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Philippe Bihouix : “Pour construire mieux, nous n’aurons d’autres choix que de construire moins”

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Dans La ville stationnaire, un livre clair, bien illustré et abordable, Sophie Jeantet, Clémence De Selva et Philippe Bihouix passent au peigne fin la croissance des villes qui est devenue insoutenable. Au menu : étalement urbain, déconstruction de la smart city, la Zéro Artificialisation Nette, et une tonne de solutions.

L’étalement urbain accélère l’érosion de la biodiversité et contribue au changement climatique. Votre ouvrage rappelle que la définition d’un sol artificialisé n’est pas aussi simple que nous pourrions le penser…

L’artificialisation des sols est effectivement une notion difficile à appréhender et mesurer correctement. Intuitivement, on perçoit bien ce que signifie le fait de transformer les usages des sols, de les rendre de plus en plus « artificiels » en les couvrant par exemple de bâtiments ou d’infrastructures diverses – pensons aux zones commerciales ou d’activités des entrées de villes par exemple.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le territoire français est très peu artificialisé, environ 1% des surfaces. La population rurale entame une lente décrue avec l’industrialisation, les habitats ouvriers se regroupent autour des mines, des fonderies et des hauts-fourneaux, des fabriques qui se concentrent elles-mêmes autour des puissantes machines à vapeur. Les villes croissent donc, se libèrent de leurs fortifications, les faubourgs et les proches banlieues s’étendent grâce aux premières lignes locales de chemin de fer et de tramways. A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, la moitié de la population vit encore dans les campagnes et le taux d’artificialisation est d’environ 4%. Cette évolution de 1 à 4% est peu liée à la croissance démographique, car on ne passe que de 35 à 40 millions d’habitants de 1850 à 1950.

A partir des années 1970, le développement de l’automobile va provoquer l’étalement urbain en facilitant la dispersion des fonctions (habitat, travail, consommation, divertissement…) et l’habitat pavillonnaire, entraînant du coup un besoin toujours croissant de mobilité et d’infrastructures de transport, principalement routières. Entre 1982 (année à partir de laquelle on commence à avoir une série de données du ministère de l’Agriculture) et aujourd’hui, les surfaces artificialisées ont progressé trois à quatre fois plus vite que la population, pour atteindre 9% environ du territoire métropolitain, soit 5 millions d’hectares.

Figure 1 : répartition des surfaces artificialisées en France selon l’usage

Ce chiffre – a priori nullement effrayant : l’Allemagne et la Belgique, par exemple, atteignent des taux largement supérieurs – ne dit pas forcément grand-chose de l’impact environnemental. Un sol artificialisé, c’est, dans une définition un peu technocratique, tout ce qui n’est pas sol « naturel, agricole ou forestier ». Un sol « sain » a une capacité, par son activité biologique, à absorber et stocker du carbone : porter atteinte à ses fonctionnalités, en transformant son usage, contribue donc au changement climatique. La perte de biodiversité est provoquée par la destruction d’habitats et leur fragmentation par les infrastructures linéaires, ce qui est d’autant plus critique que le changement climatique amènera des espèces à modifier, si elles le peuvent, leurs aires de répartition. Les sols imperméables sont aussi problématiques pour la gestion de l’eau (inondations plus fréquentes, difficultés à recharger les nappes phréatiques…).

Mais cette définition comporte de nombreuses situations très hétérogènes : artificialisé ne veut forcément dire imperméabilisé. Les golfs, les centres de ronds-points, les talus de chemin de fer et d’autoroutes, les parcs et jardins restent perméables. Pour ce qui est de la biodiversité, un jardin sans pesticides et planté de variétés locales peut être bien plus accueillant, dans le sol et au-dessus, qu’un champ agricole cultivé de manière intensive… Certains milieux, comme les zones humides, sont plus précieux que d’autres pour l’accueil et la diversité de la faune sauvage.

Figure 2 : différence entre artificialisation et imperméabilisation

A plus long terme, le sujet est aussi que cette artificialisation se fait essentiellement au détriment des terres agricoles (et, avec la concentration autour des métropoles, dans les vallées fluviales, souvent des terres agricoles d’une grande valeur agronomique). Au rythme actuel (de l’ordre de 20 000 à 30 000 hectares par an), il ne faudrait « que »quelques siècles pour les artificialiser entièrement ! On imagine aisément qu’une telle absurdité n’arrivera pas et que l’étalement de nos villes s’arrêtera bien avant.

Mais chaque hectare qui disparaît sous le bitume ou le béton entame un peu de notre résilience alimentaire future : jusqu’à présent, l’artificialisation s’est faite dans un contexte d’augmentation des rendements des cultures et d’une certaine déprise agricole dans un contexte d’internationalisation des échanges (on a eu besoin de toujours moins de surfaces pour produire autant ou plus, et/ou on a pu importer à moindre coût) ; mais la situation pourrait évoluer différemment avec le changement climatique et la nécessité de muter vers des systèmes de production plus respectueux du vivant, engendrant, en grandes cultures notamment, une certaine baisse des rendements surfaciques.

Figure 3 : stocks et flux

Vous présentez l’objectif de ZAN, ou Zéro Artificialisation Nette, comme un objectif louable mais « dont la mise en œuvre s’avère pour le moins épineuse ». C’est vrai que la tendance, avec seulement 748 communes (2,1%) qui n’ont pas consommé d’espace entre 2009 et 2019, est peu encourageante. Quels sont les principaux blocages à cette mise en œuvre ?

Il faut saluer la prise de conscience progressive de la puissance publique, qui a démarré – lentement – il y a une quinzaine d’années, et a abouti à l’objectif de réduction voté dans la loi Climat et Résilience en 2021, à savoir une division par deux du rythme d’artificialisation dans les dix ans qui viennent puis, d’ici 2050, la ZAN, où chaque hectare artificialisé devra être compensé par une même surface « renaturée ».

D’après les échanges que nous avons pu avoir, à l’échelle locale, avec des élus et des techniciens, le diagnostic de l’insoutenabilité de notre manière de « fabriquer » la ville depuis quatre ou cinq décennies nous semble plutôt bien partagé. Reste la question du « comment » qui provoque de nombreuses inquiétudes et de nombreuses discussions – jusqu’au Parlement encore tout récemment.

Il y a d’abord la question du logement, alors que de nombreuses zones sont véritablement en tension (dans les métropoles, sur les littoraux…), qu’il y a tant de situations de mal-logement, de demandes insatisfaites en logement social… Comment éviter que la restriction de l’accès au foncier agricole ne se traduise par des injustices sociales, un renchérissement des logements neufs ou existants, des effets d’aubaine pour les uns et des coûts supplémentaires pour les autres ? Avec parfois des questions très concrètes pour les élus locaux : dans une petite commune, viabiliser une nouvelle zone pavillonnaire et accueillir de jeunes ménages peut être un moyen de « sauver » une classe d’école !

Il y a aussi la question du développement économique : permettre à des entreprises de s’implanter sur du foncier abordable, c’est potentiellement « créer de l’emploi » – une obsession légitime de nos politiques –, alors qu’on parle de reterritorialiser une partie de la production, de développer de nouvelles activités liées à la transition énergétique et aux énergies renouvelables… Pour schématiser, comment faire la ZAN tout en accueillant des gigafactories de batteries électriques ou en tirant de nouvelles lignes de train à grande vitesse ? Ce type de projets à envergure nationale a justement fait l’objet de débats sur la manière de comptabiliser les flux d’artificialisation.

Enfin, il ne faut pas se leurrer, il existe de très importants enjeux économiques, et pas seulement pour le monde de l’immobilier et de la construction. Nous avons évalué, très approximativement, la « manne » que représente le flux d’artificialisation : la plus-value générée par le passage de terres agricoles à terrains constructibles est sans doute supérieure à 10 milliards d’euros par an, soit le même ordre de grandeur que les subventions européennes de la PAC (politique agricole commune). Depuis des décennies, l’étalement urbain a aidé, indirectement, à maintenir le système agricole à flot, permis à des agriculteurs de prendre leur retraite, s’agrandir, s’équiper, couvrir des pertes d’exploitation… ou à des héritiers de faire la culbute après avoir payé des droits de succession modérés !

Malgré tous ces obstacles, il y a aussi beaucoup d’enthousiasme sur la manière de faire les choses différemment, sur les opportunités possibles : on peut mener des projets urbains intelligents, utiliser d’anciennes friches, réhabiliter et transformer des bâtiments vacants, intensifier et optimiser l’usage du patrimoine existant… La France est presque recordman en Europe des surfaces artificialisées par personne. L’Allemagne est 20% plus efficace que nous, sans qu’on puisse l’accuser de mal loger sa population ou d’être un pays peu dynamique économiquement !

Figure 4 : densité et surfaces artificialisées par habitant dans quelques pays européens

Parmi les solutions, vous proposez de passer de la Zéro Artificialisation Nette à la Zéro Artificialisation Brute…

La ZAN part du même principe que la « zéro émission nette » (ZEN) dans le domaine climatique. Pour la ZEN, il s’agit, d’ici 2050, de réduire considérablement le flux des émissions de gaz à effet de serre, puis de « compenser » les émissions résiduelles par les puits de carbone (naturels idéalement, artificiels pour les plus technophiles…) afin d’atteindre la « neutralité carbone ».

Mais il y a quand même une différence de taille entre ZEN et ZAN : à condition de ne pas trop les endommager, les puits de carbone peuvent fonctionner pendant des temps très longs, comme dans les océans, où les coquilles de carbonate de calcium des petits organismes se sédimentent (rendez-vous sur les falaises de Normandie et autres massifs calcaires pour admirer le résultat quelques millions d’années plus tard…) ; tandis que le « stock » de surfaces artificialisées candidates à la « renaturation », comme les anciennes friches industrielles, est forcément limité. Ce n’est donc qu’une question de temps pour que la ZAN devienne la ZAB, zéro artificialisation tout court… autant s’inscrire dans cette logique rapidement.

Par ailleurs, cette logique de compensation écologique – qui commence à se mettre en œuvre, depuis quelques années, à l’échelle des grands projets impactant la biodiversité – interroge : on détruit « ici et maintenant » en promettant de restaurer « ailleurs (et un peu plus tard) », mais sans vraiment maîtriser les processus naturels liés à la complexité des biotopes et de leur fonctionnement, ni la tenue dans le temps des espaces « restaurés » dans un contexte de changement climatique violent et avec une nécessité de « gestion » humaine sur des décennies (pour maintenir des espaces suffisamment ouverts par exemple)… D’abord ne pas détruire (éviter, donc) doit rester le réflexe premier.

Figure 5 : principe de la compensation – schéma « ERC » : éviter / réduire / compenser

Une partie du livre est consacrée à la promesse de la smart city qui « pourrait adoucir le bilan métabolique des villes ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette idée vole en éclats. Pourquoi l’idée de la smart city, devenue une marotte politique, persiste tant auprès de certains politiques et chefs d’entreprises ?

La smart city est née, à la fin de la décennie 2000, sous l’égide de grandes sociétés technologiques comme IBM ou Cisco, d’abord sur une promesse d’efficacité (et de modernité) des services publics. Après quelques années, le discours des consultants et des vendeurs de « solutions » a progressivement englobé la promesse environnementale : on allait être plus smart et (donc) plus green. Le renversement a été total lorsqu’à l’automne 2020, Stéphane Richard, PDG d’Orange à l’époque, a tenté de justifier le déploiement de la 5G en expliquant qu’elle allait être indispensable aux villes pour réaliser leur transition énergétique : pour être plus green, il faudra (forcément) être plus smart !

En vertu de quels arguments ? Les promesses restent génériques et bien vagues. Aujourd’hui, la 5G est là (et la 6G démarre… rendez-vous en 2030…), mais il est bien difficile de trouver des « cas d’usage » comportant des bénéfices indéniables pour l’environnement. La smart city n’a en fait pas grand-chose à voir avec l’environnement, il s’agit d’abord du déploiement de dispositifs technologiques de contrôle et de pilotage, comme dans les usines. Mais une ville n’est pas une usine, et un tel déploiement – si tant est qu’il soit réalisable, car dans le domaine urbain on affronte généralement le « déjà là », le patrimoine déjà construit depuis des siècles – n’aboutit pas nécessairement à une ville sympathique, accueillante… ou résiliente, si elle doit dépendre de la disponibilité de composants électroniques produits à l’autre bout du monde, de ressources rares, de l’opacité dans la conception des logiciels ou le stockage et l’utilisation des données collectées.

Quant aux promesses d’une efficacité toujours plus grande, on sait qu’on court toujours le risque d’un effet rebond, qu’elle ne serve pas à réduire les impacts, mais à consommer toujours plus : si la voiture autonome (encore hypothétique) permettait de fluidifier le trafic tout en bossant depuis son véhicule, les gens pourraient habiter encore plus loin de leur travail, cela inciterait à accroître l’étalement urbain et les distances à parcourir.

Il semble toutefois que, malgré tout le pouvoir d’attraction de la « nouveauté », les discours autour du numérique salvateur et le travail de marketing des industriels, la mode de la smart city soit en train de passer, au moins en Occident. L’abandon par SidewalkLabs (filiale du groupe Alphabet, la maison-mère de Google) du projet de la friche Quayside à Toronto au printemps 2020 a fait l’effet d’une douche froide (officiellement, le projet, qui avait provoqué l’enthousiasme à son lancement, a été abandonné pour des raisons financières, mais de vraies difficultés avaient surgi sur la possible marchandisation des données personnelles des futurs habitants). Il y a des effets de mode, comme partout : en ce moment, c’est l’IA qui tient la dragée haute, après le long-feu du métavers de Zuckerberg… Mais l’idée reste très implantée en Asie et au Moyen-Orient ; les projets délirants comme The Line, en Arabie Saoudite, sont obligatoirement smart, cela va sans dire (et forcément green, bien évidemment).

Vous revenez également longuement sur les matériaux biosourcés, qui représentent une belle opportunité pour décarboner nos bâtiments. Vous soulignez tout de même des limites dans l’application de passage à l’échelle.

Le poids climatique et environnemental des matériaux de construction est important, et nous avons voulu comprendre jusqu’à quel point nous allions pouvoir, dans le futur, réellement « éco-construire » (et « éco-entretenir » !) nos villes et nos infrastructures. Le secteur du bâtiment et des travaux publics, c’est 50% de l’acier, 20% de l’aluminium, 25% des plastiques, presque 100% du sable, des granulats, du ciment. Le ciment et l’acier, d’un point de vue climatique, sont deux « poids lourds » : s’ils étaient des pays, leurs émissions de CO2les classeraient 3e ex-aequo derrière la Chine et les Etats-Unis, avec 7% des émissions mondiales chacun…

Le premier réflexe des acteurs du secteur et des industriels est de « verdir » les matériaux actuels. Mais ce sera long et difficile, voire impossible, à déployer à l’échelle où nous les utilisons. Pour l’acier, le salut viendrait de l’hydrogène, qui peut remplacer le coke de charbon pour réduire l’oxyde de fer ; les perspectives sont proches (des pilotes industriels sont lancés), mais encore faudra-t-il disposer d’hydrogène « vert » en quantité suffisante… Pour le ciment (dont l’élément constitutif principal, le clinker, fabriqué à partir de la cuisson de calcaire et d’argile, émet « nativement » du CO2), rien d’évident. Il y a des pistes de formulations avec moins, voire pas de clinker pour certaines applications (limitées), mais l’industrie mainstream s’en remet surtout à la capture et la séquestration du carbone dans les cimenteries… solution bien hypothétique et lointaine à date.

Il faut donc se tourner, parallèlement, vers les biomatériaux. On pense d’abord au bois, qui a le vent en poupe depuis quelques années. La construction en structure bois est peu développée en France (même pour les maisons), nettement inférieure à des régions comme l’Amérique du Nord, la Scandinavie ou même l’Allemagne ; mais sa part de marché augmente et les progrès techniques, pour les immeubles de hauteur, ont été spectaculaires grâce à des solutions comme le bois lamellé-croisé.

Peut-on imaginer de remplacer à grande échelle le ciment et l’acier par le bois ? Cette question est très complexe et on a rapidement mal à la tête à force de calculs en millions de m3 ! Il y a une foultitude de paramètres : on utilise déjà beaucoup de produits en bois, même dans des habitations « classiques » (charpentes, planchers, terrasses, bardages, menuiseries…), tous les bois ne se valent pas pour leurs performances (notamment pour les structures…), etc. Mais résumons : les professionnels pensaient jusqu’il y a peu que les forêts françaises étaient plutôt « en forme », avec des essences plantées massivement dans les années 1950-1960, prêtes à fournir des volumes supplémentaires même sans augmenter la pression d’exploitation, et devant permettre, moyennant quelques importations supplémentaires, d’assurer des scénarios ambitieux de neutralité carbone dans la construction ; mais c’était avant l’impact du changement climatique qui les fragilise terriblement (hausses des températures, sécheresses, incendies, maladies, bio-invasions…). Sans compter que d’autres yeux lorgnent les forêts, sources d’énergie avec la biomasse, peut-être sources, dans le futur, de molécules de base en chimie, en remplacement de celles issues du pétrole et du gaz…

Il faut donc construire plus en bois (qui a aussi l’avantage de séquestrer le carbone, une fois incorporé durablement dans la structure d’un bâtiment), mais aussi diversifier les pistes, en utilisant aussi d’autres biomatériaux comme les résidus agricoles (chanvre, paille…) et la terre (pisé, adobe, bauge, torchis, bétons de site…), même si cette dernière restera techniquement cantonnée à de petits ouvrages – pas plus d’un ou deux étages. Et, surtout, il va falloir réduire les volumes à construire, faire preuve de « sobriété constructive » : la « fin de l’abondance » va devoir aussi s’appliquer au secteur du bâtiment.

Un passage de votre livre évoque la lutte, voire l’inversion de la tendance de la décohabitation, en écrivant que « Nous pourrions espérer qu’on divorce moins dans la France neutre en carbone de 2050 », puis vous citez Jean-Marc Jancovici :

« C’est l’énergie abondante qui a permis le développement du divorce (qui nécessite deux logements plutôt qu’un) […] divorcer représente une augmentation de 60% d’énergie par ex-conjoint (deux fois plus de logements à construire, à chauffer ; deux fois plus d’objets à fabriquer et utiliser ; des déplacements supplémentaires pour les enfants…)

Peut-on affirmer qu’il y a un lien de causalité ici ? Ou plutôt que c’est multi factoriel, que les luttes féministes, l’émancipation des femmes ont joué un rôle ?

C’est une réalité démographique et sociologique, la taille moyenne des foyers français est passée de 3,1 personnes dans les années 1960 à 2,2 personnes aujourd’hui. Ce facteur est un puissant élément explicatif de notre « besoin » de construire, de développer le parc de logements : si la population française augmente de moins de 200 000 personnes par an, on met environ 350 000 logements en chantier. Même à population stable, la croissance du nombre de foyers (et entre autres le fait qu’on habite, en moyenne, de plus en plus souvent seul) engendre une demande de logements supplémentaires : l’Allemagne, qui est dans cette situation démographique, continue à construire, et à artificialiser ses sols…

Il ne s’agit pas de décréter, pour économiser du carbone, des ressources ou du sol, qu’il faut s’aimer pour la vie ! La séparation des conjoints n’est qu’un facteur de décohabitation parmi d’autres, aux côtés du vieillissement de la population ou de bonnes nouvelles comme l’augmentation du nombre d’étudiants. Je ne crois pas qu’il y ait un lien de causalité entre consommation d’énergie et évolutions sociétales (Jean-Marc non plus d’ailleurs) ; mais certainement, l’abondance énergétique a rendu physiquement possibles ces évolutions. Une autre manière de comptabiliser cette disponibilité énergétique est évidemment la ressource financière, qu’on peut convertir en produits et services : on n’habite un logement plus grand et plus confortable, on ne jouit d’une résidence secondaire que si on en a les moyens.

L’autre levier qui nourrit la demande, c’est le fait que le parc de logements vacants augmente – aujourd’hui plus de 8% du parc total, soit 3 millions de logements, dont 1,1 million depuis plus de deux ans. On « fabrique » des dizaines de milliers de logements vacants par an, parce qu’ils sont situés dans des régions ou des zones moins attractives, que leur taille, leur prix, leur localisation, leur contexte urbain, leur ancienneté (voire leur état d’insalubrité nécessitant des travaux que le propriétaire ne peut ou ne souhaite pas prendre en charge) ne conviennent pas aux ménages qui veulent s’installer…En regroupant les populations autour des villes les plus attractives, les plus dynamiques en termes d’emploi, la métropolisation participe à ce phénomène. 15% des communes françaises n’ont jamais été aussi peu peuplées depuis le premier recensement de la population, en 1876…

Une autre remarque forte pour contrer l’étalement urbain est ce que cela voudrait dire « concrètement, vieillir à plusieurs, garder ses enfants ou parents à la maison ». Avez-vous déjà évoqué cette idée devant un public, ou avec des politiques ?

Oui bien sûr, et personne n’est parti en courant ! Les gens comprennent très bien, par exemple, que lorsque la plateforme Parcoursup envoie votre enfant à l’autre bout de la France pour ses études (alors que, dans certains cas, une alternative locale existe…), il faudra construire des logements étudiants pour l’accueillir, sans forcément que le « confort » global augmente. Une chambre s’est vidée chez l’habitant, c’est tout !

Plus sérieusement, ce que nous avons souhaité expliquer dans l’ouvrage, c’est qu’il est nécessaire de réfléchir à la manière d’actionner des leviers de politiques différents, pas forcément techniques (« construire plus »), pour freiner ou inverser la tendance, favoriser la « recohabitation », et donc « produire » du logement sans forcément construire des mètres-carrés en plus. On voit apparaître de très belles innovations, tout un continuum de “solutions” qui s’expérimentent ou se développent, qui demandent plus ou moins d’engagement personnel et de socialisation : le béguinage, la cohabitation intergénérationnelle, l’accueil d’étudiants dans les familles ou chez les retraités, les programmes d’habitat partagé dans le petit collectif, qui permettent de mutualiser des pièces comme la buanderie, une salle de jeux pour les enfants, une chambre supplémentaire pour accueillir les visiteurs, les espaces extérieurs…

En France le premier réflexe sera : « quoi ? laver mon linge sale en compagnie du voisin ? vous plaisantez ? », mais en Suisse ou en Allemagne, c’est plutôt la norme dans le logement collectif. En Nouvelle-Zélande – où le logement est très cher –, de très nombreuses familles accueillent un ou plusieurs locataires payants, au sein du foyer… sans que cela ne pose de problème particulier.Tout cela est éminemment culturel.

Vous rappelez en citant Sophie Divry que le rêve de la maison individuelle et du grand jardin est avant tout une construction sociale. Quelle est votre solution pour faire passer ce message, voire inverser la tendance, à l’heure où chaque proposition est pointée du doigt comme de l’écologie punitive ? Emmanuelle Wargon se souvient de la seule fois où elle a évoqué le sujet

Sans doute il y a l’art et la manière d’aborder ces sujets délicats, qui touchent nos compatriotes au cœur de leurs projets de vie, et nous n’avons pas de leçon à donner. Mais il est faux de considérer que la maison individuelle est un rêve universel – les habitants des beaux appartements, dans les quartiers cossus de la capitale, ne semblent pas trop se plaindre par exemple !

Une maison individuelle avec jardin, dans laquelle on dépend intégralement de la voiture, peut être un beau projet à un moment de la vie, quand la famille s’agrandit, que les enfants sont petits. Mais les enfants deviennent des ados et c’est compliqué pour eux de se déplacer indépendamment ; puis ils partent, et la maison devient trop grande, chère à chauffer et à entretenir, longue à nettoyer ; à partir d’un certain âge faire le jardin devient plus difficile, on se rapprocherait bien d’un centre bourg pour être plus près des commerces, ne pas avoir à faire les courses systématiquement en voiture…

Ce n’est pas tant les maisons individuelles qui posent problème, que le fait que beaucoup d’entre elles sont sous-occupées, qu’on ne sait pas les adapter aux situations familiales évolutives, que les « parcours résidentiels », comme on dit, sont très peu fluides, dans le parc privé comme dans le parc social.

L’une des propositions centrales de votre livre est que « pour construire mieux, nous n’aurons d’autres choix que de construire moins ». Comment cette proposition est reçue dans les entreprises du bâtiment ? Et par les politiques ?

Disons que c’est un peu l’éléphant dans la pièce ! Pour l’instant, il « faut » construire autant voire plus, puisque certains préconisent un « choc de l’offre » en construisant 500 000 logements par an – et, qu’objectivement, il y a dans les zones tendues un véritable manque. Pourtant, à un peu plus long terme, les trajectoires « officielles » (Stratégie Nationale Bas Carbone, scénarios de l’ADEME…) qui nous amènent à la neutralité en 2050 misent sur une certaine décroissance de la construction. L’INSEE nous dit que la croissance démographique devrait être très modérée (les chiffres les plus récents semblent même indiquer que le taux de fécondité baisse plus rapidement que prévu), la décohabitation va finir par atteindre ses limites, le parc de résidences secondaires et de logements vacants peut être partiellement mobilisé…

Construire moins (de neuf) permettrait en outre de mobiliser les moyens humains, organisationnels et financiers sur la rénovation thermique, la réhabilitation et la transformation du parc existant.Nous sommes pour le moment très, très loin du rythme de croisière à atteindre: pour « tenir » la trajectoire de neutralité carbone, selon les scénarios, il faudrait rénover 800 000 à 1 million de logements par an, parallèlement à 3% du parc tertiaire et de bâtiments publics, sans fléchir pendant une trentaine d’années. Cela signifie au bas mot une multiplication par vingt du rythme actuel.

Plus d’un tiers de votre livre offre des solutions concrètes. Comme les synthèses du rapport du GIEC, nous avons déjà les solutions… Y a plus qu’à ?

Oui, sans aucun doute. On peut d’abord mieux utiliser, intensifier l’usage du bâti existant, on l’a évoqué avec les logements vacants ou sous-occupés. Mais c’est vrai aussi des bâtiments publics, des bureaux, des locaux commerciaux ou d’activité : on peut agir sur la multifonctionnalité, l’usage en fonction des horaires ou des périodes (le gymnase qui sert aussi de marché couvert, l’école de lieu d’accueil des clubs et associations le soir et le week-end, la salle de classe qui se transforme l’été en logement touristique – il y a déjà des exemples ! – etc.), la mutualisation (particulièrement pertinente dans les zones d’activités qui ont été construites à une époque où le foncier n’était pas un sujet de préoccupation).

Figure 6 : quelques exemples du « potentiel » en logements

On peut ensuite mener des projets urbains, faire de la densification « douce » dans le tissu pavillonnaire et les centres-villes, transformer intelligemment les formes bâties (élévations sur l’existant, découpage de logements…). Comparées à la production « classique », c’est évidemment de l’épicerie fine, de la haute-couture, plus complexe à mettre en œuvre…

Enfin, pour mobiliser pleinement le potentiel existant des logements vacants ou sous-occupés, il nous faut aussi engager, à l’échelle régionale et nationale, une réflexion sur l’aménagement du territoire. Jusqu’à présent la métropolisation, la concentration des populations autour de « locomotives économiques » a été favorisée, amplifiée, accompagnée par les politiques publiques. Dans un légitime souci de création d’emplois – dans une économie mondialisée et en mutation permanente – les élus de tous bords menaient une politique volontariste de marketing territorial, d’attractivité économique et touristique, de course aux infrastructures. Mais la croissance des grandes villes révèle désormais sa face sombre : effets contre-productifs d’une croissance trop rapide, saturation des équipements et des infrastructures de transport, relégation des plus modestes à la périphérie avec l’augmentation du prix du foncier, perte d’identité progressive avec une « standardisation » des constructions neuves et des offres adaptées aux visiteurs touristiques… et une plus grande vulnérabilité aux crises potentielles et aux effets de changement climatique (îlots de chaleur urbain, etc.).

Si nous voulons gagner en résilience, les métropoles ne doivent plus grandir, mais essaimer. Il faut mettre en place des politiques (choix des lieux d’implantation, fléchage des subventions, fiscalité locale, soutien à la reterritorialisation de productions industrielles…) qui favorisent une certaine redistribution des populations, des emplois publics et privés, des services, de l’offre culturelle et médicale, dans les sous-préfectures, les villes moyennes, les bourgs, les villages…

De notre point de vue, ces nouvelles orientations d’aménagement du territoire ne doivent pas être perçues comme une difficulté supplémentaire, qui viendrait s’empiler sur toutes les autres « transitions » à mener dans les décennies qui viennent, mais comme une « pièce du puzzle », car elles pourraient particulièrement bien s’articuler avec d’autres enjeux de la transition énergétique et environnementale, comme celui d’une nécessaire démobilité, en diminuant nos besoins de déplacements quotidiens, en rapprochant les zones d’emploi et d’activité des logements, en favorisant le maillage pour les mobilités actives ou celui de la mutation du système agricole vers des pratiques respectueuses du sol et du vivant, forcément plus intensives en travail humain. Les villes « idéales » sont déjà là, ce sont celles que nous avons sous les yeux, qu’il faut « réparer », entretenir, réinvestir, adapter aux enjeux futurs.

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11 Responses

  1. Monsieur Bihouix
    peut-on savoir ce qui vous permet de dire qu’on ne peut TECHNIQUEMENT pas construire plus de deux étages en terre crue ?
    Effectivement le développement de la filière terre crue est limitée par les règlementations actuelles, mais les acteurs professionnels travaillent sur ce sujet pour faire valoir les capacités de ces matériaux. On a d’ailleurs l’exemple en France d’immeubles de cinq étages ayant plus de cent cinquante ans en zone sismique 2/3, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon par exemple.
    Merci de ne pas freiner la recherche de vraies solutions aux problèmes d’énergies et de déchets dans le bâtiment avec des propos ici à l’emporte-pièce.
    (à disposition bien sûr pour échanger à ce sujet)

  2. Les chiffres d’artificialisation des sols semblent complètement pétés: en Espagne on passe directement des barres immeubles aux champs sans maisons individuelles à perte de vue entre les 2… La métrique est donc très certainement à revoir.

    Concernant les zones humides, c’était des nids à paludisme… Fallait il les garder ???

    1. Ce n’est pas avec son ressentit qu’on fait des données. Personnellement, j’ai du mal à trouver cette statistique, que ce soit pour la France ou l’Espagne, mais les chiffres sont pas loin de ce que j’ai vu.
      “Concernant les zones humides, c’était des nids à paludisme… Fallait il les garder ???” -> Heum, sérieux??? Le paludisme à ma connaissance n’a jamais été un problème en France métropolitaine. Les zones humides, en particulier les marais et les tourbières, sont de riches réservoirs de vie, d’où la mention dans l’article.
      A noter aussi que l’auteur ne suggère pas d’aller y habiter hein, un peu de bonne foi tout de même ! Il est question de préserver celles qui existent encore, voire d’en réhabiter certaines si possible.

      1. La France métropolitaine est un territoire historique de la transmission du paludisme. Probablement introduit dans l’Antiquité par les raids vandales au ive siècle de notre ère, il est devenu autochtone et il a persisté sur notre territoire jusqu’à la moitié du xxe siècle. On identifiait encore des cas de transmission autochtone dans le marais poitevin et en Camargue dans les années 1930 à 1950.
        https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=ad762125.pdf

        France 65% de maison individuelle
        Espagne 35%
        https://www.insee.fr/fr/statistiques/2491626

        Mais ce n’est qu’un ressenti…

        1. Toutes les sources que j’ai trouvé stipulent que la France n’a jamais été très affectée par le paludisme, y compris votre source ! Vous faites clairement du cherry-picking.
          – Elle donne le chiffre de 4k cas, ce qui n’est pas non plus énorme (surtout comparé au VIH par exemple)
          – Pire que ça, elle explique que la plupart des cas sont liés à des migrants ou à des vacanciers important le virus depuis des pays REELLEMENT touchés (page 2).
          – Votre 2nde source ne parle pas du paludisme du tout et est donc hors sujet.

          Ca ne sert à rien de chercher la petite bête, ni de vouloir s’opposer à la renaturalisation d’espaces pour de petits détails. Regardez plutôt les problèmes de l’autre côté : réchauffement climatique, villes plus chaudes (donc plus de morts durant les vagues de chaleur), innondations, importants dommages matériels, perte de biodiversité (qui je le rappelle nous rend service, pollonisation, oxygène, pêche, etc.).

          1. le 2e source parle de ça:

            MOI
            “Les chiffres d’artificialisation des sols semblent complètement pétés: en Espagne on passe directement des barres immeubles aux champs sans maisons individuelles à perte de vue entre les 2… La métrique est donc très certainement à revoir.”

            VOUS
            “Ce n’est pas avec son ressentit qu’on fait des données. Personnellement, j’ai du mal à trouver cette statistique, que ce soit pour la France ou l’Espagne, mais les chiffres sont pas loin de ce que j’ai vu.”

            re MOI:
            “France 65% de maison individuelle
            Espagne 35%
            https://www.insee.fr/fr/statistiques/2491626

            Mais ce n’est qu’un ressenti…”

          2. Je comprends enfin, autant pour moi. Ca fait quand même plus d’un tiers de maisons dans le paysage, mais la stat ne s’arrête pas à là. L’artificialisation compte également les aires industrielles ainsi que les routes, ce qui peut expliquer l’artificialisation élevée de l’Espagne. Cela dit, je n’ai pas réussi à trouver plus d’une source sur le sujet (Espagne), donc c’est limite limite.

            Après voilà, le problème est clair dans le reste de l’Europe, surtout en France. Perso j’habite en Ile de France et ca me sidère de voir que même les espaces “verts” sont betonnés, de même que bcp de chemins (faudrait pas que les pauv’ citoyens se salissent les pieds avec de la terre).

  3. On s’aperçoit que sur ce sujet comme celui des mobilités il faut refaire ce que l’on vient de défaire. Relocaliser un maximum d’activités sur le territoire, ne pas tout concentrer pour avoir des économies d’échelle qui ne prennent pas en compte toutes les parties prenantes.

    Il est bien plus écolo et juste socialement de déplacer un médecin spécialiste chaque jour de la semaine sur tout le département plutôt que de demander à ses 40 patients de migrer vers la préfecture! Idem pour le commerce, l’artisanat…. le mode d’organisation des années 70 étaient bien plus juste et écolo que de nos jours ( l’efficience technologique en moins).

    1. Rien ne suggère qu’une densité régulée ne soit dommageable, et tirer des câbles et tuyaux jusqu’au fin fond des campagnes me parait BCP plus cher et polluant que de vivre dans des zones concentrées. L’auteur semble suggérée, et d’autres sources que j’ai pu lire aussi, qu’il faut éviter l’eccueil de la densité extrême comme Paris et sa couronne. Mais l’inverse n’est pas plus souhaitable : des villages éloignés les uns des autres, des routes de campagne dangereuses, CHERS et qui découpent la nature en grandes parcelles, la dépendance à la voiture qu’ils imposent, le manque d’emploi difficile à créer dans des zones paumées et donc peu attractives, etc.

  4. On en revient toujours au meme point. Si on veut reduire les emissions il faut soit reduire la population soit decroitre son confort. C est pas dit clairement ici mais si vous devez habiter un logement plus petit, louer une chanbre de votre maison a un etranger, voir ne pas divorcer ou cohabiter avec vos beau parents (ce qui etait encore la norme dans les annees 60) .. ca fait pas rever

    PS: si en RFA ou en suisse il est en effet normal de partager une piece pour laver son linge, c est pas evident que ca marche en France. le civisme n est pas le meme: je suis pret a parier que les machines a laver seraient rapidement vandalisées a Marseille ou Paris (alors que j ai jamais eut de probleme dans les 2 pays cités)

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Sommaire
Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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11 Responses

  1. Monsieur Bihouix
    peut-on savoir ce qui vous permet de dire qu’on ne peut TECHNIQUEMENT pas construire plus de deux étages en terre crue ?
    Effectivement le développement de la filière terre crue est limitée par les règlementations actuelles, mais les acteurs professionnels travaillent sur ce sujet pour faire valoir les capacités de ces matériaux. On a d’ailleurs l’exemple en France d’immeubles de cinq étages ayant plus de cent cinquante ans en zone sismique 2/3, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon par exemple.
    Merci de ne pas freiner la recherche de vraies solutions aux problèmes d’énergies et de déchets dans le bâtiment avec des propos ici à l’emporte-pièce.
    (à disposition bien sûr pour échanger à ce sujet)

  2. Les chiffres d’artificialisation des sols semblent complètement pétés: en Espagne on passe directement des barres immeubles aux champs sans maisons individuelles à perte de vue entre les 2… La métrique est donc très certainement à revoir.

    Concernant les zones humides, c’était des nids à paludisme… Fallait il les garder ???

    1. Ce n’est pas avec son ressentit qu’on fait des données. Personnellement, j’ai du mal à trouver cette statistique, que ce soit pour la France ou l’Espagne, mais les chiffres sont pas loin de ce que j’ai vu.
      “Concernant les zones humides, c’était des nids à paludisme… Fallait il les garder ???” -> Heum, sérieux??? Le paludisme à ma connaissance n’a jamais été un problème en France métropolitaine. Les zones humides, en particulier les marais et les tourbières, sont de riches réservoirs de vie, d’où la mention dans l’article.
      A noter aussi que l’auteur ne suggère pas d’aller y habiter hein, un peu de bonne foi tout de même ! Il est question de préserver celles qui existent encore, voire d’en réhabiter certaines si possible.

      1. La France métropolitaine est un territoire historique de la transmission du paludisme. Probablement introduit dans l’Antiquité par les raids vandales au ive siècle de notre ère, il est devenu autochtone et il a persisté sur notre territoire jusqu’à la moitié du xxe siècle. On identifiait encore des cas de transmission autochtone dans le marais poitevin et en Camargue dans les années 1930 à 1950.
        https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=ad762125.pdf

        France 65% de maison individuelle
        Espagne 35%
        https://www.insee.fr/fr/statistiques/2491626

        Mais ce n’est qu’un ressenti…

        1. Toutes les sources que j’ai trouvé stipulent que la France n’a jamais été très affectée par le paludisme, y compris votre source ! Vous faites clairement du cherry-picking.
          – Elle donne le chiffre de 4k cas, ce qui n’est pas non plus énorme (surtout comparé au VIH par exemple)
          – Pire que ça, elle explique que la plupart des cas sont liés à des migrants ou à des vacanciers important le virus depuis des pays REELLEMENT touchés (page 2).
          – Votre 2nde source ne parle pas du paludisme du tout et est donc hors sujet.

          Ca ne sert à rien de chercher la petite bête, ni de vouloir s’opposer à la renaturalisation d’espaces pour de petits détails. Regardez plutôt les problèmes de l’autre côté : réchauffement climatique, villes plus chaudes (donc plus de morts durant les vagues de chaleur), innondations, importants dommages matériels, perte de biodiversité (qui je le rappelle nous rend service, pollonisation, oxygène, pêche, etc.).

          1. le 2e source parle de ça:

            MOI
            “Les chiffres d’artificialisation des sols semblent complètement pétés: en Espagne on passe directement des barres immeubles aux champs sans maisons individuelles à perte de vue entre les 2… La métrique est donc très certainement à revoir.”

            VOUS
            “Ce n’est pas avec son ressentit qu’on fait des données. Personnellement, j’ai du mal à trouver cette statistique, que ce soit pour la France ou l’Espagne, mais les chiffres sont pas loin de ce que j’ai vu.”

            re MOI:
            “France 65% de maison individuelle
            Espagne 35%
            https://www.insee.fr/fr/statistiques/2491626

            Mais ce n’est qu’un ressenti…”

          2. Je comprends enfin, autant pour moi. Ca fait quand même plus d’un tiers de maisons dans le paysage, mais la stat ne s’arrête pas à là. L’artificialisation compte également les aires industrielles ainsi que les routes, ce qui peut expliquer l’artificialisation élevée de l’Espagne. Cela dit, je n’ai pas réussi à trouver plus d’une source sur le sujet (Espagne), donc c’est limite limite.

            Après voilà, le problème est clair dans le reste de l’Europe, surtout en France. Perso j’habite en Ile de France et ca me sidère de voir que même les espaces “verts” sont betonnés, de même que bcp de chemins (faudrait pas que les pauv’ citoyens se salissent les pieds avec de la terre).

  3. On s’aperçoit que sur ce sujet comme celui des mobilités il faut refaire ce que l’on vient de défaire. Relocaliser un maximum d’activités sur le territoire, ne pas tout concentrer pour avoir des économies d’échelle qui ne prennent pas en compte toutes les parties prenantes.

    Il est bien plus écolo et juste socialement de déplacer un médecin spécialiste chaque jour de la semaine sur tout le département plutôt que de demander à ses 40 patients de migrer vers la préfecture! Idem pour le commerce, l’artisanat…. le mode d’organisation des années 70 étaient bien plus juste et écolo que de nos jours ( l’efficience technologique en moins).

    1. Rien ne suggère qu’une densité régulée ne soit dommageable, et tirer des câbles et tuyaux jusqu’au fin fond des campagnes me parait BCP plus cher et polluant que de vivre dans des zones concentrées. L’auteur semble suggérée, et d’autres sources que j’ai pu lire aussi, qu’il faut éviter l’eccueil de la densité extrême comme Paris et sa couronne. Mais l’inverse n’est pas plus souhaitable : des villages éloignés les uns des autres, des routes de campagne dangereuses, CHERS et qui découpent la nature en grandes parcelles, la dépendance à la voiture qu’ils imposent, le manque d’emploi difficile à créer dans des zones paumées et donc peu attractives, etc.

  4. On en revient toujours au meme point. Si on veut reduire les emissions il faut soit reduire la population soit decroitre son confort. C est pas dit clairement ici mais si vous devez habiter un logement plus petit, louer une chanbre de votre maison a un etranger, voir ne pas divorcer ou cohabiter avec vos beau parents (ce qui etait encore la norme dans les annees 60) .. ca fait pas rever

    PS: si en RFA ou en suisse il est en effet normal de partager une piece pour laver son linge, c est pas evident que ca marche en France. le civisme n est pas le meme: je suis pret a parier que les machines a laver seraient rapidement vandalisées a Marseille ou Paris (alors que j ai jamais eut de probleme dans les 2 pays cités)

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