La réforme des retraites est en France un sujet de crispation depuis plusieurs décennies. Des grèves de 1995 jusqu’à la dernière élection présidentielle 2022, le sujet alimente les débats chaque année, et est l’une des priorités du gouvernement Macron.
Depuis plusieurs semaines, les débats font rage sur tous les plateaux TV, et tout le monde y va de son analyse, en citant notamment “le rapport du COR“. De gauche comme de droite, ce rapport est brandi comme la Bible et sert systématiquement à justifier l’idéologie souhaitée.
La meilleure façon de passer outre le cherry-picking étant d’aller à la source soi-même, on se rend vite compte que ce rapport et ses projections semblent oublier de légers détails qui vont rythmer le 21e siècle : le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité.
Il n’y a pas un mais plusieurs liens entre la réforme des retraites et le changement climatique. En effet, les deux sujets sont indissociables de la justice sociale, la solidarité intra et intergénérationnelle, et nécessitent un changement de système économique pour faire face aux enjeux.
Quel système des retraites en France ?
Même si l’économie n’est pas votre matière préférée, la réforme des retraites est un sujet récurrent dans le paysage politique et pour en faciliter la compréhension, il n’y a rien de mieux que les ordres de grandeur.
L’ensemble des régimes obligatoires de retraite de base ou complémentaire fonctionnent en France sur le principe de la répartition. Les régimes redistribuent au cours d’une année, sous forme de pensions versées aux retraités, les cotisations encaissées la même année auprès des actifs.
Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) a mis un simulateur à disposition pour comprendre comment notre système fonctionne. Vous verrez qu’en modifiant quelques valeurs, notamment le taux de cotisations, vous obtenez rapidement un tout autre résultat que ce que l’on peut entendre de la part du gouvernement : “un système déficitaire”.
Le système des retraites est-il déficitaire ?
Puisque différents membres du gouvernement Macron répètent en boucle que le système des retraites est “déficitaire”, le mieux est d’aller vérifier dans le rapport annuel du COR 2022.
Il est écrit dans la synthèse “qu’après avoir enregistré des excédents en 2021 et 2022, le système de retraite serait déficitaire en moyenne sur les 25 prochaines années“. Le conditionnel est ici très important. En effet, le COR s’appuie sur des projections, qui répondent à des conventions comptables, et surtout, cela dépend des hypothèses requises.
Premier enseignement : sur l’ensemble de la période de projection, les dépenses de retraite dans le PIB n’augmentent que dans le scénario le plus défavorable (0,7% de croissance de la productivité du travail). C’est primordial, puisque le financement des retraites dépend dans cette configuration d’un système basé sur l’augmentation du PIB, ce qui pourrait poser problème si cela n’est pas décarboné. Nous y reviendrons.
Deuxième enseignement : “avec 345,1 milliards d’euros versés en 2021, les dépenses brutes du système de retraite s’élevaient à 13,8 % du PIB, après avoir atteint 14,7 % en 2020 du fait de la forte contraction du PIB liée à la crise sanitaire. La part des dépenses de retraite retrouve ainsi les niveaux des années 2010″. Finalement, rien d’alarmant ici, mais pourquoi alors faudrait-il réformer le système des retraites ? Combien manquerait-il ?
De combien serait le “déficit” ?
D’après le gouvernement, le système serait “déficitaire”. Nous avons d’ores et déjà compris qu’il n’était pas forcément déficitaire et que cela dépendait des projections, mais acceptons de prendre cela pour hypothèse. Ainsi, vous verrez des déficits annoncés compris entre 0,1 et 0,8 point de PIB. Prenons 0,5 point de PIB, la moyenne de l’estimation du COR pour les 25 prochaines années. Cela représente 12 milliards d’euros.
Comment pourrait-on financer le “déficit des retraites” ?
Si le déficit n’est pas une fatalité, nous avons vu qu’en changeant très légèrement le taux de cotisation, ces 12 milliards d’euros peuvent tout à fait être financés. Mais dans la mesure où il est visiblement difficile pour le gouvernement Macron de trouver 12 milliards, voici quelques propositions :
- Il y a selon les estimations 160 (IRES) à 200 milliards d’aides publiques aux entreprises. Non seulement les aides publiques peinent à montrer leur efficacité, mais les aides vers des entreprises polluantes et qui n’ont pas de plan concret de décarbonation se comptent en milliards.
- L’économiste Michael Zemmour a fait 5 propositions pour dégager 35 milliards d’euros de recettes, dont augmenter les cotisations de 0.8 point d’ici 2027, ce qui rapporterait 12 milliards.
- 80 milliards de dividendes ont été reversés par les entreprises du CAC40 en 2022, en hausse de 15.5% par rapport au record établi un an plus tôt.
- Selon les estimations et ce que vous prenez en compte, il y a entre 60 et 100 milliards de fraude fiscale chaque année en France, dont plus de 42 milliards de dollars rien qu’avec les multinationales.
- Demander aux 600 Français des Pandora Papers s’ils peuvent filer un coup de main ?
- Les 0,001 % des plus riches français ont un taux d’imposition de 2 %, d’après Gabriel Zucman. Peut-être que nous pourrions faire en sorte qu’ils payent le même taux que les Français “normaux” ? (Source disponible ici)
- Demander aux milliardaires français, dont la fortune est estimée à 544,5 milliards, un effort de solidarité. Même s’il ne faut pas confondre les revenus des patrimoines, une partie de leur fortune pourrait totalement aider à financer un potentiel déficit.
Ainsi, il existe des solutions évidentes pour financer le potentiel déficit des retraites, et “sauver le système par répartition”. Système qui n’est qu’en danger que si vous le mettez en danger par vos décisions politiques.
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La réforme des retraites est idéologique et non indispensable
Rappelons un point fondamental : le COR ne dit à aucun moment qu’il faut engager ou non une réforme des retraites. Tout politique ou éditorialiste qui dit le contraire ment éhontément, puisque le contraire est marqué dans le rapport :
Au regard de ces résultats, il ne revient pas au COR de se positionner sur le choix du dimensionnement du système de retraite. Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite.
Cela diffère très largement des discours politiques que les Français peuvent entendre depuis des mois (des années !). Il arrive également que des politiques changent d’avis, à l’instar d’Olivier Dussopt, actuel ministre du Travail, qui déclarait en 2010 que “reporter l’âge de départ à la retraite est injuste car cela ne met pas à contribution les revenus issus du capital“.
Des convictions qui changent selon le sens du vent ? Ce n’est pas le cas d’Emmanuel Macron, sauf lorsqu’il déclarait en 2019 “qu’il serait hypocrite de décaler l’âge de départ à la retraite“. Qui aurait pu prédire qu’il change d’avis ?
Le rapport du COR carbure à la croissance verte
Intéressons-nous désormais de plus près au cœur du problème. Dans les hypothèses retenues par le rapport annuel du COR, plusieurs variables sont à prendre en compte, comme le chômage, la démographie, mais aussi et surtout… les gains de productivité, et donc la croissance du PIB, qui finance les retraites.
Même si les hypothèses de croissance ont déjà été revues à la baisse en 2021, et qu’elles restent pour de nombreux économistes bien au-dessus de ce que nous pourrions observer en France dans les prochaines années/décennies, c’est aussi et surtout émettre l’hypothèse que nous aurons une croissance du PIB et que celle-ci sera décarbonée, et que nous atteindrons la neutralité carbone en France grâce à la croissance verte !
Nous l’avons déjà vu sur Bon Pote, faire le pari de la croissance verte s’apparente à jouer à la roulette russe notre avenir et celui de nos enfants. Notre économie reste encore très largement carbonée et la probabilité que la croissance verte puisse être une solution pour la neutralité carbone est aujourd’hui quasi impossible.
Si nous prenons en compte les tranches annuelles indicatives des budgets carbone de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC), nous devrions observer un rythme de baisse des émissions de -3.2% (SNBC) à -4.7% par an (fit for 55). Qu’avons-nous constaté en 2022 ? Sur les neuf premiers mois, les émissions ont seulement baissé de -0.3%.
Notons également que sur 346 pages, le changement climatique n’est mentionné qu’une fois dans le rapport annuel du COR. Comme si c’était un sujet annexe, pas vraiment important et que nous pourrons continuer à faire comme s’il n’existait pas.
Un système économique qui plombe l’avenir climatique des Français
Nous retrouvons les mêmes impensés à travers cette réforme des retraites que ceux que nous pouvons constater dans la lutte contre le changement climatique.
Si le gouvernement et la majorité des économistes continuent à ignorer le besoin de changement de système économique, nous garderons un système qui est contraint à croitre. Or un système qui est contraint à la croissance réduit les choix économiques et sociétaux. La France est pourtant un pays riche et a très largement les moyens de faire autrement.
Alors que nous pourrions demander un effort supplémentaire aux plus aisés sans que cela ne change fondamentalement leur quotidien – mais qui aurait un impact retentissant pour les moins aisés qui sont eux clairement défavorisés par cette possible réforme des retraites – cette possibilité ne fait pas partie de l’idéologie du gouvernement Macron.
Ce même gouvernement qui multiplie les appels à la sobriété, avec d’un côté des milliardaires qui se déplacent en jets privés et de l’autre 12 millions de Français en situation de précarité énergétique. Vous pouvez retourner le problème dans tous les sens mais le résultat sera le même : sans justice sociale, pas de transition écologique. Et cette réforme n’a rien de social.
Bien cuite, votre retraite ?
Problème systémique, éthique, solidarité intra et intergénérationnelle… le sujet des retraites rejoint en plusieurs points celui du changement climatique. Mais pendant que des politiques s’évertuent à vous expliquer qu’il faut absolument faire passer des réformes, le changement climatique rappelle qu’il se contrefiche des contraintes économiques et que la contrainte physique n’est pas négociable. L’économie est un jeu dont nous pouvons changer les règles. Pas la physique.
En quittant mon travail il y a deux ans, je précisais que je préférais passer les 30 prochaines années de ma vie à préparer ma retraite. Ma crainte est toujours la même deux ans après : devoir vivre une retraite où le changement climatique aura fondamentalement changé le monde et où les politiques n’auront toujours pas pris la mesure de la gravité de la situation. Qui souhaite une retraite où l’été 2022 devient la norme, où les sécheresses vont aggraver une situation où nous nous retrouverons avec la moitié des maisons en France avec des fissures, des chaleurs potentielles à 50°C ? Se battre contre le changement climatique, c’est aussi se battre pour sa retraite.
Un système économique où la gestion du vieillissement et la réponse à l’urgence climatique vont de pair reste à construire. Mais ce n’est certainement pas grâce au système économique actuel que nous allons y faire face.
Pour aller plus loin
- 9e avis du Comité de Suivi des Retraites
- Attention à la phrase “à 62 ans, 25% des plus pauvres sont déjà morts, contre 5% des plus riches”, une démystification de Michael Zemmour, avec des propositions
- Les femmes touchent une retraite de 28 % inférieure à celle des hommes en moyenne, pensions de réversion comprises. Une inégalité résultant des interruptions de carrière, des écarts de salaires, de l’orientation des étudiantes vers les métiers moins bien payés, mais aussi des normes et des différences de rapport à l’argent se forgeant dès l’enfance.
- Réforme des retraites et finance, par Reclaim Finance
- Passage aux 32H ? Ceci n’est pas un patron de gauche
- Pension reform in France: Which countries have the lowest and highest retirement ages in Europe?
- Notre modèle de protection sociale est-il soutenable ? de Mathilde Viennot
Ajout le 06/03/23 : excellente vidéo d’@Heureka :
22 Responses
J’adore le gars qui dit si le réchauffement climatique arrive vraiment ! Tu vis où ? Ah, dans un appart climatisé avec arrosage automatique des pelouses ? Moi, je vis à la campagne et mon père allait en ville en glissant sur le rivière gelée, moi, je faisais que des glissades sur les plaques de glace quand la rivière avait débordés, mes enfants n’ont pu, faire une ou deux fois, de la luge et maintenant il ne neige plus assez pour faire de la luge : allo, la terre?
Plus on travaille plus on pollue; plus on a d’argent, plus on pollue, soyons radicaux : tous dehors à prendre soin de la planète et du seul écosystème qui nous permette de vivre!
Appliquons enfin les recommandations de Pierre Rabbhi : tous à mi-temps, partage du travail ET des richesses. de façon à avoir le temps de planter des arbres et faire son jardin et d’aider bobonne à se taper les écogestes qui sont quasi tous chronofages et à 80% dans la sphère des corvées de madame : amap, vrac, couches lavables, habits d’occasion, ménage sans produit chimiques, soupe faite maison, toilettes sèches, linge à sécher en plein air,….. une maman écolo de 56 ans !!!!
la question de savoir si le rechauffement climatique allait arriver etait essentiellement rethorique. La seule chance que ca n arrive pas, c est que tonton Vladimir s enerve (des armes nucleaire ou du chimique/bacteriologique permettrait de reduire la population d au moins 50 % et donc de reduire les emissions rapidement et sans discuter)
Pour le coté MLF, vous repasserez. Il se trouve que j ai grandit dans une famille de paysans. Et si c etait en effet l epouse qui allait au lavoir, le mari lui ne se tournait pas les pouces au bistrot. Sans moyens mecaniques, on va redecouvrir qu un homme a plus de force qu une femme et que c est a lui que vont incomber les travaux physiques : debiter le bois, transporter les voyages de foin ou le fumier
Votre retour s’appliquera quand on aura plus de pétrole ou d’énergie, on a le temps de voir venir… les écogestes s’appliquent dès aujourd’hui donc oui pendant que bobonne fait ses écogestes, monsieur scrole sur internet, va faire son footing, fait du vélo, va à la pèche.. ah si ils changent les ampoules au plafond…. pas beaucoup d’hommes sont solidaires de la corvée des éco-gestes au quotidien, en tout cas c’est ce que j’observe autour de moi, trop chiant ! rien que d’aller à la décheterie, une majorité de meuf!
Article a coté de la plaque. C est dommage de reprendre les arguments de la gauche sans filtre. Ce sont des gens qui veulent juste mettre en difficulté Macron mais qui se moquent que le systeme ne soit pas viable (ou qui comme le PS qui auraient fait la meme chose si au pouvoir)
Si le rechauffement climatique arrive vraiment, on aura une economie a la ramasse et donc incapable d engloutir 14 % du PIB pour les retraites. Si on caricature un peu, quand il y aura des incendies et des fleuves a sec, on va pas ponctionner ce qui reste du secteur productif pour payer des croisieres aux vieux
Si au contraire on reduit serieusement la voilure de l economie et donc les rejets de gaz, on aura pas de rechauffement mais les retraites deviennent un enorme boulet finançable (j ai lu qu une decroissance de 4%/an faisait passer la ponction pour les retraites de 14 a 30 % du PIB). Bon courage pour expliquer aux gens que non seulement ils vont vivre moins bien, travailler plus mais que quasiment 1/3 de ce qui est produit va etre affecté aux retraités
Et la on ne parle que des retraites. On oublie le cout des soins medicaux (soins qui sont surtout destinés aux retraités).
Mais la reforme ou plutot le rafistolage de macron a une qualité: c est un changement JUSTE: il penalise les jeunes et ceux qui ont pas fait d etude et epargne les retraités et ceux qui ont commencé a travailler tard. Autrement dit, le rafistolage épargne ceux qui ont voté macron en masse et penalise ceux qui votent pas ou FN. et ca si c est pas de la justice …
Le système est parfaitement viable, Macron fait les choix politiques qui l’arrangent mais qui ne sont pas juste.
Tu peux baisser les pensions des gens qui gagnent plus de 2 SMIC à la retraites, tu peux augmenter les cotisations de quelques euros des salariées qui gagne au-dessus du salaires médians (dont je fais parti…). Tu peux aussi rétablir l’ISF (supprimer par Macron au profit de…. chut), supprimer le CICE (90 Mds pour 100 000 emplois créés.. au profit de…. chut… encore les mêmes…), remettre la flat tax plutôt que sont IFI (parce que c’est plus favorable au….. chut…..). Les moyens ne manquent pas….
Une réforme juste?,
faire travailler les grouillots qui ont commencé à travailler jeunes avec un BEP et CAP 44 ans pour 43 pour les techniciens et cadre sup’ que nous estimeront plus macron compatible, c’est juste pour toi?
Oublier que les femmes ont des carrières hachées par les congés maternité c’est juste pour toi?
Avoir supprimé les pénibilités de ceux qui font l’économie (port de charges, travail décalé, métier éreintant) ça te parait juste??? N’oublie pas que les gens dans les bureaux ne font que très peu tourner l’économies (on l’as vu pendant le COVID)…
Oublier que les plus pauvres crèvent avant de pouvoir prétendre à leur retraite durement cotiser, ça te paraît juste????
Qu’il faille ré-équilibrer les comptes, admettons encore que…, mais la proposition actuel du gouvernement actuel est tout sauf “juste”….
manifestement certains ne comprennent pas le second degré.
“c est un changement JUSTE: il penalise les jeunes et ceux qui ont pas fait d etude et epargne les retraités et ceux qui ont commencé a travailler tard. Autrement dit, le rafistolage épargne ceux qui ont voté macron en masse et penalise ceux qui votent pas ou FN. et ca si c est pas de la justice …”
finalement il a raison G Freche (ex maire de montpellier) avait raison : “il ne faut pas prendre les gens pour des cons mais ne pas oublier qu ils le sont”
Ne nous trompons pas: décarboner l’énergie, c’est travailler plus poir gagner moins. En effet, qu’on le veuille ou non, décarboner l’énergie, c’est avoir moins d’énergie disponible puisque les énergies de remplacement ont une efficacité beaucoup plus faible et ne sont pas directement transportables telles que le pétrole. Donc il y aura moins de machines bien nourries et plus de paires de bras et de jambes. Alors oui, il faudrait aussi une meilleure répartition des revenus. Je dirais que la France même si elle peut mieux faire, n’est pas trop mal classée. La retraite dans le pays où je vis, ce sont les enfants ou devenir chauffeur de taxi ou d’uber. Ils ont plus de 70 ans et n’ont pas d’autre choix. Alors on va me dire: ce n’est pas l’exemple à suivre. Effectivement, mais les richesses étant aspirées par les pays occidentaux, il ne reste pas grand chose pour les autres…
Scénario le plus défavorable avec une croissance de +0,7% seulement….
Hmmm Hmmm
Il me semblait qu’ici, c’était la décroissance qui était fortement souhaitée… donc la croissance de 0.7%/an devrait être déjà un doux rêve…
Comme ici on est plutôt apôtre de la décroissance, à combien se monte t’elle? -80% comme pour les émissions de CO2 d’ici 2050? (Soit du -5% par an pendant 30 ans)
Dans ce cas pour maintenir la retraite, il faudrait cotiser combien et jusqu’à quel âge?
Ah? fini la retraite donc???
Ou ici aussi on veut en fait de la croissance et je n’ai rien compris?
Idem, un peu déçu de Bon Pote.
Les arguments ressemblent plus à ceux de l’opposition (déficit pas si importants que ça ou qu’il serait possible de le financer en taxant plus les riches) que d’un média défendant l’environnement. Car tout ceci revient effectivement à continuer à faire ce que l’on fait actuellement, c’est à dire aller dans le mur.
Les vrais problématiques seraient plutôt : comment concilier notre souhait de décroissance et financement des retraites (quels besoins et quelles solutions avec -1% de croissance par an par ex ?). Quid de la natalité et la politique démographique, composante essentielle du système par répartition ? Comment financer la transition écologique en plus des retraites ? En particulier la rénovation thermique alors qu’une part non négligeables des passoires énergétiques appartiennent à des retraités, etc.
Merci encore pour tout ce travail et cet article. Je m’interrogeais aussi de ne rien voir paraître dans la presse de lien entre la réforme des retraites et le changement climatique. Cela me rend dingue que personne (sauf toi !) n’en parles, quand nous irons en retraite dans 30 ans notre soucis sera autant financier que climatique !
Bon par contre il y a une chose sur laquelle je ne suis pas d’accord, c’est quand tu parles d’augmenter les cotisations pour financer les retraites. Personnellement mon salaire est déjà bien assez bas comme ça, je n’ai pas du tout envie d’en enlever encore un peu pour aider quelques vieux à partir en vacances avec leurs camping car. C’est cliché, mais j’assume. Et de plus, quand je vois toutes les autres sources possibles de financement, déjà j’hallucine de voir qu’il y a autant d’argent qui pourrait servir à quelque chose… mais surtout, cet argent pourrait avant tout servir à financer la transition écologique et énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique. Cf : partir à la retraite à 62 ans ok mais si c’est pour vivre des étés à 50°C non merci, je préfère partir à 64 ans avec des étés “vivables”.
Sauf qu’à 62 ans comme à 64 ans, les été seront à 50°C! Rien n’est fait de manière systémique pour limiter le changement climatique… Donc même en partant à 70 ans, cela n’aura aucune influence sur les étés!
Pour info, en laissant une retraite à 62 ans, il est toujours possible de partir à 64 ans avec une surcote… Et concernant l’hypothétique trou des retraites (hypothétique car les précédents rapports du COR prévoyaient un déficit à l’horizon 2020 ce qui ne fut pas le cas), je pense qu’il y a bien d’autres solutions à envisager avant de taper sur la classe moyenne!
Je trouve la structure de l’article quelque peu étrange, la conclusion a remplacé l’intro, et l’explication (du lien entre retraites et climat) est en conclusion. Moi qui suit bien informé, je voyais tout de suite le lien, mais ce n’est pas dit que tout le monde le fasse. Un peu déçu de la rédaction parfois baclée des articles. Quelques suggestions :
– Présenter le problème dans l’intro plutôt que la conclusion, puis expliquer le lien entre retraites et climat juste derrière.
– Donner des chiffres sur l’exdecent/déficite sur 2 décennies pour avoir un meilleur recul et point de comparaison.
Note : baisser les cotisations sociales parait être un grand mal dans cet article, mais sais-tu à quelles points les charges nous rendent tous la vie chère? Rien que moi je paie 24% et j’ai 0 retraite, assurance chômage et maladie. Pour une boîte normale, un employer coûte 2 fois son salaire, la moitié étant des charges patronales et salariales. Tout ceci rend difficile la vie d’entrepreneures, et les bôites françaises sont peu compétitives face au marché (aka. on coûte super cher). Personnellement, j’estime que c’est une bonne chose de les réduire si on tire de l’argent ailleurs en échange, comme par exemple en luttant ACTIVEMENT contre le surpoids, la pollution de l’air, les dangers de la route, etc.
Si j’ai bien compris le Président de la république, les économistes qui en ont parlé (tous ?), les syndicats et autres commentateurs comme Bon Pote, l’avenir est incertain. En conséquence il faut s’attendre à voir un prochain gouvernement nous proposer une nouvelle loi pour s’adapter à de nouvelles circonstances.
Partant de ce constat, je propose de ne plus inscrire dans la loi des objectifs de montants de retraite en fonction de l’âge, du temps de travail effectué et des conditions d’exercice de celui-ci, tout ceci étant fixé à l’avance et inscrit dans un texte de loi, mais seulement de déclarer le principe d’une sorte de garantie d’un montant de revenu fixé, au jour le jour, en fonction des circonstances. Ne serait inscrit dans la loi que l’obligation pour la collectivité nationale de verser une retraite permettant à chacun une vie digne et responsable jusqu’à la fin de ses jours. Les cotisations seraient toujours versées suivant des procédures connues, et le surplus nécessaire, réajusté chaque année en fonction du coût de la vie, serait appelé par voie d’impôt, la contribution des plus riches étant fixée au niveau compatible avec une juste solidarité nationale.
Cette proposition n’est évidemment qu’une proposition. Il faut donc en débattre.
L’idée sous-jacente, qu’il faudrait garder en tête quoiqu’il arrive, c’est que l’objectif principal est de garantir à chacun une vie digne.
Mes enfants (31 et 34 ans) et leurs ami.e.s pensent qu’ils n’auront pas de retraite. J’ai vu lors de la mobilisation des jeunes avec des pancartes “Non à une retraite pourrie”.
J’avoue que je n’y comprends rien.
Auront-ils une retraite ou pas?
Pourrie ou pas?
Ont-ils raison de s’inquiéter?
J’avoue que je suis incapable de leur donner une réponse, d’autant que j’aurai claquer depuis longtemps…
On fait quelque chose?
On fait rien, et on attend?
C’est un peu comme le réchauffement climatique, en fait, et d’après le COR, pas d’impact climatique sur les retraites…
J’attends des conseils, à rétrofiter à mes enfants!
Merci!
Bonjour,
retraité depuis 2021, veuf, je touche 1318,24 euros net de pension de l’Agirc/Arrc + 341,34 euros + 81,54 euros nets de pension de réversion (1 homme pour 9 femmes…) de l’Agirc/Arrco + 1382,97 euros nets de pension de retraite de la CNAVTS.
Il y a quelques années, la caisse Agirc/Arrco (Régime PRIVE de TOUS les salariés, à POINTS!!!) était en déficit. Négociations tripartites en alerte rouge (Syndicats, patronat, salariés…) pour mettre en oeuvre la solution suivante: pour les gens nés après le 01/01/1957, choix entre partir à taux plein à 63 ans, ou abaissement de la pension Agirc/Arrco de 10% pendant 3 ans. Pas de grève, pas de descente dans la rue, pas d’intervention de l’Etat dans des affaires privées, réglées entre soi…
Bilan: au 01/01/2023, trésor de guerre de 65 milliards d’euros.
Que veut l’Etat maintenant: il lorgne sur ce trésor, veut le transférer à l’URSSAF! Cela a été évité en 2023, mais reporté pour 2024.
Ceci a concerné la moitié de ma pension.
L’Agirc/Arrco était en déficit, c’est un fait, cela été rêglé par le passage à 63 ans…
Je n’ai pas la réponse quant à savoir si l’Agirc/Arrco reviendra à 62 ans, puisque 63 ans n’était pas l’âge légal…
Je suis parti à 64 ans, 41,5 ans de travail, 166 trimestres, j’ai commencé à travailler à 23 ans, donc les 62 ans n’étaient pas mon souci, c’était plutôt d’arriver au taux plein à 64 ans… Par contre des petits boulots avant 20 ans ou 18 ans pour partir en carrière longue à 60 ans auraient été super, mieux vaut travailler à 18 ans et partir à 60 ans que commencer à 23 ans pour partir à 64 ans, les 62 ans n’y étant pour aucune conséquence…
Je ne comprends donc pas les problèmes de la CNAVTS: en déficit? Pas en déficit?
Nous, nous l’étions, et pas la CNAVTS??
Une autre piste que je juge pertinente, c’est de forcer le patronat à ENFIN aligner le salaire des femmes sur celui des hommes à tâche et responsabilité équivalente. On augmenterait mécaniquement les cotisations et donc les recettes. Les écarts sont encore trop important. Et pour le coup, ce serait “juste et équitable”…
Oui enfin c’est déjà le cas.Vous pouvez le voir sur l’INSEE, la diff de salaire à tâche et profil égal est inférieure à 5%. La différence de revenus entre hommes et femmes s’explique avec :
– Les pauses maternité (qui freinent la carrière), principalement prise par les mères (95% j’avais vu),
– Les diff. d’emploi, souvent moins rémunérateurs,
– Les diff. de contrat, souvent bcp plus temporaires/précaires.
@arno
Etant donné que le but du patronnat c est de payer moins cher, s il y avait vraiment un gros ecart entre hommes et femmes pour le meme poste, ils auraient depuis longtemps viré les hommes pour mettre des femmes moins cheres …
Autrement dit, soit l ecart est minime (les gros titre les femmes gagnent moins que les hommes s expliquent surtout par le fait qu les hommes font dans des metiers mieux payés. par ex une femme va etre prof math et l homme financier)
Bonjour Thomas, merci pour cet article, sourcé et très bien écrit, comme d’habitude. Je m’inquiétais que personne n’aborde le sujet de la crise climatique à travers celui des retraites, et que ça ne choque personne que les estimations du COR ne mentionne quasiment pas.
Proposition d’ajout pour mentionner que certains millionnaires demandent eux-même à ce qu’ils soient taxés davantage, dont 2 français. Je trouve intéressant de le souligner, et éventuellement de l’ajouter à votre article, pour appuyer sur le fait que même eux considèrent qu’ils ne sont pas assez solidaires : https://www.francetvinfo.fr/economie/davos/forum-de-davos-dans-une-lettre-adressee-aux-dirigeants-mondiaux-plus-de-200-millionnaires-demandent-a-etre-plus-taxes_5608622.html
Mais Bruno leur a répondi, comme d’habitude un peu à côté : https://www.lepoint.fr/economie/200-millionnaires-veulent-etre-plus-taxes-bruno-le-maire-leur-repond-18-01-2023-2505353_28.php
Bonjour Thomas ! Tout à fait d’accord avec vos conclusions, mais pas avec toutes les punchlines 🙂
– les riches paient moins d’impôts que le reste de la population, c’est un fait. C’est dû à plusieurs choses, mais la première cause c’est que les impôts sur la consommation comme la TVA ne sont pas dégressifs et pèsent moins dans les dépenses des plus riches. Regardez ici (ça date un peu, mais c’est toujours vrai en moyenne) : https://www.revolution-fiscale.fr/le-systeme-actuel/des-impots-progressifs-/12-un-systeme-faiblement-progressif-decomposition-par-impots-
Dire que les ultra-riches paient 2% d’impôts, comme le soutient Gabriel Zucman, c’est comparer des choux et des carottes. Bien sûr que l’intégration des bénéfices des sociétés-filles dans une holding entraîne une imposition à quelques % seulement (après impôt sur les bénéfices de 30%, si vous ne réinvestissez pas vos bénéfices)… mais cet argent reste dans la holding, ce sont des bénéfices non-distribués. S’ils veulent se le verser, la fiscalité reste la même : sur le travail si c’est du salaire, sur le capital si c’est du dividende. Et Gabriel Zucman le sait bien, il joue sur cette confusion comme beaucoup d’autres.
– c’est dommage que vous passiez vite sur la solidarité inter-générationnelle. Qqch qui n’est pas dit, c’est aussi l’accumulation du capital par les retraités, et le fait qu’ils sont proportionnellement plus à voter. Donc le fait de baisser les pensions n’est pas évoqué dans les différentes réformes, puisque ça les touche directement. Les politiques ménagent leurs électeurs !
– enfin, pour avoir une solution climatiquement compatible, tout à fait d’accord, c’est bien la décroissance qu’il faut viser : travailler moins longtemps, et avoir des pensions plus faibles en moyenne (tout en les répartissant de manière plus juste). Mais ça, personne ne veut l’entendre, ni à gauche ni à droite…
– bonus : l’infographie de Libération sur l’espérance de vie à la retraite a beaucoup tourné. Elle contenait quelques approximations, mais elle est directionnellement juste. On pourrait imaginer un âge de départ à la retraite par catégorie de revenus, où les revenus les plus faibles partiraient plus tôt. Ou encore mieux, laisser les gens décider comme ils veulent, et que leur pension soit impactée en proportion. C’est-à-dire un régime de retraites en comptes notionnels. Mais là encore, ça nécessiterait de changer intégralement notre système, ça a peu de chances d’aboutir malheureusement.
Merci pour votre retour. Vous avez tout à fait raison sur le passage trop rapide sur la solidarité inter-générationnelle, mais petit spoil : j’ai coupé les paragraphes écrits sur le sujet pour en faire un article à part entière plus tard 😉
Idem pour le temps de travail et un potentiel passage à 32H. Cela mérite un article entier, qui paraîtra en 2023.
J’aime beaucoup cette idée de baisser les pensions. Comme il y a un salaire minimum, il devrait justement y avoir une pension maximum ; d’autant plus que les besoins sont bien plus faibles au-delà de 60 ans, souvent à partir de 50 ans (note : un voyage organisé n’est pas un besoin).