Changer de banque pour sortir des énergies fossiles ?

Publication :
Mis à jour :
Vignette article banques Bon Pote
©Crédit Photographie : Bon Pote, par Valentine Michel
Sommaire
Dépliez le sommaire de l’article
Getting your Trinity Audio player ready...

“En changeant de compte courant, vous “désinvestissez votre argent des énergies fossiles”.

Cet argument imparable pour que vous changiez de banque est depuis plusieurs années au cœur de campagnes marketing d’acteurs comme Green-Got qui souhaitent “protéger la planète”. Des dizaines de milliers de Français(e)s ont déjà changé de banque en pensant bien faire, ne souhaitant plus financer les énergies fossiles.

Malheureusement, ce slogan est faux. Mais alors qu’il faut une seule phrase pour faire du greenwashing, l’explication pour le démontrer est… un peu plus longue. Joli coup de la loi de Brandolini.

En tant que client bancaire, que faire ? Faut-il rester fidèle à sa banque ? Alors que l’immense majorité des banques financent les énergies fossiles, vers laquelle se tourner ?

Dans un exercice inédit, nous expliquons dans cet article comment une banque finance les énergies fossiles, quels sont les éléments de langage trompeurs et comment faire pour ne plus se faire avoir par ces discours.

Points clefs 

  • Près de 83 millions comptes courants sont comptabilisés en 2023, pour un encours de 660 milliards d’euros (Banque de France)
  • Changer de compte courant ne fait pas “désinvestir des énergies fossiles”. Il est impossible d’associer spécifiquement des émissions de GES à un euro que vous avez dans votre compte courant
  • L’empreinte carbone individuelle de votre compte courant, ça n’existe pas. Prétendre le contraire, c’est vous donner une mauvaise information et l’illusion du contrôle
  • Changer les règles du jeu des banques est nécessaire et doit être le principal objectif

Avant-propos : trois types d’épargne

Une partie des Français(e)s souhaite donner du sens à son épargne, et en particulier qu’elle ne serve plus à financer les énergies fossiles. Pour explorer cette perspective, il faut d’abord rappeler que cette épargne est divisée (à peu près) en trois tiers bien différents :

  • Une épargne bancaire qui, comme son nom l’indique, est confiée aux banques (compte courant, livrets bancaires, PEL, etc.);
  • Une épargne confiée aux assureurs essentiellement dans le cadre de contrats d’assurance vie, investis aujourd’hui en moyenne à 70% sur les fonds euro – un support garanti sur lequel l’épargnant ne fait aucun choix – et à 30% sur des fonds en UC – unités de compte, supports non garantis sur lesquels l’épargnant peut exercer certains choix;
  • Une épargne placée directement, le plus souvent sur les marchés financiers, en utilisant les services de gestionnaires d’actifs (asset managers); là, c’est bien l’épargnant qui choisit directement le type de fonds (SICAV, FCP etc.) dans lesquels il investit en fonction de critères variés (géographie, secteurs, actions et/ou obligations, maturités etc).

Dans cet article, nous nous concentrerons sur l’épargne bancaire.

Comment les banques réchauffent la planète

Pour répondre à la problématique, il est indispensable de comprendre d’abord comment les banques réchauffent la planète.

Quand on se préoccupe du bilan climatique des banques, ce ne sont pas les émissions directes des banques (habituellement appelées le “scope 1”) ou celles liées à leurs consommations énergétiques (le “scope 2”) qui comptent. Elles existent mais elles sont peu importantes par rapport à leurs émissions indirectes (le “scope 3”).

Ce scope 3 correspond à l’ensemble des autres émissions indirectes ayant lieu en amont ou en aval de la chaîne de valeur de l’entreprise concernée via une analyse globale qui permet de traiter tout le cycle de vie de ses produits. En effet, si ces émissions ne sont pas directement générées par l’entreprise, elles n’en sont pas moins nécessaires à son activité. 

Un constructeur automobile n’a pas produit le verre de ses pare-brises, pourtant il en a bien besoin pour fabriquer ses voitures. Ce sera le cas aussi pour toutes les consommations liées à l’utilisation des voitures vendues. L’ensemble de ce type d’émissions indirectes est prépondérant pour la plupart des secteurs d’activité et peut représenter plus de 80 % des émissions pour certaines entreprises.

C’est bien le cas du secteur bancaire dont la responsabilité indirecte passe bien entendu par le biais du financement des activités émettrices de GES (Gaz à Effet de Serre) de leurs clients. A titre d’exemple, en 2023, la banque Nordea a estimé que ces émissions indirectes représentaient 99,9 % de son “empreinte” totale de GES.

Il y a 3 grandes activités des banques qui peuvent être impliquées dans le financement ou l’aide au financement de leurs clients pollueurs.

A/  Le prêt bancaire

La raison d’être des banques est le financement de l’économie et leur produit de base est le prêt bancaire. 

En accordant des prêts à leurs clients, elles leur apportent un capital-dette qui leur permet de développer leurs activités qui, elles, sont directement émettrices de GES. Par exemple, le développement de nouveaux champs gaziers et pétroliers, développement contraire aux recommandations de l’AIE et des projections dans le dernier rapport du GIEC.

B/ Le placement d’émissions de titres

Il y a une deuxième manière pour les banques de contribuer au financement de leurs clients, entreprises ou États. Ces clients peuvent solliciter des investisseurs pour leur vendre des titres financiers contre de l’argent.

Ces titres sont essentiellement des obligations ou des actions. Sur les marchés des capitaux, on appelle émission la création de tels titres et émetteur celui qui les vend. Pour cette vente, les émetteurs sollicitent en général les services d’une ou de plusieurs banques, qui perçoivent des commissions. 

Ces banques ne jouent là qu’un rôle de pur intermédiaire dans le placement des titres entre l’émetteur (le vendeur) et les investisseurs (les acheteurs). On appelle ces marchés primaires parce qu’il s’agit du lieu virtuel où les émetteurs vendent pour la première fois les titres financiers nouvellement créés. 

Ces mêmes titres financiers peuvent ensuite être échangés sur les marchés dit secondaires mais tout achat d’un titre sur le marché secondaire n’alimente pas l’entreprise émettrice en argent, seulement le vendeur du titre… Seuls les marchés primaires financent les entreprises.

C/ L’achat de titres sur le marché primaire

Une troisième manière pour les banques de contribuer au financement de leurs clients consiste justement à acheter certains de ces titres, actions ou obligations, sur le marché primaire. Acheter une obligation sur le marché primaire revient à consentir un nouveau prêt.

Remarque importante sur les clients des banques

Dans la clientèle des banques, il faut prendre en compte les entreprises bien connues comme TotalEnergies mais aussi toutes les entités constituées de manière ad hoc et en particulier les sociétés-projets établies pour financer la construction et l’exploitation de grands projets, une solution traditionnelle pour les infrastructures énergétiques

Une entreprise qui souhaite construire et exploiter un gazoduc pourra, au lieu de s’endetter directement pour le financer, créer une entité juridique spécifique, un SPV (Special Purpose Vehicule), la capitaliser et ensuite c’est ce SPV qui s’endettera, sans recours sur l’entreprise actionnaire elle-même. La dette est remboursée principalement par les cash-flows générés par le projet. De tels SPV empruntent donc auprès des banques et peuvent, plus rarement, émettre des obligations. Ils ne sont pas consolidés dans le périmètre de leurs entreprises sponsors.

Le périmètre commercial concerné par les émissions de GES devrait également inclure les financements fournis par les banques aux fonds d’investissement qui investissent directement dans des actifs physiques émetteurs de GES (infrastructure, immobilier etc.).

L’activité (B) de pure intermédiation entre les émetteurs de titres et investisseurs, contrairement au prêt bancaire (A), est un service qui ne repose pas et ne figure pas sur le bilan des banques. 

Les activités (A) et (C) résultent en la création d’actifs au bilan des banques. Outre l’activité de placement, ce sont donc les choix de financement à l’actif d’une banque (A et C) qui ont un impact sur les émissions de GES : à quels clients la banque fournit du capital pour leur permettre de développer leurs activités polluantes.

Vos comptes bancaires : des ressources bancaires au passif du bilan de la banque

Avant de penser à un lien potentiel entre les prêts que votre banque accorde à ses clients, comme TotalEnergies ou ses SPV, et vos propres comptes bancaires, il faut commencer par différencier ces comptes entre eux et le cas échéant les situer sur le bilan bancaire.

Comprendre (un peu) le bilan d’une banque

Le bilan est une sorte de photographie à un instant donné (en général en fin d’année) du patrimoine d’une société. On trouve à l’actif tout ce qu’elle possède (la façon dont elle utilise ses ressources financières) et au passif tout ce qu’elle doit (la façon dont elle se procure ses ressources financières). L’analyse du bilan des banques permet de comprendre quelles sont les activités qu’elles mènent et la façon dont elles se financent”.

Comme on peut le voir :

  • Un crédit accordé à TotalEnergies est bien un actif de la banque; la banque possède une créance que l’entreprise doit lui rembourser;
  • Un compte de dépôt à vue (appelé aussi compte courant) est un passif de la banque. C’est bien de l’argent qu’elle doit au client dépositaire.

La gestion actif-passif (ALM en anglais pour Asset and Liability Management) d’une banque a précisément pour but de gérer les risques entre ressources et emplois du bilan bancaire, risques en termes de liquidité, de taux d’intérêt, de change etc. afin d’assurer la stabilité (à court et moyen terme) des revenus financiers de la banque tout en respectant les contraintes réglementaires. C’est un métier complexe et spécialisé, centralisé au niveau de la banque. La Silicon Valley Bank, 16e banque nord-américaine à l’époque, a fait faillite en 2023 à la suite d’une incapacité à gérer la remontée des taux d’intérêt. Une erreur d’ALM basique…

Cet article ne vise ni à être un manuel sur l’ALM ni un catalogue de placements financiers mais à faire comprendre la différence de nature entre ces différents “comptes” du point de vue de leur utilité en tant que passif bancaire. Certains de vos comptes constituent pour votre banque des ressources financières, d’autres pas.

Inversement, les banques ont d’autres passifs au bilan, passifs qui ne proviennent pas de leurs clients bancaires, comme les dettes obligataires et les titres de capital qu’elles ont vendu à des investisseurs sur les marchés de capitaux. Les banques font cela régulièrement pour réduire leur risque de liquidité, typiquement causé par l’écart entre leurs prêts longs (emplois) et les dépôts (ressources). Ce sont des ressources plus stables – mais plus chères – qui augmentent la résilience du secteur bancaire.

“Ce compte constitue-t-il une ressource bancaire ?”

Dans l’esprit du public règne une confusion bien normale compte tenu de la complexité et de l’imbrication des sujets.

Cette confusion provient d’une part du fait que les grandes banques françaises sont en réalité de grands groupes financiers qui ont des activités de banque, d’assurance (bancassurance) voire de gestions d’actifs et d’autre part des liens entre les différents acteurs financiers concernant la distribution des produits financiers. 

Des banquiers vendent des produits d’assurance et des assureurs vendent des fonds d’épargne, l’interface avec le client particulier n’est pas forcément lisible pour lui.

CompteRessource bancaire ?
Compte courant (comptes de dépôt et de paiement)oui
Livrets administrés (livret A, LDDS, livret jeune, LEP)oui (partiellement)
Autres produit réglementés : CEL, PELoui
Livret bancaire, compte à termeoui
Compte-titres, PEA, PER individuelnon
Contrat d’assurance-vienon

Deux exemples pour illustrer

Le PEA :

C’est un support d’investissement permettant d’investir dans des actions d’entreprises françaises et européennes tout en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse. 

D’abord, ce n’est pas un support strictement bancaire, il peut aussi être souscrit auprès d’une compagnie d’assurance et prendre la forme d’un contrat de capitalisation en unités de compte. 

Ensuite, même si le compte-titres qui lui est associé et sur lequel sont conservés les titres achetés est ouvert dans votre banque, c’est bien vous qui êtes propriétaire des actions, des parts de placements collectifs (fonds et sicav, ETF), etc., dans lesquels vous avez investi. Ces actifs, vos actifs, ne figurent pas au bilan de la banque et ne constituent aucunement une ressource lui permettant de financer ou refinancer ses activités. Votre conseiller bancaire pourra ainsi vous proposer un ETF MSCI World éligible au PEA mais il n’est qu’une interface entre vous et le gérant d’actifs fournisseur du fonds.

Le livret A

Seulement 40% des fonds collectés sont gérés par la banque qui touche des commissions sur la collecte et rémunèrent les épargnants, 60% sont centralisés par la Caisse des Dépôts qui les investit dans des projets d’intérêt général.

Outre votre compte courant, seulement une partie de votre épargne financière a une utilité en tant que passif bancaire, l’autre n’est pas “intermédiée” par la banque, elle ne figure pas sur son bilan. Par définition, seule votre épargne strictement bancaire est un élément du passif de votre banque.

La parabole du manteau de vison

Maintenant qu’on a situé les prêts “toxiques” à l’actif de votre banque et votre épargne bancaire à son passif, quelle relation entre les deux ? Et surtout quelle relation avec les activités (physiquement) émettrices de GES des entreprises ? Car il va de soi qu’un prêt ne dégaze rien du tout… ce sont des euros qui circulent d’un compte à l’autre.

Lisez d’abord la parabole du manteau de vison du professeur Riveline, ancien professeur à l’Ecole des Mines de Paris :

Un homme désire acheter une voiture de 10 000€ et offrir à sa femme un manteau de vison du même prix. Mais il ne dispose que de 10 000€ d’économies. Aussi achète-t-il la voiture à crédit, ce qui lui permet d’acquérir tout de suite les deux objets, au prix du paiement d’intérêts à l’organisme qui finance l’achat de la voiture. La question posée est la suivante : comment calculer le coût du manteau de vison et celui de la voiture ?

Une première réponse s’offre à l’évidence : le manteau coûterait 10 000€, et la voiture coûterait les paiements auxquels elle va donner lieu. Mais ajoutons une précision, qui va mettre en cause cette réponse : supposons que dans l’éventualité où cet homme n’aurait pas obtenu de crédit, il aurait choisi de n’acheter que la voiture, en la payant au comptant. Si cette hypothèse est retenue, on est logiquement conduit à conclure que c’est le manteau qui a pu être acquis grâce au crédit, bien que, sur le plan juridique, ce soit la voiture qui ait servi de prétexte et de support concret à l’opération financière”.

Cette parabole a servi au professeur Riveline à expliquer simplement le principe de non-affectation des ressources aux emplois. Il y exposait la différence de nature entre mouvements de biens et mouvements financiers de l’entreprise et démontrait simplement que le coût d’un bien n’existe pas (ou qu’il en existe une infinité ce qui revient au même) – ce qui était l’objet de son analyse. Un tel coût dépend d’un observateur et d’un scénario contrefactuel.

Autres citations pour mieux comprendre cette idée essentielle :

Il est intuitif d’associer à l’acquisition d’un bien un mouvement financier : paiement comptant ou naissance d’une dette. Mais ce mouvement financier a des conséquences variées sur la vie de l’agent économique concerné, de sorte qu’il n’est plus possible, a posteriori, d’associer terme à terme les dettes et des biens acquis : il n’y a pas affectation des ressources aux emplois”.

Tout se passe comme si l’entreprise avait en fait deux activités séparées :

  • une activité portant sur des biens et des services physiques et reflétée par les comptes de l’actif, depuis : “immobilisations” jusqu’à “stocks de produits finis” inclus ;
  • une activité financière, reflétée par le passif, et les postes clients, comptes bancaires, caisse, de l’actif”.

Ce raisonnement montre qu’il n’est pas possible d’imputer à des euros spécifiques du passif d’une entreprise une propriété physique de ses actifs productifs, dans le cas qui nous intéresse des émissions de GES. Il n’y a pas de relation univoque entre ses ressources financières et les actifs productifs qu’elle détient. C’est le principe de non-affectation des ressources aux emplois. Autrement dit, c’est tout le passif qui finance tout l’actif !

L’État connaît bien la non-affectation des ressources aux emplois… car cette règle est incluse dans le principe d’universalité budgétaire qui est l’un des six grands principes budgétaires des finances publiques en France.

Une proposition banale comme “TotalEnergies finance tel projet par une émission obligataire à 7 ans” est une facilité de langage, un argument de vente, qui ne contredit pas le principe de non-affectation. On peut imaginer une grande variété de mouvements financiers, voire d’évolution de la structure du bilan de l’entreprise, sans que le projet physique concerné ne soit en rien modifié. Par exemple : supposant l’obligation remboursée après 7 ans, comment ventiler au passif les GES que le projet continue d’émettre si vous les aviez attribués à cette obligation ?

Revenons à la situation qui nous intéresse. Dans un exemple simplifié, vous avez un dépôt à vue (compte courant) dans la Banque A qui est une ressource pour elle, un passif donc. Cette banque accorde un prêt à l’entreprise B. Ce prêt, qui est un actif de la banque, est inscrit au passif du bilan de l’entreprise : l’actif de l’un est le passif de l’autre. Pour finir, l’actif physiquement polluant est bien… à l’actif du bilan de l’entreprise.

Pour établir un lien entre votre dépôt et l’actif polluant de l’entreprise, vous devriez “traverser” deux bilans… c’est la parabole du manteau de vison au carré ! 

Vous ne pouvez pas ventiler une quantité de GES depuis l’actif de l’entreprise B jusqu’à votre dépôt à vue dans la banque A à travers deux bilans comme un saumon remontant la rivière… Dit autrement, il est impossible d’associer spécifiquement des émissions de GES à un euro que vous avez dans votre compte courant.

Rejoignez les 40000 abonné(e)s à notre newsletter

Chaque semaine, nous filtrons le superflu pour vous offrir l’essentiel, fiable et sourcé

La création monétaire en plus !

Il existe une autre réalité supplémentaire qui achève de dynamiter le récit selon lequel un compte courant “financerait” les GES. Dans notre système financier, ce sont les crédits qui font les dépôts

Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie que les banques commerciales ne sont pas des passe-plats pour les capitaux. Si un ami vous prête personnellement 1 000 €, il doit bien les avoir, c’est un simple transfert, mais quand une banque vous accorde un prêt de 1 000 €, elle crée ces 1 000 € d’un simple jeu d’écritures : elle inscrit simultanément ces 1 000 € à son actif – c’est une créance que la banque possède sur vous son client emprunteur – et à son passif via un dépôt sur votre compte courant personnel. La banque commerciale est la seule entité à disposer de ce pouvoir magique de création monétaire scripturale, qui représente l’essentiel de la monnaie en circulation, soit 91% en zone euro en 2020 – la monnaie fiduciaire (pièces et billets), elle, est émise par la banque centrale.

Ce processus est exactement l’inverse de l’idée fausse décrite encore dans une majorité de manuels d’économie traditionnels qui expliquent que les banques agissent simplement comme des intermédiaires en prêtant de la monnaie pré-existante, c’est-à-dire l’argent des dépôts que les épargnants leur confient… C’est cette idée fausse qui est exploitée sans vergogne par ceux qui racontent qu’avec votre compte courant vous “investissez votre argent dans des énergies fossiles.”

The Other Economy explique encore :

Cette présentation est parfois un peu nuancée par l’emploi du terme “transformation”, comme l’exprimait, par exemple, Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale dans un article de 2012 :

“Les banques sont des acteurs majeurs dans le circuit de financement de l’économie de la zone euro par leur rôle d’intermédiation directe (crédits bancaires, produits d’épargne bilanciels…) ou indirecte (interventions diverses sur les marchés d’actions ou d’obligations (…). Au-delà de leur rôle d’intermédiaires, les banques assurent un rôle fondamental de transformation qui les différencie des autres institutions financières (tels que les assureurs et les fonds de pension). En effet, les banques transforment des flux d’épargne structurellement de court terme et liquides vers des besoins de financement de long terme et généralement moins liquides.” Ces formulations font croire au lecteur que les banques collectent de l’épargne qu’elles prêtent ensuite (éventuellement à un horizon plus long que celui de l’épargne collectée, dont font partie les dépôts sur les comptes courants). […] La notion de transformation telle que présentée habituellement est donc une expression fallacieuse”.

Le mécanisme de création monétaire est décrit dans un texte remarquable de trois économistes de la Banque d’Angleterre : “Les dépôts bancaires sont simplement un registre des montants que la banque elle-même doit à ses clients. Il s’agit donc d’un passif de la banque, et non pas d’un actif qui pourrait être prêté”.

On pouvait un peu se douter que les euros de notre compte courant, qui constitue l’épargne la plus liquide de toutes, celle qu’on peut retirer immédiatement et sans aucun frais, n’avaient pas été prêtés pour 7 ans à un autre client (emprunteur) de notre banque…

Reprenant le schéma vu plus haut, c’est bien l’entreprise B qui décide de lancer (ou pas) un projet, puis la banque A qui décide de contribuer (ou pas) au financement de cette entreprise. Votre banque ne dépend pas de votre compte à vue pour prêter à l’entreprise B puisque ab initio son actif et son passif connaissent une augmentation identique quand elle crée un nouveau prêt et donc de la nouvelle monnaie. 

Cela ne signifie pas que chaque banque commerciale puisse augmenter sa taille de bilan de manière illimitée. Les banques doivent prendre en compte des contraintes de rentabilité, réglementaires et gérer les risques de leur portefeuille de prêts

Mais cela suffit pour conclure que la non-affectation des ressources aux emplois associée au pouvoir de création monétaire interdit de rattacher des émissions de GES de la production physique à des euros spécifiques du passif bancaire, comme ceux qui constituent votre compte courant par exemple.

Ce n’est pas le passif du bilan d’une banque commerciale qui a un impact quelconque sur les émissions de GES mais ses choix de financement à l’actif. Les dépôts ne font pas croître la capacité de prêter et votre compte courant ne finance rien du toutCe n’est pas parce que vous avez un dépôt dans une banque que vous devenez banquier !

L’équivalent CO2 d’un compte courant ne veut rien dire

Le “calcul” des émissions financées

Puisque votre épargne bancaire ne finance rien du tout, l’équivalent CO2 d’un compte courant ne veut rien dire. Mais on peut comprendre que certaines banques souhaitent, elles, estimer leur part de responsabilité dans les émissions produites par les entreprises qu’elles financent et dans lesquelles elles investissent, ce qu’on appelle leurs “émissions financées”. 

On trouve de nombreuses méthodologies d’estimation de ces émissions financées pour permettre aux acteurs financiers de “comptabiliser les émissions de GES de leurs actifs financiers”.

Ce n’est pas une contradiction avec ce que nous écrivons. D’une part, le périmètre concerné n’inclut pas le passif bancaire – et donc pas votre compte courant… D’autre part, ces méthodologies nécessitent des conventions et dépendent du point de vue de celui qui commande ce type de bilan carbone.

Le choix final pour partie arbitraire est aussi politique car il y a une pente naturelle qui conduit de la ventilation du CO2 à l’attribution puis à la responsabilité.

Ces estimations sont généralement basées sur les émissions (elles-mêmes estimées) et sur la valeur financière de l’entreprise considérée. Par exemple, si les émissions de l’entreprise B totalisent 12 000 tonnes d’équivalent CO2 et si la banque A lui a accordé un prêt représentant 10 % de sa valeur financière totale, alors les émissions de l’entreprise B financées par la banque A seront estimées à 1 200 tonnes d’équivalent CO2 (10 % x 12 000 = 1 200). 

On voit assez vite les limites de ce type d’approche puisque les émissions financées par la banque A peuvent baisser en raison soit d’une hausse de la valeur totale des capitaux de l’entreprise, soit d’une baisse de la part du prêt dans ces capitaux.

Les communications fallacieuses concernant le compte courant

On trouve très régulièrement des éléments de langage qui continuent le trait jusqu’au compte courant en promouvant les idées fausses évoquées plus haut. 

Non, un compte courant ne finance pas les GES. Et, d’ailleurs, un compte courant n’est pas nécessairement la contrepartie (créée ex nihilo) d’un crédit qui financerait quelque chose de concret. Il peut être issu d’une variété de jeux d’écriture au passif de la banque : par exemple, un virement intrabancaire de votre livret A ouvert dans la même banque vers votre compte courant. Il peut aussi provenir d’un virement interbancaire : par exemple pour un particulier multi-bancarisé, un virement de compte courant à compte courant. Quelqu’un pense-t-il vraiment qu’en virant 2000€ de la SG à BNP Paribas, il économiserait 100kg de CO2 équivalent ? Etc.

À cette confusion sur les sujets financiers s’ajoute une confusion avec l’utilisation du mot “empreinte”. Selon l’ADEME, “L’empreinte carbone n’est pas un bilan carbone. Même s’ils mesurent tous deux les émissions de gaz à effet de serre , ils ne se calculent pas de la même manière et n’ont pas le même objectif. L’empreinte carbone englobe les émissions directes et indirectes d’un individu sur une année. Le bilan carbone, en revanche, est un outil de comptabilité utilisé par les organisations (entreprises, collectivités) pour quantifier leurs émissions sur une période donnée et établir un plan de réduction”.

Le bilan carbone d’une banque n’est pas une empreinte. Le bilan carbone d’une banque ne peut pas fournir un élément comptabilisé dans l’empreinte carbone d’un consommateur.

Exemples de communications trompeuses

  • Helios : “Votre compte courant, l’impact en plus”, exemple du calculateur Helios où l’on compare gaiement un compte courant bancaire avec un steak de bœuf

Remarque sur les agents prestataire de service de paiement

Les agents prestataires de service de paiement, comme Helios, Green-Got etc. qu’on appelle abusivement “néobanques”, ne sont pas des banques et s’appuient sur des banques commerciales pour offrir leurs services en cantonnant les fonds collectés auprès de leurs clients dans ces établissements bancaires partenaires. 

Ce cantonnement, qui est au cœur de leur pitch commercial, n’offre aucune valeur ajoutée par rapport aux banques commerciales qui reçoivent finalement les dépôts de leurs clients.

L’équivalence entre empreinte carbone de la consommation et “impact” de l’épargne est contre-productive

En écrivant :

  • 2000 € sur un compte courant de la BNPP = 1,2 tonnes CO2 eq /an
  • un aller-retour Paris-NY = 1,2 tonnes CO2 eq

et, par transitivité de l’égalité, en concluant que 2000 € sur un compte courant BNP Paribas polluent autant qu’un aller-retour Paris-New York en avion, on trompe le public car en réalité il ne s’agit pas de la même unité (malgré le nom employé qui est identique) – on compare de manière fallacieuse des pommes avec des oranges. 

Cette équivalence entre empreinte carbone de la consommation et “impact” de l’épargne est contre-productive. Une personne peu avisée pourrait vouloir compenser : elle ferme son compte chez BNP Paribas, s’achète un billet d’avion Paris-New York et économise du carbone… 

Dire que 2000 € sur un compte courant de BNP Paribas valent 1,2 tonne CO2 eq /an, c’est aussi aberrant que dire qu’un billet de 100 € vaut une certaine quantité de CO2. Si vous l’enterrez au fond de votre jardin, si vous le brûlez comme Gainsbourg ou si vous le dépensez en essence, vous n’aurez pas émis la même quantité de GES. 

Ce discours n’est pas sans conséquence. Si le diagnostic n’est pas le bon, la solution ne sera pas la bonne non plus ! Tristement, il représente une énième version de la rhétorique qui consiste à déplacer la responsabilité du système – ici financier – vers l’individu, ici vers le consommateur de produits d’épargne bancaire.

Comment les banques pratiquent le greenwashing

Comme le disait une responsable RSE de BNP Paribas : “Dire que les banques françaises financent les énergies fossiles, ça ne me paraît pas être un scoop, dans la mesure où nous finançons le monde tel qu’il est, or les sources d’énergies utilisées dans la production mondiale d’électricité, c’est 65 % de fossile. Mais nos politiques visent à réduire la part du charbon et à financer la transition énergétique”. 

Trouver des “prêts fossiles” dans le stock d’actifs des grandes banques, ce n’est en effet pas surprenant. Ce qui compte c’est bien l’évolution, le flux d’argent frais, nouveaux prêts et nouvelles émissions, en direction du secteur fossile et surtout des entreprises de l’expansion fossile.

Mais l’évaluation des politiques de décarbonation des banques n’est pas un exercice facile, immédiatement accessible au client bancaire. Quelques remarques essentielles peuvent cependant être faites.

Les politiques de décarbonation des banques sont volontaires et évitent l’essentiel de leur sujet

Si l’on souhaitait vraiment contrôler les émissions de GES, il serait évidemment plus logique d’agir prioritairement sur la production fossile en amont, sur les actifs physiques plutôt que sur leurs financements. Ne serait-ce que parce que les producteurs disposent souvent d’une capacité d’auto-financement.

Quand les Allemands ont décidé de sortir du nucléaire, ils n’ont pas étranglé financièrement les producteurs électronucléaires. La coalition gouvernementale a assumé ses responsabilités et a passé une loi pour organiser la fermeture de toutes les centrales nucléaires.

Mais si on n’agit pas sur la production fossile en amont, il faudrait au moins avoir l’ambition d’agir sur l’intégralité des financements de chacun de ces producteurs pour peser sur les trajectoires de décarbonation individuelles et agrégées. Ce n’est pas le cas. Chaque banque a sa propre politique, décidée volontairement, utilisant des méthodologies discutables qui ne limitent pas les ressources dont par exemple TotalEnergies dispose globalement pour développer ses activités fossiles.

Il ne faut pas confondre régulation sur le reporting, aujourd’hui en phase de régression en Europe, avec régulation des activités économiques elles-mêmes. Le reporting n’impose pas aux entreprises de réduire leurs impacts négatifs ni n’entraîne nécessairement de comportement vertueux : il ne suffit pas de connaître pour agir. C’est pourquoi on retrouve toutes les grandes banques dans le financement des bombes carbone. Et, aujourd’hui, aucune réglementation n’empêche une banque de financer EACOP.

Ainsi, aujourd’hui, l’article 2 de l’Accord de Paris n’est tout simplement pas respecté

Le présent Accord, en contribuant à la mise en œuvre de la Convention, notamment de son objectif, vise à renforcer la riposte mondiale à la menace des changements climatiques, dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté, notamment en : […] rendant les flux financiers compatibles avec un profil d’évolution vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques.

Les “failles” des politiques de décarbonation des banques

L’évaluation des politiques de décarbonation des banques n’est pas un exercice facile mais certaines ONG spécialisées font ce travail pour le public. Le diable est dans les détails. Les ONG épluchent ces politiques et surtout leurs petits caractères à l’affût de ces “failles” qui permettent aux banques de continuer à financer le secteur fossile assez librement.

Les guillemets signifient que ces failles sont volontaires : les banques écrivent elles-mêmes leur propre politique de décarbonation qui ne sont soumises à aucun contrôle scientifique. Il y a mille et une manières de jouer avec ses propres définitions et indicateurs. Quelques exemples non exhaustifs.

Oublier le placement des émissions de titres financiers du secteur fossile

Sauf exception, les banques n’incluent pas dans leurs politiques de restrictions quant à l’arrangement et au placement des nouvelles émissions de titres financiers du secteur fossile. En d’autres termes, le financement qu’une banque refuserait le cas échéant à un client sous forme de prêt, elle accepterait de le sourcer auprès d’autres investisseurs sous forme obligataire…

Biaiser avec les exclusions sectorielles ou géographiques

Une banque aura une politique d’exclusion qui s’appliquera aux sociétés directement actives dans le charbon mais pas à leur maison mère. Une autre autorisera une exemption si l’entreprise développant un projet de charbon en possède moins de 50 %. Une troisième autorisera une exemption pour un forage en Arctique si l’entreprise y produit moins de 30 % de son pétrole et gaz, une maille du filet beaucoup trop large, etc.

Sur l’Arctique, l’ONG Reclaim Finance a dénoncé dans un rapportles règles floues, à géométrie variable ou insuffisantes, édictées par les banques qui financent les nouveaux forages” dans cette région.

Raisonner et communiquer sur le stock, pas sur le flux

De manière générale, communiquer sur des cibles de décarbonation qui concernent le stock de financements fossiles dans un bilan bancaire est peu informatif voire trompeur. Un stock bancaire fossile peut très bien baisser alors que le flux de financement des énergies fossiles reste positif.

Premier exemple : si 500 millions d’euros sont remboursés par ses clients pétrogaziers à une banque en 2025 et qu’elle leur prête à nouveau 200 millions cette même année, son stock baissera de 300 millions alors qu’elle a potentiellement contribué à verrouiller de nouvelles émissions pour des décennies à hauteur de 200 millions d’euros d’argent frais.

Deuxième exemple, si une banque prête 100 millions à 10 ans à un client pétrogazier et revend cette créance à un autre acteur financier l’année suivante, ce prêt a disparu de son bilan mais pas ses conséquences dans le monde réel… En apparence, la banque est sur une trajectoire de décarbonation alors qu’en réalité elle contribue toujours activement à l’expansion des énergies fossiles.

Raisonner et communiquer sur l’intensité carbone

De même, toutes les mesures d’intensité en carbone, qui mesurent un ratio d’émissions de CO2 rapportées à la production d’une entreprise, ne répondent pas à la question. On peut parfaitement avoir un Green Asset Ratio (total des actifs verts/total des actifs) qui augmente, tout en continuant à financer l’expansion fossile.

Si la part des actifs verts augmente sans que la part des actifs fossiles ne baisse, alors que c’est elle la variable écologique importante en niveau absolu, ce découplage relatif ne sert pas.

Pratiquer le cherry picking

Pratiquer le cherry picking est une tromperie quand on sait (maintenant) que c’est tout le passif qui finance tout l’actif. Les banques qui prétendent financer les actifs verts et laisser leurs concurrents financer les bruns créent simplement des écrans de fumée.

Premier exemple : lorsqu’une banque vous dit qu’elle ne veut pas prêter à un SPV (Special Purpose Vehicule), par exemple celui qui pourrait être monté pour financer EACOP, mais qu’elle prête à l’entreprise sponsor de ce projet, en octroyant donc un prêt “corporate” à TotalEnergies, ce n’est pas cohérent ou bien c’est de l’hypocrisie. Si vous pensez qu’EACOP est un projet mortifère au point de ne pas vouloir le financer, il ne faut pas financer son actionnaire-sponsor !

Deuxième exemple : BNP Paribas a annoncé lors de son audition au Sénat sur TotalEnergies qu’elle ne sollicitera plus cette entreprise pour l’arrangement et le placement de ses émissions obligataires “conventionnelles”. 1 € prêté sur son bilan, ça va, mais 1 € trouvé sur les marchés financiers, ça ne va plus ? C’est incohérent car cet euro sera employé par la major pétrogazière de la même manière indépendamment de sa source. Pire, cette banque a laissé entendre que si l’entreprise émettait des obligations vertes, elle serait à nouveau candidate à ce business. Pourtant le “fléchage” des obligations vertes ne résout pas le problème de fond. L’argent fléché vers le projet vert n’empêchera pas la major d’investir massivement dans ses projets bruns. Le fléchage est un récit qui rassure mais qui n’invalide pas le principe de non-affectation des ressources aux emplois…

Une analyse contrefactuelle simple le confirme : imaginez que la major fasse 20 Mds € d’investissements dont 15 Mds € dans le fossile et 5 Mds € dans les ENR financés par un mix de cash-flows et d’obligations conventionnelles. Si l’on remplaçait au passif de l’entreprise 5 Mds € d’obligations conventionnelles par 5 Mds € d’obligations vertes fléchées vers les projets d’ENR, “dans le monde réel”, cela ne change RIEN aux emplois et en particulier aux 15 Mds € investis dans le fossile… Qu’une grande banque française se perde dans de telles arguties pour masquer ses responsabilités, ce n’est pas sérieux.

Finalement des engagements “Net Zero” vides d’effet

En 2024, 29 banques sont considérées comme globalement systémiques (G-SIBs pour global systemically important banks) dont 11 sont européennes (Royaume-Uni inclus), 10 américaines (Canada inclus), et 8 asiatiques. 4 sont françaises. Depuis quelques mois, 6 G-SIBs américaines (JP Morgan, Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Bank of America et Morgan Stanley) ont quitté la NZBA (Net-Zero Banking Alliance), une initiative dont on sait pourtant qu’elle n’est ni contraignante ni efficace (la preuve : les françaises y sont).

Le National Bureau of Economics Research montrait d’ailleurs dans une étude en mai 2024 que les engagements “net zero” des banques de la NZBA étaient vides d’effet : aucune preuve de désinvestissement des secteurs carbonés ciblés et aucune preuve de réduction des émissions financées. Autrement dit, les clients de ces banques ”net zero” ne sont pas plus susceptibles que n’importe quel autre de se fixer des objectifs de décarbonation ou de réduire leurs émissions. Nous parlons de ces mêmes banques qui passent avec succès les stress-tests climatiques de leurs régulateurs…

La banque la moins pire selon Banking on Climate Chaos

Comment faire le tri dans tout cela pour son épargne bancaire ? Notre argent étant au passif de la banque, on ne finance rien, mais on peut tout de même préférer placer son épargne bancaire dans la banque dont les activités seraient les moins néfastes, souhaiter avoir la moins mauvaise utilité en tant que minuscule bout d’un passif bancaire.

Comme aucun indicateur fourni par les banques ne permet de les distinguer réellement, la seule information utile, c’est la liste exhaustive des nouveaux financements au secteur fossile mis en place par les banques, sous la forme soit de nouveaux prêts, soit de nouvelles émissions de titres financiers.

C’est exactement l’ambition d’un groupement d’ONG que de publier chaque année ces chiffres sous la forme du rapport Banking on Climate Chaos. C’est un travail difficile parce qu’il faut pouvoir identifier tous les financements (prêts et obligataires) de tous les clients concernés, y compris les SPV.

Le problème principal est que ces transactions ne sont pas toutes publiques. Un prêt bilatéral ou bien un placement privé obligataire n’apparaîtront probablement pas dans la base de données utilisée. Le secret bancaire, cette obligation légale à laquelle est tenue une banque de ne pas divulguer à des tiers les données qu’elle détient sur son client, favorise l’opacité des pratiques bancaires.

Les points saillants du rapport 2024

  • Les 60 plus grandes banques mondiales ont sourcé 705 milliards de dollars pour des entreprises actives dans les énergies fossiles en 2023, ce qui porte le total à 6 900 milliards de dollars depuis la signature de l’Accord de Paris de 2015;
  • Ces banques ont sourcé 3 300 milliards de dollars au total depuis 2016 dont 347 milliards de dollars en 2023 pour des entreprises qui prévoient de développer de nouveaux projets fossiles;
  • Les grandes banques françaises ont sourcé 67 milliards de dollars pour l’expansion fossile entre 2021 et 2023. Un soutien qui vient à plus de 99 % de quatre banques : BNP Paribas (23,9 milliards), Crédit Agricole (17 milliards), Société Générale (15,6 milliards) et Banque Populaire Caisse d’Epargne (9,7 milliards);
  • Seules 8 des 60 banques incluent des restrictions sur l’arrangement et le placement des titres financiers dans leurs politiques de décarbonation alors que ces émissions de titres représentent plus de 40 % du financement total de l’industrie des énergies fossiles.

Un résultat sans surprise

Finalement ces ONG ont observé que seules La Banque Postale et Danske Bank ont des engagements à la hauteur de l’urgence climatique. Sans surprise parce qu’à l’évidence c’est la plus petite banque française, très domestique, qui ressort car peu impliquée dans le financement des entreprises pétrogazières mondiales. La Banque Postale est en outre chargée d’une mission de service public d’accessibilité bancaire.

A noter que le Crédit Coopératif, qui est peu exposé aux énergies fossiles et a adopté une politique d’exclusion stricte des énergies fossiles, ne fait pas partie du panel étudié, pas plus que la NEF.

La NEF est une banque éthique indépendante, avec l’agrément ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale) qui finance uniquement des projets qu’elle estime à impacts positifs et dont elle rend compte de manière totalement transparente. C’est exceptionnel et idéal pour se faire une opinion quand on sait que tout le passif finance tout l’actif, mais la NEF ne propose pas encore de compte courant au particulier.

Les personnes soucieuses de contribuer au passif de leur banque par leur épargne bancaire pourront changer de banques pour ces banques-là.

Petits et gros bémols

  • Il n’y pas que le carbone dans la vie ! Beaucoup d’autres critères pourraient être pris en compte, à commencer par l’impact des investissements sur la biodiversité et l’artificialisation des sols, la transparence des financements aux industries de l’armement, la vigilance sur le blanchiment d’argent ou encore le financement de projets sectaires
  • L’argument quantitatif est faible : BNP Paribas est “pire” que la SG parce qu’elle est plus grosse. Si on la découpait en 2 ou 3 SG, est-ce qu’on aurait changé les choses ? Non.
  • Les ordres de grandeur ne sont pas très favorables au grand soir… Selon l’ACPR, le régulateur de la banque et de l’assurance en France, “le secteur bancaire français dispose de ressources (dépôts à vue ou à terme, hors opérations de pension livrée et assimilées) auprès de la clientèle non financière (résidente et non-résidente) pour un encours de 3 943 milliards d’euros sur base consolidée” (chiffres 2023). Si on enlève un milliard dans la phrase précédente, on comprend qu’un dépôt de 3 943 euros représente un milliardième (10-9) de cet encours, presque le ratio entre l’échelle humaine et l’échelle atomique… Une perte de dizaines de milliers de comptes n’aura pas d’impact significatif sur les grandes banques.
  • En général, quand on est client d’une banque, on y détient une épargne bancaire mais souvent on lui emprunte aussi de l’argent. Supposons que vous preniez un crédit auto pour acheter un véhicule. Au moment où le prêt est établi, votre compte est crédité d’un nouveau dépôt comme on l’a vu. Lorsque l’achat est conclu, si le compte du vendeur n’est pas dans votre propre banque, le nouveau dépôt est transféré dans la banque du vendeur : votre crédit a fait un dépôt qui a ensuite été “perdu” par votre banque. Si la banque du vendeur n’a pas vos faveurs, renonceriez-vous à l’achat du véhicule ? Cela n’a pas grand sens. On ne va quand même pas conseiller aux gens d’emprunter chez BNP Paribas et d’ouvrir des livrets d’épargne à la NEF. Cela ne paraît pas très réaliste.

Changer la banque plutôt que changer de banque

Manger moins de viande, c’est prendre sa part de l’effort. Ne plus prendre l’avion, aussi. Mais l’empreinte carbone individuelle de votre compte bancaire, ça n’existe pas. 

1 kg de tomates bio achetées à la place d’1 kg de tomates pas bio, ça a un petit impact positif sur vous et pour l’environnement. Mais retirer des euros sur un livret bancaire de BNP Paribas, ça peut n’avoir strictement aucun impact sur TotalEnergies et ses sœurs si cette banque décide de continuer à les financer. Prétendre le contrainte, c’est ne pas comprendre qu’en économie, la loi ce n’est pas la physique, c’est la comptabilité. Prétendre le contraire, c’est vous donner une mauvaise information et l’illusion d’un contrôle qui ne vous revient pas.

Derrière tous leurs écrans de fumée, celles qui ont l’information et qui contrôlent leur politique de prêts et décident quelles émissions de titres vendre sur les marchés de capitaux, ce sont les banques. Aucune autorité n’a jamais contraint une banque commerciale à prêter à un client ou à placer ses titres… Elles sont souveraines dans leur choix. C’est bien le problème. Les États, les vrais souverains, peuvent interdire et réguler mais ils sont aux abonnés absents… ou complices.

Une décision volontaire individuelle de transférer son épargne bancaire ne peut pas suffire. Elle est tout à fait légitime pour aligner son épargne avec ses valeurs et favoriser le développement de banques plus vertueuses mais ne répond pas à l’urgence climatique puisque, pendant ce temps-là, EACOP et les bombes carbones se font. Il faut reprendre le problème à l’endroit. 

Typiquement, une grande entreprise est structurellement emprunteuse d’argent auprès des banques via différents prêts, elle a émis une certaine quantité d’actions et elle émet régulièrement des obligations. Mais il y a une vraie différence de nature entre ces deux moyens de financement.

Dans le premier cas, la banque prêteuse met son bilan à disposition et, cela, personne d’autre qu’elle ne peut le faire. Bien sûr, si une banque refuse de prêter, une autre pourrait se substituer à elle, ce que l’on observe dans la pratique. C’est ce que disait explicitement le PDG de TotalEnergies lui-même : “Je n’ai aucun problème à financer notre business en Afrique. Si les banques françaises ne veulent pas, nous trouverons une autre banque, le monde est grand, il y a plein de banques américaines, japonaises. Ne vous inquiétez pas. C’est un bon business et quand vous avez un bon business, vous trouvez des banquiers”. 

Ce n’est pas du bluff et nous devrions ajouter les banques chinoises à sa déclaration pour faire bonne mesure. Tant qu’une entreprise comme TotalEnergies aura le soutien de 4 à 5 banques parmi les grandes banques systémiques, rien ne la stoppera. Pas de stress pour le PDG, les grandes banques françaises et bien d’autres accompagnent toujours et encore TotalEnergies. Ces banques ne sont pas alignées avec les valeurs dont elles nous rebattent les oreilles à longueur de communication.

Dans le deuxième cas, si une banque refusait de conduire des opérations de marchés de capitaux pour l’entreprise, cette banque serait facilement remplacée par un autre acteur. Des dizaines de banques et d’autres acteurs disposent des capacités de placement nécessaires à ces transactions. L’entreprise pourrait même placer ses titres directement sous forme de placements privés.

La crise écologique est un problème systémique qui ne peut pas être traité par un simple changement au niveau du consommateur individuel, c’est sur les banques que l’attention et la contrainte doivent se porter. Le changement sur la base du volontariat des banques échoue (NZBA !) et échouera toujours. Compétitivité oblige. Il faut des lois pour “changer la banque”. 

Les conclusions de cet article peuvent être surprenantes, et, c’est normal. Les faux discours sont partout, le greenwashing aussi, y compris d’acteurs qui se disent “écolos”. Démystifier les discours sur l’épargne bancaire et notamment ceux sur le compte courant n’est pas une mince affaire.

Et maintenant, que faire ? Passer aux prochaines étapes : un guide “des lois pour changer la banque” et une analyse critique de l’autre épargne financière : quand vous placez directement votre argent dans des fonds, vous devez savoir exactement dans quoi. Follow the money !

POUR ALLER PLUS LOIN

Envie de creuser le sujet ? Cet article pourrait vous intéresser !

24 Responses

  1. J’ai pour habitude de consulter votre site car il y a un super taff de vulgarisation mais la c’est tres dur a suivre et a comprendre pour quelqu’un qui ne connait rien a la finance. Dommage.
    De plus, on rentre dans le triangle de l’inaction puisque votre recommendation est “ne faites rien vous ne pouvez rien faire”, or si tous les francais changeaient pour Greengot, cela enverrait un signal fort aux banques francaises.

  2. Enfin une explication claire, factuelle et détaillée permettant de comprendre les manoeuvres de greenwashing insidieuses de certaines “néo banques” soit disant vertueuses. Avec en prime une présentation du fonctionnement bancaire illustrant parfaitement les enjeux du métier sur ce sujet. Il y a un grand chemin à parcourir…
    Un article d’utilité publique !

  3. Petits et gros bémols
    Il n’y a pas de banque parfaite.
    La NEF a certainement un modèle intéressant, mais il ne faut pas oublier ses liens avec l’anthroposophie, qui est un mouvement sectaire.

  4. Super article, merci beaucoup pour ces détails et la vulgarisation de ces systèmes financiers et comptables opaques! Je comprend bien que les raisonnements du type “je change mon épargne parce qu’elle finance des bombes carbones ” sont donc de très gros raccourcis fallacieux. Cependant je vois un parallèle entre changer de banque (pour aller vers la NEF par exemple) et le boycott de certaines marques par exemple. Certes mon argent ne finance pas directement le business dans un pays X / les SPV fossiles, mais boycotter / changer de banque est tout de même une perte de revenus et envoie donc un signal. L’effet est minime à l’échelle individuelle, mais n’aurait-il pas un impact à une plus grande échelle? (en combinant avec du militantisme comme “Stop EACOP” pour maximiser son impact par exemple)
    Aussi, pour le point sur les néo-banques, merci beaucoup de l’éclaircissement. Si ces banques gagnent en popularité, leur objectif n’est-il pas d’évoluer vers un modèle de banque classique, les engagements responsables en plus? Ou est-ce que leur écart de taille avec une banque classique est trop grand, et y placer son argent ne serait qu’un plan sur la comète irréaliste même à plus long terme?

    1. Il y a quelques mois, ou 5 ans ? Ce qui est vraiment différent. Quelles sources avez-vous pour dire “il y a quelques mois” ?

  5. Merci pour ces explications, qui, si on prend le temps de les lire, sont très claires. Néanmoins, cela mérite un live sur Twitch, voire une chaîne thématique complète. Par ailleurs, voilà, s’il en est , un exemple supplémentaire de l’inanité des discours sur les gestes individuels (sauf peut-être pour les 0.1% de la population…).
    En revanche, il me semble que Green Got de mémoire “vendait” une attention particulière aux investissements faits dans les ENR par leurs banques partenaires… Peut-être est-ce là qu’il faut cherche le rôle de ces “néobanques” : jouer le rôle que certaines ONG opèrent avec le peu de moyens dont elles disposent, à savoir conseiller, traquer, délivre une informations précises sur les politiques de prêts et d’investissement des banques.

  6. Bonjour,

    Merci pour cet article fourni et bien documenté, comme toujours :). J’ai trouvé le principe de non-affectation des ressources aux emplois très bien expliqué.
    Me concernant, je travaille à l’Institut Mutualiste pour l’Environnement et la Solidarité au sein de Crédit Mutuel Alliance Fédérale (direction ESG du groupe), notamment sur le sujet des émissions financées. Si besoin à l’avenir de plus de matière sur les méthodologies de calcul des émissions financées et le décryptage des chiffres et objectifs des banques (en complément des flux sur les fossiles), je suis à disposition !

  7. Dans la phrase “De tels SPV empruntent donc auprès des banques et peuvent, plus rarement, émettre des obligations.”, le lien hypertexte est “https://www.mol.co.jp/en/info/article/2019/0918.html?utm_source=chatgpt.com”. L’utilisation des outils d’intelligence artificielle et de chatgpt en particulier pose de nombreuses questions et devrait être limitée au strict minimum.

  8. J’avoue avoir eu du mal à lire jusqu’au bout. A la moitié, je suis allée lire les commentaires, qui m’ont stimulée à lire la deuxième moitié de l’article.

    Tout comme Axel, je trouve que l’article n’est pas très didactique, pour la première moitié du moins. Car la suite de l’article reprend un langage nettement plus compréhensible. Et j’ai l’audace de penser qu’il n’est pas utile de comprendre toute cette complexité bancaire. Si ma banque accepte intentionnellement les mafias comme clientes, je change de banque. Si en tant que cliente, ma banque me propose d’investir dans les énergies fossiles, les pesticides, l’armement, les casinos, la prostitution, … : je change de banque.
    Que l’argent que j’investis n’appartienne pas directement à la comptabilité bancaire, m’importe peu. C’est l’intention qui pour moi est en jeu. Si la banque n’investit pas directement dans le fossile, mais qu’elle collabore à aider les clients à investir dans le fossile, je ne veux pas collaborer avec elle.
    Je suis en Belgique. Je place mon argent dans des coopératives d’origine belge qui investissent durablement dans les pays du sud, principalement via des microcrédits pour sortir certaines populations (par millions) de la pauvreté. Le dividende reçu annuellement est de maximum 1%, donc inférieur à l’inflation. Cela consiste donc à investir sans chercher du gain, et en acceptant que annuellement un petit pourcentage y passe en don, en quelque sorte.

    Je réagis aussi à l’idée qu’il faille changer le système plutôt que changer individuellement. Il faut travailler dans les deux directions, et il faut être conscient aussi que le système change quand les individus évoluent, et donc agissent différemment (les politiques légifèrent ensuite (plus vite ou non selon qu’ils sont d’un parti plutôt qu’un autre)).

    Si des firmes nuisibles persistent à exister c’est bien aussi parce que des individus y investissent leur argent. Que ce soit la Chine ou l’Afrique qui accepte d’investir dans Total si les banques européennes en viennent à refuser de le faire, ne change rien à l’équation. Ce n’est pas parce que mon voisin ne fait rien car les autres ne font rien, que je dois le suivre dans son inaction. Nous avons individuellement une responsabilité dans chaque acte que nous posons. Et bien sûr, nous savons tous que nos voisins, collègues, voire amis et famille, ne partagent pas notre motivation, pointant du doigt tous ceux qui ne font rien. Ca ne change rien à notre responsabilité. Quand nous atterrissons dans un jeu où ce sont les pires qui sont favorisés pour gagner (lisez : le monde actuel), dès que nous en prenons conscience, la première chose à faire est de retirer nos pions du jeu.
    Je suis bien d’accord que l’urgence est là. Mais pointer du doigt à l’extérieur ce que nous n’avons pas changé au niveau individuel, c’est faire du sur-place.
    Retirer notre argent des banques les moins vertes et les moins éthiques, me paraît en ce sens, une des premières choses à faire. En Belgique, Greenpeace donne un classement de toutes les banques selon leur côté durable et éthique. Ce n’est, à mes yeux, pas du greenwashing.

    Et si l’article n’avait pour but que de prouver qu’on ne peut pas chiffrer en kg CO2 l’activité d’une banque, il était possible de l’expliquer un peu plus simplement.

    Néanmoins, même si je réagis car j’ai envie de faire entendre des choses que j’estime importantes; je salue le travail effectué, et j’ai tout de même appris des choses dans cet article. Donc merci aussi et continuez. Vous avez tellement de choses à dire encore.

    Juste une remarque. Quand je vois la complexité du système bancaire, financier, économique, comptable, qui le rend complètement opaque auprès du quidam, alors qu’à la base, l’argent est créé par les humains pour pouvoir échanger des pommes contre des poires, des objets contre des services; et que, au final, tout ce système aboutit à la misère d’une partie importante de la population mondiale, à des guerres en continu un peu partout sur le globe, et à une destruction de l’environnement qu’on risque de ne pas arriver à endiguer…. ; je me dis que cette complexité est la résultante d’un mélange de biais de raisonnement (incompétence) et de mauvaise foi de la part de ceux qui l’ont édifié. Son opacité probablement intentionnelle rend quasi impossible de le rendre plus juste ou d’en abolir les règles les plus incohérentes. …. retirer nos pions du jeu

  9. Wow, l’article est détaillé et j’ai eu la même difficulté que d’autres lecteurs/lectrices, il faut le relire plusieurs fois pour bien saisir ce qu’il explique et le niveau de fumisterie qu’on nous rabâche.
    Merci de l’avoir fait, j’espère qu’il y aura une suite qui parlera des autres épargnes, notamment l’assurance-vie ou les placements verts… Je me suis souvent poser la question de choisir à quoi sert mon argent et comment puis-je choisir quelle entreprise je veux soutenir.
    Globalement c’est fou de voir que nos comptes courant comptent pour très peu dans le stock total de l’argent des banques. Mais en même temps, si on a si peu d’impact pourquoi les banques continuent-elles à vouloir nous attirer et nous vendre leur prêt, assurance et autres produits? Bref ça lève pas mal de question je suis bon pour une relecture et creuser un peu plus les sources.
    Comment on peut pousser nos député-e-s/ élu-e-s à refondre tout ça?
    J’aime beaucoup la chaîne Heureka? qui parle beaucoup de ces sujets (ça reste aussi très dense mais avec le temps on commence à capter 2,3 trucs).

    Merci pour cet article, continuez ce travail de fond, ça aide à poser les bons diagnostiques

  10. Pour résoudre le problème de l’éthique bancaire de celui à qui on donne son argent (exemple de la voiture) un beau modèle et celui de la monnaie locale. C’est précisement sa plus grande force : en payant en monnaie locale j’oblige mon commerçant à respecter une éthique. Je choisi en faite non seulement sa banque mais également là où il pourra faire circuler cet argent à nouveau. puissant. trop rare.

  11. Très intéressant. Même si je n’ai pas tout compris. Il faudrait plus de détails pour les néophytes en éco et en compta. Néanmoins l’essentiel est là : « les banques font ce qu’elles veulent et elles vous emmerdent». Oui à l’abolition du secret bancaire et ouverture des livres de compte de toutes les banques et entreprises.

  12. Bon, c’est bien beau tout ça. Mais au final, est-ce que ça a un peu d’impact de fermer son compte à la SG pour en ouvrir un à la Banque Postale ?

    1. Le communiquer, le faire comprendre à tout le monde, oui. Pour de l’impact, il faut se référer aux ordres de grandeur, ce qu’on explique dans l’article…

  13. Vla un gros pavé ! Passifs, actifs … ça m’a toujours foutu la nausée, mais je me suis accroché et lu jusqu’au bout.

    “Les dépôts ne font pas croître la capacité de prêter”.
    Pourtant, il me semble que les banques prête suivant une LDR qui leur est propre, suivant le niveau de risque qu’elles souhaite avoir. Donc a LDR constant, moins y a de dépôt, moins elle pourra prêter non ?
    Et s’il n’y avait aucun lien entre les dépôts et les prêts, pourquoi, en cas de crise, pourquoi les retraits d’argent sont limités voir interdit si leur capacité a créer de l’argent magique n’a aucun lien avec l’argent des dépôts ?

    Si on posait la question : Acheter du bio pour sortir de l’agriculture intensive ?
    la conclusion ne serait elle pas la meme ? si nous, en tant qu’individu, on décide de ne pas achèter de tomates avec pesticide, ça n’empêchera pas une autre personne qui n’en a rien a foutre de l’acheter et a pérenniser le système intensif
    Là le consommateur est comme une banque avec total. Si une banque ne finance pas total, une autre le fera. conclusion, le problème c’est le système bancaire (on peut meme dire le capitalisme)

    Donc a titre individuel manger des tomates bio c’est efficace, mais mettre son argent dans une banque “qui est peu exposé aux énergies fossiles” n’est pas du tout efficace ?

  14. J’ai lu l’article mais je n’ai compris que très peu de choses sur le fonctionnement d’une banques (pas du tout un monde qui m’intéresse en lui même, beaucoup de vocabulaire inconnu, (je ne comprend pas bien ce que représente un actif ou un passif d’une banque par exemple, je ne suis pas non plus certain d’avoir saisi le principe sous jacent de l’exemple avec la voiture et le blouson à 10 000€) et des montage que je comprend complexe) mais le sujet à le mérite d’être traité en profondeur. Le plus important dans cet article c’est la conclusion ! Merci à l’équipe de Bon Pote 🙂

  15. Merci pour ce travail que j’attendais depuis qu’il a été annoncé 😉
    Il faut certes s’accrocher pour le lire. A bac+10, j’ai eu un peu de mal sur certains paragraphes, mais j’ai compris les grandes lignes et surtout les grandes erreurs et croyances des dernières années, véhiculées y compris par des personnes influentes écologistes que j’admire et aime beaucoup. Je me doutais qu’il fallait des experts de la finance pour se pencher là dessus, et je ne suis pas déçue. Il va me falloir le relire plusieurs fois pour tout comprendre mais j’ai maintenant tout mon temps 😉

    1. Merci pour votre retour ! Et on peut vous assurer qu’on a fait le maximum pour rendre ça accessible, c’était le plus difficile au final 😉

  16. C’est un peu vite oublier que dans un bilan, actif et passif doivent être égaux. Et sans notre argent de nos comptes de dépôt (le passif), il ne pourra plus y avoir de création de prêts (l’actif). Et c’est bien cette égalité qui permet (probablement un peu rapidement) de donner un eqCO2 à nos dépôts.

  17. Article largement incompréhensible avec des schémas qui manquent clairement d’exemple concret.
    On passe du coq à l’âne en survolant une quantité de sujet assez faramineux en quelques lignes.

    De plus, le plus énervant dans tous cela, est cette phrase aguicheuse autour des néo-banques dont finalement, à part dire “olala c’est pas tout à fait vrai leur phrase” ne dit pas en quoi elles sont mauvaises ou bonnes et participe déjà à une fin du monopole des gros groupes bancaires par exemple.

    Il est dommage que l’article n’ai pas eu pour vocation de toucher les “non-économistes” et n’ai eu qu’un regard moralisateur “en pensant bien faire” (ligne 4 de l’article) alors que NOUS sommes sûrement déjà très au courant que les banques en général ne sont pas la solution.

    Je pense que cela commence aussi, comme pour beaucoup de personnes qui ont travaillé des années durant à entretenir un système patriarcale, capitaliste, écocide etc…, par un peu d’humilité dans sa façon de présenter les choses.

  18. Sujet hyper intéressant, merci beaucoup pour ces informations et ces éclairages.
    Comme quoi, on en revient, toujours, au même argument structurant : c’est le système qu’il faut changer et l’individu seul (même s’il peut changer des choses à son échelle ou pousser pour des transformations) ne pourra pas faire plier le système (qu’il soit bancaire ou autre)… Le combat pour une autre voie continue tout de même, ne perdons pas espoir !

Nouveau commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Sommaire
Auteur
Julien Lefournier
Julien Lefournier est un ancien des marchés de capitaux, co-auteur avec Alain Grandjean de “L’illusion de la finance verte” et expert indépendant associé à l’Institut Veblen et à la chaire Energie et Prospérité

Article 100% financé par ses lecteurs​

Bon Pote est 100% gratuit et sans pub. Nous soutenir, c’est aider à garder cet espace d’information libre pour tous.

24 Responses

  1. J’ai pour habitude de consulter votre site car il y a un super taff de vulgarisation mais la c’est tres dur a suivre et a comprendre pour quelqu’un qui ne connait rien a la finance. Dommage.
    De plus, on rentre dans le triangle de l’inaction puisque votre recommendation est “ne faites rien vous ne pouvez rien faire”, or si tous les francais changeaient pour Greengot, cela enverrait un signal fort aux banques francaises.

  2. Enfin une explication claire, factuelle et détaillée permettant de comprendre les manoeuvres de greenwashing insidieuses de certaines “néo banques” soit disant vertueuses. Avec en prime une présentation du fonctionnement bancaire illustrant parfaitement les enjeux du métier sur ce sujet. Il y a un grand chemin à parcourir…
    Un article d’utilité publique !

  3. Petits et gros bémols
    Il n’y a pas de banque parfaite.
    La NEF a certainement un modèle intéressant, mais il ne faut pas oublier ses liens avec l’anthroposophie, qui est un mouvement sectaire.

  4. Super article, merci beaucoup pour ces détails et la vulgarisation de ces systèmes financiers et comptables opaques! Je comprend bien que les raisonnements du type “je change mon épargne parce qu’elle finance des bombes carbones ” sont donc de très gros raccourcis fallacieux. Cependant je vois un parallèle entre changer de banque (pour aller vers la NEF par exemple) et le boycott de certaines marques par exemple. Certes mon argent ne finance pas directement le business dans un pays X / les SPV fossiles, mais boycotter / changer de banque est tout de même une perte de revenus et envoie donc un signal. L’effet est minime à l’échelle individuelle, mais n’aurait-il pas un impact à une plus grande échelle? (en combinant avec du militantisme comme “Stop EACOP” pour maximiser son impact par exemple)
    Aussi, pour le point sur les néo-banques, merci beaucoup de l’éclaircissement. Si ces banques gagnent en popularité, leur objectif n’est-il pas d’évoluer vers un modèle de banque classique, les engagements responsables en plus? Ou est-ce que leur écart de taille avec une banque classique est trop grand, et y placer son argent ne serait qu’un plan sur la comète irréaliste même à plus long terme?

    1. Il y a quelques mois, ou 5 ans ? Ce qui est vraiment différent. Quelles sources avez-vous pour dire “il y a quelques mois” ?

  5. Merci pour ces explications, qui, si on prend le temps de les lire, sont très claires. Néanmoins, cela mérite un live sur Twitch, voire une chaîne thématique complète. Par ailleurs, voilà, s’il en est , un exemple supplémentaire de l’inanité des discours sur les gestes individuels (sauf peut-être pour les 0.1% de la population…).
    En revanche, il me semble que Green Got de mémoire “vendait” une attention particulière aux investissements faits dans les ENR par leurs banques partenaires… Peut-être est-ce là qu’il faut cherche le rôle de ces “néobanques” : jouer le rôle que certaines ONG opèrent avec le peu de moyens dont elles disposent, à savoir conseiller, traquer, délivre une informations précises sur les politiques de prêts et d’investissement des banques.

  6. Bonjour,

    Merci pour cet article fourni et bien documenté, comme toujours :). J’ai trouvé le principe de non-affectation des ressources aux emplois très bien expliqué.
    Me concernant, je travaille à l’Institut Mutualiste pour l’Environnement et la Solidarité au sein de Crédit Mutuel Alliance Fédérale (direction ESG du groupe), notamment sur le sujet des émissions financées. Si besoin à l’avenir de plus de matière sur les méthodologies de calcul des émissions financées et le décryptage des chiffres et objectifs des banques (en complément des flux sur les fossiles), je suis à disposition !

  7. Dans la phrase “De tels SPV empruntent donc auprès des banques et peuvent, plus rarement, émettre des obligations.”, le lien hypertexte est “https://www.mol.co.jp/en/info/article/2019/0918.html?utm_source=chatgpt.com”. L’utilisation des outils d’intelligence artificielle et de chatgpt en particulier pose de nombreuses questions et devrait être limitée au strict minimum.

  8. J’avoue avoir eu du mal à lire jusqu’au bout. A la moitié, je suis allée lire les commentaires, qui m’ont stimulée à lire la deuxième moitié de l’article.

    Tout comme Axel, je trouve que l’article n’est pas très didactique, pour la première moitié du moins. Car la suite de l’article reprend un langage nettement plus compréhensible. Et j’ai l’audace de penser qu’il n’est pas utile de comprendre toute cette complexité bancaire. Si ma banque accepte intentionnellement les mafias comme clientes, je change de banque. Si en tant que cliente, ma banque me propose d’investir dans les énergies fossiles, les pesticides, l’armement, les casinos, la prostitution, … : je change de banque.
    Que l’argent que j’investis n’appartienne pas directement à la comptabilité bancaire, m’importe peu. C’est l’intention qui pour moi est en jeu. Si la banque n’investit pas directement dans le fossile, mais qu’elle collabore à aider les clients à investir dans le fossile, je ne veux pas collaborer avec elle.
    Je suis en Belgique. Je place mon argent dans des coopératives d’origine belge qui investissent durablement dans les pays du sud, principalement via des microcrédits pour sortir certaines populations (par millions) de la pauvreté. Le dividende reçu annuellement est de maximum 1%, donc inférieur à l’inflation. Cela consiste donc à investir sans chercher du gain, et en acceptant que annuellement un petit pourcentage y passe en don, en quelque sorte.

    Je réagis aussi à l’idée qu’il faille changer le système plutôt que changer individuellement. Il faut travailler dans les deux directions, et il faut être conscient aussi que le système change quand les individus évoluent, et donc agissent différemment (les politiques légifèrent ensuite (plus vite ou non selon qu’ils sont d’un parti plutôt qu’un autre)).

    Si des firmes nuisibles persistent à exister c’est bien aussi parce que des individus y investissent leur argent. Que ce soit la Chine ou l’Afrique qui accepte d’investir dans Total si les banques européennes en viennent à refuser de le faire, ne change rien à l’équation. Ce n’est pas parce que mon voisin ne fait rien car les autres ne font rien, que je dois le suivre dans son inaction. Nous avons individuellement une responsabilité dans chaque acte que nous posons. Et bien sûr, nous savons tous que nos voisins, collègues, voire amis et famille, ne partagent pas notre motivation, pointant du doigt tous ceux qui ne font rien. Ca ne change rien à notre responsabilité. Quand nous atterrissons dans un jeu où ce sont les pires qui sont favorisés pour gagner (lisez : le monde actuel), dès que nous en prenons conscience, la première chose à faire est de retirer nos pions du jeu.
    Je suis bien d’accord que l’urgence est là. Mais pointer du doigt à l’extérieur ce que nous n’avons pas changé au niveau individuel, c’est faire du sur-place.
    Retirer notre argent des banques les moins vertes et les moins éthiques, me paraît en ce sens, une des premières choses à faire. En Belgique, Greenpeace donne un classement de toutes les banques selon leur côté durable et éthique. Ce n’est, à mes yeux, pas du greenwashing.

    Et si l’article n’avait pour but que de prouver qu’on ne peut pas chiffrer en kg CO2 l’activité d’une banque, il était possible de l’expliquer un peu plus simplement.

    Néanmoins, même si je réagis car j’ai envie de faire entendre des choses que j’estime importantes; je salue le travail effectué, et j’ai tout de même appris des choses dans cet article. Donc merci aussi et continuez. Vous avez tellement de choses à dire encore.

    Juste une remarque. Quand je vois la complexité du système bancaire, financier, économique, comptable, qui le rend complètement opaque auprès du quidam, alors qu’à la base, l’argent est créé par les humains pour pouvoir échanger des pommes contre des poires, des objets contre des services; et que, au final, tout ce système aboutit à la misère d’une partie importante de la population mondiale, à des guerres en continu un peu partout sur le globe, et à une destruction de l’environnement qu’on risque de ne pas arriver à endiguer…. ; je me dis que cette complexité est la résultante d’un mélange de biais de raisonnement (incompétence) et de mauvaise foi de la part de ceux qui l’ont édifié. Son opacité probablement intentionnelle rend quasi impossible de le rendre plus juste ou d’en abolir les règles les plus incohérentes. …. retirer nos pions du jeu

  9. Wow, l’article est détaillé et j’ai eu la même difficulté que d’autres lecteurs/lectrices, il faut le relire plusieurs fois pour bien saisir ce qu’il explique et le niveau de fumisterie qu’on nous rabâche.
    Merci de l’avoir fait, j’espère qu’il y aura une suite qui parlera des autres épargnes, notamment l’assurance-vie ou les placements verts… Je me suis souvent poser la question de choisir à quoi sert mon argent et comment puis-je choisir quelle entreprise je veux soutenir.
    Globalement c’est fou de voir que nos comptes courant comptent pour très peu dans le stock total de l’argent des banques. Mais en même temps, si on a si peu d’impact pourquoi les banques continuent-elles à vouloir nous attirer et nous vendre leur prêt, assurance et autres produits? Bref ça lève pas mal de question je suis bon pour une relecture et creuser un peu plus les sources.
    Comment on peut pousser nos député-e-s/ élu-e-s à refondre tout ça?
    J’aime beaucoup la chaîne Heureka? qui parle beaucoup de ces sujets (ça reste aussi très dense mais avec le temps on commence à capter 2,3 trucs).

    Merci pour cet article, continuez ce travail de fond, ça aide à poser les bons diagnostiques

  10. Pour résoudre le problème de l’éthique bancaire de celui à qui on donne son argent (exemple de la voiture) un beau modèle et celui de la monnaie locale. C’est précisement sa plus grande force : en payant en monnaie locale j’oblige mon commerçant à respecter une éthique. Je choisi en faite non seulement sa banque mais également là où il pourra faire circuler cet argent à nouveau. puissant. trop rare.

  11. Très intéressant. Même si je n’ai pas tout compris. Il faudrait plus de détails pour les néophytes en éco et en compta. Néanmoins l’essentiel est là : « les banques font ce qu’elles veulent et elles vous emmerdent». Oui à l’abolition du secret bancaire et ouverture des livres de compte de toutes les banques et entreprises.

  12. Bon, c’est bien beau tout ça. Mais au final, est-ce que ça a un peu d’impact de fermer son compte à la SG pour en ouvrir un à la Banque Postale ?

    1. Le communiquer, le faire comprendre à tout le monde, oui. Pour de l’impact, il faut se référer aux ordres de grandeur, ce qu’on explique dans l’article…

  13. Vla un gros pavé ! Passifs, actifs … ça m’a toujours foutu la nausée, mais je me suis accroché et lu jusqu’au bout.

    “Les dépôts ne font pas croître la capacité de prêter”.
    Pourtant, il me semble que les banques prête suivant une LDR qui leur est propre, suivant le niveau de risque qu’elles souhaite avoir. Donc a LDR constant, moins y a de dépôt, moins elle pourra prêter non ?
    Et s’il n’y avait aucun lien entre les dépôts et les prêts, pourquoi, en cas de crise, pourquoi les retraits d’argent sont limités voir interdit si leur capacité a créer de l’argent magique n’a aucun lien avec l’argent des dépôts ?

    Si on posait la question : Acheter du bio pour sortir de l’agriculture intensive ?
    la conclusion ne serait elle pas la meme ? si nous, en tant qu’individu, on décide de ne pas achèter de tomates avec pesticide, ça n’empêchera pas une autre personne qui n’en a rien a foutre de l’acheter et a pérenniser le système intensif
    Là le consommateur est comme une banque avec total. Si une banque ne finance pas total, une autre le fera. conclusion, le problème c’est le système bancaire (on peut meme dire le capitalisme)

    Donc a titre individuel manger des tomates bio c’est efficace, mais mettre son argent dans une banque “qui est peu exposé aux énergies fossiles” n’est pas du tout efficace ?

  14. J’ai lu l’article mais je n’ai compris que très peu de choses sur le fonctionnement d’une banques (pas du tout un monde qui m’intéresse en lui même, beaucoup de vocabulaire inconnu, (je ne comprend pas bien ce que représente un actif ou un passif d’une banque par exemple, je ne suis pas non plus certain d’avoir saisi le principe sous jacent de l’exemple avec la voiture et le blouson à 10 000€) et des montage que je comprend complexe) mais le sujet à le mérite d’être traité en profondeur. Le plus important dans cet article c’est la conclusion ! Merci à l’équipe de Bon Pote 🙂

  15. Merci pour ce travail que j’attendais depuis qu’il a été annoncé 😉
    Il faut certes s’accrocher pour le lire. A bac+10, j’ai eu un peu de mal sur certains paragraphes, mais j’ai compris les grandes lignes et surtout les grandes erreurs et croyances des dernières années, véhiculées y compris par des personnes influentes écologistes que j’admire et aime beaucoup. Je me doutais qu’il fallait des experts de la finance pour se pencher là dessus, et je ne suis pas déçue. Il va me falloir le relire plusieurs fois pour tout comprendre mais j’ai maintenant tout mon temps 😉

    1. Merci pour votre retour ! Et on peut vous assurer qu’on a fait le maximum pour rendre ça accessible, c’était le plus difficile au final 😉

  16. C’est un peu vite oublier que dans un bilan, actif et passif doivent être égaux. Et sans notre argent de nos comptes de dépôt (le passif), il ne pourra plus y avoir de création de prêts (l’actif). Et c’est bien cette égalité qui permet (probablement un peu rapidement) de donner un eqCO2 à nos dépôts.

  17. Article largement incompréhensible avec des schémas qui manquent clairement d’exemple concret.
    On passe du coq à l’âne en survolant une quantité de sujet assez faramineux en quelques lignes.

    De plus, le plus énervant dans tous cela, est cette phrase aguicheuse autour des néo-banques dont finalement, à part dire “olala c’est pas tout à fait vrai leur phrase” ne dit pas en quoi elles sont mauvaises ou bonnes et participe déjà à une fin du monopole des gros groupes bancaires par exemple.

    Il est dommage que l’article n’ai pas eu pour vocation de toucher les “non-économistes” et n’ai eu qu’un regard moralisateur “en pensant bien faire” (ligne 4 de l’article) alors que NOUS sommes sûrement déjà très au courant que les banques en général ne sont pas la solution.

    Je pense que cela commence aussi, comme pour beaucoup de personnes qui ont travaillé des années durant à entretenir un système patriarcale, capitaliste, écocide etc…, par un peu d’humilité dans sa façon de présenter les choses.

  18. Sujet hyper intéressant, merci beaucoup pour ces informations et ces éclairages.
    Comme quoi, on en revient, toujours, au même argument structurant : c’est le système qu’il faut changer et l’individu seul (même s’il peut changer des choses à son échelle ou pousser pour des transformations) ne pourra pas faire plier le système (qu’il soit bancaire ou autre)… Le combat pour une autre voie continue tout de même, ne perdons pas espoir !

Nouveau commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

PARCOURS THÉMATIQUE

soutenez-nous pour de l’information à la hauteur des enjeux climatiques

Bonpote est un média 100% indépendant, en accès libre et repose entièrement sur le soutien de ses lecteurs.

À lire également