Le niveau d’information sur le climat n’a jamais été aussi mauvais

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Bardella Apolline de Malherbe matinale BFM
©Crédit Photographie : Capture d’écran BFMTV
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Les Nations unies considèrent l’accès à des informations précises et fiables sur le changement climatique comme un droit humain fondamental. Les États ont la responsabilité de collecter et de diffuser de manière proactive des informations sur le changement climatique et son impact sur les êtres humains“.

À la lecture de cette phrase, on réalise à quel point le niveau d’information sur le changement climatique en France (et ailleurs) n’est pas à la hauteur, et qu’il n’a probablement jamais été aussi mauvais.

Cet échec ne date pas d’hier. Déjà en 2002, alors que 3 rapports du GIEC étaient déjà publiés et que les chefs d’États savaient que le réchauffement climatique était d’origine humaine, personne n’avait alors demandé de comptes à Jacques Chirac lors de son 2e mandat. Y compris après sa célèbre sortie “notre maison brûle et nous regardons ailleurs”.

Mais si Jacques Chirac n’a pas fait grand-chose, 2002 ne ressemble en rien à la situation dans laquelle nous sommes en 2025. 6 rapports du GIEC et des milliers d’autres rapports scientifiques ont été publiés. Cela fait presque 20 ans qu’aucun corps scientifique national ou international n’a nié le réchauffement climatique d’origine anthropique. Même les pétroliers et gaziers ont arrêté de nier cette origine anthropique. Surtout, il ne se passe pas une semaine sans qu’une canicule, une sécheresse, une inondation ou un ouragan ne soit boosté par le changement climatique et ait des conséquences mortelles.

Avec tant d’informations disponibles, des consensus scientifiques établis depuis des décennies, il est aujourd’hui inadmissible de ne pas avoir une information sur le changement climatique ou la biodiversité à la hauteur des enjeux. Inadmissible n’est d’ailleurs pas le meilleur mot pour illustrer la situation. C’est criminel.

Le changement climatique tue. La désinformation climatique et/ou le manque d’information (volontaire) tue. Ce sont des faits établis et indiscutables. En 2002, il était encore possible qu’un ou une journaliste ne soit pas formé(e) au changement climatique, ses causes et ses conséquences. En 2025, c’est une faute structurelle mais aussi individuelle, un manque grave de compréhension du monde, des enjeux actuels et à venir.

Plus grave encore. Cette défaillance du traitement médiatique est telle qu’elle permet aux gouvernements et aux entreprises de laisser entendre qu’ils agissent alors qu’il n’en est rien. Et c’est uniquement grâce à la complicité d’un système politico-médiatique sur qui le gouvernement et les chefs d’entreprises peuvent compter pour dérouler leur greenwashing à longueur de journées, de semaines, de mois et désormais d’années.

40° C en France et les interviewers regardent ailleurs

Les 10 jours de canicule entre fin juin et début juillet 2025 ne viendront certainement pas contredire cette tendance. Alors que la France subissait une canicule où des centaines de records de température ont été battus et qu’il a ponctuellement fait plus de 40°C dans la moitié du pays, le traitement de la canicule a encore une fois raté l’essentiel.

Le changement climatique, c’est vous non ?

Le gouvernement Macron a encore pu déballer sa technique favorite, la redirection de la responsabilité sur les individus, sans contradiction. L’un des meilleurs exemples est celui du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui souhaite stopper le financement des énergies renouvelables, et qui a pu appeler au micro de France Inter les citoyens à “la responsabilité”.

Effectivement, le réchauffement climatique, c’est votre faute à vous, les irresponsables citoyens français. Pas la faute du gouvernement Macron ou de TotalEnergies. C’est votre faute, vous les irresponsables.

Il n’est pourtant pas difficile de s’informer sur la qualité de la politique climatique du gouvernement Macron. Le Haut Conseil sur le Climat le fait depuis 7 ans et vient tout juste de sortir son 7e rapport, qui souligne à nouveau les manquements de la politique gouvernementale en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Lorsqu’un membre du gouvernement est interrogé, voici ci-dessous les ordres de grandeur que devrait rappeler tout journaliste :

Pourquoi le Premier ministre François Bayrou n’a-t-il jamais été interrogé sur les objectifs climatiques de la France qui ne sont pas respectés ? Sur les morts de la canicule et sur les moyens mis en œuvre pour protéger les Français ? En 2025, ne pas le faire, ne pas les questionner, ce n’est pas un oubli, c’est un choix délibéré et irresponsable qu’il est urgent de modifier.

Comment est-il possible d’entendre des politiques, journalistes et éditorialistes parler d’écologie punitive en 2025, sans contradiction ? Comment les laisser dire une bêtise pareille, alors que la canicule que nous venons de subir fin juin 2025 a fait plus de 2300 morts en Europe ?

Comment le député d’extrême droite condamné par la justice Julien Odoul a-t-il la possibilité de dire dimanche 6 juillet à 8H30 sur France info que l’éolien “est une escrologie”, à l’encontre des travaux scientifiques, sans contradiction ? Pourquoi peut-il dire qu’il faut finir l’autoroute A69, que les écolos sont des écoterroristes et que si on les écoutait il faudrait revenir à l’âge de pierre, sans contradiction ?

Si le service public est cité ici, c’est bien parce qu’une information de qualité est plus probable ici que dans des médias privés rachetés par des milliardaires. A l’instar du Figaro ou du Point qui donnaient encore récemment la parole à des climatosceptiques, il y a peu d’espoirs que ces médias aillent à l’encontre des intérêts de leurs actionnaires.

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Repeat after me : ÉNERGIES FOSSILES

Les interviews politiques ne sont pas les seules à ne pas être à la hauteur. Les JT de TF1 et de France 2 sont aussi particulièrement éclairants sur l’incapacité à dire l’essentiel.

Le 1er juillet, le JT de France 2 a par exemple consacré 23 minutes à la canicule. Il fait chaud, les Français ont chaud et souffrent de la chaleur. Mais pourquoi ont-ils de plus en plus chaud et sur des périodes plus longues ? Pourquoi ne pas l’indiquer ? Ne serait-ce pas à cause du réchauffement climatique d’origine humaine ?  À cause des énergies fossiles ?

En 23 minutes, ni le réchauffement climatique anthropique ni les énergies fossiles n’ont été mentionnés. En 23 minutes, vous avez le temps, le devoir de faire autrement.

Capture d’écran du 20H de France 2 le 1er juillet 2025

Le JT de TF1 du 6 juillet 2025 a eu la bonne idée de présenter comment nos forêts et notre agriculture pourraient s’adapter dans une France à +4°C. Pendant 2 min 40 , on apprend que le climat dans nos villes va changer et que les forestiers vont planter des espèces différentes pour s’adapter au changement climatique.

Petit oubli de la rédaction : on ne s’adapte pas à +4°C. Il y a des limites dures à l’adaptation, c’est documenté depuis des décennies et très clair notamment dans le 2e volet du dernier rapport du GIEC. Nos forêts sont déjà en train de mourir, absorbent moitié moins de CO2 sur la dernière décennie et à cause de cela, nous ne respecterons pas nos objectifs climatiques. Sans surprise également, aucune mention du réchauffement climatique anthropique ni des énergies fossiles ce soir là.

Dix jours avec des chaleurs caniculaires et les énergies fossiles ne sont pas mentionnées. Comment les Françaises et Français peuvent-ils faire le lien avec leur mode de vie et la nécessité de changer notre système économique si ce lien n’est pas mentionné par des médias qui ont la possibilité de toucher des millions de spectatrices et spectateurs ?

À l’instar du Collège de France, un silence, ça s’achète. Mais TotalEnergies n’a pas (encore) acheté le silence de toutes les rédactions. Pourquoi prononcer ces deux mots, “énergies fossiles”, semble si difficile ?

Faire mieux

La responsabilité de la situation climatique actuelle est commune, mais différenciée. Si les politiques peuvent mentir sur leurs actions ou obligations, c’est qu’un micro leur a été tendu pour le faire, et sans contradiction. On ne peut pas rejeter éternellement la faute sur les autres sans que les médias ne se remettent en question. La qualité d’une interview dépend de l’invité(e), mais aussi des questions posées, et donc de l’interviewer.

Certes, il y a du mieux dans de nombreuses rédactions. Mais nous partons de loin, très loin, et c’est toujours globalement très insuffisant. Si des initiatives géniales comme le journal Météo Climat sur France 2 ou les records d’audience de la Terre au carré sur France Inter sont à saluer, ces exceptions sont les arbres qui cachent une forêt de désinformation.

Le constat est là. Dire “c’est mieux qu’avant” c’est se satisfaire d’un niveau d’information qui nous emmène vers un monde à +3,1°C, à une France à +4°C. Se satisfaire du niveau d’information actuel, c’est se féliciter d’avoir 08/20 quand votre prédécesseur avait 05/20.

Part moyenne de l’information audiovisuelle dédiée aux enjeux environnementaux
Crédit : Observatoire des Médias sur l’Écologie

Les Françaises et Français méritent une meilleure information sur le changement climatique, et toute l’année. En 2022, j’alertais déjà dans un article du Monde :  En 2019, 2020 et 2021, une fois que les canicules ont cessé, le sujet a disparu des radars ». L’été 2025 nous dira si nous sommes amenés à voir l’histoire se répéter.

A tous les médias, journalistes, politiques : svp, quand la canicule va se finir, continuez à parler du changement climatique, des énergies fossiles, de l'inaction du gouvernement. Le changement climatique c'est toute l'année, pas uniquement pendant les canicules ou les inondations !

Bon Pote (@bonpote.com) 2025-07-02T15:36:27.169Z

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9 Responses

  1. Cette canicule, elle est exceptionnelle pour la France. Mais dans une partie du monde, on vit avec cette chaleur toute l’année. Il faut regarder comment ils résistent à la chaleur.

  2. Merci pour ce travail, vous prêchez un convaincu: sur ce sujet comme sur d’autres d’ailleurs, le rôle de la presse (vérifier et rappeler les informations pour s’assurer de discuter sur des faits, séparer les faits des opinions) est loin d’être clairement assumé.

    Mais je pense qu’il ne s’agit pas que de déni, mais aussi de limites inhérentes aux formats de communication audiovisuels, et d’une certaine forme de crise de la confiance dans les autorités établies (scientifiques notamment).
    La difficulté des chiffres et de leur communication, c’est qu’ils ne parlent souvent qu’à un public déjà souvent bien documenté et si j’ose dire, “acquis à la cause” (sinon, quel besoin de se documenter?).
    De plus un support oral contraint en temps est souvent très mauvais pour parler d’un sujet aussi foisonnant.

    Exemple: Le tableau 2.2 appelle autant de questions qu’il ne fournit de réponses: les écarts avec la SNBC proviennent-ils d’un manque d’investissement?
    On peut clairement le penser devant les chiffres pour les déchets, ce qui induit tout de suite des multiplicateurs très élevés – car on n’a rien fait, c’est moins clair pour l’énergie – ou pourtant le problèmes de l’investissement dans les infrastructure du réseau électrique vont se poser à termes, au risque de surtension comme en Espagne.
    Mais il s’agit peut-être aussi d’un mauvais fléchage des dépenses : sur la rénovation thermique des bâtiments il y a un clair impensé qui est la proximité des zones d’emploi : cela vaut-il le coup de rénover thermiquement des bâtiments qui obligeront leur occupant à faire 60 ou 80 km chaque jour pour aller travailler?
    Il s’agit peut-être aussi d’un manque de solutions techniques à proprement parler (on ne changera pas l’aménagement du territoire d’un revers de la main), et qui appellent à un soutien à des changements plus sociétaux – développement du télétravail (sur lequel on est en train de revenir), agriculture de proximité, vacances avec des séjours plus longs, moins nombreux et plus proches, réutilisation et réparation à domicile…
    On peut aussi (et c’est souvent fait) comparer notre trajectoire à celles des voisins qui ressemblent (en termes d’objectifs, mais aussi de réalisations): à problème global, solution globale aussi…
    On peut se poser aussi la question des conséquences sur l’emploi, sur la consommation, sur les modes de vie d’une telle évolution : sur qui cela va-t-il tomber, comment cela doit-il être organisé?

    La difficulté d’un sujet comme l’écologie c’est qu’il touche vite à tout et donc qu’il part potentiellement vite dans le décor lors d’une interview (complexité des sujets abordés dans un délai restreint, limites comme vous le dites de l’interviewé et du journaliste sur des sujets complexes où personne n’est entièrement qualifié). Et je pense qu’il est nécessaire qu’il prenne le temps ainsi de parler de tout, sous peine de ne voir qu’un bout de la lorgnette, ou de ne pas adresser les craintes légitimes qui se posent devant des changements aussi drastiques.

    Pour rebondir sur votre exemple de la canicule, on a chaud parce qu’il fait plus chaud, mais aussi parce que les logements sont inadaptés (logement en béton mal isolé fait à la va-vite contre maison à mur de pierre épais comme jadis), que la densité de population est trop élevée (pourquoi les sites d’emplois sont-ils concentrés au coeur des métropoles?), qu’on a mal pensé l’urbanisme (pourquoi le tout minéral?), parce qu’on n’a pas les bonnes habitudes (fermer store, ouvrir les fenêtres la nuit…)

    Bref, parler de tout ça ne me parait pas tenir dans un format audio type interview de quelques dizaines de minutes.
    Résultat, on bâcle l’information, on en oublie la moitié et on s’assoit tout autant sur la science que les opposants pour faire vite, et donc chacun finit par traiter l’autre d’idéologue et choisit selon ce qui l’arrange.

    Exemple usé que je vous emprunte : la rigueur voudrait qu’on n’utilise les fortes températures actuelles que comme une amorce pour parler du climat, qui est une donnée statistique (moyenne) et non une mesure. Le faire par abus de langage c’est prêter le flanc à la critique, et mélanger météo et climat.

    Il ne resterait que la confiance dans des experts pour obtenir une information synthétique et vraie, mais celle-ci est bien érodée : les experts qui s’expriment dans les média le font autant pour donner des opinions orientées – experts de la Cour des Comptes sur les retraites, ou de la chloroquine pendant la covid, ou de l’économie libérale non faussée à la Hayek … – que pour donner des faits documentés.
    Ils sont donc eux aussi suspects – à raison encore. N’inviter les personnes que d’un “camp” le paraît donc tout autant.

    Là où je vous rejoins c’est qu’un cadrage par les faits et un rappel des ordres de grandeur (tels que le consensus de la communauté scientifique le fait) semblent nécessaires de même qu’un temps plus long pour des débats (et Retailleau n’a pas complètement tort sur ce point, un intérêt accru aux questions environnementales, qui n’autoriserait pas autant de débordements lors des interview).

  3. J’ai comme l’impression que les français s’imaginent encore être au centre du monde. Alors, petit rappel, depuis 50 ans, aucune innovation, aucune idée, que de la daube et une gauche placée sous le signe de la régression sociétale. Il est loin le “TGV”, le “Rafale”, aujourd’hui la gauche crie après la reconnaissance faciale et avec ses petits muscles, fait (encore) prendre un retard considérable au pays. (ex type : fichier ADN longtemps refusé “parce qu’on est pas des fachos, nous…hein ! ) On ne lutte pas contre le progrès, mais contre son exploitation commerciale ! Fi de la gauche “les religions sont des régimes fascisants” pour mieux se mettre à genoux devant une religion d’import, homophobe, misogyne, liberticide, inégalitaire, barbare…. Et désormais ‘ils’ comptent mettre à genoux la population d’un pays qui possède un des systèmes les plus “décarbonnés” du monde… Mais on est rien face à l’Inde, à la Chine, aux US, aux Russes qui eux polluent comme des malades. Faites ce que vous voulez en France, privez-vous de la clim, déféquez dans des toilettes sèches et chauffez vous avec une éolienne sur le toit, vous ne sauverez pas le monde. C’est trop tard ! Petit pays, petit peuple, idées niveau toilettes et grand…égo. La France, un confetti baigné dans du vomi ou vivent des “choux” gueulards pensant détenir la vérité et la recette pour sauver le monde. Vous voulez lutter contre le dérèglement climatique ? prenez vos c.. et allez dans les pays qui polluent le plus, voir si vous pouvez monter une ZAD !

    1. système décarboné??? énergie décarboné oui le système pas du tout.
      Les transports, logements, agricultures sont hyper dépendant de tout les dérivés du pétrole. Et l’énergie décarboné ne compense en rien tout ça.
      C’est une argumentation type CNews qui veut essayer d’orienter la transition uniquement sur l’énergie pour vouloir semer le doute et surtout ne rien changer pour pas contrecarrer le business plans de tontons Bollo et ses amis…
      Et puis si comme tu le dis c’est trop tard pour réduire les émissions, on pourrait toujours essayer de s’adapter non? La mer monte, quid des villes côtières, on fait quoi on regarde en attendant que ça se passe?

  4. Bravo pour ce point lucide. Le degré de déni est hallucinant, grandement mené par la droite non progressiste mais pas seulement, à gauche on ne veut pas énerver les GJ non plus.
    Continuez, c’est très très utile.

  5. En résumé, Sterin, Bolloré, Arnault et tous leurs valets politiques et médiatiques nous disent et nous répètent : “Don’t look up !”, et le bon peuple dirige son angoisse contre les immigrés, les “islamo-gauchistes”, et les “écoterroristes”.
    Coluche : “Circulez, y a rien à voir !”
    Desproges : “Mon dieu que la préhistoire est longue…”

  6. S’attaquer véritablement au réchauffement climatique c’est changer en profondeur le système économique (et donc politique) actuel. Et ça les gagnants du système actuel n’en n’ont aucune envie. Donc l’enfumage risque de durer longtemps sans une offensive globale et radicale d’une majorité de la population.

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. Cette canicule, elle est exceptionnelle pour la France. Mais dans une partie du monde, on vit avec cette chaleur toute l’année. Il faut regarder comment ils résistent à la chaleur.

  2. Merci pour ce travail, vous prêchez un convaincu: sur ce sujet comme sur d’autres d’ailleurs, le rôle de la presse (vérifier et rappeler les informations pour s’assurer de discuter sur des faits, séparer les faits des opinions) est loin d’être clairement assumé.

    Mais je pense qu’il ne s’agit pas que de déni, mais aussi de limites inhérentes aux formats de communication audiovisuels, et d’une certaine forme de crise de la confiance dans les autorités établies (scientifiques notamment).
    La difficulté des chiffres et de leur communication, c’est qu’ils ne parlent souvent qu’à un public déjà souvent bien documenté et si j’ose dire, “acquis à la cause” (sinon, quel besoin de se documenter?).
    De plus un support oral contraint en temps est souvent très mauvais pour parler d’un sujet aussi foisonnant.

    Exemple: Le tableau 2.2 appelle autant de questions qu’il ne fournit de réponses: les écarts avec la SNBC proviennent-ils d’un manque d’investissement?
    On peut clairement le penser devant les chiffres pour les déchets, ce qui induit tout de suite des multiplicateurs très élevés – car on n’a rien fait, c’est moins clair pour l’énergie – ou pourtant le problèmes de l’investissement dans les infrastructure du réseau électrique vont se poser à termes, au risque de surtension comme en Espagne.
    Mais il s’agit peut-être aussi d’un mauvais fléchage des dépenses : sur la rénovation thermique des bâtiments il y a un clair impensé qui est la proximité des zones d’emploi : cela vaut-il le coup de rénover thermiquement des bâtiments qui obligeront leur occupant à faire 60 ou 80 km chaque jour pour aller travailler?
    Il s’agit peut-être aussi d’un manque de solutions techniques à proprement parler (on ne changera pas l’aménagement du territoire d’un revers de la main), et qui appellent à un soutien à des changements plus sociétaux – développement du télétravail (sur lequel on est en train de revenir), agriculture de proximité, vacances avec des séjours plus longs, moins nombreux et plus proches, réutilisation et réparation à domicile…
    On peut aussi (et c’est souvent fait) comparer notre trajectoire à celles des voisins qui ressemblent (en termes d’objectifs, mais aussi de réalisations): à problème global, solution globale aussi…
    On peut se poser aussi la question des conséquences sur l’emploi, sur la consommation, sur les modes de vie d’une telle évolution : sur qui cela va-t-il tomber, comment cela doit-il être organisé?

    La difficulté d’un sujet comme l’écologie c’est qu’il touche vite à tout et donc qu’il part potentiellement vite dans le décor lors d’une interview (complexité des sujets abordés dans un délai restreint, limites comme vous le dites de l’interviewé et du journaliste sur des sujets complexes où personne n’est entièrement qualifié). Et je pense qu’il est nécessaire qu’il prenne le temps ainsi de parler de tout, sous peine de ne voir qu’un bout de la lorgnette, ou de ne pas adresser les craintes légitimes qui se posent devant des changements aussi drastiques.

    Pour rebondir sur votre exemple de la canicule, on a chaud parce qu’il fait plus chaud, mais aussi parce que les logements sont inadaptés (logement en béton mal isolé fait à la va-vite contre maison à mur de pierre épais comme jadis), que la densité de population est trop élevée (pourquoi les sites d’emplois sont-ils concentrés au coeur des métropoles?), qu’on a mal pensé l’urbanisme (pourquoi le tout minéral?), parce qu’on n’a pas les bonnes habitudes (fermer store, ouvrir les fenêtres la nuit…)

    Bref, parler de tout ça ne me parait pas tenir dans un format audio type interview de quelques dizaines de minutes.
    Résultat, on bâcle l’information, on en oublie la moitié et on s’assoit tout autant sur la science que les opposants pour faire vite, et donc chacun finit par traiter l’autre d’idéologue et choisit selon ce qui l’arrange.

    Exemple usé que je vous emprunte : la rigueur voudrait qu’on n’utilise les fortes températures actuelles que comme une amorce pour parler du climat, qui est une donnée statistique (moyenne) et non une mesure. Le faire par abus de langage c’est prêter le flanc à la critique, et mélanger météo et climat.

    Il ne resterait que la confiance dans des experts pour obtenir une information synthétique et vraie, mais celle-ci est bien érodée : les experts qui s’expriment dans les média le font autant pour donner des opinions orientées – experts de la Cour des Comptes sur les retraites, ou de la chloroquine pendant la covid, ou de l’économie libérale non faussée à la Hayek … – que pour donner des faits documentés.
    Ils sont donc eux aussi suspects – à raison encore. N’inviter les personnes que d’un “camp” le paraît donc tout autant.

    Là où je vous rejoins c’est qu’un cadrage par les faits et un rappel des ordres de grandeur (tels que le consensus de la communauté scientifique le fait) semblent nécessaires de même qu’un temps plus long pour des débats (et Retailleau n’a pas complètement tort sur ce point, un intérêt accru aux questions environnementales, qui n’autoriserait pas autant de débordements lors des interview).

  3. J’ai comme l’impression que les français s’imaginent encore être au centre du monde. Alors, petit rappel, depuis 50 ans, aucune innovation, aucune idée, que de la daube et une gauche placée sous le signe de la régression sociétale. Il est loin le “TGV”, le “Rafale”, aujourd’hui la gauche crie après la reconnaissance faciale et avec ses petits muscles, fait (encore) prendre un retard considérable au pays. (ex type : fichier ADN longtemps refusé “parce qu’on est pas des fachos, nous…hein ! ) On ne lutte pas contre le progrès, mais contre son exploitation commerciale ! Fi de la gauche “les religions sont des régimes fascisants” pour mieux se mettre à genoux devant une religion d’import, homophobe, misogyne, liberticide, inégalitaire, barbare…. Et désormais ‘ils’ comptent mettre à genoux la population d’un pays qui possède un des systèmes les plus “décarbonnés” du monde… Mais on est rien face à l’Inde, à la Chine, aux US, aux Russes qui eux polluent comme des malades. Faites ce que vous voulez en France, privez-vous de la clim, déféquez dans des toilettes sèches et chauffez vous avec une éolienne sur le toit, vous ne sauverez pas le monde. C’est trop tard ! Petit pays, petit peuple, idées niveau toilettes et grand…égo. La France, un confetti baigné dans du vomi ou vivent des “choux” gueulards pensant détenir la vérité et la recette pour sauver le monde. Vous voulez lutter contre le dérèglement climatique ? prenez vos c.. et allez dans les pays qui polluent le plus, voir si vous pouvez monter une ZAD !

    1. système décarboné??? énergie décarboné oui le système pas du tout.
      Les transports, logements, agricultures sont hyper dépendant de tout les dérivés du pétrole. Et l’énergie décarboné ne compense en rien tout ça.
      C’est une argumentation type CNews qui veut essayer d’orienter la transition uniquement sur l’énergie pour vouloir semer le doute et surtout ne rien changer pour pas contrecarrer le business plans de tontons Bollo et ses amis…
      Et puis si comme tu le dis c’est trop tard pour réduire les émissions, on pourrait toujours essayer de s’adapter non? La mer monte, quid des villes côtières, on fait quoi on regarde en attendant que ça se passe?

  4. Bravo pour ce point lucide. Le degré de déni est hallucinant, grandement mené par la droite non progressiste mais pas seulement, à gauche on ne veut pas énerver les GJ non plus.
    Continuez, c’est très très utile.

  5. En résumé, Sterin, Bolloré, Arnault et tous leurs valets politiques et médiatiques nous disent et nous répètent : “Don’t look up !”, et le bon peuple dirige son angoisse contre les immigrés, les “islamo-gauchistes”, et les “écoterroristes”.
    Coluche : “Circulez, y a rien à voir !”
    Desproges : “Mon dieu que la préhistoire est longue…”

  6. S’attaquer véritablement au réchauffement climatique c’est changer en profondeur le système économique (et donc politique) actuel. Et ça les gagnants du système actuel n’en n’ont aucune envie. Donc l’enfumage risque de durer longtemps sans une offensive globale et radicale d’une majorité de la population.

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