“Si ce trio était un pays, il incarnerait la troisième nation la plus émettrice, juste derrière la Chine et les États-Unis.” Dans Criminels Climatiques, Mickaël Correia réalise une enquête sur les 3 entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre au monde, pourtant inconnues du grand public. Un livre passionnant où se croisent pétrole, gaz, charbon, mais aussi Anton Tchekhov et le monde du football.
Bonjour Mickaël ! Ravi de pouvoir échanger avec toi. Avant de rentrer dans le vif du sujet, peux-tu te présenter et nous expliquer ton parcours ?
Je suis le journaliste « climat » de Mediapart depuis un peu plus d’un an. Je travaille sur les blocages et conflits d’intérêts qui entretiennent le statu quo en matière de lutte contre la crise climatique.
Je viens d’un milieu ouvrier et immigré portugais et j’ai une formation universitaire d’écologue (un bac +6), c’est-à-dire de spécialiste des écosystèmes. J’ai été formé au sein de ce qu’on appelle dans les milieux universitaires « l’école de Montpellier », une approche systémique du vivant impulsée notamment par le célèbre botaniste Francis Hallé.
Avant de rejoindre la rédaction de Mediapart, j’ai beaucoup participé à CQFD, un mensuel marseillais de critique sociale, travaillé pour Transrural, une revue agrirurale d’éducation populaire, et j’ai collaboré pour Le Monde Diplomatique et Le Canard Enchaîné.
En préparant l’interview, j’ai demandé sur Twitter et Instagram quelles étaient les 3 entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre au monde. Sur plus de 1000 réponses, et mis à part les personnes qui avaient lu ton livre, les 3 noms n’ont pas été cités. Quel est ton sentiment ?
Cela montre la puissance du récit dominant qui s’est installé dans le débat public depuis 30 ans : la lutte contre la menace climatique serait une question de discipline individuelle. Et selon moi, cette importance démesurée accordée aux comportements des individus permet de détourner notre attention des véritables fossoyeurs du climat.
Le concept d’« empreinte carbone » a été popularisé au début des années 2000 par une agence de communication salariée par la British Petroleum (BP) pour promouvoir l’idée que le chaos climatique n’est pas la faute des entreprises mais des consommateurs.
On nous martèle donc qu’il faudrait se changer soi pour changer le climat qui s’emballe. Alors certes, les gestes individuels écologiques peuvent incarner d’importants leviers (je pense notamment à la diminution de la consommation de viande), nourrir un rapport sensible à la fragilité de notre planète, mais ils reflètent surtout le triomphe de la logique libérale : l’individualisation de la responsabilité.
Au même titre que le racisme ou le sexisme ne sont pas le fruit de relations interindividuelles, mais le produit de rapports de domination, de constructions historiques, le changement climatique n’est en rien la conséquence d’une somme de responsabilités individuelles.
Je pense donc que cette politique des « petits pas », cette écologie sans ennemi, si elle a pu servir de porte d’entrée à la question climatique pour certains, a aussi invisibilisé les véritables moteurs de l’embrasement du climat. Ces moteurs, ce sont notamment les trois multinationales les plus émettrices au monde que j’ai étudiées dans mon livre.
Comment as-tu choisi ces trois entreprises ? Comment fait-on pour classer ces entreprises, et sur quels critères ?
En juillet 2017, des travaux scientifiques pionniers ont jeté une lumière crue sur la réalité sociale du dérèglement climatique. Le Climate Accountability Institute, une autorité scientifique mondiale sur le rôle des compagnies énergétiques dans la crise climatique, et le Carbon Disclosure Project, une organisation britannique qui étudie l’impact écologique des multinationales, ont révélé que cent entreprises étaient responsables à elles seules de 71 % des rejets de gaz à effet de serre imputables à l’activité humaine, depuis 1988. Plus de la moitié des émissions mondiales industrielles sont attribuables à seulement 25 firmes.
Cette centaine de sociétés sont toutes productrices de pétrole, de gaz ou de charbon. Les chercheurs ont fait un choix scientifique et politique fort : celui de mesurer non seulement les émissions liées à la production et au transport des énergies fossiles mais aussi les rejets de gaz à effet de serre liés à leur consommation.
Ils estiment que le fait que les consommateurs rejettent du CO2 en brûlant des combustibles n’exonère pas les entreprises de leur responsabilité d’avoir sciemment produit et commercialisé des énergies fossiles auprès des consommateurs en sachant sciemment que cela aggravera la crise climatique.
Quand j’ai regardé cette liste pour la première fois en 2017, je m’attendais à voir des firmes connues du grand public : Shell, Total ou Exxon. Pourtant, les trois premières étaient Saudi Aramco, China Energy et Gazprom, entreprises que je ne connaissais que très peu voire pas du tout ! Si ce trio de multinationales formait un pays, il serait le troisième contributeur au réchauffement planétaire, juste derrière la Chine et les États-Unis.
C’est à ce moment que j’ai compris qu’il y avait un réel sujet d’enquête à mener : comprendre leurs stratégies, leurs liens avec les États et les institutions financières. En somme, il me fallait déterminer comment elles continuent à perpétuer l’ère du carbone et de nous rendre « accros » aux énergies fossiles.
Commençons par Saudi Aramco si cela te convient. Les chiffres sont vertigineux. Peux-tu nous présenter cette multinationale, sa relation avec l’Union Européenne et plus particulièrement la France ?
Saudi Aramco est la propriété exclusive de l’Etat saoudien. Elle possède plus de 10% des réserves mondiales de pétrole et est le premier exportateur international de pétrole.
C’est la firme la plus émettrice de carbone de l’Histoire. En 2019, ce géant de l’or noir a éructé dans l’atmosphère plus de quatre fois et demie que ce que la France a émis cette même année.
Saudi Aramco est aussi l’entreprise la plus riche au monde, devant Apple, et une des plus rentables. Le géant pétrolier a réalisé en 2018 un bénéfice net de 111 milliards de dollars.
La compagnie est très implantée en France. Dans mon enquête, je raconte par exemple comment, à dix kilomètres de Paris, l’entreprise collabore très secrètement avec l’Institut Français du Pétrole et des Energies Nouvelles (IFPEN). Les deux organismes cherchent discrètement à optimiser les moteurs à essence en travaillant à des rendements plus performants. L’idée n’est rien de moins que de perpétuer le modèle du moteur thermique pour continuer à nous vendre du pétrole. Pour résumer, Saudi Aramco, le plus grand criminel climatique de l’Histoire, travaille, avec la complicité de l’État Français, à perpétuer le règne de la voiture individuelle à proximité de Paris, une des capitales européennes où l’on meurt le plus de la pollution automobile.
Au-delà de ce laboratoire, l’IFPEN sert également à former ce que j’appelle une « élite scientifique du carbone », qui est ensuite envoyée dans les universités, les laboratoires et les infrastructures industrielles que possède Aramco à travers le globe Ils ont même créé un master spécial rien que pour Saudi Aramco. Le savoir-faire industriel français est ainsi au service des velléités fossiles d’Aramco et du royaume saoudien.
Il y a un chapitre important dans ton livre sur le plastique. J’ai l’impression que les Français sont plus énervés par le plastique que les énergies fossiles, alors que 99% du plastique est d’origine fossile. Si Patrick Pouyanné, CEO de Total, déclare que l’industrie du pétrole a de beaux jours devant elle grâce au plastique, il y a de quoi s’inquiéter non ?
Un des grands angles morts de la lutte climatique actuelle – et ce n’est pas moi qui le dis mais l’Agence internationale de l’Energie – c’est le secteur pétrochimique. Car le plastique est devenu LA nouvelle voie de valorisation du pétrole. Elle dévore déjà 14 % de la production totale de pétrole et est la principale source de croissance de l’utilisation de l’or noir.
La production et l’incinération de plastique ajoute chaque année plus de 850 millions de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, presque autant que les émissions d’un pays comme l’Allemagne. Les experts estiment qu’à ce rythme, d’ici vingt ans, on n’utilisera plus le pétrole pour produire du plastique que dans les voitures.
En novembre 2018, Amin Nasser, le PDG d’Aramco, a promis 100 milliards de dollars d’investissements dans la pétrochimie au cours de la prochaine décennie. C’est un message très puissant envoyé aux investisseurs, les encourageant à miser toujours plus dans le pétrole.
Cette industrie s’avère d’autant plus rentable qu’il y a actuellement une grande révolution technologique pilotée par Aramco. Forte de son réseau de 1 300 scientifiques dans le monde, l’entreprise développe actuellement le crude oil-to chemicals (COTC) qui permet de convertir directement jusqu’à 70% d’un baril de brut en dérivés pétrochimiques, alors que les raffineries conventionnelles atteignent à peine le ratio de 20%.
En somme, alors que l’humanité a moins de dix ans pour réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre, le plus gros pollueur climatique du monde a décidé de parier sur une technologie qui, d’après les experts, fait plus que doubler la rentabilité du baril de pétrole…
La deuxième multinationale est China Energy. Je vois très peu de papiers sur cette multinationale qui est pourtant gigantesque. Son influence est mondiale, les conséquences aussi… Pourquoi on en entend si peu parler en France ?
China Energy est une entreprise d’Etat chinoise extrêmement opaque. D’après mon enquête, c’est le premier constructeur de centrales au monde. Ce conglomérat détient plus de 500 unités de production électriques au charbon et une cinquantaine de méga-exploitations charbonnières.
On en entend peu parler en France mais nos liens avec cette firme sont pourtant très étroits.
En 2019, China Energy a signé à l’Élysée un contrat avec Électricité De France (EDF) pour permettre au groupe français de construire un parc éolien à Dongtai, près de Shanghai. EDF s’est targué de participer à verdir l’électricité chinoise mais depuis 1997, la compagnie française co-détient avec China Energy 20% des parts d’un consortium de trois gigantesques centrales à charbon chinoises.
Ces centrales ont une puissance six fois supérieure au futur parc éolien de Dongtai et sont classées « sous-critiques », c’est-à-dire qu’elles ont un rendement médiocre et sont hyper-polluantes. Depuis la prise de participation d’EDF en 1997, ces centrales ont craché une fois et demie plus de CO2 que ce que rejette la France en un an. Bref, ce contrat signé à l’Elysée n’est qu’une vaste opération de greenwashing.
L’entreprise énergétique chinoise sème par ailleurs ses centrales à charbon en Afrique et en Asie du Sud-est où une centrale à charbon sur deux y est bâtie avec l’aval de Pékin.
Et c’est au Bangladesh que l’expression « criminel climatique » prend toute son ampleur. En 2016, le président chinois Xi Jinping est parvenu à refourguer au pays quatre centrales à charbon qui rejetteront autant de gaz à effet de serre que ce qu’émet actuellement chaque année toute l’Autriche.
La première d’entre elles, la centrale de Payra, a été mise en service en 2020 et se situe à proximité des mangroves de Chalitabunia et des Sundarbans, un écosystème de marais unique classé au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est une funeste aberration puisque le Bangladesh est l’un des pays les plus touchés par les dérèglements climatiques. À cause de la montée des eaux, 700 000 Bangladais perdent déjà chaque année leur foyer.
Pis, fin 2019, alors que l’État bangladais débourse chaque mois à la centrale de charbon de Payra près de 20 millions de dollars de paiements de capacité de production électrique, la moitié de l’énergie que peut produire l’infrastructure chinoise n’était pas distribuée aux habitants, le réseau d’électricité du pays étant encore sous-développé…
Les trois autres centrales sont encore au stade de la préconstruction. L’une d’entre elles a été l’objet en 2016 d’un vaste soulèvement populaire de la part de 3 000 villageois de Banshkhali, menacés d’expulsion par l’implantation d’une des usines thermiques. Au cours d’une manifestation contre la future installation, cinq d’entre eux ont été tués par les forces de l’ordre. On est vraiment face à un néo-colonialisme fossile.
La 3e entreprise est Gazprom. C’est certainement celle dont nous entendons le plus parler depuis la guerre en Ukraine, même si cela fait plus de trois décennies qu’elle existe. Peux-tu nous expliquer son importance et son influence en Union Européenne ?
Gazprom est contrôlé depuis 2005 par le clan Poutine. C’est une de ses armes géopolitiques majeures comme le démontre le conflit ukrainien.
Gazprom fournit environ 40% du gaz fossile consommé sur le Vieux Continent et l’Union Européenne représente son premier marché extérieur. Huit membres de l’UE dépendent pour plus de la moitié de leur consommation du gaz russe. La France est à 23%. L’Allemagne à plus de 50%.
En France, le ministère de la transition écologique a habilité en 2006 Gazprom à fournir en gaz les collectivités et les établissements répondant à des missions d’intérêt général – hôpitaux, maisons de retraite, écoles. Depuis, la branche française de Gazprom alimente en gaz fossile aussi bien des supermarchés que des immeubles d’habitation ou des industriels de l’automobile. Côté collectivités, Nantes Métropole a déjà par exemple fait appel par deux fois aux services de Gazprom (de 2015 à 2020, pour un montant de 5 millions d’euros par an).
L’université de Strasbourg a contracté avec Gazprom de 2015 à 2019. Des sites du ministère de la Défense et le Conseil de l’Europe à Strasbourg ont également été approvisionnés par la firme russe, respectivement jusqu’en 2017 et 2020.
Si Gazprom fourgue actuellement son gaz fossile à 15 000 entreprises et collectivités françaises, il en vend aussi à son principal concurrent tricolore : Engie (ex-Gaz de France). En 1975, le ministère soviétique de la production gazière (privatisé en 1989 pour devenir Gazprom) a signé un accord avec Gaz de France afin de lui livrer près d’un quart de ses approvisionnements durant 30 ans. Un contrat d’acheminement de gaz reconduit en 2006 par Gazprom et Engie jusqu’en 2030.
Gazprom use beaucoup de la pratique des « chaises tournantes ». Elle consiste pour un industriel à débaucher des personnalités politiques qui possédaient un pouvoir de législation ou de régulation dans son champ d’activité.
Durant son mandat de chef de gouvernement entre 1998 et 2005, l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder a apporté son soutien massif au projet de gazoduc russo-allemand Nord Stream, piloté par Gazprom et des entreprises européennes dont Engie. Trois mois après sa défaite aux élections législatives fédérales de 2005, Schröder a quitté la politique pour occuper le poste de président du conseil de surveillance de Nord Stream – position qu’il occupe toujours. Cela a fait naître des soupçons sur la compromission de l’ex-chancelier pendant son mandat.
Ces 3 entreprises ont un soft power assez extraordinaire. Comment fait-on pour apparaître comme des entreprises bienfaitrices quand on vend des énergies fossiles ?
Gazprom est pour moi le meilleur exemple de l’utilisation du mécénat culturel et sportif pour réfléchir une image de respectabilité.
En 2013 par exemple, alors que le pipeline Nord Stream commençait à inonder la France en gaz fossile, Gazprom et Engie ont été les sponsors exclusifs du ballet Le Sacre du printemps, donné à l’occasion des 100 ans du Théâtre des Champs-Élysées. Alexeï Miller, PDG de Gazprom, a tenu à assister en personne à la soirée d’ouverture.
En 2017, Gazprom co-sponsorisait avec Total l’exposition Pierre le Grand, un tsar en France, 1717 au château de Versailles, à l’occasion de laquelle Vladimir Poutine vient rencontrer Emmanuel Macron tout juste élu Président de la République…
Gazprom utilise aussi le football pour améliorer sa mauvaise réputation de géant du gaz. Elle déploie un programme d’éducation au foot baptisé « Football for Friendship » : cinq millions de jeunes ont déjà participé à cette opération de socialwashing qui, comble du cynisme, demande aux enfants de baptiser leurs équipes du nom d’un animal en danger d’extinction à cause des dérèglements climatiques.
Gazprom détient le FC Zénith, le grand club de St Petersbourg aux 15 millions de fans et devenu une plateforme publicitaire aux couleurs du groupe – leur stade a même été renommé Gazprom Arena. Le géant du gaz russe est aussi sponsor maillot du club FC Schalke 04, un grand club populaire et ouvrier d’Allemagne – le sponsoring a été suspendu depuis la guerre en Ukraine. L’équipe est située dans la Ruhr, un lieu de stockage du gaz essentiel en Europe.
Gazprom a aussi été un des sponsors officiels de la prestigieuse Ligue des Champions dont la finale réunit 400 millions de téléspectateurs. Enfin, la compagnie a été partenaire officiel de la Coupe du monde de football en Russie en 2018. Un clip publicitaire Gazprom a été diffusé lors de la retransmission de la finale du Mondial qui a rassemblé 1,12 milliard de fans.
Leurs présences ont été particulièrement remarquées à la COP26, qui semblait être un festival de greenwashing. Peux-tu nous raconter ce que tu as vu sur place ?
Plus de 500 lobbyistes des énergies fossiles étaient sur place, c’était la plus grosse délégation, aussi importante que celles des huit pays les plus impactés par le changement climatique réunies… Cela en dit long sur les rapports de force au sein de cette Cop26.
Gazprom, Total, les grands pétroliers américains, etc. : tout le monde était là. Le pire, c’est que la banque la plus sale au monde JPMorgan Chase, sponsorisait l’évènement. Cette banque américaine a déjà déversé ces trois dernières années 195 milliards de dollars dans le secteur fossile. JPMorgan Chase possédait même un espace de débat à la COP 26 baptisé « Hub Résilience », et où, bien sûr, on parlait éco-gestes et résilience individuelle face à la crise climatique.
Cette présence des tenants du capitalisme fossile s’est ressentie sur la déclaration finale, le « Pacte de Glasgow pour le climat ». Après une première version du texte stipulant qu’on allait mettre fin à l’utilisation du charbon, le mot “sortir” (phase-out) a finalement été remplacé par “diminuer” (phase-down). C’est dire où on en est, à ne pas pouvoir mentionner dans un accord mondial pour le climat qu’il faut mettre définitivement fin aux énergies fossiles…
Nous ne l’avons pas encore évoqué, mais le mot ‘criminel’ est un mot fort. Est-ce un mot volontairement provocateur ? Pourrais-tu être accusé de diffamation ?
Non, pas provocateur car le terme n’a pas été choisi de façon anodine. Une avalanche de rapports scientifiques martèle qu’il faut stopper dès maintenant toute nouvelle activité industrielle liée aux énergies fossiles.
L’AIE, qui est loin d’être un repaire d’écologistes, a indiqué en mai 2021 qu’il fallait mettre fin de suite à tout nouveau projet ou extension de projet fossile pour freiner les dérèglements climatiques.
Les scientifiques alertent depuis 2015 que pour limiter le chaos climatique, il faudrait laisser dans nos sous‑sols 80 % des réserves de charbon, la moitié de celles de gaz et un tiers de celles de pétrole.
Les Nations Unies estiment que les productions de charbon, de pétrole et de gaz doivent respectivement baisser de 11%, 4 % et 3 % par an d’ici à 2030 pour être à 1,5°C.
Nous sommes déjà à 1,2 °C de réchauffement et la réalité du chaos climatique fait que l’été dernier, à Verviers, une des villes les plus pauvres de Belgique, il y a eu une dizaine de morts et 10 000 personnes sans toit après des pluies diluviennes. Lors de la canicule de 2003, la Seine‑Saint‑Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine, a été parmi les plus touchés avec une surmortalité de + 160 %.
Les catastrophes climatiques contraignent chaque année 20 à 30 millions de personnes, vivant surtout dans les pays du Sud, à migrer. Et actuellement en Inde et Bangladesh, un sixième de l’humanité vit une canicule létale.
Toute firme qui continue à mettre de l’argent dans les énergies fossiles relève forcément du criminel climatique puisqu’elle le fait en toute connaissance de cause. Or, ces entreprises ne se sont même pas fixé un horizon pour dire stop, elles n’ont aucun réel plan de transition écologique d’ici la fin de la décennie. Pis, elles n’ont pas prévu ni même de ralentir et encore moins de stabiliser leur production, ce qui serait déjà en soit terrible mais d’augmenter leur production d’énergies fossiles en moyenne de 20 % d’ici 2030…
As-tu reçu des pressions suite à ce livre ?
Non aucune.
Peut-on considérer Total comme des criminels climatiques ? Surtout depuis l’étude qui démontre qu’ils savaient depuis 1971…
Par rapport à ce que j’ai énoncé précédemment oui complètement. Total prévoit d’augmenter d’un tiers sa production de gaz d’ici à 2030, une production gazière qu’elle considère comme le futur « pilier de sa croissance ».
En février dernier, Total a annoncé 14 milliards d’euros de bénéfice net, un record historique qui lui permet de devenir la première entreprise française en termes de profits depuis des années. Cela en dit long sur où nous en sommes de la lutte climatique en France.
J’imagine qu’on doit systématiquement te le demander, mais c’est une question importante : que faire en tant que citoyen et citoyenne, face à des multinationales si puissantes ? Que faire pour qu’elles arrêtent de pourrir notre avenir ?
Déjà, ne plus considérer que le changement climatique est un objet extérieur à nos sociétés, comme le suggère le film à succès sur Netflix Dont look up, mais bien intégrer le fait que le chaos climatique est inhérent à notre organisation sociale et au mode de vie insoutenable des plus privilégiés.
Je considère donc que lutter pour le climat et contre ces géants fossiles, c’est avant tout renverser l’ordre social actuel.
Mettre fin aux inégalités sociales c’est aussi agir en faveur du climat puisque 1 % des plus riches ont une empreinte carbone huit fois supérieure à la moitié la plus pauvre des Français et qu’à l’heure actuelle, d’après le ministère de l’économie, la fiscalité carbone pèse proportionnellement quatre fois plus sur les 20 % de foyers les plus précaires que sur les 20 % de ménages les plus riches.
Sur la question du genre, on est en train de s’apercevoir qu’une certaine masculinité littéralement toxique joue un rôle dans le réchauffement climatique. En juillet dernier, des chercheurs ont calculé que les hommes avaient une empreinte carbone 16 % plus importante que celle des femmes, à cause notamment des signes extérieurs de virilité – comme avoir une grosse voiture ou une alimentation plus carnée.
Le colonialisme et la racialisation ont permis et justifié l’extractivisme fossile dans les pays du Sud. Et le projet pétrolier EACOP de Total en Ouganda et Tanzanie repose sur une logique foncièrement raciste et coloniale. Sans compter qu’aux États-Unis par exemple, un Africain-Américain a 1,54 fois plus de probabilité d’être exposé aux pollutions de l’industrie fossile qu’un Blanc.
Il y a, enfin, la question de l’extrême droite, qui est pleinement d’actualité. On a vu comment un des premiers gestes de Donald Trump a été de retirer les Etats-Unis de l’Accord de Paris. Ou comment Marine Le Pen a été jusqu’à proposer le démantèlement des éoliennes.
Dans son rapport d’août 2021, le GIEC a créé des scénarios socio-économiques pour estimer le changement climatique. Et le scénario qui intègre une montée des nationalismes nous oriente vers + 3,5°C.
En fait, combattre l’extrême droite et le racisme, lutter pour des salaires plus décents et que les plus précaires puissent vivre dignement, dénoncer le patriarcat et avancer vers plus d’égalité de sexe et de genre… tout ça participe à bousculer le statu quo climatique.
Je pense qu’un vaste front anti-énergies fossiles et pour le climat peut se mettre en place au carrefour de ces différentes luttes-là et dépasser enfin le cadre de quelques écologistes des classes moyennes supérieures.
Est-ce qu’A. Malm, avec son livre Comment saboter un pipeline, n’avait-il pas finalement raison ?
C’est la grande question du mouvement climat en France. On voit les limites des grandes marches pour le climat, mais en même temps, l’histoire des mouvements sociaux ou des luttes écologistes radicales anglaises nous ont montré que des actions de sabotage ou tout du moins radicales, peuvent, si elles ne sont pas articulées à un mouvement plus large et à une stratégie à long terme, faire subir aux activistes une répression policière et juridique féroce et couper le mouvement climat de toute base populaire.
L’Allemagne est un bon exemple où le mouvement climat sait très bien articuler grandes marches et actions radicales contre l’industrie automobile ou minière.
Se pose aussi la question de quoi faire des géants fossiles. Faut-il les nationaliser tout ou partie, les démanteler, les reconvertir ? Je n’ai pas la réponse mais je trouve aberrant que chez les candidats à la présidentielle, il n’y ait pas eu de propositions précises sur « que faire » de Total, le plus gros pollueur climatique du pays qui émet autant de CO2 que l’ensemble des Français.
L’une des choses les plus importantes selon moi est de faire avec les travailleurs de ce secteur, sachant que les rares études à ce sujet montrent que plus de 40 % des salariés des industries fossiles veulent partir ou se reconvertir. Cette envie de déserter ou de changer de l’intérieur peut être un puissant levier de transformation. Le monde ouvrier est en première ligne des conséquences néfastes de l’industrie du pétrole, du gaz ou du charbon, à la fois en tant que force de travail et riverain des infrastructures fossiles.
La question de l’occupation physique des infrastructures fossiles de Total et des complicités politiques et matérielles à tisser avec les travailleurs de ces industries doit aujourd’hui être selon moi une des priorités du mouvement écologiste.
Il y aussi toute la question de l’imaginaire à penser. Comment fermer et faire le deuil social d’une centrale à charbon ? Comment se réapproprier les dépôts de fuel ? Que faire des milliers de kilomètres de pipelines ? Il y a, dans l’imaginaire d’émancipation aujourd’hui, une « écologie de la fermeture » à inventer.
Dernière question un peu plus personnelle : ton niveau d’optimisme pour que nous respections l’Accord de Paris, entre 1 à 10, il est à combien ?
Je m’en tiens à la science et donc à ce qu’a annoncé l’ONU le 9 mai dernier : elle estime à 50% le risque que nous dépassions le seuil de 1,5°C dans les cinq prochaines années.
24 Responses
Bonjour,
Vous évoquez dans votre interview passionnante l'”Ecole de Montpellier”, autour de Francis Hallé et l’influence qu’elle a eu sur vous. Pourriez-vous nous en dire davantage. Je suis engagé aux côté de FH dans un projet passionnant et je ne connaissais pas cet aspect de son activité universitaire…
Je conseille la lecture de “Or noir” de Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project. L’approche historique extrêmement précise développée dans ce livre met bien en avant la dynamique à l’œuvre durant tout le XXe siècle entre nations, compagnies pétrolières nationales/privées, complexes militaro-industriels, systèmes économiques… C’est un bon juste milieu entre l’approche “les vilaines entreprises sont seules responsables” (spoiler : elles le sont quand même pas mal) qui semble être celle de l’auteur et l’approche “si y avait pas des cons pour acheter, ça se vendrait pas” que j’ai lu dans pas mal de commentaires.
Bonjour,
Je ne suis pas du tout d’accord avec la position de l’auteur sur la responsabilisation des “grosses entreprises criminelles” et la “déresponsabilisation des individus”.
C’est justement tout l’inverse qu’il faut faire, tout simplement parce que les grosses entreprises qui polluent ne sont pas le fruit d’une entité extra-terrestre ou d’une IA de Matrix. Ces entreprises sont des groupements d’individus, et elles n’existent que parce que les individus travaillent pour elles, et participent activement (à différent niveaux) à leur évolution.
Dire aux individus “c’est pas votre faute, ne changez rien, c’est aux autres de changer” … c’est complètement stupide.
Le fonctionnement de ces entreprises est représentatif des individus qui les composent.
Tout comme les gouvernements et hommes politiques sont représentatifs de notre société. Une grosse majorité est corrompue, individualiste et intéresssée par son profit immédiat simplement parce que l’éducation et le comportement de la très grosse majorité des individus est individualiste et intéressée par les profits immédiats.
Si en plus vous dites aux individus “c’est pas votre faute, c’est pas grave, c’est aux autres de faire”, que pensez vous qu’ils puissent faire quand ils arrivent à la tête d’une entreprise, ou prennent part à un gouvernement ?
Bref, vraiment, vraiment, vraiment ultra stupide … mais tellement représentatif de notre société que c’est en fait tout à fait logique.
La cause “environnementale” n’a aucune chance, parce que nous avons des décénies de formatage individualiste derrière nous, d’endoctrinement à l’appat du gain, par nos parents, nos proches, nos amis, etc.
Ce n’est pas la pub le problème, ou telle ou telle institution, ou tel ou tel lobby. La pub, les institutions et les lobbys ne sont composés que d’humains. Aucune IA ou entité extra-terrestre derrière tout ça.
Que des humains, des individus.
Représentatifs.
Rien à ajouter!
je ne partage pas votre avis
la première raison de leur responsabilité est la désinformation : en désinformant, ils ont privé d’autre personne de leur liberté individuelle pendant des années, ce sont donc bien eux, pendant ces années, responsables de l’émission de leur client désinformé.
pour la responsabilité individuelle :
quand les carottes en grand surface sont emballé dans du plastique et que c’est ainsi dans les magasins des environs, vous pouvez prétendre “votre dépendance fossile est votre responsabilité personnelle”, la seule qu’il a est de ne pas acheter de carotte… et si tous les légumes sont ainsi, il fait quoi ? il mange les feuilles de l’arbre le plus proche ?
quand un logement est chauffé “fossile” dans une ville n’ayant pas un grand taux de logement dispo, la liberté individuelle se limite à choisir si c’est vous qui habiter ce logement ou si c’est un autre, la consommation fossile aura de toute façon lieu.
quand un élève a besoin de prendre un bus fossile pour aller à l’école un matin d’hiver pluvieux, bien évidement il a la liberté individuelle d’aller à pied ou à vélo… la responsabilité est quand même très théorique surtout s’il a 5 ans.
donc pour moi c’est parfaitement justifié de faire le bilan carbone de ces entreprises en incluant la consommation de leur produit (c’est d’ailleurs prévu dans la norme sous le nom scope 3)
et paradoxalement c’est aussi justifié de faire le bilan carbone personnel en incluant les éléments oü il y a un choix (par ex à mes yeux la part personnel de la consommation fossile du chauffage fossile d’un logement en location, devrait se limiter à la consommation “maison passive” x l’empreinte moyenne d’un logement (et non pas celle spécifique de ce logement)
Certaines affirmations de Mickaël me semblent manquer cruellement de nuances (par exemple en quoi travailler sur le rendement des moteurs permet de perpétuer le règne de la voiture individuelle ?) ce qui provoque chez moi rapidement un sentiment de défiance.
Cela dit c’est surtout pointer du doigt ainsi des entreprises qui me dérange. Je m’explique :
Par exemple, si personne n’avait de voiture thermique, Aramco ne produirait pas de pétrole et n’existerait donc pas.
Et inversement, que se passerait-il demain si Aramco arrêtait de produire du pétrole ? Je pense que le pouvoir d’achat te tout le monde baisserait (moins d’énergie = moins de pouvoir d’achat) ! Je pense que peu de personne serait prête à accepter cela. Sans l’énergie abondante nous n’aurions pas tous les avantages de la société actuelle (congés payé, retraite, système de santé…). Et les énergies carbonées sont des énergies très pratiques comparées aux autres. Est-ce que la société serait prête aujourd’hui à abandonner complètement la voiture individuelle ?
Je pense que les responsabilités sont partagées entre les producteurs (comme par exemple Aramco) et les consommateur (nous tous). D’où l’importance aussi des efforts individuels.
Dans le même temps leur lobbying est effectivement 100% de leur responsabilité et est donc criminel. Je pense que le dénoncer est donc très important.
Les efforts individuels permettent aussi en réduisant notre consommation d’énergie fossile d’affaiblir ces entreprises et donc leur lobbying.
Pour conclure je dirais que pointer du doigt ces entreprises et leur lobbying est complémentaire aux efforts individuels (la responsabilité n’est pas uniquement du côté de l’individu ni du côté des entreprises).
Qu’en pensez-vous ?
“En quoi travailler sur le rendement des moteurs permet de perpétuer le règne de la voiture individuelle ?”
De multiples études ont démontré l’existence d’actions/réactions négatives suite à un progrès technologique: ma voiture consomme moins, donc je peux rouler + loin et vivre + loin de mon lieu de travail, donc au global je consomme toujours autant (voire plus, d’après toutes ces études), et je suis encore + dépendant de ma voiture, parce que sans elle, je suis coincé chez moi.
Pour le reste, vous avez raison, si j’arrête d’acheter de l’essence, Aramco n’a plus de raison d’en produire. Mais si le mode de vie qu’on vend incite à vivre loin du lieu de travail (pour des raisons de cadre de vie, de pouvoir d’achat, etc), alors si j’arrête d’acheter du pétrole, je ne peux plus “vivre”. D’où l’intérêt d’Aramco d’investir dans de meilleurs moteurs. Au lieu de considérer un changement (plutôt radical) à ma façon de vivre pour me passer de pétrole, je peux me contenter d’une nouvelle voiture, et je me donne l’impression de faire une bonne action pour le climat puisqu’elle consomme un peu moins.
Au final, les compagnies de pétrole continuent de produire, de polluer, de s’enrichir. Et rien ne change concrètement pour le climat.
Pour l’anecdote, j’ai mis en pratique “l’effet rebond” inversé : Ça fait 2 ans que je suis passé d’une voiture relativement moderne à un tas de boue de 1994… Su le papier, cette dernière pollue/consomme un peu plus au km (d’ailleurs, je ne suis pas le bienvenu dans pas mal de centres villes) mais elle est surtout beaucoup moins confortable (bruit!), sûre (pas d’ABS, airbag, etc. cercueil roulant), etc. Résultat : fini, le 130 sur l”AR et hors de question de faire plus de 200km avec. Pour retourner voir mes boomers préférés pour les fêtes, je prends le train (ou un covoit si le train coûte un bras).
travailler sur le rendement des moteurs fossiles implique qu’une entreprise de cette taille va continuer son lobby désinformateur pour assurer la rentabilité de sa recherche. d’ailleurs c’est à mon sens le plus important. exemple une entreprise possédant une centrale électrique au charbon en Pologne, le plus important n’est pas qu’elle en est propriétaire, le plus important est de savoir si l’entreprise investi pour réduire le fossile (ou promouvoir le non fossile par ex l’isolation de qualité) ou si elle investi pour augmenter le fossile (par ex agrandir la mine de charbon). dans le premier cas, elle va dans la bonne direction, dans la 2ieme non
Merci pour cet éclairage.
J’ai moi-même engagé le combat : https://www.petitionenligne.com/pour_la_paix?fbclid=IwAR0wJyy51SvnftGFy2YorvOLW7BmeMbsRDqwpEpoprokntc06yrR9xyhzK0
J’ai proposé à des candidats de reprendre cette idée de modification de la DUDH pour éviter les drames humains liés aux migrations contraintes, mais aucun n’a réagi.
Le président de la république n’a pas réagi non plus, ni avant sa réélection, ni dans sa campagne.
Mais je crois qu’on peut “mettre la pression”.
Signez nombreux.
Bonjour, merci pour votre travail… j’aimerais connaître le nombre de salariés employés par Total, car en plus d’être ” le plus gros pollueur climatique du pays qui émet autant de CO2 que l’ensemble des Français”, ce doit être un gros employeur aussi ?
parodie : j’aimerai connaitre le nombre d’employé d’une mafia, parce que le crime les fait vivre non ?
version sérieuse : Rien n’interdit Total d’abandonner toute nouvelle production fossile et d’investir exclusivement sur le durable (isolation des maisons, petit biogaz, moteur électrique, …)
Super instructif, très précis, sourcé, avec les ordres de grandeur qui mettent les choses au très très clair. Ça donne envie de lire le livre. Encore un immense merci !
Première phrase sur les compagnies:
Saudi Aramco est la propriété exclusive de l’Etat saoudien.
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C’est faux… ça commence mal… et la fou mal pour un travail dit “journalistique”
Oui, c’est faux car c’est une société par action côtée en bourse…
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Et bien le commentaire de papamacer
C’est vrai qu’il aurait pu être plus direct et dire le prince au lieu de l’État
Quand le prince possède plus de 90% des actions, on peut bien dire que c’est détenu majoritairement par le prince, non?
https://www.cnbc.com/2022/02/13/saudi-arabia-transfers-aramco-shares-worth-80-billion-to-state-fund.html
94 % détenus par le gouvernement saoudien, 4 % par le fonds d’investissement public saoudien, le reste est partagé par des gens sympas comme BlackRock et compagnie. Alors c’est pas exclusivement saoudien mais pas loin.
Article intéressant concernant les entreprises.
Le passage prosélyte est un peu plus étonnant. Non pas que je veuille critiquer les positions idéologiques, mais pragmatiquement leurs effets en rapport avec le smilblick (les émissions de CO2) :
– en quoi rehausser le niveau de vie des plus pauvres peut-il faire baisser les émissions ? Ce serait tout le contraire non ? Cela augmenterait la consommation ? Ou alors il faudrait acheter des produits labellisés avec le gain de pouvoir d’achat ? Y’a un truc qui m’échappe, c’est pas expliqué
– Comment on fait pour qu’il y ait plus de femmes que d’hommes (si les hommes sont pas nature plus émetteurs) ? Ou si l’objectif est de développer le matriarcat, pourquoi pas, mais le lien avec les bagnoles et la barback est quand même tiré par les cheveux
D’accord, on voit ce que les moins nantis achètent dès qu’ils le peuvent: de l’électroménager (en plastique) des voyages, de la viande…..IL faut se référer à ce tableau qui indique que les poissons du lac ou de la rivière voisine engendrent bien moins de GES que le bœuf et toutes les autres sources de chairs animales.
2 remarques:
-sur le site de Aramco, on voit que leurs “Board” est composé (en partie) de membres du gouvernement saoudien (des ministres). Toutefois, ça n’en fais pas une société appartenant à l’état à 100% même si leurs destins semblent étroitement liés.
– le lien entre hommes et grosses bagnoles me paraît justifiés, les voitures de sport et gros 4*4 sont conduites majoritairement par les hommes, les “voitures de femmes” sont majoritairement beaucoup plus petites…
Je vais partir du principe que les chiffres de l’auteur sont vérifiés et fiable donc je veux bien croire qu’il y a un décalage masculin vers la “grosse” bagnole. Mais “en pratique”, Madame tout le monde roule quand même souvent en SUV… Ce sera peut-être plus un SUV Dacia plutôt qu’un Cayenne mais quand même, si on s’en tient au gabarit ce que je vois tous les jours de semble pas justifier de faire la distinction H/F alors que c’est une tendance générale qu’il faudrait dézinguer.
” en quoi rehausser le niveau de vie des plus pauvres peut-il faire baisser les émissions ? Ce serait tout le contraire non ? ”
=> En effet, c’est même précisément pour ça que le Bangladesh construit des centrales à charbon, tendance dénoncée dans l’article.
Merci infiniment pour ce nouvel article.
Au-delà d’aborder les chiffres catastrophiques, votre dialogue confirme et nourrit toujours plus les stratégies à oser. Qu’il s’agisse de désobéissance civile, comme de sensibilisations à médiatiser, de révélations à afficher dans les rues, et surtout d’une prise de conscience à provoquer chez les plus aisés, les choses sont au moins dites sans pudeur ici.
Il n’y a que ce genre d’informations qui me donne envie de me lever le matin désormais, même si ça n’évolue pas comme il serait raisonnable de le faire, pour l’instant.
Ces mots m’aident à continuer de bosser sans m’égarer. Alors je le répète : merci.
J’ai discuté avec une femme qui travaille chez Total dans le secteur de la pétrochimie. Elle affirme que le secteur pétrochimie de Total perd de l’argent.
C’est parce que comme toutes les femmes, elle conduit évidemment une Fiat 500 rose des années 60 en métal recyclable, plutôt que de conduire un SUV bleu bourré de plastique.