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L’agriculture est sans aucun doute l’un des sujets les plus complexes à appréhender lorsque que vous plongez dans les sujets climatiques et environnementaux. C’est d’autant plus difficile à comprendre lorsque vous êtes un branleur parisien et que vous pouvez passer 30 ans de votre vie sans vous demander ce qu’il y a dans votre assiette et comment cela a été fait.
Pour y remédier, j’ai lancé une une bouteille d’eau à la mer sur Twitter le 15 décembre. Objectif : avoir un graphique qui résume tous les types d’agriculture. Les réactions ne se sont pas faites attendre : des centaines de commentaires, suivant un schéma très français : on râle, on dit que c’est impossible, puis on se met au travail et on propose !
Comme ‘impossible n’est pas français‘, Stéphane, de la chaîne Terre à Terre a relevé le défi. Après plusieurs semaines de travail et de prise en compte des différents retours, vous retrouverez ci-dessous quatre diagrammes représentant la nature et les implications de différents types de systèmes agricoles. L’objectif est d’avoir un éventail des différentes agricultures en fonction de plusieurs critères :
– préservation des sols
– rentabilité économique
– réduction des émissions de gaz à effet de serre
– limitation des risques liés à l’azote
NB : un immense merci à lui et aux nombreux contributeurs. C’est exactement pour cela que je suis sur les réseaux sociaux : faire appel à l’intelligence collective pour construire, débattre et vulgariser des connaissances.
Comment lire ces diagrammes sur l’agriculture ?
ATTENTION : les diagrammes présentés ont comme unique ambition d’informer le grand public sur la nature et les implications de différents types de systèmes agricoles. La réalité agricole étant bien trop complexe pour être schématisée de la sorte, ces diagrammes ne sont que des simplifications de la réalité, et ne doivent en aucun cas être pris pour une vision exhaustive des différentes pratiques utilisées.
Dans un souci de lisibilité, les pratiques agricoles concernant l’élevage n’ont pas été prises en compte dans ces diagrammes. On considère en effet que la comparaison des pratiques d’élevage avec les pratiques de cultures n’a pas vraiment de sens.
Les différents systèmes considérés
-Agriculture conventionnelle intensive « avec excès » : on considère dans ce champ uniquement les exploitations qui utilisent des fertilisants et des pesticides en excès par rapport à ce qui est nécessaire. On considère également que les exploitations de ce champ n’utilisent aucune autre méthode d’agroécologie. L’appellation « conventionnel » regroupe dans le langage courant tout ce qui n’est pas de l’agriculture biologique, mais le champ considéré dans ce modèle n’inclut pas du tout la totalité des systèmes conventionnels, seulement ceux qui sont les moins vertueux. Dans la France d’aujourd’hui, on peut considérer que le nombre d’exploitations inclues dans ce modèle est limité en raison des normes existantes. On peut cependant considérer qu’à une certaine époque, la majorité des exploitations rentraient dans ce champ.
-Agriculture conventionnelle raisonnée : on considère ici un système qui se contente de comptabiliser les intrants, et ainsi d’en limiter l’utilisation à leur strict nécessaire. En revanche, on considère dans ce système qu’il n’y a pas d’autres méthodes agroécologiques utilisées (dans ce cas, on se réfèrera au système « agriculture intégrée »), ni de limitation particulière du travail du sol (dans ce cas, on se réfèrera au système TCS ou ACS). Il s’agit d’un parti pris pour une meilleure lisibilité afin d’éviter trop de recouvrements des champs, car l’agriculture raisonnée peut en réalité inclure les TCS, l’ACS ou l’agriculture intégrée… Il est probable que la majorité des exploitations françaises d’aujourd’hui rentrent dans cette case.
-TCS (techniques culturales simplifiées) : on considère ici un système agricole qui limite le travail du sol sans le supprimer complètement (dans ce cas, on se réfèrera au système ACS). Ce système est cumulable avec le bio ou l’agriculture intégrée.
-ACS (Agriculture de conservation des sols) : on considère ici un système agricole labellisé (ou labellisable) par le label « au cœur des sols », et qui respecte donc les trois piliers de l’ACS : absence totale de travail du sol, rotations longues des cultures, couvert végétal permanent. Ce système est cumulable avec de la lutte intégrée mais est peu compatible avec l’agriculture biologique : en effet, l’absence de travail du sol implique presque toujours l’utilisation d’herbicides pour endiguer les plantes adventices et pour détruire les couverts, or ces herbicides sont interdits en bio.
-Agriculture intégrée : on considère ici un système qui limite au maximum les intrants grâce à des moyens de biocontrôles et grâce à des outils diagnostics permettant l’intervention de l’agriculteur que lorsque c’est vraiment nécessaire. Ce type de système est compatible avec l’ACS, la TCS, et le bio.
-Agriculture biologique : on considère ici un système agricole labellisé (ou labellisable) par le label « agriculture biologique ». Ce label implique la suppression des intrants de synthèse mais autorise les produits « naturels ». L’agriculture bio peut également utiliser les TCS (malgré des problèmes possibles liés aux adventices) ainsi que la lutte intégrée. En revanche, elle est peu compatible avec l’ACS à cause de l’impossibilité d’utiliser des herbicides. En l’absence totale de travail du sol, il devient ainsi compliqué de gérer les plantes adventices (mauvaises herbes).
-Permaculture : la permaculture n’ayant pas de définition vraiment définie ni de label, on considère ici un système similaire à celui du Bec-Hellouin, où les pesticides et toute forme de mécanisation sont absents. Les pratiques utilisées sont les suivantes : soin des abords, désherbage à la main, utilisation d’outils « rudimentaires », diversité des végétaux utilisés, optimisation de l’espace. Attention cependant, la permaculture n’est actuellement pratiquée qu’en maraichage, et n’est en aucun cas généralisable en raison de la quantité de travail colossale nécessaire par quantité d’aliments produits (cf. figure 3). Ainsi, la comparaison avec les autres systèmes est en réalité compliquée. La permaculture est anecdotique en France et dans le monde et est limitée à quelques micro-fermes ainsi qu’à des pratiques récréatives. Cependant, ce genre de systèmes génère énormément de spéculations et d’espoirs infondés. Pour cette raison j’ai donc fait le choix malgré tout de ne pas ignorer la permaculture dans cette synthèse afin d’en souligner les qualités, mais aussi et surtout pour délimiter clairement quelle en sont les limites.
Le système HVE (Haute Valeur Environnementale) n’est pas indiqué sur les diagrammes. Ce système est particulièrement difficile à intégrer dans de genre de synthèse en raison de 2 options de certification (option A et option B) et du fait de la multiplicité de critères en option A. De plus la certification HVE est cumulable avec beaucoup d’autres pratiques (bio, ACS, TCS, agriculture intégrée…).
Diagramme 1 : préservation des sols
Le sol est le volume situé entre la surface et les roches du sous-sol. Sa texture physique et sa composition sont des paramètres essentiels pour une agriculture productive. Il contient aussi de nombreux êtres vivants de diverses natures. La préservation du sol est ainsi un enjeu majeur pour la durabilité et la productivité d’un agrosystème, mais aussi pour la préservation de la biodiversité.
Le sol peut être endommagé par certaines pratiques agricoles. On considère deux facteurs de risque correspondant aux deux axes :
* L’apport de pesticides, qui peuvent endommager la faune du sol, et donc sa biodiversité. Les herbicides sont ici considérés comme des pesticides.
* Le travail du sol, qui déstructure physiquement le sol (le rendant plus vulnérable à l’érosion ou à l’immersion) et qui endommage la faune du sol, en particulier les « gros » animaux (vers de terre, carabes…).
Il y a bien sûr d’autres critères en rapport avec la biodiversité du sol que ceux-là : zones refuges pour la biodiversité, modes de fertilisation, bandes enherbées, couvert végétaux… Mais le diagramme ne se limitant qu’à deux axes, il fallait faire un choix.
De même, le respect de la biodiversité ne se limite pas à sauvegarder la vie dans le sol. L’agriculture peut impacter défavorablement la biodiversité de différentes manières : utilisation de surfaces initialement dévolues à des écosystèmes naturels plus riches, pollution des milieux aquatiques, impacts sur les insectes volants, impact sur les oiseaux ou sur les mammifères, etc. Ces diagrammes ne prennent pas en compte ces différents impacts à cause de la complexité du sujet et de la redondance possible sur certains points avec le diagramme 1.
-Pour le champ « conventionnel avec excès» : étant donné le postulat de départ, on considère que ce système utilise le labour et ne limite pas ses usages de pesticides.
-Pour le champ « agriculture conventionnelle raisonnée » : on considère ici que ce système limite ses apports en pesticides, mais sans utiliser des outils diagnostics particulier ni des moyens agroécologiques.
-Pour le champ « TCS » (techniques culturales simplifiées) : on considère ici que ce système limite le travail du sol à un travail superficiel, mais sans suppression totale du travail. Le paillage / recouvrement des sols usuellement utilisé en TCS apporte des bienfaits pour la biodiversité, mais ne figure pas dans ce diagramme (juste indiqué comme « atout »).
-Pour le champ « ACS » (Agriculture de conservation des sols) : on considère ici que l’usage de pesticides est limité par la rotation des cultures, qui permet une meilleure résilience du système. En revanche, l’abandon total des pesticides en ACS est noté comme improbable compte tenu de nos pratiques actuelles, car les herbicides sont encore la plupart du temps nécessaires pour la lutte contre les adventices. L’apport du couvert végétal dans la préservation du sol n’est ici pas pris en compte dans le diagramme mais est indiqué comme « atout ».
-Pour le champ « agriculture intégrée » : On considère ici un système utilisant la lutte intégrée pour limiter les pesticides à leur strict minimum. La limitation des pesticides est considérée ici comme plus drastique que le système « agriculture conventionnelle raisonnée », grâce à l’utilisation de moyens de biocontrôle et d’outils de diagnostic permettant l’épandage que lorsque c’est absolument nécessaire. On considère ici que l’agriculture intégrée ne s’affranchit pas complètement de pesticides, mais les utilise de manière plus ou moins rare.
-Pour le champ « agriculture biologique » : on considère ici que l’agriculture biologique est en mesure d’utiliser un travail superficiel du sol (et de cumuler bio et TCS), même si cela peut poser des problèmes de gestion des adventices. En revanche, on considère que le non labour n’est pas possible (ou presque) à cause de l’impossibilité d’utiliser des herbicides. Concernant la quantité des pesticides utilisés, le champ est large car compte tenu des exigences du label (interdiction des produits de synthèse, mais pas de limitation des produits « naturels »), les pratiques peuvent beaucoup varier d’une exploitation à l’autre. Dans certains systèmes, comme par exemple en grande culture, les exploitants peuvent arriver à se passer totalement de pesticides, tandis que dans d’autres (viticulture, par ex.), les pesticides naturels peuvent être utilisés, parfois même en quantité non négligeables.
-Pour le champ « permaculture » : on considère ici que la permaculture n’utilise aucun travail du sol ni aucun pesticide. La qualité du sol et la biodiversité sont donc naturellement élevées dans ce type de système.
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Diagramme 2 : rentabilité économique
La rentabilité économique est un facteur essentiel pour qu’une exploitation puisse persister et se développer. Le but de ce diagramme est de tenter de savoir s’il existe des modèles davantage rémunérateurs pour les agriculteurs.
Pour cela, les différents champs sont représentés sur deux axes :
–L’axe des ordonnées représente la quantité de produits alimentaires obtenus par un agriculteur. Il prend ainsi en compte deux facteurs : le rendement surfacique, à savoir combien l’agriculteur arrive à produire par unité de surface, et la quantité de travail par hectare. Cette quantité de travail par hectare semble être un indicateur pertinent car il permet notamment de pointer les limites d’un système de type permaculture qui nécessite une quantité de main d’œuvre considérable.
Evidemment, la quantité de produits alimentaires varie énormément d’un type de culture à l’autre, donc j’ai choisi une échelle en valeurs relatives avec un « 100 % » qui correspond à la quantité obtenue par un agriculteur conventionnel en système intensif.
–L’axe des abscisses représente la marge financière obtenue par quantité de produits. Celle-ci dépend donc de deux choses : du prix de vente des produits obtenus, ainsi que de l’investissement nécessaire pour les produire (prix du matériel, du carburant, des intrants, etc.). Comme la valeur des produits dépend aussi énormément du type de culture, j’ai encore une fois choisi une échelle en valeurs relatives avec un « 100 % » qui correspond à la médiane de la marge obtenue par un agriculteur conventionnel en système intensif.
Les courbes en pointillés représentent ainsi les niveaux de rémunération pour l’agriculteur, en % de la médiane des agriculteurs conventionnels en système intensif.
-Pour le champ « conventionnel avec excès » : pour l’axe des ordonnées, le champ conventionnel correspond au système de référence donc à 100 %. Concernant la marge financière par quantité de produits, on se basera sur les données concernant le maraichage présent dans ce rapport du sénat : en non bio, on est entre 500 et 9000 euros d’excédents brut d’exploitation par hectare, avec une médiane à 3000 euros par hectare qui correspondra à notre 100 % de l’axe des abscisses.
La base de la fourchette serait alors à 17 % de la médiane en conventionnel (500 / 3000 x 100 = 17 %)
Le plafond de la fourchette serait alors à 300 % de la médiane en conventionnel (9000 / 3000 x 100 = 300 %)
-Pour le champ « agriculture raisonnée » : on considèrera que la diminution limitée des pesticides et l’absence de mesures agroécologiques supplémentaires présupposées dans ce système n’impacteront que très légèrement le rendement.
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on considérera un coût des intrants en conventionnel correspondant à environ 40 % du chiffre d’affaires. Je n’ai pas de véritables sources sur le sujet, mais en bonne approximation, les économies pourraient permettre d’améliorer le prix de revient de 5 à 10 %… Pour améliorer la visibilité du diagramme, le titre « agriculture raisonnée » sera fusionné avec celui « agriculture conventionnelle avec excès ».
-Pour le champ « agriculture biologique » :
Sur biolineraires, il y est indiqué qu’en bio le nombre UTA (unité de travail annuel = travail d’une personne travaillant à temps plein pendant une année) par exploitation est de 2.4 contre 1.5 pour le conventionnel. A prendre avec des pincettes car ces chiffres ne distinguent pas élevage et culture.
De plus, dans cet article, il est indiqué que le bio en grande culture nécessite 30 à 40% de temps de travail en plus. En bonne approximation, il semblerait donc que le bio nécessite davantage de travail par hectare que le conventionnel. On estimera donc qu’un agriculteur bio ne peut prendre en charge en moyenne que 2/3 de la surface qui aurait été pris en charge par un agriculteur en conventionnel.
De plus, l’agriculture biologique souffre à priori d’un déficit de rendement par rapport au conventionnel de 8 à 25%. La quantité de denrées alimentaires produites par agriculteur serait donc environ 50 à 60% de la quantité produite par un agriculteur conventionnel.
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on se basera sur les données concernant le maraichage présent dans ce rapport du sénat (http://www.senat.fr/rap/r19-277/r19-277_mono.html) : en bio, on est entre 2000 et 8000 euros d’excédents brut d’exploitation par hectare, avec une médiane à 4000 euros par hectare. Mais le bio produit entre 8 et 25% de produits de moins par hectare que le conventionnel.
La base de la fourchette serait alors à 72 % de la médiane en conventionnel (2000 / 92 x 100 = 2173 ; 2173 / 3000 x 100 = 72 %)
Le plafond de la fourchette serait alors à 355 % de la médiane en conventionnel (8000 / 75 x 100 = 10 667 ; 10 667 / 3000 x 100 = 355 %)
-Pour le champ « permaculture » :
D’après le rapport de l’INRA sur l’exploitation du Bec-Hellouin (qui nous sert à définir ce système), la surface exploitée est de 1000 m² soit 0.1ha. En moyenne il a fallu 1700 heures annuelles pour s’occuper de cette surface. Soit, en considérant des semaines de 45 heures et 4 semaines de vacances annuelles : environ 0.8 UTA. 1 UTA correspondrait donc à environ 0.125ha par UTA. Cela paraît très faible par rapport aux 67 ha/UTA calculés en conventionnel. Cependant il faut comparer ce qui est comparable : à savoir ce système en permaculture par rapport à un système conventionnel en maraichage. Pour cela, on peut trouver ici des ressources intéressantes sur les temps de travail et les surface en maraichage. On y trouve pour le maraichage, 28 700 UTA pour une surface légumière de 29 540 ha. Ce qui ferait donc environ 1 ha par UTA, soit 10 fois plus qu’en permaculture.
Concernant les rendements, il semblerait que ceux-ci soient approximativement identiques ou légèrement inférieurs à ceux d’un système intensif. On estimera donc qu’un système en permaculture de type Bec-Hellouin produit moins de 10% par agriculteur que ce que produit un système conventionnel intensif.
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on se basera sur le rapport de l’INRA sur la ferme du Bec-Hellouin. Le revenu annuel net par agriculteur était compris entre 10 779 euros et 18 849 euros sur une surface de 0.125 ha, pour un rendement surfacique à peu près similaire.
La base de la fourchette serait alors à 2874 % de la médiane en conventionnel (10 779 / 0.125 = 86 232 ; 86 232 /3000 x 100 = 2874 %)
Le plafond de la fourchette serait alors à 5026 % de la médiane en conventionnel (18 849 / 0.125 = 150792 ; 150792 / 3000 x 100 = 5026 %)
Ces % semblent énormes, sûrement par le fait que les produits sont à la fois très valorisés à l’achat, et aussi grâce à l’absence d’investissement dans la mécanisation / carburant / intrants. De même, la surface considérée par l’INRA était vraiment le cœur le plus productif de la ferme, on peut penser que les rendements surfaciques pouvaient être supérieurs sur cette aire…
-Pour le champ « agriculture intégrée » : pour la quantité produite par agriculteur, on considère la même fourchette inférieure que l’agriculture biologique qu’elle englobe. En revanche, on considère ici qu’une exploitation en agriculture intégrée qui utilise des pesticides, mais en limitant leur épandage au maximum, peut limiter sa perte de rendement à 10% (https://fr.wikipedia.org/wiki/Agriculture_int%C3%A9gr%C3%A9e)
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on considérera un coût des intrants en conventionnel correspondant à environ 40 % du chiffre d’affaires. Je n’ai pas de véritables sources sur le sujet pour le moment, mais en bonne approximation, les économies pourraient permettre d’améliorer le bénéfice par quantité de produits de 10 à 20 %…
-Pour le champ « TCS » : il semblerait que la baisse de rendement par rapport à un système en labour soit seulement de 10% environ. De plus, les TCS permettent une diminution du temps de travail des agriculteurs par la diminution du travail du sol. On estimera donc ici qu’un système en TCS produit entre 90 et 100% par agriculteur de ce que produit un système conventionnel intensif.
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on considère une économie d’environ 150 euros par ha et par an grâce aux économies de carburant. On considère par ailleurs que les produits se vendent au même prix que le conventionnel.
La base de la fourchette serait alors à 22 % de la médiane en conventionnel ((500 + 150) / 3000 x 100 = 27 %)
Le plafond de la fourchette serait alors à 305 % de la médiane en conventionnel ((9000 + 150) / 3000 x 100 = 305 %)
-Pour le champ « ACS » : il semblerait que la baisse de rendement par rapport à un système en labour soit entre 10 et 20 % environ. On estimera donc ici qu’un système en ACS produit entre 80 et 90% par agriculteur de ce que produit un système conventionnel intensif.
Concernant la marge financière par quantité de produit (axe des abscisses), on considère une économie d’environ 325 euros par ha et par an grâce aux économies de carburant (https://agriculture-de-conservation.com/Consommation-gas-oil.html). On considère par ailleurs que les produits se vendent au même prix que le conventionnel.
La base de la fourchette serait alors à 27 % de la médiane en conventionnel ((500 + 325) / 3000 x 100 = 27 %)
Le plafond de la fourchette serait alors à 310 % de la médiane en conventionnel ((9000 + 325) / 3000 x 100 = 310 %)
Diagramme 3 : émissions de GES
(Source des statistiques liées aux GES dans l’agriculture)
L’agriculture est responsable de l’émission d’environ 20% des gaz à effet de serre en France. La modification des pratiques agricoles peut cependant aboutir à une atténuation de cet impact écologique. Les GES produits par le secteur agricole sont originaux car il s’agit en grande majorité d’autres gaz que le CO2, en l’occurrence le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O). Le CO2 représente ainsi seulement 13% des émissions agricoles, le CH4 45% (même s’il faut relativiser au vu de son temps de résidence assez court dans l’atmosphère), et le N2O 42%.
Les pouvoirs réchauffant du CH4 et du N2O sont respectivement 23 fois et 300 fois plus importants que celui du CO2 à quantité égale. Nous ne nous intéresserons ici qu’aux cultures, dans lesquelles la grande majorité des émissions de GES sont du N2O, en général lié à la fertilisation azotée. Les quelques % restants sont des émissions de CO2 dues en général au fonctionnement de machines agricoles liées à la mécanisation.
Mais d’un autre côté, l’agriculture a le pouvoir de limiter l’effet du réchauffement climatique par sa capacité à stocker du carbone dans les sols. Certaines pratiques permettent d’optimiser ce stockage et ainsi de compenser partiellement les émissions.
Le diagramme ne comportant que deux axes, il fallait faire un choix. J’ai choisi de mettre en ordonnée les limitations des émissions de GES permises par les différentes pratiques, et en abscisse le stockage de carbone dans les sols.
*Axe des ordonnées : limitation des GES.
-Unité : sur cet axe, la limitation des émissions est exprimée en kg CO2eq / U / an. « kg CO2eq » signifie « kilogramme équivalent CO2 ». Un « kg CO2eq » correspond donc à la quantité de GES ayant le pouvoir réchauffant d’un kg de CO2. « U » signifie ici « unité de production ». On considère qu’il s’agit de la quantité de denrées produites par un hectare dans un système intensif. J’ai fait le choix de cette unité pour tenter de prendre en compte l’effet du rendement sur les émissions de GES. Une culture avec un rendement faible produit moins par unité de surface, donc nécessite davantage de surface pour produire la même quantité de denrées, donc émet davantage de GES.
-Source utilisée : pour la position sur l’axe des ordonnées, nous utilisons le rapport suivant. Ce rapport semble un peu ancien mais complet et propose un grand nombre de pistes pour limiter les émissions en système cultural.
-Prise en compte ou non des différentes pistes d’atténuation : certaines pistes ne sont pas prises en compte dans les diagrammes car elles ne sont applicables que sur des assiettes trop limitées. C’est le cas par exemple de l’amélioration de l’efficacité de l’azote, des cultures intercalaires (cette piste ne s’applique que pour la vigne et les vergers), et des bandes enherbées (uniquement en bordure de cours d’eau).
La valorisation de la matière organique n’est pas non plus prise en compte car cette piste n’est envisagée que sur une échelle « globale », c’est-à-dire sur l’ensemble du pays. Elle ne dépendra par conséquent pas des pratiques agricoles locales.
Nous utilisons donc ici les axes d’atténuation suivants : réduire la dose d’engrais azotés, ce qui permet ainsi d’éviter les émissions de N2O dans l’atmosphère. Utiliser des légumineuses, ce qui permet de fertiliser le champ sans épandage d’engrais, et donc d’éviter les émissions de N2O. Utilisation du semis direct, qui permet d’économiser du carburant, mais qui présente aussi un risque d’émissions supplémentaires de N2O. Utilisation de techniques culturales simplifiées, qui permettent d’économiser du carburant.
Concernant l’utilisation de légumineuses, il est bien précisé que la fréquence des légumineuses dans la rotation n’est que d’un an sur 6. C’est la raison pour laquelle le gain potentiel de cette technique a été divisé par 6. Chaque système est associé à un % d’utilisation de la piste d’atténuation, ce qui nous permet de calculer des fourchettes d’atténuation pour chaque piste et pour chaque système.
-Impact des rendements sur les émissions :
Concernant l’impact des rendements, en considérant une moyenne de 2tCO2eq/ha (total de 34 MtCO2eq associé aux cultures, divisé par 18.4 Mha, soit le total des terres arables en France), on peut calculer une « pénalité » pour chaque système par un simple produit en croix.
Pour savoir où se positionne chaque système sur l’axe des ordonnées de ce diagramme, il suffit donc d’additionner toutes les fourchettes et d’y soustraire la pénalité liée aux rendements.
*Axe des abscisses : stockage du carbone.
-Unité : sur l’axe des abscisses, le stockage de carbone dans le sol est exprimé en kg CO2 / ha / an. Attention cependant, le stockage du carbone n’est pas illimité puisqu’un équilibre sera atteint au bout d’un certain temps. Les flux indiqués sur ce diagramme sont donc temporaires le temps d’atteindre cet équilibre.
-Source utilisée : concernant le stockage du carbone, nous utilisons le rapport suivant. Ce rapport est plus récent et les fourchettes sont moins larges que dans le rapport utilisé pour l’axe des ordonnées. Dans une optique de vulgarisation, il semble donc plus adapté, c’est la raison pour laquelle nous privilégions cette source par rapport à l’autre.
-Différentes pistes de stockage :
4 pistes de stockage sont prises en compte dans les diagrammes : les haies et l’agroforesterie, qui présentent un gros potentiel de stockage mais qui ne sont imposées dans aucun des systèmes culturaux actuels. Le semis direct, qui est utilisé en ACS uniquement et dont l’impact est limité (augmentation du stockage dans les horizons superficiels, mais diminution en profondeur). La mise en place de couverts végétaux, qui est imposée dans l’ACS mais qui peut aussi être utilisée ailleurs. La somme des stockages potentiels de chaque piste définit la position dans le diagramme de chaque système.
*Différents systèmes considérés :
-Pour le champ « conventionnel avec excès »: encore une fois, ce système nous sert de système de référence et définit les origines de nos deux axes. On considère que ce système n’utilise aucune des pistes pour l’atténuation ou le stockage. Ce système bénéficie en revanche d’un fort rendement (100%).
-Pour le champ « agriculture raisonnée » : on considère que ce type d’agriculture permet uniquement l’utilisation de la piste « réduire la dose d’engrais azoté » de 40 à 70% (pourcentages arbitraires…). On considère que ce système peut utiliser des couverts végétaux ainsi que de l’agroforesterie ou des haies, et que ce système bénéficie d’un rendement maximal de 100%.
-Pour le champ « agriculture intégrée » : on considère que ce type d’agriculture permet l’utilisation de la piste « réduire la dose d’engrais azoté » de 70 à 100% (pourcentages arbitraires…). On considère donc que l’agriculture intégrée est plus efficace pour la réduction d’engrais azotés que l’agriculture raisonnée. Il est également considéré que ce système peut utiliser des TCS ou du semis direct, des couverts végétaux ainsi que de l’agroforesterie ou des haies. Mais rien n’est imposé.
L’agriculture intégrée est pénalisée par un rendement un peu plus faible (défini à 90%).
-Pour le champ « agriculture biologique » : on considère que ce type d’agriculture permet l’utilisation de la piste « réduire la dose d’engrais azoté » de 40 à 100% (pourcentages arbitraires…). On considère donc que l’agriculture biologique utilise globalement moins d’engrais azotés mais avec une forte disparité entre les exploitations.
On considère que ce système peut utiliser des TCS, des couverts végétaux ainsi que de l’agroforesterie ou des haies. Mais rien n’est imposé.
L’agriculture biologique est pénalisée par un rendement plus faible (défini à 80%).
-Pour le champ « ACS » : on considère que ce type d’agriculture permet l’utilisation de la piste « réduire la dose d’engrais azoté » de 40 à 100% (pourcentages arbitraires…), car on considère que les couverts végétaux permettent de limiter la quantité d’azote à apporter. L’ACS impose aussi le semis direct, ainsi que les couverts végétaux (notés donc à 100%). L’ACS, part ses couverts végétaux, favorise l’utilisation de légumineuses en intercultures (50% à 100%, pourcentages arbitraires). On considère que ce système peut utiliser de l’agroforesterie ou des haies, mais rien n’est imposé.
L’ACS est pénalisée par un rendement plus faible (défini à 85%).
-Pour le champ « TCS » : ce type d’agriculture impose les techniques culturales simplifiées (à 100% donc). On considère que ce système peut limiter sa dose d’azote et peut utiliser des légumineuses. Il peut aussi utiliser des couverts végétaux ainsi que de l’agroforesterie ou des haies. Mais rien n’est imposé.
Le système « TCS » bénéficie d’un bon rendement (estimé à 95%).
-Pour le champ « permaculture » :
La permaculture, de part l’absence de mécanisation, bénéficie d’un bonus en termes de GES estimé à 120 kg / ha. Ce chiffre correspond à 6% de 2t, 6% étant la proportion de GES dévolue à la mécanisation en culture. On considère que la permaculture utilise le semis direct (car pas de travail du sol), et des couverts végétaux. On considère aussi que ce système utilise l’agroforesterie et la mise en place de haie. On suppose enfin que la permaculture utilise des légumineuses (au moins 50%).
On considère que la permaculture peut limiter la quantité d’engrais azoté mais que ce n’est pas forcément le cas. D’ailleurs au Bec-Hellouin, la quantité d’engrais azoté épandue (d’origine naturelle certes) est considérable dans les couches chaudes ou les buttes.
Diagramme 4 : Risques liés à l’azote
Les engrais azotés naturels ou de synthèse peuvent être lessivés et ainsi s’infiltrer dans les sols. Les molécules azotées peuvent ensuite occasionner des risques écologiques, voire sanitaires. Le risque principal étant l’eutrophisation de certains milieux aquatiques par prolifération d’algues vertes, ce qui entraîne une destruction de la biodiversité locale.
On considère ici deux axes de limitation de ces risques. Chaque axe présente ici 4 graduations arbitraires (de 0 à 3 « points »).
–En abscisse, on indique la quantité d’engrais azoté épandu. On considère plusieurs moyens de limiter cette quantité :
*Limiter les surplus d’engrais en calculant précisément la quantité juste nécessaire.
*Limitation grâce aux couverts végétaux qui permettent l’absorption de l’azote épandu et son relargage progressif lors de la destruction du couvert.
*Limitation grâce à l’intégration de légumineuses dans les rotations et dans les couverts.
–En ordonnée, on indique la vitesse de diffusion des molécules azotées dans le sol. On considère ici deux principaux moyens de ralentir le lessivage de l’azote (source intéressante) :
*La structure du sol joue à priori un rôle important : plus le sol est déstructuré par un travail du sol plus ou moins intensif, plus les ions azotés ont tendance à pénétrer rapidement, et donc à poser des problèmes ailleurs. On considère ici trois niveaux de structuration : sol labouré (0 point), sol travaillé superficiellement (1 point), et absence totale de travail (2 points).
*La nature du fertilisant joue aussi : il semble que l’utilisation de fertilisants organiques limite la diffusion de l’engrais dans les sols (1 point) car les ions azotés seront relargués dans le sol de manière plus progressive. L’utilisation de retardateurs ou l’augmentation de la fréquence des épandages (associés à des doses inférieures) jouent également dans la diffusion, mais ces facteurs sont difficiles à prendre en compte dans le diagramme car ce genre de pratiques n’est pas à ma connaissance vraiment associée à un type d’agriculture en particulier.
-Pour le champ conventionnel classique : ne considérant dans ce modèle aucun effort agroécologique, on ne considère aucune limitation particulière de la quantité ni de la diffusion de l’azote sans le sol.
-Pour le champ TCS : pour ce modèle, on considère une quantité d’engrais qui peut varier du minimum au maximum car la TCS n’implique aucune contrainte sur ce paramètre. Pour la diffusion, on considère qu’elle varie de 1 point à 2 points suivant la nature des fertilisants utilisés. Un point étant acquis par la mise en place d’un travail réduit.
-Pour le champ ACS : pour ce modèle, on considère que l’obligation de couverts végétaux limite la quantité d’engrais à utiliser (notamment en cas d’utilisation de légumineuses). On considère donc de façon un peu arbitraire un champ situé entre 1 et 3 points. Pour la diffusion, on considère qu’elle varie de 2 points à 3 points suivant la nature des fertilisants utilisés. Deux points étant acquis par l’absence de travail du sol.
-Pour le champ agriculture biologique : pour ce modèle, on considère que l’obligation d’utiliser des engrais naturels impose une limite aux agriculteurs de la quantité de fertilisants utilisés. On considère donc de façon un peu arbitraire un champ situé entre 1 et 3 points. Pour la diffusion, on considère qu’elle varie de 1 point à 2 points suivant la nature du travail du sol (labour ou TCS). Un point étant acquis par la nature organique des fertilisants utilisés.
-Pour le champ permaculture : pour ce modèle, on considère qu’on est à 3 points sur l’axe des ordonnées car l’absence de travail du sol et l’utilisation de fertilisant organique donne trois points.
En revanche pour la quantité de fertilisants utilisés, la permaculture telle qu’elle est utilisée au Bec Hellouin utilise de grosses quantités de fertilisants organiques (mulch et fumier) pour la mise en place des buttes ou des « couches chaudes ». Il y est utilisé entre 17 et 62 kg de fumier par m² et par an, soit entre 170 et 620 t/ha/an, ce qui est colossal et même illégal (limite légale pour le fumier de cheval : 20 t/ha/an).
-Pour le champ agriculture intégrée : pour ce modèle, on considère une quantité d’engrais fortement limitée par les techniques utilisées. On place donc arbitrairement le curseur entre 2 et 3 points. Pour la diffusion, à ma connaissance l’agriculture intégrée n’impose aucune limite dans le travail du sol ni dans la nature des fertilisants utilisés. On place donc ce champ entre 0 et 3 points.
-Pour le champ agriculture raisonnée : on considère pour ce modèle une limitation des fertilisants épandus, mais une absence de couvert végétal. Le champ se trouve donc à 1 sur l’axe des abscisses. On considère pour ce modèle une absence de TCS et l’utilisation de fertilisants de synthèse, donc le champ se trouve sur 0 en termes de diffusion des ions azotés.
Le mot de la fin
Rappelons en conclusion une chose : les diagrammes présentés ont comme unique ambition d’informer le grand public sur la nature et les implications de différents types de systèmes agricoles. La réalité agricole étant bien trop complexe pour être schématisée de la sorte, ces diagrammes ne sont que des simplifications de la réalité, et ne doivent en aucun cas être pris pour une vision exhaustive des différentes pratiques utilisées.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas en agriculture. Les conditions climatiques non plus. Ce qui est certain (et qui doit être le cas chaque année), c’est que nous devrions passer un peu moins de temps sur Netflix et plus de temps à comprendre ce qui se trouve dans nos assiettes.
30 Responses
Bonjour,
Visite aujourd’hui dans un magasin bio… 1 kg de miel “Terre de Miel” – protégeons nos abeilles” Avec un beau renvoi : Les abeilles sont gardiennes de la biodiversité… Miel bio de fleurs, issu de l’agriculture biologique, mis en pot par la miellerie des pyrénées, avec des apiculteurs depuis 1920 ! … Bon, ça donne vraiment envie… Et puis, en regardant de plus près, le miel a pour origines : Bulgarie, Brésil, Mexique et Roumanie. Après quelques échanges avec les employés : si c’est écrit certifié label AB, c’est que c’est bien du bio, le fait que les miels viennent du Mexique, du Brésil par avion ne pose aucun souci. “Mais monsieur, vous confondez label BIO et écologie et climat”… En poussant un peu plus loin, j’ai appris que des tomates hollandaises, cultivées hors sol, provenant de serres chauffées et enrichies en CO2, peuvent être certifiées bio… Du coup, je suis retourné chez les apiculteurs du coin…
Les modèles décrits ici s’appliquent selon moi aux grands cultures (maïs, blé, colza, pomme de terre, betteraves, tournesol…) et non au maraîchage. C’est pourquoi, je trouve cela très réducteur de mentionner la « permaculture » en disant que seuls des « maraîchers s’en réclament », sans parler par ailleurs des autres modèles maraîchers par exemple le Maraîchage Sol Vivant. Je vous rejoins sur le fait que la permaculture « n’a pas une définition précise ». Enfin, en réalité elle a une mais ce n’est pas un modèle agricole plutôt une philosophie de pensée applicable à de nombreux domaines.
Je suggèrerais donc :
1) d’enlever le terme « permaculture » de ces cartographies car encore une fois c’est assez enfermant pour nous autres maraîchers, d’autant plus que vous affichez un certain scepticisme que je peux comprendre
2) de créer le même type de cartographie mais sur le maraîchage en incluant des modèles du type : Maraîchage Sol Vivant (modèle ferme des Cagnolles), maraîchage bio intensif (modèle Jean Martin Fortier), permaculture ? (Modèle Bec Hellouin), maraîchage « conventionnel », maraîchage bio « conventionnel »… à creuser bien évidemment ! Sachant que la encore des clés de lecture selon moi sont : le travail ou non du sol (motoculture et binage versus bâchage et non travail), le travail hors sol versus pleine terre (d’ailleurs faudrait-il peut-être séparer maraîchage de plein champs et sous serre), la gestion de l’enherbement qui rejoint ceci dit la notion de travail ou non du sol selon moi, la fertilisation du sol (utilisation d’engrais « naturel » en billes par exemple versus apports de matières carbonées), le type de semences utilisée (F1 versus population), monoculture sur grande surface versus densification sur petite surface, la polenisation (naturelle versus bourdon importé versus la main)… là encore à creuse largement.
En tout cas bravo pour ce beau travail d’analyse !
Et j’espère du coup lire prochainement des cartographies du maraîchage et me joindre avant cela à des débats faisant largement appel à l’intelligence collective pour reprendre vos termes !
Dans l’attente d’une réponse qui me ravirait je vous souhaite bon vent (ou plutôt bonne pluie par les temps qui court !)
Bonjour,
Merci pour ces infographies et toutes les explications des hypothèses ; c’est intéressant (disons que ça a à la fois la force et les faiblesses des « calculs de coin de table »).
En voyant les quatre sujets traités, je trouve qu’un cinquième manque vraiment, à savoir la soutenabilité/durabilité du modèle de production. Il faudrait réfléchir à la manière de le quantifier, par exemple je mettrais bien un axe « dépendance à des ressources non-renouvelables », par exemple pétrole, gaz (utilisé pour la production d’engrais de synthèse), engrais phosphatés (ressource minière en voie de raréfaction), en trouvant une notation pour fondre tous ces paramètres dans un seul indicateur (je vous laisse faire, vous êtes plus doué que moi pour ça je pense). Et sur l’autre axe, « dégradation ou régénération des ressources renouvelables sensibles » qui prendrait en compte les impacts sur la biodiversité, le cycle de l’eau, et les sols. Bien sûr ça serait partiellement redondant avec certains paramètres déjà étudiés (les sols, ou encore les émissions de GES où le pétrole intervient) mais pour moi c’est indispensable de faire figurer une analyse de ce genre pour comparer les différents modèles, puisqu’un modèle non soutenable à moyen ou long terme ne peut pas être considéré comme une proposition crédible (sauf à titre transitoire éventuellement). (Ces axes que je propose ne sont qu’un premier jet, pouvant certainement être amélioré, avis aux amateurs)
Je rebondis également sur la « permaculture » (ou mieux nommée « maraichage permaculturel bio-intensif »), je suis un peu chiffonné de la voir éliminée d’office sur deux arguments qui me semblent assez inoffensifs :
D’abord, la quantité de travail par personne. Certes elle est grande, mais
– cela permet tout de même à une personne de gagner sa vie dignement, avec un faible investissement de départ, et sans subventions (pas toujours le cas en conventionnel d’ailleurs),
– a priori les coûts des intrants (pétrole, engrais nécessitant des ressources fossiles…) ne vont qu’augmenter sur le long terme, donc l’écart de rentabilité va sans doute se creuser en faveur de ce type de pratique
– un certain nombre de personnes (moi en tout cas) préfèrent avoir un travail exigeant et physique mais gratifiant (cadre de travail, conviction de travailler à quelque chose de bon et utile, etc) qu’un « bullshit job » bien payé à rester assis sur une chaise dans un bureau climatisé
– avec 7,3% (chiffre INSEE début 2022) de demandeurs d’emploi en France aujourd’hui, plus un certain nombre qui font des métiers non soutenables ou à l’utilité sociale discutable et qui devront se reconvertir tôt ou tard, je ne considère pas que la main d’œuvre soit limitante aujourd’hui. Il faut « simplement » (bien sûr, c’est complexe) mettre en place le bon cadre pour permettre aux personnes souhaitant ou devant se reconvertir de se lancer dans ce domaine (formation, soutien financier, partage d’expériences, valorisation économique et sociale, etc)
En réalité, plutôt que la quantité de travail par personne, le paramètre le plus intéressant est de savoir :
– combien on produit par unité de surface (pour savoir si un modèle peut être généralisé et permettre de nourrir tout le monde, en France + excédents éventuels pour les pays mis en difficulté par les problèmes climatiques), donc le rendement (par hectare) plutôt que la productivité (par agriculteur)
– combien un agriculteur peut-il nourrir de personnes (en moyenne, tout compris) ? On a réduit à presque rien la part d’agriculteurs dans la population française (1,5% alors qu’on avait encore 7% en 1980 !) mais elle pourrait augmenter de nouveau. Si l’on acceptait de revenir ne serait-ce qu’au niveau de 1980, il suffirait qu’un agriculteur nourrisse environ 15 personnes, ce qui est plus que faisable avec des méthodes inspirées de la permaculture/maraichage bio-intensif/écoculture etc.
Le second argument pour éliminer la « permaculture » est la quantité d’engrais azotés répandus. Tout d’abord, dans le cas de la ferme du Bec, elle n’est pas illégale comme dit dans l’article, puisque la réglementation en vigueur porte sur l’ensemble de la surface de la ferme, or le chiffre très fort annoncé ici ne concerne que le cœur intensif, le ratio total est dans les normes. Cela dit, la question reste pertinente indépendamment de la légalité ou non du fait.
Cela n’a pas de sens à mon avis de parler d’engrais azotés en tant que tels, ni même de faire une différence entre artificiels/organiques ; en revanche, il est primordial de savoir la forme biochimique sous laquelle cet azote est apporté (c’est légèrement esquissé dans l’article, mais malheureusement non pris en compte). Le problème des engrais classiques est qu’il s’agit d’engrais solubles, où l’azote est apporté sous forme d’ions directement assimilables par les plantes mais très facilement lixiviable (lessivable). En l’occurrence, l’azote de ces engrais est emporté par les pluies (surtout s’il est épandu en trop grand quantité ou à la mauvaise saison) et arrive dans les cours d’eau ou les nappes (c’est la tristement célèbre pollution aux nitrates, qui ne sont autres que de l’azote sous forme ionique donc très soluble). Le même problème existe pour certains engrais « naturels » ou « organiques », par exemple les boues de stations d’épuration ou lisiers d’élevage, où la matière organique a subi un processus de dégradation et où l’azote est présent sous forme ionique. En revanche, dans le compost par exemple, ou dans le fumier qui subit un compostage en place, cet azote est pris dans des macromolécules organiques qui le fixent et le stabilisent, et empêche la lixivation. L’azote est rendu disponible plus lentement au fur et à mesure des besoins des plantes. Il n’y a dans ce cas pas de risque (ou très peu) de pollution par les nitrates.
D’ailleurs, pour revenir sur le cas de la ferme du Bec, une partie du cœur intensif de la ferme est un ensemble de buttes de culture sur un ilot au milieu d’une petite mare. S’il y avait lessivage des nitrates, la mare en serait la première affectée, or des mesures ont montré que ce n’était pas le cas, et par ailleurs le retour d’espèce bioindicatrices (truites, écrevisses à pattes blanches, très sensibles à la pollution) montre que le risque est maitrisé.
Bref, pour conclure, je trouve que l’article (intéressant par ailleurs) ne rend pas justice à une système très prometteur, qu’il élimine sur des arguments à mon avis insuffisants. Je précise que je ne considère par que la ferme du Bec soit un modèle absolu, parfait et inattaquable, à copier-coller partout sans réfléchir (ce que ne prônent pas non plus ses concepteurs d’ailleurs), mais je crois qu’ils y ont développé de façon brillante un modèle intéressant, parmi d’autre existants ou encore à inventer, et qu’il serait dommage de s’en priver.
Pour ceux que cela intéresse d’ailleurs, ils avaient fait une vidéo pour présenter de façon synthétique et très « macro » une proposition de réflexion sur l’agriculture post-pétrole, de façon plus large que leur seule ferme maraichère : https://youtu.be/VjQUh5-CnZk (c’est bien sûr plus une « vision » qu’une démonstration chiffrée et détaillée, mais je la trouve très intéressante)
Bonjour
Je salue votre boulot, mais je reste un peu sur ma faim.
Je venais ici pour trouver des arguments pour sensibiliser des responsables agricoles à tenir compte du climat et de la biodiversité dans leurs réflexions, et donc dans leurs analyses et propositions.
D’abord, ça pique un peu de voir appeler l’agriculture conventionnelle standard, “raisonnée”. Elle même ne se définit d’ailleurs pas comme ça, puisque c’est bien plutôt HVE qui est la suite de la démarche Agriculture Raisonnée ©.
En effet, je ne connais personne qui gaspille consciemment des intrants, donc je peine à voir la réalité de l’agriculture “avec excès”. Par contre, appeler l’agriculture standard “raisonnée” ne se justifie que si on se place du point de vue de l’agriculteur. C’est à dire qu’il raisonne d’abord du point de vue économique, mais dans le cadre de la conditionnalité, qui limite les “mauvaises” pratiques.
Mais ce n’est pas “raisonné” du point de vue de l’impact de ses pratiques sur son environnement (nitrates, biodiversité, particules fines, N2O, CH4, monoculture, …). Je parle de la majorité des agriculteurs, ceux qui sont engagés dans des Maec sont très minoritaires.
Or, une présentation de l’agriculture sur ce site se devrait de se situer du point de vue de la société, disons.
En ce sens, l’agriculture raisonnée est bien HVE, car il y a une limitation contrôlée de ces pratiques standard, essentiellement à travers le maintien d’IAE.
Tout en restant dans une logique de prix bas à la production.
Ce qui m’amène à la plus grosse critique que je vous ferais : l’absence de la biodiversité dans les thèmes choisis.
Pour une raison simple, qui n’aurait pas due échapper à Bon Pote : l’effondrement de la biodiversité est au même niveau de mise en danger de notre mode de vie que le dérèglement climatique. Ces enjeux dépassent à mon sens tous les autres, aussi parce leur résolution traite aussi érosion et nitrates, et que le revenu ne peut se faire au détriment des générations futures.
La responsabilité des pratiques agricoles dans l’effondrement des populations d’insectes et d’oiseaux est bien documentée, même si l’agriculture n’est bien évidemment pas la seule responsable de cet effondrement du vivant en général.
Si un jour vous avez le temps, pour ce site, ce serait bien de faire un autre article qui expose les constats, puis les pratiques à mettre en place, puis les politiques à mettre en œuvre pour que ces pratiques soient économiquement rentables.
Cela me semble le bon ordre pour avoir une agriculture qui réponde aux besoins de l’heure.
Cordialement
Très bel article et les infos sont claires à souhait.
Je ne suis pas un expert, je me suis beaucoup intéressé au sujet et me suis formé.
Ne pas avoir intégré la Perma me semble très juste, puisque ce n’est pas une technique agricole mais le moyen de concevoir un système résiliant et humainement optimisé pour ne pas épuiser, qui ? l’humain… Puis son milieu, pour qu’il le supporte longtemps.
La ferme du Bec Hélouin à induit une distorsion importante sur ces notions et dans la médiatisation de la permaculture. Sans l’avouer clairement, ils ont produit une étude complémentaire au paradigme de “un hectare, un smic”, fer de lance de leur communication, qui est venue mettre un bémol sur ce rendement : Le ratio, entrants carbonés/production sortante (il faut du carbone à l’entrée pour fabriquer des légumes en carbone à la sortie, Lapalisse !) est de 1 pour 5. Il faut donc 5 hectares sur lesquels collecter du carbone pour nourrir l’hectare qui produit. A partir de là il n’est plus possible d’imaginer qu’un seul homme puisse pourvoir à la main d’œuvre nécessaire pour faire transiter tout ce carbone d’un site sur l’autre… Ne serait-ce que ça. Ainsi tout leur déclaratif à pu être mis en doute, c’est dommage. Depuis la ferme est fermée au public et ne fait que former des maraîchers, aux dernières nouvelles en éliminant totalement le slogan “1H=1S”.
En contre-point de cet exemple devenu pas si exemplaire que ça, il existe des démonstrations de faisabilité. Je retiens surtout le travail des Australiens “The Regrarians” de Darren J. Doherty où le principe de la perma est mis en œuvre à grande échelle. Je suis certain que tout le travail que vous avez produit ici le captiverait ! Je vous invite à consulter leur plateforme, mais c’est en anglais http://www.regrarians.org/about/the-regrarians-platform/
“il faut du carbone à l’entrée pour fabriquer des légumes en carbone à la sortie, Lapalisse !”
Euh …non. Ou alors il faudrait apprendre à Lapalisse les rudiments de la photosynthèse.
6CO2+ 12H2O +énergie lumineuse et système vivant => C6H12O6 (glucose) + 6O2 + 6H2O .
Pour chaque tonne anhydride de bois élaboré par l’arbre, 1.815 t de CO2 gazeux est soustrait à l’atmosphère (source: Les arbres entre visible et invisible – Babel)
Tout a fait d’accord, c’était une image pour faire court. Dès fois faut faire simple : ce qui sort doit être compensé. Vous dépenser de l’énergie en courant, vous mangez après, la terre fait pareil quelque soit la procédure mise en œuvre.
J’aurais donc du être vraiment simple et ne pas parler de carbone. Mon idée était de ne pas parler d’entrants artificiels. Du coup je fais attention a ne même pas dire chimique sinon je pense que je vais chiffonner quelqu’un, LOL.
Pour être précis et pratique les 5 hectares servent à produire des pailles couchées en strates intercalant tous les déchets de production du maraîchage, hors “mauvaises herbes” sauf si leurs graines ne sont pas à maturité. 3 ans dégradées, trois fois retournées puis ramenées en terre… Le sujet étant la quantité de manipulations pour nourrir l’hectare qui produit.
J’ai encore dit des bêtises ?
Nan Jacques, ce ne sont pas des bêtises, c’est un point de vue avec les mots pour le dire.
J’aurai plutôt dit que la seule énergie qui rentre dans le système c’est l’énergie solaire.
Cette énergie est convertie et transportée jusqu’à nous par des vecteurs et des mécanismes d’échanges qui passent par la matière organique.
Mais là encore, c’est mon point de vue et mes mots pour le dire. Cela ne change rien aux modes de fonctionnement du sol.
Belle journée
Bonjour
Bravo pour les infographies, elles ont le mérite d’exister. Les limites de cette catégorisation des différents types d’agriculture ont également été soulignées et c’est très bien.
Pourtant j’y trouve beaucoup de biais que je trouve pour le moins curieux.
On peut considérer qu’une plante va cherche =/- 95% de ce qui la compose dans l’atmosphère (si, si, regardez bien) Bien sur le sol est un médiateur, notamment pour l’azote. Un sol qui ne fonctionne pas libère peu d’azote, un sol qui fonctionne en libère d’avantage (je n’ai pas dit beaucoup)
A ce sujet il faut faire la distinction entre sol vivant et sol riche. Certains sols riches ne sont pas vivants, certains sols pauvres sont vivants, c’est le génie de l’agriculteur qui fait la différence.
A noter encore qu’à chaque fois qu’un agriculteur ajoute pesticides et herbicides dans un champ, il va limiter la capacité de la biodiversité du sol en terme de fonction (protection des plantes, limitation de l’érosion, alimentation des plantes ) à ce sujet j’ai peu vu le mot érosion dans les infographies, pourtant:” un sol de Beauce érode autant qu’un sol alpin – MA Selosse*”
Il aurait fallu commencer par cela, la biodiversité des sols c’est aussi la diversité des fonctions*.,
Une fois tout cela précisé, faire de l’ACS une pratique de préservation des sols est juste contradictoire avec le fait d’utiliser des herbicides :
“un microbiologiste convaincu ne pourra jamais défendre l’usage du glyphosate – 28’38*”
Affirmer qu’en AB le non labour est impossible (ou presque) est juste inexact. Je l’ai pratiqué pendant 22 ans.
A ce sujet un retournement intellectuel nous ferait à tous un bien fou qui consisterai a dire que le labour n’est qu’une des modalités de l’enherbement des cultures. C’est pas grand chose mais ça soulage.
Enfin je suis d’accord pour dire que l’agroécologie est un mot valise, oui. De là à dire qu’il y a de l’agroécologie partout dans les diagrammes euh … non.
Belle journée – Philippe Pouchin
Ma source principale est mon expérience, mais je m’appuie sur MAS pour les développements scientifiques:
source : *Demain la Terre – Marc-André SELOSSE : “Quelle agriculture pour demain ?
“https://www.youtube.com/watch?v=fO6pIZaxvxo
Il y a des éleveurs en “permaculture”…
La permaculture n’est pas une technique d’agriculture. On peut très bien faire de la permaculture dans l’industrie ou les services (et on devrait en faire beaucoup plus) le tout sans jamais planter un légume.
Et on peut faire toutes les activités agricoles imaginables en appliquant des principes de la permaculture, comme des grandes cultures. On peut d’ailleurs très bien mécaniser en permaculture.
La perma n’a rien avoir avec une pratique, c’est une méthode de conception qui amène à choisir ensuite des pratiques.
Ici Bec Hellouin relève bien davantage du maraîchage bio-intensif que de la permaculture. Voir Colman, Fortier, … eux même inspirés des premiers maraîchers de la ceinture alimentaire parisienne, devenu le périf…
Deux statistiques pour mettre l’ensemble en perspective :
70% des fermes du monde font moins de 1ha.
Seulement 2% des agriculteurs dans le monde ont un tracteur.
Un truc que je ne comprends pas sur le modèle dit “permacole” : où il est dit qu’il est beaucoup moins rentable alors qu’il demande certes, 10 fois plus de main d’oeuvre mais pour rapporter 30 à 50 fois plus de valeur économique (sans compter toutes les externalités positives non économiques (biodiversité, préservation des sols, stockage carbone, etc.). Cela demande certes un grand changement, mais faire travailler 10 fois plus de gens pour que chacun soit 3 fois mieux payé, ça ne me semble ni insurmontable ni incohérent.
Bonsoir,
Bel article de synthèse et beau travail de pédagogie. Comme beaucoup je tique sur la permaculture qui finalement n’est pas un système agricole mais plus un “design” de vie (principe de vie, philosophie de vie…) et du coup je me demandais pourquoi n’avoir pas mis plus en avant le maraichage sur sol vivant? Avez vous eu des retours sur ce système agricole (tant en terme de conduite ou d’itinéraire de culture qu’en terme de rendement économique)? Merci
Bonsoir,
bel article de synthèse et beau travail de pédagogie. Comme beaucoup je tique sur la permaculture qui finalement n’est pas un système agricole mais un “design” de vie (principes de vie, philosophie de vie, etc…) et du coup je me demandais pourquoi ne pas avoir mis plus en avant le maraichage sur sol vivant? Avez vous eu des retours sur ce type de conduite agricole (tant en terme de pratique ou d’itinéraire de culture, qu’en terme de rendement économique)? merci
Il est écrit dans l’article :
“Agriculture conventionnelle raisonnée : on considère ici un système qui se contente de comptabiliser les intrants, et ainsi d’en limiter l’utilisation à leur strict nécessaire. […] Il est probable que la majorité des exploitations françaises d’aujourd’hui rentrent dans cette case.”
La notion de “strict nécessaire” est très problématique ici :
– quelle part de ces intrants est rendue nécessaire par les autres caractéristiques du modèle conventionnel : taille des parcelles et spécialisation des exploitations, structure de charges et de coûts, subventions de la PAC au productivisme, et externalisation des coûts environnementaux.
– ce “strict nécessaire” semble ne faire qu’augmenter année après année pour les pesticides ;
– les intrants utilisés pour faire pousser des trucs non-nécessaires doivent ils être considérés comme nécessaires (cf aliments bétail, 85% de la surface agricole française) ?
Un niveau d’utilisation des pesticides conduisant à l’actuel effondrement des populations d’insectes n’est probablement pas “strictement nécessaire”, et malheureusement je crois que la majorité des exploitations françaises ont une utilisation de pesticides supérieure au strict nécessaire. De même pour les intrants azotés : leur consommation peut encore très fortement décroitre. Le très détaillé rapport Afterres2050 de Solagro explique bien pourquoi et comment.
Bonjour, super article ! Merc pour cette démarche vraiment nécessaire actuellement.
Si je peux me permettre :
– la HVE est le 3ème niveau de certification environnementale et le plus important. Une exploitation conventionnelle peut être certifiée HVE.
– l’agriculture biologique (AB) est une façon de menée sa production. Elle peut être certifiée et non labélisée. La certification répond à un cahier des charges posé par des normes règlementaires issues de la règlementation/ la loi. La labélisation répond à un cahier des charges (ex : iso 26 000) suivant des normes volontaires. Dans les 2 cas, la démarche est louable et demande du travail 🙂
Merci pour votre superbe démarche !
Le Bec Hellouin aurait utilisé des quantités de fumure importante (concentré sur les surfaces en maraichage), au delà de ce qui est autorisé en bio. Leur argument serait que ramené à la surface totale de leur ferme, c’est conforme. Donc la production est effectivement à prendre avec des pincettes, il faudrait plusieurs fermes du même type.
Tout ceci serait bien plus clair si vous faisiez la distinction essentielle entre ‘pesticide’ et ‘herbicide’.
il est précisé dans la notice : “Les herbicides sont ici considérés comme des pesticides.”
Car en fait c’est le cas. Un pesticide est une substance chimique destinée à tuer des organismes nuisibles pour la culture. Et les herbicides en font partie.
Comme pour les autres pesticides, les herbicides ne sont pas anodins et peuvent entrainer des dégradations de la vie dans le sol, notamment chez la vie microbienne (le glyphosate a une action antibiotique et gène la mise en place des mycorhizes).
Du coup, je ne vois pas trop en quoi il aurait été plus clair que je fasse la distinction entre les deux.
Approche typologique et synoptique très intéressante. Je serais curieux de voir ce que donnerait un diagramme n°5 qui pourrait s’intituler “Risques liés à la dégradation de la qualité de l’eau” (le diagramme n°4 n’y répond qu’en partie sur l’azote mais il y a aussi le phosphore, les pesticides… ; l’érosion étant traitée par le diagramme n°1). Ce serait très utile sur le plan opérationnel pour orienter les politiques publiques de lutte contre les pollutions diffuses.
Si je peux me permettre, et bien qu’il soit mentionné que le terme permaculture n’est pas véritablement défini, je propose de le remplacer par “agro-écologie”. C’est une proposition, car je ne suis pas expert moi-même.
Mais la permaculture c’est un ensemble de chose dans lesquels on trouve beaucoup de domaines dont certaines techniques de culture font partie. Les méthodes d’agricultures seraient plutôt liés à l’agro-écologie.
Non ? Qu’en pensez vous til les autres ?
Bien d’accord. Je m’intéresse à la permaculture depuis quelques années jstement parce que j’ai découvert que ce n’est pas (seulement) du maraichage/jardinage ou de l’agriculture, mais plutôt un ensemble de principes, concepts qui s’appliquent aussi dans d’autres domaines, énergie, habitat, etc. (voir la fleur permaculturelle).
Comme dit dans d’autres commentaires, l’agro-écologie, agro-foresterie seraient plus justes, il existe aussi des lieux appelés jardins-forêts Cf. les chaines YT de “Avenir Permaculture” “Forêt gourmande”.
Tout a fait d’accord. D’autant que l’agro écologie stricto sensu : agriculture + écologie, est en soi une voie d’avenir qui sort du dilemme bio ou pas bio et qui élargit le débat vers une activité durable aux niveaux économique, social et environnemental. Par ailleurs je trouve les travaux autour de la ferme du Bec Hellouin remarquables mais hélas peu représentatifs. Par ailleurs, la non mécanisation et l’absence d’intrants chimiques seront bientôt nécessaires, les ressources fossiles s’épuisent et permet de créer de l’emploi. C’est pourquoi ne regarder que le rendement à l’hectare est un peu biaisé vu les enjeux enivronnementaux que nous connaissons.
Je répond par le même commentaire que en dessous :
“L’agroécologie, c’est un terme très vague qui veut tout et rien dire. En gros, toute mesure qui permet à l’exploitation d’être plus écologique, c’est de l’agroécologie. Du coup, l’utilisation d’outils diagnostics en agriculture intégré, c’est de l’agroécologie, l’absence de travail du sol, c’est de l’agroécologie, la mise en place de couverts végétaux, idem… Etc.
Du coup, l’agroécologie est en réalité partout dans ces diagrammes en fait !”
Comment pourrais-on donc définir, et même, existe-t-il un terme pour cela, une pratique agricole autosuffisante, qui ne dégrade ni les sols, ni l’eau, ni la biodiversité, sans utilisation d’intrants synthétiques et/ou importés ?
Ou alors dire agriculture issue du modèle permacole, plutôt que permaculture qui n’est pas adapté ?
Hello ! Super intéressant et !
Où se placerait l’agroécologie dans tout cela ?
L’article y fait référence via les mesures agroécologiques, mais c’est tout. Est-ce que l’agroécologie ne tenterait pas d’allier les bénéfices des différents systèmes d’agriculture ?
L’agroécologie, c’est un terme très vague qui veut tout et rien dire. En gros, toute mesure qui permet à l’exploitation d’être plus écologique, c’est de l’agroécologie. Du coup, l’utilisation d’outils diagnostics en agriculture intégré, c’est de l’agroécologie, l’absence de travail du sol, c’est de l’agroécologie, la mise en place de couverts végétaux, idem… Etc.
Du coup, l’agroécologie est en réalité partout dans ces diagrammes en fait !
Un débat entre écologistes et agriculteurs conventionnels consiste à se “chamailler” (euphémisme) sur la dénomination des élevages industriels concentrationnaires (poules pondeuses, porcs, bœufs engraissés, etc…). Pour les uns, il s’agit d’industriels, pour les autres d’agriculteurs… La dénomination d’agro-industriels synthétise le tout. Cette agro-industrie n’apparait pas dans vos infographies : peut-on l’y intégrer ou alors est-on hors agriculture?
Ca a l’air chouette, pas eu le temps de lire, juste une remarque sur le schéma. L’agro-foresterie n’est pas considéré comme un mode d’agriculture ? Même si marginal en terme d’usage, ne devrait-il pas être comparé aux autres modes en terme d’intrants, usage en eaux, protection des sols et de la biodiversite ? Merci.
Salut ! Très appréciable de voir ces graphiques. Bien présenté, les limites sont bien définies. Juste un petit point concernant la permaculture : avant tout ce n’est pas un système agricole mais ce sont des principes de vie qui peuvent être appliqués au champ.
La bise agrotienne 🙂