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La mobilisation citoyenne suite à la campagne “Non Taxe Windows” a permis d’obtenir la victoire d’un an supplémentaire de mises à jour non payantes de Windows 10. Cependant, ce recul n’est qu’un sursis, et reste insuffisant. Ce contexte incertain met en lumière notre dépendance à Microsoft et pourrait être l’occasion de s’en émanciper en passant au logiciel libre.
Microsoft temporise suite à la mobilisation citoyenne
Microsoft prévoit de mettre fin aux mises à jour de Windows 10. Cette décision pourrait pousser au renouvellement de jusqu’à 400 millions d’ordinateurs fonctionnels dans le monde, avec des impacts environnementaux, économiques, et sociaux délétères.
C’est pourquoi plus de 50 000 signataires ont d’ores et déjà dit “Non à la Taxe Windows”, et appelé au maintien des mises à jour non payantes de sécurité de Windows 10 jusqu’en 2030 à minima. Alors que la fin du support gratuit était prévu pour le 14 octobre 2025, Microsoft a répondu à la large mobilisation, en France et en Europe, et a accordé un sursis d’un an de mises à jour gratuites pour le grand public européen quelques jours avant la date fatidique. Cette victoire reste limitée, la multinationale n’ayant effectué aucune communication massive pour informer les utilisateurs et utilisatrices. Par ailleurs, les mises à jour de sécurité de Windows 10 prendront vraisemblablement fin pour le grand public après le 13 octobre 2026. Ce recul n’est qu’un sursis, insuffisant pour des ordinateurs encore fonctionnels et qui n’ont parfois que 5 ans.
Si les arbitrages de Microsoft ne permettent pas l’allongement de la durée de vie de nos ordinateurs, il est temps d’envisager sérieusement de quitter Windows.
Le passage forcé à Windows 11 permet de prendre conscience de notre dépendance à Microsoft et aux logiciels propriétaires. Cela concerne aussi les administrations publiques, dont plusieurs dizaines de milliers de postes dans les établissements scolaires, remettant en question notre souveraineté numérique, et notre indépendance face à des décisions unilatérales coûteuses de multinationales extra-européennes. Les administrations publiques se trouvent aujourd’hui contraintes d’assurer des coûts considérables, dûs au renouvellement prématuré des postes.
Le logiciel libre comme alternative
Si Windows reste le premier logiciel d’exploitation dans le monde comme en France, il existe des alternatives. GNU/Linux, par exemple, assure la sécurité des appareils sans imposer de conditions matérielles exigeantes, comme la puce TPM 2.0 exigée par Windows 11. Les logiciels libres, développés par des communautés ouvertes, permettent de s’émanciper durablement et sans frais de licence de la dépendance aux grandes multinationales, et de s’assurer une maintenance logicielle sur le long terme. Ils répondent ainsi à des enjeux de durabilité des terminaux, de résilience face aux décisions des multinationales, et de réduction des coûts sur le long terme.
Ces options sont encore peu connues du grand public. La pétition “Non à la Taxe Windows” formule une autre demande majeure : la nécessaire obligation pour les éditeurs de logiciel d’informer les utilisateurs et utilisatrices d’un possible passage à un système d’exploitation libre.
Nous soutenons dans cette perspective la liberté de choix des consommateurs et consommatrices, dès l’acte d’achat. L’affichage des coûts des licences, la possibilité
d’acheter un ordinateur sans système d’exploitation imposé, sont autant de mesures de nature à redonner aux utilisateurs et utilisatrices la maîtrise de leurs équipements informatiques, sur le long terme.
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Loin d’être une utopie, c’est déjà une réalité
La transition a déjà commencé : entre juillet et août 2025, les utilisateurs et utilisatrices de GNU/Linux ont déjà doublé en France, représentant en août près de 11,5% des systèmes d’exploitation installés dans l’Hexagone. En septembre 2025, il est estimé que plus de 2,2 millions de personnes utilisent régulièrement GNU/Linux sur leur ordinateur personnel en France.
L’apprentissage de nouveaux usages ne doit pas constituer un frein à cette transition.Des initiatives comme la carte collaborative Aide GNU/Linux et Adieu Windows, bonjour le libre !, par exemple, recensent les personnes et associations prêtes à aider toutes celles et ceux qui le souhaitent. Et un collectif enseignant s’est engagé dans la démarche NIRD pour favoriser l’usage de distributions GNU/Linux adaptées à l’éducation dans les établissements scolaires.
Comme le soulignait déjà en 2012 une circulaire du Premier Ministre français, le logiciel libre “est piloté par les besoins, minimisant les évolutions superflues”. En 2021 est créée un “Pôle open source et communs numériques” à la Direction interministérielle du Numérique. La stratégie numérique 2023-2027 du ministère de l’Éducation nationale soutient le développement des communs numériques. Il est plus que temps d’appliquer ces recommandations. GNU/Linux équipe déjà la quasi-totalité des postes de la gendarmerie nationale. Le Danemark et la province allemande du Schleswig-Holstein ont d’ores et déjà entamé la transition vers le libre. Alors pourquoi pas toutes les administrations françaises, et nous tous et toutes ?
Signataires
Antoine Pesesse, Président de HOP – Halte à l’obsolescence programmée
Charlotte Bougenaux, co-Directrice d’Emmaüs Connect
Collégiale d’Aquilenet
Conseil d’Administration de la Fédération des FAI Associatifs (FFDN)
Romain Debailleul, à l’initiative de la démarche NIRD à l’Éducation nationale
Bastien Faure, directeur de Zero Waste France
FDN (French Data Network)
Tristan Labaume, président d’AGIT France
La Fresque du Numérique
Manon Léger, co-fondatrice de Latitudes
Bela Loto Hiffler, présidente de Point de M.I.R
Magali Garnero, présidente de l’April
Adrien Montagut, co-dirigeant de la coopérative Commown
Parinux
Pierre Paquot, Président de Telecoop
Maud Sarda, Co-fondatrice et Directrice Générale de Label Emmaüs
Thomas Thibault co-président du Mouton Numérique et membre de Designers Éthiques
Gilles Reeb, Responsable du Développement de Renée
Thomas Wagner, Fondateur de Bon Pote
L’Institut du Numérique Responsable (INR)
8 Responses
Idéalement, ce n’est pas la prolongation des mises à jour de Windows 10 qu’il aurait fallu réclamer.
Ce qu’il aurait fallu, c’est exiger que le système d’exploitation qui remplace (ici Windows 11) reste installable sur les ordinateurs plus anciens.
Nombre de mes ordinateurs anciens ont fonctionné sous Windows 8, 7, et même Vista auparavant.
Mais personne ne s’est plaint de la fin de support de ses versions là, à l’époque, vu qu’on pouvait installer Windows 10 à la place.
> Si Windows reste le premier logiciel d’exploitation dans le monde comme en France,
Attention. C’est vrai pour les ordi perso. Mais si on inclut tous les autres supports (ordiphone, tablettes, serveurs web, serveurs de calcul, box internet, objets connectés…), alors Linux domine le marché depuis des décennies.
GNU/Linux est tout à fait adapté aux usages des particuliers et des écoles, et même désormais des joueurs (merci Steam).
En ce qui concerne les logiciels professionnels il est très souvent possible de trouver des alternatives libres de grande qualité.
Dans GNU/Linux si jamais un pilote est nécessaire pour l’ordinateur, celui-ci est détecté et proposé à l’installation.
La distribution (variante) Linux Mint est optimisée pour la prise en main par les utilisateurs débutants en provenance de Windows. Et comme indiqué dans l’article vous pouvez vous faire accompagner par les nombreux bénévoles et associations locales.
L’assertion suivante est trompeuse : “La transition a déjà commencé : entre juillet et août 2025, les utilisateurs et utilisatrices de GNU/Linux ont déjà doublé en France, représentant en août près de 11,5% des systèmes d’exploitation installés dans l’Hexagone”. En suivant le lien & en incluant les chiffres de septembre/octobre, on se rend compte qu’août 2025 ressemble surtout à un artefact. Même si la tendance de fond est là, non, le nombre d’utilisateurs n’a pas pu réellement doubler en un mois seulement.
Dommage.. Mais je soutiens le fond de l’article. La puissance des ordinateurs n’évolue plus aussi vite que dans les années 90. Des ordinateurs vieux de 15 ans sont tout à fait utilisables aujourd’hui, au besoin avec quelques investissements mineurs (SSD, RAM). Aucune raison donc de forcer à l’obsolescence.
Ce qui est réellement devenu gourmand aujourd’hui en ressources c’est la navigation internet, avec ses multiples choses faites dans le dos des utilisateurs …
L’IGN notamment aurait besoin de s’en saisir, plutôt que de passer tout leurs outils sur Microsoft comme cela a été fait ces dernières années :/
Bonjour,
Ca part d’un bon sentiment, mais Linux va bien pour de la bureautique et du Web.
Essayez d’installer la suite ADOBE, DAVINCI Resolve, la suite photo CANON et j’en passe …
Sans compter les galères d’installation des pilotes d’un PC.
Il ne faut pas rêver !
Mais je soutiens votre démarche vers Microsoft.
Bonjour,
Davinci Resolve est disponible nativement sous Linux. Les autres logiciels ne sont en effet pas compatibles, mais cela vient du non-support des éditeurs car ils jugent cela peu utile par rapport au nombre d’utilisateurs qu’ils pourraient obtenir. Passer plus de monde sous Linux pourrait les faire changer d’avis.
Quant aux pilotes, il y a très peu de problèmes avec les distributions modernes, on n’est plus au début des années 2000. Il y a des pilotes libres pour la plupart des composants, et des pilotes propriétaires si on a vraiment besoin de certaines fonctionnalités (comme les pilotes Nvidia par exemple qui sont maintenant bien supportés).
Beaucoup, vraiment beaucoup de gens font un usage basique de leur PC. Personnellement, j’ai longtemps hésité à installer Linux sur mes PC.
La première raison est que, pour conseiller mon entourage lorsqu’ils rencontraient des problèmes, il fallait que je sois aguerri à Windows.
La seconde, c’est que Linux a longtemps posé quelques problèmes aux novices parce qu’il y avait toujours des choses à paramétrer via le terminal. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
La troisième est liée aux nombres de distributions qui brouillent les esprits et perturbent la décision lorsqu’on veut choisir.
Mais là, avec Windows 11, ses exigences, ses bugs, sa pub, les contraintes, c’est bon. La coupe est pleine.
Donc, j’ai installé plusieurs distributions et finalement, j’en ai retenu 2. Zorin et Mint. Le premier est simple (un peu trop) mais bien pour des novices. Le second est très paramétrable. Les deux sont plaisants et ne posent aucun problème avec la plupart des PC. Les cartes graphiques marchent bien et tous les périphériques de connexion aussi. On peut même réutiliser des imprimantes dont on ne trouve plus les pilotes Windows.
Enfin, chaque distribution offre un magasin d’applications et les mises à jour du système et des applis est pris en charge par le gestionnaire de mises à jour.
J’utilise la suite LibreOffice, Scribus, OnlyOffice, Gimp… Windows me manque de moins en moins.