Pouvons-nous compter sur les start-ups et la ‘French Tech’ dans la lutte contre le changement climatique ? J’aimerais pouvoir répondre que oui. Sauf que…
Jusqu’à ma sortie de l’anonymat, j’évitais le plus possible Linkedin : greenwashing en tout genre, Jean-Michel Zérorespect qui nous vante son business qui cartonne grâce à la Covid-19, Clémentine et sa start-up qui va inventer l’aspirateur à CO2…
Et bien c’était une erreur. Non seulement cela permet de se tenir au courant des dernières techniques de greenwashing, mais surtout cela permet de vous ramener sur Terre et de vous rappeler l’immense chemin à parcourir avant que les français.es aient les ordres de grandeur en tête et agissent en conséquence.
L’univers des start-ups
Il y aurait beaucoup à dire sur l’écosystème des start-ups en France. De très bonnes choses, tant par l’intelligence, la motivation et la persévérance de nombreux acteurs… mais aussi de moins bonnes, comme le soulignent les nombreux témoignages récents via #balancetastartup .
Ce n’est en revanche pas l’objet de l’article. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si ces entreprises participent à la transition écologique ou au contraire à la destruction de tout ce qui bouge sur notre planète, au nom de la sainte croissance et du profit. Le moins que je puisse dire, c’est que je constate une totale déconnexion de certains acteurs vis-à-vis de l’un des plus grands enjeux du 21ème siècle : le changement climatique.
Hey, have you met changement climatique ?
En un an d’activité soutenue sur Twitter et Linkedin, j’ai observé des messages tout simplement… inquiétants. Inquiétants car ils proviennent de personnes avec une large audience et donc une certaine responsabilité.
Entre ceux qui pensent que la technologie va nous sauver, que décroissance = récession, que le but de la vie c’est de visiter tous les pays du monde le plus rapidement possible en avion… je ne suis pas sûr que ces personnes aient les ordres de grandeur en tête ou aient déjà ouvert un rapport du GIEC. Voici un premier exemple avec Hugo Amsellem, qui confond décroissance et récession :
Non seulement c’est faux (je l’ai expliqué très clairement dans l’article décroissance et préjugés), mais les réponses qu’il apporte en dessous sont symptomatiques du mal qui gangrène notre société : parler de ce que l’on connaît pas, insister dans sa bêtise alors que plusieurs personnes vous font remarquer que vous avez tort, et (cerise sur le gâteau) prendre de haut autrui car JAITOUTCOMPRISME.
Aussi inquiétante, cette course effrénée à vouloir voyager le plus possible, où inéluctablement se pose la question de l’avion. Voici un post Linkedin qui compte tenu de mon engagement depuis deux ans m’a littéralement fait mal au cœur :
Je me suis longuement demandé si c’était le post en lui-même ou les commentaires qui me dérangeaient le plus. Entre celle qui donne des suggestions avec les initiales de l’aéroport (parce que c’est cool de parler en initiales d’aéroport, j’imagine) ou celui qui m’a fait découvrir le terme de Growth retreat :
J’avais fini par intervenir, tentant désespérément d’interpeler certaines personnes sur leurs messages complètement déconnectés :
L’objectif de ma démarche avec Bon Pote est toujours la même : informer, débattre, et (si possible) proposer des solutions. C’est pourquoi j’ai contacté l’auteur du post en question, Jérémy Goillot, qui a tout de suite accepté d’échanger sur le sujet (après lui avoir écrit avec ma vraie identité… Comme quoi cela sert de sortir de l’anonymat !).
Rejoignez les 40000 abonné(e)s à notre newsletter
Chaque semaine, nous filtrons le superflu pour vous offrir l’essentiel, fiable et sourcé
Mon échange avec Jérémy Goillot
Mon échange avec Jérémy a été à plus d’un titre très instructif et j’espère qu’il servira à toutes les personnes qui souhaitent alerter au mieux sur la catastrophe climatique. Précision nécessaire : son style de vie lui est propre et il n’est pas représentatif de son entreprise (Spendesk).
Pour commencer, je voulais m’assurer qu’il connaisse bien les conséquences du secteur aérien sur le climat. J’ai par exemple rappelé lors de notre conversation qu’un aller-retour Paris-San Francisco dépassait le budget carbone cible par citoyen qui doit être au maximum de 2 tonnes CO2eq/an (pour en savoir plus, lisez cet article sur l’avion).
Réponse : oui, les conséquences sont connues. C’est donc en toute connaissance de cause qu’il change de pays tous les 3 mois tout en développant son activité chez Spendesk. J’y reviendrai plus tard. C’est évidemment un problème à plus d’un titre, mais c’est aussi tout à fait légal de le faire.
Envie de parcourir le monde
S’il y a bien une chose que je partage avec lui, c’est le plaisir de découvrir d’autres pays, d’autres cultures. C’est une richesse dont j’ai pu profiter pendant toute ma jeunesse et je n’ai jamais regretté un seul de mes voyages. Tout cela, c’était avant de connaître les conséquences de mes voyages dont la plupart ont été réalisés en avion. C’est d’ailleurs quelque chose que j’explique cet article : cela ne sert à rien de se lamenter sur son passé. L’idée, c’est que tout le monde connaisse les conséquences de ses actes et agisse ensuite en toute connaissance de cause. Continuer à prendre l’avion sans limites aujourd’hui est selon moi très problématique, mais encore une fois, même si justifiée par des papiers scientifiques, cela reste mon opinion : il a le droit de voyager, qu’il le fasse ne regarde que lui.
La suite de la conversation était en tout point très intéressante et (surtout !) encourageante.
Premièrement, et je cite, ‘nous sommes condamnés, et le seul moyen de nous sauver c’est d’investir dans la capture carbone‘. Si vous lisez Bon Pote, cela doit vous rappeler le discours numéro 6 de l’inaction climatique : la technologie va nous sauver.
Je ne vais pas rappeler ici l’importance de compter sur 1) l’innovation technologique et 2) la sobriété pour respecter nos objectifs, à savoir la neutralité carbone d’ici 2050. Je le rappelle à chacun de mes articles avec sources scientifiques à l’appui. Il est primordial d’insister sur la sobriété afin que ce mot imprègne les esprits et soit un élément clef lorsque l’on aborde le sujet.
Encore trop de personnes pensent que nous pourrons remplacer la voiture thermique par la voiture électrique sans en réduire l’utilisation. Encore trop de personnes pensent que la croissance verte est une évidence. En plus d’être faux, c’est tout simplement criminel de la part de ceux qui ont une large audience de tenir ce discours.
Enseignements et solutions
J’ai apprécié plusieurs points de notre échange dont j’ai tiré les enseignements suivants :
1- Sur la centaine de messages reçus sous son post, il a été sensible aux critiques constructives et a ignoré tous les messages agressifs. C’est un principe que nous devrions tous appliquer (moi le premier) : au lieu de fustiger, critiquer intelligemment, si possible en apportant preuves + solutions. Il est possible que votre interlocuteur n’ait pas vos connaissances sur le sujet et soit tout simplement inconscient (ceci ne s’applique pas à JB. Djebbari et E. Macron, qui sont bel et bien conscients). Si bien sûr c’est du foutage de gueule sans retenue à la Laurent Alexandre, ne comptez pas sur moi pour vous défendre…
2- Il avait un certain espoir dans l’avion à hydrogène et a changé d’avis une fois qu’on lui a apporté la preuve que ce n’était pas une solution viable rapidement et pour 100% des vols. C’est bien pour cela que j’insiste sur la nécessité d’investir du temps dans la lecture (ou vidéos) sur les sujets. Les préjugés ont la vie dure et une ou deux phrases suffisent rarement à changer l’opinion d’une personne. Je ne peux que vous recommander de vous entraîner en répondant aux 12 discours de l’inaction climatique.
3- Même en connaissant les conséquences (qui je le rappelle, TUENT et tueront de plus en plus) du changement climatique, il ne limitera pas sa fréquence de voyages. Tout d’abord, j’apprécie cette honnêteté. Si tout le monde était aussi transparent, nous perdrions moins de temps dans les débats avec des joueurs de flûte qui font semblant d’être écolos. Deuxièmement, et cela conforte une idée que je soutiens : il faut imposer des quotas de voyages en avion. C’est un projet (avec conditions) qui a été proposé par Delphine Batho et François Ruffin et il est urgent que nous ayons une loi pour encadrer le trafic aérien.
Non seulement c’est Jérémy qui l’a évoqué directement, mais je suis certain que si cela était soumis à référendum (accompagné de quelques pages synthétiques sur les conséquences du trafic aérien), ce projet de loi serait adopté.
Enfin, et je tiens à le rappeler, j’ai eu la chance de pouvoir échanger avec lui car j’ai écrit en mon propre nom (et non de façon anonyme via Bon Pote). Ce n’est pas la première fois que j’entends ce discours et l’anonymat pourra parfois vous empêcher d’avoir des discussions constructives.
Le mot de la fin
Le constat du changement climatique étant visiblement partagé, il s’agit maintenant de s’attaquer aux solutions. Répétons-le si nécessaire : on aura besoin de tout le monde. Les entrepreneurs créant leur entreprise et ayant pour ambition qu’elle soit la prochaine licorne ne peuvent ignorer les limites planétaires et continuer à ne jurer que par l’hypercroissance et le profit. Cette logique est mortifère et n’est plus acceptable aujourd’hui.
La responsabilité est partagée : l’Etat bien sûr, mais aussi les collectivités locales, les entreprises (type The Family, Station F, Efounders, etc…) et les citoyen.nes. Tout le monde doit être conscient des enjeux et dangers à venir et il est de notre devoir de ne pas foncer la tête baissée dans le mur. Il est tout à fait possible de se former gratuitement aux enjeux climatiques ou d’être accompagné.es dans cette démarche. L’éducation aux enjeux est l’un des articles de l’Accord de Paris et plus personne ne devrait sortir de l’école ou monter son entreprise sans avoir cela à l’esprit.
Aussi, si votre cœur métier n’est pas compatible avec une économie écologique, vous devrez soit le changer, soit faire faillite. Si vous pensez que ces mots sont trop forts, je vous invite à prendre connaissance du rapport 1.5 du GIEC, du dernier rapport de l’IPBES.
Après avoir pris connaissance de la catastrophe climatique, de nombreuses personnes ont lancé une activité pour lutter contre le changement climatique et œuvré pour la décarbonisation de notre économie. Il est urgent qu’elles ne soient plus des exceptions, mais la norme. J’ai la chance de discuter quotidiennement avec des personnes qui ont dépassé le déni climatique et se sont mises en action. Nous avons des femmes et des hommes brillant.es en France, à nous tous de faire en sorte que le constat soit connu et partagé par toutes et tous.
J’insiste à nouveau sur le fait que le dialogue que j’ai eu avec Jérémy n’est pas un hasard et malgré les désaccords que nous avons, j’estime que c’est un devoir de les provoquer. Cela ne sera pas toujours constructif, mais sortir de votre bulle et faire sortir les personnes non conscientes des enjeux climatiques est le stricte minimum si vous souhaitez espérer un changement et atteindre le point de bascule.
Je conclurai sur cette citation de Cécile Duflot que je trouve particulièrement pertinente :
Aujourd’hui, on trouve parmi les Polytechniciens, parmi les Ingénieurs des ponts, des gens très écolos. Fin 2019, les étudiants de Polytechnique ont voté à 61% contre l’installation au sein de leur école d’un centre de recherche Total. Il y a une nouvelle génération. Ils sont intelligents, ils lisent. Et quand on lit et qu’on est intelligent, aujourd’hui, on devient écolo.
15 Responses
Hello bon pote. Tes articles sont souvent très documentés et sourcés, et merci pour tout l’effort que tu fais pour informer et éduquer. Mais là je dois dire que c’est un peu limite sur le raisonnement et sur le fond. Tu annonces : “Ce qui m’intéresse, c’est de savoir si ces entreprises participent à la transition écologique ou au contraire à la destruction de tout ce qui bouge…”.
Or 1) ton analyse de l’écosystème start-up ne repose au final sur quelques tweets choisis un échange avec un fondateur de start-up, dont tu dis toi-même que le mode de vie n’a rien à voir avec sa start-up. Donc je ne comprends pas le lien avec “la French Tech”. 2) Aucun élément positif alors qu’il y a plein de start-ups à impact positif ou à mission (pas assez, certes, mais pourquoi ne pas citer les exemples vertueux: (vestiaire collective, backmarket, ynsect, etc). 3) tu l’as dit toi même à de nombreuses reprises : l’avion est le fait des privilégiés. Or les fondateurs de la “startup nation” sont souvent des privilégiés. Ils prennent donc souvent l’avion. Au mieux tu as démontré cela, mais pas grand chose sur la French Tech. Dommage le sujet était intéressant.
Salut Thomas,
On ne se connait pas encore mais j’espère qu’on sera bientôt potes !
J’apprécie ton blog et ta façon d’informer les gens sur les enjeux climatiques et le fond du problème : la décroissance.
Du coup, je voudrais apporter ma petite pierre à l’édifice et te parler d’une startup qui va dans le bon sens.
Tu as précisé en intro que ce n’était pas l’objet de cet article mais après ta présentation des effets délétères de la course à la croissance des startups, je me suis demandé : mais alors on fait quoi ?
Et voila que le même jour, je reçois un mail d’un (bon) pote pour me parler de son nouveau projet…
Tu sais le genre de pote qui ne donne pas de nouvelle pendant des années mais tu sais très bien qu’un petit coup de fil et hop! tu reviens 5 ans en arrière comme si de rien n’était 😀
Comme c’est un bon pote et que moi, je veux (aider les gens à) comprendre comment on fait de la décroissance, je me suis dit qu’il fallait que je t’en parle !
Alors voici un exemple de startup qui, pour moi, va dans le bon sens : https://www.irrig.io/
Ca s’appelle irrigio et c’est une solution innovante pour économiser l’eau potable.
T’en penses quoi ?
Yann
J’ai envoyé à un expert du sujet, merci 😉
Trop bon comme d’habitude !
Tout le problème de cette prise de conscience reside dans la façon d’aller vers les climatosceptique ou climatorelativiste pour leur faire entendre l’urgence dans laquelle nous sommes tous
Bravo pour cette somme de travail (dans l’écriture et la rencontre)… la solution est dans ce travail à la fois immense et tout simple : rencontrer, entendre, témoigner…
Qu’est ce que vous répondez aux gens qui vous reprochent d’avoir bien profité pendant votre jeunesse et que maintenant vous faites la “morale” aux autres ?
“Ne plus prendre l’avion” est plus difficile à entendre part des jeunes qui ont envie de découvrir le monde.
Je suppose que la réponse est les quotas qui permettrait de limiter ceux qui abusent (ex : Jeremy) tout en permettant aux autres d’en profiter également sans problème de conscience.
Ce que j’ai écrit dans l’article : ça ne sers à rien de se lamenter sur son passé. Je ne savais tout simplement pas. Mon but est que tout le monde soit au courant, et agisse en toute connaissance de cause. A l’instant où j’ai su, j’ai changé ma vie (perso, et pro).
Bonjour,
Je suis développeur et j’ai participé à un certain nombre de projets, aux motivations différentes.
Je n’expliciterai pas ces motivations, mais seulement la mienne (ayant elle même évolué au fil du temps)
– pouvez-vous nommer un outil web français que vous utilisez pour la création de votre site bonpote.com ?
– faut-il œuvrer à proposer une alternative française aux “outils numériques” ( que ce soit les réseaux sociaux, ou outils de productivité) ? Si non, pourquoi ?
Bonsoir Julien, je n’ai pas compris le rapport des questions avec le sujet de l’article ? Ni le début de votre message.
Bonsoir,
Je voulais simplement dire que je parle en connaissance de cause, ayant été impliqué dans un certain nombre de projets digitaux.
Vous avez effectivement vu juste en remarquant que bon nombre d’entrepreneurs de la tech ( pas que “french”) ont conscience des enjeux et sont dans la dissonance cognitive.
À leur décharge, nous sommes tous (en tant qu’internautes ici présent) des clients de “startups”, ou au sens large, “d’entreprises de la tech”. Le constat est que les GAFAs sont omniprésents dans notre vie numérique.
Il y a aussi des entreprises dont le but est de proposer une solution française ( emplois en France, impôts en France) face aux GAFAs.
Si Blabacar, Deezer, Qwant, ou Doctolib n’existaient pas, est-ce que l’on ne covoiturerai pas, on écouterai pas de musique en streaming, et on ne prendrait pas rdv en ligne ?
Je pense que vous avez “ciblé” la French Tech, mais que vous auriez dû parler de la tech en général.
Ma conclusion (un peu rapide je le concède) est qu’on ira plus difficilement vers la sobriété numérique si la tech n’est pas relocalisée.
J’ai conscience que cette conclusion ne “raccourci” pas le chemin vers la sobriété, mais elle le rend plus réaliste, à mes yeux.
Bonsoir Julien, pour étayer votre conclusion, avez-vous un papier ou un article que je puisse lire sur le sujet ?
En fait non.
La meilleure source que j’ai est un rapport réalisé pour le sénat : dans la partie “data center” de cette mission d’information, la conclusion est d’inciter à l’installation des data centers en France.
http://www.senat.fr/rap/r19-555/r19-555_mono.html#toc130
Mais il est dit qu’il faut conditionner les incitations (subventions ?) à des résultats de performance énergétique car actuellement, la performance moyenne en France est 10x inférieure aux hyper datacenters étrangers. On se rattrape car notre électricité est moins carbonée, d’un facteur 10.
Donc pas mieux en France, en l’état actuel, mais oui si la performance énergétique s’améliore. Ce qui ne peut arriver que si l’on fait des économies d’échelle en France, donc favoriser la french tech.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? Peut être pas.
Merci pour ton article ! Je tique quand même sur ton propos relatif aux quotas ” Non seulement c’est Jérémy qui l’a évoqué directement, mais je suis certain que si cela était soumis à référendum (accompagné de quelques pages synthétiques sur les conséquences du trafic aérien), ce projet de loi serait adopté.”
Tu crois vraiment que “quelques pages synthétiques” convaincraient une majorité de françaises et français à se restreindre en voyages en avion, avec la connotation sociale (succès, épanouissement/accomplissement, ouverture sur le monde, …) qui y est aujourd’hui associée et que tu décris justement dans ton article ? Cela supposerait d’avoir la discussion que tu as eue avec le bon Jérémy, ou bien un effort pédagogique du genre “conférence citoyenne”, non pas pour 150, mais pour 65 millions de personnes… et encore !
Parmi les répondants à un tel référendum, j’imagine 4 profils types :
— le bonpote : “je me restreins déjà, et tout le monde devrait le faire, ce qui n’est assurément pas le cas aujourd’hui, ce pourquoi cette loi est donc nécessaire”
– le bienveillant-fainéant : “je ne suis pas prêt à me priver si le reste de la société continue d’en profiter, mais si c’est légalement imposé et qu’on est tous logés à la même ancienne, alors OK, je consentirai à cet effort, je vote donc pour cette loi”
– le libertarien/technophile “je suis correctement informé, mais circuler en avion relève de mon choix, (parce que j’estime qu’il existe d’autres meilleures solutions et/ou parce que je n’accepte en général aucune mesure de nature coercitive), je voterai donc contre”
– la personne mal-informée/climatosceptique/ se sentant non-concerné : “non mais qu’est ce que c’est que ces conneries, hors de question !”
Cette classification est évidemment caricaturale, mais tu estimes donc qu’on peut ranger en 2021 la majorité dans les 2 premières catégories ? Et d’ailleurs, qui nous dit que Jérémy se retrouverait dans la catégorie 2 et non pas 3 ? C’est toujours facile de dire qu’il faudrait imposer des choses pour se déresponsabiliser, tant qu’on n’y est pas effectivement exposé.
Une piste de réponse : j’imagine qu’au-delà du principe de la restriction (qui doit déjà faire sauter au plafond bon nombre de personnes), cela dépend de la “sévérité” du quota : n’oublions pas que la majorité des vols est occupée par une minorité de personnes. Si pour la majorité de français qui ne prend pas ou peu l’avion, ça ne change pas grand chose (p ex quota d’un vol par an, peut-être ? mais je n’ai pas en la tête la ventilation du nombre de km effectués en avion par tranche de revenu -l’empreinte carbone des X% du top revenu des européens dans ton article sur l’avion donne une idée), alors une majorité de français pourrait considérer qu’il s’agit d’une mesure alliant efficacité en termes de réduction des émissions et équité sociale. Mais est-ce justement suffisant pour être considéré efficace ? Et même dans ce cas, il ne me semble pas que les classes sociales les moins favorisées votent toujours dans leur intérêt (bon nombre de français ne prenant pas ou peu l’avion pourraient tout aussi bien voter contre ce principe, pour des raisons a priori très censées)…
L’avion est un transport de privilégiés, je l’explique dans l’article de l’avion. Donc limiter son usage pour raisons personnelles ne devrait déjà pas poser de problèmes aux 20% qui ne l’ont jamais pris, + limiter les vols longs courriers à un/an, après explication, ne devrait pas tant poser problème que cela.
Je suis peut-être trop optimiste, ou dans une bulle, mais une fois que les gens ont lu mon article et/ou explication en direct, une majorité des personnes étaient OK sur les quotas. Je devrais lancer un sondage sur Twitter pour voir…
Il y a 2 risques majeurs par rapport au référendum. Actuellement, en France, on vote plus à la personne qui pose la question que pour la question, contrairement à la Suisse mais eux sont habitué à la démocratie directe. Le second est que de nombreuses personnes sont contre tout ce qui peut restreindre leurs libertés qu’ils soient en mesure ou non et qu’ils aient l’envi ou non d’en jouir.
Tu vises encore juste.
Il est parfois difficile de rester calme une fois qu’on a pris conscience de tout ça, qu’on est informé, qu’on connait les conséquences et ce qu’il faut faire pour les limiter (je ne parlerai même pas de les éviter puisque ce n’est plus possible). Je m’emporte parfois dans les discussions avec des amis, mes proches et je vais devoir faire beaucoup d’efforts là dessus. D’ailleurs ça se passe comment pour toi ?
Beaucoup de gens ne s’informent que partiellement sur le sujet et s’arrêtent sur la partie “sauvetage technologique”.
Il est clair que lorsqu’on voit l’effort à faire pour descendre à 1,7/2 t d’eq CO2 par an, si on est pas très motivés, on peut vite vouloir s’accrocher à cet espoir technologique. On change rien et ce sera réglé. Pourtant, la technologie ne suffit pas et sans sobriété on n’y parviendra pas.
D’ailleurs, même si c’était possible (ce que je ne crois absolument pas non plus), le réchauffement n’est pas le seul souci. Erosion de la biodiversité, ressources en minerais qui vont s’épuiser, inégalités sociales répugnantes, etc. Bref, la sobriété est valable dans tous le domaines et on ne peut pas faire sans.