Investiture de Trump : 24h de destruction climatique

Jour J.

Donald Trump avait promis le jour de son investiture de lancer jusqu’à 100 décrets dans les 100 premières heures, et tous les sujets devaient y passer : sécurité, immigration, énergie, climat… C’est un classique de la présidence américaine : on défait une partie de ce qui a été fait précédemment pour marquer le coup. Et pour marquer le coup, Trump a montré qu’il était prêt à tout.

Avant son arrivée à la Maison blanche, il avait déjà fait quelques promesses. D’abord, supprimer l’Agence de Protection de l’Environnement (EPA). Puis démanteler la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et privatiser une partie de ses activités. Enfin, sortir de l’Accord de Paris.

Ce 20 janvier est sorti sur le site officiel de la Maison blanche une liste des premières priorités de l’administration Trump. Si vous aviez encore un doute ou un espoir, rien ne sera épargné.

“Une urgence énergétique nationale”

“Aujourd’hui, je voudrais déclarer une urgence énergétique nationale :  nous allons forer chéri, forer” (“Drill baby drill”). Voilà ce qu’a déclaré Donald Trump lors de son discours d’investiture.

Le fait qu’il souhaite assouplir les contraintes pour les producteurs d’énergies fossiles n’est pas une surprise, il l’avait déjà annoncé dans son programme avant d’être élu. C’est également rappeler les premières priorités de son administration : “le président Trump déclarera une urgence énergétique et utilisera toutes les ressources nécessaires pour construire des infrastructures essentielles“.

Nous savons que tout nouveau puits de gaz ou de pétrole exploité nous fait sortir de l’objectif +1.5°C au niveau mondial. Dans la nuit de du 20 janvier, des précisions ont été apportées :

L’insuffisance de la production, du transport, du raffinage et de la production d’énergie aux États-Unis constitue une menace inhabituelle et extraordinaire pour l’économie, la sécurité nationale et la politique étrangère de notre pays. À la lumière de ces constatations, je déclare par la présente une urgence nationale.

L’excuse de Trump est ici toute trouvée : “l’urgence énergétique nationale”. Comme si les Etats-Unis étaient en crise énergétique, qu’il fallait dans l’urgence construire des infrastructures fossiles essentielles.

Rappelons que les Etats-Unis sont d’ores et déjà le premier producteur mondial de pétrole et de gaz et que s’il n’y a aucune urgence à produire plus de pétrole ou de gaz, il y a bien une urgence climatique, qui est visiblement le cadet de ses soucis.

Source : Visual Capitalist

“Mettre fin aux politiques climatiques extrémistes de Biden”

Les priorités annoncées sur le site de la Maison blanche sont déclaratives et devront être suivies de près dans les prochains jours et prochaines semaines. Si c’est appliqué, il est tout à fait plausible que l’hypothèse de Carbon Brief selon laquelle son élection pourrait ajouter 4 milliards d’émissions de CO2e en plus d’ici 2030 (vs une victoire démocrate) se réalise.

Voici les mesures :

• Le président libérera l’énergie américaine en mettant fin aux politiques d’extrémisme climatique de M. Biden, en rationalisant les autorisations et en examinant toutes les réglementations qui imposent des charges excessives à la production et à l’utilisation de l’énergie, y compris l’extraction et le traitement des minéraux non combustibles, afin de les annuler.
• Les mesures prises par le président Trump dans le domaine de l’énergie redonnent le choix aux consommateurs de choisir les véhicules, les pommes de douche, les toilettes, les machines à laver, les ampoules et les lave-vaisselle.

Pardon pour le manque d’analyse politique ici, je dois bien avouer mon ignorance quant à la priorité absolue pour les Américains de choisir leurs ampoules.

• Les politiques énergétiques du président Trump mettront fin à l’octroi de concessions à des parcs éoliens massifs qui dégradent nos paysages naturels et ne servent pas les intérêts des consommateurs d’énergie américains. Aucune surprise ici aussi : Trump souhaite augmenter la production nationale d’énergie via les énergies fossiles et le nucléaire, et va saper le travail fait par l’administration Biden pour le développement des éoliennes, pourtant une solution incontournable selon le dernier rapport du GIEC afin de réduire les émissions de CO2.
• Sortie de l’Accord de Paris : les Etats-Unis sortent à nouveau de l’Accord de Paris. Trump l’a décrété et signé devant une foule l’acclamant. Il faudra surveiller si cela entraine d’autres pays avant le début de la COP30 en novembre 2025 au Brésil.
• Toutes les agences prendront des mesures d’urgence pour réduire le coût de la vie. Comme annoncé en introduction, il faudra suivre le sort de chaque agence gouvernementale.

S’il n’y avait que le climat

Beaucoup de spéculations ont été faites pour le début du 2e mandat de Trump quant à ses choix et priorités. Si le fait d’ouvrir les vannes aux producteurs pétroliers et gaziers, ou encore de sortir de l’Accord de Paris ne font aucun doute, il faudra suivre l’application des promesses et paroles de son administration.

La voiture électrique sera par exemple l’un des thermomètres de ce mandat. Il avait promis “d’annuler le mandat pour les véhicules électriques et réduire les réglementations coûteuses et contraignantes“. Lors de son discours d’investiture, il a rappelé qu’il mettrait fin au Green New Deal et au “mandat des voitures électriques”.

Le marché des voitures électriques avait le vent en poupe. Une voiture vendue sur 10 était électrique, avec une forte progression des ventes chaque année.

Les projecteurs sont particulièrement braqués sur Tesla qui avait profité du crédit d’impôt pour les “véhicules propres”. En effet, les ventes du modèle Y de Tesla, par exemple avaient augmenté de 50 % en 2023 par rapport à 2022 après que le modèle soit devenu éligible au crédit d’impôt de 7 500 dollars.

L’attaque de Trump sur la voiture électrique n’a pas semblé faire trembler les marchés financiers, où le cours de bourse de Tesla a fini en hausse ce 20 janvier. Nul doute que Tesla, qui a déjà plus de 40% du marché des voitures électriques aux Etats-Unis, saura tirer profit du protectionnisme de Trump face aux potentiels nouveaux concurrents.

Mais encore une fois, si le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité sont deux menaces existentielles, l’urgence est aussi d’ouvrir les yeux sur le monde que nous préparent Donald Trump et Elon Musk. Hier soir, lors du discours d’investiture, Musk aurait eu des “gestes étranges” selon certains médias. Voici les gestes étranges :

Il n’y a aucun doute à avoir. Aucun. Le geste, la tête qu’il fait quand il tend le bras. Le bruit. Aucun doute. Après avoir financé Donald Trump, Elon Musk finance l’AfD en Allemagne, un parti d’extrême droite qui ferait passer Eric Zemmour pour un progressiste. Il va falloir collectivement se réveiller et accepter la réalité dans laquelle ces milliardaires égotiques nous plongent.