Limiter le réchauffement planétaire à +1.5°C n’est désormais plus possible : les promesses sont officiellement des mensonges

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Ce n’était qu’une question de temps. Une nouvelle étude montre que limiter le réchauffement planétaire à +1.5°C est désormais inatteignable.

Cette annonce aura de très lourdes conséquences politiques, économiques et sociales. Nous savions depuis la sortie du rapport du GIEC en août 2021 que tous les scénarios SSP repris par le GIEC anticipaient un dépassement de ce seuil. Pierre Friedlingstein, auteur du groupe 1 du GIEC, disait en fin d’année 2023 qu’il “semble désormais inévitable que nous dépassions l’objectif de 1,5°C de l’Accord de Paris“.

Cette fois-ci, c’est démontré dans une étude impliquant plus de soixante chercheurs, dont des chercheuses et chercheurs du CNRS, de Météo-France, du CEA et de Mercator Ocean International. Ils estiment qu’au rythme actuel des émissions et avec le budget carbone restant, ce seuil serait atteint dans un peu plus de 3 ans. Un échec mondial et collectif. Un échec des gouvernements dont les promesses répétées sont transformées automatiquement en mensonges.

L’objectif +1.5°C enterré

Dans un article s’intitulant “Quand allons-nous dépasser l’objectif +1.5°C ?“, nous expliquions que sauf évènement exceptionnel comme une météorite tuant la quasi totalité de la population humaine, nous allions dépasser ce fameux seuil indiqué dans l’Accord de Paris :

D’après Yann Robiou Du Pont, chercheur à l’Université d’Utrecht, “L’objectif est bien de limiter le changement climatique à 1.5°C. Bien en deçà de 2°C est une limite à ne pas dépasser.”.

Si l’année 2024 dépassait déjà (sur une année) le seuil de +1.5°C à l’échelle mondiale, un jour ou même une année au-dessus de +1,5°C (ou 2°C) ne signifie pas que le monde a dépassé cet objectif de température.

En effet, après avoir utilisé une moyenne mobile de 30 ans dans le rapport spécial 1.5, le GIEC utilise dans son 6e et dernier rapport des moyennes mobiles de 20 ans, approuvées par tous les gouvernements, pour définir la durée de franchissement des seuils de température globale. Lisez notre article sur le sujet pour en savoir plus.

Les émissions de gaz à effet de serre ont continué d’augmenter en 2024

A l’instar des estimations du Global Carbon Budget 2024 où les émissions de CO2 avaient augmenté de 0,8 % en 2024, cette étude confirme que les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont continué d’augmenter en 2024, battant ainsi le niveau record de 55 milliards de tonnes de CO2eq établi en 2023. Ces émissions proviennent de la consommation d’énergies fossiles et de la déforestation.

Figure 3 Émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre d’origine anthropique par convention d’évaluation en 2023. Les différences entre les conventions sont principalement dues à des différences dans les limites des systèmes (Lamb et al., 2025).
Les incertitudes sont de ±8 % pour le CO2-FFI, ±70 % pour le CO2-LULUCF, ±30 % pour le CH4 et les gaz fluorés, et ±60 % pour le N2O, ce qui correspond à un intervalle de confiance de 90 %.

En 2024, le réchauffement dû aux activités humaines atteint 1,36° C. C’est un réchauffement rapide et qui est dans le domaine des possibles, répondant aux hypothèses qui pensent que le réchauffement s’accélère plus qu’attendu.

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Le budget carbone épuisé en un peu plus de 3 ans ?

Si vous avez lu notre article sur “quand nous allons dépasser l’objectif +1.5°C“, vous savez qu’annoncer une date précise est un exercice risqué.

D’après cette nouvelle étude, à partir du début de l’année 2025, l’estimation du budget carbone résiduel permettant d’avoir une chance sur deux de limiter le réchauffement à 1,5° C n’est plus que de 130 milliards de tonnes de CO2.

Au niveau actuel d’émissions, ce budget serait épuisé en un peu plus de trois ans. Notez que le CO2 n’est pas le seul gaz à effet de serre à participer au réchauffement climatique et que le méthane joue aussi un rôle déterminant. A l’instar de cette étude qui vient tout juste de paraitre, le GIEC en parlait lors de la sortie de son rapport en août 2021 :

Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2, de méthane mais aussi des autres gaz à effet de serre. Cela réduirait non seulement les conséquences du changement climatique mais améliorerait aussi la qualité de l’air.

“La prochaine cible n’est pas +2.°C, mais +1.51°C”

Il faudra suivre lors des prochaines semaines et mois à venir la communication des gouvernements. Les seuils de +1.5°C et de +2°C sont déterminants, certains pays ayant des dégâts irréversibles à cause du réchauffement climatique. Les discussions autour des Pertes et Dommages reprendront de plus belle : qui paiera les conséquences du changement climatique ?

Concernant la communication des gouvernements, il faudra désormais considérer toute promesse de maintenir le réchauffement climatique à +1.5°C comme un mensonge. C’était déjà le cas, mais certains arrivaient encore à parler de croissance verte, de capitaliste vert et durable pour respecter ce seuil.

Il est certain que Donald Trump n’aidera pas à inverser la tendance. Mais ne regarder que ce qu’il se passe aux Etats-Unis serait une erreur. En France, le gouvernement Macron détricote avec minutie des lois environnementales, permet le retour de pesticides interdits, valide des autoroutes inutiles comme l’A69, et nous venons de voir l’Assemblée nationale adopter la loi de simplification, avec, à l’instar de l’annulation des ZFE, plusieurs retours en arrière sur le plan écologique.

En d’autres termes, arrêtons de regarder Trump, il se passe la même chose en France. Agissons là où nous avons les moyens d’agir et d’obtenir des résultats. Une remise en question est urgente et nécessaire, y compris des personnes engagées pour le climat et la préservation de la biodiversité. Si l’écologie bienveillante et positive à la sauce Linkedin n’a pas marché depuis 30 ans, c’est bien qu’il faut essayer d’autres moyens de dialoguer, d’agir, de changer ce système.

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9 Responses

  1. Sur la fin de l’article :
    “Une remise en question est urgente et nécessaire, y compris des personnes engagées pour le climat et la préservation de la biodiversité. Si l’écologie bienveillante et positive à la sauce Linkedin n’a pas marché depuis 30 ans, c’est bien qu’il faut essayer d’autres moyens de dialoguer, d’agir, de changer ce système.”
    Ce “système” dont vous parlez, ce n’est rien d’autre que des humains qui veulent améliorer ou préserver leur niveau de vie. Et si on évalue le niveau de vie désiré, ce qu’il implique, et qu’on voit que cela concerne 8 milliards d’êtres humains, en ajoutant s’il le fallait que le peu d’humains prêt à faire décroitre leur niveau de vie sont d’une part très peu nombreux et d’autres part absolument pas prêts à le faire décroitre au niveau qu’il faudrait (je met au défi quiconque de m’affirmer avec honnêteté qu’il est volontairement dans un mode de vie impliquant 2t d’émissions d’équivalent CO2 par an ou moins), on ne peut que constater l’insolubilité du problème du réchauffement global.
    Donc le réchauffement global continuera jusqu’à ce que l’humanité n’ait plus les moyens de le faire continuer. Les 1,5 impossibles à empêcher de cet article ne sont qu’un début, jusqu’à la nouvelle des 2 degrés impossibles à empêcher… et jusqu’où, cela je n’en sais rien, mais ce sont les contraintes extérieures à l’humanité qui le décideront, pas le volonté humaine. C’est assez évident ce me semble.

  2. Démonstration, encore incomplète, ci-dessous : 15 min de lecture, pour 50% de votre empreinte carbone. Plus de preuves d’ici mi-juillet.
    https://docs.google.com/document/d/12HyiqMMt8VlxBFn-UG8Mevae6gObF9-T/edit

    RESUME
    Le +1,5 °C mondial sera franchi « dans la durée » en 2028, dans 3 ans. A quelques mois près, c’est désormais certain. Or :
    – il ne fallait surtout pas le franchir pour éviter certains points de bascule climatique.
    – De plus, des scientifiques révisent le +1,5 °C à la baisse : pour éviter une fonte irréversible des calottes polaires, c’était seulement +1,0°C.
    – L’objectif Net-zéro en 2050 n’est plus suffisant. C’est au plus tard en 2045 qu’il faut atteindre le Net-zéro
    – métaphore filée : le rameur grisé par la vitesse, les rapides conduisant aux chutes

    – Malgré ces 3 ans qui restent à l’humanité, l’UNFCCC publie toujours des statistiques d’émissions de l’ensemble des gaz à effet de serre (GES) consolidées avec une batterie de coefficients de pouvoir de réchauffement global simulés à 100 ans (PRG100) ; difficile désormais d’établir des priorités de court terme, collectives et personnelles, à l’aune de telles statistiques.
    – En revanche, dans un de ses rapports sur le méthane, pages 14 et 15, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE, organisme tout aussi sérieux que l’UNFCCC) publie des statistiques en double comptabilité, consolidées avec des PRG100 ou avec des PRG20 ; avec des PRG20, le méthane représente au moins 45 % du réchauffement climatique, 18% pour celui émis par l’agriculture (viande, riz, …). Comme sa réduction à ZERO est bien davantage à notre portée que celle du CO2, c’est contre ce gaz qu’il faut en priorité décupler nos efforts.
    – Par ailleurs, les éco-calculateurs en ligne devraient d’urgence passer à une comptabilité avec des PRG20.
    – Autres GES à impact rapide, les traînées de condensation des avions (contrails) sont cause de :
    . + 0,3 °C en moyenne en ville en Europe
    . en moyenne en 2019 à Marseille, + 7 nuits supplémentaires anormalement chaudes / an
    . 19% du réchauffement anthropique LOCAL de l’Europe à l’été 2019
    D’ici 10 ans, ces chiffres auront augmenté de façon quasi-proportionnelle au trafic aérien et l’on n’aura encore concrètement déployé aucune solution technique/ politique à ces contrails.
    – En vacances, rapporté au nombre de passagers, un voyage moyen en avion réchauffe 35 fois plus l’hémisphère Nord qu’un voyage moyen en voiture thermique.
    – L’aviation mondiale va elle aussi devoir payer sa part pour les Pertes et Dommages des pays touchés par le réchauffement climatique
    – Comme cadeau à vos enfants, à vos neveux et nièces pour Noël prochain, offrez-leur votre empreinte carbone. Inversement, les jeunes : exigez que vos proches vous offrent leur empreinte carbone.
    – L’égoïsme rationnel pour 2040 et alors que l’Etat est très en retard sur l’adaptation : déjà, s’épargner certaines souffrances évitables, pour soi et ses proches directs.
    – Par son mode de vie, chaque groupe de 7 Français tient entre ses mains la somme de toutes les souffrances que va subir un frère, une sœur humain-e, quelque part ailleurs dans le monde
    – 2 rendez-vous manqués du progrès technique : hydrogène et Carburants aviation durables

    1. ci-dessous un rapport remarquable de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) : Global Méthane Tracker 2025 – Analysis – IEA, mai 2025
      • Pages 14 et 15, l’AIE publie des statistiques d’émissions en double comptabilité : elle présente des données consolidées avec des PRG100 ou avec des PRG20.
      • De plus, les émissions fugitives de méthane liées à l’extraction de combustibles fossiles (même pas leur combustion) et déclarées par les pays à la CCNUCCC seraient largement sous-estimées, d’un facteur 1,78 : les émissions non comptées sont équivalentes à 78% de celles déclarées (chiffre revu à la hausse depuis le précédent rapport).
      • Cela donne alors 3 batteries d’indicateurs « Corrected for non declared CH4 emissions from Fossile fuels Industries » , estimés avec des PRG100, des PRG20, ou des PRG10, selon l’horizon auquel on se place.
      World 2023 GHG emissions from all sources, including agriculture and land-use change + non declared CH4 emissions from Fossile fuels Industries :
      PRG100 : 57,3
      PRG20 : 76,9
      PRG10 : 85,8
      –> A 83%, le +1,5°C sera atteint dans 4 ans.

  3. Le réchauffement climatique n’est pas qu’un “réchauffement”. C’est une transformation majeure à l’échelle planétaire et qui concerne l’ensemble du vivant. Contrairement à Jean-Claude, je considère qu’il est pertinent d’évoquer la question de la biodiversité car plus elle s’appauvrit, plus les effets du réchauffement s’accentuent. Il suffit de considérer l’appauvrissement de la diversité dans les forêts qui ne peuvent plus absorber le CO2 et constituent de moins en moins des relais de fraîcheur. Malheureusement, nous avons tendance à oublier que la planète fonctionne comme un système : impossible de dissocier les problèmes.

  4. “Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2”
    Et il n’y aura pas d’actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2. C’est de l’ordre du quasi-certain.
    Il n’y en a pas eu depuis le protocole de Kyoto en 1998, il n’y en a pas eu depuis les accords de Paris en 2015, nous sommes en 2025 et rien n’indique qu’il y en aura à partir de maintenant.
    Les baisses volontaires d’émissions de gaz à effet de serre, à l’échelle mondiale, ne sont pas du tout significatives. J’en veut pour preuve l’augmentation constante des émissions mondiales de GES chaque année.
    S’il y a une baisse significative, elle sera subie, mais pas volontaire.

  5. Comme l’annonce le titre, l’essentiel de l’article est consacré à l’accroissement de la température lié à la présence de GES dans l’atmosphère, et son accélération par rapport aux prévisions faites par le GIEC. il ne me parait pas inutile de montrer la responsabilité des gouvernements et d’insister particulièrement sur celle de l’exécutif français.
    Ce qui me parait maladroit c’est d’y ajouter une phrase sur les décisions malheureuses du même exécutif sur les lois concernant la biodiversité. Loin de moi l’idée de dire que ces phénomènes ne sont pas liés. Mais parler du deuxième de manière incidente n’apporte rien à la clarification des enjeux. Le réchauffement climatique est planétaire dans ses causes et ses effets. On peut penser que l’ONU devrait y jouer un rôle central et décisionnel.
    Les actions pour lutter contre les causes des effets néfastes à la biodiversité sont par contre à mettre en œuvre au niveau local et devraient donc être promues par les exécutifs locaux, jusqu’à l’échelon communal en France. Il appartient évidemment à l’exécutif national d’implémenter la réglementation pour décentraliser ces actions tout en les soutenant par une fiscalité adaptée.

  6. “c’est bien qu’il faut essayer d’autres moyens de dialoguer, d’agir, de changer ce système”
    Il y a un moment donné va falloir se poser la question de “couper des têtes”…Parce que soit on continue à laisser faire, et on va tous y rester sans pouvoir agir (on ne va pas se mentir, à la vitesse où l’on va d’ici la fin du siècle on sera + vers +4 que +2°C), soit il va falloir “prendre les armes”.

    Parce que demander gentillement ça va 5 minutes mais ça ne fait malheureusement pas avancer les choses…

  7. L’action commune concrète à l’échelle locale comme administration de la preuve qu’un autre chemin est possible, tant il est vrai que le récit à lui seul n’y suffit pas? Et ensuite quand même exercer de nouvelles pressions dans le rapport de force contre la plutocratie toxique. Les abattre physiquement? Une nouvelle lutte des classes (sans Melanchon svp). Comment trouver des issues au desespoir?

  8. Très bon article! Il me semble qu’il y a une coquille sur l’infographie. Le réchauffement dû aux activités humaines en 2024 est estimé à 1.36°c dans le texte et non pas à 1.22°c.

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. Sur la fin de l’article :
    “Une remise en question est urgente et nécessaire, y compris des personnes engagées pour le climat et la préservation de la biodiversité. Si l’écologie bienveillante et positive à la sauce Linkedin n’a pas marché depuis 30 ans, c’est bien qu’il faut essayer d’autres moyens de dialoguer, d’agir, de changer ce système.”
    Ce “système” dont vous parlez, ce n’est rien d’autre que des humains qui veulent améliorer ou préserver leur niveau de vie. Et si on évalue le niveau de vie désiré, ce qu’il implique, et qu’on voit que cela concerne 8 milliards d’êtres humains, en ajoutant s’il le fallait que le peu d’humains prêt à faire décroitre leur niveau de vie sont d’une part très peu nombreux et d’autres part absolument pas prêts à le faire décroitre au niveau qu’il faudrait (je met au défi quiconque de m’affirmer avec honnêteté qu’il est volontairement dans un mode de vie impliquant 2t d’émissions d’équivalent CO2 par an ou moins), on ne peut que constater l’insolubilité du problème du réchauffement global.
    Donc le réchauffement global continuera jusqu’à ce que l’humanité n’ait plus les moyens de le faire continuer. Les 1,5 impossibles à empêcher de cet article ne sont qu’un début, jusqu’à la nouvelle des 2 degrés impossibles à empêcher… et jusqu’où, cela je n’en sais rien, mais ce sont les contraintes extérieures à l’humanité qui le décideront, pas le volonté humaine. C’est assez évident ce me semble.

  2. Démonstration, encore incomplète, ci-dessous : 15 min de lecture, pour 50% de votre empreinte carbone. Plus de preuves d’ici mi-juillet.
    https://docs.google.com/document/d/12HyiqMMt8VlxBFn-UG8Mevae6gObF9-T/edit

    RESUME
    Le +1,5 °C mondial sera franchi « dans la durée » en 2028, dans 3 ans. A quelques mois près, c’est désormais certain. Or :
    – il ne fallait surtout pas le franchir pour éviter certains points de bascule climatique.
    – De plus, des scientifiques révisent le +1,5 °C à la baisse : pour éviter une fonte irréversible des calottes polaires, c’était seulement +1,0°C.
    – L’objectif Net-zéro en 2050 n’est plus suffisant. C’est au plus tard en 2045 qu’il faut atteindre le Net-zéro
    – métaphore filée : le rameur grisé par la vitesse, les rapides conduisant aux chutes

    – Malgré ces 3 ans qui restent à l’humanité, l’UNFCCC publie toujours des statistiques d’émissions de l’ensemble des gaz à effet de serre (GES) consolidées avec une batterie de coefficients de pouvoir de réchauffement global simulés à 100 ans (PRG100) ; difficile désormais d’établir des priorités de court terme, collectives et personnelles, à l’aune de telles statistiques.
    – En revanche, dans un de ses rapports sur le méthane, pages 14 et 15, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE, organisme tout aussi sérieux que l’UNFCCC) publie des statistiques en double comptabilité, consolidées avec des PRG100 ou avec des PRG20 ; avec des PRG20, le méthane représente au moins 45 % du réchauffement climatique, 18% pour celui émis par l’agriculture (viande, riz, …). Comme sa réduction à ZERO est bien davantage à notre portée que celle du CO2, c’est contre ce gaz qu’il faut en priorité décupler nos efforts.
    – Par ailleurs, les éco-calculateurs en ligne devraient d’urgence passer à une comptabilité avec des PRG20.
    – Autres GES à impact rapide, les traînées de condensation des avions (contrails) sont cause de :
    . + 0,3 °C en moyenne en ville en Europe
    . en moyenne en 2019 à Marseille, + 7 nuits supplémentaires anormalement chaudes / an
    . 19% du réchauffement anthropique LOCAL de l’Europe à l’été 2019
    D’ici 10 ans, ces chiffres auront augmenté de façon quasi-proportionnelle au trafic aérien et l’on n’aura encore concrètement déployé aucune solution technique/ politique à ces contrails.
    – En vacances, rapporté au nombre de passagers, un voyage moyen en avion réchauffe 35 fois plus l’hémisphère Nord qu’un voyage moyen en voiture thermique.
    – L’aviation mondiale va elle aussi devoir payer sa part pour les Pertes et Dommages des pays touchés par le réchauffement climatique
    – Comme cadeau à vos enfants, à vos neveux et nièces pour Noël prochain, offrez-leur votre empreinte carbone. Inversement, les jeunes : exigez que vos proches vous offrent leur empreinte carbone.
    – L’égoïsme rationnel pour 2040 et alors que l’Etat est très en retard sur l’adaptation : déjà, s’épargner certaines souffrances évitables, pour soi et ses proches directs.
    – Par son mode de vie, chaque groupe de 7 Français tient entre ses mains la somme de toutes les souffrances que va subir un frère, une sœur humain-e, quelque part ailleurs dans le monde
    – 2 rendez-vous manqués du progrès technique : hydrogène et Carburants aviation durables

    1. ci-dessous un rapport remarquable de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) : Global Méthane Tracker 2025 – Analysis – IEA, mai 2025
      • Pages 14 et 15, l’AIE publie des statistiques d’émissions en double comptabilité : elle présente des données consolidées avec des PRG100 ou avec des PRG20.
      • De plus, les émissions fugitives de méthane liées à l’extraction de combustibles fossiles (même pas leur combustion) et déclarées par les pays à la CCNUCCC seraient largement sous-estimées, d’un facteur 1,78 : les émissions non comptées sont équivalentes à 78% de celles déclarées (chiffre revu à la hausse depuis le précédent rapport).
      • Cela donne alors 3 batteries d’indicateurs « Corrected for non declared CH4 emissions from Fossile fuels Industries » , estimés avec des PRG100, des PRG20, ou des PRG10, selon l’horizon auquel on se place.
      World 2023 GHG emissions from all sources, including agriculture and land-use change + non declared CH4 emissions from Fossile fuels Industries :
      PRG100 : 57,3
      PRG20 : 76,9
      PRG10 : 85,8
      –> A 83%, le +1,5°C sera atteint dans 4 ans.

  3. Le réchauffement climatique n’est pas qu’un “réchauffement”. C’est une transformation majeure à l’échelle planétaire et qui concerne l’ensemble du vivant. Contrairement à Jean-Claude, je considère qu’il est pertinent d’évoquer la question de la biodiversité car plus elle s’appauvrit, plus les effets du réchauffement s’accentuent. Il suffit de considérer l’appauvrissement de la diversité dans les forêts qui ne peuvent plus absorber le CO2 et constituent de moins en moins des relais de fraîcheur. Malheureusement, nous avons tendance à oublier que la planète fonctionne comme un système : impossible de dissocier les problèmes.

  4. “Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2”
    Et il n’y aura pas d’actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2. C’est de l’ordre du quasi-certain.
    Il n’y en a pas eu depuis le protocole de Kyoto en 1998, il n’y en a pas eu depuis les accords de Paris en 2015, nous sommes en 2025 et rien n’indique qu’il y en aura à partir de maintenant.
    Les baisses volontaires d’émissions de gaz à effet de serre, à l’échelle mondiale, ne sont pas du tout significatives. J’en veut pour preuve l’augmentation constante des émissions mondiales de GES chaque année.
    S’il y a une baisse significative, elle sera subie, mais pas volontaire.

  5. Comme l’annonce le titre, l’essentiel de l’article est consacré à l’accroissement de la température lié à la présence de GES dans l’atmosphère, et son accélération par rapport aux prévisions faites par le GIEC. il ne me parait pas inutile de montrer la responsabilité des gouvernements et d’insister particulièrement sur celle de l’exécutif français.
    Ce qui me parait maladroit c’est d’y ajouter une phrase sur les décisions malheureuses du même exécutif sur les lois concernant la biodiversité. Loin de moi l’idée de dire que ces phénomènes ne sont pas liés. Mais parler du deuxième de manière incidente n’apporte rien à la clarification des enjeux. Le réchauffement climatique est planétaire dans ses causes et ses effets. On peut penser que l’ONU devrait y jouer un rôle central et décisionnel.
    Les actions pour lutter contre les causes des effets néfastes à la biodiversité sont par contre à mettre en œuvre au niveau local et devraient donc être promues par les exécutifs locaux, jusqu’à l’échelon communal en France. Il appartient évidemment à l’exécutif national d’implémenter la réglementation pour décentraliser ces actions tout en les soutenant par une fiscalité adaptée.

  6. “c’est bien qu’il faut essayer d’autres moyens de dialoguer, d’agir, de changer ce système”
    Il y a un moment donné va falloir se poser la question de “couper des têtes”…Parce que soit on continue à laisser faire, et on va tous y rester sans pouvoir agir (on ne va pas se mentir, à la vitesse où l’on va d’ici la fin du siècle on sera + vers +4 que +2°C), soit il va falloir “prendre les armes”.

    Parce que demander gentillement ça va 5 minutes mais ça ne fait malheureusement pas avancer les choses…

  7. L’action commune concrète à l’échelle locale comme administration de la preuve qu’un autre chemin est possible, tant il est vrai que le récit à lui seul n’y suffit pas? Et ensuite quand même exercer de nouvelles pressions dans le rapport de force contre la plutocratie toxique. Les abattre physiquement? Une nouvelle lutte des classes (sans Melanchon svp). Comment trouver des issues au desespoir?

  8. Très bon article! Il me semble qu’il y a une coquille sur l’infographie. Le réchauffement dû aux activités humaines en 2024 est estimé à 1.36°c dans le texte et non pas à 1.22°c.

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