En France, agresser un défenseur de l’environnement est sans conséquence.
Bon Pote a interrogé plusieurs dizaines d’associations et défenseurs et défenseuses de l’environnement pour mesurer l’ampleur des agressions et menaces qu’ils et elles subissent. Le constat est glaçant : notre enquête a identifié 200 agressions et violences graves au cours de la dernière décennie et seules 5% ont abouti à des condamnations, le plus souvent minimes et avec sursis.
Autrement dit, environ 95% des agressions envers les défenseurs de l’environnement restent impunies. Leur nombre et leur gravité s’accélèrent ces dernières années, avec de véritables commandos civils qui s’organisent pour réprimer les écologistes.
Interrogé sur les conclusions de notre enquête, le rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, Michel Forst, alerte sur une situation « très alarmante » et estime que « les autorités publiques devraient se saisir » du travail de documentation des violences contre l’écologie. Avec des témoignages et documents exclusifs, Bon Pote revient sur l’augmentation de la violence anti-écolo.
Dix ans de dérive : la France sous la violence anti-écolo
Gantés, cagoulés, munis de cocktails molotov et de bidons d’essence, quatre hommes s’introduisent à l’aube sur le terrain d’Alexandra, à Verfeil (Haute-Garonne). Ce dimanche 1er septembre 2024, la jeune mère de famille se prépare à la rentrée des classes. Mais son compagnon et elle sont sur le qui-vive, se sachant ciblés : ils sont parmi les derniers à vivre si près du tracé de l’autoroute A69. Ça suffit à faire d’eux des cibles. Sur leur terrain, plusieurs départs de feu ont été arrêtés in extremis une semaine plus tôt. Au sol, des bouteilles remplies d’alcool à brûler.
Mi-août, à l’autre bout du tracé de l’autoroute A69, des militants et militantes ont déjà dénoncé une « tentative de meurtre » par trois hommes qui ont brûlé leur tente et leur voiture et les ont aspergés d’essence, le couteau sous la gorge. L’une des victimes dit avoir échappé de justesse à l’immolation. Ce dimanche, Alexandra et son compagnon réagissent donc au premier bruit suspect et s’élancent au petit jour pour empêcher leurs agresseurs. Trop tard. Leur voiture s’embrase. Le couple va être gazé à la lacrymo et aspergé d’essence, leur portail sera incendié.
Qui a pu commettre de telles violences ?
En octobre et novembre dernier, deux vagues d’interpellations ont mis au jour ce qui ressemble à un véritable « commando » en faveur de l’A69, selon les termes du procureur de la République de Toulouse. Huit personnes, dont plusieurs ont reconnu leur responsabilité, sont mises en examen. Parmi eux : un directeur de travaux du chantier de l’A69, soupçonné d’être un « potentiel donneur d’ordres », mais aussi un ancien officier de la gendarmerie, un responsable de la sécurité du chantier ainsi que des mercenaires qui disent avoir été rémunérés 800 euros pour ces violences.
Une association secrète, servant des intérêts privés par des moyens illicites et par la violence. C’est la définition d’une mafia. Une mafia anti-écologie, en France.
2015, le tournant que la France a raté
Tout aurait dû basculer il y a dix ans, quasiment jour pour jour. Le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris est signé en France, événement écologique de la décennie au niveau international. A l’époque, la récente mort du naturaliste Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive lancée par un gendarme, fait trembler jusqu’au Premier ministre Bernard Cazeneuve et conduit à l’annulation de l’illégal barrage de Sivens le 4 décembre 2015. Rappelons-le : ce barrage était illégal. Le tribunal administratif a même condamné l’Etat français pour ses illégalités fautives dans le dossier. Un défenseur de l’environnement a donc été tué pour avoir participé à une lutte légitime pour l’intérêt général environnemental.
Il aurait fallu ériger des digues. Faire du défenseur et de la défenseuse de l’environnement des figures évidemment contestables, mais qu’il est intolérable de violenter dans une démocratie qui fonctionne. Il n’en fut rien, même à Sivens. La famille de Rémi Fraisse a dû se lancer dans un combat judiciaire de dix ans pour obtenir réparation, tandis que les écologistes encore présents à Sivens ont subi, en toute impunité, la vengeance des partisans du barrage. Aux violences policières a succédé une vague de violences civiles. Les articles de l’époque évoquent des tentatives d’incendie par les partisans du barrage et la destruction de cabanes. En toute impunité.
Nos révélations : Les chiffres de l’impunité
Jusqu’à aujourd’hui, seule une poignée d’associations, syndicats et médias comme Reporterre, Basta, Médiapart ou Libération ont documenté et répertorié les violences anti-écolo en France. Les autorités publiques n’ayant jamais publié sur ces violences, nous avons réalisé un travail de recensement auprès de plusieurs dizaines d’associations et personnalités écologistes.
Pour Bon Pote, la fédération France nature environnement, qui regroupe plus de 6000 associations de protection de la nature dans le pays, a réalisé un inventaire précis et anonymisé des violences subies par ses membres depuis 2015. Bilan : 61 agressions violentes, dont 26 ces trois dernières années.
2015. Dans les Bouches-du-Rhône, un défenseur de l’environnement est agressé et menacé de mort par des personnes souhaitant urbaniser une zone protégée. En Lozère, six éleveurs membres de la Coordination rurale, syndicat agricole proche de l’extrême droite, saccagent les locaux d’une association écologiste et jettent le matériel informatique par les fenêtres. Fait rarissime, vous le verrez, les agresseurs ont été jugés. Soutenus devant le tribunal par leur syndicat, 200 agriculteurs aux pancartes « chasse aux écolos » mais aussi par le sénateur-maire de Mende, les six éleveurs ont été condamnés à un mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende.
A partir de 2018, le nombre et la gravité des faits ne cessent de grimper. Une charge explose devant la porte d’une militante corse; un véhicule d’un membre de la même association est incendié; une militante jurassienne est tabassée par un agriculteur après avoir pris des photos d’un arrachage illégal de haie; des agriculteurs et des chasseurs de l’Ariège empêchent une manifestation écologiste de se tenir et les menacent de représailles devant une caméra ; des témoins rapportent les menaces de mort du président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne contre des écologistes contestant son projet, illégal, de construction de lac de Caussade…
A partir de 2020, l’accélération des agressions et violences est telle qu’il devient quasiment impossible de les énumérer. Incendies criminels de véhicules, locaux vandalisés, les jardins de militants saccagés… Dans toute cette liste, FNE n’a recensé qu’une condamnation. En Haute-Savoie, un agriculteur ayant aspergé les locaux de l’association a écopé de 10 000 euros avec sursis. Le procureur avait suggéré une « peine d’apaisement ». Cette clémence ressemble à un privilège anti-écologiste, au regard des sanctions infligées aux militants et militantes de Dernière Rénovation, condamnés elles et eux à des dizaines de milliers d’euros de dommages et intérêts et à de la prison ferme pour des jets de peinture à l’eau, lavable, contre des bâtiments publics.
NEWSLETTER
Chaque vendredi, recevez un condensé de la semaine, des infographies, nos recos culturelles et des exclusivités.
ALERTE
Une alerte dans votre boite mail, pour être mis au courant dès qu’un nouvel article est en ligne sur Bon Pote
Les travailleurs et travailleuses de l’environnement visé(e)s aussi
A ces agressions il faut ajouter celles, si nombreuses, subies par des agents et agentes et opérateurs et opératrices de l’Etat. Le Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU), qui défend les travailleurs de l’environnement en France, a lui aussi réalisé un inventaire pour Bon Pote. Il décompte, depuis 2023, 85 cas de violences graves visant le seul OFB (Office français de la biodiversité), en bonne partie revendiquées par deux syndicats agricoles : la FNSEA et Coordination rurale.
L’inventaire liste des dizaines de dépôts de gravats et d’arrosages au lisier, facturés plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun, des dégradations en série, des départs d’incendies contre les bâtiments, des entrées par effraction… Mais aussi des violences directes contre les salariés de l’OFB : en octobre 2024, après une réunion à la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, un chef départemental de l’OFB constate qu’il a été victime de déboulonnage. C’est une tentative de meurtre, l’homme a échappé de peu au crash. Nous ajoutons le cas, non répertorié par le syndicat, d’une technicienne naturaliste qui a porté plainte pour avoir été agressée et violentée pendant de longues minutes par l’ex-président de la FNSEA et de la Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique. Elle lui reproche de l’avoir menacée : « les personnes comme moi méritaient d’être égorgées ».
Les plaintes sont systématiques. Mais la secrétaire générale du syndicat Véronique Caraco-Giordano déplore le manque de suite : « Je suis moi-même signataire de plusieurs plaintes. Nous n’avons aucune nouvelle, y compris dans l’affaire de la vidéo de Jeunes agriculteurs mettant en scène un meurtre d’un agent de l’OFB et qui avait été diffusée devant le préfet de la Manche ». Le syndicat recense deux condamnations parmi tous les agresseurs de l’OFB. Oui, seulement deux. En novembre 2024, trois membres de la Coordination rurale de la Creuse, dont son président, ont été accusés d’avoir déposé des tonnes de déchets et tagué le siège de l’OFB mais aussi insulté ses membres. Ils ont été condamnés à des peines allant de un à trois mois avec sursis. Un dirigeant de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne était lui condamné pour avoir dégradé les locaux de l’OFB à Clairac (Lot-et-Garonne) et intimidé ses agents. Verdict : six mois de prison avec sursis.
« On en a marre de t’entendre et de voir ta gueule à la télé »
Nous avons aussi sollicité de nombreux militants et lanceuses d’alertes pour qu’ils et elles témoignent des violences subies. Le lanceur d’alerte Fabrice Hamon, par exemple. Il analyse les eaux d’un ruisseau breton pour en dénoncer la pollution. En 2023, il découvre que quatre vis de sa roue ont été déboulonnées. Encore une tentative de meurtre. Il révèle que sa plainte a été classée sans suite.
Morgan Large, journaliste bretonne autrice d’enquêtes sur l’agro-industrie, a porté plainte à deux reprises pour le déboulonnage de ses roues, le 25 mars 2021 et le 25 mars 2023. La journaliste nous révèle avoir probablement été victime d’un troisième déboulonnage, le 25 mars 2018 : « Je l’avais oublié, mais ma mère avait déjà eu un accident à la suite de la perte d’une de ses roues de voiture. C’était ma voiture, je lui avais prêtée. Une voiture jaune, bien reconnaissable, et surtout cela a eu lieu juste après que mon interview ait été diffusée dans le Journal Breton d’Inès Léraud sur France Culture. Ce n’est que récemment, en tombant sur la facture des réparations, que j’ai constaté avec sidération que cette roue s’était décrochée un 25 mars, soit le même jour que les deux autres. ». Elle indique à Bon pote que ses procédures ont été classées sans suite. L’agriculteur Paul François, qui a fait condamner Monsanto pour une intoxication à son herbicide, a par la suite été ligoté et tabassé dans son garage. Ses agresseurs lui ont dit : « On en a marre de t’entendre et de voir ta gueule à la télé ». Il a porté plainte en 2023 et a été placé sous protection de la gendarmerie.
Juin dernier. La porte du domicile de Claire Nouvian, porte-parole de l’association Bloom, est aspergée de peinture noire. Frédéric Le Manach, directeur scientifique de l’association, dévoile à Bon Pote que cet épisode s’inscrit dans une campagne d’intimidations bien plus large. L’association dit avoir transmis à la justice des éléments inquiétants : filatures de salariés, usurpations d’identité, câbles internet sectionnés à répétition… « Cela correspond exactement à une stratégie d’intimidation : créer du stress, faire perdre du temps et de l’énergie, perturber le fonctionnement global… », commente Frédéric Le Manach.
Deux autres activistes, qui souhaitent rester anonymes, évoquent à Bon Pote des plaintes pour des faits similaires : portes défoncées et câbles de freins de vélo coupés. L’ancienne députée européenne écologiste Caroline Roose a déposé une main courante pour avoir été menacée par le président du comité national des pêches Olivier Le Nézet , qui lui aurait dit « qu’on allait [lui] faire cramer sa maison ». Elle indique à Bon Pote que sa procédure n’a à sa connaissance été suivie d’aucun effet.
Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche du CNRS, a subi « beaucoup d’insultes et du harcèlement sur les réseaux » mais aussi des lettres de menaces : « En 2021, au moment de la sortie du rapport du GIEC (il est l’un des co-auteurs du sixième rapport du GIEC, ndlr), j’ai reçu un courrier au travail avec un mouchoir et un mot qui disait : “J’ai craché dans ce mouchoir, j’ai le Covid, j’espère que vous allez l’attraper et mourir, pour avoir enfin un bilan carbone à zéro”.» Il nous assure ne jamais avoir porté plainte, et décrit le cas d’un collègue climatologue ayant reçu des photomontages le représentant sur une cible, avec un pistolet sur la tempe.
Pierre Rigaux, militant pour le bien-être animal et pour l’abolition de la chasse, dit avoir été victime d’une centaine d’agressions verbales et intimidations : un homme sonne chez lui, balle à la main, et lui intime de cesser ses actions, des courriers de menace sont déposés dans sa boîte à lettre… Il a aussi compté une dizaine d’agressions physiques. Le militant se filme désormais systématiquement, documentant sur son compte Instagram à la fois les actions illégales des chasseurs mais aussi les violences qu’il subit en les filmant. Ce fut le le cas encore récemment à deux reprises face à des chasseurs à Fontainebleau.
Le militant dépose systématiquement plainte via son avocate. Selon lui, malgré toutes ses procédures contre les menaces de mort, « seuls deux chasseurs ont été convoqués, ils ont d’ailleurs reconnu les faits mais n’ont pas été poursuivis ». Concernant les agressions physiques, il dit n’avoir aucune nouvelle de la plupart des plaintes qu’il a déposées. Les rares nouvelles sont mauvaises. En 2024 il a filmé des chasseurs, visages découverts, saccageant sa voiture : classement sans suite.
Selon lui, une seule plainte a abouti : celle déposée après son agression par trois chasseurs voulant lui voler son téléphone, en forêt d’Orléans, en 2024. Procès prévu en juin 2026.
Cette liste, déjà accablante, n’est que la face la plus visible du phénomène. Elle n’aborde en effet pas les violences commises lors des récentes grandes luttes locales contre des infrastructures polluantes (Bure, Notre-Dame-des-Landes, Sainte-Soline, A69…). Or les agressions y sont omniprésentes. Yoann, militant ayant participé aux luttes, victorieuses, de la Zad du Carnet et contre un surf park en Loire-Atlantique liste par exemple : « Deux militants ont été frappés par une milice locale, il y a eu une tentative d’incendie d’un camion, nous avons subis des menaces de morts, le passages répétés de véhicules en pleine nuit sur nos terrains, des agressions, vol de bois, sabotages…» Aucune plainte n’a abouti.
Il en va de même pour les luttes contre les méga bassines, dont il faut rappeler que plusieurs sont illégales, y compris celle de Sainte-Soline. En 2022, le militant écologiste Valentin Gendet, 24 ans, a été agressé par deux hommes qui l’attendaient chez lui. Une beigne. Des coups de pied au sol. « Enculé d’écolo de merde », « Il est beau l’antibassine ». Il est sorti de l’hôpital avec un nez cassé, des côtes fêlées, des béquilles, une minerve et une incapacité totale de travail (ITT) évaluée à 15 jours.
Julien Le Guet, porte-parole de « Bassines non merci » et le collectif antirépression (Legal team), révèlent à Bon Pote que la plainte de Valentin Gendet a été classée sans suite il y a quelques semaines. Même sort pour d’autres plaintes, dont celle pour l’agression violente de militants et militantes qui se rendaient à vélo à une manifestation anti-bassine dans les Deux-Sèvres.
La mafia A69
Il faut terminer cet état des lieux là où il a démarré, avec les violences contre les opposants à l’A69. Une seconde milice présumée y a été démantelée. En avril 2026, cinq autres personnes seront jugées par le tribunal correctionnel de Castres. Elles sont suspectées d’avoir mené en juin 2025 des actions d’intimidations contre des opposants à l’A69, quelques jours avant une manifestation écologiste. Les propriétés de certains militants et d’une d’entreprise connue pour son opposition au projet autoroutier ont été taguées, des listes de noms de militants et/ou sympathisants supposés à la lutte contre l’A69 ont été affichées sur des panneaux de circulation. Le système d’irrigation d’un maraîcher a également été dégradé par deux personnes repérées par le système de caméras surveillance de ce dernier.
La liste des mis en examen, présumés innocents, a été dévoilée par Reporterre. Ce sont des notables : le dirigeant d’une entreprise de jardinage et président de Via81 (la principale association de défenseurs du chantier), le cogérant d’un groupe d’entreprises de transports impliquées dans le chantier, deux élus de Mazamet (Tarn) dont l’un est dirigeant d’entreprise et l’autre conseiller financier, ou encore un autre dirigeant d’entreprise et ancien président d’un club de rugby local (à Saint-Amans-Soult). Ces hommes se seraient accordés au sein de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Tarn et se seraient coordonnés via un groupe Whatsapp.
Le comité anti répression (legal team) des militants et militantes contre l’A69 nous a encore adressé une liste de dix-neuf autres cas graves : voiture défoncée, pneus crevés, déversement de fumier, bombe agricole (nitrate+eau), incendie de cabanes et voitures, menaces de mort… Une partie de militants visés par ces violences n’a pas porté plainte.
Ils et elles estiment ne rien pouvoir attendre de la police et de la justice, et le justifient avec précision dans ce post Instagram. « Être de nouveau interrogées par la police qui nous a souvent violentées, passer par l’appareil institutionnel pour à la fin voir les plaintes ne pas aboutir… Non merci. Ce n’est pas la réparation ou la défense des victimes qui occupent les tribunaux, c’est la répression des militants », défend une militante à Bon Pote. Comment leur donner tort ? La criminalisation du militantisme et les violences policières constituent en effet une menace structurelle et très inquiétante contre l’écologie en France. Amnesty International l’a dénoncé, de même que Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement : « La France est le pire pays d’Europe concernant la répression policière des militants et militantes environnementaux. »
La posture de cette militante est donc partagée très largement dans les luttes. Chloé, juriste au sein du collectif d’aide, formation, des conseils juridiques Terres de luttes, exprime par exemple : « Nous sommes démunis quand des militants et militantes nous demandent conseil face à des violences qu’ils et elles ont subies. On sait que porter plainte n’est pas vraiment une stratégie efficace, on sait qu’il y a une vraie impunité. C’est d’autant plus difficile quand l’auteur des violences est un voisin… ».
« Ma considération envers la justice et les forces de l’ordre a pris du plomb dans l’aile », décrit à Bon Pote l’adjoint au maire de Teulat Bruno Julié. Début août dernier, il a pris « une énorme torgnole » par un ouvrier du chantier l’A69, après avoir photographié ce qu’il considère comme un possible pompage illégal. Bruno Julié, encore sous le choc, a porté plainte mais regrette que sa qualité d’élu ne soit pas retenue dans la procédure. Il se sent totalement isolé face à cette violence : « Je n’ai reçu aucun soutien politique en dehors de Teulat, aucune déclaration de la préfecture par exemple qui publie pourtant des communiqués, et c’est normal, quand les ouvriers du chantier sont agressés. ».
Interrogé par Bon Pote, Michel Forst, rapporteur spécial de l’ONU sur les défenseurs de l’environnement, est formel : « Les autorités ont l’obligation de protéger les défenseurs de l’environnement. Chaque cas d’agression doit faire l’objet d’une enquête rapide, les responsables doivent être traduits en justice, les victimes doivent obtenir réparation. » Le second volet de cette enquête, à paraître demain, montre que ces obligations ne sont absolument pas respectées par les autorités françaises.
Méthodologie :
Cette enquête se fonde sur :
– Un inventaire exclusif réalisé par France Nature Environnement documentant 61 agressions violentes contre ses membres depuis 2015, dont 26 depuis 2023
– Un inventaire exclusif du Syndicat national de l’environnement (SNE-FSU) recensant 85 événements visant l’Office Français de la Biodiversité depuis 2023 (déboulonnages, incendies, dégradations, arrosages au lisier).
– Des dizaines de témoignages directs recueillis auprès de victimes : Morgan Large, Fabrice Hamon, Pierre Rigaux, Claire Nouvian, Caroline Roose… et des militants et militantes.
– Des cas documentés dans des luttes locales (Zad du Carnet, anti-bassines, A69) dont une partie n’a jamais fait l’objet de plaintes.
Le total représente plus de 200 agressions graves.
3 Responses
Incroyable ! Les bras m’en tombent ! Comment se résoudre à cette réalité …? Quelle en est la cause ? L’impunité se base-t-elle sur le parti-pris de la police contre les militants ? Comment stopper cette violence …?
Sans rapport direct avec l’article, désolé : votre nouvel encart “Un média sans IA générative” m’étonne un peu, étant donné que la plupart de vos articles ont des transcriptions audio générées par IA… (par exemple, https://bonpote.com/municipales-2026-enquete-sur-la-fabrique-dune-opinion-pro-voiture/). Donc à moins que vous ne connaissiez pas la définition d’IA générative, il me semble qu’il y ait une contradiction…
retranscrire le texte à l’oral ne créé rien ? C’est vraiment le plus important pour nous. Nous utilisions ce logiciel pour que les personnes non mal voyantes puissent profiter pleinement de l’article