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Doit-on appliquer de la crème solaire tous les jours, et à quel prix ?

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Cet article sur les effets de la crème solaire est écrit par Jean-David Zeitoun, docteur en médecine et docteur en épidémiologie clinique. Il a fait paraitre une histoire de la santé humaine en 2021 (La Grande Extension, éditions Denoël) et Le Suicide de l’Espèce en 2023, qui traite de l’impact épidémiologique des risques industriels. 

Doit-on appliquer de la crème solaire tous les jours, et à quel prix ?

Il semble qu’une conviction se soit récemment répandue dans l’opinion, disséminée sur des réseaux sociaux numériques : s’appliquer de la crème solaire tous les jours aurait des effets positifs, notamment en termes de préservation de la peau. Les personnes qui conseillent une application quotidienne ne mentionnent pas systématiquement les risques associés à la pénétration des filtres solaires au-delà de la peau, ni les retombées environnementales. 

Un auto-traitement quotidien par crème solaire répond-il à une croyance erronée ou existe-t-il des bases scientifiques pour le recommander sans risque ?

Le cancer de la peau en forte croissance 

Le cancer de la peau est en croissance et son impact aussi. Les données sont fragiles car c’est un cancer sous-déclaré. On pense qu’il y a plus de 8 millions de nouveaux cas chaque année dans le monde.

Dans beaucoup de pays, c’est le cancer le plus fréquent, avec un total qui dépasse souvent celui des deux ou trois cancers suivants réunis (les autres cancers fréquents étant le cancer du sein, du poumon, le cancer colorectal et le cancer de prostate). Près d’une personne sur 5 aura un cancer de la peau au cours de sa vie. La mortalité est très variable selon le type et le stade mais en cumulé, les cancers de la peau sont associés à près de 120 000 décès annuels, à un stress pour les survivants et des dépenses de soins importantes.

Il existe deux grands types de cancers de la peau : les cancers non mélaniques et les cancers mélaniques, c’est-à-dire les mélanomes. Parmi les cancers non mélaniques, les cancers basocellulaires sont les plus fréquents, un peu moins de 6 millions de cas annuels. Ils sont comme bénins et ne donnent presque jamais de métastases. Il faut seulement les retirer pour éviter une extension locale. L’autre type de cancer non mélanique est le carcinome épidermoïde. Il est plus grave et peut s’étendre à d’autres organes.

Mais c’est le mélanome qui est de loin le plus sévère. Il y en aurait chaque année un peu plus de 300 000 dans le monde, ce qui veut dire moins de 4 % du total (dans certains pays, c’est plutôt 10%) et pourtant plus de la moitié des morts par cancer de la peau, soit environ 62 000 décès annuels.

En France, l’incidence des mélanomes a progressé de 2,6% par an chez les femmes et de 3,5% par an chez l’homme entre 1990 et 2023. Il y a un peu plus de 15 000 diagnostics de mélanome par an dans notre pays, pour environ 2000 morts.

Evolution du taux de mortalité mondiale par mélanome, tous âges et sexes confondus, entre 1990 et 2019. Source: Institute for Health Metrics and Evaluation. 

Quelles sont les causes des cancers de la peau ?

Les cancers de la peau appartiennent à ces cancers qui sont disproportionnellement liés à une seule cause. La plupart des autres cancers ont plusieurs causes possibles, qui souvent se combinent chez un individu donné pour provoquer la formation de la tumeur. 

Dans le cas des cancers de la peau, il y a une cause qui domine largement, c’est le soleil à cause des rayons ultraviolets (UV). Les cancers de la peau sont liés au soleil comme les cancers du poumon sont liés au tabac, à savoir que la plupart d’entre eux sont dus à leur cause dominante. Si les cigarettes n’avaient pas été inventées, il n’y aurait presque pas de cancer du poumon – la pollution nous en donnerait quelques-uns quand même – et si le soleil n’existait pas, les cancers de la peau seraient une maladie rare.

Le type d’exposition au soleil détermine fortement le type de cancer de la peau. Les cancers non mélaniques sont typiquement le résultat d’une exposition chronique aux UV. Leur processus est cumulatif. Ils surviennent logiquement chez des personnes d’un certain âge ayant été exposées au soleil sur des décennies, souvent par leur profession (des agriculteurs par exemple).

Le risque des coups de soleil avant 5 ans

Inversement, les mélanomes sont causés par une exposition moins longue mais intense. Ce sont avant tout les coups de soleil avant l’âge de 5 ans qui sont considérés comme le principal facteur de risque de mélanome à l’âge adulte.

D’autres éléments influencent les effets de l’exposition solaire. Certains sont liés à l’exposition elle-même et d’autres sont en rapport avec les individus. Parmi les facteurs liés à l’exposition, il y a :

  • Le type de rayons UV ;
  • L’altitude : plus on est haut, plus c’est intense ;
  • La latitude : plus on se rapproche de l’équateur, plus c’est intense ;
  • La saison : l’été évidemment ;
  • Et le timing d’exposition déjà cité : intermittent mais intense versus chronique.

Les enfants et les peaux claires sont à risque

Les facteurs individuels sont avant tout liés :

  • A l’âge, les enfants étant plus vulnérables, et plus l’exposition commence tôt, plus l’individu est à risque.
  • A ce qu’on appelle le phototype, ou statut pigmentaire, qui caractérise la couleur de la peau et sa sensibilité au soleil. La classification de Fitzpatrick est la référence. Elle compte 6 phototypes définis par plusieurs éléments dont la teinte de la peau, la couleur des cheveux et des yeux, l’aptitude à bronzer ou à prendre des coups de soleil. Les phototypes 1 et 2 sont les plus à risque de mélanome, et les personnes rousses sont à classer en phototype 1, d’où leur vulnérabilité.
6 phototypes définis par plusieurs éléments dont la teinte de la peau, la couleur des cheveux et des yeux, l’aptitude à bronzer ou à prendre des coups de soleil, d'où l'intérêt de la crème solaire
Illustration et caractérisation des phototypes d’après l’Institut National du Cancer. 

Quels sont les rayons ultraviolets responsables du vieillissement de la peau ?

La majorité des UV qui atteignent la surface de la Terre sont des UVA. Ce sont eux qui pénètrent le plus profondément la peau et accélèrent son vieillissement. Les UVA diminuent aussi le système immunitaire, ce qui joue un rôle dans la formation des mélanomes. Enfin, ils provoquent un bronzage presque immédiat.

Les UVB sont essentiellement à l’origine des coups de soleil, beaucoup plus que les UVA. Ils génèrent un bronzage mais à partir du 3e jour d’exposition, souvent après un coup de soleil. Ils sont associés à un sur-risque statistique pour les 3 types de cancer de la peau. Enfin, les UVC sont ceux qui véhiculent le plus d’énergie mais sont majoritairement absorbés par la couche d’ozone.

Quels sont les différents types de crèmes solaires ?

Deux types de filtres existent dans les crèmes solaires :

  • Les filtres physiques = filtres inorganiques = filtres minéraux. Ils sont stables, immédiatement efficaces en bloquant physiquement et en reflétant (= en renvoyant) les UVA et UVB. Les deux filtres physiques courants sont l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane. L’oxyde de zinc semble supérieur au dioxyde de titane contre les UVA, peut-être moins efficace contre les UVB. L’oxyde de zinc a l’inconvénient de laisser un aspect blanc sur la peau. Enfin, certaines personnes trouvent que les crèmes ayant un filtre physique sont moins pratiques à appliquer.
  • Les filtres chimiques = filtres organiques. Ce sont des composés chimiques qui absorbent les UV environ 20 minutes après l’application, pour les empêcher de pénétrer la peau. Les crèmes contenant des filtres chimiques peuvent déclencher une réaction allergique ou irritative, et la question de leur sécurité n’est pas clarifiée comme on le verra plus bas.

Le tableau recense les ingrédients les plus courants utilisés comme filtres chimiques. 

Liste des ingrédients chimiques actifs que l'on retrouve dans la crème solaire

Dans le marché actuel, la plupart des crèmes contiennent des filtres chimiques, parfois associées à des filtres physiques. Les crèmes seulement équipées de filtres physiques sont plus rares. Les fabricants mettent plusieurs filtres dans une même crème pour élargir la gamme d’UV contre lesquels elle protège.

Le facteur de protection solaire d’une crème donnée traduit la durée de la protection contre les UV, surtout les UVB, raison pour laquelle les crèmes solaires permettent de bronzer sans brûler (sans coup de soleil).

Un facteur de protection égal à 15 fait passer la durée nécessaire à la formation d’un coup de soleil de 20 minutes à 5 heures. Pour pouvoir être qualifiée de résistante à l’eau, une crème doit maintenir son niveau de protection pendant 40 minutes d’immersion du corps (80 minutes pour celles qualifiées de très résistantes à l’eau).

A quel point la crème solaire protège-t-elle ?

Les crèmes solaires sont efficaces. Pour autant et comme pour toute question scientifique, les données disponibles sont à la fois imparfaites et incomplètes. 

Dans l’ensemble, c’est-à-dire en totalisant les données de toutes les études, il est admis que les crèmes solaires protègent bien contre les coups de soleil, contre le vieillissement de la peau causé par l’exposition solaire, en particulier contre une forme de vieillissement qu’on appelle la kératose actinique, et contre le cancer épidermoïde. Il est possible que les crèmes solaires protègent aussi – c’est-à-dire réduisent le risque – contre le cancer basocellulaire mais les données sont moins probantes pour ce cancer.

Concernant le mélanome, les données sont délicates à interpréter. Il faut avoir à l’esprit qu’il est difficile de démontrer une protection contre le mélanome car c’est un événement beaucoup plus rare que les cancers non mélaniques. Il est donc très difficile d’obtenir la puissance statistique nécessaire parce qu’il faudrait recruter des dizaines de milliers de patients, ce qui est notoirement complexe.

Par ailleurs, c’est un événement qui survient des décennies après l’exposition et une durée de suivi de cet ordre est très difficile à tenir. Dans l’essai randomisé de référence, conduit en Australie, il existait une réduction du risque de mélanome après 10 ans chez les personnes ayant appliqué une crème solaire, mais cette baisse était à la limite de la significativité statistique. La baisse de risque était statistiquement significative pour les mélanomes invasifs, ceux qui pénètrent profondément la peau et qui sont les plus susceptibles de métastaser et de tuer.

D’autres études sur la réduction de risque de mélanome par les crèmes solaires ont souvent suggéré une protection réelle mais leurs méthodes sont plus faibles et leurs résultats sont inconstants.

Les 6 éléments pour se protéger du soleil

Dans tous les cas, les dermatologues et les sociétés savantes sont normalement unanimes pour considérer que l’application de crème solaire n’est qu’une partie de la prévention des complications cutanées cancéreuses ou non des UV. Les 5 autres éléments, tous essentiels, étant :

  • Les vêtements ;
  • La couverture de la tête par un chapeau voire une casquette ;
  • Les lunettes de soleil car l’exposition aux UV augmente le risque de cataracte qui est une opacification du cristallin, la lentille de l’œil déterminante pour bien voir ;
  • L’ombre ;
  • L’éviction des horaires les plus intenses en UV, de 10h du matin à 15h en gros ;

Une des plus grandes études vient d’un programme australien appelé SunSmart, lancé à la fin des années 1980 pour réprimer la mortalité par mélanome qui était particulièrement dramatique dans le pays. Les Australiens cumulent deux risques majeurs qui expliquaient leurs mauvais résultats : d’une part un phototype clair, d’autre part une forte exposition aux UV.

Le programme SunSmart a combiné toutes les actions de protection et d’éviction du soleil, et ses effets sont nets avec plus de 20 ans de recul. Une baisse des mélanomes chez les jeunes a bien été obtenue.

Fréquence des comportements de protection ou d’éviction du soleil chez les Australiens entre 1987 et les années 2010. Données issues d’une étude du programme SunSmart. 
Fréquence des comportements de protection ou d’éviction du soleil chez les Australiens entre 1987 et les années 2010. Données issues d’une étude du programme SunSmart. 

Pour conclure sur ce point, toutes les sociétés savantes et la quasi-totalité des dermatologues dans les enquêtes, recommandent l’application de crème solaire, associée aux autres actions de protection/éviction pour limiter les complications cancéreuses et non cancéreuses de l’exposition solaire.

Quels sont les risques de la crème solaire sur notre santé ?

Les crèmes solaires sont assez peu régulées, ce qui veut dire que lorsqu’elles sont mises sur le marché, leur sécurité est moins bien connue que celle d’un médicament par exemple. Les médicaments sont commercialisés après des études cliniques souvent larges et méticuleuses, ce qui ne veut pas dire qu’on sait tout d’eux mais on en sait souvent suffisamment. Beaucoup d’autres produits affectant potentiellement la santé, dont les crèmes solaires, sont plus lâchement régulés.

Concernant les filtres physiques,la plupart des scientifiques et des régulateurs considèrent que leur sécurité est établie. Pour les filtres chimiques, c’est une autre histoire.

Dès 1997, une étude australienne publiée dans le Lancet montrait que l’application de crème solaire à base d’oxybenzone menait à une absorption significative par l’organisme, et le produit se retrouvait dans les urines. Des données animales puis des données humaines préliminaires ont montré que l’oxybenzone ou d’autres filtres chimiques perturbaient les hormones et altéraient la fertilité.

Pour autant, on manque encore de données humaines. L’oxybenzone est présent dans d’autres produits cosmétiques que les crèmes solaires. Les différentes recherches ont en détecté dans les organismes de la totalité des occidentaux testés. On sait que l’oxybenzone passe dans le lait maternel. On sait aussi qu’il agit comme un œstrogène, une hormone typiquement féminine.

Deux études majeures ont été conduites par l’agence du médicament américaine, la Food and Drug Administration (FDA), publiées dans le JAMA en 2019 et 2020. Ces deux essais cliniques de phase I ont recruté des volontaires sains. Ils ont montré de façon implacable que les crèmes solaires normalement appliquées, pénétraient l’organisme pour atteindre des concentrations sanguines dépassant largement les seuils réglementaires. 

Qu’en conclure de ces deux publications ?

Les équipes de la FDA et les commentaires associés à ces deux publications insistent sur deux points :

  • A ce stade, ces deux essais randomisés, dont les méthodes sont impeccables et les conclusions hors d’atteinte de tout doute, ne démontrent pas que les crèmes solaires soient responsables de problèmes cliniques, c’est-à-dire de maladies ou de désordres hormonaux par exemple. Elles prouvent « juste » que les crèmes solaires pénètrent l’organisme humain au-delà de la peau, dans des proportions supérieures aux seuils réglementaires, ce qui devrait conduire les fabricants à effectuer des études toxicologiques (in vitro ou animales) pour mieux caractériser les risques potentiels. Aujourd’hui, les conséquences cliniques des crèmes solaires appliquées sont inconnues.
  • Pour l’instant, ces deux essais ne devraient pas dissuader de l’application de crème solaire en cas d’exposition.

Il n’y a pas de preuve de dommage humain mais l’absence de preuve n’est pas la preuve de l’absence.

Compte tenu de l’exposition massive de la population mondiale aux ingrédients chimiques des crèmes solaires, et compte tenu de leur nécessité pour se protéger, il est clair que des études cliniques investiguant leurs effets au-delà des concentrations sanguines sont indispensables.

Ces études seraient chères mais d’une part, les fabricants en ont les moyens, et d’autre part, les complications potentielles coûtent beaucoup plus d’argent que le budget de deux ou trois études bien faites. Le retour sur investissement serait rapidement positif.

Quels sont les effets des crèmes solaires sur l’environnement ?

C’est l’autre grande question sans réponse définitive. Certains filtres chimiques pourraient être dommageables pour l’environnement et pour les éléments qui composent l’océan. 

Les récifs coralliens sont un sujet d’inquiétude particulier. Leurs écosystèmes sont sous l’emprise de stresseurs mondiaux et locaux. Le changement climatique est un stresseur mondial, par la hausse des températures et l’acidification. La pollution est plutôt un stresseur local même si en pratique, elle est presque partout.

Les bonnes données sont rares mais on sait que des filtres chimiques ont été détectés dans les environnements aquatiques, qu’il s’agisse de l’eau, du sol ou des animaux. Cette présence ne démontre pas un dommage en soi. Par ailleurs, des expériences de laboratoires ont montré un effet toxique de l’oxybenzone sur les coraux, en provoquant leur blanchiment, un processus au cours duquel les coraux expulsent les algues qui vivent en eux, ce qui explique le changement de couleur.

Jusqu’à 14 000 tonnes de crème solaire sont relâchées dans les zones marines touristiques chaque année, et on estime que 10% de ces crèmes contiennent de l’oxybenzone. Les données équivalentes pour le littoral français sont inconnues. En plus, il est plausible que les ingrédients des filtres chimiques soient actifs sur d’autres éléments de la vie marine. Des poissons japonais exposés à l’oxybenzone ont vu leur production d’œufs altérée, et une féminisation des poissons mâles a été suggérée.

La vente et distribution de crèmes solaires interdites à Hawaï 

Le 1er janvier 2021, Hawaï a interdit la vente et la distribution de crèmes solaires à base d’oxybenzone ou d’octinoxate, sauf sur prescription médicale. Key West a aussi interdit ces deux ingrédients, épargnant plus de 200 kilomètres de récif, soit la troisième barrière de corail au monde.

L’Académie des Sciences américaine a récemment publié un travail sur les effets des crèmes solaires sur l’environnement aquatique, dans lequel elle a du mal à conclure. Le rapport de l’Académie souligne deux points critiques. Le premier concerne les effets des mélanges. Étudier les effets isolés des filtres chimiques un par un n’a qu’une validité limitée. 

En pratique, les écosystèmes marins sont exposés à tous les filtres chimiques commercialisés et il est possible que les effets négatifs viennent surtout de leurs combinaisons. 

Le deuxième point de l’Académie traite des interactions possibles avec les autres stresseurs océaniques, à savoir la température, la lumière, la salinité ou les autres polluants chimiques jetés chaque jour en quantités pratiquement incalculables.

La température est probablement un des pires stresseurs océaniques mais elle accentue aussi les effets des autres stresseurs, un phénomène qui pourrait concerner les filtres solaires. En conclusion, l’Académie demande d’autres études sur la toxicité environnementale des filtres solaires tout en se préoccupant d’un impact comportemental négatif causé par une réduction de la gamme des protections.

Que penser des vendeurs de crèmes solaires qui disent respecter l’environnement ?

La plupart des crèmes solaires affichent maintenant un message qui prétend qu’elles protègent les océans. Ces messages sont soit injustifiés, soit reposant sur des études aux méthodes extrêmement limitées, qui ne permettent pas de conclure que les filtres sont réellement inoffensifs pour les environnements aquatiques. 

Finalement, faut-il appliquer de la crème solaire tous les jours de l’année ?

On peut répondre en trois points.

Premièrement, les données scientifiques montrent que l’efficacité des crèmes solaires en fait une arme de prévention des cancers mais aussi du vieillissement de la peau causé par les UV. De ce point de vue, en cas d’exposition chronique voire quotidienne, une protection y compris par crème solaire, est raisonnablement recommandable pour limiter le risque de complications dont le préjudice esthétique peut faire partie.

Deuxièmement, une augmentation voire une chronicisation de l’application est inévitablement synonyme de chronicisation de l’exposition aux filtres. On ne connaît pas les effets sur la santé d’une exposition de cette importance sur la durée car on manque de données. La FDA a montré une direction à poursuivre et nous avons maintenant besoin d’études qui aillent plus loin que la seule mesure de la concentration sanguine des ingrédients, surtout pour les publics vulnérables comme les enfants. 

Troisièmement, il n’y a aucune donnée scientifique pour suggérer ou prouver que l’application quotidienne de crème solaire :

  • Apporte quelque chose en l’absence d’exposition aux UV
  • Ait des vertus qui iraient au-delà des bénéfices déjà cités, notamment du vieillissement de la peau

En 2023, ni les sociétés savantes, ni les régulateurs ne recommandent l’application de crème solaire en dehors d’une exposition aux UV. Là où la décision est délicate, c’est qu’il y a toujours par définition des UV dans l’espace extérieur, mais plus ou moins (selon la saison, l’heure, etc.) et il n’y a pas de seuil net – et encore moins de seuil mesurable par les gens – à partir duquel le niveau d’exposition justifie une protection.

Il faut sans doute se résoudre à ce que le caractère significatif d’une exposition relève du jugement individuel et donc du bon sens. 

Comment se protéger du soleil sans que cela ne devienne un énième désastre environnemental ?

Comme toujours ou presque, la réponse est dans l’équilibre. Faut-il continuer à recommander l’application de crème solaire pour se protéger des complications des UV ? La réponse est oui. L’objectif prioritaire est la réduction du risque de cancer de la peau. 

Or, les données récentes suggèrent que la fréquence des coups de soleil n’a pas baissé, un exemple typique d’écart entre les connaissances et les comportements (knowledge-behavior gap). 

Les recommandations des sociétés savantes et des régulateurs sont homogènes. L’American Academy of Dermatology recommande d’avoir recours à une crème solaire résistante à l’eau, avec un facteur de protection ≥30 contre les UVA et les UVB. La FDA conseille l’application toutes les deux heures – et plus fréquemment en cas de sueur ou de baignade – de crème à large spectre d’UV et d’indice de protection ≥15, même en présence de nuages.

En moyenne, la crème solaire est moins appliquée que les recommandations des scientifiques

Il est avéré que les gens appliquent moins de crème solaire que ce que les scientifiques recommandent, et qu’ils ne la réappliquent pas souvent ou pas du tout. Plusieurs estimations ont conclu que les gens mettent en moyenne quatre fois moins de crème que s’ils suivaient les recommandations à la lettre, ce qui diminue leur protection mais aussi leur exposition aux filtres chimiques.

Plus finement, la recommandation médicale doit dépendre du contexte, c’est-à-dire à la fois de l’exposition et de l’exposé(e). L’équilibre entre les bénéfices et les risques varie selon l’intensité et la fréquence de l’exposition d’une part, et selon la susceptibilité de l’exposé(e) d’autre part. C’est là que le phototype est déterminant. Les personnes ayant des phototypes clairs, classés 1 ou 2, doivent se soumettre à une protection drastique pour réduire leur risque. Inversement, les phototypes les moins clairs ont un risque de cancer nettement inférieur, et chez certains d’entre eux, il n’est même pas sûr que les mélanomes soient liés aux UV. Les effets bénéfiques des crèmes solaires sont incertains chez les personnes aux phototypes élevés. S’il était avéré que les crèmes solaires étaient risquées à cause de leur absorption, ces personnes pourraient s’en dispenser dans certaines conditions.

Le cas particulier des enfants avec la crème solaire

Le cas des enfants est particulièrement sensible. Ils pourraient être les plus grands bénéficiaires de la protection mais aussi les plus vulnérables aux effets toxiques potentiels. D’une part, ce sont eux qui sont la cible archi-prioritaire par rapport aux mélanomes puisque ce sont leurs coups de soleil qui programment les futurs cancers. Mais d’autre part, leur ratio entre la surface corporelle et le poids est élevé, ce qui signifie que l’absorption systémique est plus forte, alors même qu’ils sont aussi plus susceptibles d’être affectés par des perturbations hormonales.

Ces données confirment sans doute possible que nous avons besoin de plus d’études cliniques ambitieuses. Il faut accélérer sur la génération de preuves concernant une possible toxicité des filtres chimiques, qu’il s’agisse de perturbation hormonale ou d’autre chose. L’industrie cosmétique devrait financer les études adéquates. Elle forme un marché mondial de près de 15 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an, dont 2 milliards rien qu’aux États-Unis, et elle prévoit une croissance annuelle de 4 à 6% dans un futur proche.

Concernant la crème solaire, “il nous faut plus d’études, et moins de pollution”

Concernant les effets sur l’environnement, la réponse n’a pas de raison d’être différente. Les crèmes solaires restent indiquées comme une arme de protection mais il faut plus d’études sur leurs effets. Surtout, leur cas est une opportunité pour attirer l’attention la plus large sur l’état des océans, qui recouvrent plus de 70% de la surface de la planète. La pollution océanique est une partie sous-reconnue de la pollution mondiale. Les polluants aquatiques incluent les métaux toxiques, les plastiques, les produits chimiques, le pétrole, les déchets, les pesticides, les engrais et les médicaments. Ces polluants sont ubiquitaires même s’ils sont encore plus concentrés près des côtes.

Les effets négatifs de la pollution océanique sont aggravés par le changement climatique. La santé humaine est affectée comme elle l’est par les polluants atmosphériques ou chimiques, avec des impacts particulièrement problématiques sur l’intelligence et la santé mentale, et sur la fertilité. Les effets économiques sont eux aussi massivement négatifs. 

Les scientifiques recommandent une action publique forte combinant des interventions légales, économiques et technologiques pour protéger les océans. Certains pays ont déjà pris des mesures, insuffisantes mais qui montrent qu’un changement est possible. Pour la santé humaine comme pour la santé environnementale, il nous faut plus d’études et moins de pollution.

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15 Responses

  1. La crème solaire est donc bien à considerer en derniere option, en complément des autres moyens (vetements long, chapeau, ombre, horaires d’exposition adaptés) qui sont non polluants et sans effets sur la santé

    Elle n’est de tte facon pas appliquée en milieu scolaire, d’où l’urgence de planter des arbres dans les cours, enlever le bitume, et adapter les horaires des récréations…
    Je vois encore beaucoup d’enfant au soleil sans aucune protection ;(

  2. Merci beaucoup pour cet article Dr Zeitoun

    Très en phase avec le propos, La Sécurité Solaire (https://www.soleil.info/), centre collaborateur de l’OMS recommande l’utilisation de crème solaire, quand il y a lieu de se protéger

    En l’occurrence lorsque l’Index UV est au dessus 2, ce qui par exemple n’arrive pas entre novembre et février en France métropolitaine au niveau de la mer. Moins de 2 ou 3 heures par jour en oct et en mars.
    Et toujours en privilégiant de rester à l’intérieur, l’ombre (arbre, parasol, chapeau…), le port de vêtements couvrants.
    Pour ceux que le sujet intéresse, je recommande cette rubrique sur notre site
    https://www.soleil.info/les-10-conseils-essentiels et https://www.soleil.info/le-top-15-des-idees-recues
    D’ores et déjà une précision : Obtenir une protection correspondante a celle affichée sur le produit n’est pas un objectif raisonnable pour les hauts indices (30 ou +). Tous les experts ne le recommandent pas d’ailleurs, loin de là. En effet, un FPS 30 laisse passer 3,33 % des UV en condition de laboratoire. A titre de comparaison, un tee-shirt ordinaire (UPF environ 10) bloque env. 90% et ce type de protection suffit dans 99 % des situations. C’est parce que l’on sait que les gens, logiquement, applique 1/3 ou un quart de la quantité utilisée en laboratoire, que l’on recommande des indices si élevés.

    La conclusion de l’article de M. Zeitoun nous semble s’imposer : Jusqu’à ce qu’on en sache plus et en population générale, LA CREME SOLAIRE, OUI MAIS :
    – pas comme un pousse au crime, pas pour s’exposer plus
    – pour compléter la protection vestimentaire, pas la remplacer
    – appliquée soigneusement et fréquemment mais pas en couche épaisse

    Un autre point que les effets sur l’environnement et que le passage dans le sang de substances (filtres mais aussi conservateurs) peut (doit ?) interroger est la question de la vitamine D. “Une protection solaire peut-elle être excessive ?” M. Zeitoun ? un angle pour un prochain article ?

    Pierre Cesarini (Directeur délégué de l’ass. Sécurité Solaire)

  3. “L’éviction des horaires les plus intenses en UV, de 10h du matin à 15h en gros .”

    C’est quoi ses horaires? EN été en France le soleil est au zénit à 14h donc pourquoi éviter le soleil 4h avant et seulement 1h après le zénit?
    A 13h ou à 15h le soleil est le même, il y a autant d’UV!
    Idem pour 12h-16h, 11h-17h et 10h-18h!

    Bref, ce n’est pas logique…

    1. Sur cette question horaires, vous avez raison pour la France metropolitaine et le Portugal qui sont les champions du monde du décalage heure légale heure solaire
      Le reste de la planète vit soit a l’heure solaire soit avec un décalage d’une heure d’où le 10-15 que l’auteur a trouver dans la littérature.

  4. Bonjour,
    Etant très au fait de ce sujet, j’ajoute quelques commentaires et précisions : la règlementation des solaires est très différente d’une zone à l’autre (Europe, USA, Asie) et le statut de ces produits également. Aux USA, le solaire est considéré comme un médicament (statut quasi-drug = médicament en vente libre). En Europe, c’est un produit cosmétique.
    La liste des filtres solaires autorisés est également très différente d’une zone à l’autre : aux USA, la liste des filtres n’a pas évolué depuis très longtemps, et les filtres ne sont pas les plus sains. C’est ce que vous mentionnez avec la FDA qui n’a pas déclaré les filtres chimiques de sa liste comme “sûr et sain”.
    Cependant, en Europe, on a une liste de filtres plus récents, notamment avec les Tinosorb S et M, et on est bien mieux en termes de toxicité environnementale et humaine. Je vous mets au défi de trouver quelque chose à redire sur l’ethylhexyl triazone par exemple ! Je rappelle que la règlementation cosmétique européenne est la plus drastique au monde concernant la santé humaine et je vous assure, par expérience, que les solaires sont très surveillés et régulièrement testés.
    Je pense donc qu’il ne faut pas généraliser les zones géographiques car tout cela a des conséquences très différentes sur les environnements et les humains.
    Vous citez la législation d’Hawaï qui fait effectivement référence sur le marché pour la protection des écosystèmes, mais en fait c’est du marketing car la législation d’Hawaï bannit les filtres chimiques autorisés aux USA, et ces filtres ne sont pas ou très rarement utilisés en Europe (car on a beaucoup mieux à dispo !).
    Enfin, pour protéger les coraux et la vie marine, à mon sens, c’est surtout la baignade qui devrait être régulée, plus que les produits solaires : le problème est d’avoir 60 000 baigneurs en une journée dans un écosystème fragile, et finalement pas tellement que ces baigneurs se protègent avec des crèmes solaires (même si certes, ça n’arrange rien).
    Et je nous souhaite pour le futur d’avoir des tests fiables sur l’impact des solaires sur la vie marine car à date, je ne trouve pas l’offre très satisfaisante, car oui, les marques cosmétiques ont à coeur de faire toujours mieux pour l’environnement, surtout avec les solaires.
    Les produits solaires sont donc avant tout des produits de santé publiques, à utiliser quand on ne peut pas éviter le soleil et notre impact sur l’environnement est à évaluer à chaque instant : on n’a pas forcément besoin de polluer une crique magnifique en s’y baignant, on peut juste rester sur le bord et être reconnaissant de voir sa beauté.
    Je vous lis régulièrement, et c’est donc avec beaucoup de soutien que je vous envoie ces commentaires.

    1. « on peut juste rester sur le bord et être reconnaissant de voir sa beauté. » Une remarque plein de bon sens et une philosophie qui devrait être appliquée à d’autres sujets. J’ajoute qu’il me semble incohérent de vouloir aller à la plage ou à la piscine pour se rafraichir, tout en restant ; pour ce faire ; en plein cagnard entre 11h et 16h.

  5. Je ne suis pas docteur mais j’ai beaucoup travaillé le sujet avec, entre autre le Pr. Cesarini et le Pr Moulin (Hop. St Louis, Paris), sans doute tous les deux à la retraite aujourd’hui. Il manque toujours la même chose dans les recommandations sur l’usage des crèmes solaires et l’exposition aux UVs : le cycle d’exposition et la raison pour laquelle nous bronzons… C’est fait pour protéger le derme en l’épaississant, c’est mécaniquement simple et très efficace car la nature est toujours bien faite et sait comment elle doit s’adapter à l’évolution de l’environnement. En bloquant la mécanique d’épaississement, le derme reste sensible à un érythème violent malgré l’usage de crèmes quel qu’en soit l’indice de protection. Ces deux professeurs ont tenté désespérément de faire passer le message sans y parvenir car c’est compliqué d’expliquer que les UVB sont utiles pour faire épaissir la peau alors que tout le monde pense être protégé parce que la mélanine a réagit. Vous pouvez être bronzé et prendre un coup de soleil… ce dernier devenant bien plus dangereux car la peau n’aura pas pu épaissir à cause justement… des crèmes ! On a donc deux effets au détour de ce phénomène : 1 – il n’y a pas de réduction des cancers de la peau à mélanome malin dû à une mauvaise compréhension des cycles d’exposition et de l’usage des crèmes, 2 – une surconsommation de crèmes très polluantes qui aboutie à ce que vous décrivez dans votre excellent article. Alors pourquoi c’est si difficile à faire passer comme message, c’est simple : accepter de faire épaissir la peau c’est aussi accepter qu’elle soit moins souple, d’aspect plus vieux et donc à l’opposé de tout le discours marketing sur la promesse de l’éternelle jeunesse vendue en pot réparateurs (en hiver, bien évidement). Pour conclure il faut s’exposer par tranche de 15 minutes de jour en jour même avec les crèmes et ne pas arrêter tant qu’on est exposé et ça ne sert à rien de prendre un indice très élevé si le génotype ne l’impose pas (c’est sur ça que je travaillais : un détecteur de génotype, soit bêtement un colorimètre) et accepter que la peau durcisse !

    1. Merci pour votre commentaire super intéressant! Au vu du titre de l’article je m’attendais justement à voir des détails sur ce sujet. Le soleil d’été est-il mauvais tout le temps et faut-il s’en protéger en toutes circonstances (y compris à 8h du matin)? Ou est-il bon pour la peau et / ou le corps d’être exposés au soleil en vu bronzer (créer ainsi une peau de plus en plus protégée) et de synthétiser la vitamine D? Y-a-t’il même d’autres avantages à s’exposer au soleil en dehors des heures intenses?
      Comme tout, il s’agit surement d’appliquer le bon sens et d’agir en fonction de notre situation propre.

  6. Un autre facteur qui contribue à la dépendance croissante de la crème solaire c’est la dépendance parallèle à des produits et des produits liés aux “soins” de la peau : l’exfoliation régulière, les crèmes de rétinoïde utilisées pour combattre l’acné ou les rides, des huiles essentielles, d’autres routines skincare… le tout une réaction commerciale et souvent misogyne à des signes de changements corporels normaux, des pratiques qui endommagent la barrière de protection naturellement fournie par les huiles et les microbes de la peau et ainsi augmentent la dépendance à la crème solaire — cette dernière étant fortement recommandées par les esthéticien-nes, d’ailleurs (pas dans un contexte de protection contre le cancer mais plutôt comme protection contre l’âge).

    Alors au delà d’être un problème d’environnement global versus santé individuel, c’est également un problème de commercialisme, d’industrie, d’âgisme, de sexisme… sans surprise tout est lié, même la crème solaire est devenue un autre objet des effets d’une politique néolibérale complexe.

    PS Je suis néanmoins d’accord avec vous qu’il est important de conseilleur d’autres lignes de défense (vêtements, ombre etc.) sans militer contre la crème solaire, qui a elle aussi son utilité.

  7. Super article, merci beaucoup! Je me suis souvent questionnée sur ce sujet. Pour les enfants, je pense qu’une solution est de leur faire porter des vêtements anti-UV, et ainsi limiter la surface de peau à recouvrir de crème solaire.

    1. Porter des vêtements en coton ordinaire est déjà très bien, surtout s’ils couvrent bien le corps. de préférences des tee shirt a manches longues, avec un petit col pour couvrir le cou, plutôt des pantacourts ou bermuda qu’un short etc…
      Bien sur il ne faut pas que le vêtement soit très fin au point d’être transparent… mais, excepté pour des cas très particuliers, pas la peine d’aller non plus systématiquement vers le vêtement anti UV qui ne présente d’utilité que pour celles et ceux qui vont dans l’eau (car le coton perd alors beaucoup de sa protection)

  8. Intéressant.
    Si on trouve des crèmes avec seulement filtres physiques, c’est donc a priori hors de danger pour nous et l’environnement ? Il me semblait que le dioxyde de titane c’était pas ouf non plus…
    Par ailleurs, si une crème indice 15 repousse le coup de soleil à 5h d’exposition, pourquoi recommander de remettre de la crème toutes les 2h, même pour un indice 50 ?
    Les crèmes ont-elles des compositions plus ou moins problématique suivant leur indice de protection ?

    1. Non une crème IP 15 ne repousse pas le coup de soleil à 5h. D’abord parce que sans connaitre ni le type de peau ni l’intensité du rayonnement, il n’est pas possible d’affirmer quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loi à cela.
      Ensuite une crème ne filtrera que très rarement pendant 5 heures, en tout cas a un niveau d’efficacité constant. Dans la vraie vie, on transpire, on se baigne parfois, la peau subit des frottements et donc le produit disparait de la peau. De plus, les filtres organiques, perdent de leur efficacité sous l’action des UV
      La recommandation : “réappliquer le produit solaire repose sur l’idée de renouveler le “film protecteur”
      Lire https://www.soleil.info/les-10-conseils-essentiels
      https://www.soleil.info/les-infos-conseils

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Sommaire
Auteur
Jean-David Zeitoun

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15 Responses

  1. La crème solaire est donc bien à considerer en derniere option, en complément des autres moyens (vetements long, chapeau, ombre, horaires d’exposition adaptés) qui sont non polluants et sans effets sur la santé

    Elle n’est de tte facon pas appliquée en milieu scolaire, d’où l’urgence de planter des arbres dans les cours, enlever le bitume, et adapter les horaires des récréations…
    Je vois encore beaucoup d’enfant au soleil sans aucune protection ;(

  2. Merci beaucoup pour cet article Dr Zeitoun

    Très en phase avec le propos, La Sécurité Solaire (https://www.soleil.info/), centre collaborateur de l’OMS recommande l’utilisation de crème solaire, quand il y a lieu de se protéger

    En l’occurrence lorsque l’Index UV est au dessus 2, ce qui par exemple n’arrive pas entre novembre et février en France métropolitaine au niveau de la mer. Moins de 2 ou 3 heures par jour en oct et en mars.
    Et toujours en privilégiant de rester à l’intérieur, l’ombre (arbre, parasol, chapeau…), le port de vêtements couvrants.
    Pour ceux que le sujet intéresse, je recommande cette rubrique sur notre site
    https://www.soleil.info/les-10-conseils-essentiels et https://www.soleil.info/le-top-15-des-idees-recues
    D’ores et déjà une précision : Obtenir une protection correspondante a celle affichée sur le produit n’est pas un objectif raisonnable pour les hauts indices (30 ou +). Tous les experts ne le recommandent pas d’ailleurs, loin de là. En effet, un FPS 30 laisse passer 3,33 % des UV en condition de laboratoire. A titre de comparaison, un tee-shirt ordinaire (UPF environ 10) bloque env. 90% et ce type de protection suffit dans 99 % des situations. C’est parce que l’on sait que les gens, logiquement, applique 1/3 ou un quart de la quantité utilisée en laboratoire, que l’on recommande des indices si élevés.

    La conclusion de l’article de M. Zeitoun nous semble s’imposer : Jusqu’à ce qu’on en sache plus et en population générale, LA CREME SOLAIRE, OUI MAIS :
    – pas comme un pousse au crime, pas pour s’exposer plus
    – pour compléter la protection vestimentaire, pas la remplacer
    – appliquée soigneusement et fréquemment mais pas en couche épaisse

    Un autre point que les effets sur l’environnement et que le passage dans le sang de substances (filtres mais aussi conservateurs) peut (doit ?) interroger est la question de la vitamine D. “Une protection solaire peut-elle être excessive ?” M. Zeitoun ? un angle pour un prochain article ?

    Pierre Cesarini (Directeur délégué de l’ass. Sécurité Solaire)

  3. “L’éviction des horaires les plus intenses en UV, de 10h du matin à 15h en gros .”

    C’est quoi ses horaires? EN été en France le soleil est au zénit à 14h donc pourquoi éviter le soleil 4h avant et seulement 1h après le zénit?
    A 13h ou à 15h le soleil est le même, il y a autant d’UV!
    Idem pour 12h-16h, 11h-17h et 10h-18h!

    Bref, ce n’est pas logique…

    1. Sur cette question horaires, vous avez raison pour la France metropolitaine et le Portugal qui sont les champions du monde du décalage heure légale heure solaire
      Le reste de la planète vit soit a l’heure solaire soit avec un décalage d’une heure d’où le 10-15 que l’auteur a trouver dans la littérature.

  4. Bonjour,
    Etant très au fait de ce sujet, j’ajoute quelques commentaires et précisions : la règlementation des solaires est très différente d’une zone à l’autre (Europe, USA, Asie) et le statut de ces produits également. Aux USA, le solaire est considéré comme un médicament (statut quasi-drug = médicament en vente libre). En Europe, c’est un produit cosmétique.
    La liste des filtres solaires autorisés est également très différente d’une zone à l’autre : aux USA, la liste des filtres n’a pas évolué depuis très longtemps, et les filtres ne sont pas les plus sains. C’est ce que vous mentionnez avec la FDA qui n’a pas déclaré les filtres chimiques de sa liste comme “sûr et sain”.
    Cependant, en Europe, on a une liste de filtres plus récents, notamment avec les Tinosorb S et M, et on est bien mieux en termes de toxicité environnementale et humaine. Je vous mets au défi de trouver quelque chose à redire sur l’ethylhexyl triazone par exemple ! Je rappelle que la règlementation cosmétique européenne est la plus drastique au monde concernant la santé humaine et je vous assure, par expérience, que les solaires sont très surveillés et régulièrement testés.
    Je pense donc qu’il ne faut pas généraliser les zones géographiques car tout cela a des conséquences très différentes sur les environnements et les humains.
    Vous citez la législation d’Hawaï qui fait effectivement référence sur le marché pour la protection des écosystèmes, mais en fait c’est du marketing car la législation d’Hawaï bannit les filtres chimiques autorisés aux USA, et ces filtres ne sont pas ou très rarement utilisés en Europe (car on a beaucoup mieux à dispo !).
    Enfin, pour protéger les coraux et la vie marine, à mon sens, c’est surtout la baignade qui devrait être régulée, plus que les produits solaires : le problème est d’avoir 60 000 baigneurs en une journée dans un écosystème fragile, et finalement pas tellement que ces baigneurs se protègent avec des crèmes solaires (même si certes, ça n’arrange rien).
    Et je nous souhaite pour le futur d’avoir des tests fiables sur l’impact des solaires sur la vie marine car à date, je ne trouve pas l’offre très satisfaisante, car oui, les marques cosmétiques ont à coeur de faire toujours mieux pour l’environnement, surtout avec les solaires.
    Les produits solaires sont donc avant tout des produits de santé publiques, à utiliser quand on ne peut pas éviter le soleil et notre impact sur l’environnement est à évaluer à chaque instant : on n’a pas forcément besoin de polluer une crique magnifique en s’y baignant, on peut juste rester sur le bord et être reconnaissant de voir sa beauté.
    Je vous lis régulièrement, et c’est donc avec beaucoup de soutien que je vous envoie ces commentaires.

    1. « on peut juste rester sur le bord et être reconnaissant de voir sa beauté. » Une remarque plein de bon sens et une philosophie qui devrait être appliquée à d’autres sujets. J’ajoute qu’il me semble incohérent de vouloir aller à la plage ou à la piscine pour se rafraichir, tout en restant ; pour ce faire ; en plein cagnard entre 11h et 16h.

  5. Je ne suis pas docteur mais j’ai beaucoup travaillé le sujet avec, entre autre le Pr. Cesarini et le Pr Moulin (Hop. St Louis, Paris), sans doute tous les deux à la retraite aujourd’hui. Il manque toujours la même chose dans les recommandations sur l’usage des crèmes solaires et l’exposition aux UVs : le cycle d’exposition et la raison pour laquelle nous bronzons… C’est fait pour protéger le derme en l’épaississant, c’est mécaniquement simple et très efficace car la nature est toujours bien faite et sait comment elle doit s’adapter à l’évolution de l’environnement. En bloquant la mécanique d’épaississement, le derme reste sensible à un érythème violent malgré l’usage de crèmes quel qu’en soit l’indice de protection. Ces deux professeurs ont tenté désespérément de faire passer le message sans y parvenir car c’est compliqué d’expliquer que les UVB sont utiles pour faire épaissir la peau alors que tout le monde pense être protégé parce que la mélanine a réagit. Vous pouvez être bronzé et prendre un coup de soleil… ce dernier devenant bien plus dangereux car la peau n’aura pas pu épaissir à cause justement… des crèmes ! On a donc deux effets au détour de ce phénomène : 1 – il n’y a pas de réduction des cancers de la peau à mélanome malin dû à une mauvaise compréhension des cycles d’exposition et de l’usage des crèmes, 2 – une surconsommation de crèmes très polluantes qui aboutie à ce que vous décrivez dans votre excellent article. Alors pourquoi c’est si difficile à faire passer comme message, c’est simple : accepter de faire épaissir la peau c’est aussi accepter qu’elle soit moins souple, d’aspect plus vieux et donc à l’opposé de tout le discours marketing sur la promesse de l’éternelle jeunesse vendue en pot réparateurs (en hiver, bien évidement). Pour conclure il faut s’exposer par tranche de 15 minutes de jour en jour même avec les crèmes et ne pas arrêter tant qu’on est exposé et ça ne sert à rien de prendre un indice très élevé si le génotype ne l’impose pas (c’est sur ça que je travaillais : un détecteur de génotype, soit bêtement un colorimètre) et accepter que la peau durcisse !

    1. Merci pour votre commentaire super intéressant! Au vu du titre de l’article je m’attendais justement à voir des détails sur ce sujet. Le soleil d’été est-il mauvais tout le temps et faut-il s’en protéger en toutes circonstances (y compris à 8h du matin)? Ou est-il bon pour la peau et / ou le corps d’être exposés au soleil en vu bronzer (créer ainsi une peau de plus en plus protégée) et de synthétiser la vitamine D? Y-a-t’il même d’autres avantages à s’exposer au soleil en dehors des heures intenses?
      Comme tout, il s’agit surement d’appliquer le bon sens et d’agir en fonction de notre situation propre.

  6. Un autre facteur qui contribue à la dépendance croissante de la crème solaire c’est la dépendance parallèle à des produits et des produits liés aux “soins” de la peau : l’exfoliation régulière, les crèmes de rétinoïde utilisées pour combattre l’acné ou les rides, des huiles essentielles, d’autres routines skincare… le tout une réaction commerciale et souvent misogyne à des signes de changements corporels normaux, des pratiques qui endommagent la barrière de protection naturellement fournie par les huiles et les microbes de la peau et ainsi augmentent la dépendance à la crème solaire — cette dernière étant fortement recommandées par les esthéticien-nes, d’ailleurs (pas dans un contexte de protection contre le cancer mais plutôt comme protection contre l’âge).

    Alors au delà d’être un problème d’environnement global versus santé individuel, c’est également un problème de commercialisme, d’industrie, d’âgisme, de sexisme… sans surprise tout est lié, même la crème solaire est devenue un autre objet des effets d’une politique néolibérale complexe.

    PS Je suis néanmoins d’accord avec vous qu’il est important de conseilleur d’autres lignes de défense (vêtements, ombre etc.) sans militer contre la crème solaire, qui a elle aussi son utilité.

  7. Super article, merci beaucoup! Je me suis souvent questionnée sur ce sujet. Pour les enfants, je pense qu’une solution est de leur faire porter des vêtements anti-UV, et ainsi limiter la surface de peau à recouvrir de crème solaire.

    1. Porter des vêtements en coton ordinaire est déjà très bien, surtout s’ils couvrent bien le corps. de préférences des tee shirt a manches longues, avec un petit col pour couvrir le cou, plutôt des pantacourts ou bermuda qu’un short etc…
      Bien sur il ne faut pas que le vêtement soit très fin au point d’être transparent… mais, excepté pour des cas très particuliers, pas la peine d’aller non plus systématiquement vers le vêtement anti UV qui ne présente d’utilité que pour celles et ceux qui vont dans l’eau (car le coton perd alors beaucoup de sa protection)

  8. Intéressant.
    Si on trouve des crèmes avec seulement filtres physiques, c’est donc a priori hors de danger pour nous et l’environnement ? Il me semblait que le dioxyde de titane c’était pas ouf non plus…
    Par ailleurs, si une crème indice 15 repousse le coup de soleil à 5h d’exposition, pourquoi recommander de remettre de la crème toutes les 2h, même pour un indice 50 ?
    Les crèmes ont-elles des compositions plus ou moins problématique suivant leur indice de protection ?

    1. Non une crème IP 15 ne repousse pas le coup de soleil à 5h. D’abord parce que sans connaitre ni le type de peau ni l’intensité du rayonnement, il n’est pas possible d’affirmer quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loi à cela.
      Ensuite une crème ne filtrera que très rarement pendant 5 heures, en tout cas a un niveau d’efficacité constant. Dans la vraie vie, on transpire, on se baigne parfois, la peau subit des frottements et donc le produit disparait de la peau. De plus, les filtres organiques, perdent de leur efficacité sous l’action des UV
      La recommandation : “réappliquer le produit solaire repose sur l’idée de renouveler le “film protecteur”
      Lire https://www.soleil.info/les-10-conseils-essentiels
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