Loi Duplomb : “on ne crie pas victoire quand on vous promet de vous couper la main et qu’on vous laisse un doigt”

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France's President Emmanuel Macron (C) interacts with young attendees during the opening day and inauguration of the 61st International Agricultural Fair (Salon de l'Agriculture) at the Porte de Versailles exhibition centre in Paris on February 22, 2025. The 2025 edition of the SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture is held in Paris from February 22, to March 2, 2025. (Photo by Sarah Meyssonnier / POOL / AFP)
©Crédit Photographie : Emmanuel Macron au Salon International de l’Agriculture, février 2025. Photo par Sarah Meyssonnier / POOL / AFP
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L’épisode politique que nous vivons avec la promulgation de la loi dites Duplomb ce 12 août 2025 est exceptionnel à plus d’un titre.

Comme à leur habitude, le gouvernement Macron, la droite et l’extrême-droite ont défendu l’indéfendable en avançant de faux arguments, se sont réclamés “de la science” quand les scientifiques disaient tout le contraire, et ont bénéficié de médias et journalistes leur tendant le micro sans contradiction. Une pétition a récolé plus de 2,1 millions de signatures pour s’opposer à la loi Duplomb, malgré le mépris du gouvernement et la presse conservatrice qui ont multiplié les attaques personnelles sur les opposants de cette loi.

Sans aucun doute, il y a eu du positif. Un engouement historique, des personnes aux sensibilités politiques opposées ensemble contre la loi Duplomb, une loi qui favorise l’élevage industriel et dangereuse pour la santé des Françaises et Français à plus d’un titre.

Mais ce positif reste à transformer. Car si on s’en tient au concret, la séquence est très largement négative et crier victoire est tout sauf factuel. Pour le dire plus clairement : on ne crie pas victoire quand on vous promet de vous couper la main et qu’on vous laisse un doigt.

Le diable se cache dans les détails

Un parallèle entre la promulgation de la loi Duplomb et les législatives 2024 pourrait être fait. Les partis de gauche rassemblés au sein du NFP étaient alors arrivés en tête des législatives et criaient victoire.

Ce fut certainement une victoire politique, inattendue par tous les sondages un score inespéré quand les médias présentaient un raz de marée de députés Rassemblement National au second tour, avec 200, parfois 300 députés élus. L’occasion aussi de rappeler que se rassembler est la seule solution face au danger qu’est l’extrême-droite. Mais la réalité est un peu plus à nuancer. Non seulement l’extrême-droite a fait un score historique, et en plus de cela, Emmanuel Macron a ignoré les résultats et a choisi François Bayrou comme 1er ministre, qui gouverne depuis main dans la main avec l’extrême-droite pour éviter tout risque de censure.

Concernant la loi Duplomb, il est à nouveau dangereux, voire faux de crier victoire. Comme l’a déclaré le membre du Haut Conseil pour le Climat Gonéri le Cozannet, la loi dite Duplomb “constitue un recul grave et important pour l’agriculture, la santé et l’environnement. Par exemple, l’article sur le stockage d’eau méconnait les travaux de recherche sur l’adaptation“.

Ici n’est évoqué que l’article 5 de la décision du Conseil Constitutionnel, celui portant entre autres sur les méga-bassines. Le constitutionnaliste Thibaud Mulier avait également alerté sur Bon Pote sur les risques de cette censure partielle par le Conseil Constitutionnel et des suites potentiellement dangereuses.

Prenons par exemple l’article 2, celui qui concerne la dérogation à l’interdiction d’emploi de certains produits phytosanitaires, notamment l’ acétamipride. Comme le précise l’avocat et spécialiste du droit de l’environnement André Berne :

on lit ici où là que le Conseil constitutionnel aurait déclaré l’inconstitutionnalité de cette disposition improprement qualifiée de « réintroduction des néonicotinoïdes ». Or il n’en est rien puisque la censure ne porte pas sur la dérogation en tant que telle mais du fait des conditions de sa mise en œuvre qui sont jugées de nature à compromettre le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé (article 1 de la charte de l’environnement).

Mais pas d’inquiétude, dès sa promulgation, aucun doute qu’une PPL DUPLOMB 2 sera déposée, réintroduisant la dérogation NNI avec les conditions ad hoc pour la rendre conforme, tandis que d’autres rédigeront une PPL d’abrogation complète du texte !

Et en effet, il n’a pas fallu 24h pour Laurent Duplomb fasse savoir qu’il n’excluait pas un nouveau texte pour réintroduire l’acétamipride“. Vous avez dit victoire ?

Autre point qui mérite attention, la réaction d’Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et directement concerné par la loi Duplomb via ses activités dans le groupe AVRIL :

Si une personne comme Arnaud Rousseau n’est pas en train d’hurler aux loups et de menacer de bloquer le pays ou des groupes de personnes directement comme il le fait systématiquement depuis qu’il est à la tête de la FNSEA, c’est qu’il y a de quoi s’inquiéter.

Le risque de voir revenir l’acétamipride est réel et seule une décision politique juste pourra l’en empêcher. Le porte parole de la Confédération paysanne Thomas Gibert propose par exemple la mise en place d’une clause de sauvegarde pour interdire l’importation de produits traités à l’acétamipride. “La Confédération paysanne avait déjà obtenu l’utilisation de cet outil de regulation en 2016 lors de l’interdiction du diméthoate, c’est donc une revendication atteignable que nous devrions tous et toute pousser“.

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Tout reste à faire

La décision du Conseil Constitutionnel est une petite victoire, sur un périmètre réduit, au mieux. C’est une défaite de plus pour l’écologie et la santé des Français… pour l’instant. Avec plus de 2 millions de personnes contre la loi Duplomb, la mobilisation montre que l’écologie “n’est pas mort” en France et malgré ce que certains essayent de nous faire croire toute l’année, les Français veulent plus d’écologie.

La fin de l’histoire “Duplomb” reste encore à écrire, avec des incertitudes, mais aussi des certitudes : aucune amélioration notable de ce qu’il y a dans nos assiettes n’arrivera sans changer le système actuel, un système agro-industriel mauvais pour l’environnement, la majorité des agriculteurs et paysans, les animaux et la santé des Français. Aucun changement profond n’arrivera tant que le pouvoir sera aux mains de partis politiques se moquent de la santé des Français.

Pour crier victoire, il faut gagner. Le succès de la pétition contre la loi Duplomb ne sera une victoire que si l’engouement citoyen de l’été se concrétise à la rentrée de septembre 2025 et que les Français sanctionnent dans les urnes ou la rue celles et ceux qui cherchent à les empoisonner.

Journalistes, politiques, lisez bien ceci : le gouvernement reconnait que la loi Duplomb est dangereuse pour la biodiversité, aura des conséquences sur la qualité de l'eau, des sols, présente des risques pour la santé.Macron et tous ces soutiens sont des empoisonneurs. ILS SAVENT.

Bon Pote (@bonpote.com) 2025-08-01T09:11:37.345Z

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6 Responses

  1. Edouard, vous nous ressortez ce qui s’apparente aux sophismes de l’homme de paille de la FNSEA, qui s’apparente aussi à d’autres slogans comme “There Is No Alternative” ou plus prosaïquement, les phrases préférées des “toutologues” de plateau, comme “c’est la compétitivité”, “c’est le bon sens”, “c’est l’économie”.

    Vous posez une équivalence entre le choix de ne pas autoriser certaines pollutions, et une pollution supplémentaire: vous expliquez que ne pas utiliser de pesticides in fine augmente forcément l’ingestion de pesticides par les gens. Avouez qu’il faut tout de même caricaturer jusqu’à l’absurde pour insinuer que par le manche ou par la cognée, il y aurait une sorte de loi naturelle inéluctable qui nous obligerait contre notre volonté, à tout détruire et à tout polluer.

    Selon votre sophisme, si nous étions dans une relation d’échange avec un pays pratiquant l’esclavage des enfants pour une production particulière, il faudrait forcément pratiquer l’esclavage infantile chez nous parce que “c’est compétitif et puis si on ne le fait pas, on va forcément importer des produits faits par des esclaves”.
    Est-ce que le ridicule du propos est plus facile à voir ainsi ou est-ce trop subtil?

    Non, notre système économique n’est pas régi par une règle transcendante comme certains ne cessent de le marteler: ceux qui veulent en permanence détruire les droits humains ne cessent d’affirmer que l’économie est une sorte de règle figée à laquelle on ne peut échapper…alors qu’ils ne cessent de passer des lois pour justement modifier les règles à leur avantage (donc ils établissent de nouvelles règles à un système qui fonctionne soi-disant indépendamment de l’humain).

    Nous vivons sur une planète avec ses ressources physiques renouvelables et non-renouvelables à certaines échelles de temps, que nous ne pouvons extraire et transformer avec des stocks et flux limités.

    Choisir quelles transformations nous appliquons et comment nous répartissons les usages est un choix humain, pas le fait d’une force invisible qui s’impose à nous.

    Décider qu’on n’achète pas d’objets fabriqués par des esclaves est un choix. Décider de ne pas voter d’accords de libre échange avec des pays qui polluent leurs terres et les produits qu’ils vendent est un choix. L’argent quant à lui, est une simple convention qui définit une parité d’échange entre des ressources.

    Rien n’oblige à transformer la valeur arbitraire attribuée à certaines choses en un mètre étalon qui déciderait des rapports entre les humains.

    Même chose pour la “compétitivité”: j’aimerais bien que tous ceux qui ne cessent de répéter ce mot comme des perroquets expliquent ce que cela signifie, qui a décidé que nous devions tous faire un concours les uns avec les autres, et surtout qu’est-ce que nous sommes censés gagner à la fin si tant est que cette compétition en ait une autre que notre autodestruction?

    Quel est le but? fabriquer le plus de choses inutiles en faisant le moins d’efforts possibles, c’est à dire en maltraitant les gens plutôt que de les respecter parce que ça prend trop de temps de dire bonjour et que les menacer avec des fusils est plus “rapide” donc plus “compétitif”? ou en relarguant tous ses déchets avec un tuyau dans la rivière voisine parce que se soucier de cet aspect est trop chronophage et pas “compétitif” du point de vue ratio temps à encaisser/temps à respecter les autres?

    On nous vend en permanence une espèce de paradigme qui est “notre système pollue mais il faut mettre le pied sur l’accélérateur parce que si ça se trouve, peut-être, probablement, espérons-le, faisons semblant jusqu’à ce qu’on y arrive…toute cette pollution va alimenter une évolution technologique qui permettra de résoudre le problème qu’on a créé pour l’obtenir”. Bref on est en train de défendre une espèce de scénario bidon de film hollywoodien, façon Iron Man qui s’empoisonne au palladium mais qui en continuant à utiliser son coeur artificiel empoisonné, finit par gagner assez de temps pour trouver un nouvel élément et à se “réparer” illico presto sans séquelles.

    Sauf que nous vivons dans le monde réel avec des transformations physiques irréversibles et où l’on encourage rarement un drogué aux amphétamines à forcer les doses parce que cela le rendra plus performant et lui permettra forcément de trouver une solution pour se sevrer de son addiction.

    Pourtant ce que la FNSEA nous vend ici c’est plus ou moins cette version: polluons tout parce que c’est moins cher, comme ça on gagnera plus de sousous dans la popoche au nom du sacro-saint PIB…donc plus d’impôts (enfin pas pour tous, surtout pour ceux qui ont le moins) pour financer les dépenses de santé…et payer une partie des soins palliatifs de la liste des cancéreux qui va s’allonger?

    Passer son temps à alimenter un système responsable du problème en prétendant que ce système crée en même temps la solution au problème relève à l’heure actuelle plus de la pensée magique que de la réalité: on attend toujours le ruissellement, on attend toujours la preuve que les ressources physiques utilisables par individu peuvent augmenter indéfiniment sur une planète finie ce qui fait qu’il n’y aurait aucune justification à mettre des limites à l’appropriation par les plus riches.

    Sauf que même les plus riches n’y croient pas vraiment. Des financiers comme Buffet en sont un bon exemple quand ils parlent de guerre entre les riches et les pauvres, que les riches sont en train de gagner.

    Je ne pense pas que ce soit un si grand hasard si après les chocs pétroliers et les premières alertes importantes sur le changement climatique, ainsi que le rapport Meadows, qui ont pourtant été traités par le mépris, les grands de ce monde ont décidé avant tout d’augmenter le pouvoir en allant tondre les plus faibles jusqu’au muscle puis jusqu’à l’os puis en arrachant ensuite le périoste en revenant toujours réclamer une couche de chair en plus: ils ont en réalité bien compris que “la taille du gâteau” pour emprunter leur expression favorite ne peut pas augmenter indéfiniment, et que s’ils voulaient avoir toujours plus de ressources à s’approprier, ils devaient nécessairement le faire dans un système fini donc déposséder quelqu’un d’autre de ces mêmes ressources.

    Vouloir enlever le plus de pouvoir et de ressources aux autres pour augmenter le sien est le réflexe de quelqu’un qui sait qu’il joue pour un gâteau de taille limitée, pas de quelqu’un qui croit piocher dans une corne d’abondance sans que le fait que les autres y piochent aussi puissent le gêner.

    C’est aussi pour cette raison qu’on nous abreuve de ce récit cornucopien: pour que les gens acceptent l’idée d’être dépossédés de leurs ressources communes en étant persuadés qu’elles vont se “récréer” à l’infini et que cela ne prête pas à conséquence.

    Nous avons d’un côté les plus riches qui font des provisions avec le stock commun en cachette mais disent publiquement à ceux qui sont derrière eux dans la queue au supermarché: “nan vous inquiétez pas, ne faites pas de stock, il y en aura toujours plus demain et après demain, c’est pas grave si je prends tout pour moi aujourd’hui”

    Ne vous déplaise, les écologistes ne rêvent pas de créer la famine. N’inversez pas la situation façon Orwell. Ceux qui détruisent les ressources de l’humanité y compris le sol en détruisant la biodiversité, en vidant les nappes phréatiques, en bousillant les haies, en faisant de la monoculture, en arrosant tout de pesticides entre autres, ce sont ceux qui prétendent hypocritement “nourrir la planète” avec de plus en plus de quantités d’aliments de qualité de plus en plus médiocre et en exigeant de plus en plus de sacrifices en échange de cette entreprise de destruction, comme s’ils étaient nos sauveurs.

    C’est ce qu’on appelle de la perversité: maltraiter les autres en exigeant leur dévotion pour service rendu (je te frappe mais c’est pour ton bien, tu me remercieras, tu ne peux pas comprendre, je te corrige).

    La physique s’imposera à nous. On a beau répéter sur LinkedIn comme un professionnel du langage bullshit “ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait/ne laisse personne t’empêcher de vivre tes rêves/reprogramme ton mindset de la bienveillance inspirant l’énormicité compétitive…”, in fine celui qui saute dans le vide sans parachute de 42 étages a toutes les chances de finir mort sur le pavé.

    Le réchauffement climatique et l’extinction de la biodiversité documentés sur ce site ne s’effaceront pas par notre déni, et les excuses de type “on n’a pas le choix, c’est compétitif de tout saccager pour faire tourner le troc à notre avantage”, en faisant comme si nous n’étions pas responsables de notre système économique ne vont pas nous absoudre de notre responsabilité.

  2. Deux curieux commentaires (Toto et Edouard) : pour lutter contre la concurrence nous devrions continuer la fuite en avant dans l’usage de pesticides dont la nocivité ne fait aucun doute. Heureusement Κύων remet les pendules à l’heure.
    Mais…
    1. Nos politiciens voguent sur la vague du ressentiment et de la xénophobie. Et ça paye.

    2. Les arguments scientifiques sont systématiquement ignorés ou disqualifiés au nom de préjugés enracinés dans les esprits. La culture scientifique en France a du plomb dans l’aile, si j’ose dire (facile et déjà fait mais c’est trop tentant).

    3. Alors que les effets des pollutions, de l’industrialisation de la production agricole et du changement climatique s’accélèrent et ont un impact croissant sur nos conditions de vie (surtout sur celles des plus pauvres), l’opinion publique et la majorité de la presse se contentent de pleurnicher sur les canicules et les cancers, sans jamais tirer les conclusions qui s’imposent : virer les personnages douteux qui se cramponnent au pouvoir et soumettre les prochains à un vrai contrôle démocratique (pas aux simagrées du CNDP qui fait semblant de nous consulter sur la transition (sic) écologique et la biodiversité avec un argumentaire qui fleure bon la réaction du genre “la France serait à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique”. Sous entendu : bricolez des réponses qui ne remettent pas en cause la politique actuelle. Et puis quoi encore ?).

    4. La concertation entre chercheurs, techniciens et professionnels existe : on sait pourquoi les politiques actuelles vont dans le mur (ex.: tuer des loups est une ânerie à la fois parce que cela provoque la désorganisation des meutes et les rend dangereuses et parce que les loups sont des alliés de la biodiversité; d’autres pays font mieux que nous) et parce que des solutions alternatives existent. Pour la betterave, les noisettes on sait très exactement que la monoculture intensive est à l’origine du problème. On sait faire autrement mais la FNSEA ne veut pas perdre ses clients et accessoirement perdre la face. Les politiques ne veulent pas renoncer à leur clientèle d’agriculteurs et de chasseurs.

    Merci à Bon Pote (et à quelques autres) de s’y coller pour rétablir la vérité. Courage. Ce n’est pas gagné.

  3. En quoi handicaper les productions françaises pour récupérer des productions étrangères sûrement contaminées est une victoire.
    Dire que les médias ont fait une campagne de droite et d’extrême droite est totalement infondé.
    Je sais que je rêve des écologistes décroissantistes est de revenir à une agriculture pastorale incapable de nourrir leurs exploitants et encore moins les français au prix d’une qualité de vie détestable. Rêve totalement idéaliste et créant beaucoup plus de problème que de solutions.
    Votre discours change beaucoup et devient très militant, très populiste et du coup moins sensé.
    Pas sûr que la cause ni les Français y gagnent.

  4. 5% des noisettes consommées en France sont produites par les Français, 95% restantes sont importées de l’étranger notamment de Turquie et sont donc traitées aux pesticides. Donc 95% des noisettes consommées sont traitées aux pesticides. A terme il y aura 100% des noisettes consommées en France traitées aux pesticides, les 5% originelles vont disparaître, car non traitées. Ça me fait penser au Mercosur… Donc, qu’en pensez-vous et que faut-il faire ? Moi, j’aime beaucoup la noisette, surtout dans le chocolat Suisse…

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. Edouard, vous nous ressortez ce qui s’apparente aux sophismes de l’homme de paille de la FNSEA, qui s’apparente aussi à d’autres slogans comme “There Is No Alternative” ou plus prosaïquement, les phrases préférées des “toutologues” de plateau, comme “c’est la compétitivité”, “c’est le bon sens”, “c’est l’économie”.

    Vous posez une équivalence entre le choix de ne pas autoriser certaines pollutions, et une pollution supplémentaire: vous expliquez que ne pas utiliser de pesticides in fine augmente forcément l’ingestion de pesticides par les gens. Avouez qu’il faut tout de même caricaturer jusqu’à l’absurde pour insinuer que par le manche ou par la cognée, il y aurait une sorte de loi naturelle inéluctable qui nous obligerait contre notre volonté, à tout détruire et à tout polluer.

    Selon votre sophisme, si nous étions dans une relation d’échange avec un pays pratiquant l’esclavage des enfants pour une production particulière, il faudrait forcément pratiquer l’esclavage infantile chez nous parce que “c’est compétitif et puis si on ne le fait pas, on va forcément importer des produits faits par des esclaves”.
    Est-ce que le ridicule du propos est plus facile à voir ainsi ou est-ce trop subtil?

    Non, notre système économique n’est pas régi par une règle transcendante comme certains ne cessent de le marteler: ceux qui veulent en permanence détruire les droits humains ne cessent d’affirmer que l’économie est une sorte de règle figée à laquelle on ne peut échapper…alors qu’ils ne cessent de passer des lois pour justement modifier les règles à leur avantage (donc ils établissent de nouvelles règles à un système qui fonctionne soi-disant indépendamment de l’humain).

    Nous vivons sur une planète avec ses ressources physiques renouvelables et non-renouvelables à certaines échelles de temps, que nous ne pouvons extraire et transformer avec des stocks et flux limités.

    Choisir quelles transformations nous appliquons et comment nous répartissons les usages est un choix humain, pas le fait d’une force invisible qui s’impose à nous.

    Décider qu’on n’achète pas d’objets fabriqués par des esclaves est un choix. Décider de ne pas voter d’accords de libre échange avec des pays qui polluent leurs terres et les produits qu’ils vendent est un choix. L’argent quant à lui, est une simple convention qui définit une parité d’échange entre des ressources.

    Rien n’oblige à transformer la valeur arbitraire attribuée à certaines choses en un mètre étalon qui déciderait des rapports entre les humains.

    Même chose pour la “compétitivité”: j’aimerais bien que tous ceux qui ne cessent de répéter ce mot comme des perroquets expliquent ce que cela signifie, qui a décidé que nous devions tous faire un concours les uns avec les autres, et surtout qu’est-ce que nous sommes censés gagner à la fin si tant est que cette compétition en ait une autre que notre autodestruction?

    Quel est le but? fabriquer le plus de choses inutiles en faisant le moins d’efforts possibles, c’est à dire en maltraitant les gens plutôt que de les respecter parce que ça prend trop de temps de dire bonjour et que les menacer avec des fusils est plus “rapide” donc plus “compétitif”? ou en relarguant tous ses déchets avec un tuyau dans la rivière voisine parce que se soucier de cet aspect est trop chronophage et pas “compétitif” du point de vue ratio temps à encaisser/temps à respecter les autres?

    On nous vend en permanence une espèce de paradigme qui est “notre système pollue mais il faut mettre le pied sur l’accélérateur parce que si ça se trouve, peut-être, probablement, espérons-le, faisons semblant jusqu’à ce qu’on y arrive…toute cette pollution va alimenter une évolution technologique qui permettra de résoudre le problème qu’on a créé pour l’obtenir”. Bref on est en train de défendre une espèce de scénario bidon de film hollywoodien, façon Iron Man qui s’empoisonne au palladium mais qui en continuant à utiliser son coeur artificiel empoisonné, finit par gagner assez de temps pour trouver un nouvel élément et à se “réparer” illico presto sans séquelles.

    Sauf que nous vivons dans le monde réel avec des transformations physiques irréversibles et où l’on encourage rarement un drogué aux amphétamines à forcer les doses parce que cela le rendra plus performant et lui permettra forcément de trouver une solution pour se sevrer de son addiction.

    Pourtant ce que la FNSEA nous vend ici c’est plus ou moins cette version: polluons tout parce que c’est moins cher, comme ça on gagnera plus de sousous dans la popoche au nom du sacro-saint PIB…donc plus d’impôts (enfin pas pour tous, surtout pour ceux qui ont le moins) pour financer les dépenses de santé…et payer une partie des soins palliatifs de la liste des cancéreux qui va s’allonger?

    Passer son temps à alimenter un système responsable du problème en prétendant que ce système crée en même temps la solution au problème relève à l’heure actuelle plus de la pensée magique que de la réalité: on attend toujours le ruissellement, on attend toujours la preuve que les ressources physiques utilisables par individu peuvent augmenter indéfiniment sur une planète finie ce qui fait qu’il n’y aurait aucune justification à mettre des limites à l’appropriation par les plus riches.

    Sauf que même les plus riches n’y croient pas vraiment. Des financiers comme Buffet en sont un bon exemple quand ils parlent de guerre entre les riches et les pauvres, que les riches sont en train de gagner.

    Je ne pense pas que ce soit un si grand hasard si après les chocs pétroliers et les premières alertes importantes sur le changement climatique, ainsi que le rapport Meadows, qui ont pourtant été traités par le mépris, les grands de ce monde ont décidé avant tout d’augmenter le pouvoir en allant tondre les plus faibles jusqu’au muscle puis jusqu’à l’os puis en arrachant ensuite le périoste en revenant toujours réclamer une couche de chair en plus: ils ont en réalité bien compris que “la taille du gâteau” pour emprunter leur expression favorite ne peut pas augmenter indéfiniment, et que s’ils voulaient avoir toujours plus de ressources à s’approprier, ils devaient nécessairement le faire dans un système fini donc déposséder quelqu’un d’autre de ces mêmes ressources.

    Vouloir enlever le plus de pouvoir et de ressources aux autres pour augmenter le sien est le réflexe de quelqu’un qui sait qu’il joue pour un gâteau de taille limitée, pas de quelqu’un qui croit piocher dans une corne d’abondance sans que le fait que les autres y piochent aussi puissent le gêner.

    C’est aussi pour cette raison qu’on nous abreuve de ce récit cornucopien: pour que les gens acceptent l’idée d’être dépossédés de leurs ressources communes en étant persuadés qu’elles vont se “récréer” à l’infini et que cela ne prête pas à conséquence.

    Nous avons d’un côté les plus riches qui font des provisions avec le stock commun en cachette mais disent publiquement à ceux qui sont derrière eux dans la queue au supermarché: “nan vous inquiétez pas, ne faites pas de stock, il y en aura toujours plus demain et après demain, c’est pas grave si je prends tout pour moi aujourd’hui”

    Ne vous déplaise, les écologistes ne rêvent pas de créer la famine. N’inversez pas la situation façon Orwell. Ceux qui détruisent les ressources de l’humanité y compris le sol en détruisant la biodiversité, en vidant les nappes phréatiques, en bousillant les haies, en faisant de la monoculture, en arrosant tout de pesticides entre autres, ce sont ceux qui prétendent hypocritement “nourrir la planète” avec de plus en plus de quantités d’aliments de qualité de plus en plus médiocre et en exigeant de plus en plus de sacrifices en échange de cette entreprise de destruction, comme s’ils étaient nos sauveurs.

    C’est ce qu’on appelle de la perversité: maltraiter les autres en exigeant leur dévotion pour service rendu (je te frappe mais c’est pour ton bien, tu me remercieras, tu ne peux pas comprendre, je te corrige).

    La physique s’imposera à nous. On a beau répéter sur LinkedIn comme un professionnel du langage bullshit “ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait/ne laisse personne t’empêcher de vivre tes rêves/reprogramme ton mindset de la bienveillance inspirant l’énormicité compétitive…”, in fine celui qui saute dans le vide sans parachute de 42 étages a toutes les chances de finir mort sur le pavé.

    Le réchauffement climatique et l’extinction de la biodiversité documentés sur ce site ne s’effaceront pas par notre déni, et les excuses de type “on n’a pas le choix, c’est compétitif de tout saccager pour faire tourner le troc à notre avantage”, en faisant comme si nous n’étions pas responsables de notre système économique ne vont pas nous absoudre de notre responsabilité.

  2. Deux curieux commentaires (Toto et Edouard) : pour lutter contre la concurrence nous devrions continuer la fuite en avant dans l’usage de pesticides dont la nocivité ne fait aucun doute. Heureusement Κύων remet les pendules à l’heure.
    Mais…
    1. Nos politiciens voguent sur la vague du ressentiment et de la xénophobie. Et ça paye.

    2. Les arguments scientifiques sont systématiquement ignorés ou disqualifiés au nom de préjugés enracinés dans les esprits. La culture scientifique en France a du plomb dans l’aile, si j’ose dire (facile et déjà fait mais c’est trop tentant).

    3. Alors que les effets des pollutions, de l’industrialisation de la production agricole et du changement climatique s’accélèrent et ont un impact croissant sur nos conditions de vie (surtout sur celles des plus pauvres), l’opinion publique et la majorité de la presse se contentent de pleurnicher sur les canicules et les cancers, sans jamais tirer les conclusions qui s’imposent : virer les personnages douteux qui se cramponnent au pouvoir et soumettre les prochains à un vrai contrôle démocratique (pas aux simagrées du CNDP qui fait semblant de nous consulter sur la transition (sic) écologique et la biodiversité avec un argumentaire qui fleure bon la réaction du genre “la France serait à la pointe de la lutte contre le réchauffement climatique”. Sous entendu : bricolez des réponses qui ne remettent pas en cause la politique actuelle. Et puis quoi encore ?).

    4. La concertation entre chercheurs, techniciens et professionnels existe : on sait pourquoi les politiques actuelles vont dans le mur (ex.: tuer des loups est une ânerie à la fois parce que cela provoque la désorganisation des meutes et les rend dangereuses et parce que les loups sont des alliés de la biodiversité; d’autres pays font mieux que nous) et parce que des solutions alternatives existent. Pour la betterave, les noisettes on sait très exactement que la monoculture intensive est à l’origine du problème. On sait faire autrement mais la FNSEA ne veut pas perdre ses clients et accessoirement perdre la face. Les politiques ne veulent pas renoncer à leur clientèle d’agriculteurs et de chasseurs.

    Merci à Bon Pote (et à quelques autres) de s’y coller pour rétablir la vérité. Courage. Ce n’est pas gagné.

  3. En quoi handicaper les productions françaises pour récupérer des productions étrangères sûrement contaminées est une victoire.
    Dire que les médias ont fait une campagne de droite et d’extrême droite est totalement infondé.
    Je sais que je rêve des écologistes décroissantistes est de revenir à une agriculture pastorale incapable de nourrir leurs exploitants et encore moins les français au prix d’une qualité de vie détestable. Rêve totalement idéaliste et créant beaucoup plus de problème que de solutions.
    Votre discours change beaucoup et devient très militant, très populiste et du coup moins sensé.
    Pas sûr que la cause ni les Français y gagnent.

  4. 5% des noisettes consommées en France sont produites par les Français, 95% restantes sont importées de l’étranger notamment de Turquie et sont donc traitées aux pesticides. Donc 95% des noisettes consommées sont traitées aux pesticides. A terme il y aura 100% des noisettes consommées en France traitées aux pesticides, les 5% originelles vont disparaître, car non traitées. Ça me fait penser au Mercosur… Donc, qu’en pensez-vous et que faut-il faire ? Moi, j’aime beaucoup la noisette, surtout dans le chocolat Suisse…

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