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Famille, conjoint… doit-on faire une exception pour prendre l’avion ?

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©Crédit Photographie : Freepik / Valentine Michel
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C’est un fait scientifique établi : nous devons réduire le trafic aérien pour respecter nos objectifs climatiques. Vient alors la question magique : comment ?

Si nous réduisons le trafic aérien par la loi, devons-nous faire des exceptions, comme la famille, les conjoints, la santé, etc. ? Comment garder des liens intimes avec des personnes que nous aimons s’ils vivent à l’étranger et où l’avion est la “seule” solution possible ?

Devrions-nous faire des exceptions pour les sportifs de haut niveau ? Les musiciens ? Les politiques ? Le sujet a été mis en exergue lors d’un JT de 20H où un journaliste faisait remarquer que l’aller-retour de Teddy Riner en Guadeloupe pour quelques jours en plein Jeux Olympiques n’était pas une bonne idée pour le climat…

Cet épisode est l’exemple parfait pour illustrer notre problématique. Justice sociale, justice climatique, et éviter un risque de réactance très fort. Lorsque le sujet de l’avion et de son impact climatique est évoqué, certaines réactions sont aussi fortes que lorsqu’on parle de réduire la place de la voiture individuelle en France. Et puis, qui ira sur le tatami pour dire à Teddy qu’il doit moins prendre l’avion ?

Avant-propos : ce que vous devez savoir sur l’avion et le réchauffement climatique

Avant toute chose, précisons qu’il est parfaitement légal de prendre l’avion de façon illimitée, et comme vous pouvez le lire sous chaque post Bon Pote sur les réseaux sociaux concernant l’avion, “je fais ce que je veux, pas touche à ma liberté” est une réponse possible.

Sauf que l’objectif ici, c’est de trouver des solutions pour stopper le réchauffement climatique. Avant d’aller plus loin, il est indispensable de connaitre le vrai impact du secteur aérien sur le réchauffement climatique. Pour cela, voici 4 articles indispensables :

Ce n’est donc pas par plaisir d’embêter Teddy Riner qu’on lui fait remarquer qu’un vol aller-retour en Guadeloupe, c’est environ 2 tonnes CO2eq, soit plus que le budget annuel cible. C’est aussi et surtout parce que la Guadeloupe subit déjà les conséquences du changement climatique. Comme le rappelle la journaliste Audrey Garric dans une superbe série d’articles sur l’adaptation :

les outre-mer, tous insulaires à l’exception de la Guyane, s’avèrent être les territoires français les plus exposés et les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique. Déjà fortement dégradés, ces régions, départements et collectivités vont voir leur habitabilité réduite dans les prochaines décennies en raison de l’aggravation d’un réchauffement auxquels ils peinent à s’adapter.

Il faut réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi s’adapter. Un vrai chamboulement dans les modèles économiques de certaines régions qui vivent principalement du tourisme et des exportations. Comment concilier le tout en prenant en compte les inégalités sociales et l’histoire coloniale ?

Famille, couple, santé… pourquoi faire une exception pour l’avion ?

Si la majorité des voyageurs français prennent l’avion pour le loisir, des millions de Français le prennent parce qu’ils n’ont pas d’autres choix pour notamment voir leur famille à l’étranger. La France compte plus de 3 millions de binationaux. Si vous ajoutez à cela les personnes qui n’ont pas la double nationalité mais dont la famille ou le conjoint vit loin de la France métropolitaine, vous avez donc des millions de personnes susceptibles de prendre l’avion.

Il est important de prendre cela en compte lorsque l’on parle de la réduction du trafic aérien. Voir sa famille le week-end pour un parisien qui a juste à traverser 3 arrondissements est un peu plus facile que pour un Guadeloupéen ou une Guyanaise qui doit prendre l’avion, même si cela vient exploser son empreinte carbone annuelle.

Ne pas l’évoquer, c’est s’assurer de provoquer une très forte réactance et qu’il n’y ait jamais aucun changement.

Parmi les dizaines de témoignages reçus sur Bon Pote, celui-ci est particulièrement éclairant :

Je suis originaire des DOM et effectivement, l’avion est une problématique centrale dans ma vie. Pour ceux qui comme moi vivent à 10000 km de leur famille, la dissonance cognitive et le besoin de retourner voir ses proches est forte, et c’est difficile à vivre. On se sent souvent coupable. On se sent aussi vainement en colère, en colère contre la vie qui ne nous a pas fait naitre dans une grande ville métropolitaine où l’on trouve toutes les opportunités dont on manque parfois cruellement ailleurs… c’est beaucoup d’énergie perdue et de frustration accumulée. On se sent parfois comme les oubliés des discours écologistes concernant l’avion.”

Même cas pour la belle-famille, comme dans l’exemple ci-dessous. Quand il n’y a pas d’alternative crédible à l’avion et que votre famille ou belle-famille habite très loin, comment faire ? Et devez-vous plutôt y aller vous, malgré vos convictions écologiques, ou laissez venir votre famille/belle-famille, ce qui aggraverait l’empreinte carbone s’ils sont plus nombreux ?

Commentaire sur la page Facebook Bon Pote sur le rôle de l'avion sur le réchauffement climatique et la famille
Commentaire sur la page Facebook Bon Pote

Héritage colonial : la justice climatique au cœur des débats

Si vous voulez avoir une chance que la transition écologique ait lieu, il est indispensable de comprendre la particularité de chaque territoire colonisé par la France.

Le colonialisme est évoqué par le GIEC comme un signe de non-soutenabilité dans son dernier rapport. C’est donc un fait étayé par de la littérature scientifique, qui apparait de surcroit dans le résumé pour les décideurs, et est par conséquent validée par les gouvernements.

B.2 : La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région (confiance très élevée, sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme, et la gouvernance (confiance élevée).

L’équité suppose de tenir compte à la fois des inégalités actuelles et des héritages, notamment de la période coloniale pour comprendre les inégales capacités d’adaptation de certains Etats et plus précisément encore de certains peuples ou territoires à l’intérieur de ces Etats.

Vulnérabilité des petites îles et urgence de l’adaptation

Ce contexte est particulièrement vrai pour les ultramarins. Les effets du changement climatique dans les Outre-mer français sont connus et documentés depuis au moins une décennie. Prévenir les risques, protéger le littoral, adapter l’agriculture.. Des enjeux certes documentés depuis longtemps mais qui ne sont que partiellement pris en compte par les politiques.

Le dernier rapport du GIEC met en évidence les différents risques qui peuvent être exacerbés par le changement climatique, ainsi que les écosystèmes et dimensions humaines à prendre en compte :

Un sentiment d’urgence prévaut parmi les petites îles dans la lutte contre le changement climatique et dans l’adhésion à l’Accord de Paris visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Les petites îles sont de plus en plus touchées par l’augmentation des températures, l’impact croissant des cyclones tropicaux, les ondes de tempête, les sécheresses, le changement des régimes de précipitations, l’élévation du niveau de la mer, le blanchiment des coraux et les espèces envahissantes, qui sont déjà détectables dans les systèmes naturels et humains.

Source : 6e rapport du GIEC (IPCC_AR6_WGII_Figure_15_001)

Baisser les émissions tout en gardant du lien

Comment alors concilier le besoin de voir sa famille qui habite à des milliers de kilomètres et la nécessité de réduire le trafic aérien ? Comment prendre en compte cette spécificité des territoires ultramarins, comme la Guadeloupe, la Réunion, la Guyane, la Martinique, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, etc. ?

La justice climatique est ici centrale. Non seulement l’héritage colonial est à prendre en compte, mais ce sont des territoires qui ont moins de moyens qu’en métropole pour s’adapter au changement climatique et qui vont le subir de plein fouet.

Virginie Duvat, autrice principale du 6e rapport du GIEC et spécialiste des îles tropicales, rappelle à juste titre que “nous avons un niveau de connaissance de l’Outre-mer inférieur à celui de la métropole. On a souvent tendance à considérer que l’Outre-mer est en retard puisque ce sont des territoires moins développés, dans lesquels la décolonisation est plus ou moins achevée“.

Restauration de la végétation indigène du littoral par le Centre d’Étude et de Découverte des Tortues Marines à La Réunion © Virginie Duvat
Restauration de la végétation indigène du littoral par le Centre d’Étude et de Découverte des Tortues Marines à La Réunion © Virginie Duvat

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Quelles solutions ? Taxes, quotas et la tentative Ruffin et Batho

Pour réduire le trafic aérien, il y a des solutions évidentes et simples qui devraient déjà être mises en place. En finir avec les cartes de fidélité et d’accumulation de miles, les publicités pour l’avion, interdire aux influenceurs les jeux concours avec voyage en avion à la clef, interdire les jets privés, taxer le kérozène, responsabiliser les CSE, etc.

Mais ce serait très loin d’être suffisant. Pour obtenir la baisse radicale des émissions pour respecter nos objectifs climatiques, il faut agir fortement sur la demande. Un système de taxes est probablement la solution qui revient le plus dans la presse. Mais pour que ce soit une transition juste, ici il faudrait par exemple moins taxer certains vols en les conditionnant : famille, santé etc. pour les ultramarins ?

Un système de quota carbone individuel ?

En 2020, les députés Delphine Batho et François Ruffin ont proposé l’instauration d’un quota carbone individuel. Voici les idées principales de la proposition :

Nous devons aller plus loin pour organiser la baisse du trafic aérien. À la fois pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour que cette diminution soit socialement juste, pour les voyageurs, pour les travailleurs du secteur. Tel est le but poursuivi par l’instauration d’un quota maximal de kilomètres aérien par personne, bien plus juste que des taxes.

La transformation écologique ne peut simplement être envisagée sous forme de taxes, que les plus riches payent sans même s’en rendre compte. À la place, il faut des plafonds, des limites. Nous proposons ici un nouvel outil au service de la transition écologique : le quota individuel. Ce renversement s’inscrit dans une perspective plus juste et égalitaire.

Notre proposition de loi fixe un principe : les trajets en avion sont plafonnés individuellement par un quota de carbone, qui équivaut à un nombre de kilomètre de fait.

L’idée est de permettre aux Français de faire un grand voyage, mais pas tous les ans, et encore moins plusieurs fois par an.

Proposition de loi Ruffin / Batho sur le quota carbone individuel pour l'usage de l'avion avec exception pour la famille
Proposition de loi Ruffin / Batho sur le quota carbone individuel pour l’usage de l’avion

Les deux députés reconnaissent que ce système n’est pas parfait, mais il a le mérite de lancer un débat sur la décroissance nécessaire du trafic aérien. Avec la composition de l’Assemblée Nationale, difficile d’imaginer que cette proposition puisse avoir une suite en 2020. Est-ce que cela pourrait changer en 2024 ?

Notons que dans la proposition, les deux députés avaient prévu des exceptions : “des exceptions sont bien entendu à prévoir, par exemple pour la continuité territoriale de la Corse et des Outre‑mer, les rapprochements familiaux, des impératifs de santé et tout ce qui concerne le respect de la dignité des personnes“.

Pourquoi faire une exception pour la famille et non les amis ? Les mariages ?

Imaginons qu’une loi entre en vigueur et qu’il y ait des exceptions faites pour la famille. Pourquoi ne pas faire des exceptions pour les amis ?

En effet, les liens du cœur peuvent être aussi forts que ceux du sang. Une personne qui n’a pas de famille et a reconstruit son cercle proche autour d’amis qui représentent 100% de ses relations sociales ne pourrait-elle pas aussi bénéficier d’une exception ?

Deux autres cas spécifiques pourraient aussi potentiellement faire l’objet d’exception. Premièrement, le mariage. Si votre meilleur ami se marie à Miami ou Mexico et que vous habitez en France, allez-vous le rejoindre ? J’ai personnellement répondu à cette question et fait un choix éthique, mais peut-on, doit-on légiférer sur le sujet, et avec quel risque de réactance ?

Enfin, doit-on faire une exception pour les enterrements ? Comment refuser à une personne d’assister à un enterrement pour raison climatique ? C’est de cela dont parle la proposition de loi Batho-Ruffin : le respect de la dignité des personnes. Mais comment définir ce qui entre dans ce cadre, et pour qui ?

Assumer de s’installer loin ?

Puisqu’il est légal de prendre l’avion autant de fois que vous le voulez, la question de réduire son nombre de vols est aujourd’hui une question éthique.

La difficulté de réduire qui se pose pour des personnes qui se sont expatriées sans connaître l’impact du réchauffement climatique est une chose. Mais aujourd’hui, toute personne qui fait le choix de vivre loin devrait en assumer les conséquences. Aux expatriés d’assumer leur bilan carbone ?

Témoignage reçu via l’instagram de Bon Pote :“c’est quand même un luxe de maboule de décider d’aller travailler à New-York ou de vivre la vie douce à Lisbonne. J’ai du mal à comprendre pourquoi ces gens auraient un passe droit”

Combien de Français ont déménagé et prennent l’avion pour revenir en France plusieurs fois par an, alors qu’elles connaissent les conséquences sur le réchauffement climatique ? Bien sûr, le changement doit être structurel et il ne peut reposer uniquement sur les individus.

Mais quand on part vivre une vie très confortable à Lisbonne ou Dubaï, ne devrait-on pas en assumer les conséquences et limiter les voyages en avion ?

“Pourquoi écarter les déplacements pros ?”

Si les déplacements personnels ont été largement évoqués ici et sont majoritaires en France, il ne faut pas oublier les déplacements professionnels. La proposition de loi Ruffin-Batho, l’évoquait par ailleurs, en proposant de “diminuer les déplacements longue‑distance pour le business” : dans un premier temps, notre proposition s’attache uniquement aux trajets des particuliers. Les usages professionnels de l’avion doivent également être régulés dans un second temps.

Il est assez fréquent que nous recevions chez Bon Pote des messages de personnes qui se retrouvent face à ce dilemme au travail : prendre l’avion pour raisons professionnelles, alors qu’elles ne le font plus dans leur vie personnelle.

Il n’y a cependant pas (toujours) de fatalité. Vous pouvez probablement proposer une autre solution, une alternative, qui peut être de la visio (qui coûte moins cher !) ou un voyage en train à la place de l’avion… à vous de trouver les bons mots, en fonction de votre situation. Des lettres types ont été rédigées pour vous aider !

Le courage politique

Comme le rappelle le dernier rapport annuel 2024 du HCC , “actuellement il n’existe pas de stratégie de mobilité longue distance, qui représente près de la moitié des distances parcourues et des émissions associées au transport de voyageurs”.

Si baisser le trafic aérien est une nécessité pour respecter nos objectifs climatiques et éviter d’avoir des étés à 50°C en France, il est indispensable de prendre certaines spécificités en compte et de probablement faire des exceptions, au moins à court et moyen terme.

Il faudra pendant ce temps informer correctement les populations, investir dans l’adaptation, assurer une conduite du changement dans les entreprises du secteur aérien pour éviter une casse sociale, et adopter une vraie culture du risque.

Ne rien changer, c’est condamner la métropole et les territoires d’Outre mer à subir d’autant plus le réchauffement climatique. Fermer les yeux n’arrangera rien. Aux citoyens et politiques de reconnaître qu’il faut trouver des solutions ensemble, en incluant notamment les populations concernées dans la prise de décision.

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29 Responses

  1. En fait, c’est très simple, il faut regarder comment on faisait avant? Avant quand on prenait la route de l’exil, on ne se disait pas au revoir, mais adieu, ce mot a disparu de nos vies. On ne revoyait plus ses proches, seules quelques lettres permettaient de garder un lien. C’est de cela que sera fait l’avenir, un lien digital sera peut-être encore possible? Il appartient à chacun de l’intégrer dans ses choix de vie. Personnellement, j’ai brieffé mes enfants la dessus.

  2. L’idée d’un quota par personne tel que décrit dans l’article est probablement la meilleure solution. Mais ne faudrait il pas le completer avec des mesures pour limiter le traffic vers la France, notamment pour les touristes, qui ne sont, eux pas soumis à ce quota ?

  3. Les quotas de vols sont probablement la solution. Mais comment empêcher un Français d’aller à Londres en train et de prendre un vol Londres – Dubaï ?

  4. J’ai du faire ce choix dans ma vie personnelle. A 22 ans, je suis partie au Canada pour un échange universitaire, où j’ai rencontré mon petit ami de l’époque, qui était Canadien. Après 2 ans de relation et l’envie de se projeter, ma dissonance cognitive devenait difficile à gérér. Choisir de continuer cette relation, c’était s’engager pour des dizaines d’années à des aller-retour à 3 tonnes de carbonne par an (au grand minimum 1 fois tous les deux ans, moins me semblait difficile à considérer d’un point de vue affectif), c’était aussi imaginer faire un enfant qui aurait un énorme besoin d’avion, ou qui ne verrait pas une partie de sa famille. C’était aussi devoir arbitrer dans le futur entre accompagner ses parents dans leur vieillesse et l’avion.
    Ici, pas de raisons coloniales pour prendre l’avion, bien au contraire, les conséquences d’avoir grandi dans un classe privilégiée favorisant les échanges universitaires à l’étranger, et le voyage. Mais le choix de se séparer de quelqu’on aime reste très douloureux.

    J’ai finalement pris la décision de la séparation pour les raisons évoqués ci-dessus mais aussi j’étais encore jeune (24 ans) et que à court terme nous ne pouvions pas habiter au même endroit.

    Avec un peu de recul, je serais d’accord pour accorder un passe droit avion avec un quotat de un vol par 2 années pour aller voir sa famille (plus en cas de proche malade), même si cela implique d’exploser son budget carbonne individuel. Il me semble que par rapport au tourisme, voyage pro, la famille est souvent bien plus prioritaire. La reflexion sur les liens affectifs amicaux est aussi intéressantes, il faudrait cependant definir une liste d’ami restreint, à la manière de la famille proche pour éviter de pouvoir voyager à travers le monde grâce à ces 50 amis.

  5. Ce n’est pas la panacée mais pourquoi rien n’est dit au sujet de la compensation carbone de qualité type Gold Standard et Plan Vivo, VCS. Puisque tant qu’il sera légal de bruler des énergies fossiles, il y aura des personnes susceptibles d’utiliser l’avion. On pourrait déjà obliger la compensation de qualité qui permet soit de séquestrer du CO2 à terme . Soit d’aider des populations vulnérables à faire face aux changements avec de meilleurs moyens. Une taxation par l’Etat ne garantit pas spécialement une redistribution ciblée de ce type.

  6. Il y a 1 an, j’avais le même angle de vision concernant l’expatriation. Et je suis partie étudier 6 mois à La Réunion, qui se sont transformés en 1 an et demi, peut-être plus maintenant. Et j’avoue que la question est très difficile à vivre. Ici, je me suis formée en botanique et préservation de la flore menacée et on me donne les opportunités d’agir, là où en métropole c’est beaucoup plus difficile de prendre des initiatives et d’agir concrètement. Ici, j’ai aussi pu découvrir un mode de vie bien différent et beaucoup moins consommateur et un rapport différent à la valeur de l’argent. Mais honnêtement, je ne peux pas faire la croix sur ma famille. Je comprends effectivement la notion de responsabilité. Je comprends les enjeux, mais je me pose aussi la question de la mesure dans laquelle il faut réfléchir les choses. Aujourd’hui, j’ai l’opportunité d’agir concrètement dans un hotspot de biodiversité, j’ai été formée là bas et est-ce que ça vaut le coup de former des gens pour qu’ensuite ils repartent car la dissonance cognitive et l’autoflagellation vis à vis de l’avion (renforcée par ce genre d’articles) devient trop forte ?

    Je me pose réellement toutes ces questions, et c’est une source quotidienne de difficultés à vrai dire.

  7. Quid du Mercosur ? Quid des accords commerciaux avec la Nouvelle Zélande? Qu’attendez vous pour des protestations devant les ambassades de tous les pays qui utilisent beaucoup les voies aériennes : USA, UE, Chine Inde Brics, etc…? Les guerres : Ukraine, Gaza, etc drones, avions de chasse, de transport, hors France ? Pourquoi stigmatiser les Français alors qu’ils ne représentent que 0,9% duu Co2 mondial ? Je suis un Colibri, mais toujours taper sur le Colibri qui fait son boulot à son échelle alors que le reste du monde est dans l’excès et que vous n’en parlez jamais ? Le Colibri est sur le point de jeter l’éponge, pas grave pour 0,9%, finalement, ça passera inaperçu… Ayez des couilles, attaquez vous aux gros plutôt qu’au petit Colibri, ce sera moins lâche, et ce sera plus productif: 99,1% du Co2 à vous mettre sous la dent, ça aura plus de gueule, non et en plus ça vous occupera jusqu’à votre retraite, comme vous le dites… Dans votre article il manque juste un paragraphe sur qui prend l’avion: riches, pauvres , extraits droite, extrême gauche, ecolos, etc… bref, un petit peu d’idéologie aurait été la bienvenue…

    1. Bonjour,
      Je ne comprends pas le sens de votre post.
      Vous dénoncez les accords commerciaux internationaux, mais si ces accords existent c’est qu’au bout de la chaine, ce sont des centaines de millions de “petits” qui achètent.
      Pour l’avion, c’est pareil, les compagnies ne feront voler leurs engins uniquement si c’est rentable donc plein… moins de voyageurs “petits”, moins d’avions de “grosses” compagnies aériennes.
      Ce sont les “petits” qui font les “gros”, nos fringues, appareils électroniques sont produit en Chine et contribuent largement à leurs empreintes carbone gargantuesques… Mais si ils produisent, ce que vous, moi, nous, achetons leurs produits…. Les “gros” ne font que répondre à un marché que les “petits” font vivre, (ex: les billets d’avions pendant le covid, aucun petits pour acheter, les gros au bord de la banqueroute et…. sauver par nos impôts (et sans aucune contrepartie).
      C’est en tout cas mon point de vue…

  8. Pour ma part, je n’ai pas pris l’avion depuis 2018.
    Pour autant je prends soin de ne pas dire que je ne prendrai plus jamais l’avion.

    Notamment parce que je viens d’une famille iranienne exilée depuis 1979, et que le jour où le régime des Mollahs tombe, je prends des billets pour mes enfants et moi pour retourner sur la terre de nos ancêtres.

    Autrement, je suis plutôt favorable à des quotas, à un nombre de vols par décennie, et à privilégier les jeunes car j’ai déjà relativement voyagé (j’ai 43 ans).

  9. Bonjour,
    Article très intéressant, j’ai été fille d’expatriée puis expatriée. Lorsqu’on nous a proposé de partir en Chine pour le travail il y a 25 ans, personne ne se bousculait pour prendre le poste, et la vie n’était pas toujours douce, même si elle était riche en rencontres et découvertes… donc il est dommage de donner l’image de l’expatrié qui se la coule douce à Lisbonne ou Dubaï. Le repli sur soi du type chacun travaille dans son pays et n’en bouge plus est-elle une bonne solution ?
    La question que je me pose est quelle est la part des vols pour raisons professionnelles, personnelles, touristiques (en nombre de vols et en km parcourus) ? parce qu’a priori j’ai plutôt tendance à penser que le les vols low cost qui se développent, à vocation personnelles ou touristiques génèrent et génèreront de façon exponentielle plus de CO2 que les voyages professionnels. Mais les chiffres pourraient confirmer ou infirmer cela.

  10. Interessant.
    Je constate à mon travail qu’on parle souvent d’écologie, beaucoup disent ne plus manger de viande. Mais personne ne dit “j’ai arrêté de prendre l’avion” parce qu’il y aurait un risque de stigmatiser quelqu’un qui a de la famille à l’étranger ou en outre-mer. Et donc, l’avion est un sujet tabou.

  11. Article intéressant car il laisse à chacun de juger tout en culpabilisant l’avion.
    Personnellement, j’ai des origines d’anciennes colonies. De par cet héritage, j’ai toujours voulu pouvoir rendre visite à ma famille très éloignée et inabordable côté prix. J’ai donc décidé de travailler dans le tourisme. Ça a marché, il y a 20 ans j’ai commencé ma carrière et j’ai enfin pu aller voir mes grands parents grâce aux promotions pour agents de voyages. Mais cette carrière m’a aussi amenée à m’expatrier car il n’y avait aucune opportunités en France pour moi il y a 20 ans. J’ai dû faire face à bcp de racisme de par mes origines, et quand on m’a proposé un travail hors de France et payé correctement, j’en avais tellement marre de chercher un travail digne au bout d’un an de chômage que j’ai accepté. Ensuite j’ai rencontré mon mari dans mon pays d’expatriation, et lui vient aussi d’autres îles ex colonies. Nous avons donc été 3 fois dans son île, 3 fois dans la mienne, mais pas que. Vivre comme expatrié amène aussi à faire des rencontres amicales expatriées, souvent temporairement. Sauf que nous, on ne peut pas “rentrer” en France. Ma vie est ici niveau travail et surtout pour lui qui ne parle pas français. On ne m’a déjà pas donné ma chance en France quand je ne voulais pas partir, je ne vois pas pourquoi on me l’a donnerait maintenant. Et à lui qui ne parlera jamais parfaitement le français encore moins. Ensuite on a décidé de ne pas avoir d’enfants pour pouvoir nous permettre de voyager au moins une fois tous les 2 ou 3 ans dans une destination éloignée pour voir famille ou amis. Tous ces choix de vie ont été fait bien avant de connaître les effets négatifs de l’avion. Mais aujourd’hui, je me sens prise au piège. Je ne trouve pas juste que l’on ne prenne pas en compte le sacrifice de renoncer à fonder une famille. Je ne peux plus revenir en arrière et faire un enfant à mon âge. Hors on est bien d’accord, un enfant même si ça ne peut pas être comptabilisé sur mon empreinte carbone individuelle, ça reste une nouvelle personne qui va émettre toute sa vie au moins 2 ou 3 tonnes (voire plus!) De co2 par an. Si j’ai économisé ça a la planète, c’est pour pouvoir continuer à rendre visite à ma famille et parfois mais plus rarement aux amis. Et maintenant on m’explique que ça va être interdit. Et que si j’avais fait des enfants ça aurait été mieux que ce choix là… on m’explique aussi que je n’avais qu’à prendre un travail pourri en France vu qu’on ne me proposait rien en France qui correspond à mes études. Et éviter ainsi l’expatriation. Mais tout ça est un peu tard pour moi en fait. L’expatriation n’était pas un choix, je ne trouvais pas de travail. Avoir des amis et un mari étranger est la conséquence. Ils sont ma famille vu que je n’en ai pas fondé une. Et maintenant il faudrait que je renonce à tout ça? Aujourd’hui mon empreinte carbone est autour de 4 tonnes malgré mes voyages de plus en plus occasionnels. Ça reste élevé et c’est à cause de l’avion. Car pour tout le reste je fais bcp d’efforts. Et c’est démoralisant de se dire qu’on en fait jamais assez et que c’est encore à nous issus des colonies de devoir faire plus d’efforts. Quand c’est nous qui avons été colonisés, qui subissons encore bcp le racisme, qui sommes loin de nos familles (les voir une fois tous les 5 ans reste vraiment peu même si pour vous ça paraît bcp).

  12. Aux expatriés d’assumer leur bilan carbone ? Bonne question : je me suis expatrié il y a trois ans au Québec. Ce qui implique au moins 1 A-R en France pour voir la famille, sans compter les trajets des amis qui viennent visiter. Entre-temps, j’ai pris conscience du paradoxe de ce mode de vie : certes la famille est une raison valable de prendre l’avion, mais le choix (et privilège) d’habiter loin me revient. C’est une des raisons qui me pousse à revenir au pays cette année : ça ne me semble pas responsable sur le long terme.
    Merci pour cet article qui pousse à la réflexion !

  13. Merci pour votre article qui me parle bien. Depuis 10 ans, nous ne prenions, avec ma femme, plus l’avion pour des raisons écologiques. Mais notre fils s’est installé en Colombie en 2022. Après deux ans sans le voir physiquement, nous avons décidé d’y aller…en avion (pas d’autres choix car nous travaillons). Nous serions prêts à étudier des solutions alternatives (type voilier) mais cela nécessiterait deux conditions : que nos employeurs nous laissent partir plusieurs mois (par exemple 6 semaines pour y aller, 12 semaines sur place, 6 semaines pour revenir, soit presque 6 mois) et qu’une offre de transport existe à un prix abordable.
    Par ailleurs, je suis favorable à un quota carbone, seule solution équitable pour contraindre les personnes qui ont moins de scrupules et n’arrivent même pas à se limiter pour l’avenir de leurs propres enfants…

  14. Merci pour ce texte et ces réflexions. Je suis moi même expatrié en Norvège et (chercheur en sciences du climat) suis particulièrement sensible à cette question. Cette été nous sommes allé retrouvé la famille en train (5 jours, Oslo -> Bretagne). Très cher (trains + hotels). Et nous sommes rentrés en train + avion. Mais nos parents viennent une ou deux fois par an, en avion eux aussi. Malgré ma situation personnelle, je serai assez favorable à une proposition de loi type Ruffin / Batho : c’est le seul moyen de limiter l’avion-à-tout-va.

    De mon côté, l’empreinte principale c’est les déplacements pros (et encore je ne voyage qu’en Europe): l’amélioration du train trans-frontalier en Europe est réelle, mais trop lente.

  15. Merci pour ces réflexions. Je suis chercheur et malheureusement aujourd’hui il est encore compliqué de supprimer tous les déplacements très longues distances (vraiment difficiles à faire sans avions). Par contre il a été assez facile de les réduire fortement (3 à 4 fois moins par rapport à 2018) et particulier en se rendant compte que beaucoup n’étaient pas indispensables. Il y a donc beaucoup à faire sur le “désir” : avant de limiter l’avion, on peut déjà interdire la publicité pour les voyages en avion, interdire les systèmes de fidélité (les miles acquis sur des vols pour le boulot servant à prendre des vacances …). J’ai jeté ma carte “frequent flyer” avec plaisir. Mais il a fallu une prise de conscience et pour moi ça a été un discours de Greta en décembre 2018 qui dénonçait l’hypocrisie ambiante de nos systèmes de gouvernement.

  16. Il y a aussi une autre dimension qui n’est pas abordée ici : la diaspora africaine. Elle est conséquente et quand il faut voir la famille, il n’y a pas 36 solutions !

  17. Retour d’expérience (et dilemme) perso : je travaille en expatriation dans un pays sous forme de petit archipel, pour le compte d’une agence parapublique française. Les conditions de vie sont assez dégradées (faible accès aux services de base – santé, énergie, eau potable – à la culture et à divers loisirs). Indépendamment de ce qu’on peut penser de la politique française extérieure (les sujets sont liés mais ce n’est ici pas l’objet), dans ma compréhension, je travaille pour l’intérêt général. Aussi :
    – je considère que les voyages d’accès et de retour ne me sont pas imputables mais à la collectivité
    – je m’autorise un voyage A/R, si possible à proximité directe par avion, pour “tenir le coup”, étant donné un contexte de vie et de travail pas toujours évident ; des retours en France également pour profiter des parents qui prennent de l’âge, mais aussi pour des voyages médicaux étant donné l’absence de spécialistes dans mon pays de mission

    L’idée de quota est séduisante, mais finalement insuffisante pour tenir compte des situations individuelles. A l’échelle globale, je pense aussi évidemment aux habitants de mon pays de mission, qui doivent aussi pouvoir bénéficier de soins ou étudier à l’extérieur. Les contraindre à 2t, vu de France où l’électricité est décarbonée, les mobilités douces possibles, l’accès aux soins efficace (relativement à ici), serait une énorme injustice.

  18. En tant que personne qui n’a pas besoin de prendre l’avion pour voir la famille/les amis/le boulot, j’aimerai pouvoir donner ma tonne de CO2 disponible à quelqu’un qui en a plus besoin que moi pour aller voir ses proches… Il faudrait pouvoir réinventer les « Miles », dans le même principe que les « cafés suspendus » : j’ai la réserve carbone pour y aller mais je l’offre à quelqu’un d’autre.

    1. Bonjour,
      Voyez le paragraphe 8 de la proposition de loi Ruffin-Batho.
      Je pense en effet que ça ne serait pas du tout une solution. Car si l’on prend en compte le fait que finalement, seulement 29% des français prennent l’avion au moins 1x par an, ou encore que 80% de la population mondiale ne prend jamais l’avion… Et que pourtant, nous avons un souci net de trafic aérien (toujours en plein essor)… Alors si on utilisait un système de transférabilité, on ne changerait rien, voire on empirerait le phénomène !

  19. Hello,

    Dans la partie “Famille, couple, santé… pourquoi faire une exception pour l’avion ?” il y a une petite coquille “Parmi les dizaines de témoignes” => témoignages 😉

  20. Hello,
    Il semble y avoir un problème de lien pour le paragraphe avant-propos, point “4 bis”
    Le texte parle de la compensation, le lien emmène vers l’effrondrement des puits de carbone en 2023
    Je continue ma lecture 😉

    1. Oui oui c’est bien ça : la compensation carbone en plantant des arbres qui n’absorbent plus grand chose, c’est pas une bonne idée 😉

  21. Il y a un effet de bord concernant les voyages en avion qui consistent à aller au loin voir la famille, et qui sont légitimes. La nécessaire et souhaitable baisse d’activité du transport aérien vraisemblablement aura(it) pour effet d’augmenter son coût et le rendre hors de portée d’une part de la population concernée.

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Sommaire
Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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29 Responses

  1. En fait, c’est très simple, il faut regarder comment on faisait avant? Avant quand on prenait la route de l’exil, on ne se disait pas au revoir, mais adieu, ce mot a disparu de nos vies. On ne revoyait plus ses proches, seules quelques lettres permettaient de garder un lien. C’est de cela que sera fait l’avenir, un lien digital sera peut-être encore possible? Il appartient à chacun de l’intégrer dans ses choix de vie. Personnellement, j’ai brieffé mes enfants la dessus.

  2. L’idée d’un quota par personne tel que décrit dans l’article est probablement la meilleure solution. Mais ne faudrait il pas le completer avec des mesures pour limiter le traffic vers la France, notamment pour les touristes, qui ne sont, eux pas soumis à ce quota ?

  3. Les quotas de vols sont probablement la solution. Mais comment empêcher un Français d’aller à Londres en train et de prendre un vol Londres – Dubaï ?

  4. J’ai du faire ce choix dans ma vie personnelle. A 22 ans, je suis partie au Canada pour un échange universitaire, où j’ai rencontré mon petit ami de l’époque, qui était Canadien. Après 2 ans de relation et l’envie de se projeter, ma dissonance cognitive devenait difficile à gérér. Choisir de continuer cette relation, c’était s’engager pour des dizaines d’années à des aller-retour à 3 tonnes de carbonne par an (au grand minimum 1 fois tous les deux ans, moins me semblait difficile à considérer d’un point de vue affectif), c’était aussi imaginer faire un enfant qui aurait un énorme besoin d’avion, ou qui ne verrait pas une partie de sa famille. C’était aussi devoir arbitrer dans le futur entre accompagner ses parents dans leur vieillesse et l’avion.
    Ici, pas de raisons coloniales pour prendre l’avion, bien au contraire, les conséquences d’avoir grandi dans un classe privilégiée favorisant les échanges universitaires à l’étranger, et le voyage. Mais le choix de se séparer de quelqu’on aime reste très douloureux.

    J’ai finalement pris la décision de la séparation pour les raisons évoqués ci-dessus mais aussi j’étais encore jeune (24 ans) et que à court terme nous ne pouvions pas habiter au même endroit.

    Avec un peu de recul, je serais d’accord pour accorder un passe droit avion avec un quotat de un vol par 2 années pour aller voir sa famille (plus en cas de proche malade), même si cela implique d’exploser son budget carbonne individuel. Il me semble que par rapport au tourisme, voyage pro, la famille est souvent bien plus prioritaire. La reflexion sur les liens affectifs amicaux est aussi intéressantes, il faudrait cependant definir une liste d’ami restreint, à la manière de la famille proche pour éviter de pouvoir voyager à travers le monde grâce à ces 50 amis.

  5. Ce n’est pas la panacée mais pourquoi rien n’est dit au sujet de la compensation carbone de qualité type Gold Standard et Plan Vivo, VCS. Puisque tant qu’il sera légal de bruler des énergies fossiles, il y aura des personnes susceptibles d’utiliser l’avion. On pourrait déjà obliger la compensation de qualité qui permet soit de séquestrer du CO2 à terme . Soit d’aider des populations vulnérables à faire face aux changements avec de meilleurs moyens. Une taxation par l’Etat ne garantit pas spécialement une redistribution ciblée de ce type.

  6. Il y a 1 an, j’avais le même angle de vision concernant l’expatriation. Et je suis partie étudier 6 mois à La Réunion, qui se sont transformés en 1 an et demi, peut-être plus maintenant. Et j’avoue que la question est très difficile à vivre. Ici, je me suis formée en botanique et préservation de la flore menacée et on me donne les opportunités d’agir, là où en métropole c’est beaucoup plus difficile de prendre des initiatives et d’agir concrètement. Ici, j’ai aussi pu découvrir un mode de vie bien différent et beaucoup moins consommateur et un rapport différent à la valeur de l’argent. Mais honnêtement, je ne peux pas faire la croix sur ma famille. Je comprends effectivement la notion de responsabilité. Je comprends les enjeux, mais je me pose aussi la question de la mesure dans laquelle il faut réfléchir les choses. Aujourd’hui, j’ai l’opportunité d’agir concrètement dans un hotspot de biodiversité, j’ai été formée là bas et est-ce que ça vaut le coup de former des gens pour qu’ensuite ils repartent car la dissonance cognitive et l’autoflagellation vis à vis de l’avion (renforcée par ce genre d’articles) devient trop forte ?

    Je me pose réellement toutes ces questions, et c’est une source quotidienne de difficultés à vrai dire.

  7. Quid du Mercosur ? Quid des accords commerciaux avec la Nouvelle Zélande? Qu’attendez vous pour des protestations devant les ambassades de tous les pays qui utilisent beaucoup les voies aériennes : USA, UE, Chine Inde Brics, etc…? Les guerres : Ukraine, Gaza, etc drones, avions de chasse, de transport, hors France ? Pourquoi stigmatiser les Français alors qu’ils ne représentent que 0,9% duu Co2 mondial ? Je suis un Colibri, mais toujours taper sur le Colibri qui fait son boulot à son échelle alors que le reste du monde est dans l’excès et que vous n’en parlez jamais ? Le Colibri est sur le point de jeter l’éponge, pas grave pour 0,9%, finalement, ça passera inaperçu… Ayez des couilles, attaquez vous aux gros plutôt qu’au petit Colibri, ce sera moins lâche, et ce sera plus productif: 99,1% du Co2 à vous mettre sous la dent, ça aura plus de gueule, non et en plus ça vous occupera jusqu’à votre retraite, comme vous le dites… Dans votre article il manque juste un paragraphe sur qui prend l’avion: riches, pauvres , extraits droite, extrême gauche, ecolos, etc… bref, un petit peu d’idéologie aurait été la bienvenue…

    1. Bonjour,
      Je ne comprends pas le sens de votre post.
      Vous dénoncez les accords commerciaux internationaux, mais si ces accords existent c’est qu’au bout de la chaine, ce sont des centaines de millions de “petits” qui achètent.
      Pour l’avion, c’est pareil, les compagnies ne feront voler leurs engins uniquement si c’est rentable donc plein… moins de voyageurs “petits”, moins d’avions de “grosses” compagnies aériennes.
      Ce sont les “petits” qui font les “gros”, nos fringues, appareils électroniques sont produit en Chine et contribuent largement à leurs empreintes carbone gargantuesques… Mais si ils produisent, ce que vous, moi, nous, achetons leurs produits…. Les “gros” ne font que répondre à un marché que les “petits” font vivre, (ex: les billets d’avions pendant le covid, aucun petits pour acheter, les gros au bord de la banqueroute et…. sauver par nos impôts (et sans aucune contrepartie).
      C’est en tout cas mon point de vue…

  8. Pour ma part, je n’ai pas pris l’avion depuis 2018.
    Pour autant je prends soin de ne pas dire que je ne prendrai plus jamais l’avion.

    Notamment parce que je viens d’une famille iranienne exilée depuis 1979, et que le jour où le régime des Mollahs tombe, je prends des billets pour mes enfants et moi pour retourner sur la terre de nos ancêtres.

    Autrement, je suis plutôt favorable à des quotas, à un nombre de vols par décennie, et à privilégier les jeunes car j’ai déjà relativement voyagé (j’ai 43 ans).

  9. Bonjour,
    Article très intéressant, j’ai été fille d’expatriée puis expatriée. Lorsqu’on nous a proposé de partir en Chine pour le travail il y a 25 ans, personne ne se bousculait pour prendre le poste, et la vie n’était pas toujours douce, même si elle était riche en rencontres et découvertes… donc il est dommage de donner l’image de l’expatrié qui se la coule douce à Lisbonne ou Dubaï. Le repli sur soi du type chacun travaille dans son pays et n’en bouge plus est-elle une bonne solution ?
    La question que je me pose est quelle est la part des vols pour raisons professionnelles, personnelles, touristiques (en nombre de vols et en km parcourus) ? parce qu’a priori j’ai plutôt tendance à penser que le les vols low cost qui se développent, à vocation personnelles ou touristiques génèrent et génèreront de façon exponentielle plus de CO2 que les voyages professionnels. Mais les chiffres pourraient confirmer ou infirmer cela.

  10. Interessant.
    Je constate à mon travail qu’on parle souvent d’écologie, beaucoup disent ne plus manger de viande. Mais personne ne dit “j’ai arrêté de prendre l’avion” parce qu’il y aurait un risque de stigmatiser quelqu’un qui a de la famille à l’étranger ou en outre-mer. Et donc, l’avion est un sujet tabou.

  11. Article intéressant car il laisse à chacun de juger tout en culpabilisant l’avion.
    Personnellement, j’ai des origines d’anciennes colonies. De par cet héritage, j’ai toujours voulu pouvoir rendre visite à ma famille très éloignée et inabordable côté prix. J’ai donc décidé de travailler dans le tourisme. Ça a marché, il y a 20 ans j’ai commencé ma carrière et j’ai enfin pu aller voir mes grands parents grâce aux promotions pour agents de voyages. Mais cette carrière m’a aussi amenée à m’expatrier car il n’y avait aucune opportunités en France pour moi il y a 20 ans. J’ai dû faire face à bcp de racisme de par mes origines, et quand on m’a proposé un travail hors de France et payé correctement, j’en avais tellement marre de chercher un travail digne au bout d’un an de chômage que j’ai accepté. Ensuite j’ai rencontré mon mari dans mon pays d’expatriation, et lui vient aussi d’autres îles ex colonies. Nous avons donc été 3 fois dans son île, 3 fois dans la mienne, mais pas que. Vivre comme expatrié amène aussi à faire des rencontres amicales expatriées, souvent temporairement. Sauf que nous, on ne peut pas “rentrer” en France. Ma vie est ici niveau travail et surtout pour lui qui ne parle pas français. On ne m’a déjà pas donné ma chance en France quand je ne voulais pas partir, je ne vois pas pourquoi on me l’a donnerait maintenant. Et à lui qui ne parlera jamais parfaitement le français encore moins. Ensuite on a décidé de ne pas avoir d’enfants pour pouvoir nous permettre de voyager au moins une fois tous les 2 ou 3 ans dans une destination éloignée pour voir famille ou amis. Tous ces choix de vie ont été fait bien avant de connaître les effets négatifs de l’avion. Mais aujourd’hui, je me sens prise au piège. Je ne trouve pas juste que l’on ne prenne pas en compte le sacrifice de renoncer à fonder une famille. Je ne peux plus revenir en arrière et faire un enfant à mon âge. Hors on est bien d’accord, un enfant même si ça ne peut pas être comptabilisé sur mon empreinte carbone individuelle, ça reste une nouvelle personne qui va émettre toute sa vie au moins 2 ou 3 tonnes (voire plus!) De co2 par an. Si j’ai économisé ça a la planète, c’est pour pouvoir continuer à rendre visite à ma famille et parfois mais plus rarement aux amis. Et maintenant on m’explique que ça va être interdit. Et que si j’avais fait des enfants ça aurait été mieux que ce choix là… on m’explique aussi que je n’avais qu’à prendre un travail pourri en France vu qu’on ne me proposait rien en France qui correspond à mes études. Et éviter ainsi l’expatriation. Mais tout ça est un peu tard pour moi en fait. L’expatriation n’était pas un choix, je ne trouvais pas de travail. Avoir des amis et un mari étranger est la conséquence. Ils sont ma famille vu que je n’en ai pas fondé une. Et maintenant il faudrait que je renonce à tout ça? Aujourd’hui mon empreinte carbone est autour de 4 tonnes malgré mes voyages de plus en plus occasionnels. Ça reste élevé et c’est à cause de l’avion. Car pour tout le reste je fais bcp d’efforts. Et c’est démoralisant de se dire qu’on en fait jamais assez et que c’est encore à nous issus des colonies de devoir faire plus d’efforts. Quand c’est nous qui avons été colonisés, qui subissons encore bcp le racisme, qui sommes loin de nos familles (les voir une fois tous les 5 ans reste vraiment peu même si pour vous ça paraît bcp).

  12. Aux expatriés d’assumer leur bilan carbone ? Bonne question : je me suis expatrié il y a trois ans au Québec. Ce qui implique au moins 1 A-R en France pour voir la famille, sans compter les trajets des amis qui viennent visiter. Entre-temps, j’ai pris conscience du paradoxe de ce mode de vie : certes la famille est une raison valable de prendre l’avion, mais le choix (et privilège) d’habiter loin me revient. C’est une des raisons qui me pousse à revenir au pays cette année : ça ne me semble pas responsable sur le long terme.
    Merci pour cet article qui pousse à la réflexion !

  13. Merci pour votre article qui me parle bien. Depuis 10 ans, nous ne prenions, avec ma femme, plus l’avion pour des raisons écologiques. Mais notre fils s’est installé en Colombie en 2022. Après deux ans sans le voir physiquement, nous avons décidé d’y aller…en avion (pas d’autres choix car nous travaillons). Nous serions prêts à étudier des solutions alternatives (type voilier) mais cela nécessiterait deux conditions : que nos employeurs nous laissent partir plusieurs mois (par exemple 6 semaines pour y aller, 12 semaines sur place, 6 semaines pour revenir, soit presque 6 mois) et qu’une offre de transport existe à un prix abordable.
    Par ailleurs, je suis favorable à un quota carbone, seule solution équitable pour contraindre les personnes qui ont moins de scrupules et n’arrivent même pas à se limiter pour l’avenir de leurs propres enfants…

  14. Merci pour ce texte et ces réflexions. Je suis moi même expatrié en Norvège et (chercheur en sciences du climat) suis particulièrement sensible à cette question. Cette été nous sommes allé retrouvé la famille en train (5 jours, Oslo -> Bretagne). Très cher (trains + hotels). Et nous sommes rentrés en train + avion. Mais nos parents viennent une ou deux fois par an, en avion eux aussi. Malgré ma situation personnelle, je serai assez favorable à une proposition de loi type Ruffin / Batho : c’est le seul moyen de limiter l’avion-à-tout-va.

    De mon côté, l’empreinte principale c’est les déplacements pros (et encore je ne voyage qu’en Europe): l’amélioration du train trans-frontalier en Europe est réelle, mais trop lente.

  15. Merci pour ces réflexions. Je suis chercheur et malheureusement aujourd’hui il est encore compliqué de supprimer tous les déplacements très longues distances (vraiment difficiles à faire sans avions). Par contre il a été assez facile de les réduire fortement (3 à 4 fois moins par rapport à 2018) et particulier en se rendant compte que beaucoup n’étaient pas indispensables. Il y a donc beaucoup à faire sur le “désir” : avant de limiter l’avion, on peut déjà interdire la publicité pour les voyages en avion, interdire les systèmes de fidélité (les miles acquis sur des vols pour le boulot servant à prendre des vacances …). J’ai jeté ma carte “frequent flyer” avec plaisir. Mais il a fallu une prise de conscience et pour moi ça a été un discours de Greta en décembre 2018 qui dénonçait l’hypocrisie ambiante de nos systèmes de gouvernement.

  16. Il y a aussi une autre dimension qui n’est pas abordée ici : la diaspora africaine. Elle est conséquente et quand il faut voir la famille, il n’y a pas 36 solutions !

  17. Retour d’expérience (et dilemme) perso : je travaille en expatriation dans un pays sous forme de petit archipel, pour le compte d’une agence parapublique française. Les conditions de vie sont assez dégradées (faible accès aux services de base – santé, énergie, eau potable – à la culture et à divers loisirs). Indépendamment de ce qu’on peut penser de la politique française extérieure (les sujets sont liés mais ce n’est ici pas l’objet), dans ma compréhension, je travaille pour l’intérêt général. Aussi :
    – je considère que les voyages d’accès et de retour ne me sont pas imputables mais à la collectivité
    – je m’autorise un voyage A/R, si possible à proximité directe par avion, pour “tenir le coup”, étant donné un contexte de vie et de travail pas toujours évident ; des retours en France également pour profiter des parents qui prennent de l’âge, mais aussi pour des voyages médicaux étant donné l’absence de spécialistes dans mon pays de mission

    L’idée de quota est séduisante, mais finalement insuffisante pour tenir compte des situations individuelles. A l’échelle globale, je pense aussi évidemment aux habitants de mon pays de mission, qui doivent aussi pouvoir bénéficier de soins ou étudier à l’extérieur. Les contraindre à 2t, vu de France où l’électricité est décarbonée, les mobilités douces possibles, l’accès aux soins efficace (relativement à ici), serait une énorme injustice.

  18. En tant que personne qui n’a pas besoin de prendre l’avion pour voir la famille/les amis/le boulot, j’aimerai pouvoir donner ma tonne de CO2 disponible à quelqu’un qui en a plus besoin que moi pour aller voir ses proches… Il faudrait pouvoir réinventer les « Miles », dans le même principe que les « cafés suspendus » : j’ai la réserve carbone pour y aller mais je l’offre à quelqu’un d’autre.

    1. Bonjour,
      Voyez le paragraphe 8 de la proposition de loi Ruffin-Batho.
      Je pense en effet que ça ne serait pas du tout une solution. Car si l’on prend en compte le fait que finalement, seulement 29% des français prennent l’avion au moins 1x par an, ou encore que 80% de la population mondiale ne prend jamais l’avion… Et que pourtant, nous avons un souci net de trafic aérien (toujours en plein essor)… Alors si on utilisait un système de transférabilité, on ne changerait rien, voire on empirerait le phénomène !

  19. Hello,

    Dans la partie “Famille, couple, santé… pourquoi faire une exception pour l’avion ?” il y a une petite coquille “Parmi les dizaines de témoignes” => témoignages 😉

  20. Hello,
    Il semble y avoir un problème de lien pour le paragraphe avant-propos, point “4 bis”
    Le texte parle de la compensation, le lien emmène vers l’effrondrement des puits de carbone en 2023
    Je continue ma lecture 😉

    1. Oui oui c’est bien ça : la compensation carbone en plantant des arbres qui n’absorbent plus grand chose, c’est pas une bonne idée 😉

  21. Il y a un effet de bord concernant les voyages en avion qui consistent à aller au loin voir la famille, et qui sont légitimes. La nécessaire et souhaitable baisse d’activité du transport aérien vraisemblablement aura(it) pour effet d’augmenter son coût et le rendre hors de portée d’une part de la population concernée.

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