empreinte carbone de la France depuis 1995

Cela prend en compte l’alimentation, le transport, le logement, le numérique, les services publics, etc. Si vous souhaitez connaître la vôtre, cliquez ici, cela prend 5 minutes.

Vous l’aurez noté, il est bien écrit que l’empreinte carbone est une moyenne. Mais ce Français “moyen” n’existe pas. Pour imager, si Bernard Arnault rentre dans un bar, le client moyen est milliardaire. C’est le même principe avec l’empreinte carbone. Bernard Arnault et ses jets privés ferait grimper en flèche l’empreinte carbone moyenne de n’importe quel bar.

Source : Haut Conseil pour le Climat (Malliet 2020)
NB : ce sont des émissions par ménage. On peut convertir par la taille des ménages

Objectif “2 tonnes” CO2eq

En comparant les niveaux de vie, nous observons que les 10% les plus riches gagnent en moyenne 9 fois plus d’argent que les 10% les plus pauvres. En revanche, leurs émissions sont seulement 2 à 3 fois plus importantes.

Cela s’explique par le fait qu’une grande partie des revenus part dans l’épargne et non dans la consommation, la méthode retenue ici pour calculer l’empreinte carbone.

Sources : Malliet 2020.

Selon Oxfam, en France, les 1% les plus riches émettent en moyenne dix fois plus de CO2 par an par leur consommation (40,2 tonnes) que la moitié la plus pauvre des Français (3,8 tonnes).

Nous pourrions aussi regarder ce qu’il se passe au niveau mondial. Selon le Climate inequality report 2023, qui a une approche à la fois basée sur la consommation et le patrimoine, les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de près de la moitié des émissions mondiales de carbone et les 1% les plus riches sont responsables de plus d’émissions que les 50% les plus pauvres.

Qui est vraiment responsable des émissions ?

Savoir qui est responsable des émissions est l’objet de discussions intenses et fait souvent l’objet de redirection de la responsabilité. C’est notamment utilisé pour réduire la responsabilité des plus riches dans le réchauffement climatique.

Le fait de comptabiliser puis d’attribuer les émissions n’a rien de physique. C’est un choix comptable et donc politique. L’exemple de l’empreinte carbone est un excellent exemple pour illustrer les différents prismes de lecture.

Vous pouvez attribuer les émissions à l’utilisateur final du produit (Michel dans sa voiture), aux entreprises qui extraient et vendent le pétrole, ce qui donne parfois ce chiffre “100 entreprises sont responsables de 71% des émissions“, ou encore aux investisseurs (prisme patrimoine, comme l’étude d’Oxfam et Greenpeace avec les 63 milliardaires).

Fin du monde et petits fours

Une étude de l’INSEE révèle par ailleurs que les inégalités se sont accentuées depuis 20 ans en France entre les plus riches et les plus modestes. Le revenu du travail détermine moins le niveau de richesse que le patrimoine.

Nous pourrions d’ores et déjà conclure que peu importe l’angle, les plus riches émettent en moyenne plus de CO2 que les plus pauvres.

Mais il est aussi important de rappeler que le pouvoir et l’influence sur le climat des plus riches ne s’arrêtent pas à leur consommation. C’est ce que rappelle cette étude de Nielsen & al, 2021 :

Les personnes au statut socioéconomique élevé exercent une influence disproportionnée sur le climat en raison de leur rôle de consommateurs, d’investisseurs, de modèles au sein de leurs réseaux sociaux et pour les autres personnes qui observent leurs choix, de participants à des organisations et de citoyens cherchant à influencer les politiques publiques ou le comportement des entreprises.

Source : The role of high-socioeconomic-status people in locking in or rapidly reducing energy-driven greenhouse gas emissions

Un niveau de vie insoutenable

Rappelons que l’objectif est d’avoir une empreinte carbone par habitant de moins de 2 tonnes CO2eq. Commencez-vous à comprendre le problème ?

Un exemple concret pour terminer cette démonstration. Les voyages en avion sont à l’origine d’une empreinte carbone de 22,6 t CO2eq parmi les 1 % des ménages les plus émetteurs de l’UE, ce qui représente environ 41 % de leur empreinte carbone totale. Nous parlons bien ici des émissions de gaz à effet de serre juste en prenant l’avion ! 2 fois l’empreinte carbone moyenne d’un Français.

The unequal distribution of household carbon footprints in Europe and its link to sustainability. Source : Ivanova & al. (2020)

Nous savons que ce sont les classes les plus aisées qui prennent le plus l’avion. Encore une fois, un seul vol long courrier fait exploser votre budget carbone annuel. Alors si vous prenez l’avion plusieurs fois dans l’année…

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Les principales objections et exceptions au fait de “gagner 10 000€ par mois est un problème pour le climat

En discutant de ce sujet depuis plus de deux ans, les mêmes objections et remarques reviennent souvent lorsque ces fameux 10 000€ par mois sont évoqués. Voici les principales, n’hésitez pas à commenter sous cet article pour alimenter le débat.

“J’habite à Paris, ça coûte beaucoup plus cher !”

Oui, avec 10 000€ par mois, votre niveau de vie sera bien supérieur à Clermont de l’Oise que dans le 7e arrondissement de Paris. Oui, en moyenne, la vie à Paris et dans certains quartiers en France est plus chère qu’ailleurs.

Localisation, spécificité du ménage… plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Il est par exemple plus facile d’avoir une empreinte carbone des transports faibles à Paris si vous vous déplacez à vélo que dans un endroit en France où la voiture est indispensable.

Notre article Faut-il vivre en ville ou à la campagne pour être écolo? explique bien ces spécificités à prendre en compte.

Mais vous le verrez si vous en discutez, tout le monde a un ami qui est une exception…

“Je connais un riche qui pollue moins qu’un ami au SMIC !”

Il est possible qu’une personne gagnant 10 000€ par mois ait un mode de vie plus sobre qu’une personne au SMIC. Pottier & al. (2020) constatent même que les ménages du quart le plus émetteur du D1 (10% plus pauvres) émettent plus que les ménages du quart le moins émetteur du D10 (10% plus riches).

Inégalités d’empreinte carbone : au-delà de la vision moyenne et verticale

Mais cela n’a rien de surprenant. Premièrement vous pouvez très bien toucher le SMIC ou le salaire médian en France, vous déplacer en voiture, consommer bien plus de viande que les catégories aisées qui elles mangent par exemple moins de viande, etc.

De l’autre côté, une personne qui gagne très bien sa vie, qui se déplace à vélo, est végétarienne ou vegan, a un logement bien isolé, etc. et dépense à peine 2 000€ par mois sur ces 10 000. Que fait cette personne des 8 000€ restants ? Elle l’épargne, ce qui a un impact carbone potentiellement important non comptabilisé dans le bilan de sa consommation.

Votre épargne accélère-t-elle le réchauffement climatique ?

L’une des remarques les plus fréquentes revient sur une consommation “très sobre” et de l’argent “juste épargné”.

Sauf que l’argent “juste épargné” cela n’existe pas. Savez-vous exactement où va l’argent de votre épargne, et à quoi sert-il ? Est-ce investi dans un fond éthique, un fonds vert qui finance la transition écologique ? D’ailleurs, qui a décidé que ces fonds étaient verts, et sur quels critères ?

Une très large majorité des Français n’ont pas conscience du rôle de leur épargne et de certains investissements qui vont à l’encontre de nos objectifs climatiques. Pour mieux comprendre le sujet, lire notre article Comment les banques françaises réchauffent la planète.

Qui paye les 10 000€ par mois ? La conséquentialité des émissions

Il y a encore un autre cas de figure qui est parfois évoqué. Le fameux “ami qui gagne 10 000€ mais qui redistribue la quasi totalité”.

Alors premièrement, vous en connaissez beaucoup des personnes qui gagnent 10 000€ par mois et qui redistribuent 8 000€ à des associations ? Pardon d’en douter, et surtout, et c’est une certitude, cela ne remet pas en question la thèse des 10 000€ par mois.

Deuxièmement, et c’est ce qui nous intéresse ici : qui paye les 10 000€ de cette personne ? Quelle entreprise éthique et soutenable paye aujourd’hui une personne 10 000€ par mois ?

C’est ici que rentre en jeu la conséquentialité des émissions. Prenons l’exemple d’un développeur informatique qui travaille à domicile, végan, ne prend jamais l’avion, etc. Son empreinte carbone est faible. Maintenant, imaginez que ce développeur travaille chez Total et par son travail, il permet à Total d’exploiter de nouveaux champs pétroliers et gaziers. Ne devrait-il pas prendre une partie des émissions de Total à son compte ?

Encore une fois, vous aurez beau retourner le sujet dans tous les sens, gagner 10 000€ par mois est un aujourd’hui un problème pour le climat.

Trop d’argent, pour quoi faire ?

Au lieu d’aborder le sujet sous l’angle des 10 000€ par mois, la question aurait pu être posée autrement.

A quoi cela sert de gagner de l’argent, et en l’occurrence, trop d’argent pour avoir un mode de vie soutenable ? Acheter des biens et services dans le but de pouvoir l’exhiber sur les réseaux sociaux ? Une consommation ostentatoire exacerbée par le jeu des algorithmes sur les réseaux sociaux où l’on vous pousse à envier les autres et à vouloir toujours plus ?

Si cet article s’est concentré sur le climat, d’autres problèmes que l’empreinte carbone sont à prendre en compte. La gentrification est probablement l’un des fléaux les plus importants du trop plein de richesse. Cette transformation de l’habitat, des commerces et de l’espace public, en plus de créer de fortes inégalités, va souvent de paire avec une artificialisation des sols.

A travers la pratique du ski, les montagnes françaises en sont un bel exemple :

Autre phénomène à Paris où le parc locatif s’effondre car des multipropriétaires refusent de louer :

Si la première période des trente années d’après-guerre a été marquée par de l’accession à la propriété de propriétaires occupants, la vague récente de baisse du parc locatif qui a commencé dans les années 2000 est marquée par l’explosion de la multipropriété, avec des propriétaires qui n’ont plus envie de louer leur bien, et n’en ont financièrement pas besoin.

Comme expliqué en intro, il est possible que cet article fasse hurler au “communisme vert”. A “l’écologie politique anti-science”. Il peut être utile de rappeler que le GIEC dit dans le 3e volet de son dernier rapport qu’une transition juste peut permettre une atténuation plus forte et plus rapide du changement climatique.

Dire que les Français se foutent de l’écologie est faux. Avec plus de justice sociale, nous aurions bien plus de chance de respecter nos objectifs climatiques.

Concluons cet article sur une citation du livre Paresse pour tous d’Hadrien Klent, qui devrait animer bien des débats : “au-dessus de 6 000 euros net par mois, c’est inutile. Voila ce que je propose aux Français. De se dire que c’est inutile. D’une part de trop travailler. Et d’autre part de gagner trop d’argent.”

Pour aller plus loin

Si vous avez lu jusqu’ici : si vous pensez pouvoir démontrer que cette thèse est fausse et qu’au contraire, gagner 10 000€ / mois n’est pas un problème, publiez votre réponse en commentaire, votre réponse sera ajoutée à cet article.

POUR ALLER PLUS LOIN

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49 Responses

  1. Il faut bien évidemment replacer les ressources financières dont on dispose dans le contexte dans lequel on vit.
    Mon épouse et moi-même disposons ensemble environ 5.000 euros par mois … Mais nous vivons dans une maison nette de tout crédit à rembourser qui vaut 1.200.000 euros. Avec nos ressources, nous faisons face à nos besoins mais nous serions incapables de financer la maison ! Rien que le simple remboursement du capital sur 20 ans nécessite … 5.000 euros par mois auxquels il faut ajouter les intérêts et les charges courantes (chauffage, électricité, eau, gaz, téléphone, etc.).
    Bien entendu, nous n’avons pas (et ne voulons pas !) avoir de résidence secondaire (contrairement à beaucoup de personnes ayant les mêmes ressources mensuelles …) … que nous ne pourrions, de toutes les façons, pas financer. Tout au plus, une belle voiture (une Austral) avec laquelle nous parcourons 15.000 km par an … uniquement pour nous promener.
    Donc, 10.000 euros par mois est, pour nous, inutile. Si cela arrivait, nous en donnerions à nos enfants qui l’accepteraient sans hésiter …
    Mais … je joue au Loto (principalement à Euromillions) … avec l’espoir de gagner la grosse timbale (240.000.000 d’euros soit … 200 fois la valeur de la maison. Qu’en ferais-je ? Je soutiendrais Bon Pote, évidemment ! Mais pas seulement Bon Pote …

  2. Si j’essaie de structurer les points clé de l’article:
    1) Gagner trop d’argent pose un problème de justice sociale: les pauvres le sont car les riches accaparent les richesses.

    2) Le niveau de richesse d’un individu est directement proportionnel à son impact sur l’environnement. Plus on est riche, plus on pollue.

    3) Il n’est pas éthique de gagner 10k/mois car ce n’est pas soutenable.

    4) Il est inutile de vouloir gagner 10k car l’utilité marginale de l’argent est décroissant : à partir d’un certain niveau de revenu ça ne sert plus à rien.

    En conclusion on ne devrait pas vouloir (ou pouvoir?) gagner 10k/mois en France.

    Voici quelques mises en perspective sur chacun de ces points:

    1) Dans un système redistributif comme en France, les riches contribuent par des impôts progressifs, ce qui finance les services publics et la protection sociale. C’est une forme d’équilibre qui permet la justice sociale tout en préservant la possibilité d’accumuler de la richesse. Ensuite, la richesse n’est pas un gâteau qu’on se partage: il y a une dynamique de création et d’expansion de la richesse qui augmente le niveau de vie global. On vit mieux et plus longtemps dans la France de 2024 que dans celle de 1970.

    2) Les pays qui polluent le moins et sont donc « vertueux » sur le plan écologique ne le sont pas par choix, mais par contrainte économique. Ce sont d’ailleurs eux qui subissent le plus durement les conséquences du changement climatique. À l’inverse, les pays les plus polluants, qui ont historiquement causé le plus de dégradations environnementales, possèdent aujourd’hui la conscience et les moyens de mener des actions écologiques.
    L’accord de Paris introduit la notion de transition juste ou chaque pays contribue selon ses moyens et sa responsabilité historique. C’est donc une réorientation de la richesse qui importe, pas une diminution de celle ci.
    Ce qui est vrai au niveau d’un pays, l’est au niveau de l’individu. Avoir moins de riches en France ne reduira pas les émissions de CO2. On observe même l’inverse en France; les émissions de co2 ont globalement diminué depuis 30 ans alors que le nombre de riches a augmenté.

    3) L’éthique dépend de l’usage que l’on fait de son argent pas du montant qu’on gagne à la fin du mois. C’est d’ailleurs mentionné dans l’article. Sauf qu’il balaie cet aspect en disant que de toute façon, ça ne sert a rien de gagner autant, ce qui nous amène au dernier point.

    4) L’utilité marginale décroissante de l’argent ne signifie pas l’inutilité des revenus élevés. Outre la redistribution possible (et efficace en France) déjà mentionnée, les revenus élevés permettent de dépasser son besoin de consommation immédiate et donc de se dépasser tout court. Les philantropes, mécènes, entrepreneurs, etc. sont ceux qui investissent dans les arts, les sciences ou la société.
    La cupidité sans limite existe mais ce serait bien trop réducteur…Si Elon Musk est un con, il est sans doute l’un de ceux dont l’action a eu le plus d’impact pour décarboner le secteur des transports.

    La richesse est donc à la fois le problème et la solution écologique. Réduire la richesse signifie moins de moyens pour financer les solutions durables, sans résoudre les causes structurelles du problème. La clé n’est pas de supprimer la richesse, mais de la réorienter pour qu’elle devienne un levier puissant au service de la transition écologique.

  3. https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/06/insee-de-nouveaux-outils-pour-mesurer-les-performances-de-l-economie-francaise-au-dela-du-pib_6378931_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default.
    Un extrait:
    Les résultats sont alors spectaculaires. En 2022, avant redistribution, le « revenu primaire élargi » des 10 % des personnes les plus aisées était presque 24 fois plus élevé que celui des 10 % les plus modestes. Mais, après la mise en œuvre de ces mécanismes de redistribution, tels que les prélèvements fiscaux, les prestations sociales ou l’apport des services publics, le ratio entre les plus aisés et les plus modestes n’est plus que de 3,8.

    Dans un contexte français (je dis bien, dans un contexte français) et d’après l’insee, avoir moins de gens à 10k/mois aurait pour conséquences plus de personnes pauvres.
    On a donc besoin de plus de gens à 10k/mois pas moins.

  4. Bonsoir,

    Comme certains commentateurs avant moi, je fais parti des personnes qui gagnent plus de 10k€/mois mais en contre-partie te lisent et te soutiennent car elles acceptent et même recherchent le fait d’être bousculées au quotidien.
    A ce titre ma rémunération fait partie de mes questionnements permanents, pour des raisons autant sociales qu’environnementales. Et j’ai clairement pas mal de pistes de progrès à propos de mon empreinte carbone.
    Par contre, je suis mitigé sur ton constat très tranché. Je te donne quelques thèmes qui pour moi ne vont pas dans ce sens :
    – Capacité d’entraînement : le fait d’être riche peut être lié à avoir un poste de direction. Cette avantage te donne des capacités d’action importantes, pour ma part d’imposer la formation de quelques centaines de personnes à la fresque du climat il y a quelques années, d’interdire l’utilisation d’avion sur à peu près la même échelle. Tu me diras que je pourrai faire la même chose et gagner moins : c’est sûr mais je t’assure que tu te coupes de pas mal de personnes par ailleurs très compétentes si tu les prives de cette projection salariale.
    – Je vois à contrario des pratiques dans mon entourage que je ne comprends pas : un frangin médecin de campagne clairement décroissant qui ne travaille que 3,5j par semaine pour ne pas gagner trop et qui investit son temps dans un beau potager qu’il fera pour lui même et moins bien qu’un agriculteur. Je préférerais qu’il gagne mieux sa vie au service de sa patientelle.
    – La transition passe par un changement sur plein de sujets qui coûtent cher : produire de l’alimentation durable, remettre de l’artisanat sur le territoire, acheter des voitures électriques, isoler des maisons, prendre le tgv. Les premiers qui peuvent (re)lancer cette économie là sont ceux qui en ont les moyens. Pour revenir à tes constats, malgré mes revenus, je n’épargne quasi rien, ne part pas en vacance à plus de 200km de chez moi mais investit tout dans une vieille maison bien trop grande pour moi (mon immense piste de progrès…) et donc dans les artisans locaux.
    En conclusion je pense que les rémunérations élevées rendent effectivement bien plus complexe la vertue qu’elle soit sociale ou environnementale mais qu’à contrario, si ces rémunérations sont bien orientées cela peut être un fort levier de transition : et nous en avons besoin.
    Pour plagier de la grande culture : : « il n’y a pas de grands pouvoirs sans de grandes responsabilités » ou autre référence de même type dans la philosophie ou religion de ton choix !
    Que certains de mes arguments te convainquent ou non, continue de me bousculer, ça fait partie des choses nécessaires.

  5. Bonjour Thomas,

    Sans être climato-sceptique, je suis ce qu’on pourrait appeler une récente convertie. J’ai toujours regardée un peu de haut les discours comme le tien.

    Depuis quelques jours cependant, j’ai mal au coeur (comme envie de vomir) en voyant les images des inondations en Espagne. Je me projette au volant de ma voiture, piégée dans un parking de centre commercial, avec ma fille à l’arrière.

    Du coup je crois que je suis en train de basculer. Mais comment réconcilier cette nécessité d’agir avec des inquiétudes + court terme? Par exemple, je n’arrive pas à me défaire de l’idée que si le monde continue sur sa trajectoire, il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres. C’est un peu cynique et décousu, je m’en excuse. Il me reste du travail à faire…

    1. Bonjour Laure,

      Je ne suis pas Thomas mais je me dis que je peux peut-être amener un début de réponse (que j’espère intéressante !)

      Si vous êtes nouvelle sur le sujet, déjà prenez le temps. Se rendre compte de la situation dans laquelle on est n’a rien d’agréable et c’est normal de passer par des étapes qui peuvent être assimilées à celle du deuil : on fait effectivement un deuil, celui de la vie et du monde dans lequel on croyait vivre (et qui était je vous l’accorde, vachement plus chouette que celui qu’on vous propose)

      Après et malgré l’urgence de la situation, il est bon de rappeler quelques trucs à savoir :

      – Oui, il y a des choses à faire en tant qu’individu (si on claquait des doigts et qu’on se retrouvait dans un monde bas carbonne du jour au lendemain, votre quotidien en serait impacté : moins de voiture (mais plus de moyen en commun), moins de viande et de poisson, moins de consommation matériel en général… Et sur ce point, il est toujours bon de prendre de l’avance pour 1) se préparer 2) réduire dès maintenant les émissions associés.

      – Non, l’action individuel ne fera pas tout. Il nous faut des décisions politiques fortes (et on les attend toujours) et ça ne sert à rien de se culpabiliser à outrance. Je suis le premier à le faire, mais il faut se rappeler qu’on part d’un point A et que tant qu’on essaye de s’améliorer, ce n’est pas grave si on ne fait pas tout parfaitement du jour au lendemain. Par contre, il faut se renseigner sur ce qui a vraiment un impact (oui, c’est bien de fermer les lumières quand on ne les utilise pas, c’est mieux de réduire sa consomation de viande, surtout de viande rouge)

      – … Vous êtes un humain. Vous avez des rêves, des espoirs, des envies, des peurs, et personne ne pourra vous dire le contraire. J’ai moi même la chance de vivre une vie plutôt tranquille que je n’ai pas vraiment envie de perdre, et j’essaye de faire la part des choses pour ne pas être en dissonance cognitive. Cela dit, c’est une réponse qui ne peut être trouvée que par vous.

      Pour reprendre votre exemple “il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres”, je pourrais vous dire que vous pouvez parfaitement faire partie des riches et faire votre part du marché : moins manger de viande, réduire/arrêter l’avion (si vous preniez l’avion), consommer moins, se former sur la question, en parler autour de vous, donner à des associations… Et tout ça sans abandonner le confort d’avoir facilement de l’argent. Vous pourrez aussi essayer de trouver des alternatives qui vous conviennent (je pense par exemple à Terre de liens, qui permet de financer des fermes qui veulent faire leur transition écologique, mais je suis sûr que d’autre exemple existe)

      Mais je le redis, prenez votre temps et ne vous culpabilisez pas à outrance. Prendre à coeur la question écologique est un sacré changement et ça peut parfois être violent (éco-anxiété et j’en passe)

      J’espère que ce petit texte vous sera utile. Bon courage et bonne continuité sur les internets.

  6. Bonjour Thomas,

    Sans être climato-sceptique, je suis ce qu’on pourrait appeler une récente convertie. J’ai toujours regardée un peu de haut les discours comme le tien.

    Depuis quelques jours cependant, j’ai mal au coeur (comme envie de vomir) en voyant les images des inondations en Espagne. Je me projette au volant de ma voiture, piégée dans un parking de centre commercial, avec ma fille à l’arrière.

    Du coup je crois que je suis en train de basculer. Mais comment réconcilier cette nécessité d’agir avec des inquiétudes + court terme? Par exemple, je n’arrive pas à me défaire de l’idée que si le monde continue sur sa trajectoire, il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres. C’est un peu cynique et décousu, je m’en excuse. Il me reste du travail à faire…

  7. Bonjour à tous et merci Thomas Wagner et BonPote pour votre superbe travail. Nous avons besoin de gens comme vous ou Vert le Média, Blast et les autres !

    Je rejoins les réactions sur la géométrie très variable des personnes gagnant + de 10k€/mois. J’en fais parti…
    Mon opinion personnelle est que l’écart entre les plus hauts et les plus bas revenus est le sujet clé dans un premier temps. Nous avons choisi dans mon entreprise de caper cet écart à un facteur 7. Ceci nous permet de rester relativement compétitif pour attirer des talents et à nous forcer à garder une cohérence et une cohésion dans la grille de salaires.
    Ensuite il y a l’utilisation des revenus. Je rejoins tout ceux qui indiquent que les revenus confortables (au delà de 5000€/mois) financent massivement notre modèle social. Nous en avons besoin indéniablement ou sinon on passe le SMIC à 3000€ et on réinternalise la production en France de tous nos besoins en faisant une croix sur l’export autre que le luxe ou les technos de pointe.
    J’aimerais commenter ce que permet de faire un revenu de 10k/mois. Mais il est vrai que c’est fortement dépendant du niveau de connaissances et des choix de la personne :
    1- payer beaucoup d’impôts pour financer le modèle social Français
    2 – investir dans des foncières sociales ou écologiques (nous avons choisi Habitat et Humanisme et Terre de Lien et nous y consacrons 20% de nos revenus annuels; nous achetons aussi des parcelles de forêt pour les mettre en gestion écologique)
    3 – travailler un peu moins (200j/an) pour investir ce temps dans des actions utiles => avec mon épouse nous avons sensibilisé avec 2Tonnes, la FdC et The Week plusieurs centaines de personnes ; nous faisons partis de la commission dév durable de notre commune
    4 – investir utilement pour des projets perso qui ont du sens => nous avons racheté des terres agricoles pour planter un immense verger et développer un potager pour nous. Nous visons de continuer pour installer des maraîchers pratiquant la permaculture
    5 – Prendre le train quoi qu’il en coûte au lieu de la voiture et l’avion (ça coûte beaucoup plus et ça pollue beaucoup moins)
    6 – investir dans la rénovation du logement pour réduire massivement son BC => c’est fait
    7 – Investir le reliquat d’épargne sur des fonds ISR bien choisis (beaucoup sont bidons)
    8 – Confier notre argent à une banque responsable => La Nef
    9 -Epargner pour l’éducation de nos enfants afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transition grâce à leur éducation (ça ne devrait pas être le cas mais le système français est tel qu’il est…)
    10 – Manger uniquement bio et à dominante local (nous estimons le surcout à 150% vs les mêmes courses en grande surface)

    Je m’arrête là et je sais que d’autres auront plein d’autres super pratiques que je suis curieux de découvrir. Nous sommes conscients de la chance que nous avons de pouvoir faire tout ça surtout après avoir vu des documentaires comme “debout les femmes” ou le nouveau docu de F. Ruffin. Il y a une véritable misère sociale dans notre pays et le pseudo assistanat n’existe que dans l’imaginaire de ceux qui veulent y croire.

    Tout ceci ne retire pas que la trésorerie disponible dont nous disposons est placé sur différents support qui pèse +100Teq/CO2 par tranche de 20k. Mais soyons aussi honnête, le problème est systémique et les plus avantagés comme nous ne peuvent être blâmés car c’est bien le monde de la finance qui est à réformer.

    Pour finir, quel serait l’effet rebond CO2 de réduire de 50% les revenus des plus avantagés (ayant une capacité à faire des arbitrages dans le sens de la transition) pour augmenter les revenus des moins avantagés. Sans régulation + éduction, le résultat serait à mon avis négatif. Nous avons besoin de choix politique très fort et courageux !

    Pour conclure, je suis preneur d’un complément de cet article @Thomas Wagner avec une approche plus systémique pour comprendre le point d’atterrissage sur le thème de la régulation des revenus.

    Nicolas

    1. Merci pour ce retour Nicolas, concernant la répartition de richesses et l’impact sur l’empreinte carbone FR, c’est un sujet en cours d’écriture, à suivre !

    2. Bonjour Nicolas, votre témoignage individuel est très intéressant, et touche à l’exemplarité. Mais à votre avis, pour revenir à l’article de BonPote, le type de comportement que vous décrivez concerne quelle part des personnes ayant un revenu de plus 10000 euros mensuels ?

  8. Quand je pense à quelqu’un qui gagne 10k/mois en France, je pense:
    – aux 10% les plus riches qui paient 70% de l’impôt sur le revenu (représentant 25% des revenus de l’état francais)
    – au contribuable qui paiera bientôt au moins 20% d’impôt sur tous ses revenus (ce qui est une bonne chose)
    – à l’entrepreneur qui créé des emplois, paie des salaires et des cotisations sociales
    – à l’investisseur qui investit dans des produits ou des services innovants
    – à une personne talentueuse en sport ou dans les arts: écrivains, acteurs, realisateurs, designers, athlètes…
    – à un cadre dirigeant de PME qui proposent des produits que des gens achètent car ils y voient une utilité personnelle
    – à un cadre d’entreprise qui paie 25% de ses bénéfices en impôt sur les sociétés (représentant 20% des revenus de l’état français)
    – a qqn qui a bcp travaillé pour arriver à avoir ce salaire
    – à un chirurgien qui sauve ou améliore des vies
    – à un mécène qui soutient les arts, la recherche scientifique, le patrimoine culturel de la France

    Et en partie grâce à eux, je vois un système de soins pour tous, des ecoles grauites, des cantines gratuites, des centre aérés gratuits, des médiateques gratuites, des transports en commun ultra subventionnés, des habitats à loyers modéré, l’allocation de rentrée scolaire, des pass culture de 300 euros pour chaque jeune, les musées gratuits tous les 1er dimanches du mois, des APL, des allocations familiales, l’AME, les allocations pour personne handicapée, le RSA, l’allocation au retour à l’emploi, l’IJSS, le CPF… Et sans rire, je pourrai continuer la liste encore longtemps.

    J’aimerais donc beaucoup plus de gens qui gagnent 10k/mois en France pour continuer à enrichir l’expérience de la vie humaine et contribuer à tous ces services et aides publiques. Ou même, rêvons un peu, pouvoir en ajouter pour les plus modestes et les plus faibles d’entre nous?

  9. En moyenne, une personne qui gagne 10000 euros pollue plus qu’une personne qui gagne 2000 euros.
    Pa contre, entre une personne qui gagne 10k et 5 personnes qui gagnent 2k, j’aurais tendance à penser que les 5 personnes polluent plus que la personne seule, pour une somme totale équivalente.
    Est-ce que quelqu’un s’est penché sur la question ?

    1. La réponse me semble déjà en partie dans l’article:
      “En comparant les niveaux de vie, nous observons que les 10% les plus riches gagnent en moyenne 9 fois plus d’argent que les 10% les plus pauvres. En revanche, leurs émissions sont seulement 2 à 3 fois plus importantes.
      Cela s’explique par le fait qu’une grande partie des revenus part dans l’épargne et non dans la consommation, la méthode retenue ici pour calculer l’empreinte carbone.”

      Et maintenant que vous avez l’info, quelle conclusion en tirez-vous? Qu’il vaut mieux 1 riche que 5 pauvres et donc qu’il faudrait qu’on se débarrasse fissa des pauvres, c’est meilleur pour le bilan carbone de la France? 🙂

  10. Vous reprochez à juste titre au gouvernement d’attaquer le problème majeur du réchauffement climatique par les petits gestes futiles (coupure du WIFI ou de la lumière) au lieu de grands changement structurels et vous faites exactement la même chose.
    En plus d’être imprécise (tout dépend du lieu et mode de vie) et démago, pensez-vous vraiment qu’une mesure sur les hauts revenus en France changerait quelque chose ? Donc ok, demain on confisque tout ce qui dépasse 10k€ par mois en France : quelle amélioration sur le CO2 ? Sur le climat ? vs. quels effets délétères ? Pensez vous ensuite que les USA vont se dire : chouette idée, on fait pareil ? Et la Chine ? L’Inde ? Le CO2 n’a pas de frontière !
    Et votre carte des Alpes qui tombe comme un cheveu sur la soupe… Qui habitait à Tignes, La Plagne ou Morzine avant l’essor du ski ? La gentrification fait plus de ravage à St Malo, sur la côte Basque ou sur la Côte d’Azur. Ou à Paris mais c’est aussi un problème de location comme vous l’indiquez sans expliquer pourquoi “les propriétaires n’ont plus envie de louer leur bien” (bien que j’aie ma petite idée).

    1. > “Donc ok, demain on confisque tout ce qui dépasse 10k€ par mois en France : quelle amélioration sur le CO2 ? Sur le climat ? vs. quels effets délétères ?”

      Excellente question !

      Est-ce que cet argent serait mieux investi s’il était “confisqué” comme vous dites et géré démocratiquement par la puissance publique ?

      Le mot “confisqué” mérite ses guillemets car l’argent des entreprises provient de l’exploitation de ressources naturelles et humaines dont la qualité, et le non-épuisement sont assurées par la puissance publique. Or notre système est en déficit de ressources naturelles et en manque de moyens pour assurer la continuité de ces communs.

      D’abord, les riches font-ils déjà les bons choix en termes d’achats et d’investissements avec leurs hauts revenus, ou pourrait-on en faire de meilleurs à leur place ?

      Plusieurs témoignages de riches ici expliquent qu’ils méritent cet argent CAR ils l’investissent bien, mais ça ne veut pas dire que c’est le cas de l’immense majorité de leurs pairs.

      Si l’Etat décide de réorienter cet argent “confisqué” vers les investissements durables, le modèle social, l’éducation, etc. serait vraisemblablement plus efficace que de compter sur la charité de ceux qui le gagnent.

      Restent les objections d’efficacité :
      – Ces salaires sont nécessaires pour faire venir les talents dont ont besoin les entreprises
      –> “Quelle entreprise éthique et soutenable paye aujourd’hui une personne 10 000€ par mois ?” J’ajouterais que celleux qui travaillent pour des entreprises vraiment éthiques n’ont sans doute pas une consommation à hauteur d’un si haut salaire.
      – Ça va faire fuir les riches et les entreprises qui iront payer des impôts ailleurs et continuer à polluer.
      –> C’est injuste, mais sans doute le blocage le plus dur. On appelle ça la tragédie des communs. Mais si on reste d’accord que l’objectif est souhaitable, alors mettons nous en quête de solutions légales et de coopération internationale pour protéger les communs malgré la mondialisation.

  11. Le socialisme, l’écologie, demandent donc moins de riches, c’est ce qui est dit dans cet article, puisqu’ils sont néfastes pour la Planète. “Le socialisme, (l’écologie ?), s’arrête lorsque les autres n’ont plus d’argent” (Coluche). Si les autres n’ont plus d’argent, où se trouve-t-il ?

  12. Juste pour préciser, 10000 € net ça fait environ 123000€ net imposables à l’année (d’après https://www.impots.gouv.fr/simulateur-du-revenu-net-fiscal). Ces 123 000€ net imposables impliquent pour un célibataire un impôt de 29600€ par an (https://simulateur-ir-ifi.impots.gouv.fr/cgi-bin/calc-2024.cgi) soit un revenu “vraiment net” de l’ordre de 7500€/mois, on s’éloigne sensiblement des 10000.
    Avec un revenu de 215000€ bruts/an (soit près de 18000€ bruts/mois), en revanche, et avec les mêmes simulateurs on arrive aux 10000€ net net par mois.

    Plus simplement sur France travail (https://entreprise.francetravail.fr/cout-salarie/) on voit que ces 215000 représentent un 306000€ pour l’employeur. Soit 306000-120000 = 186000 pour… la collectivité, et le financement de la transition.

    Pour un salaire de 6000€ net net (le montant 6000 est cité dans l’article), le coût total employeur est de 164000, soit 92000 pour la collectivité. C’est intéressant car le montant qui revient à la collectivité est divisé par 2 vs. le cas précédent.

    Se priver des salaires à 10K€ par mois en limitant à 6k€ par mois c’est se priver de 100k€ de rentrées annuelles pour la collectivité.

    Quel est votre avis sur la question ? Comment compense t-on ces manques à gagner ?
    A l’heure où le budget de l’Etat est en tension, il me semble important si ce n’est primordial de garder ces ordres de grandeurs édifiants en tête.

    1. L’article ne dit pas qu’il ne faut plus de riches, ça c’est votre conclusion. L’article montre seulement qu’en moyenne, plus on a d’argent, plus on a une empreinte carbone impactante. Vous pouvez ne pas aimer ce constat, il reste vrai pour autant.

      En admettant qu’on limite les revenus mensuels, il aura un surplus d’argent dans les caisses des entreprises:
      – elles peuvent donc augmenter les revenus des autres = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat (cotisations + hausse du pouvoir d’achat, donc + de TVA…)
      – elles peuvent embaucher d’autres personnes = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat (même remarque)
      – elles veulent tout garder? On taxe + fortement les bénéfices non réinvestit = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat.
      En bref, l’Etat aura toujours moyen de récupérer le même montant d’une manière ou d’une autre, à condition de mettre en place les politiques qui le permettent.

      1. Ce n’est pas ma conclusion : on peut lire en toute fin d’article ” concluons cet article par une citation du livre Paresse pour tous d’Hadrien Klent, qui devrait animer bien des débats : “au-dessus de 6 000 euros net par mois, c’est inutile. Voila ce que je propose aux Français. De se dire que c’est inutile. D’une part de trop travailler. Et d’autre part de gagner trop d’argent.””
        L’idée véhiculée c’est quand même qu’il y ait, sinon personne, du moins beaucoup moins de monde au-dessus de 6000€, ce que l’on peut traduire par “plus de riche”, ou en tout cas beaucoup moins.

        Concernant les autres points :
        – les entreprises peuvent augmenter les revenus des autres : c’est du wishful thinking, elles n’ont aucune raison de le faire et, hormis de très rares exception, ne le feront pas.
        – elles peuvent embaucher d’autres personnes : on n’embauche pas des personnes / des équipes pour le plaisir, mais pour développer une activité / adresser un besoin de manière rentable. Si la rentabilité était avérée, les entreprises l’auraient déjà fait, si ce n’est pas rentable il n’y a aucune raison de dépenser le budget dégagé dans ces embauches
        – on taxe (sic) : si on pouvait taxer sans créer la guerre civile (cf. gilets jaunes) ni perdre en compétitivité / perdre des gros contribuables, on l’aurait déjà fait. La France est ouverte à la mondialisation avec moins de 1% des habitants et moins de 3% du PIB, les entreprises et les investisseurs fuiront.

        Et non, en bref l’Etat n’aura pas toujours le moyen de récupérer le même montant d’une manière ou d’une autre, c’est justement le coeur du problème budgétaire actuel.

  13. Bonjour Bon Pote et merci pour cet article, y compris les exceptions (qui pourraient etre mises en disclaimer au début plutot qu’a la fin?). Pourrais-tu aller plus loin dans cet article et préciser:
    – Si les 8000 € extra étaient distribués aux déciles du bas, quel serait l’impact carbone pour chaque décile (attendu que ce n’est pas la meme chose d’augmenter de 100 €/m qqun pour qu’il puisse s’acheter une voiture, enfin pouvoir aller travailler et participer collectivement au réchauffement, malheureusement… ou ajouter 100 €/m a qqun qui lui permettent d’isoler son logement…).
    – ici dans l’article je lis que l’impact d’un riche des 1% est 10 fois supérieur a celui d’1 personne des 50% du bas, tandis que l’écart de richesse est AU MOINS 3,8 – d’apres les seuils, 1930 et 7180 – mais est-il en réalité supérieur ou inférieur a 10? Quelle interprétation si le ratio dépasse 10?
    – Quid de l’ombre carbone? I.e. Total a besoin de cadres qu’il paie cher, ont personnellement un impact élevé, et de plus participent professionellement au méfait. Mais si un candidat “consciencieux” refuse de faire le job, ne risque-t-on pas de se retrouver avec un futur manageur “je m’en foutiste”?
    – Existe-t-il des investissements “vertueux”? lesquels?

  14. Tout d’abord, merci beaucoup Thomas sur tout ce que vous faites ! Un grand Bravo !

    Concernant ce post, je serai un peu plus nuancée car selon moi, une autre question est aussi très importante : savoir ce que l’on fait de l’argent que l’on gagne (et/ou que l’on a reçu / dont on dispose).
    Juste 2 exemples pour être concrète :

    1) Un article assez récent du Monde indiquait que 60% des patrimoines aujourd’hui sont des patrimoines hérités. Ainsi, gagner 10’000 euros par mois devrait aussi être mis en regard du patrimoine disponible et hérité. On peut très bien gagner 10’000 euros par mois et n’avoir aucun patrimoine hérité, ce qui rend l’équation du revenu disponible très différente. Un couple qui gagne 10’000 euros par mois avec une famille de 3 enfants, sans patrimoine hérité, aura sans aucun doute un revenu disponible très différent de celui qui aura hérité (prix du logement + nourriture saine et durable pour 5 personnes + frais assurance + frais médicaux,…). Ce qui de fait, ne rendra pas ce couple particulièrement riche, surtout si l’épargne disponible est utilisé pour des investissements écologiques par exemple, utiles pour la société et le bien commun (oui oui ça arrive, j’en connais !).
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/04/aujourd-hui-60-des-patrimoines-sont-herites-contre-35-au-debut-des-annees-1970_6112338_3232.html

    2) Deuxième exemple (je connais plusieurs couples dans ce cas) :
    Dans un couple, 1 des conjoints a décidé de transitionner complètement et de devenir par exemple agriculture ou formateur en agroécologie. Il est convenu que l’autre conjoint continue de travailler pour assurer les besoins de la famille (sans surconsommation …) et l’accompagnement / investissement du développement de l’activité de son conjoint, complètement alignée avec les besoins de transition, mais pourtant pas rentable et demandeuse d’investissements. C’est un choix finalement très engagé, au service de la société (transmettre, former, accompagner, nourrir son village en nourriture saine, locale et durable,…). L’argent gagné est ainsi mis au service de la cause écologique, et non déviée dans de la surconsommation.
    Ceci est complètement acceptable de mon point de vue.

    En conclusion, rien n’est simple, mais attention aux raccourcis et aux biais d’analyses. Se recentrer sur l’intention et l’utilisation de cet argent me semble beaucoup plus pertinent.
    A discuter ;o)

  15. Est-ce que l’exemple des hommes japonais herbivores (Les Hikimori, je pense… Pas sûr…) est un bon exemple de là où il faut aller, ou pas ? (Leur Papa était carnivore, au sens figuré, bien sûr…). Après une rigolade au début, l’Etat japonais le prend au sérieux, et les jeunes Japonaises aussi: baisse drastique de la natalité, les femmes sont seules, pas de recettes pour les retraites, population vieillissante, économie en manque de main d’oeuvre, refus de l’immigration, etc… Pensez vous que c’est un modèle de société que vous préconisez, finalement ? Moi, je n’ai aucun avis (Je crois que les députés et Sandrine Rousseau sont en train de discuter de la Sécu, peut-on avoir plus d’argent pour la Sécu en étant écologiste, tout en travaillant moins, c’est mon cas ! A l’extrême, si tout le monde est au SMIC (C’est mon cas), ou au RSA, cela résoudra-t-il le problème de la planète au niveau national, alors que tous les Chinois et tous les Indiens veulent être aussi riches que les Occidentaux ? Je vous avoue, je n’y pige quedalle… D’autant que, 70 ans après, l’URSS a implosé à cause de sa politique d’égalité des résultats. Donc : payons tout le monde avec le salaire minimum, quelque soit la qualification, et attendons de voir… Personnellement j’observe de loin les hommes japonais herbivores, sociologiquement c’est passionnant, triste, mais passionnant… Mais très bon pour la Planète !

  16. Si on considère que les 1% les plus riches gagnent moins, automatiquement les entreprises vont payer plus les salariés plus modestes… or pour eux ça ne sert pas à rien de consommer plus, donc ils vont profiter de leur surplus et donc polluer plus. Il faudrait faire le calcul : que se passerait-il si ceux qui gagnaient 10 000 € ne gagnaient plus que 5000€, et si cet argent revenait aux 10% les plus pauvres (500€ de plus chacun) ?

  17. Ces retours montrent que tout le monde se trouve dans une situation où changer ne devient pas seulement facile, mais surtout impossible à concevoir. Chacun se débat dans un présent “matériel”, ne fait que gérer sa situation “matérielle”. La mise en application d’un nouveau paradigme n’est pas pour demain. Enfants du capitalisme industriel, ces interlocuteurs, très respectueux, de bonne foi, finiront retraités du capitalisme industriel. Bravo pour l’analyse.

  18. Merci pour ce travail.
    Manipuler les chiffres est toujours à la fois intéressant pour celui qui le fait et permet, abondance de chiffres a l’appui, et permet de démontrer à peu près ce que l’on veut (a la manière de Piketty dont les travaux sont TRES contestés a peu prêt partout dans le monde sauf en France).
    Aujourd’hui on ne peut que noter que les pays les plus vertueux en terme d’écologie (ceux qui font le plus de progrès vers un modèle cible décarbonné), sont les pays riches. Car ils investissent dans la technologie. Ce qui permet aux écolos de les critiquer sur le plan des revenus et de la richesse.
    On peut noter aussi que certaines injonctions ecolo-compatibles – utiliser des voitures électriques par exemple – se fait en dépit du bon sens : électricité produite avec du charbon, batteries polluantes et non recyclables, automobiles construites au bout du monde et transportées par bateau, …..
    Donc stigmatiser ceux qui gagnent plus d’argent est un réflexe de gauche totalement contre productif et aussi facile à démonter qu’a élaborer.
    Faisons le boulot ensemble vers un monde moins polluant en s’extrayant de ces clichés opportunistes.

    1. Bonjour Edouard,

      Vous avez vraiment lu l’article avant de le commenter ?
      Vous pensez vraiment que les données sont falsifiées ? Vous en avez d’autres à fournir pour réfuter ce travail ?
      Parce que juste se contenter de “oui mais non” ou “c’est de gauche” ou “c’est écolo” ça ressemble furieusement à des préjugés et pas trop à des arguments rationnels.

      Bisous.

      1. Et bien oui j’ai lu l’article !!
        Et je ne remets pas en cause les chiffres avancés (avez-vous lu mon commentaire ;-)), mais le choix de telle ou telle analyse ou étude parmi les milliers qui existent sur ces sujets en support d’une thèse d’inspiration gauchiste : “ce sont les riches qui polluent, donc haro sur les riches.”
        Ce que je signale est un angle d’analyse clairement affiché dans le titre (appelons le un “préjugé”, donc le reproche de fonctionnement en “préjugé” que vous me faites devrait plutôt être adressé à l’auteur.
        Ma conclusion est : mettons-nous tous au travail en s’extrayant intelligemment de ces préjugés qui opposent telle ou telle catégorie si nous voulons avancer concrètement.
        Bisous en retour.

  19. Salut, bon Pote! Étant animateur de fresque du climat lorsque j’affiche l’impact carbone des 10 % le plus riche, j’ai très vite une réaction de participant en se disant non concernés alors je les questionne : « vous pensez être dans quelle tranche avec votre salaire de cadre ? » et il y en a toujours un qui va chercher l’information des seuils derichesses. et qui la partage… il y en a beaucoup qui tombent de leur chaise 😎 pensant par exemple faire partie de la classe moyenne moyenne..

  20. Bonjour,

    @Thomas.Wagner / bonpote: Je “critique” un peu ce post, mais je tiens quand même à à vous remercier pour l’ensemble de votre travail que je trouve vraiment super.

    Dans l’ensemble, ce que je trouve dommage avec ce post, c’est qu’il est probablement clivant, mais pas très actionnable:

    – Si jamais vous gagnez bien moins que 10 000€/mois, que vous lisez ce blog (donc a priori vous avez un minimum d’intérêt pour les sujets autour du réchauffement climatique) ça ne devrait pas trop vous embêter de savoir que ceux qui gagnent 10 000€/mois posent un problème. Ca vous donne des arguments, vous pouvez voter en conséquence, mais avec cet article, vous n’avez pas un impact très direct et court-terme sur le changement.

    Personnellement, je gagne plus de 10 000€/mois, je suis conscient que c’est un problème que je puisse gagner autant, mais en même temps j’aime mon travail, et je trouve que lire ça ne m’aide pas trop à faire différemment. En revanche, ce qui m’aiderait c’est:
    — Si je suis prêt à gagner moins, qu’est-ce que je peux faire? (suggérer du temps partiel? aider à trouver le même genre d’emploi, dans une entreprise moins rémunératrice mais avec une mission plus vertueuse? faire un don mensuel de 20% de mon salaire à X association?)
    — Est-ce que je peux aider à faire bouger mon entreprise, et comment ? (échanger de la rémunération contre plus de temps partiel, plus de RSE, etc.)
    — Si je ne suis pas prêt à gagner moins (peut être parceque je veux accumuler rapidement des sous pour arrêter plus tard, me consacrer à un travail différent / plus vertueux après, ou tout simplement que je ne veux pas faire de gros sacrifice / que je tiens à mon niveau de vie, même si c’est dommage): Comment “minimiser” l’impact carbone de mon argent? (par ex, vérifier que mon épargne de finance pas du fossile, est-ce qu’il vaut mieux prendre l’avion vs restaurer une résidence secondaire à 1h de TGV)

    Merci encore pour votre super travail!

  21. Bonjour
    Pas de commentaire ; )
    Juste un merci pour votre travail, à vous bien sûr mais aussi à toutes l’équipe. Vos articles argumentés avec études à l’appui sont d’excellents supports pour apprendre et aussi confirmés/infirmés des convictions ou “pressentis”.
    Gratitude 🙏🏿

  22. Bonjour,

    Pour affuter la thèse…Il faudrait à mon avis considérer en même temps le capital et le revenu (comme le fait Piketty dans ses travaux en général). Le capital (notamment immobilier) peut tout à fait produire des revenus silencieux considérables.
    En particulier, bénéficier d’héritage ou de transmissions anticipées de plusieurs centaines de milliers d’euros sans fiscalité (en plusieurs fois) n’est pas du tout neutre. Pour reprendre le cas de “vivre à Paris”, on peut vivre très bien à Paris avec 2000 ou 3000 € si on n’a pas à payer de loyer ou de crédit (ou bien un crédit beaucoup plus faible du fait des généreuses transmissions qui ne profitent pas à tout le monde), ou bien si on est logé dans un appartement familial (en attendant d’en hériter). Et probablement qu’on peut moins se soucier (économiquement) de l’isolation du bien.

    Donc, on pourrait aussi publier quelque chose du type “détenir (seul) plus de XX millieurs d’euros en capital (de toute nature) est un problème”… puis croiser les deux contributions.
    Or, je constate que si les hauts revenus sont impopulaires à partir d’un certain niveau (ce que l’on n’a pas l’espoir d’atteindre un jour ?), il n’en est pas de même de l’héritage, même important. Alors que plus de 80% (chiffre posé de mémoire, à affiner) des français ne paieront pas de droits de succession (ou alors très très faibles), ils sont très majoritairement contre toute augmentation de la fiscalité de l’héritage…

  23. Tout cela est très juste et je suis ok. Petite question quasi philosophique sur ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Si une entreprise rémunère grassement ses employé.e.s (managers à plus de 10k€/mois) cela se retrouve dans ses charges et elle fait moins de résultat. Si cette même entreprise (même chiffre d’affaires) rémunère moins ses employés, elle augmente d’autant son résultat (modulo les charges sociales et l’impôt sur les sociétés). On pourrait considérer qu’elle peut vendre des produits moins cher mais cela augmenterait d’autant ses parts de marché et on peut donc considérer que le CA et résultats seraient les mêmes. Bref, ces résultats supplémentaires vont être réinvestis ou distribués sous forme de dividendes, ce qui va également générer des émissions. C’est un peu caricatural, mais finalement regarder l’empreinte carbone personnelle et le pouvoir d’achat ne revient il pas à regarder le problème que partiellement ?
    J’ai bien conscience que cette réflexion ne fait pas avancer le schmilblick.

  24. Le titre – volontairement provocateur – entretient une confusion. Ce n’est pas gagner plus de 10k€ par mois qui est un problème pour le climat, c’est la façon de gagner cet argent et la façon de le dépenser qui peut l’être. Certes, statistiquement, l’économie carbonée est celle qui paie le mieux et plus on dépense, plus l’empreinte carbone augmente. Mais j’ai gagné plus de 10k€ par mois avec une empreinte carbone de 4,7 teqCO2 par an soit la moitié de l’empreinte carbone moyenne d’un Français. Il est difficile mais possible d’épargner de façon durable : achat de forêts exploitées intelligemment (multi-essences, coupes sélectives, régénération essentiellement naturelle en ajoutant des essences adaptées au limat du futur etc..), investir dans l’agriculture régénérative (Fève, Régénération), dans les activités décarbonantes (EnR, nucléaire, train, vélo, nourriture végétale) ou dans des actions non-rémunératrices (TFTP, BonPote, ONGs) etc… Et on peut gagner beaucoup même dans les activités orientées vers la transition bas-carbone et écologique (bon là c’est vrai que c’est dur…). Donc il est difficile mais possible de gagner beaucoup et de faire beaucoup mieux que la moyenne pour le climat car quoi qu’il arrive, en France, nous sommes quasiment tous un problème pour le climat ; les 2 tCO2eq sont pour le moment incompatibles avec une vie décente. Mieux vaut inciter les plus riches à une transition écologique, ne pas les culpabiliser mais les convaincre d’utiliser leurs moyens financiers de façon positive pour le climat.

  25. Je ne sais pas si c est tant une question de chiffre ici. Je le résumerai plus simplement: la lutte contre le réchauffement climatique ne peut se faire qu avec de la justice sociale. Tant que le 10 000€/mois ne concernera qu une portion infime de la population et correspondra a des modes de vie et libertés radicalement différents du reste de la population ce n’ est tout simplement pas compatible.

  26. Relier une quantité d’argent au problème du climat est un peu faire fausse route. L’argent est quelque chose de non fini. 10 000 € c’est énorme quand vous les devez, mais pas grand chose quand vous les recevez. 1$ en France n’est rien alors 1$ à Haiti est une somme colossale . Le Climat, la capacité de la terre (adapté à la vie humaine), est fini. On n’a pas 2 Terres. Lier un élément fini à un élément fini est un non sens. Prenons l’exemple des impôts, dans les années soixante aux USA les impôts s’élevaient à plus de 80% pour les plus riches, est-ce que ça les a rendu plus pauvres ? Non, car la croissance économique était telle que la “perte” en impôts était compensée. Nous avions deux éléments infinis qui se confrontaient. A l’inverse limiter le revenu, impliquerait une déflation, une diminution des prix (ce qui est le cas avec l’augmentation du pouvoir d’achat, avec la même somme d’argent on peut acheter plus d’objets qui ne servent à rien) et donc on aurait toujours un impact négatif sur l’environnement. Pour exemple un sac Vuitton est garanti à vie, un cabat à 0.2 cts sera assez rapidement jeté alors qu’il est “réutilisable” (J’ai des dizaines de tote bags à la maison). Pour compléter je vous invite à lire “design pour un monde réel” de Victor Papanec.
    Les capacités de la terres sont finis. Ne serait-il possible de déterminer des quotas individuels ? Vous pouvez consommer une quantité finie et après et bien c’est fini. C’est un peu violant, pour le client moyen du bar en France, il arrêterait de boire et de manger en Août (Remarquons au passage pour faire plaisir au communiste qui sommeil en vous, Bernard Arnault lui arrêterait de manger le 2 janvier).
    On doit faire avec ce qu’on a :
    notre échelle de valeur est basée sur l’argent (c’est assez pratique car c’est neutre) Pour lier le climat à l’argent (tel qu’on le fait) on peut imaginer un système de taxe exponentiel. Un quota non taxé, puis dès qu’on le dépasse on passe en taxe exponentielle. Vous pouvez être riche, mais dépenser intelligemment autrement vous serez surtaxé.
    Là aussi c’est compliqué à mettre en place , alors je pense que travailler sur la prise de conscience, la recherche de solutions, sans opposer des gens qui sont tous dans le même bateau est peut-être plus constructif ? Éduquer et réfléchir ensemble, est une chose qui marche en général.
    Une dernière question : Est-ce que d’avoir plus de 10 000 abonnés à sa news-letter est un problème pour le climat ?
    Vous avez 2 heures aaahhhh aaaahhhh !

  27. Bonjour,

    J’avoue ne pas adhérer à 100% à l’argument sur la conséquentialité des émissions, au sens où l’on peut gagner bien moins d’argent et quand même travailler pour une entreprise contribuant fortement au réchauffement climatique. A ce moment-là, prenons-nous en compte pour les moindres salaires ces émissions supplémentaires ? Dans votre exemple, considérons-nous qu’un informaticien en charge de la cybersécurité mérite la même part des émissions de Total qu’un directeur en charge des investissements ou qu’un technicien permettant le fonctionnement de la raffinerie ? Est-ce que cela serait juste de considérer pour un gros salaire cette conséquentialité et pas pour un petit salaire, même si la personne travaille dans un domaine particulièrement émetteur ?
    Par ailleurs, comme vous l’avez si justement souligné dans d’autres articles, il n’est pas toujours évident de changer de métier et de trouver aujourd’hui un métier sans impact négatif sur le climat, qui ne nécessite pas une reconversion (qui peut avoir un lourd impact sur les ménages), et qui permet malgré tout de vivre.

    Pour éviter tout débat : je ne dis pas que je ne suis pas d’accord sur le fond de l’article et les autres arguments, mais simplement que cet argument en particulier m’a semblé nuire à l’argumentaire par son “injustice”.

  28. Je dois être bête et j’ai retourné le “problème” dans tous les sens mais je ne le comprends pas et je ne vois aucune proposition de solution.

    A part dire les riches polluent plus, à bas les riches je ne vois pas grand chose d’autre dans l’article…

    Vous oubliez volontairement de préciser que les riches (enlevons les ultra riches qui est un problème à part) participent plus en montant aux finances publiques. Que plus le salaires est élevé, plus les contributions patronales le sont également.
    Qu’il y ait, comme le NFP le propose, de nouvelles taxes et de nouvelles contributions pour financer l’école, l’hôpital, la transition écologique, …, ça me paraît entièrement normal. Qu’on limite la possibilité de prendre l’avion (plus que des taxes qui ne seraient pas dissuasives) ce ne me choquerait pas non plus.
    Qu’on réduise fortement (et plus rapidement) la place de la voiture dans les grandes agglomérations ça ne ferait pas de mal.

    Mais plus que gagner de l’argent, le problème est le mode de vie qui va avec et surtout le large refus de contribuer plus aux finances publiques. Le problème ce n’est pas tant de gagner de l’argent et d’en avoir. C’est de ne pas contribuer équitablement aux fonctionnements de notre société, de ne plus vouloir payer d’impôts et de taxes en oubliant que derrière ce sont nos écoles, nos hôpitaux, notre santé, nos services publics, les aides pour la transition énergétique… Et j’en oublie.

    Le problème il est politique et sociétal car même ceux qui ont tout a gagner (et c’est une grande majorité en France) de la mise en place d’un programme type NFP ne votent pas pour.
    Et il y a beaucoup de travail à faire qu’on on voit qu’imposer un taux moyen de 20% pour les plus riches ne fait pas consensus et impose au gouvernement de prendre des pincettes dans sa com alors qu’on parle de moins de 1% de la population.

    Et plutôt que de vous attaquez au problème sous cet angle, vous rejoignez le groupe des tapons sur les riches juste parce qu’ils sont riches. Dommage

  29. Je pense qu’ici tu trouveras beaucoup de personnes qui gagnent 10K et qui n’ont pas un bilan catastrophique. Si je cumule mes différentes activités, je ne suis pas loin des 10K. En net, je suis à une moyenne de 7K fixe sur mon activité principale, et parfois 8K ou un peu plus avec mes à côté.
    Je ne travaille pas pour Total, mais pour Saint Gobain. C’est pas l’entreprise la plus vertueuse, mais ils travaillent énormément pour la construction, et pas dans le béton. ça fait beaucoup de rénovation et d’isolation, je m’y sens plus utile que dans une banque ou chez Total. D’autres boîtes “vertueuses” proposent des salaires important. Comme EDF, où j’aimerai bien trouver un poste, pourquoi pas.
    Au niveau perso, mon épouse n’a pas d’activité salariée. Mes deux enfants sont en instruction en famille, et notre large budget nous sert à rénover une habitation à la campagne, pour pouvoir retourner un jour chez moi. IDEM, pas forcément le plus vertueux, mais pas de vacances en avion, pas de grosse épargne en dehors des livrets A et LLDS. Les vacances se font pour le moment en France, et si elles se feraient à l’étranger, le train est privilégié.
    Nous allons souvent au resto, certainement plus que la plupart des personnes. Nous faisons attention à ce que nous mangeons, consommons. Pas de fast fashion. très peu de viande bovine.
    Beaucoup d’achat de seconde main, et uniquement pour l’utile.
    Mon activité secondaire de journaliste me fait acheter ou louer du matériel qui doit contribuer pas mal à mon bilan carbone, mais je le trouve justifié.

    Une fois que les travaux de rénovation seront terminés, je me suis imaginé quoi faire de mon argent si je continue toujours à travailler à ce rythme. Et c’est vite trouvé. Là où je serait, il y a un paquet de logements à l’état d’abandon, et beaucoup de personnes qui ont du mal à se loger. Ce sera donc de l’investissement locatif longue durée, parce que nous avons une fibre sociale aussi.

    Donc je suis d’accord pour dire qu’une personne qui gagne 10K/mois, dans notre société actuelle, c’est un problème, mais c’est faire une généralité relativement malvenue. Une personne qui gagne beaucoup peut tout à fait avoir une conscience écologique et savoir bien gérer son argent autrement qu’au travers d’activités directement ou indirectement polluantes (avec un bénéfice sociétal nul, car c’est ça le plus important au final)

    1. Merci pour ce retour. Et pour éviter les généralités, il y a beaucoup de contre exemples cités. L’objectif c’est d’avancer, et de comprendre que certains doivent ralentir 😉

    2. Bonjour Bruno,

      Je me permets de rementionner quelques éléments de l’article :
      – “les “très hauts revenus” : 10 110€ / mois pour une personne seule et 18 210 euros pour un couple avec un enfant de moins de 14 ans.” –> Avec vos 2 enfants et votre femme qui n’a pas de revenu, vous ne fait donc pas parti des personnes gagnant cet équivalent de 10 000€ nets de revenu par personne.
      – Le sujet de la banque n’est pas mentionné dans votre réponse et il s’agit d’un sujet majeur (vous êtes peut-être au créditcoopératif chez Helios ou GreenGot mais ça reste un sujet) : https://bonpote.com/comment-les-banques-francaises-rechauffent-la-planete/

      Enfin avec votre réponse, je trouve que l’on est un peu sur le style du #NotAllMen pour le combat féministe version #NotAll0,1%LesPlusRiches .
      Bon Pote indique qu’en effet qu’il peut exister des personnes (#J’aiUnAmiQui…) qui ont une conscience écologique, qui gagnent 10 000€ nets et qui font tout parfaitement mais c’est vraiment une minorité.

      De mon côté je suis aussi loin d’être parfait donc continuons de nous améliorer et de remettre en question notre système 😉

  30. Merci pour cet article intéressant.
    Je retiens surtout que la question de fond c’est « pour qui travaillez vous? ». Car je peux être payée 2000€ en travaillant pour Total, je comprends que ça ne rend pas ça plus acceptable. Et là j’imagine que ça touche beaucoup plus de gens que ces fameuses personnes à 10k€.

  31. La richesse est aussi une solution, si la personne ou le couple qui la gagne souhaite bien les investir.
    Par exemple, avec l’augmentation de nos moyens, nous avons pu passer à une voiture 100% élec et installer des panneaux pour alimenter notre maison. De même, en refaisant l’isolation de notre RS et en achetant moins mais mieux.

  32. J’aime beaucoup une question que je pose systématiquement : la question n’est pas de savoir combien vous gagnez, mais comment vous gagnez votre argent et comment vous le dépensez ?
    Personnellement, la question du salaire est une question polémique qui crispe.. pourquoi ne pas axer la question plutôt sur les valeurs individuelles et leurs liens avec une compréhension sincère et éthique des enjeux environnementaux ?
    Les faits sont en effet sans appel, + d’argent = + d’impact mais au-delà du constat, faisons attention à ne pas raisonner en silos (par classe sociale, par niveau de revenu, par centres d’intérêt…)(rester dans son mode de pensée amène forcément des incompréhensions qui ne peuvent être résolues).

  33. Le problème pour moi n’est pas de gagner beaucoup d’argent. Le problème est que vous êtes alors tenté d’augmenter votre niveau de vie, ce qui provoque une augmentation de votre impact en terme de climat et de consommation d’énergie et de ressources. Quand des gens que je confronte à leur impact me parlent de leur liberté de disposer de leurs moyens financiers à leur guise, je leur répond que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres et que, si j’ai beaucoup de respect pour le succès, y compris financier, j’en ai beaucoup moins pour la manière dont certaines personnes dépensent leur argent au détriment des autres. Ce “au détriment des autres” est devenu beaucoup plus tangible depuis que nous savons pertinemment que nos comportements ont des impacts qui nous dépassent et qui affectent les autres.

  34. Je ne gagne pas 10 000€ mais bien ma vie et ce que je gagne en plus de mes besoins est investi dans un fonds vert dans une banque verte Green-Got.

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Sommaire
Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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49 Responses

  1. Il faut bien évidemment replacer les ressources financières dont on dispose dans le contexte dans lequel on vit.
    Mon épouse et moi-même disposons ensemble environ 5.000 euros par mois … Mais nous vivons dans une maison nette de tout crédit à rembourser qui vaut 1.200.000 euros. Avec nos ressources, nous faisons face à nos besoins mais nous serions incapables de financer la maison ! Rien que le simple remboursement du capital sur 20 ans nécessite … 5.000 euros par mois auxquels il faut ajouter les intérêts et les charges courantes (chauffage, électricité, eau, gaz, téléphone, etc.).
    Bien entendu, nous n’avons pas (et ne voulons pas !) avoir de résidence secondaire (contrairement à beaucoup de personnes ayant les mêmes ressources mensuelles …) … que nous ne pourrions, de toutes les façons, pas financer. Tout au plus, une belle voiture (une Austral) avec laquelle nous parcourons 15.000 km par an … uniquement pour nous promener.
    Donc, 10.000 euros par mois est, pour nous, inutile. Si cela arrivait, nous en donnerions à nos enfants qui l’accepteraient sans hésiter …
    Mais … je joue au Loto (principalement à Euromillions) … avec l’espoir de gagner la grosse timbale (240.000.000 d’euros soit … 200 fois la valeur de la maison. Qu’en ferais-je ? Je soutiendrais Bon Pote, évidemment ! Mais pas seulement Bon Pote …

  2. Si j’essaie de structurer les points clé de l’article:
    1) Gagner trop d’argent pose un problème de justice sociale: les pauvres le sont car les riches accaparent les richesses.

    2) Le niveau de richesse d’un individu est directement proportionnel à son impact sur l’environnement. Plus on est riche, plus on pollue.

    3) Il n’est pas éthique de gagner 10k/mois car ce n’est pas soutenable.

    4) Il est inutile de vouloir gagner 10k car l’utilité marginale de l’argent est décroissant : à partir d’un certain niveau de revenu ça ne sert plus à rien.

    En conclusion on ne devrait pas vouloir (ou pouvoir?) gagner 10k/mois en France.

    Voici quelques mises en perspective sur chacun de ces points:

    1) Dans un système redistributif comme en France, les riches contribuent par des impôts progressifs, ce qui finance les services publics et la protection sociale. C’est une forme d’équilibre qui permet la justice sociale tout en préservant la possibilité d’accumuler de la richesse. Ensuite, la richesse n’est pas un gâteau qu’on se partage: il y a une dynamique de création et d’expansion de la richesse qui augmente le niveau de vie global. On vit mieux et plus longtemps dans la France de 2024 que dans celle de 1970.

    2) Les pays qui polluent le moins et sont donc « vertueux » sur le plan écologique ne le sont pas par choix, mais par contrainte économique. Ce sont d’ailleurs eux qui subissent le plus durement les conséquences du changement climatique. À l’inverse, les pays les plus polluants, qui ont historiquement causé le plus de dégradations environnementales, possèdent aujourd’hui la conscience et les moyens de mener des actions écologiques.
    L’accord de Paris introduit la notion de transition juste ou chaque pays contribue selon ses moyens et sa responsabilité historique. C’est donc une réorientation de la richesse qui importe, pas une diminution de celle ci.
    Ce qui est vrai au niveau d’un pays, l’est au niveau de l’individu. Avoir moins de riches en France ne reduira pas les émissions de CO2. On observe même l’inverse en France; les émissions de co2 ont globalement diminué depuis 30 ans alors que le nombre de riches a augmenté.

    3) L’éthique dépend de l’usage que l’on fait de son argent pas du montant qu’on gagne à la fin du mois. C’est d’ailleurs mentionné dans l’article. Sauf qu’il balaie cet aspect en disant que de toute façon, ça ne sert a rien de gagner autant, ce qui nous amène au dernier point.

    4) L’utilité marginale décroissante de l’argent ne signifie pas l’inutilité des revenus élevés. Outre la redistribution possible (et efficace en France) déjà mentionnée, les revenus élevés permettent de dépasser son besoin de consommation immédiate et donc de se dépasser tout court. Les philantropes, mécènes, entrepreneurs, etc. sont ceux qui investissent dans les arts, les sciences ou la société.
    La cupidité sans limite existe mais ce serait bien trop réducteur…Si Elon Musk est un con, il est sans doute l’un de ceux dont l’action a eu le plus d’impact pour décarboner le secteur des transports.

    La richesse est donc à la fois le problème et la solution écologique. Réduire la richesse signifie moins de moyens pour financer les solutions durables, sans résoudre les causes structurelles du problème. La clé n’est pas de supprimer la richesse, mais de la réorienter pour qu’elle devienne un levier puissant au service de la transition écologique.

  3. https://www.lemonde.fr/economie/article/2024/11/06/insee-de-nouveaux-outils-pour-mesurer-les-performances-de-l-economie-francaise-au-dela-du-pib_6378931_3234.html?lmd_medium=al&lmd_campaign=envoye-par-appli&lmd_creation=android&lmd_source=default.
    Un extrait:
    Les résultats sont alors spectaculaires. En 2022, avant redistribution, le « revenu primaire élargi » des 10 % des personnes les plus aisées était presque 24 fois plus élevé que celui des 10 % les plus modestes. Mais, après la mise en œuvre de ces mécanismes de redistribution, tels que les prélèvements fiscaux, les prestations sociales ou l’apport des services publics, le ratio entre les plus aisés et les plus modestes n’est plus que de 3,8.

    Dans un contexte français (je dis bien, dans un contexte français) et d’après l’insee, avoir moins de gens à 10k/mois aurait pour conséquences plus de personnes pauvres.
    On a donc besoin de plus de gens à 10k/mois pas moins.

  4. Bonsoir,

    Comme certains commentateurs avant moi, je fais parti des personnes qui gagnent plus de 10k€/mois mais en contre-partie te lisent et te soutiennent car elles acceptent et même recherchent le fait d’être bousculées au quotidien.
    A ce titre ma rémunération fait partie de mes questionnements permanents, pour des raisons autant sociales qu’environnementales. Et j’ai clairement pas mal de pistes de progrès à propos de mon empreinte carbone.
    Par contre, je suis mitigé sur ton constat très tranché. Je te donne quelques thèmes qui pour moi ne vont pas dans ce sens :
    – Capacité d’entraînement : le fait d’être riche peut être lié à avoir un poste de direction. Cette avantage te donne des capacités d’action importantes, pour ma part d’imposer la formation de quelques centaines de personnes à la fresque du climat il y a quelques années, d’interdire l’utilisation d’avion sur à peu près la même échelle. Tu me diras que je pourrai faire la même chose et gagner moins : c’est sûr mais je t’assure que tu te coupes de pas mal de personnes par ailleurs très compétentes si tu les prives de cette projection salariale.
    – Je vois à contrario des pratiques dans mon entourage que je ne comprends pas : un frangin médecin de campagne clairement décroissant qui ne travaille que 3,5j par semaine pour ne pas gagner trop et qui investit son temps dans un beau potager qu’il fera pour lui même et moins bien qu’un agriculteur. Je préférerais qu’il gagne mieux sa vie au service de sa patientelle.
    – La transition passe par un changement sur plein de sujets qui coûtent cher : produire de l’alimentation durable, remettre de l’artisanat sur le territoire, acheter des voitures électriques, isoler des maisons, prendre le tgv. Les premiers qui peuvent (re)lancer cette économie là sont ceux qui en ont les moyens. Pour revenir à tes constats, malgré mes revenus, je n’épargne quasi rien, ne part pas en vacance à plus de 200km de chez moi mais investit tout dans une vieille maison bien trop grande pour moi (mon immense piste de progrès…) et donc dans les artisans locaux.
    En conclusion je pense que les rémunérations élevées rendent effectivement bien plus complexe la vertue qu’elle soit sociale ou environnementale mais qu’à contrario, si ces rémunérations sont bien orientées cela peut être un fort levier de transition : et nous en avons besoin.
    Pour plagier de la grande culture : : « il n’y a pas de grands pouvoirs sans de grandes responsabilités » ou autre référence de même type dans la philosophie ou religion de ton choix !
    Que certains de mes arguments te convainquent ou non, continue de me bousculer, ça fait partie des choses nécessaires.

  5. Bonjour Thomas,

    Sans être climato-sceptique, je suis ce qu’on pourrait appeler une récente convertie. J’ai toujours regardée un peu de haut les discours comme le tien.

    Depuis quelques jours cependant, j’ai mal au coeur (comme envie de vomir) en voyant les images des inondations en Espagne. Je me projette au volant de ma voiture, piégée dans un parking de centre commercial, avec ma fille à l’arrière.

    Du coup je crois que je suis en train de basculer. Mais comment réconcilier cette nécessité d’agir avec des inquiétudes + court terme? Par exemple, je n’arrive pas à me défaire de l’idée que si le monde continue sur sa trajectoire, il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres. C’est un peu cynique et décousu, je m’en excuse. Il me reste du travail à faire…

    1. Bonjour Laure,

      Je ne suis pas Thomas mais je me dis que je peux peut-être amener un début de réponse (que j’espère intéressante !)

      Si vous êtes nouvelle sur le sujet, déjà prenez le temps. Se rendre compte de la situation dans laquelle on est n’a rien d’agréable et c’est normal de passer par des étapes qui peuvent être assimilées à celle du deuil : on fait effectivement un deuil, celui de la vie et du monde dans lequel on croyait vivre (et qui était je vous l’accorde, vachement plus chouette que celui qu’on vous propose)

      Après et malgré l’urgence de la situation, il est bon de rappeler quelques trucs à savoir :

      – Oui, il y a des choses à faire en tant qu’individu (si on claquait des doigts et qu’on se retrouvait dans un monde bas carbonne du jour au lendemain, votre quotidien en serait impacté : moins de voiture (mais plus de moyen en commun), moins de viande et de poisson, moins de consommation matériel en général… Et sur ce point, il est toujours bon de prendre de l’avance pour 1) se préparer 2) réduire dès maintenant les émissions associés.

      – Non, l’action individuel ne fera pas tout. Il nous faut des décisions politiques fortes (et on les attend toujours) et ça ne sert à rien de se culpabiliser à outrance. Je suis le premier à le faire, mais il faut se rappeler qu’on part d’un point A et que tant qu’on essaye de s’améliorer, ce n’est pas grave si on ne fait pas tout parfaitement du jour au lendemain. Par contre, il faut se renseigner sur ce qui a vraiment un impact (oui, c’est bien de fermer les lumières quand on ne les utilise pas, c’est mieux de réduire sa consomation de viande, surtout de viande rouge)

      – … Vous êtes un humain. Vous avez des rêves, des espoirs, des envies, des peurs, et personne ne pourra vous dire le contraire. J’ai moi même la chance de vivre une vie plutôt tranquille que je n’ai pas vraiment envie de perdre, et j’essaye de faire la part des choses pour ne pas être en dissonance cognitive. Cela dit, c’est une réponse qui ne peut être trouvée que par vous.

      Pour reprendre votre exemple “il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres”, je pourrais vous dire que vous pouvez parfaitement faire partie des riches et faire votre part du marché : moins manger de viande, réduire/arrêter l’avion (si vous preniez l’avion), consommer moins, se former sur la question, en parler autour de vous, donner à des associations… Et tout ça sans abandonner le confort d’avoir facilement de l’argent. Vous pourrez aussi essayer de trouver des alternatives qui vous conviennent (je pense par exemple à Terre de liens, qui permet de financer des fermes qui veulent faire leur transition écologique, mais je suis sûr que d’autre exemple existe)

      Mais je le redis, prenez votre temps et ne vous culpabilisez pas à outrance. Prendre à coeur la question écologique est un sacré changement et ça peut parfois être violent (éco-anxiété et j’en passe)

      J’espère que ce petit texte vous sera utile. Bon courage et bonne continuité sur les internets.

  6. Bonjour Thomas,

    Sans être climato-sceptique, je suis ce qu’on pourrait appeler une récente convertie. J’ai toujours regardée un peu de haut les discours comme le tien.

    Depuis quelques jours cependant, j’ai mal au coeur (comme envie de vomir) en voyant les images des inondations en Espagne. Je me projette au volant de ma voiture, piégée dans un parking de centre commercial, avec ma fille à l’arrière.

    Du coup je crois que je suis en train de basculer. Mais comment réconcilier cette nécessité d’agir avec des inquiétudes + court terme? Par exemple, je n’arrive pas à me défaire de l’idée que si le monde continue sur sa trajectoire, il faudra mieux faire partie des riches que des pauvres. C’est un peu cynique et décousu, je m’en excuse. Il me reste du travail à faire…

  7. Bonjour à tous et merci Thomas Wagner et BonPote pour votre superbe travail. Nous avons besoin de gens comme vous ou Vert le Média, Blast et les autres !

    Je rejoins les réactions sur la géométrie très variable des personnes gagnant + de 10k€/mois. J’en fais parti…
    Mon opinion personnelle est que l’écart entre les plus hauts et les plus bas revenus est le sujet clé dans un premier temps. Nous avons choisi dans mon entreprise de caper cet écart à un facteur 7. Ceci nous permet de rester relativement compétitif pour attirer des talents et à nous forcer à garder une cohérence et une cohésion dans la grille de salaires.
    Ensuite il y a l’utilisation des revenus. Je rejoins tout ceux qui indiquent que les revenus confortables (au delà de 5000€/mois) financent massivement notre modèle social. Nous en avons besoin indéniablement ou sinon on passe le SMIC à 3000€ et on réinternalise la production en France de tous nos besoins en faisant une croix sur l’export autre que le luxe ou les technos de pointe.
    J’aimerais commenter ce que permet de faire un revenu de 10k/mois. Mais il est vrai que c’est fortement dépendant du niveau de connaissances et des choix de la personne :
    1- payer beaucoup d’impôts pour financer le modèle social Français
    2 – investir dans des foncières sociales ou écologiques (nous avons choisi Habitat et Humanisme et Terre de Lien et nous y consacrons 20% de nos revenus annuels; nous achetons aussi des parcelles de forêt pour les mettre en gestion écologique)
    3 – travailler un peu moins (200j/an) pour investir ce temps dans des actions utiles => avec mon épouse nous avons sensibilisé avec 2Tonnes, la FdC et The Week plusieurs centaines de personnes ; nous faisons partis de la commission dév durable de notre commune
    4 – investir utilement pour des projets perso qui ont du sens => nous avons racheté des terres agricoles pour planter un immense verger et développer un potager pour nous. Nous visons de continuer pour installer des maraîchers pratiquant la permaculture
    5 – Prendre le train quoi qu’il en coûte au lieu de la voiture et l’avion (ça coûte beaucoup plus et ça pollue beaucoup moins)
    6 – investir dans la rénovation du logement pour réduire massivement son BC => c’est fait
    7 – Investir le reliquat d’épargne sur des fonds ISR bien choisis (beaucoup sont bidons)
    8 – Confier notre argent à une banque responsable => La Nef
    9 -Epargner pour l’éducation de nos enfants afin qu’ils puissent jouer un rôle dans la transition grâce à leur éducation (ça ne devrait pas être le cas mais le système français est tel qu’il est…)
    10 – Manger uniquement bio et à dominante local (nous estimons le surcout à 150% vs les mêmes courses en grande surface)

    Je m’arrête là et je sais que d’autres auront plein d’autres super pratiques que je suis curieux de découvrir. Nous sommes conscients de la chance que nous avons de pouvoir faire tout ça surtout après avoir vu des documentaires comme “debout les femmes” ou le nouveau docu de F. Ruffin. Il y a une véritable misère sociale dans notre pays et le pseudo assistanat n’existe que dans l’imaginaire de ceux qui veulent y croire.

    Tout ceci ne retire pas que la trésorerie disponible dont nous disposons est placé sur différents support qui pèse +100Teq/CO2 par tranche de 20k. Mais soyons aussi honnête, le problème est systémique et les plus avantagés comme nous ne peuvent être blâmés car c’est bien le monde de la finance qui est à réformer.

    Pour finir, quel serait l’effet rebond CO2 de réduire de 50% les revenus des plus avantagés (ayant une capacité à faire des arbitrages dans le sens de la transition) pour augmenter les revenus des moins avantagés. Sans régulation + éduction, le résultat serait à mon avis négatif. Nous avons besoin de choix politique très fort et courageux !

    Pour conclure, je suis preneur d’un complément de cet article @Thomas Wagner avec une approche plus systémique pour comprendre le point d’atterrissage sur le thème de la régulation des revenus.

    Nicolas

    1. Merci pour ce retour Nicolas, concernant la répartition de richesses et l’impact sur l’empreinte carbone FR, c’est un sujet en cours d’écriture, à suivre !

    2. Bonjour Nicolas, votre témoignage individuel est très intéressant, et touche à l’exemplarité. Mais à votre avis, pour revenir à l’article de BonPote, le type de comportement que vous décrivez concerne quelle part des personnes ayant un revenu de plus 10000 euros mensuels ?

  8. Quand je pense à quelqu’un qui gagne 10k/mois en France, je pense:
    – aux 10% les plus riches qui paient 70% de l’impôt sur le revenu (représentant 25% des revenus de l’état francais)
    – au contribuable qui paiera bientôt au moins 20% d’impôt sur tous ses revenus (ce qui est une bonne chose)
    – à l’entrepreneur qui créé des emplois, paie des salaires et des cotisations sociales
    – à l’investisseur qui investit dans des produits ou des services innovants
    – à une personne talentueuse en sport ou dans les arts: écrivains, acteurs, realisateurs, designers, athlètes…
    – à un cadre dirigeant de PME qui proposent des produits que des gens achètent car ils y voient une utilité personnelle
    – à un cadre d’entreprise qui paie 25% de ses bénéfices en impôt sur les sociétés (représentant 20% des revenus de l’état français)
    – a qqn qui a bcp travaillé pour arriver à avoir ce salaire
    – à un chirurgien qui sauve ou améliore des vies
    – à un mécène qui soutient les arts, la recherche scientifique, le patrimoine culturel de la France

    Et en partie grâce à eux, je vois un système de soins pour tous, des ecoles grauites, des cantines gratuites, des centre aérés gratuits, des médiateques gratuites, des transports en commun ultra subventionnés, des habitats à loyers modéré, l’allocation de rentrée scolaire, des pass culture de 300 euros pour chaque jeune, les musées gratuits tous les 1er dimanches du mois, des APL, des allocations familiales, l’AME, les allocations pour personne handicapée, le RSA, l’allocation au retour à l’emploi, l’IJSS, le CPF… Et sans rire, je pourrai continuer la liste encore longtemps.

    J’aimerais donc beaucoup plus de gens qui gagnent 10k/mois en France pour continuer à enrichir l’expérience de la vie humaine et contribuer à tous ces services et aides publiques. Ou même, rêvons un peu, pouvoir en ajouter pour les plus modestes et les plus faibles d’entre nous?

  9. En moyenne, une personne qui gagne 10000 euros pollue plus qu’une personne qui gagne 2000 euros.
    Pa contre, entre une personne qui gagne 10k et 5 personnes qui gagnent 2k, j’aurais tendance à penser que les 5 personnes polluent plus que la personne seule, pour une somme totale équivalente.
    Est-ce que quelqu’un s’est penché sur la question ?

    1. La réponse me semble déjà en partie dans l’article:
      “En comparant les niveaux de vie, nous observons que les 10% les plus riches gagnent en moyenne 9 fois plus d’argent que les 10% les plus pauvres. En revanche, leurs émissions sont seulement 2 à 3 fois plus importantes.
      Cela s’explique par le fait qu’une grande partie des revenus part dans l’épargne et non dans la consommation, la méthode retenue ici pour calculer l’empreinte carbone.”

      Et maintenant que vous avez l’info, quelle conclusion en tirez-vous? Qu’il vaut mieux 1 riche que 5 pauvres et donc qu’il faudrait qu’on se débarrasse fissa des pauvres, c’est meilleur pour le bilan carbone de la France? 🙂

  10. Vous reprochez à juste titre au gouvernement d’attaquer le problème majeur du réchauffement climatique par les petits gestes futiles (coupure du WIFI ou de la lumière) au lieu de grands changement structurels et vous faites exactement la même chose.
    En plus d’être imprécise (tout dépend du lieu et mode de vie) et démago, pensez-vous vraiment qu’une mesure sur les hauts revenus en France changerait quelque chose ? Donc ok, demain on confisque tout ce qui dépasse 10k€ par mois en France : quelle amélioration sur le CO2 ? Sur le climat ? vs. quels effets délétères ? Pensez vous ensuite que les USA vont se dire : chouette idée, on fait pareil ? Et la Chine ? L’Inde ? Le CO2 n’a pas de frontière !
    Et votre carte des Alpes qui tombe comme un cheveu sur la soupe… Qui habitait à Tignes, La Plagne ou Morzine avant l’essor du ski ? La gentrification fait plus de ravage à St Malo, sur la côte Basque ou sur la Côte d’Azur. Ou à Paris mais c’est aussi un problème de location comme vous l’indiquez sans expliquer pourquoi “les propriétaires n’ont plus envie de louer leur bien” (bien que j’aie ma petite idée).

    1. > “Donc ok, demain on confisque tout ce qui dépasse 10k€ par mois en France : quelle amélioration sur le CO2 ? Sur le climat ? vs. quels effets délétères ?”

      Excellente question !

      Est-ce que cet argent serait mieux investi s’il était “confisqué” comme vous dites et géré démocratiquement par la puissance publique ?

      Le mot “confisqué” mérite ses guillemets car l’argent des entreprises provient de l’exploitation de ressources naturelles et humaines dont la qualité, et le non-épuisement sont assurées par la puissance publique. Or notre système est en déficit de ressources naturelles et en manque de moyens pour assurer la continuité de ces communs.

      D’abord, les riches font-ils déjà les bons choix en termes d’achats et d’investissements avec leurs hauts revenus, ou pourrait-on en faire de meilleurs à leur place ?

      Plusieurs témoignages de riches ici expliquent qu’ils méritent cet argent CAR ils l’investissent bien, mais ça ne veut pas dire que c’est le cas de l’immense majorité de leurs pairs.

      Si l’Etat décide de réorienter cet argent “confisqué” vers les investissements durables, le modèle social, l’éducation, etc. serait vraisemblablement plus efficace que de compter sur la charité de ceux qui le gagnent.

      Restent les objections d’efficacité :
      – Ces salaires sont nécessaires pour faire venir les talents dont ont besoin les entreprises
      –> “Quelle entreprise éthique et soutenable paye aujourd’hui une personne 10 000€ par mois ?” J’ajouterais que celleux qui travaillent pour des entreprises vraiment éthiques n’ont sans doute pas une consommation à hauteur d’un si haut salaire.
      – Ça va faire fuir les riches et les entreprises qui iront payer des impôts ailleurs et continuer à polluer.
      –> C’est injuste, mais sans doute le blocage le plus dur. On appelle ça la tragédie des communs. Mais si on reste d’accord que l’objectif est souhaitable, alors mettons nous en quête de solutions légales et de coopération internationale pour protéger les communs malgré la mondialisation.

  11. Le socialisme, l’écologie, demandent donc moins de riches, c’est ce qui est dit dans cet article, puisqu’ils sont néfastes pour la Planète. “Le socialisme, (l’écologie ?), s’arrête lorsque les autres n’ont plus d’argent” (Coluche). Si les autres n’ont plus d’argent, où se trouve-t-il ?

  12. Juste pour préciser, 10000 € net ça fait environ 123000€ net imposables à l’année (d’après https://www.impots.gouv.fr/simulateur-du-revenu-net-fiscal). Ces 123 000€ net imposables impliquent pour un célibataire un impôt de 29600€ par an (https://simulateur-ir-ifi.impots.gouv.fr/cgi-bin/calc-2024.cgi) soit un revenu “vraiment net” de l’ordre de 7500€/mois, on s’éloigne sensiblement des 10000.
    Avec un revenu de 215000€ bruts/an (soit près de 18000€ bruts/mois), en revanche, et avec les mêmes simulateurs on arrive aux 10000€ net net par mois.

    Plus simplement sur France travail (https://entreprise.francetravail.fr/cout-salarie/) on voit que ces 215000 représentent un 306000€ pour l’employeur. Soit 306000-120000 = 186000 pour… la collectivité, et le financement de la transition.

    Pour un salaire de 6000€ net net (le montant 6000 est cité dans l’article), le coût total employeur est de 164000, soit 92000 pour la collectivité. C’est intéressant car le montant qui revient à la collectivité est divisé par 2 vs. le cas précédent.

    Se priver des salaires à 10K€ par mois en limitant à 6k€ par mois c’est se priver de 100k€ de rentrées annuelles pour la collectivité.

    Quel est votre avis sur la question ? Comment compense t-on ces manques à gagner ?
    A l’heure où le budget de l’Etat est en tension, il me semble important si ce n’est primordial de garder ces ordres de grandeurs édifiants en tête.

    1. L’article ne dit pas qu’il ne faut plus de riches, ça c’est votre conclusion. L’article montre seulement qu’en moyenne, plus on a d’argent, plus on a une empreinte carbone impactante. Vous pouvez ne pas aimer ce constat, il reste vrai pour autant.

      En admettant qu’on limite les revenus mensuels, il aura un surplus d’argent dans les caisses des entreprises:
      – elles peuvent donc augmenter les revenus des autres = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat (cotisations + hausse du pouvoir d’achat, donc + de TVA…)
      – elles peuvent embaucher d’autres personnes = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat (même remarque)
      – elles veulent tout garder? On taxe + fortement les bénéfices non réinvestit = de l’argent qui rentre dans les caisses de l’Etat.
      En bref, l’Etat aura toujours moyen de récupérer le même montant d’une manière ou d’une autre, à condition de mettre en place les politiques qui le permettent.

      1. Ce n’est pas ma conclusion : on peut lire en toute fin d’article ” concluons cet article par une citation du livre Paresse pour tous d’Hadrien Klent, qui devrait animer bien des débats : “au-dessus de 6 000 euros net par mois, c’est inutile. Voila ce que je propose aux Français. De se dire que c’est inutile. D’une part de trop travailler. Et d’autre part de gagner trop d’argent.””
        L’idée véhiculée c’est quand même qu’il y ait, sinon personne, du moins beaucoup moins de monde au-dessus de 6000€, ce que l’on peut traduire par “plus de riche”, ou en tout cas beaucoup moins.

        Concernant les autres points :
        – les entreprises peuvent augmenter les revenus des autres : c’est du wishful thinking, elles n’ont aucune raison de le faire et, hormis de très rares exception, ne le feront pas.
        – elles peuvent embaucher d’autres personnes : on n’embauche pas des personnes / des équipes pour le plaisir, mais pour développer une activité / adresser un besoin de manière rentable. Si la rentabilité était avérée, les entreprises l’auraient déjà fait, si ce n’est pas rentable il n’y a aucune raison de dépenser le budget dégagé dans ces embauches
        – on taxe (sic) : si on pouvait taxer sans créer la guerre civile (cf. gilets jaunes) ni perdre en compétitivité / perdre des gros contribuables, on l’aurait déjà fait. La France est ouverte à la mondialisation avec moins de 1% des habitants et moins de 3% du PIB, les entreprises et les investisseurs fuiront.

        Et non, en bref l’Etat n’aura pas toujours le moyen de récupérer le même montant d’une manière ou d’une autre, c’est justement le coeur du problème budgétaire actuel.

  13. Bonjour Bon Pote et merci pour cet article, y compris les exceptions (qui pourraient etre mises en disclaimer au début plutot qu’a la fin?). Pourrais-tu aller plus loin dans cet article et préciser:
    – Si les 8000 € extra étaient distribués aux déciles du bas, quel serait l’impact carbone pour chaque décile (attendu que ce n’est pas la meme chose d’augmenter de 100 €/m qqun pour qu’il puisse s’acheter une voiture, enfin pouvoir aller travailler et participer collectivement au réchauffement, malheureusement… ou ajouter 100 €/m a qqun qui lui permettent d’isoler son logement…).
    – ici dans l’article je lis que l’impact d’un riche des 1% est 10 fois supérieur a celui d’1 personne des 50% du bas, tandis que l’écart de richesse est AU MOINS 3,8 – d’apres les seuils, 1930 et 7180 – mais est-il en réalité supérieur ou inférieur a 10? Quelle interprétation si le ratio dépasse 10?
    – Quid de l’ombre carbone? I.e. Total a besoin de cadres qu’il paie cher, ont personnellement un impact élevé, et de plus participent professionellement au méfait. Mais si un candidat “consciencieux” refuse de faire le job, ne risque-t-on pas de se retrouver avec un futur manageur “je m’en foutiste”?
    – Existe-t-il des investissements “vertueux”? lesquels?

  14. Tout d’abord, merci beaucoup Thomas sur tout ce que vous faites ! Un grand Bravo !

    Concernant ce post, je serai un peu plus nuancée car selon moi, une autre question est aussi très importante : savoir ce que l’on fait de l’argent que l’on gagne (et/ou que l’on a reçu / dont on dispose).
    Juste 2 exemples pour être concrète :

    1) Un article assez récent du Monde indiquait que 60% des patrimoines aujourd’hui sont des patrimoines hérités. Ainsi, gagner 10’000 euros par mois devrait aussi être mis en regard du patrimoine disponible et hérité. On peut très bien gagner 10’000 euros par mois et n’avoir aucun patrimoine hérité, ce qui rend l’équation du revenu disponible très différente. Un couple qui gagne 10’000 euros par mois avec une famille de 3 enfants, sans patrimoine hérité, aura sans aucun doute un revenu disponible très différent de celui qui aura hérité (prix du logement + nourriture saine et durable pour 5 personnes + frais assurance + frais médicaux,…). Ce qui de fait, ne rendra pas ce couple particulièrement riche, surtout si l’épargne disponible est utilisé pour des investissements écologiques par exemple, utiles pour la société et le bien commun (oui oui ça arrive, j’en connais !).
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/02/04/aujourd-hui-60-des-patrimoines-sont-herites-contre-35-au-debut-des-annees-1970_6112338_3232.html

    2) Deuxième exemple (je connais plusieurs couples dans ce cas) :
    Dans un couple, 1 des conjoints a décidé de transitionner complètement et de devenir par exemple agriculture ou formateur en agroécologie. Il est convenu que l’autre conjoint continue de travailler pour assurer les besoins de la famille (sans surconsommation …) et l’accompagnement / investissement du développement de l’activité de son conjoint, complètement alignée avec les besoins de transition, mais pourtant pas rentable et demandeuse d’investissements. C’est un choix finalement très engagé, au service de la société (transmettre, former, accompagner, nourrir son village en nourriture saine, locale et durable,…). L’argent gagné est ainsi mis au service de la cause écologique, et non déviée dans de la surconsommation.
    Ceci est complètement acceptable de mon point de vue.

    En conclusion, rien n’est simple, mais attention aux raccourcis et aux biais d’analyses. Se recentrer sur l’intention et l’utilisation de cet argent me semble beaucoup plus pertinent.
    A discuter ;o)

  15. Est-ce que l’exemple des hommes japonais herbivores (Les Hikimori, je pense… Pas sûr…) est un bon exemple de là où il faut aller, ou pas ? (Leur Papa était carnivore, au sens figuré, bien sûr…). Après une rigolade au début, l’Etat japonais le prend au sérieux, et les jeunes Japonaises aussi: baisse drastique de la natalité, les femmes sont seules, pas de recettes pour les retraites, population vieillissante, économie en manque de main d’oeuvre, refus de l’immigration, etc… Pensez vous que c’est un modèle de société que vous préconisez, finalement ? Moi, je n’ai aucun avis (Je crois que les députés et Sandrine Rousseau sont en train de discuter de la Sécu, peut-on avoir plus d’argent pour la Sécu en étant écologiste, tout en travaillant moins, c’est mon cas ! A l’extrême, si tout le monde est au SMIC (C’est mon cas), ou au RSA, cela résoudra-t-il le problème de la planète au niveau national, alors que tous les Chinois et tous les Indiens veulent être aussi riches que les Occidentaux ? Je vous avoue, je n’y pige quedalle… D’autant que, 70 ans après, l’URSS a implosé à cause de sa politique d’égalité des résultats. Donc : payons tout le monde avec le salaire minimum, quelque soit la qualification, et attendons de voir… Personnellement j’observe de loin les hommes japonais herbivores, sociologiquement c’est passionnant, triste, mais passionnant… Mais très bon pour la Planète !

  16. Si on considère que les 1% les plus riches gagnent moins, automatiquement les entreprises vont payer plus les salariés plus modestes… or pour eux ça ne sert pas à rien de consommer plus, donc ils vont profiter de leur surplus et donc polluer plus. Il faudrait faire le calcul : que se passerait-il si ceux qui gagnaient 10 000 € ne gagnaient plus que 5000€, et si cet argent revenait aux 10% les plus pauvres (500€ de plus chacun) ?

  17. Ces retours montrent que tout le monde se trouve dans une situation où changer ne devient pas seulement facile, mais surtout impossible à concevoir. Chacun se débat dans un présent “matériel”, ne fait que gérer sa situation “matérielle”. La mise en application d’un nouveau paradigme n’est pas pour demain. Enfants du capitalisme industriel, ces interlocuteurs, très respectueux, de bonne foi, finiront retraités du capitalisme industriel. Bravo pour l’analyse.

  18. Merci pour ce travail.
    Manipuler les chiffres est toujours à la fois intéressant pour celui qui le fait et permet, abondance de chiffres a l’appui, et permet de démontrer à peu près ce que l’on veut (a la manière de Piketty dont les travaux sont TRES contestés a peu prêt partout dans le monde sauf en France).
    Aujourd’hui on ne peut que noter que les pays les plus vertueux en terme d’écologie (ceux qui font le plus de progrès vers un modèle cible décarbonné), sont les pays riches. Car ils investissent dans la technologie. Ce qui permet aux écolos de les critiquer sur le plan des revenus et de la richesse.
    On peut noter aussi que certaines injonctions ecolo-compatibles – utiliser des voitures électriques par exemple – se fait en dépit du bon sens : électricité produite avec du charbon, batteries polluantes et non recyclables, automobiles construites au bout du monde et transportées par bateau, …..
    Donc stigmatiser ceux qui gagnent plus d’argent est un réflexe de gauche totalement contre productif et aussi facile à démonter qu’a élaborer.
    Faisons le boulot ensemble vers un monde moins polluant en s’extrayant de ces clichés opportunistes.

    1. Bonjour Edouard,

      Vous avez vraiment lu l’article avant de le commenter ?
      Vous pensez vraiment que les données sont falsifiées ? Vous en avez d’autres à fournir pour réfuter ce travail ?
      Parce que juste se contenter de “oui mais non” ou “c’est de gauche” ou “c’est écolo” ça ressemble furieusement à des préjugés et pas trop à des arguments rationnels.

      Bisous.

      1. Et bien oui j’ai lu l’article !!
        Et je ne remets pas en cause les chiffres avancés (avez-vous lu mon commentaire ;-)), mais le choix de telle ou telle analyse ou étude parmi les milliers qui existent sur ces sujets en support d’une thèse d’inspiration gauchiste : “ce sont les riches qui polluent, donc haro sur les riches.”
        Ce que je signale est un angle d’analyse clairement affiché dans le titre (appelons le un “préjugé”, donc le reproche de fonctionnement en “préjugé” que vous me faites devrait plutôt être adressé à l’auteur.
        Ma conclusion est : mettons-nous tous au travail en s’extrayant intelligemment de ces préjugés qui opposent telle ou telle catégorie si nous voulons avancer concrètement.
        Bisous en retour.

  19. Salut, bon Pote! Étant animateur de fresque du climat lorsque j’affiche l’impact carbone des 10 % le plus riche, j’ai très vite une réaction de participant en se disant non concernés alors je les questionne : « vous pensez être dans quelle tranche avec votre salaire de cadre ? » et il y en a toujours un qui va chercher l’information des seuils derichesses. et qui la partage… il y en a beaucoup qui tombent de leur chaise 😎 pensant par exemple faire partie de la classe moyenne moyenne..

  20. Bonjour,

    @Thomas.Wagner / bonpote: Je “critique” un peu ce post, mais je tiens quand même à à vous remercier pour l’ensemble de votre travail que je trouve vraiment super.

    Dans l’ensemble, ce que je trouve dommage avec ce post, c’est qu’il est probablement clivant, mais pas très actionnable:

    – Si jamais vous gagnez bien moins que 10 000€/mois, que vous lisez ce blog (donc a priori vous avez un minimum d’intérêt pour les sujets autour du réchauffement climatique) ça ne devrait pas trop vous embêter de savoir que ceux qui gagnent 10 000€/mois posent un problème. Ca vous donne des arguments, vous pouvez voter en conséquence, mais avec cet article, vous n’avez pas un impact très direct et court-terme sur le changement.

    Personnellement, je gagne plus de 10 000€/mois, je suis conscient que c’est un problème que je puisse gagner autant, mais en même temps j’aime mon travail, et je trouve que lire ça ne m’aide pas trop à faire différemment. En revanche, ce qui m’aiderait c’est:
    — Si je suis prêt à gagner moins, qu’est-ce que je peux faire? (suggérer du temps partiel? aider à trouver le même genre d’emploi, dans une entreprise moins rémunératrice mais avec une mission plus vertueuse? faire un don mensuel de 20% de mon salaire à X association?)
    — Est-ce que je peux aider à faire bouger mon entreprise, et comment ? (échanger de la rémunération contre plus de temps partiel, plus de RSE, etc.)
    — Si je ne suis pas prêt à gagner moins (peut être parceque je veux accumuler rapidement des sous pour arrêter plus tard, me consacrer à un travail différent / plus vertueux après, ou tout simplement que je ne veux pas faire de gros sacrifice / que je tiens à mon niveau de vie, même si c’est dommage): Comment “minimiser” l’impact carbone de mon argent? (par ex, vérifier que mon épargne de finance pas du fossile, est-ce qu’il vaut mieux prendre l’avion vs restaurer une résidence secondaire à 1h de TGV)

    Merci encore pour votre super travail!

  21. Bonjour
    Pas de commentaire ; )
    Juste un merci pour votre travail, à vous bien sûr mais aussi à toutes l’équipe. Vos articles argumentés avec études à l’appui sont d’excellents supports pour apprendre et aussi confirmés/infirmés des convictions ou “pressentis”.
    Gratitude 🙏🏿

  22. Bonjour,

    Pour affuter la thèse…Il faudrait à mon avis considérer en même temps le capital et le revenu (comme le fait Piketty dans ses travaux en général). Le capital (notamment immobilier) peut tout à fait produire des revenus silencieux considérables.
    En particulier, bénéficier d’héritage ou de transmissions anticipées de plusieurs centaines de milliers d’euros sans fiscalité (en plusieurs fois) n’est pas du tout neutre. Pour reprendre le cas de “vivre à Paris”, on peut vivre très bien à Paris avec 2000 ou 3000 € si on n’a pas à payer de loyer ou de crédit (ou bien un crédit beaucoup plus faible du fait des généreuses transmissions qui ne profitent pas à tout le monde), ou bien si on est logé dans un appartement familial (en attendant d’en hériter). Et probablement qu’on peut moins se soucier (économiquement) de l’isolation du bien.

    Donc, on pourrait aussi publier quelque chose du type “détenir (seul) plus de XX millieurs d’euros en capital (de toute nature) est un problème”… puis croiser les deux contributions.
    Or, je constate que si les hauts revenus sont impopulaires à partir d’un certain niveau (ce que l’on n’a pas l’espoir d’atteindre un jour ?), il n’en est pas de même de l’héritage, même important. Alors que plus de 80% (chiffre posé de mémoire, à affiner) des français ne paieront pas de droits de succession (ou alors très très faibles), ils sont très majoritairement contre toute augmentation de la fiscalité de l’héritage…

  23. Tout cela est très juste et je suis ok. Petite question quasi philosophique sur ce que l’on voit et ce que l’on ne voit pas. Si une entreprise rémunère grassement ses employé.e.s (managers à plus de 10k€/mois) cela se retrouve dans ses charges et elle fait moins de résultat. Si cette même entreprise (même chiffre d’affaires) rémunère moins ses employés, elle augmente d’autant son résultat (modulo les charges sociales et l’impôt sur les sociétés). On pourrait considérer qu’elle peut vendre des produits moins cher mais cela augmenterait d’autant ses parts de marché et on peut donc considérer que le CA et résultats seraient les mêmes. Bref, ces résultats supplémentaires vont être réinvestis ou distribués sous forme de dividendes, ce qui va également générer des émissions. C’est un peu caricatural, mais finalement regarder l’empreinte carbone personnelle et le pouvoir d’achat ne revient il pas à regarder le problème que partiellement ?
    J’ai bien conscience que cette réflexion ne fait pas avancer le schmilblick.

  24. Le titre – volontairement provocateur – entretient une confusion. Ce n’est pas gagner plus de 10k€ par mois qui est un problème pour le climat, c’est la façon de gagner cet argent et la façon de le dépenser qui peut l’être. Certes, statistiquement, l’économie carbonée est celle qui paie le mieux et plus on dépense, plus l’empreinte carbone augmente. Mais j’ai gagné plus de 10k€ par mois avec une empreinte carbone de 4,7 teqCO2 par an soit la moitié de l’empreinte carbone moyenne d’un Français. Il est difficile mais possible d’épargner de façon durable : achat de forêts exploitées intelligemment (multi-essences, coupes sélectives, régénération essentiellement naturelle en ajoutant des essences adaptées au limat du futur etc..), investir dans l’agriculture régénérative (Fève, Régénération), dans les activités décarbonantes (EnR, nucléaire, train, vélo, nourriture végétale) ou dans des actions non-rémunératrices (TFTP, BonPote, ONGs) etc… Et on peut gagner beaucoup même dans les activités orientées vers la transition bas-carbone et écologique (bon là c’est vrai que c’est dur…). Donc il est difficile mais possible de gagner beaucoup et de faire beaucoup mieux que la moyenne pour le climat car quoi qu’il arrive, en France, nous sommes quasiment tous un problème pour le climat ; les 2 tCO2eq sont pour le moment incompatibles avec une vie décente. Mieux vaut inciter les plus riches à une transition écologique, ne pas les culpabiliser mais les convaincre d’utiliser leurs moyens financiers de façon positive pour le climat.

  25. Je ne sais pas si c est tant une question de chiffre ici. Je le résumerai plus simplement: la lutte contre le réchauffement climatique ne peut se faire qu avec de la justice sociale. Tant que le 10 000€/mois ne concernera qu une portion infime de la population et correspondra a des modes de vie et libertés radicalement différents du reste de la population ce n’ est tout simplement pas compatible.

  26. Relier une quantité d’argent au problème du climat est un peu faire fausse route. L’argent est quelque chose de non fini. 10 000 € c’est énorme quand vous les devez, mais pas grand chose quand vous les recevez. 1$ en France n’est rien alors 1$ à Haiti est une somme colossale . Le Climat, la capacité de la terre (adapté à la vie humaine), est fini. On n’a pas 2 Terres. Lier un élément fini à un élément fini est un non sens. Prenons l’exemple des impôts, dans les années soixante aux USA les impôts s’élevaient à plus de 80% pour les plus riches, est-ce que ça les a rendu plus pauvres ? Non, car la croissance économique était telle que la “perte” en impôts était compensée. Nous avions deux éléments infinis qui se confrontaient. A l’inverse limiter le revenu, impliquerait une déflation, une diminution des prix (ce qui est le cas avec l’augmentation du pouvoir d’achat, avec la même somme d’argent on peut acheter plus d’objets qui ne servent à rien) et donc on aurait toujours un impact négatif sur l’environnement. Pour exemple un sac Vuitton est garanti à vie, un cabat à 0.2 cts sera assez rapidement jeté alors qu’il est “réutilisable” (J’ai des dizaines de tote bags à la maison). Pour compléter je vous invite à lire “design pour un monde réel” de Victor Papanec.
    Les capacités de la terres sont finis. Ne serait-il possible de déterminer des quotas individuels ? Vous pouvez consommer une quantité finie et après et bien c’est fini. C’est un peu violant, pour le client moyen du bar en France, il arrêterait de boire et de manger en Août (Remarquons au passage pour faire plaisir au communiste qui sommeil en vous, Bernard Arnault lui arrêterait de manger le 2 janvier).
    On doit faire avec ce qu’on a :
    notre échelle de valeur est basée sur l’argent (c’est assez pratique car c’est neutre) Pour lier le climat à l’argent (tel qu’on le fait) on peut imaginer un système de taxe exponentiel. Un quota non taxé, puis dès qu’on le dépasse on passe en taxe exponentielle. Vous pouvez être riche, mais dépenser intelligemment autrement vous serez surtaxé.
    Là aussi c’est compliqué à mettre en place , alors je pense que travailler sur la prise de conscience, la recherche de solutions, sans opposer des gens qui sont tous dans le même bateau est peut-être plus constructif ? Éduquer et réfléchir ensemble, est une chose qui marche en général.
    Une dernière question : Est-ce que d’avoir plus de 10 000 abonnés à sa news-letter est un problème pour le climat ?
    Vous avez 2 heures aaahhhh aaaahhhh !

  27. Bonjour,

    J’avoue ne pas adhérer à 100% à l’argument sur la conséquentialité des émissions, au sens où l’on peut gagner bien moins d’argent et quand même travailler pour une entreprise contribuant fortement au réchauffement climatique. A ce moment-là, prenons-nous en compte pour les moindres salaires ces émissions supplémentaires ? Dans votre exemple, considérons-nous qu’un informaticien en charge de la cybersécurité mérite la même part des émissions de Total qu’un directeur en charge des investissements ou qu’un technicien permettant le fonctionnement de la raffinerie ? Est-ce que cela serait juste de considérer pour un gros salaire cette conséquentialité et pas pour un petit salaire, même si la personne travaille dans un domaine particulièrement émetteur ?
    Par ailleurs, comme vous l’avez si justement souligné dans d’autres articles, il n’est pas toujours évident de changer de métier et de trouver aujourd’hui un métier sans impact négatif sur le climat, qui ne nécessite pas une reconversion (qui peut avoir un lourd impact sur les ménages), et qui permet malgré tout de vivre.

    Pour éviter tout débat : je ne dis pas que je ne suis pas d’accord sur le fond de l’article et les autres arguments, mais simplement que cet argument en particulier m’a semblé nuire à l’argumentaire par son “injustice”.

  28. Je dois être bête et j’ai retourné le “problème” dans tous les sens mais je ne le comprends pas et je ne vois aucune proposition de solution.

    A part dire les riches polluent plus, à bas les riches je ne vois pas grand chose d’autre dans l’article…

    Vous oubliez volontairement de préciser que les riches (enlevons les ultra riches qui est un problème à part) participent plus en montant aux finances publiques. Que plus le salaires est élevé, plus les contributions patronales le sont également.
    Qu’il y ait, comme le NFP le propose, de nouvelles taxes et de nouvelles contributions pour financer l’école, l’hôpital, la transition écologique, …, ça me paraît entièrement normal. Qu’on limite la possibilité de prendre l’avion (plus que des taxes qui ne seraient pas dissuasives) ce ne me choquerait pas non plus.
    Qu’on réduise fortement (et plus rapidement) la place de la voiture dans les grandes agglomérations ça ne ferait pas de mal.

    Mais plus que gagner de l’argent, le problème est le mode de vie qui va avec et surtout le large refus de contribuer plus aux finances publiques. Le problème ce n’est pas tant de gagner de l’argent et d’en avoir. C’est de ne pas contribuer équitablement aux fonctionnements de notre société, de ne plus vouloir payer d’impôts et de taxes en oubliant que derrière ce sont nos écoles, nos hôpitaux, notre santé, nos services publics, les aides pour la transition énergétique… Et j’en oublie.

    Le problème il est politique et sociétal car même ceux qui ont tout a gagner (et c’est une grande majorité en France) de la mise en place d’un programme type NFP ne votent pas pour.
    Et il y a beaucoup de travail à faire qu’on on voit qu’imposer un taux moyen de 20% pour les plus riches ne fait pas consensus et impose au gouvernement de prendre des pincettes dans sa com alors qu’on parle de moins de 1% de la population.

    Et plutôt que de vous attaquez au problème sous cet angle, vous rejoignez le groupe des tapons sur les riches juste parce qu’ils sont riches. Dommage

  29. Je pense qu’ici tu trouveras beaucoup de personnes qui gagnent 10K et qui n’ont pas un bilan catastrophique. Si je cumule mes différentes activités, je ne suis pas loin des 10K. En net, je suis à une moyenne de 7K fixe sur mon activité principale, et parfois 8K ou un peu plus avec mes à côté.
    Je ne travaille pas pour Total, mais pour Saint Gobain. C’est pas l’entreprise la plus vertueuse, mais ils travaillent énormément pour la construction, et pas dans le béton. ça fait beaucoup de rénovation et d’isolation, je m’y sens plus utile que dans une banque ou chez Total. D’autres boîtes “vertueuses” proposent des salaires important. Comme EDF, où j’aimerai bien trouver un poste, pourquoi pas.
    Au niveau perso, mon épouse n’a pas d’activité salariée. Mes deux enfants sont en instruction en famille, et notre large budget nous sert à rénover une habitation à la campagne, pour pouvoir retourner un jour chez moi. IDEM, pas forcément le plus vertueux, mais pas de vacances en avion, pas de grosse épargne en dehors des livrets A et LLDS. Les vacances se font pour le moment en France, et si elles se feraient à l’étranger, le train est privilégié.
    Nous allons souvent au resto, certainement plus que la plupart des personnes. Nous faisons attention à ce que nous mangeons, consommons. Pas de fast fashion. très peu de viande bovine.
    Beaucoup d’achat de seconde main, et uniquement pour l’utile.
    Mon activité secondaire de journaliste me fait acheter ou louer du matériel qui doit contribuer pas mal à mon bilan carbone, mais je le trouve justifié.

    Une fois que les travaux de rénovation seront terminés, je me suis imaginé quoi faire de mon argent si je continue toujours à travailler à ce rythme. Et c’est vite trouvé. Là où je serait, il y a un paquet de logements à l’état d’abandon, et beaucoup de personnes qui ont du mal à se loger. Ce sera donc de l’investissement locatif longue durée, parce que nous avons une fibre sociale aussi.

    Donc je suis d’accord pour dire qu’une personne qui gagne 10K/mois, dans notre société actuelle, c’est un problème, mais c’est faire une généralité relativement malvenue. Une personne qui gagne beaucoup peut tout à fait avoir une conscience écologique et savoir bien gérer son argent autrement qu’au travers d’activités directement ou indirectement polluantes (avec un bénéfice sociétal nul, car c’est ça le plus important au final)

    1. Merci pour ce retour. Et pour éviter les généralités, il y a beaucoup de contre exemples cités. L’objectif c’est d’avancer, et de comprendre que certains doivent ralentir 😉

    2. Bonjour Bruno,

      Je me permets de rementionner quelques éléments de l’article :
      – “les “très hauts revenus” : 10 110€ / mois pour une personne seule et 18 210 euros pour un couple avec un enfant de moins de 14 ans.” –> Avec vos 2 enfants et votre femme qui n’a pas de revenu, vous ne fait donc pas parti des personnes gagnant cet équivalent de 10 000€ nets de revenu par personne.
      – Le sujet de la banque n’est pas mentionné dans votre réponse et il s’agit d’un sujet majeur (vous êtes peut-être au créditcoopératif chez Helios ou GreenGot mais ça reste un sujet) : https://bonpote.com/comment-les-banques-francaises-rechauffent-la-planete/

      Enfin avec votre réponse, je trouve que l’on est un peu sur le style du #NotAllMen pour le combat féministe version #NotAll0,1%LesPlusRiches .
      Bon Pote indique qu’en effet qu’il peut exister des personnes (#J’aiUnAmiQui…) qui ont une conscience écologique, qui gagnent 10 000€ nets et qui font tout parfaitement mais c’est vraiment une minorité.

      De mon côté je suis aussi loin d’être parfait donc continuons de nous améliorer et de remettre en question notre système 😉

  30. Merci pour cet article intéressant.
    Je retiens surtout que la question de fond c’est « pour qui travaillez vous? ». Car je peux être payée 2000€ en travaillant pour Total, je comprends que ça ne rend pas ça plus acceptable. Et là j’imagine que ça touche beaucoup plus de gens que ces fameuses personnes à 10k€.

  31. La richesse est aussi une solution, si la personne ou le couple qui la gagne souhaite bien les investir.
    Par exemple, avec l’augmentation de nos moyens, nous avons pu passer à une voiture 100% élec et installer des panneaux pour alimenter notre maison. De même, en refaisant l’isolation de notre RS et en achetant moins mais mieux.

  32. J’aime beaucoup une question que je pose systématiquement : la question n’est pas de savoir combien vous gagnez, mais comment vous gagnez votre argent et comment vous le dépensez ?
    Personnellement, la question du salaire est une question polémique qui crispe.. pourquoi ne pas axer la question plutôt sur les valeurs individuelles et leurs liens avec une compréhension sincère et éthique des enjeux environnementaux ?
    Les faits sont en effet sans appel, + d’argent = + d’impact mais au-delà du constat, faisons attention à ne pas raisonner en silos (par classe sociale, par niveau de revenu, par centres d’intérêt…)(rester dans son mode de pensée amène forcément des incompréhensions qui ne peuvent être résolues).

  33. Le problème pour moi n’est pas de gagner beaucoup d’argent. Le problème est que vous êtes alors tenté d’augmenter votre niveau de vie, ce qui provoque une augmentation de votre impact en terme de climat et de consommation d’énergie et de ressources. Quand des gens que je confronte à leur impact me parlent de leur liberté de disposer de leurs moyens financiers à leur guise, je leur répond que notre liberté s’arrête là où commence celle des autres et que, si j’ai beaucoup de respect pour le succès, y compris financier, j’en ai beaucoup moins pour la manière dont certaines personnes dépensent leur argent au détriment des autres. Ce “au détriment des autres” est devenu beaucoup plus tangible depuis que nous savons pertinemment que nos comportements ont des impacts qui nous dépassent et qui affectent les autres.

  34. Je ne gagne pas 10 000€ mais bien ma vie et ce que je gagne en plus de mes besoins est investi dans un fonds vert dans une banque verte Green-Got.

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