PinkBombs : l’horreur des usines à saumons dans le monde

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Usine Pologne (c) AquaMaof
©Crédit Photographie : AquaMaof
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Après les bombes carbone, voici les bombes roses. Les ONG Seastemik et Data for Good publient leur enquête PinkBombs qui met en lumière les impacts des élevages de saumons dans le monde.

Comme le souligne le rapport, l’industrie tue, affame et contamine. Chaque minute, elle capture 486420 poissons sauvages pour nourrir les saumons d’élevage, émet 30 tonnes de CO2 et abat 1080 saumons. La production de saumons d’élevage a explosé depuis les années 1990 :

Evolution de la production de saumons d'élevage dans le monde
Crédit : pinkbombs.org

Une production de saumons d’élevage qui contraste avec le nombre de saumons pêchés dans l’Atlantique, qui est lui en chute libre depuis le milieu des années 1980. Le saumon atlantique est par ailleurs inscrit sur la liste rouge de l’UICN. En effet, depuis décembre 2023, son statut est passé de “préoccupation mineure” à “quasi-menacé”.

Crédit : pinkbombs.org

Si le réchauffement climatique est souvent le plus cité, la surexploitation des ressources naturelles (comme la surpêche) et la pollution des océans et eaux douces sont aussi deux des cinq raisons de l’effondrement de la biodiversité.

Plongeon dans l’industrie du saumon qui est un enjeu de santé, de justice sociale, de biodiversité, de climat et enfin et surtout de condition animale.

L’industrie du saumon : un marché en plein boom

Les données donnent le vertige. En à peine 30 ans, la production de saumon a atteint 3 millions de tonnes de saumon en 2021, soit l’équivalent de l’élevage et de l’abattage de 600 millions de saumons. Autre chiffre donné par l’étude : la production actuelle de saumon d’élevage est 115 fois supérieure à la plus grande quantité de saumons jamais pêchés en une année.

Production de saumons atlantiques d'élevage par pays
Crédit : pinkbombs.org

La Norvège représente à elle seule plus de 50% de la production mondiale de saumons, suivie par le Chili, le Royaume-Uni et le Canada. Ces 4 pays représentent 90% de la production mondiale.

Côté consommation, les Etats-Unis arrivent loin en tête, devant la Russie et le Japon. La France, la première nation européenne consommatrice de saumon, est la 4e au niveau mondial.

Crédit : pinkbombs.org

Si vous ne deviez retenir qu’un chiffre : 99,9% des saumons consommés dans le monde sont des saumons d’élevage. Au cas où vous pensiez que c’était pêché “naturellement” avant d’arriver dans votre assiette…

Les bombes roses : les fermes-usines de saumons à terre

L’étude des PinkBombs cartographie l’ensemble des projets d’élevage intensif de saumons en cages terrestres, connus sous l’acronyme anglais RAS (Recirculated Aquaculture Systems).

Il s’agit d’élevages dans lesquels la totalité du grossissement des poissons est effectué en RAS où une proportion plus ou moins grande de l’eau est réutilisée au sein de l’élevage en circuit fermé. Les poissons y vivent dans des bassins artificiels hors-sol, en intérieur, souvent sans aucun enrichissement. Cela change du modèle habituel en cages marines (filets en mer).

Crédit : DR

Des “bombes roses” qui selon les deux ONG pourraient représenter une augmentation de plus de 91% de la production mondiale de saumons, une croissance qui va à contre-courant des objectifs de réduction carbone et de neutralité climatique de l’Union Européenne.

Un enfer pour les saumons dont le bien-être commence à se dégrader au-delà de 10 à 20 kg/m3. Le taux de mortalité y est également bien plus élevé. MOWI, le plus grand producteur de saumons d’élevage, présente un taux moyen de mortalité de 13.4% entre 2012 et 2022.

Taux de mortalité des saumons d'élevage par producteurs

Comme le rappelle Seastemik et Data for goods, en 2021, la capacité de production théorique combinée des élevages de saumons en cages terrestres s’élève à 2,2 millions de tonnes, soit presque autant que la production mondiale de saumons dans les élevages en cages marines (2,7 millions de tonnes).

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Comment agir contre les bombes roses ?

Il y a plusieurs actions possibles, rapides et faciles pour lutter contre ces bombes roses.

Premièrement, il existe un projet de ferme-usine de saumon à Verdon-sur-mer et une pétition a été mise en ligne. CLIQUEZ ICI POUR LA SIGNER. Grâce aux pétitions signées, plusieurs projets ont d’ores et déjà été retoqués, notamment au Pas-de-Calais et en Bretagne.

Réduire voire stopper sa consommation de saumon est bien sûr très efficace. Rappelons que végétaliser son assiette est l’une des solutions les plus efficaces pour réduire son empreinte carbone et réduire la pression sur le vivant.

Cependant, ces initiatives individuelles ne suffisent et ne suffiront pas. Il faut que l’offre change, et pour cela, nous aurons besoin des entreprises. Combien de fois le saumon est-il la seule option “sans viande” dans les menus au restaurant ?

Enfin, l’Etat doit légiférer et abandonner l’élevage intensif de poissons carnivores. La surpêche est un enjeu à la fois pour la biodiversité et le climat, et sans l’intervention des Etats, la production mondiale de saumons continuera son explosion.

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3 Responses

  1. Pas de grosses différences entre la truite et le saumon, c’est la même famille. L’alimentation est la même, seule la taille des élevages différe parfois.
    L’aliment pour le saumon bio contient généralement plus de matières d’origine animales et les traitements prophylactique de synthèse sont interdit. C’est moins pire.

  2. Bonjour, et merci pour cet article.
    Personnellement, j’adore le saumon (et tout le monde à la maison d’ailleurs). Mais on se doutait bien qu’il fallait réduire drastiquement sa consommation. Cet articles apporte d’autres éclairages.
    Je me pose des questions : auriez-vous connaissance d’études similaires sur l’élevage et la pêche de la truite, qui est souvent substituée au saumon ?
    Merci par avance.

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. Pas de grosses différences entre la truite et le saumon, c’est la même famille. L’alimentation est la même, seule la taille des élevages différe parfois.
    L’aliment pour le saumon bio contient généralement plus de matières d’origine animales et les traitements prophylactique de synthèse sont interdit. C’est moins pire.

  2. Bonjour, et merci pour cet article.
    Personnellement, j’adore le saumon (et tout le monde à la maison d’ailleurs). Mais on se doutait bien qu’il fallait réduire drastiquement sa consommation. Cet articles apporte d’autres éclairages.
    Je me pose des questions : auriez-vous connaissance d’études similaires sur l’élevage et la pêche de la truite, qui est souvent substituée au saumon ?
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