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Le deep sea mining : comment l’exploitation minière des fonds marins menace notre avenir

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Ce texte sur l’exploitation minière des fonds marins est écrit par Anne-Sophie Roux, activiste pour l’océan, chargée de campagne contre le Deep Sea Mining pour l’Europe, Sustainable Ocean Alliance et co-fondatrice du mouvement #LookDown

L’exploitation minière des fonds marins, ou « Deep Sea Mining », est une industrie naissante qui menace notre plus grand puits de carbone et de biodiversité au monde : l’océan profond.

Avec les scientifiques et activistes travaillant sur le sujet depuis des années, nous faisons le point sur les faits scientifiques établis sur cette industrie, ainsi que sur l’appel au moratoire venu de scientifiques du monde entier et rejoint par de nombreux gouvernements, institutions et entreprises internationales, alors que les négociations finales qui vont décider du futur de l’océan profond ont lieu en juillet 2023.

Le rôle de l’océan profond face aux crises du climat et de la biodiversité

L’océan profond commence à partir de 200m de profondeur, et atteint près de 11km (10,935m exactement) de profondeur, au point le plus profond connu à ce jour, la Fosse des Mariannes. Si l’on mettait le Mont Everest au fond de l’océan, il resterait 2 000m avant que le pic ne perce la surface.

On a tendance à se représenter l’océan profond comme une exception, un écosystème loin de nous et peu important. Pourtant, la profondeur moyenne de l’océan est de 3 688m : l’océan profond est bien la norme, et non pas l’exception.

Il constitue le plus vaste écosystème de notre planète, mais également le moins étudié. A titre de comparaison, les scientifiques ont cartographié la surface de la Lune mieux que le fond de l’océan.

L’océan profond : notre plus grand puits de carbone

Carte des fonds océaniques par altimétrie spatiale.  Crédit : IRD 2006
Crédit : IRD 2006

Un écosystème moins exploré et moins connu que la Lune

La surface de la Lune – et même celle de Mars depuis peu – ont été mieux cartographiées que le fond de notre océan. A chaque nouvelle expédition dans les abysses, les scientifiques découvrent de nouvelles espèces, de nouvelles interactions entre espèces, ou des espèces jamais observées vivantes. 

L’un des premiers arguments mis en avant par les scientifiques concernant l’exploitation minière des fonds marins est ce manque de connaissances : comment pouvons-nous exploiter, et donc risquer de détruire, un écosystème que nous n’avons même pas commencé à explorer et à comprendre ? D’autre part, comment des entreprises pourraient établir des mesures d’impacts solides si nous n’avons même pas assez de données pour établir l’état initial de l’écosystème ?

La plus grande réserve de biodiversité au monde

Lorsque l’on s’imagine les abysses, on s’imagine souvent un monde vide, immense et dénué de vie. Pourtant, chaque nouvelle expédition scientifique dans les profondeurs de l’océan amène son lot de découvertes de nouvelles espèces et de nouvelles interactions entre espèces. Des pieuvres Dumbo aux coraux des grandes profondeurs, en passant par les poissons Barreleye au crâne transparent et les sinosophores bioluminescents, la biodiversité abyssale est foisonnante, et fascinante.

En 2017, seulement 240 000 espèces marines ont été décrites par les scientifiques alors que le nombre d’espèces estimées présentes dans l’océan est compris entre 500 000 et plus de 10 millions (sans compter le monde microbien).

Les animaux vivant dans ces grandes profondeurs ont évolué de manière relativement protégée des êtres humains pendant des millions d’années, développant des mécanismes de communication, de survie et de prédation surprenants – comme la bioluminescence, qui constitue le premier moyen de communication dans les abysses.

En raison de cette vitesse de croissance extrêmement lente, la biodiversité abyssale est une biodiversité peu résiliente : les scientifiques pensent que la biodiversité et les écosystèmes des profondeurs ne se remettraient jamais de l’exploitation. 

Les impacts directs et indirects de l’exploitation minière des fonds marins

L’exploitation minière des fonds marins ou “Deep Sea Mining” : définition

L’exploitation minière des fonds marins est une industrie naissante visant à extraire les métaux, tels que le cobalt, le cuivre, le manganèse ou le nickel, présents dans les profondeurs de l’océan. A l’heure actuelle, aucun contrat d’exploitation minière n’a été délivré : il existe 31 contrats d’exploration minière, détenus par des pays et des entreprises privées ou centres de recherches publiques. 

Toutefois, les contrats existants d’exploration minière (qui ont donc vocation à explorer les gisements miniers des fonds marins et d’en maximiser le rapport coût – bénéfice) pourraient se transformer en contrats d’exploitation commerciale à compter du 9 juillet 2023. Ce, en raison d’une entreprise minière, The Metals Company, qui a imposé un ultimatum de deux ans à tous les Etats en juin 2021 afin de commencer l’exploitation commerciale à grande échelle, qu’un cadre réglementaire soit en place ou non, que les données scientifiques soient suffisantes, ou non.

Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme depuis des années sur les conséquences de cette industrie naissante  car les impacts de cette exploitation sur un écosystème que l’on connaît moins que la surface de la Lune seraient irréversibles, et globaux. Selon elles et eux, le principe de précaution doit prévaloir et le démarrage de l’exploitation doit être au mieux stoppé, au minimum retardé. 

Avec l’exploitation minière des fonds marins, il faut se représenter d’immenses moissonneuses-batteuses, faisant 3 à 5 fois plus que la taille des moissonneuses terrestres, qui raclent les fonds marins en remuant les sédiments et créant ainsi des nuages de sédiments en suspension qui impacteront l’ensemble de la colonne d’eau, des abysses jusqu’à la surface.

Visualisation d’une machine d’exploitation minière des fonds marins (deep sea mining). Crédits : Film In Too Deep, Deep Sea Conservation Coalition
Visualisation d’une machine d’exploitation minière des fonds marins. Crédits : Film In Too Deep, Deep Sea Conservation Coalition

Les écosystèmes visés par l’exploitation minière des fonds marins

Les premiers écosystèmes visés par l’industrie minière sont les plaines abyssales : de vastes plaines présentes entre 2 000 et 6 000 mètres de profondeur. Sur ces plaines, les nodules polymétalliques sont dans le viseur des entreprises minières. D’apparence, ces nodules ressemblent à des cailloux noirs de la taille d’une pomme de terre (entre 1 et 12 cm exactement). 

Ces nodules sont une prouesse résultant de millions d’années de croissance très lente : de l’ordre d’une dizaine à une centaine de millimètres par million d’années. Ils se forment à travers la précipitation de métaux dissous dans l’eau autour d’un noyau – os, coquillage, dents de requin – et sont surtout constitués de manganèse, nickel, cobalt et cuivre. Ils constituent également un habitat crucial pour les espèces des abysses et sont d’une importance cruciale pour la continuité et l’intégrité du réseau alimentaire marin.

Les impacts de l’exploitation minière des fonds marins : climat, biodiversité, pêches et vies humaines

Les scientifiques ont étudié les impacts directs et indirects résultant de l’exploitation des grands fonds marins :

Infographie résumant les impacts directs et indirects de l’exploitation minière des fonds marins, ou le deep sea mining . Crédits : Drazen, et al. 2020.
Infographie résumant les impacts directs et indirects de l’exploitation minière des fonds marins. Crédits : Drazen, et al. 2020.

Les arguments des entreprises minières démystifiés

Les entreprises minières, au premier rang desquelles The Metals Company, affirment qu’il est nécessaire de miner les fonds marins pour effectuer les transitions énergétiques de nos sociétés et nos économies. Un argument en apparence louable, pourtant réfuté par de nombreux rapports scientifiques indépendants qui mettent en avant les raisons suivantes :

  1. Le lithium, le métal le plus utilisé pour la fabrication des batteries, n’est pas présent en des quantités suffisantes dans les fonds marins.
  2. L’innovation de la fabrication des batteries tend à réduire les besoins en cobalt et nickel (les deux métaux les plus recherchés dans les fonds marins). Par exemple, Tesla commercialise déjà des voitures dont les batteries ne nécessitent pas ces métaux.
  3. L’investissement dans les technologies de recyclage et d’économie circulaire pour réemployer les métaux déjà extraits sur terre permettrait de répondre à la demande. 
  4. En raison de la faible teneur en métaux des gisements marins, l’exploitation minière des fonds marins ne remplacerait jamais l’exploitation minière terrestre : cela ne ferait que doubler les impacts environnementaux et socio-économiques. 
  5. Même les entreprises qui pourraient être les clientes de cette industrie (fabricants de voitures, de téléphones, de batteries) ont rejoint le moratoire en s’engageant à ne jamais utiliser de métaux provenant des fonds marins ; à l’instar de Volvo, Samsung, Google, Volkswagen ou Renault.
  6. L’industrie n’est même pas viable commercialement ni financièrement, comme le démontrent 36 institutions financières représentant plus de 3 mille milliards d’euros d’investissements qui ont rejoint le moratoire en s’engageant à ne pas financer les entreprises souhaitant miner les fonds marins.

L’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM), l’entité chargée de réguler l’industrie, criblée de conflits d’intérêts

L’Autorité Internationale des Fonds Marins

L’Autorité Internationale des Fonds Marins, l’AIFM (ou l’International Seabed Authority, ISA, en anglais) est l’entité onusienne, basée à Kingston, en Jamaïque, chargée d’encadrer et de réguler l’exploitation minière des fonds marins. Dès le démarrage, cette institution a été chargée d’un double mandat contradictoire : d’un côté, on lui demande d’encadrer l’industrie minière, et de l’autre, de protéger les fonds marins “pour le bien commun de l’humanité”. 

Ce double mandat est irréconciliable car, comme les scientifiques l’ont démontré, l’exploitation des fonds marins résulte de facto en la destruction des écosystèmes et la perturbation de de la fonction de puits de carbone de l’océan. Il n’existe en effet aucun organe scientifique indépendant pouvant jouer un rôle de contre-pouvoir et d’encadrement voire de surveillance des entreprises minières. 

Créée en 1994, l’AIFM tient des négociations sur l’exploitation minière des fonds marins depuis près de trente ans, de manière assez opaque et cachée des gouvernements qui sont pourtant censés être aux manettes de la prise de décision. Deux instances de l’AIFM exercent des rôles différents : 

  • Le Conseil de l’AIFM réunit 37 Etats membres, dont 36 votant : c’est l’organe exécutif qui a lieu trois fois par an depuis l’activation de la règle des deux ans par The Metals Company pour négocier le code minier, c’est-à-dire le cadre réglementaire qui encadrerait les entreprises minières ;
  • L’Assemblée Générale de l’AIFM réunit 167 Etats membres, plus l’Union européenne : c’est l’organe suprême qui n’a lieu qu’une fois par an, et qui est une plateforme d’expression plus large et plus politique que le Conseil.

The Metals Company et la “règle des deux ans”

L’autre acteur majeur de l’exploitation minière des fonds marins, aux côtés de l’AIFM, c’est The Metals Company. Anciennement nommée Nautilus Minerals, puis Deep Green, cette entreprise minière basée à Vancouver, au Canada, est la première entreprise du deep sea mining. Son fondateur, Gérard Barron, en est à son deuxième coup d’essai puisque l’ancêtre de TMC, Nautilus Minerals, a fait faillite en 2019 suite à un échec environnemental, socio-économique et commercial majeur lié à l’exploitation des écosystèmes abyssaux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée : le projet Solwara I

En effet, alors que la Papouasie-Nouvelle-Guinée était censée bénéficier économiquement de ce premier test à grandeur nature de l’exploitation minière des fonds marins, elle s’est retrouvée avec une dette de 157 millions de dollars australiens et des dommages irréversibles pour la biodiversité, donc pour l’économie locale liée à la pêche. Cet échec a constitué le point de départ de la mobilisation des Etats du Pacifique (Palau, Fidji, États fédérés de Micronésie, Samoa) pour demander l’instauration d’un moratoire international. 

Malgré cet échec retentissant, Gérard Barron persiste. En tant que PDG de The Metals Company, il accélère le processus de négociations à l’AIFM en activant la règle dite “des deux ans”. Cette règle donne, à partir du moment où elle est activée, deux ans à l’ensemble des Etats membres pour s’accorder sur un code minier, avant le démarrage de la phase d’exploitation. TMC a activé cette règle des deux ans en juin 2021.

Conséquence : l’ensemble des contrats d’exploration qui existent aujourd’hui pourront se transformer automatiquement en contrats d’exploitation, à compter du 9 juillet 2023, sur la base de l’ébauche la plus récente du code minier. En d’autres termes, l’exploitation minière des fonds marins pourrait démarrer à partir de juillet 2023, et ce, qu’un cadre réglementaire solide soit en place, ou non.  L’entreprise minière TMC fait donc du forcing pour miner les fonds marins au plus vite, et s’arroger les bénéfices économiques à elle seule, en dépit des alertes répétées des scientifiques. 

Pour cette raison, les négociations de juillet à l’AIFM sont les négociations que l’on pourrait dire “de la dernière chance” : du 10 au 21 juillet (Conseil) et du 24 au 28 juillet (Assemblée), les États ont la dernière opportunité d’empêcher le démarrage précipité de cette industrie et d’imposer un garde-fou fort. 

Les enquêtes pour corruption et conflits d’intérêts

Concrètement, la manière dont l’AIFM fonctionne aujourd’hui est telle que l’on demande aux entreprises minières de s’auto-réguler et de veiller à ce qu’elles appliquent bien les règles qu’elles s’imposent elles-mêmes, tout ça à 4 000 ou 6 000 mètres de profondeur – là où personne ne sera là pour vérifier qu’elles les appliquent. 

Comme Sandor Mulsow, géologue minier et ancien chef scientifique de l’AIFM avant d’en claquer la porte en 2019, le dit : « On demande au loup de surveiller la bergerie ».

Cela fait des décennies que les entreprises minières ont inflitré l’AIFM pour imposer les règles qui soient les plus souples possibles pour elles. L’AIFM et The Metals Company ont notamment été épinglées à de nombreuses reprises par les enquêtes de journalistes indépendants comme Eric Lipton, journaliste du New York Times ayant reçu trois fois le Prix Pulitzer, pour corruption et conflits d’intérêts. 

Plusieurs enquêtes du New York Times, du LA Times et de Bloomberg, ont en effet démontré les liens entre les hauts placés de l’AIFM, au premier rang desquels Michael Lodge, son Secrétaire Général, et les hauts placés des entreprises minières comme The Metals Company, comme leur PDG Gérard Barron. 

Pour ces raisons, les scientifiques demandent également aux Etats d’instaurer un processus de réforme institutionnelle de l’AIFM, aujourd’hui incapable de réguler l’industrie d’une manière qui protège efficacement l’environnement marin pour le bien commun de l’humanité.

La vague d’opposition au Deep Sea Mining grandit 

765 scientifiques expert·e·s des fonds marins ont co-signé un appel appelé Scientific Statement on Deep Sea Mining, appelant les gouvernements du monde entier à imposer un moratoire international sur l’exploitation minière des fonds marins afin d’empêcher son démarrage précipité par The Metals Company.

L’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) a également appelé les Etats membres de l’AIFM à s’opposer à cette industrie ; de même que le Parlement européen, qui a appelé les Etats européens à écouter les scientifiques et à rejoindre le moratoire

Qui sont les gouvernements qui s’opposent au deep sea mining ?

La vague d’opposition des Etats à l’exploitation minière des fonds marins a démarré en juin 2022, avec les Etats du Pacifique (Samoa, Palau, Fidji et Micronésie). Ces Etats seraient en effet les premiers directement impactés par l’exploitation minière des fonds marins, puisque la première zone visée par les entreprises minières est la Zone Clarion-Clipperton, une région aussi grande que l’Europe dans l’Océan Pacifique, au large du Mexique et au Sud de Hawaï. 

En l’espace d’un an, grâce aux actions coordonnées d’activistes, d’ONG et de scientifiques sur tous les continents, mais aussi grâce à une mobilisation de plus en plus massive de la société civile et des médias, 21 Etats se sont positionnés officiellement contre cette industrie. 

En France, grâce à une mobilisation collective, de lobbying auprès des Ministères et d’un travail auprès de Parlementaires comme Nicolas Thierry, avec qui nous avons fait voter une Proposition de résolution votée à la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, nous avons réussi à convaincre le gouvernement français à prendre une position qui est aujourd’hui la plus ambitieuse à l’échelle internationale : l’interdiction complète de l’exploitation minière des fonds marins.

Aujourd’hui, la vague d’opposition à cette industrie grandit de mois en mois. En l’espace de deux semaines, lors de la reprise des négociations de juillet 2023, sept pays se sont positionnés : la Suisse, la Suède, l’Irlande, le Canada, le Brésil, la Finlande et le Portugal. 

Infographie chronologique des différents pays s’étant positionnés contre l’exploitation minière des fonds marins, à jour du 15 juillet 2023. Crédits : Deep Sea Conservation Coalition
Infographie chronologique des différents pays s’étant positionnés contre l’exploitation minière des fonds marins, à jour du 15 juillet 2023. Crédits : Deep Sea Conservation Coalition

Des entreprises et institutions financières rejoignent l’opposition au Deep sea mining

A mesure que nous réussissons à convaincre toujours plus d’Etats d’écouter la science et de rejoindre le moratoire, des investisseurs, banques et assureurs se désengagent de l’industrie les uns après les autres. En juin 2023 par exemple, trois des plus grandes banques du Royaume-Uni ont refusé plus de deux mille milliards de livres aux entreprises de l’exploitation minière des fonds marins et le cours en bourse de The Metals Company a chuté de 15.4%

Le 19 juillet 2023, en pleine négociation, 36 institutions financières représentant plus de 3 mille milliards d’euros d’investissements ont appelé les gouvernements à empêcher le démarrage de l’industrie à l’échelle internationale.

Pourquoi le mois de juillet 2023 est crucial

Malgré cette vague d’opposition grandissante sur tous les continents, les entreprises minières jouent des coudes pour précipiter l’adoption du code minier et commencer à miner les fonds marins ; tandis que Michael Lodge, Secrétaire Général de l’AIFM, fait pression sur les gouvernements pour laisser l’industrie démarrer – ce qu’il n’est pas censé faire en sa qualité de Secrétaire Général d’une entité onusienne censée protéger les fonds marins pour le bénéfice de l’humanité. 

Les négociations de juillet 2023 (du 10 au 28 juillet) représentent la dernière chance pour les Etats de s’opposer au démarrage précipité de cette industrie. Après cette date fatidique, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Nous sommes donc en ce moment-même à pied d’œuvre, dans ces négociations et auprès de tous les gouvernements clefs restants, pour protéger notre plus grand allié face à la crise climatique de la destruction de ses écosystèmes.

Dans ces négociations, un combat intense se joue actuellement entre les pays “champions” (Costa Rica, Chili, France, Vanuatu, Suisse, …) et les intérêts miniers (comme The Metals Company, qui siège sur la délégation de Nauru, mais aussi l’AIFM qui est loin d’être neutre dans le processus de décision). 

Durant les négociations du Conseil de l’AIFM (du 10 au 21 juillet), TMC a tenté de provoquer une accélération du calendrier, 48h avant la fin de la session, derrière des portes closes, afin d’adopter le code minier le dernier jour. Heureusement, les actions coordonnées des activistes, ONGs et des Ministres des gouvernements champions ont permis, au dernier moment, de bloquer cette tentative d’accélération et de faire basculer une poignée de pays du bon côté. 

Mais en raison de la restriction des libertés de la société civile à l’AIFM (journalistes interdits d’entrée dans le bâtiment, observateurs empêchés d’envoyer des informations à l’extérieur et surveillés par des gardes armés), ça ne s’est joué à pas grand-chose. TMC a parié sur le fait que cela allait suffire pour passer en force et obtenir le feu vert pour miner les fonds marins : ils ont perdu. 

Nous avons réussi à empêcher l’adoption du code minier et de bloquer cette tentative d’accélération de TMC, mais la menace du deep sea mining reste bien réelle. L’Assemblée de l’AIFM qui s’ouvre du 24 au 28 juillet sera cruciale : c’est durant cette semaine que les Etats vont discuter du moratoire à mettre en place pour empêcher l’industrie de démarrer de manière totalement dérégulée et sans données scientifiques, comme TMC souhaite le faire.

L’activisme fonctionne

Vous pouvez nous rejoindre sur @look_down_action, où nous mettons régulièrement à jour des nouvelles depuis les négociations en Jamaïque et où nous vous proposons des actions régulières, faisables en moins d’une minute depuis chez vous, et qui peuvent avoir un impact immense. C’est grâce à cette mobilisation, sur les réseaux sociaux, en envoyant des mails automatiques, en taguant les gouvernements, en publiant des tweets pré-rédigés, que nous avons obtenu toutes ces victoires. 

Avec l’exploitation minière des fonds marins, c’est plus qu’une décision concernant l’humanité toute entière qui se joue : c’est aussi une vision de la société telle que nous souhaitons la faire advenir qui se dessine. Pour une fois – et ça n’arrive pas tous les jours – nous avons l’occasion d’empêcher la destruction du vivant et la perturbation de notre plus grand puits de carbone au monde. Et pour une fois, nous pouvons gagner. C’est maintenant que ça se joue. 

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2 Responses

  1. On ne peut pas non plus faire la promotion de la « transition énergétique », qui – présentement – consiste essentiellement à changer la forme et non le fond ; et s’étonner que certains sortent leurs dents longues dès qu’il s’agit d’exploitation minière. Cobalt ou pas, la demande générale en matière première va exploser. En 2020, la Banque mondiale, qui n’est à priori pas infiltrée par Greenpeace, prévient que même en les recyclant à 100% (ce qui est impossible) le cuivre et l’aluminium viendront à manquer (mais qu’il faut tout de même aller de l’avant vers la « transition »). Prochaine étape : le forage de la Lune. Un SUV, même électrique, vaut bien ca.

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Auteur
Thomas Wagner
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  1. On ne peut pas non plus faire la promotion de la « transition énergétique », qui – présentement – consiste essentiellement à changer la forme et non le fond ; et s’étonner que certains sortent leurs dents longues dès qu’il s’agit d’exploitation minière. Cobalt ou pas, la demande générale en matière première va exploser. En 2020, la Banque mondiale, qui n’est à priori pas infiltrée par Greenpeace, prévient que même en les recyclant à 100% (ce qui est impossible) le cuivre et l’aluminium viendront à manquer (mais qu’il faut tout de même aller de l’avant vers la « transition »). Prochaine étape : le forage de la Lune. Un SUV, même électrique, vaut bien ca.

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