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En 2023, il n’y a plus à douter que l’espèce humaine est à l’origine de la transformation brutale de son environnement. Les conséquences sont d’ores et déjà observables à travers le dérèglement climatique, les pollutions multiples, l’extinction de la biodiversité et le bouleversement des cycles biochimiques essentiels à la vie.
Mais les êtres humains sont-ils tous autant responsables de cette situation inédite et pour le moins chaotique ? La réponse est assurément non. Plusieurs travaux scientifiques, dont ceux de Piketty et Chancel, étayent incontestablement que « les plus riches » sont les principaux responsables de la destruction de la vie sur Terre.
Pourtant, les plus riches continuent à mener le même mode de vie malgré les alertes répétées des scientifiques et une couverture médiatique toujours plus importante (même si encore insuffisante compte tenu des enjeux). Les riches sont-ils si cyniques et insensibles aux souffrances de la majorité du monde pour se comporter de la sorte ? N’ont-ils pas d’amour pour leurs enfants pour contribuer à endommager à ce point leur habitat ?
Pour comprendre cette inaction, il faut s’intéresser aux freins qui empêchent les plus privilégiés de changer. Il ne s’agit pas de les excuser, mais de comprendre. On ne peut balayer les freins du changement d’un revers de la main au titre que ce sont « des problèmes de riches » si l’on souhaite avoir une chance de maintenir une Terre habitable pour tous.
« Les plus riches » sont les principaux responsables de l’effondrement du vivant
Que ce soit par leur manière de consommer, le fruit de leur épargne, les impacts et conséquences de leur métier, ou leur influence culturelle et politique dans la société, le mode de vie des plus privilégiés est écocidaire et nous embarque tous à marche forcée vers l’anéantissement de la vie telle que nous la connaissons.
Qui sont ces plus riches qui condamnent l’habitabilité de notre planète ? S’agit-il de ces milliardaires qui font du tourisme dans l’espace ? De ces startupers mégalomanes de la Silicon Valley ? Des industriels qui possèdent nos médias ? Des héritiers qui baignent dans l’opulence ? En partie, oui. Mais pas seulement.
Qui sont les 10% les plus riches ?
En France, avec plus de 3 348 euros nets après impôts par mois, vous faites partie des 10% les plus riches. Pas besoin d’être millionnaire ou milliardaire pour faire partie des plus privilégiés. À l’échelle de l’humanité, le club des 10% les plus riches intègre une portion plus large de la population française, mais l’ordre de grandeur reste le même. Enfin, gardons en tête qu’un français moyen a une empreinte carbone 10 fois supérieure à celle d’un vietnamien et 5 fois supérieure à celle vers laquelle il nous faut tendre pour atteindre la neutralité carbone.
« Les plus riches » ont les moyens de transformer le système
Si l’empreinte écologique d’une personne percevant 1 881€ par mois (revenu médian en France) est sans commune mesure avec celle des milliardaires, le mode de vie qui lui est associé est également majoritairement insoutenable. Le changement nous concerne toutes et tous, avec un effort supplémentaire par les plus riches pour des questions évidentes d’éthique et de moyens.
Éthique, parce que nous l’avons dit, leur mode de vie est particulièrement écocidaire. Moyens, parce qu’ils sont d’une part dans une situation de confort matériel suffisante pour continuer à répondre à leurs besoins fondamentaux tout en réduisant leur niveau de vie ; et d’autre part parce qu’ils occupent des postes décisionnaires dans les entreprises et les administrations leur permettant d’enclencher les transformations institutionnelles nécessaires au basculement de notre société.
« Les plus riches » font face à de nombreux freins au changement
Le changement dont on parle n’est pas dénué de freins importants. Pourquoi ? Parce que les transformations nécessaires impliquent de nombreux renoncements. Parce qu’il s’agit de métamorphoser radicalement notre quotidien. Parce que les directions à prendre sont bien souvent opposées aux concepts contemporains de confort, de liberté et de réussite. Parce qu’en tant qu’individu, quitter sa position « dominante » dans la société n’a de sens que si cela s’accompagne d’un basculement du système vers de nouvelles règles du jeu.
Le verrou financier
Si la corrélation est forte entre revenus et empreinte écologique, c’est bien qu’il faut réduire son niveau de vie pour « atterrir » et diminuer ainsi sa nuisance sur le vivant. Mais la réduction du niveau de vie a des implications fortes sur la matérialité existante.
Peut-on continuer à payer le loyer de son appartement ? Peut-on rembourser les mensualités de son emprunt immobilier ou de son emprunt étudiant pour les plus jeunes? Peut-on continuer à payer l’école et la cantine des enfants ? Peut-on continuer à pratiquer les mêmes loisirs et partir en vacances aux mêmes endroits? Peut-on manger les mêmes produits alimentaires ? Peut-on maintenir nos sorties entre amis ? Sans parler des mensualités astronomiques de remboursement de la dette immobilière pour des biens situés au centre de Paris, et qui enferment dans un niveau de vie et un certain type d’emploi particulièrement rémunérateur pendant 20 ou 25 ans. « Pas le choix », vous diront les diplômés de grandes écoles de commerce et d’ingénieur dont les emplois correspondant à leur formation élitiste sont en majorité localisés dans les grands centres urbains et pour qui l’idéal de devenir propriétaire rapidement les pousse à investir là où le prix du foncier est particulièrement élevé.
Le frein financier se rigidifie encore plus quand on le regarde dans la perspective d’une société de plus en plus marchandisée où les services publics de premier ordre comme la santé ou l’éducation sont détériorés. Il apparaît sacrificiel de se priver d’un service aussi essentiel que l’accès à un médecin spécialiste quand seul l’argent nous permet d’accéder à une offre non-conventionnée disponible immédiatement plutôt que d’attendre un rendez-vous conventionné pendant un an.
La pression sociale
Et les barrières au changement ne s’arrêtent pas là. Au verrou financier, viennent s’ajouter des freins sociaux. Nous ne sommes pas des individus isolés. Nous avons une famille, des amis, des collègues, tout un ensemble de cercles sociaux avec lesquels nous avons construit notre vie et qui représentent tout autant de freins au changement.
Même lorsqu’on est convaincu de la nécessité de changer de mode de vie sur le plan individuel, il faut encore embarquer sa famille avec soi sur ce chemin. Monsieur ou madame acceptera-il de déménager pour réduire l’empreinte écologique de la famille ? Il faudra vraisemblablement négocier.
La baisse du niveau de vie évoquée précédemment a des répercussions sur notre entourage. Si on ne veut plus aller en vacances au ski avec nos amis pour des raisons financières (baisse du niveau de vie) ou éthiques (loisir non-soutenable), allons-nous les perdre ? Serons-nous exclus de notre groupe d’amis ? Serons-nous moqués pour nos choix de vie? La position du casseur d’ambiance n’est ni enviable ni enthousiasmante. Surtout quand ils nous renvoient une image dégradée de notre personne.
Si on ne prend plus l’avion pour les déplacements professionnels, qu’en pensera notre patron ? Serons-nous mis au placard ? Et quid de la dette morale ? Que diront nos parents, eux qui se sont parfois sacrifiés pour nous permettre de « réussir » socialement et professionnellement ? Ou de la peur de l’inconnu. Si l’on doit partir, réussirons-nous à reconstruire un tissu social ailleurs ? Quel sera l’impact pour les enfants ? Serons-nous encore heureux ? Ce ne sont pas des questions anecdotiques et nous ne lèverons pas les freins au changement sans les adresser.
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L’idéologie : les mythes autour du travail, du mérite et l’individualisme
Au-delà de ces freins sociaux et financiers, les plus riches sont confrontés à des freins idéologiques. Les élites, héritiers ou diplômés des grandes écoles, propagent une mythologie puissante pour garder leur position dominante à travers tous les vecteurs de la société : école, études supérieures, médias, arts, emploi, etc. Cette mythologie, nous la connaissons toutes et tous et nous ne la remettons presque jamais en question : c’est l’éthique du travail et sa culture du mérite.
Il nous apparait évident de travailler au moins 8 heures par jour dans une entreprise alors que c’est un phénomène nouveau au regard de l’histoire récente de nos civilisations. André Gorz rappelait déjà il y presque 50 ans que les premières manufactures au 18e siècle faisaient faillite parce que personne ne voulait travailler toute la journée ainsi. Cela paraissait complètement fou de travailler dans un but d’accumulation infini et au profit de « propriétaires » et non plus pour répondre à ses besoins. Les ouvriers ne sont pas allés travailler à l’usine par choix, parce que c’était une vie plus attrayante que celle des champs, mais bel et bien parce que les élites bourgeoises et capitalistes ont volontairement détruit leur moyen de subsistance en s’appropriant les terres cultivées en commun afin de bénéficier d’une main d’œuvre contrainte de gagner de l’argent pour survivre.
Cette mythologie autour de l’éthique du travail vient enrichir une culture de l’effort et du labeur, censée justifier la position dominante de certains grâce à leur mérite. Pourtant, la position privilégiée occupée par les plus riches est rarement le fait de leur seul effort ou d’un mérite toujours vaguement défini. Des sociologues comme Pierre Bourdieu ont montré depuis longtemps que les places privilégiées dans la société sont surtout le fait d’une reproduction sociale. Mais la culture dominante propage en permanence cette image de l’individu qui réussit à la force du poignet, du self made man talentueux.
Il faut dire qu’il est bien utile d’expliquer les inégalités sociales grâce au mérite individuel. Cela permet de ne pas questionner le système en place. C’est un ressort très puissant de l’inaction que l’on retrouve dans tous les discours de nos dirigeants : faire reposer une situation donnée sur la responsabilité des individus. Combien de fois avons-nous entendu la phrase « il ne trouve pas de travail parce qu’il est trop fainéant » ? La responsabilisation individuelle permet ainsi d’éviter de traiter les causes profondes et structurelles du problème rencontré.
Cette culture de l’individualisme vient amplifier la résistance au changement de celles et ceux qui veulent changer de mode de vie. Face aux difficultés systémiques du passage à l’action, on se sent coupable de ne rien faire et on se rabat alors sur des petits gestes ou des changements cosmétiques à notre portée. Cela nous permet de nous raconter une belle histoire et de faire taire la dissonance. Cela s’appelle le déni, et nous sommes tous dedans à un certain degré. « Je m’engage avec des achats écoresponsables pour démarrer ». « Mon métier de consultant n’est pas si délétère puisque j’ai fait une mission pro bono pour une ONG ».« Je peux continuer à utiliser des emballages plastiques puisqu’ils sont compostables ». « Je peux prendre l’avion pour partir en vacances puisque je compense mes émissions ». « Je peux laisser mon épargne en assurance vie puisqu’elle est labellisée ESG ». Etc. Etc.
Nous nageons dans un océan de croyances érigées au stade d’ordre naturel: la propriété privée, le talent, le progrès technique, la liberté d’entreprendre, etc. Toutes ces constructions sociales et culturelles sont pensées sans regard critique comme allant de soi. Elles ne sont pas questionnées. Et pourquoi le seraient-elles, tant elles sont hégémoniques.
52 Responses
Bonjour
Merci pour cet article.
Vraie question sur la définition des plus riches car en reposant sur le revenu, elle ne prend pas en compte le patrimoine. Entendons nous, je pense bien sûr que les salaires les plus élevés ont (bcp) de chemin à faire, mais il me semble que ce n’est pas le seul critère déterminant surtout pour penser la reproduction sociale car on ne prend pas en compte le capital financier hérité (et que lui creuse encore plus les inégalités)
Le revenu n’est clairement pas utilisé de la
Même façon si on a une donation ou on hérite d’un appartement permettant d être propriétaire sans prêt. Le reste à dépenser mensuel n’est pas du tout le même quand un tiers ou plus ne part pas dans la nécessité de se loger.
Un autre seuil de richesse me semble donc à prendre en compte, celui de patrimoine. Dans ce cas, le seul il en 2021 pour être dans 10% plus riches c’est 716 300 euros selon l’Insee.
Bref, ça répond peut être à des gens qui ralent en commentaire car leurs salaires ne leur donne pas l’impression d être parmi les plus fortunés.
Honnêtement, j’ai l’impression qu’il n’y a pas de solution. Les grosses fortunes sont devenues tellement intouchables, contrôlent 90% des médias, sont plus puissantes que des gouvernements (il suffit de voir les pratiques limites maffieuses de certains de leur lobbies pour faire pression sur les décideurs, ça fait froid dans le dos) et en plus ont l’opinion publique de leur côté, qui les vénère comme des demi-dieux et fait porter la responsabilité de leurs exactions à des boucs émissaires bien commodes. Bref, je vois vraiment pas quel genre de levier pourrait les faire plier.
Toutes les analyses sur la bifurcation, la transition mettent l’accent sur le “Comment”. L’auteur s’intéresse ici au “Pourquoi” (en l’occurence au “Pourquoi pas”), ce qui me semble être beaucoup plus intéressant. Tous les freins qu’il évoque me semblent toutefois insurmontables . Non, les riches ne renonceront pas à la Puissance ! Ils n’y ont jamais renoncé à travers l’histoire, pourquoi le feraient ils aujord’hui ! Nous pouvons d’ailleurs, nous habitants de pays riches, nous ranger désormais dans cette catégorie… Qui est véritablement prèt et capable de diviser par 5, 10 son niveau de vie ? Qui est prêt à consentir à fonctionner dans un univers de richesses contraintes et mieux réparties (à l’échelle d’un pays, d’un continent, de la planète) ? Nous n’en prenons pas le chemin ! Je ne vois malheureusement pas d’issue heureuse à tout cela si ce n’est une forme d’effondrement collectif auquel fera peut-être suite à lon g terme une réorganisation plus simple et plus saine de l’humanité (cf : Ravage de Barjavel, oeuvre quasi-prophétique sur le destin du monde).
Attend-t -on vraiment des élites qu’elles bifurquent d’elles-mêmes ?
Les élites ont sertes le pouvoir de faire changer rapidement bien des choses mais l’histoire des acquis sociaux montre que c’est des « masses » que vient le changement. Pas par du colibrisme mais par des luttes sociales.
La question devient donc comment mobiliser les « masses » ? Comment établir le rapport de force permettant de métamorphoser la société ?
Bonjour,
je gagne plus de 3348 euros par mois, je fais donc partie des 10% les plus riches de France (D’Europe? Du monde?), je suis pourvoyeur d’une famille de 5 enfants avec femme au foyer: voulez vous une retraite dans le futur, ou pas????
c’est quoi le lien ? vous vivez dans un pays sans système de retraite et vos enfants sont votre retraite ? la majorité des gens ont leur compte proche de 0€ en fin de mois, peu importe le revenu donc la majorité de ces 3348€ sont dépensé.
Comme la dépense est souvent plus carboné avec le revenu, en moyenne la partie confortable du revenu est dépensé plutôt en avion qu’en isolation pour prendre 2 exemples extrêmes
https://www.lefigaro.fr/vox/economie/inegalites-et-emissions-de-co2-la-grande-supercherie-des-chiffres-d-oxfam-20230919
2 réactions à ces arguments :
1) ils disent “les pays émergents (82% de la population mondiale) sont responsables des deux tiers des émissions mondiales ; ils consomment plus de 80% du charbon et 60% du pétrole.”
quand l’auteur (comme tout européen) a la quasi totalité de ses biens de consomations produit en asie (depuis son téléphone jusqu’à sa chemise, c’est être de mauvaise fois que d’assigner le charbon de ces usinnes aux pauvres d’asie
2) ils disent “Avec cette logique, ne devrait-on pas aussi attribuer aux propriétaires des logements les émissions liées au chauffage et à la consommation électrique des locataires?”
quand un locataire loue un logement chauffé au mazout, qui est responsable ? qui d’autre que le propriétaire est responsable de l’isolation insuffisante et de l’existence de ce carburant ? oui selon moi il serrait logique d’attribuer la consommation “maison passive” au locataire et le reste lié à l’inefficacité énergétique au propriétaire. il n’y a que lui qui a le pouvoir de décision sur ce point. un loyé “logement chauffé” combiné à une réelle taxe carbone réveillerait les consciences et l’isolation tournerait à plein régime.
Le debut est tres interessant, en particulier en ce qui concerne les freins psychologiques. Je peux en donner un ex perso: un soir ma femme rentre et me dit qu elle veut une BMW. Grosse surprise de ma part car elle n a aucun interet pour les voitures et est capable d essayer d ouvrir sur un parking une voiture d une autre marque juste parce qu’elles ont la meme couleur. En creusant un peu, je me rends compte que sa motivation est qu une de ses amies a maintenant une BMW
La fin de l article et la partie sur le travail est a mon avis n importe quoi. Deja la partie sur les paysans qui travaillaient peu. Si l auteur avait des ancetres paysans il n aurait jamais ecrit ca. Il faut quand meme pas oublier que jusqu au XIX sciecle la faim etait quelque chose de courant dans les campagnes francaises (mon grand pere en a souffert a la fin du XIX). Penser que les paysans preferaient buller que produire de quoi manger c est digne de Sandrine Rousseau
Ensuite, si on doit se passer de machines pour cause d energie chere, il va bien falloir les remplacer en partie par de l huile de coude. Si vous n avez pas de tracteur pour labourer, vous prendrez un cheval, ca va moins vite et en plus il faut soigner le cheval. ET la chute des rendement agricoles va faire qu on va devoir remettre en culture des terres moins fertiles (regardez les photos de villages francais en 1900, pas mal de forets actuelles n existaient pas). donc plus de travail pour moins de rendement
je n’ai pas la même lecture à propos des agriculteurs. l’article dit “travailler dans un but d’accumulation infini et au profit de « propriétaires » ”
ca c’est en effet plutôt nouveau. mes grands-parents travaillent dur… pour (sur)vivre… pas pour accumuler. aoujourd’hui il y a un club de l’accumulation infinie : gagner 100k est mieux que 10k, gagner 1M est mieux que 100k pendant que la majorité travaille pour permettre cette accumulation par les propriétaires des entreprises. jadis les ouvriers étaient collectivement capable d’acheter une grosse part de la production de leur usine, ce n’est plus le cas
J’ai fait partie de ces 10% sur le critère du revenu (je n’en fais pour l’instant plus partie pour l’instant, pause paternité), autant je comprend très bien les freins que vous décrivez et je vois très bien les freins dans mon “environnement 10%”, autant je ne comprend pas comment la première étape est si difficile : en effet avec un tel revenu, il n’y a aucun soucis à isoler son logement (pas 10cm décoratif, je pense au standard maison passive avec des isolants biosourcé pour stocker du carbone), aucun soucis à améliorer l’efficacité énergétique chez soi (je n’ai pas de TV plasma… d’ailleurs je n’ai pas de TV tout court). le vrai frein actuel dans toute votre liste (mais il me semble être entrain de changer dans la casse moyenne) me semble être social : ne pas prendre l’avion quand ton environnement social en abuse, c’est petit à petit te mettre en porte-à-faux ou risque de te mettre en porte-à-faux… et j’ai l’impression que la quasi totalité des gens ne sont pas prêt à cela. par contre cela pourrait basculer par des réactions tel que le flight-shaming : quand quelqu’un aura reçu 20 remarques parce qu’il a acheté un SUV alors qu’il est seul ou qu’un SUV serra perçu le signe d’un problème psy et non plus d’une réussite sociale, son voisin évitera peut-être à faire la même chose. idem si tu rénoves ton logement, si tu manges un plat bio végétarien, etc.. en ce sens communiquer encore et toujours sur la réalité des actes qui vont dans le bons sens, c’est une nécessité pour faire boule de neige… et le plus gros problème pour cela est que la caricature du “volontaire 1.5°” est souvent celle d’un homme préhistorique qui ne donne pas fort envie… il faut vraiment réussir à communiquer sur le fait qu’un monde 1.5° heureux est possible
Je m’interroge sur ce que l’auteur appelle le déni… donc je vais demander naïvement :
– faire des achats “écoresponsables”, ça ne sert à rien apparemment ?
– avoir une assurance-vie labellisée ESG, ça va forcément dans le mauvais sens ?
– compenser en carbone son impact, ça ne sert à rien non plus?
Ben non. En gros, tout ça relève plus ou moins du greenwashing : s’acheter une bonne conscience à pas cher.
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Ecoresponsable : définition du petit Robert : Qui fait preuve de responsabilité à l’égard de l’environnement.
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C’est tout. Nulle part c’est écrit que ça va diminuer les émissions de CO2. Et encore moins de quelle quantité. C’est juste une vague promesse. Et comme toutes les promesses, n’engage que ceux qui l’écoutent…
Produit “écoresponsable” par exemple : https://couach.com/fr/4200-lounge-2/
C’est bien marqué dans la page : “Superyacht innovant, moderne, écoresponsable””
La page caractéristiques technique vous apprend qu’il a un réservoir gasoil capacité 35000 litres. Non il n’y a pas d’erreur de zéro. C’est bien un camion citerne entier. Et 2 moteurs scania DI16 de 1150 cv. Lesquels consomment 200 litres par HEURE par moteur : c’est marqué la. https://www.scania.com/content/dam/www/market/master/products/power-solutions/engine-pdfs/marine/marine-propulsion/DI16-076M_846kW.pdf
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Mais c’est écoresponsable, donc c’est bien…
@François, le greenwashing c’est ce qui fait semblant d’être vert sans l’être vraiment, comme votre exemple de yacht le montre bien.
Mais de là à supposer que tout ce qui se réclame un peu plus vert/éthique fait simplement semblant de l’être, il y a un pas que je ne franchis pas.
Si tout se vaut, alors autant dire que faire des efforts ne sert à rien ?
@gulli:
J’ai montré qu’il n’y avait pas vraiment de définition facilement quantifiable et contrôlable pour “écoresponsable”.
Pour le finance ESG, c’est plus ou moins pareil. Je vous suggère de chercher sur internet la phrase “ESG investment and green washing
Myth and reality” . Vous allez probablement trouver dans les premiers liens, le site de Deloitte ou vous pourrez lire cette citation
“In a study by InfluenceMap1, some 71% of the 593 ESG funds studied failed a test to determine whether or not they were aligned with the Paris Agreement global targets. Worryingly, 55% of the 130 specifically ‘climate-themed’ funds reviewed also landed negative Paris Alignment scores.”
C’est pas vraiment brillant.
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De là à dire que les efforts ne servent à rien. Non, mais il faut faire les “bons” efforts. Ca ne sert effectivement strictement à rien de sauter en hauteur ou de lever des haltères, si ce qu’il faut faire, c’est courir un 100 mètres.
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Par exemple, pour remplacer une ancienne berline routière, il vaut largement mieux acheter une petite voiture normale (pas électrique, pas hybride) qui va faire la moitié du poids et le quart de la puissance, plutôt que d’acheter le même style de voiture en hybride électrique qui va faire au moins 30% de poids en plus (donc de matériaux en plus, à la fois à la fabrication, et au recyclage, et l’energie supplémentaire pour les déplacer).
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Au final, les émissions ANNUELLES de co2 n’ont JAMAIS été aussi hautes. Malgré tous les produits soit disant “verts” qui n’ont jamais été aussi abondants…
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Pour ceux qui penseraient que se serait pire sans les produits “verts”, je suggère de regarder la croissance du PIB, l’augmentation des émissions de co2, et l’augmentation de l’endettement. Ceux qui augmentent le PIB sans trop augmenter le co2 sont les pays qui s’endettent lourdement. Et j’ai comme un doute sur la pérennité de cette démarche.
quel soucis voyez-vous dans l’endettement pour diminuer le co2 ? perso assainir/isoler l’ommobilier par endettement me semble nettement préférable comparé à conserver des passoires énergétiques
Le souci de l’endettement, c’est qu’a un moment donné, il faut rembourser les dettes.
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Et il ne faut pas se leurrer, une passoire énergétique pas chauffée ( Je doute fortement que ceux qui habitent des passoires les chauffent à 23° l’hiver dans toutes les pièces) coute BEAUCOUP MOINS CHER en chauffage que le remboursement des dettes pour avoir une isolation complète et une pompe à chaleur high tech hors de prix.
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Redit autrement, une passoire énergétique qu’on ne chauffe pas ne coute rien en chauffage. Une pompe à chaleur pour laquelle on s’est endetté, il fa falloir rembourser l’emprunt, même si on ne la fait pas fonctionner.
A François et Galli,
Je ne pense pas que tout cela relève de l’écoblanchiment (greenwashing) et du “déni”. “Faire des achats éco-responsables” et “compenser en carbone son impact” est déjà une avancée. Toutefois, c’est de porter très attention que ce ne soit pas de l’écoblanchiment (donc être le mieux informéo, ce qui peut prendre du temps et peut être difficile).
Le plus important, c’est surtout aussi d’essayer de moins impacter le plus possible. C’est-à-dire de ne pas faire d’achats/dépenses (vêtements, nourritures etc) et d’utilisation (eau, gaz etc) excessifs que chacuno juge ce qu’iel peut faire et veut faire. Aussi de penser au recyclage et à la réparation, donner plutôt de jeter (ce qui permet à d’autres de pouvoir moins impacter) etc. C’est aussi possiblement de faire d’autres actions pour promouvoir, pour informer, d’être dans une association (pour protéger d’autres animaux, des insectes, aider les autres…) etc. Chacuno est différento, donc choisit son chemin de changement possible.
C’est aussi d’essayer d’écouter sa conscience, ce qui permet me semble t-il de ne pas le percevoir comme un sacrifice et d’être plus assuréo auprès des autres. Cela peut être difficile de faire certains changements selon son entourage et son environnement comme décrit dans l’article. Chacuno fait son choix. Edgar Morin définit « l’humain comme une trinité. Il est à la fois individu, société et espèce. Chacun de ces termes produit l’autre. Ils sont à la fois distincts et indissolubles » (https://www.letemps.ch/culture/livres-edgar-morin-lhumain-definis-individu-societe-espece)
Le vrai déni ne serait-il pas de croire que continuer à impacter autant, si le revenu est élevé, mais avec un label écolo, est suffisant ?
– quel achat ? faire un shopping de 50000€ écoresponsable apporte un gain minuscule par rapport à un achat de 50000€ non écoresponsable… parce que l’écoresponsable serrait d’en acheter 10-100x moins
– avoir une assurance-vie labellisée ESG ne va pas dans le mauvais sens mais n’est pas suffisant : une usine “ESG” qui produirait du plastique est-elle un bon investisement ? cela dépend si son client fait de l’usage unique (et inversément une usine de défense anti-aérienne est bannie des fonds ESG alors que cela n’est pas nécessairement si noir selon moi)
– compenser en carbone son impact, c’est utile en dernier acte après les 3 R (renoncé au futil, réduire dans le sens efficactié énergétique, renouvelable). Compennser si cela sert d’excuse pour faire un we loisir AR en avion c’est contre-productif (d’autant plus qu’à ma connaissance aucune compensation n’a lieu avant l’émission… donc cela revient à jeter ses ordures par terre et payer un nettoyage postérieur) : le nettoyage des rues ne compense pas les incivilités, le solution est la fin des incivilités
L’article – un résumé du livre, je présume – me donne une appréciation nouvelle et utile des obstacles qui freinent les changement qui sont pourtant absolument nécessaires. Je suppose, sans savoir, que le livre apporte quelques tentatives de réponses à ces freins. Quoi qu’il en soit, les commentaires sont tout aussi intéressants pour démontrer, comme 2+2=4, qu’il n’existe pas de réponse concrètes immédiates, ni facile ni même difficile. À 82 ans, je ne connais pas et ne verrai pas la solution et ne peux que souhaiter, le coeur serré, bonne chance à mes enfants et petits-enfants .. tout en me sachant coupable de bientôt traverser l’Atlantique en avion pour faire une toute dernière croisière.
j’ai une question “dérangeante” mais n’y voyez pas une critique mais une vraai question, une vrai envie de comprendre : quel est la logique derrière cette “dernière croisière” ? le billet était acheté avant la prise de conscience ? offert par des gens qui n’ont pas la prise de conscience ? ou c’est vous volontairement comme la dernière cigarette d’un condamné (sauf qu’en l’occurence j’aurais plutôt comparé à un bandi qui commet un dernier braquage, promis demain j’arrête, demain…)
Je ne comprends pas pourquoi vous vous concentrez sur la consommation des plus riches alors que le problème est évidemment notre modèle de production capitaliste détenu par ces même plus riches (bourgeois), qui détiennent également le pouvoir politique et médiatique, ce dont vous avez pourtant l’air d’avoir conscience au vu de la suite de l’article ?
c’est le même problème non ?
quand tu es dans un environnement social qui promeut la surabondance (donc le gaspillage) comme un signe de réussite, fatalement tu travailles pour promouvoir ce système.
si ton environnement social venait à basculer pour promouvoir le responsable, tu aurais une autre attitude au travail (le directeur d’une TPE serrait par exemple plus attentif à la durabilité de ses prodjuits, …)
Pour casser ce cercle vicieux (les riches sont prisonniers de leur propre mentalité, et polluent donc tout aussi sciemment que socialement et culturellement obligés), il y a une solution :
LA TAXATION TRÈS LOURDE (50% du prix d’achat
1, sur les produits : de plastique, à usage unique, à durée de vie trop courte, non recyclables ou non réparables, de luxe,
2, reverser cette taxe aux industries et aux entreprises vertueuses.
3, diminuer de 50% le temps de travail, et valoriser le loisir sans coût ou à très faible coût (dont la lecture, la course ou le vélo).
4, sur les revenus au-delà de $200 000, sur eux un impôt de 70%.
5, quadrupler le prix de l’essence.
Et autres mesures pour casser la consommation à coûts écologiques ou énergétiques.
6, Exiger une durée de vie de 30 ans sur tout appareil ménager, de transport ou de loisir.
7, Financer à même ces taxes les entreprises de recyclage.
Yaka Focon ….
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C’est quoi la définition d’un produit de luxe ?????
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Et ensuite, la taxation : je vous suggère de regarder sur Internet la “taxe yacht” qui devait rapporter 10 millions d’euros par an, et qui finalement ne paie même pas le salaire des agents chargés de la récupérer.
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Pour info, la TVA en France , c’est 20%. Un tout petit yacht dans les 25 mètres, c’est au moins 10 millions d’euros. Donc théoriquement, ça devrait faire 2 millions d’euros de TVA dans les caisses de l’état. Dans la réalité, si vous avez 2 millions d’euros de TVA à payer, allez voir n’importe quel cabinet d’avocats fiscaliste connu : proposez lui 200 000€ d’honoraires et ils vont vous expliquer comment , de façon tout à fait légale, ne pas payer la TVA. Le yacht n’aura peut être pas un pavillon Français, mais ça ne l’empêchera absolument pas ni de naviguer dans les eaux française, ni d’aller dans des ports français. Et vous aurez économisé 1,8 millions d’euros.
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Accessoirement pour les loisirs à très faible cout, le prix moyen d’un vélo de course en carbone, c’est entre 10 000 à 20 000 euros.
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Bref, le monde est quand même très complexe, et il n’y a pas vraiment de solutions simplistes.
Un vélo de course en carbone ? pour des ballades à vélo “loisir”, prenez un bon VTT ou VTC alu, pour moins de 1000 € neuf, 500 en occaz.
Là vous indiquez le budget d’une “machine” à course cycliste (de niveau régional à Tour de France), rien à voir !
Des propositions qui illustrent votre patronyme 🙂
1 ayant fait partie de ces 10%, autant je suis très favorable à une taxe carbonne (la vrai, celle à minimum 100€/t aoujourd’hui et 250€ en 2030), autant votre proposition de taxe a 50% ne va rien résoudre à la surconsomation des riches… le couple qui prend l’avion pour un WE en Grèce, c’est pas le prix qui est un facteur décisif et je doute que vous trouviez une majorité électorale pour voter… hélas…
2 c’est surtout prévu de redistribuer aux individus afin que les moins riches ne soient pas pénalisé par l’inflation que cela provoquera
3 la réduction du temps de travail est une piste intéressante… uniquement parce qu’elle impacte le revenu,,, Mais il y a une masse de personne qui aspirent à gagner plus pour consommer plus, y compris le dernier iphone éphémère… l’an prochain il y en aura un autre à avoir absolument)
4 un impôt/taxe n’est rien sans une affectation de l’éventuel gain qu’il provoque (en passant la majorité des revenus des très riches n’est pas faite sous forme de revenu… et nombreux sont ceux qui ont traversé la frontière…)
5 un quadruplement du prix de l’essence n’as de sens que si vous avez une solution pour ceux qui en ont besoin (oui c’est marginal, mais certains en ont besoin… donc faudra investir dans les transports en commun (qui ne sont pas rentable dans les zones d’étalement urbain) ou financement d’état pour passer au VE/gaz y compris pour ceux qui gagnent le smic voir un demi-smic… ce qui dans l’état actuel mettra la pression sur les resources minières mais c’est peut-être le moins pire pour les 20 années à venir.
6 augmenter la durée de vie des objets est un pas dans la bonne direction mais 30 ans est sans doute une exigence irréaliste à court terme… un ordi de 30 ans par exemple, cela me fait sourire
Et donc ? Le but était de comprendre « les riches ». Très bien, on a compris les freins. Ça nous fait une belle jambe. Au stade où on en est, la question n’est plus de chercher à comprendre ou t’attendre que le changement vienne d’une prise de conscience individuelle. Ça fait 50 ans que l’on parle d’écologie et de changement nécessaire, et on a accéléré le modèle au lieu de le réformer. Et pendant qu’on débat, qu’on essaie de comprendre pourquoi les pauvres riches ne peuvent changer, l’effondrement du vivant a pris une trajectoire exponentielle. Le changement ne viendra pas « d’en haut », ni même de la base, quand je vois l’engouement pour les influenceurs, l’argent facile, tictoc et les complotistes. Ma vision est que nous sommes piégés dans un système qui s’est emballé et que plus personne ne maîtrise, ni les politiques soumis aux lobbyistes et à la sainte Économie, ni les industriels soumis à la logique capitaliste, ni les scientifiques qu’aucun décideur n’écoute, ni les riches soumis aux freins qui ont été exposés dans l’article, ni les pauvres qui rêvent de devenir riches. Qui reste-t-il ? Euh… une poignée d’idéalistes ? Bref, c’est la conclusion à laquelle j’arrive (l’ironie est que je fais apparemment partie des 10%, sans avoir le sentiment d’être « riche »). Il n’y a plus qu’à attendre…
Et donc …?
Toujours accuser les autres, si possible une minorité (ici les riches mais ça pourrait être d’autres catégories de personnes) pour se dédouaner de faire quoi que ce soit …
Vous pensez vraiment changer quelque chose avec ce genre d’article qui pousse à l’inaction de la majorité ? Et après la majorité pleure alors qu’elle n’a rien fait et a laissé une minorité agir à sa guise…
Bref revoir le triangle de l’inaction !
Bonjour Justine,
Je fais une recherche auprès de celles et ceux qui dépassent l’accusation pour développer leurs propres solutions. Si c’est votre cas, accepteriez-vous de m’en parler ?
Merci d’avance !
Je ne vois pas d’accusation dans cet article, au contraire une tentative de comprend ce qui bloque, indispensable pour pouvoir débloquer les choses. je ne vois pas non plus d’excuse du style “ne faites rien c’est la faute des riches”, mais plutôt un fait : en moyenne la pollution augmente avec le revenu et les hauts-revenus ont eux aussi des blocages ralentissent le basculement vers un monde plus durable, d’autant plus important à résoudre que les 90% des l’humanité qui gagnent moins qu’un smic, ont eux aussi envie du rève occidental “villa voiture avion iphone steak”
Honnêtement, je pourrais arrêter de prendre l’avion pour un monde meilleur.
Mais quel monde meilleur ? En juillet, j’ai vu beaucoup de militants écolos défendrent les émeutes. Est-ce que c’est ça le monde meilleur qui est censé nous faire rêver ?
Titre un peu racoleur. Rien de neuf dans cet article pour faire avancer ma réflexion 🙁
Je suis étonnée de votre vision du travail dans l’histoire… En effet, le 18 ème siècle est bien celui de la révolution française. Le partage des terres ne semble pas y avoir été là règle… En réalité, il me semble que Piketty explique plutôt bien que l’égalité a progressé jusqu’à l’avènement de l’ultralibéralisme dans les années 80…pour le reste , sans faire partie de la catégorie visée, tous ces freins me parlent.
Ce qui est inacceptable, c’est qu’une catégorie sociale (non loin une classe), qui a accès à la décision, – qui est donc en situation de responsabilité –, préfère jouer à chat perché.
Mais oui, il y a une sociologie, et il est important de le rappeler (quand nombre d’acteurs publics réduisent la science aux seules sciences exactes, ce qui leur permet de dire des choses complètement approximatives sur le fait social).
Aidons donc les riches à penser : s’il y a des sciences sociales, il y a une réalité d’objets, qui sont autant de leviers politiques majeurs et puissants.
Prenons un exemple : le travail est un de ces objets, une institution du salaire et de la production. Une institution de l’individuation (l’individu, qu’on cherche tant à changer en son cœur, comme s’il n’était pas pour l’essentiel question de son milieu social, technique, économique) et de transformation du monde (un des cœurs du sujet écologique, si on veut être sérieux). En ce sens, c’est une activité où chacun-e engage une bonne volonté largement répandue, et où l’utilité est un besoin de plus en plus exprimé. Une véritable chance, si on comprend en plus que la responsabilité n’est pas un don, mais une construction où l’implication dans la décision et les moyens sont fondamentaux.
Que la classe sociale dont ce livre témoigne ne souhaite pas ouvrir cette question, alors qu’elle est précisément dans la position de le faire (la nature technocratique du pouvoir contemporain, de la direction d’une entreprise à la BCE), rejoint la conséquence d’un état (holiste, non individuel) de domination sociale et économique, par ailleurs documenté.
Vous êtes assez informé pour connaître la gravité des conséquences.
Cette contribution est une compilation d’éléments que l’on connaissait, mais souvent évoqués de façon parcellaire. Elle a au moins le mérite de structurer tous ces éléments, mais on reste sur sa faim évidemment, puisque semble-t-il, les solutions, à défaut d’être présentées (y en a-t-il ?) seraient tout autant complexes que les mécanismes de ce déni “sociétal”.
On peut penser qu’il faut attendre les changements profonds de mentalité, une cinétique particulièrement lente, et certainement pas adaptée aux problèmes qui surgissent.
Ceci explique certainement la bascule activiste d’une frange de notre pays, celle qui a compris, et qui ne baignait pas jusqu’à présent dans ce milieu qui concrétise ses angoisses au grand dam… des plus riches !
“les élites bourgeoises et capitalistes ont volontairement détruit leur moyen de subsistance en s’appropriant les terres cultivées en commun” : vous pouvez développer, parce que cela ressemble plus à du Kim Jong-Un qu’à un travail d’historien.
Au-delà du diagnostic plus ou moins convaincant, on attend les propositions concrètes.
Allo Marc, c’est ce que les historiens appellent “l’accumulation primitive” du capital, qui constitue l’acte de naissance du capitalisme, en Angleterre à partir du 16e siècle (en se combinant bien sûr avec le commerce colonial et l’impérialisme). Si c’est Marx qui a le premier mis le doigt sur cela, les historiens ont pour la plupart montré que ce phénomène a eu lieu.
Allo François,
ça n’explique tout de même l’affirmation hâtive d’une confiscation volontariste des terres communes. C’est un postulat bien ambitieux. L’exode rural en France et la conversion vers les métiers des premières industries capitalistes est pour partie lié aux crises agricoles répétées, pour partie aux guerres, aux salaires plus attrayants, aux droits sociaux chèrement acquis par les ouvriers, à l’imaginaire de la ville, etc. Un cycle qui n’a été que renforcé par l’agriculture intensive et la diminution du besoin en main d’oeuvre agricole. Les quelques terres communes en rotation n’ont pas grand chose à voir là-dedans.
Bonjour,
Merci pour cet article qui a le mérite d’être clair et utile.
Je me demande s’il n’existe pas une troisième voie où nous, les classes moyennes, accédons toujours à la richesse par nos efforts et notre travail, mais où nous utilisons notre argent de manière responsable (plus d’avion, régime végétarien, style de vie minimaliste…etc).
De cette façon nous pourrions influencer les élites actuelles au lieu d’attendre qu’elles changent.
Qu’en pensez-vous ?
Pour changer la donne, il faut changer le système… financier. Sur les 10 ans à venir, pas à pas, détaxer totalement le travail pour taxer à fond les matières premières et l’énergie qui polluent, de façon à ce que tout le monde soit intégré et respecté, partager les richesses équitablement et surtout faire en sorte que réparer un objet soit plus rentable que d’en acheter un neuf, prendre soin de la nature soit plus rentable que de la détruire, donc la valoriser dans le capital, produire local soit plus rentable que délocaliser ….
Donner du temps aux humains, les écogestes sont tous chronophages, donc tous à mi-temps ou 3- 4 jours, moins et mieux. Renoncer à l’overdose de matérialité futile et le gaspillage stérile, pour investir sur le temps, le soin et l’attention dans la joie, l’entraide et la solidarité pour sortir par le haut de l’impasse sociétale et environnemental en tournant le dos au chaos écocide.
En quelques années, on change la face du monde. Actuellement notre système est antisocial et antiécologique : on taxe à mort la main d’oeuvre qui est sur abondante pour l’économiser alors qu’elle est abondante, cela sert surtout à ne pas partager les richesses et à diviser pour régner, on gaspille ce qui pollue, en n’assumant pas la destruction par les polluants qui dépassent l’assimilation par l’écosystème. Notre société est donc toxique physiquement et psychiquement.
Pour satisfaire l’égo des élites qui veulent être supérieures, surperformantes, leaders, c’est cela leur moteur, créer un système de valeur décarbonée, en les likant pour leur engagement à sauver l’écosystème, le vivant. C’est un peu ce qui s’est passé quand il y a eu la collecte pour Notre Dame…. la planète c’est autrement plus grave et urgent avec un effet boomerang fâcheux pour les petits mammifères terrestres hyperdépendants du seul écosystème qui nous permette de vivre ici bas.
Plutôt que de courir vers Mars, il faut d’abord sauver l’écosystème terrestre.
Vœux pieux de quelqu’un qui n’a aucune compétence en fabrication ou conception de produits :
“faire en sorte que réparer un objet soit plus rentable que d’en acheter un neuf”
Malheureusement, il faut fréquemment nettement plus de ressources (outillage, compétences, temps) pour réparer un produit que pour le fabriquer. Ne serait ce que pour le diagnostic de la panne.
Exemple : carte électronique : Conception : 5 ingénieurs pendant 6 mois : 5 * 6 *160 = 4800 heures de conception. Temps de réalisation 30 secondes. Soudage par machines automatiques. Nombre de cartes produites : 10000.
“produire local soit plus rentable que délocaliser”
C’est délocalisé en France, mais c’est produit local en Asie. Une usine unique qui produit pour le monde entier sera toujours moins chère que une usine par pays, produisant pour son marché local. Et ça résoudra rien en matière de transport. Parce qu’au lieu de transporter le produit fini, il faudra transporter les matières premières pour alimenter l’usine. A moins qu’il y ait des mines de fer, de bauxite, de cuivre, de lithium, etc etc etc réparties partout dans le monde pour chaque pays.
Manque un paragraphe dans le message précédent pour l’exemple de la réparation de produit :
Achat d’une carte = achat de 4800 h / 10000 cartes = 30 minutes d’ingénierie et 30 secondes de machine automatique.
La première réparation venue nécessitera bien plus de 30 minutes pour le diagnostic (rappel temps de conception 4800 heures). Et la réparation nécessitera de toutes façon de l’outillage spécialisé que chaque réparateur sera obligé d’avoir.
pas nécessairement :
quand la batterie d’un téléphone tombait en panne, on changeait la batterie, pas besoin d’un expert spécialisé. Fairphone permet aussi de réparer son smartphone ainsi sans avoir un besoin expert diagnostique. par contre si ton iphone a la vitre cassé, c’est prévu pour te décourager de le réparer.
quand l’électronique de ton lave-vaisselle tombe en panne, tu pourrais avoir la possibilité de changer la carte électronique en la devisant… au lieu de jeter tout l’appareil
idem avec une machine à café qu’on jette au complet si le tuyeau de chauffe est bouché.
idem avec un réfrigérateur qui pourrait avoir la “boite” séparé du groupe froid (comme on fait pour les chambres froide dans l’horéca… si le groupe froid tombe en panne, on ne jette/remplace pas tout mais uniquement le groupe froid)
une machine a pain pourrait avoir ses vis réellement accessible et pas coincé au fond d’un fin tube afin de nécessité un tournevis + fin que la normal pour y accéder.
le nombre de vis différente pourrait être divisé par 10 au moins.
le phare de ta voiture pourrait se remplacer aussi facilement qu’une ampoule led de ta maison et non pas conçu pour prendre 1h.
le filtre à huile d’une voiture fossile pourrait se nettoyer aussi facilement que celui d’une hôte de cuisine ou de l’eau potable dans certains logements.
etc etc
pour l’instant quasi tout est prêt-à-jeter
Je ne suis pas tout à fait d’accord. Il y a beaucoup de produits qui sont techniquement réparables. Il suffit de voir la quantité de pièces détachées disponibles sur les sites en ligne de pièces électroménagers, ou même sur la baie.
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Le problème est que les produits ne sont pas économiquement réparables.
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Pour la carte électronique du lave vaisselle, il faut déjà être certain que c’est bien le sous ensemble en panne, et pas un capteur, un afficheur, un bouton, le moteur ou un actionneur. Il faut donc un minimum d’outillage de contrôle et de compétences pour diagnostiquer la bonne pièce à remplacer.
Pour le groupe froid du frigo, si vous n’avez pas l’attestation de capacité en fluides frigorigènes, vous ne pourrez pas recharger en gaz votre réfrigérateur après remplacement du groupe. C’est aussi simple que ca.
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Le salaire minimum pour embaucher ne serait ce qu’un illettré est le SMIC, soit 1747 € bruts. Vous avez l’obligation légale de garantir vos réparations.. Et vous allez rajouter 20% de TVA pour le compte de l’état.
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Tout ça fait que la réparation est plus chère que le remplacement pur et simple.
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PS: Les sites de pièces fonctionnent en majorité, soit avec des bricoleurs qui ne facturent pas leurs temps, leurs compétence et leur outillage. Soit avec des entités un peu en marge de la légalité : URSSAF ? TVA? Conges payés ? Garantie ?
Les raisons de ne pas changer évoquées dans cet article sont intéressantes mais concernent les français en général ; dommage de ne pas détailler celles des vrais “riches”, et d’autre part de les cataloguer comme des aliens, alors qu’ils font partie intégrante de la société.
Débat intéressant.
Je pense que l’écologie est trop marquée à l’extrême gauche.
Même sans être dans la catégorie des riches, je constate autour de moi qu’on parle beaucoup d’écologie mais que certaines idées d’extrême gauche sont très repoussantes (par exemple sur la sécurité). Pour convertir les riches à l’ecologie, il faut proposer un projet de société plus inclusif, moins clivant. Et respecter les opinions de chacun.
Après, pour intéresser Neymar ou Cristiano à l’écologie, je n’ai évidemment pas la solution.
C’est tout ? Donc j’en disais que la solution est que chacun aille vivre sobrement loin des centre villes , probablement en auto suffisance comme dans les sociétés pré industrielles? Et en premier chef les riches coupables de tous les maux (avec toujours cette pointe de moralisme) quand les autres eux moins bien lotis sont excusés car c’est le système qui est responsable de leur sort…
Il ne faut pas ensuite s’étonner que ce genre de discours ne fasse rêver personne voir qu’il soit moqué comme étant Hamish
Ce qui fait de moins en moins rêver c’est le sempiternel discours selon lequel le capitalisme et la technologie vont nous sauver. Le disque est rayé. Quant aux Hamish, si ce n’était que d’eux, le réchauffement climatique serait un problème inexistant. Se moquer de cette communauté, qui n’est d’ailleurs pas homogène dans son mode de vie, est une posture franchement moraliste et arrogante qui rappelle celle du colonisateur face aux « sauvages ».
Belle contribution pour expliquer la machine à objections et la culture du déni.