Analyse : que dit vraiment le GIEC sur le nucléaire ?

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Le GIEC recommande le nucléaire !

On adore faire dire au GIEC tout et n’importe quoi, notamment sur le rôle du nucléaire. Les pro et anti-nucléaire n’hésitent pas à faire du cherry-picking : prendre les informations qui les arrangent et communiquer dessus, sans contexte, sans prise de hauteur. Nous allons donc tenter d’y voir plus clair sur ce que nous dit le GIEC sur le nucléaire. Il y a fort à parier que cela sera utile lors des débats de la présidentielle 2022…

Quel est le rôle du GIEC ?

Avant toute chose, rappelons le rôle du GIEC. Ce qu’il dit, ce qu’il ne dit pas, ce qu’il fait, et ce qu’il ne fait pas. En complément de cet article ‘Peut-on faire confiance au GIEC‘, voici quelques points clefs à connaître :

  • Le GIEC ne fait pas de recherche, il passe en revue l’état des connaissances à partir de la littérature scientifique, technique et socio-économique.
  • Le GIEC ne développe pas les scénarios et ne fait pas de modélisation. Ce sont des activités de la communauté scientifique internationale, coordonnées par le World Cimate Research Programme (WCRP). Il est donc incorrect de parler de “modèle du GIEC” ou “scénarios du GIEC”. Une erreur fréquente, faite par les politiques ou représentants d’ONG sur les plateaux télés :
Source : https://twitter.com/montebourg/status/1381681783603888133?s=20
  • Le GIEC ne recommande RIEN. Il passe en revue l’état des connaissances à partir de la littérature scientifique, technique et socio-économique mais ne recommande pas, ne préconise pas. C’est d’ailleurs la même chose pour la façon de se nourrir (le GIEC ne recommande pas d’être végétarien ou végan).

Ces précisions sont très importantes. J’insiste là-dessus car j’ai déjà probablement fait l’erreur moi-même par abus de langage. Ne donnons pas au GIEC le rôle qu’il n’a pas : faire des études eux-mêmes, ou recommander X ou Y. Pour ce dernier, c’est le rôle du politique de faire ce type de choix.

4 trajectoires, un même objectif : limiter le réchauffement planétaire à 1.5°C

Plongeons-nous désormais dans l’étude de ce que dit le GIEC dans son rapport spécial 1.5 (SR15), le plus souvent cité dans les débats. Petite parenthèse : il y a une différence (moins de détails… et c’est important, nous le verrons par la suite) entre ce qu’il y a écrit dans le Résumé pour les décideurs (110 pages) et le rapport complet (630). Il est toujours préférable de lire les sources primaires et non des résumés, où nuances, détails et limites peuvent toujours être sources de mauvaise interprétation, voire de communication fallacieuse.

Ci-dessous se trouvent 4 différentes stratégies d’atténuation pouvant permettre de réduire les émissions nettes qui seraient nécessaires pour concrétiser une trajectoire qui limite le réchauffement planétaire à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime :

Source : SR15

Selon le rapport du GIEC, potentiellement plus ou moins de nucléaire selon les trajectoires

Une mention importante suit ce graphique, dans l’encadré C.2.2 :

Dans les trajectoires axées sur l’objectif de 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime, les énergies renouvelables représentent, selon les projections, 70 à 85 % (intervalle interquartile) de la production d’électricité en 2050 (degré de confiance élevé). Toujours s’agissant de la production d’électricité, la part de l’énergie nucléaire et des combustibles fossiles avec captage et stockage du CO2 (CSC) devrait, selon les modèles, augmenter dans la plupart des trajectoires axées sur l’objectif de 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime“.

Source : SR15

En effet, d’après les modèles, l’énergie primaire issue du nucléaire à échelle mondiale devrait augmenter dans les quatre scénarios, de +59% à +106% en 2030 et de +150% à +468% en 2050, le tout par rapport à 2010, en fonction du scénario étudié (P1, P2, P3, P4).

Attention : vous noterez qu’il est écrit ‘la plupart‘ des scénarios. Il est FAUX de dire que ‘tous les scénarios prévoient une hausse du nucléaire !’ comme on peut souvent le lire ou l’entendre. Il existe en effet des scénarios où la part du nucléaire baisse. Mais pour cela, il faut aller creuser en détail dans le rapport complet, page 131 du rapport :

Image
Source : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/06/SR15_Full_Report_High_Res.pdf

Aussi, il est souvent mis en avant la progression du nucléaire dans les scénarios. Mais n’oublions pas 2 choses. Premièrement, cette progression est différente selon la géographie. Par exemple, cette progression est plus faible en OCDE qu’au niveau mondial (difficile de le faire progresser en France par exemple, où c’est déjà 70% du parc électrique français). Deuxièmement, cette part reste quoi qu’il arrive (très) faible dans le mix électrique mondial dans la plupart des scenarios :

Source : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2020/03/SR15_Errata_20200312.pdf

Pourquoi la part du nucléaire pourra difficilement dépasser les 20-25% du mix électrique mondial ? C’est ce que nous expliquons dans le paragraphe ci-dessous.

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Le nucléaire : oui, mais pas pour tout le monde

Les processus politiques déclenchés par les préoccupations sociétales dépendent des moyens propres à chaque pays pour gérer les débats autour des choix technologiques et de leurs impacts environnementaux.

De telles différences de perception expliquent pourquoi l’incident de 2011 de Fukushima a entraîné une confirmation ou une accélération de l’élimination progressive de l’énergie nucléaire dans cinq pays (Roh, 2017) tandis que 30 autres ont continué d’utiliser l’énergie nucléaire, parmi lesquels 13 construisent de nouvelles capacités nucléaires, dont la Chine, l’Inde et le Royaume-Uni (Yuan et al., 2017).

Le tableau ci-dessous fait l’évaluation de la faisabilité d’exemples d’options d’atténuation pertinentes pour la hausse de la température de 1.5°C. Un ombrage foncé signifie l’absence d’obstacle dans la faisabilité. Le GIEC considère 6 critères : Économique (Ec)- Technologique (Tec) – Institutionnel (Inst) – Socio-culturel (Soc)- Environnemental/Ecologique (Env)- Géophysique (Géo).

Source : https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/sites/2/2019/06/SR15_Full_Report_High_Res.pdf

Compte tenu des critères, il apparaît évident que le nucléaire n’est pas possible dans tous les pays et que des prérequis exigeants existent si l’on souhaite développer un parc nucléaire, ou tout simplement maintenir l’existant. C’est donc possible dans un environnement comme la France, mais plus compliqué dans des pays très instables politiquement et géopolitiquement.

Je passe ici outre le terme “democratic fabric” du tableau, qui n’a qu’une seule occurrence sur les 630 pages. Un peu surprenant si nous prenons un peu de recul sur certains pays qui développent le nucléaire, comme cette belle démocratie qu’est la Chine.

Nucléaire et GIEC : les limites des scénarios

Cette dernière partie doit permettre de mettre en perspective ce que vous venez de lire.

Le GIEC fait la synthèse des résultats, qui dépend des publications scientifiques, des postulats des scientifiques. C’est fondamental d’insister sur ce point. La prospective, ce n’est pas neutre. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que les résultats de vos modèles vont dépendre de ce que vous prenez comme hypothèses de départ.

En analysant plus en détails, on se rend compte que :

  • Ce sont 2 modèles qui semblent pousser pour une forte augmentation du nucléaire (GCAM & MESSAGE).
  • La comparaison du nucléaire entre les scénarios du SR15 ne constitue pas vraiment un échantillon uniforme d’hypothèses, de modèles, etc. En revanche, les scénarios socio-économiques partagés (SSP) permettent une comparaison beaucoup plus cohérente :
Image
Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959378016301224
Data : https://tntcat.iiasa.ac.at/SspDb/dsd?Action=htmlpage&page=about
  • Le GIEC n’est ni POUR ni CONTRE le nucléaire. Cela dépend des modèles. Et pour comprendre pourquoi certains modèles aiment le nucléaire et d’autres non, il faut plonger dans les rouages de chaque modèle… Ce qu’évidemment 99.9% des commentateurs du GIEC+nucléaire n’ont jamais fait.
  • Tous les scénarios du rapport spécial 1.5 misent sur :
    • une part (trop) importante d’émissions négatives
    • des avancées technologiques utopiques qui tardent à montrer le bout de leur nez
    • une HAUSSE du PIB. Vous savez ce que cela veut dire par rapport aux objectifs climatiques ? Une belle croissance verte mondiale ! (Si vous voulez comprendre pourquoi il est dangereux de compter sur la croissance verte pour répondre aux enjeux climatiques, lisez cet article).

Enfin, les perspectives d’autres systèmes de connaissances, praticiens ou autochtones sont sous-représentées dans les évaluations du GIEC (Ford et al., 2016). Si le GIEC devait faire la synthèse des travaux en prenant plus en compte l’expérience des peuples autochtones pour limiter le réchauffement à 1.5, pas sûr que le nucléaire serait leur premier choix.

Une faible demande d’énergie apporte plus de souplesse dans la structuration du système énergétique.
Source : SR15

Le mot de la fin

Si vous pensiez avoir tout compris après avoir lu un résumé de 30 pages, c’est que vous n’avez rien compris. Il faut très certainement plusieurs années d’expérience pour avoir le recul nécessaire pour comprendre les rouages des modèles et des conclusions.

Cependant, quelques dizaines d’heures peuvent suffire à comprendre les grandes lignes : l’objectif de limiter à 1.5°C, le rôle du GIEC, son travail de synthèse, et comment interpréter une donnée.

Alors, comment conclure sur ce que dit le GIEC sur le nucléaire ?

  • Non, le GIEC ne recommande rien
  • Le GIEC ne fait pas de modèles
  • Le GIEC n’est ni POUR ni CONTRE le nucléaire. Cela dépend des modèles, des hypothèses de départ
  • Ce sont aux politiques de dire comment arriver à X ou Y type de société, en recommandant et en prenant des décisions. Pas au GIEC.

Vignette article : effet Tcherenkov (crédit)

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13 Responses

  1. ” – Le GIEC ne fait pas de modèles
    – Le GIEC n’est ni POUR ni CONTRE le nucléaire. Cela dépend des modèles, des hypothèses de départ”

    Vous insistez sur le fait que le GIEC ne fait pas de modèle ou scénario pour au final parler des modèles et scénarios du GIEC, je ne comprends sincèrement pas du tout quoi croire ?

    1. Bonjour Gaspard,
      Si tu es le Gaspard Koenig qui a une page wikipédia ( philosophe, …), je suis surpris de ta question.
      Pour moi c’est clair : le GIEC fait l’inventaire de toutes les publications SCIENTIFIQUES en lien avec l’énergie et le climat ( pour la biodiversité, aussi importante si ce n’est plus importante pour l’humanité et dont le point de rupture risque d’être plus brutal et temporellement plus proche, voir les rapports de l’IPBES, le GIEC de la biodiversité). Il précise donc dans ses rapports les hypothèses faites pour chacun des 85 scénarios analysés car ayant fait l’objet de publication dans revue à comité de lecture.

  2. Est-ce que les scénarios pris en compte tiennent compte de la disponibilité en ressources d’uranium. En effet pour multiplier par presque 5 au niveau mondial la production nucléaire cela signifie multiplier par 5 la consommation d’uranium dont les réserves sont estimées au siècle au rythme actuel. Donc multiplié par 5 => 20 ans de réserves ! Construit-t-on des réacteurs nucléaires pour les faire fonctionner 20 ans ?

    1. La génération 4 s’affranchit de cette problématique en utilisant l’uranium NON enrichi (le “pauvre”, celui qu’on trouve en abondance).
      Cette génération peut permettre (confiance moyenne 😬), de passer la bonne cinquantaine d’années qui nous sépare de l’exploitation de la fusion.
      Pour cela, il faut vite reprendre les projets et études abandonnés en France.
      La G3 (Flamanville) utilisé tjrs l’U enrichi).
      La G2 (actuelle en service) sera éteinte en 2050 (demander à l’ASN de poursuivre leur exploitation au-delà de 60/70 ans semble présomptueux au regard de l’actualité des centrales).

      1. OUi. Donc encore un pari ! Le même que celui fait par les “nucléocrates” il y a 5à ans qui pensait avoir une énergie renouvelable, presque gratuite, sûre et sans déchet !
        Quant à la fusion, ce n’est pas beaucoup mieux.
        Et enfin, n’oubions pas que même avec de l’énergie décarbonée on peut artificiliser toute la planète, déforester toutes les fo$êts anciennes, racler le fond de tous les océans, …
        Il est temps de comprendre que “Nous avons engagé une guerre contre la nature et si nous la gagnons nous sommes perddus”. Et que “pour croire qu’une croissance infinie dans un monde fini est possible il faut être un fou . . . ou un économiste” (K.E. Boulding, 1973).

  3. Bonjour,
    Un paramètre important des scénarios est comment ils envisagent l’évolution de l’efficacité énergétique de l’économie, ie l’intensité énergétique du PIB. La plupart requiert une rupture, c’est à dire un découplage fort entre énergie et PIB.
    Dans un des rapports du GIEC ils disent que ce n’est pas possible, mais ce critère n’a pas été pris en considération dans SR15.

    Je recommande la lecture des travaux de Victor Cout sur ce thème : https://victorcourt.files.wordpress.com/2021/03/brockway-et-al.-2021_energy-efficiency-and-economy-wide-rebound-effects-1.pdf

  4. “Si vous pensiez avoir tout compris après avoir lu un résumé de 30 pages, c’est que vous n’avez rien compris. Il faut très certainement plusieurs années d’expérience pour avoir le recul nécessaire pour comprendre les rouages des modèles et des conclusions.”

    Il n’y a pas besoin de plusieurs années d’expérience pour comprendre que les labos de prospectives s’amusent à faire des modèles dans des mondes virtuels, ce qui permet de produire à la chaine des articles et des rapports dont la grande majorité (et probablement l’ensemble) n’a aucun rapport avec le réel. Notez bien que c’est la même chose pour les scénarios d’émissions, quand on dit qu’on fait des scénarios “BAU”, c’est de la daube, personne ne sait comment évolueront les émissions dans un scénario “BAU”, puisqu’on ne connait pas le montant des réserves qui seront exploitables économiquement à l’avenir.

    Et tout ça pour conclure à la fin .. qu’on ne conclut rien. Parce que c’est quand même extraordinaire de faire tout ce boulot pour n’arriver à aucune conclusion claire auprès des décideurs à la fin – eux ils doivent prendre des décisions, mais si la communauté scientifique n’arrive à aucune conclusion ferme, comment voulez vous qu’ils décident ?

    1. Je ne suis pas d’accord avec votre réserve. Les résumés à l’intention des décideurs apportent une fourchette de scénarios, tous crédibles, à la nuance mineure sur le nucléaire qui restera encore quelques décennies ( version fission uranium) de toutes façons marginal au niveau mondial. Si les décideurs ne décident rien c’est parce que un leur client/électeurs se foutent majoritairement du sort des générations futures ( y compris de leurs propres enfants), Et que tous les scénarios sont incompatibles bec la croissance

  5. Il y a clairement de plus en plus de maturité dans les articles produits. J’adore celui-ci qui sous-tend un énorme travail préparatoire, et requiert de grandes compétences, de l’objectivité et une grande force d’analyse.
    Bravo.

  6. “C’est ce que nous expliquons dans le paragraphe ci-dessous.” : il serait encore mieux d’écrire que ce n’est pas le GIEC qui le dit mais que c’est une interprétation de l’auteur

    Plus généralement je pense que vous devriez mettre en évidence ( couleur, italiques …?) ce qui est dit formellement par le GIEC et ce qui est de l’auteur de l’article ( par exemple une part (trop) importante d’émissions négatives; surligner, mettre en couleur… le “(trop)”

    Ceci dit , bon article

    1. Ce qui est dit par le GIEC est (depuis 2 ans) souvent mis entre ” “, ou en italique, ou purement mis en format citation. Cela n’a jamais gêné personne. Ce paragraphe est une critique de ce qui est présenté par le GIEC, cela me parait évident que la phrase est de l’auteur, et non du GIEC.

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. ” – Le GIEC ne fait pas de modèles
    – Le GIEC n’est ni POUR ni CONTRE le nucléaire. Cela dépend des modèles, des hypothèses de départ”

    Vous insistez sur le fait que le GIEC ne fait pas de modèle ou scénario pour au final parler des modèles et scénarios du GIEC, je ne comprends sincèrement pas du tout quoi croire ?

    1. Bonjour Gaspard,
      Si tu es le Gaspard Koenig qui a une page wikipédia ( philosophe, …), je suis surpris de ta question.
      Pour moi c’est clair : le GIEC fait l’inventaire de toutes les publications SCIENTIFIQUES en lien avec l’énergie et le climat ( pour la biodiversité, aussi importante si ce n’est plus importante pour l’humanité et dont le point de rupture risque d’être plus brutal et temporellement plus proche, voir les rapports de l’IPBES, le GIEC de la biodiversité). Il précise donc dans ses rapports les hypothèses faites pour chacun des 85 scénarios analysés car ayant fait l’objet de publication dans revue à comité de lecture.

  2. Est-ce que les scénarios pris en compte tiennent compte de la disponibilité en ressources d’uranium. En effet pour multiplier par presque 5 au niveau mondial la production nucléaire cela signifie multiplier par 5 la consommation d’uranium dont les réserves sont estimées au siècle au rythme actuel. Donc multiplié par 5 => 20 ans de réserves ! Construit-t-on des réacteurs nucléaires pour les faire fonctionner 20 ans ?

    1. La génération 4 s’affranchit de cette problématique en utilisant l’uranium NON enrichi (le “pauvre”, celui qu’on trouve en abondance).
      Cette génération peut permettre (confiance moyenne 😬), de passer la bonne cinquantaine d’années qui nous sépare de l’exploitation de la fusion.
      Pour cela, il faut vite reprendre les projets et études abandonnés en France.
      La G3 (Flamanville) utilisé tjrs l’U enrichi).
      La G2 (actuelle en service) sera éteinte en 2050 (demander à l’ASN de poursuivre leur exploitation au-delà de 60/70 ans semble présomptueux au regard de l’actualité des centrales).

      1. OUi. Donc encore un pari ! Le même que celui fait par les “nucléocrates” il y a 5à ans qui pensait avoir une énergie renouvelable, presque gratuite, sûre et sans déchet !
        Quant à la fusion, ce n’est pas beaucoup mieux.
        Et enfin, n’oubions pas que même avec de l’énergie décarbonée on peut artificiliser toute la planète, déforester toutes les fo$êts anciennes, racler le fond de tous les océans, …
        Il est temps de comprendre que “Nous avons engagé une guerre contre la nature et si nous la gagnons nous sommes perddus”. Et que “pour croire qu’une croissance infinie dans un monde fini est possible il faut être un fou . . . ou un économiste” (K.E. Boulding, 1973).

  3. Bonjour,
    Un paramètre important des scénarios est comment ils envisagent l’évolution de l’efficacité énergétique de l’économie, ie l’intensité énergétique du PIB. La plupart requiert une rupture, c’est à dire un découplage fort entre énergie et PIB.
    Dans un des rapports du GIEC ils disent que ce n’est pas possible, mais ce critère n’a pas été pris en considération dans SR15.

    Je recommande la lecture des travaux de Victor Cout sur ce thème : https://victorcourt.files.wordpress.com/2021/03/brockway-et-al.-2021_energy-efficiency-and-economy-wide-rebound-effects-1.pdf

  4. “Si vous pensiez avoir tout compris après avoir lu un résumé de 30 pages, c’est que vous n’avez rien compris. Il faut très certainement plusieurs années d’expérience pour avoir le recul nécessaire pour comprendre les rouages des modèles et des conclusions.”

    Il n’y a pas besoin de plusieurs années d’expérience pour comprendre que les labos de prospectives s’amusent à faire des modèles dans des mondes virtuels, ce qui permet de produire à la chaine des articles et des rapports dont la grande majorité (et probablement l’ensemble) n’a aucun rapport avec le réel. Notez bien que c’est la même chose pour les scénarios d’émissions, quand on dit qu’on fait des scénarios “BAU”, c’est de la daube, personne ne sait comment évolueront les émissions dans un scénario “BAU”, puisqu’on ne connait pas le montant des réserves qui seront exploitables économiquement à l’avenir.

    Et tout ça pour conclure à la fin .. qu’on ne conclut rien. Parce que c’est quand même extraordinaire de faire tout ce boulot pour n’arriver à aucune conclusion claire auprès des décideurs à la fin – eux ils doivent prendre des décisions, mais si la communauté scientifique n’arrive à aucune conclusion ferme, comment voulez vous qu’ils décident ?

    1. Je ne suis pas d’accord avec votre réserve. Les résumés à l’intention des décideurs apportent une fourchette de scénarios, tous crédibles, à la nuance mineure sur le nucléaire qui restera encore quelques décennies ( version fission uranium) de toutes façons marginal au niveau mondial. Si les décideurs ne décident rien c’est parce que un leur client/électeurs se foutent majoritairement du sort des générations futures ( y compris de leurs propres enfants), Et que tous les scénarios sont incompatibles bec la croissance

  5. Il y a clairement de plus en plus de maturité dans les articles produits. J’adore celui-ci qui sous-tend un énorme travail préparatoire, et requiert de grandes compétences, de l’objectivité et une grande force d’analyse.
    Bravo.

  6. “C’est ce que nous expliquons dans le paragraphe ci-dessous.” : il serait encore mieux d’écrire que ce n’est pas le GIEC qui le dit mais que c’est une interprétation de l’auteur

    Plus généralement je pense que vous devriez mettre en évidence ( couleur, italiques …?) ce qui est dit formellement par le GIEC et ce qui est de l’auteur de l’article ( par exemple une part (trop) importante d’émissions négatives; surligner, mettre en couleur… le “(trop)”

    Ceci dit , bon article

    1. Ce qui est dit par le GIEC est (depuis 2 ans) souvent mis entre ” “, ou en italique, ou purement mis en format citation. Cela n’a jamais gêné personne. Ce paragraphe est une critique de ce qui est présenté par le GIEC, cela me parait évident que la phrase est de l’auteur, et non du GIEC.

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