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Et si la convention citoyenne pour le climat n’avait pas dit son dernier mot ?

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Texte de Mathieu Brand

Parce que les 150 de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) ont présenté des mesures à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux…

Parce qu’il est inconcevable que seule une loi Climat au rabais conclue leur travail… 

… On s’est pris à rêver. 

Juin 2021. La loi Climat et résilience votée par l’Assemblée nationale n’est finalement qu’une série de mesures sans cohérence globale et sans rupture avec le modèle de développement actuel. L’objectif de baisser de 40% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 ne sera jamais atteint avec cette loi. 

La coupe est pleine pour les 150. Tous ces week-ends pour une loi aussi décevante ? Forts de leur unité et convaincus chaque jour un peu plus du bien-fondé de leurs mesures, ils décident de ne pas en rester à des conférences Zoom de 8 heures qui finissent toujours par le même mot d’ordre : “On est toujours là !”. Une citoyenne de la Nièvre dont la connexion se fait désirer prend alors la parole : “Et si on retournait au Palais d’Iéna pour poursuivre le travail ?”. Le chat de la plateforme est immédiatement inondé de “OUI!!!!!”. Sans autorisation, le 17 avril 2021, une centaine de membres de la CCC se retrouve face aux portes majestueuses de la maison du Conseil économique et social. Ils et elles sont très vite rejoints par des militant.e.s écologistes, des gilets jaunes et par des membres de leur famille. Tout ce petit monde réussit à entrer sans violence dans ce qui a été leur refuge pendant plus d’un an. Très vite, les habitudes reprennent : les membres retrouvent leur place sur les sièges capitonnés, les gourdes sont sorties et les premiers paquets de chips bio s’échangent. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? 

Un citoyen lance à la cantonade une proposition : “Tant que Macron n’améliore pas cette loi Climat, on reste ici !” Aussitôt proposée, aussitôt votée. Une citoyenne très excitée par le moment renchérit : “Il faut qu’on fasse intervenir des professionnels de la ZAD et de l’occupation pour nous aider à tenir !”. ZAD. Le mot est lâché, une heure à peine après leur entrée dans le Palais. Mais peu importe l’empressement : là encore, l’idée est aussitôt adoptée par une majorité de membres. L’instant semble irréel pour cette centaine de citoyens qui se sont découverts une mission il y a quelques mois à peine : sauver le climat. 

Une jeune membre de la CCC propose d’inviter des militant.e.s à l’origine de la ZAD du Triangle de Gonesse, rassemblement commencé en février 2021 pour protester contre la création d’une nouvelle gare sur les dernières terres fertiles d’Île-de-France. Une journaliste de Reporterre présente sur place s’empresse d’appeler un militant de la ZAD et informe l’hémicycle qu’il est prêt à les aider, mais à une seule condition, aussitôt acceptée par la CCC : que la ZAD du Triangle de Gonesse et celle du Palais d’Iéna ne fassent désormais qu’une.

Rester pour fonder une ZAD s’envisage sérieusement. Les 150 auront le temps. Et le patio à l’intérieur du Conseil économique et social laisse largement de place pour les tentes. L’objectif qui était de s’opposer à la loi Climat en arrivant au Palais d’Iéna évolue : il s’agit désormais de proposer un nouveau modèle de société. La frustration des dernières semaines laisse place à l’espoir d’aboutir à un projet sans précédent. 

Alors au travail ! Scientifiques et climatologues les ont aidé.e.s à bâtir un socle de connaissances. Désormais, il leur faut échanger avec celles et ceux, qui, en France, doutent de leur vision. “Khmerts verts”, “à la solde des lobbies écolo”, “loin des réalités”, “sans légitimité”, les critiques pleuvent depuis la première session de 2019. A la CCC d’inviter les récalcitrant.e.s pour travailler ensemble. Quelques jours plus tard, le président de la Fédération Nationale des Transports Routiers demande une audience. Il explique les raisons pour lesquelles il a appelé à la grève après le vote de la loi Climat. Elle va trop loin à ses yeux, car elle précarise encore davantage une filière déjà touchée par la crise sanitaire. Emploi versus écologie. On touche ici le nerf de la guerre. Un débat vif s’enclenche entre le président et certain.e.s des 150 qui entendent bien démontrer que social et écologie vont de pair. On parle alors de développer le fret et les transports de proximité, faciliter la reconversion professionnelle des routiers. On se projette dans un monde où transporter des marchandises sur 1 000km n’aurait plus de sens pour personne. Des engagements sont pris par la CCC pour accompagner les routier.e.s mais également toutes ces professions qui auront peu d’avenir dans un monde décarboné. Sans s’en rendre compte, les 150 s’autorisent à rêver de leur nouvelle société. Mieux : ils et elles la bâtissent. Le tout, dans l’excitation que seule une occupation illégale peut entraîner.

Juin 2021. Après un mois d’intense labeur, d’écoutes, de votes et de prises de décisions parfois houleuses, le résultat tant espéré prend forme : 10 mesures qui dessinent un projet de sociétéà même de nous sortir de la mortifère équation « moins d’activité entraîne moins de pollution, mais plus de chômage ». A l’extérieur, ça frémit également. Grâce aux médias qui ont relaté les avancées du groupe depuis le 17 juin, l’opinion s’est, depuis quelques semaines, beaucoup plus intéressée à la CCC qu’au préalable. Elle sent sûrement que cette fois-ci, quelque chose d’exceptionnel se joue. 

Le 17 juin, Cyril Dion présente les 10 mesures sur le parvis du Palais. Une foule immense et masquée est venue l’écouter et des millions de personnes suivent en direct la retransmission sur Internet. Comme six ans plus tôt pour Nuit Debout, la foule reste sur le parvis pour fêter quelque chose. Mais quoi ? Le début d’une nouvelle ère ? Le sentiment de ne plus être seul.e face à l’urgence ? Les 150 savent alors que c’est gagné. Le gouvernement ne pourra plus faire sans elles et sans eux. D’autant plus que la foule n’est toujours pas partie au bout d’une semaine d’occupation. Les sondages, commandés par l’Elysée dans les jours qui suivent, sont unanimes : 70% des Français.e.s soutiennent désormais la CCC et leur projet.

Le 30 juin à 20 heures, quinze jours après le discours sur le parvis, alors que des milliers de personnes campent nuit et jour devant le Palais d’Iéna, Emmanuel Macron prend la parole. L’allocution est brève, mais le message est historique : il demande à ce qu’un référendum soit tenu le 5 septembre. Les Français.e.s auront à décider si OUI ou NON les 10 mesures de la CCC doivent être appliquées. Il s’engage également à prendre ses responsabilités en cas de victoire du OUI. En d’autres termes, à démissionner.

Crédit photo : Convention Citoyenne pour le climat au Conseil économique et social © Facebook de la CCC

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6 Responses

  1. Bonjour,
    ” Loi climat ” déjà le nom part mal, c’est une loi pour qui ? On ne sait pas. Pas pour les humains manifestement. Loi de circonstance et d’élections.
    Puis ” résilience “, nous ne sommes pas des métaux mais plus bêtes qu’eux. Les autres définitions ne sont que masturbation intellectuelle. Encore un mot à la c. qui n’est que l’hypocrisie du suzerain.
    L’écriture inclusive par-dessus. L’inconfort de la nullité en français. L’inconfort et la nullité peut-être.
    Et comme la couleur de la police en gris à peine visible est toujours présente, que c’est une mode d’ennuyer les lecteurs, je me tire.

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Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

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  1. Bonjour,
    ” Loi climat ” déjà le nom part mal, c’est une loi pour qui ? On ne sait pas. Pas pour les humains manifestement. Loi de circonstance et d’élections.
    Puis ” résilience “, nous ne sommes pas des métaux mais plus bêtes qu’eux. Les autres définitions ne sont que masturbation intellectuelle. Encore un mot à la c. qui n’est que l’hypocrisie du suzerain.
    L’écriture inclusive par-dessus. L’inconfort de la nullité en français. L’inconfort et la nullité peut-être.
    Et comme la couleur de la police en gris à peine visible est toujours présente, que c’est une mode d’ennuyer les lecteurs, je me tire.

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