Média indépendant sur l'environnement, 100% financé par ses lecteurs

Analyse critique de l’interview d’Emmanuel Macron

Publication :
Mis à jour :
COVER Emmanuel Macron
Sommaire
Dépliez le sommaire de l’article

Emmanuel Macron qui parle de lutte contre le dérèglement climatique pendant 4 min ? Je suis comme vous, je me suis fait avoir : j’ai cliqué.

C’est en réalité un extrait d’un entretien grand format de 33 min donné à la revue Grand Continent, où Emmanuel Macron passe en revue énormément de sujets : l’Europe, la Défense, la Covid, l’Europe-Afrique, une écologie ‘réaliste’ (???), et la refonte du capitalisme. Le saviez-vous ? Il existe le bon et le mauvais capitalisme. Nous y reviendrons.

Avant de commencer l’analyse critique, 3 points importants :

– L’analyse porte sur la vidéo des 4 mn où il y a un focus sur le climat. Analyser 33 mn de vidéo aurait pris plusieurs jours, surtout si des passages entiers n’avaient pas été retirés de la vidéo (!!)
– Nous sommes en pleine loi de Brandolini : 4.13 mn de vidéo à analyser et critiquer, cela prend plusieurs heures de travail. Très certainement beaucoup plus rapide à faire sous format vidéo
Je vais répéter ce que j’ai déjà dit dans un article, n’en déplaise à JM. Jancovici : E. Macron est très loin d’être idiot. Il comprend les enjeux, il suffit de l’écouter. Le problème est donc ailleurs.

Passons maintenant au cœur du sujet : Emmanuel Macron et son intervention sur le dérèglement climatique.

‘Je suis devenu écologiste’

Avant toute chose, et je ne le répète jamais assez : ne JAMAIS prendre un morceau coupé mais prendre en compte le contexte et si possible, la totalité de l’interview. Devinez quel choix a été fait ? Couper la première phrase !! En effet, voici le début du passage :

Oui, je suis d’ailleurs devenu écologiste. Je l’assume et je l’ai dit plusieurs fois. Je pense que la lutte contre le dérèglement climatique et pour la biodiversité est centrale dans les choix politiques que nous devons faire. Cela ne veut pas dire qu’elle prime de manière irrévocable. Je l’ai déjà dit, je ne suis pas pour un droit de la nature qui serait supérieur aux droits de l’homme. Mais je pense qu’on ne peut plus penser les droits humains sans penser ces interactions, ces conséquences.

Sauf que la vidéo commence avec ‘Je l’assume et je l’ai dit plusieurs fois‘. Je viens d’aller vérifier les commentaires sur Linkedin et twitter, absolument personne n’a tiqué là-dessus. Vous imaginez les réactions si la vidéo avait commencé avec ‘je suis d’ailleurs devenu écologiste’ ? On peut d’ailleurs se demander QUAND Emmanuel Macron est devenu écologiste : juste après les élections Européennes 2019 où les verts ont eu de très beaux résultats ? ou juste après avoir ratifié le CETA ? Le mystère reste entier.

0.04 : la lutte contre le dérèglement climatique et pour la biodiversité est centrale dans les choix politiques que nous devons faire.

Rhétorique classique. D’abord, dire une phrase consensuelle, avec laquelle personne ne pourra être en désaccord. Sauf que la 2ème lame arrive :

Cela ne veut pas dire qu’elle prime de manière irrévocable. Je l’ai déjà dit, je ne suis pas pour un droit de la nature qui serait supérieur aux droits de l’homme.

AH ! Mais dis donc, le contraire ne vient pas d’être dit 10 sec auparavant ? Elles vont être longues ces 4 minutes ! Cela tombe bien que la biodiversité soit évoquée, voici ce que je disais sur Twitter il y a une semaine :

Source : https://twitter.com/bonpoteofficiel/status/1326207254333362178?s=20

L’IPBES nous dit que l’augmentation du risque de pandémie est liée aux activités humaines, très justement parce que nous détruisons les écosystèmes et la biodiversité. De plus, dire “droit de la nature qui serait supérieur aux droits de l’homme” est faux : pour rappel, le pays entier est confiné à cause d’un virus. Donc quand nous arrêterons de penser que l’homme est absolument supérieur aux autres espèces, que nous avons le droit de vie ou de mort sur toutes les autres, nous aurons fait un grand pas.

Le mot ‘droit’ est également très problématique. Pour ces personnes complètement hors sol, tout relève du droit, de l’économie. Mais vous n’avez toujours pas compris (ou plutôt, évoqué) que nous vivons dans un monde qui dépend avant tout de limites physiques et de la biologie. C’est d’ailleurs ce qu’avait rappelé avec justesse Olivier Fontan dans notre interview : ‘Mais une différence fondamentale existe : la dette des Etats, elle se perpétue, se renégocie ou s’annule, et ça ne froisse que ceux qui la détiennent. Nos manquements à tenir les réductions d’émissions sont d’ordre physique. On n’annule pas un déficit carbone‘.

Aussi, ce mot droit fait directement référence à l’une des problématiques du moment : l’inscription de l’écocide dans la Constitution (voir les travaux de Valérie Cabanes sur le sujet). C’est tout sauf un hasard si Emmanuel Macron fait référence à cela et répond en ce sens. Si vous pensiez que les propositions de la CCC allaient être acceptées sans encombre, j’ai une mauvaise nouvelle.

‘Interdire certaines activités’

Avançons un peu dans l’interview jusqu’à la… Ah bah ? Encore un passage que je ne retrouve pas dans la vidéo, mais qui a bien été retranscrit dans l’interview à l’écrit ! Nous allons donc prendre un screenshot pour immortaliser ce moment :

Source : https://legrandcontinent.eu/fr/2020/11/16/macron/

Très intéressant, car ce mot est bien sûr très rare dans la bouche d’un homme politique. On préfère à interdire les mots ‘restreindre’, ‘sobriété’, ‘accompagner la transition’. Mais là, non, interdire. On se demande bien quelles activités Emmanuel Macron va interdire… Quiconque a passé quelques heures à s’intéresser au climat sait très bien ce qui pose problème, mais on attend encore qu’il nomme ces activités. Dommage que cela ne soit pas repris dans la vidéo, qui est donc EVIDEMMENT coupée, et qui repart sur l’exemple qui va faire chavirer nos cœurs : la famille en difficulté.

‘Excuse 12 : le coût des mesures pour le climat va réduire la justice sociale’

Pour les personnes qui travaillent depuis des années sur les questions climatiques et particulièrement sur la problématique de la mobilité (à l’instar d’Aurélien Bigo et Guillaume Martin) , l’exemple suivant repris par Emmanuel Macron ne surprendra personne. Lors de débats, c’est un exemple qui ressort très souvent, symptomatique de la difficulté des enjeux qui nous attendent :

De la même manière, si je prends une famille française, qui a fait tout ce qu’on lui a demandé depuis trente ans. On lui a dit : « il faut trouver un boulot » – elle a trouvé un boulot. On lui a dit : « il faut acheter un pavillon  » – mais un pavillon, c’est trop cher dans la grande ville, donc elle l’a acheté à 40, 50, 60 kilomètres de la grande ville. On lui a dit : « le modèle de la réussite, c’est d’avoir chacun sa bagnole » – elle a acheté deux voitures. On lui a dit : « si vous êtes une famille digne de ce nom, vos enfants vous devez bien les élever, il faut qu’ils fassent le conservatoire et puis le club de sport, etc. » donc le samedi, ils ont fait quatre trajets pour emmener leurs enfants. Cette famille-là, vous lui dites : « vous êtes des gros pollueurs, vous avez un pavillon mal isolé, vous avez une voiture et vous faites 80, 100, 150 kilomètres. Le nouveau monde ne vous aime pas. » Les gens deviennent fous ! Ils disent : « Mais j’ai tout bien fait ! Et y compris l’État français pendant des décennies m’a demandé d’acheter du diesel, et j’ai acheté du diesel !  »

Voilà pourquoi Emmanuel Macron est président de la République et pourquoi nous avons des chances de l’avoir jusqu’en 2027 : c’est un très bon communiquant. Ici, il se met dans la peau d’un français ‘moyen’ et prend l’exemple d’une famille française partie vivre loin de son lieu de travail, soit par contrainte budgétaire, soit par pur confort (avoir un grand jardin et une grande cuisine !). Plusieurs points à relever sur ce passage (ENCORE tronqué par ailleurs, le texte est beaucoup plus long) :

– Tout d’abord, et il le dit à juste titre un peu plus tard , la mobilité est clef dans la transition écologique. C’est un des deux postes qui émet en moyenne le plus d’émissions de CO2eq en France :

Source : http://www.carbone4.com/wp-content/uploads/2019/06/Publication-Carbone-4-Faire-sa-part-pouvoir-responsabilite-climat.pdf

– Il ne le dit pas dans ces termes mais c’est pourtant structurant pour une politique de mobilité : l’une des difficultés est de construire une politique non excluante pour les cas minoritaires tout en étant efficace et fonctionnelle pour la majorité.
– “On lui a dit” : cette formule revient plusieurs fois. Qui est “on” ? On devine que c’est L’Etat et les entreprises. Les mêmes acteurs qui dictent depuis des décennies la “réussite” qu’évoque Emmanuel Macron. C’est très intéressant ! Cela voudrait donc dire que la responsabilité du merdier structurel dans lequel nous sommes ne serait donc pas de la faute de l’individu ? Cela va à l’encontre de la suite de son discours (avec une belle excuse n°3 : redirection de la responsabilité).
– A aucun moment, et cela depuis 3 ans, il n’a été dit UNE SEULE FOIS par le gouvernement qu’il fallait 1) mieux se déplacer et 2) MOINS se déplacer. Ce n’est d’ailleurs pas inscrit dans la SNBC, qui compte uniquement sur l’efficacité technologique pour éviter toute remise en cause de nos habitudes. Il serait peut-être temps de dire la vérité aux français et arrêter de leur faire croire que leur mode de vie actuel va perdurer, car ce n’est pas le cas. Il va nécessairement évoluer, qu’ils le veuillent ou non. Il existe de plus de nombreux papiers universitaires qui expliquent qu’électrifier la mobilité ne suffira pas et qu’il faudra forcément y ajouter de la sobriété. Mais comme vous le savez, les scientifiques ne racontent que des conneries, à quoi ça sert de les écouter ? (On passe le bonjour au GIEC et au HCC).
-Enfin, la mobilité ne peut pas se traiter en silo. Les distances domicile-travail sont surtout facteurs de nos choix d’emménagement.

Le nouveau monde ne vous aime pas

“Le nouveau monde ne vous aime pas”. Quelle superbe formule pour encore polariser les débats. Il y a donc d’un côté le nouveau monde, les méchants Amishs, et l’ancien monde, les gentils ceux qui votent Emmanuel Macron. Mais quelle est donc la définition du nouveau monde d’Emmanuel Macron qui visiblement pose problème ? Un monde soutenable où les français vivent en respectant les limites physiques de notre environnement et arrêtent de le détruire ? Ah oui effectivement, quelle horreur !!

Emmanuel Macron dit également “l’État français pendant des décennies”, comme si la responsabilité incombait également aux gouvernements du passé et que le changement était arrivé avec lui. Mais ce serait oublier trop vite Bruno le Maire, qui depuis depuis de nombreux mois fait un lobbying sans nom pour les voitures, jusqu’à nous expliquer que ‘la voiture, c’est la liberté’…’En Union soviétique, pas de voiture = pas de liberté’. Très très fort ! Comment vous sentez-vous, vous les tocards qui se déplacent en vélo ou en transports en commun ?

Avant d’être un sujet de mobilité, c’est toute une construction sociale autour de l’imaginaire sur la voiture (bien aidé par les millions dépensés par la publicité) que nous devons déconstruire.

Source : https://twitter.com/EmmanuelSPV/status/1201566207335374848?s=20

Le même Bruno Le Maire qui nous disait en juin d’acheter les superbes SUV Peugeot pour soutenir la croissance française. Il faut CON-SO-MMER mes chers compatriotes, parce que sans consommation et sans croissance, vous allez abandonner les pauvres (excuse 11)! Heureusement que l’ancien monde est là pour bien expliquer au nouveau monde comment faire.

Source : instagram de B. le Maire

Imaginez qu’un jour, sur un coup de tête, Emmanuel Macron arrêtait de prendre les français pour des imbéciles et expliquait que la France s’est engagée à respecter l’Accord de Paris ? Que nous devons tendre vers la neutralité carbone et que nous devons en moyenne baisser notre confort énergétique par 6 ? En l’état, le confort des français n’est pas soutenable. Il doit changer, évoluer. Je comprends bien que cela ne soit pas vendeur. Mais si l’ensemble de la population avait les ordres de grandeur en tête, les changements seraient beaucoup plus facilement acceptés.

Mondialisation dans un capitalisme ouvert

La suite va vous étonner

Nous avons vu en intro qu’il y avait le bon et le mauvais capitalisme. Emmanuel Macron nous l’explique à merveille à partir de 2.10 mn :

Parce qu’il ne faut pas se tromper : ce changement arrive après l’un des grands changements qu’on évoquait tout à l’heure, celui de la mondialisation dans un capitalisme ouvert. Les classes moyennes des démocraties européennes et occidentales ont vécu le changement comme synonyme de sacrifice.

Et ce n’est pas tout ! A 2.48 mn, de nouveau :

De la même manière, on doit aligner notre agenda commercial. Si l’on change toutes les règles, qu’on demande des sacrifices et que derrière on continue à bâtir des accords commerciaux avec des pays du monde – et la question va se poser, vous allez voir, avec la nouvelle administration américaine – qui ne font pas les mêmes efforts, on est des fous  !

Et cerise sur la gâteau :

C’est-à-dire que vous allez dire à votre agriculteur : « il faut que tu fasses des efforts colossaux, tu vas sortir du glyphosate, tu vas faire du zéro pesticide, tu vas faire ceci, tu vas faire cela. » Il va le faire parce qu’il pense que c’est bon. Et de l’autre côté, on va faire un accord qui permet d’ouvrir et de faire venir des produits qui sont faits avec OGM, avec pesticides et autres, parce que ça c’est le commerce ? Tout se tient, les gens le voient. On a donc besoin d’avoir des accords commerciaux qui soient en cohérence avec notre agenda climatique, ce qui est une énorme bataille.

Nous apprenons donc de la bouche d’Emmanuel Macron que nous avons ‘besoin d’avoir des accords commerciaux qui soient en cohérence avec notre agenda climatique‘. AH. Mais attendez, ce ne serait pas E. Macron qui aurait ratifié le CETA avec sa majorité pendant l’été 2019 ? Je suis surpris ! Comment ? Le JEFTA a aussi été entériné pour Singapour et le Vietnam ? Je ne comprends plus, on avait dit ‘accords commerciaux qui soient en cohérence avec notre agenda climatique‘ et notre cher gouvernement a libéralisé tous les marchés sans protectionnisme.

Critique ouverte du capitalisme ?

Deux autres points ont particulièrement retenu mon attention. Le premier était dans l’interview complète (33 mn), le deuxième dans les 4 mn. ‘Car certains pays sont restés avec un logiciel qui est un logiciel d’ouverture et de commerce, que je respecte‘. Nous venons de voir que dans les actes, et malgré son ‘je me bats au quotidien pour’ en fin d’interview, Emmanuel Macron a très exactement fait le contraire de ce qu’il faut faire pour avoir un monde soutenable. Comme d’habitude, beaucoup de paroles, très peu d’actes (excuses n°7).

“Nous sommes à un point de rupture, qui est un point de rupture très profond aussi, en plus de ces rendez-vous politiques, qui est un point de rupture du capitalisme contemporain. Parce que c’est un capitalisme qui s’est financiarisé, qui s’est surconcentré et qui ne permet plus de gérer les inégalités dans nos sociétés et au niveau international”.

“Car certains pays sont restés avec un logiciel qui est un logiciel d’ouverture et de commerce, que je respecte. Mais la variable commerciale reste seconde”.

Mais voilà qu’il critique le capitalisme qui s’est financiarisé, qui s’est surconcentré. Me voilà très surpris. C’est très surprenant 1) venant de la part d’une personne qui a travaillé chez Rothschild et 2) qui a fait de la fusion-acquisition, donc de la ‘concentration’ d’entreprises. Mais, on se moquerait pas un peu du monde Emmanuel Macron ? Je vais être sympa et ne pas évoquer BlackRock, dont le PDG est reçu à l’Elysée, qui conseille en plus depuis la stratégie ESG de l’Europe. Cette même Europe qui visiblement ne lui facilite pas la tâche, lui le champion du climat ! Mais il se bat, Emmanuel, et nous savons tous que nous pouvons désormais compter sur lui. Il n’y a qu’à voir ce qu’il s’est passé avec Fessenheim, le traitement des propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat et l’application des rapports du HCC.

Mot de la fin

Comme vous l’avez constaté, 4 mn de vidéos ne peuvent être analysées en deux tweets. Cela demande du travail et du temps afin de réfuter toutes les erreurs et mettre en lumière tous les mensonges d’Emmanuel Macron. J’ai également perdu du temps à étudier la différence entre ce qui apparaît dans la vidéo et dans le texte, beaucoup plus complet. On peut donc en conclure que les passages vidéos sont coupés pour éviter les polémiques et cela fait tout à fait sens : critiquer le capitalisme ou vouloir interdire certaines activités n’est pas très vendeur… Que dire du ‘je suis devenu écologiste’ : quid du programme 2017 du candidat E. Macron ? 18 mois après l’Accord de Paris ? Il n’était pas au courant ?? Ah…

Je persiste à penser, et nous pouvons le constater tout le long de l’interview, qu’Emmanuel Macron connaît très bien son sujet. Ce qui lui manque sont des valeurs qui malheureusement ne rapportent pas vraiment en politique : le courage et l’éthique. Quand on veut assurer une transition écologique, on s’entoure d’autres personnes que Jean Castex qui ‘croit en la croissance verte’. On ne choisit pas Cédric O à la transition numérique, qui s’extasie devant la 6G et donne une fausse définition de la décroissance.

Source : https://twitter.com/bonpoteofficiel/status/1328095162149593094?s=20

Enfin, on dépasse les beaux discours et on inscrit sa volonté dans la loi/les programmes (type SNBC). Il est facile de dire ‘je vous ai compris’ sans agir derrière. Absorber les critiques, sourire et faire un mea culpa est une chose : avoir une vision long terme pour la France et des solutions en est une autre. Si Emmanuel Macron n’est pas capable d’assumer ce rôle (malgré les dizaines de conseillers et les membres du gouvernement qui l’entourent), il faudra tout simplement laisser la place.

Pour un entretien qui s’intitule “la doctrine Macron‘, je ne m’attendais pas à une révolution . Mais même si je m’attendais à rien, je suis quand même déçu.

POUR ALLER PLUS LOIN

Envie de creuser le sujet ? Cet article pourrait vous intéresser !

11 Responses

  1. Ce qui est dommage avec les accords de Paris (ou très bien ?) c’est que quelle que soit votre situation actuelle, il faut diminuer de 4% par an les émissions de GES. Ironie du sort, la France est une très bonne élève, surtout grâce à sa part de nucléaire dans son mix énergétique.

    Je vais faire l’analogie de la classe de collège dont tous les élèves sont les signataires des accords de Paris.

    Pour bien comprendre ce que bon pote reproche à la politique française, c’est de ne pas faire mieux (-4%/an GES) alors qu’elle est déjà en tête de son groupe de classe. Pour rester la meilleure, il faut s’améliorer je suis tout à fait d’accord.

    Par contre, je n’irais pas lui taper sur les doigts, sachant que le ventre mou de la classe est très loin, derrière …

    PS :Par contre, je n’irais pas lui taper sur les doigts, sachant que le ventre mou de la classe est très loin, derrière …

  2. Merci beaucoup pour cette analyse et ce travail ! En écoutant le discours, je m’étais fait surprendre et votre article me permet de remettre de la perspective.

  3. Votre analyse pointe parfaitement la schizophrénie de M. Macron qui comme vous l’écrivez a surement conscience des problèmes mais pour qui la notion de sobriété est trop opposée à tout ce qu’il a soutenu jusqu’à aujourd’hui.
    Tout comme la famille française moyenne, on a expliqué à M. Macron depuis ses études et dans ses différents postes qu’il n’y a point de salut hors de la croissance. Et M. Macron a tout bien fait comme on lui a dit, en faisant des fusions-acquisitions, en signant des accords de libre-échange, et maintenant on vient lui dire qu’il n’a rien compris et qu’il faut qu’il change tout alors qu’il est arrivé aux plus hautes responsabilités avec un plan parfait pour transformer la France par l’innovation, la startup nation, qui va nous apporter de la croissance. M. Macron est exactement dans la même situation que la famille française moyenne qu’il décrit.
    Je reste agréablement surpris par certains points de cet interview qui semblent montrer une évolution, pas terminée (est ce que l’évolution se termine d’ailleur un jour?) , mais une évolution positive tout de même. Et il faut tout de même noter la récente annonce de mise en pause de l’accord Mercosur, sur la bases d’exigence environnementale. Ca me semble une très bonne nouvelle.
    Est ce que M. Macron pourrait accélerer sa mue pour que l’on voit du très concret?
    Il ne pourra c’est sur pas l’effectuer avec l’équipe gouvernementale actuelle.

  4. Si la figure politique d’une famille moyenne fictive est une grosse ficelle bien connue, cette critique du Président Macron n’est pas sérieuse. Le GIEC ne se prononce que sur la réalité de l’évolution du climat et ses causes. Il ne fait pas de politique et ne fait pas de propositions sur les activités à conserver et les activités à éliminer, à transformer ou à réduire.

    Les modes d’action de ce gouvernement rejoignent bien au contraire tout à fait les principes idéologiques des écolodécroissants:
    1) Ses ministres prétendent savoir, mieux que tous les habitants, quelles sont les activités essentielles et celles qui ne le sont pas.
    2) ils réfléchissent et décident avec ce qu’ils savent des sciences, et en général, même en ce qui concerne M. Macron c’est très peu de choses.

    La thèse de la finitude des ressources énergétiques n’est ni une vérité prouvée, ni une vision à long terme. C’est au pire un état transitoire jusqu’à ce que la fusion nucléaire soit maîtrisée ou jusqu’à ce que la physique retombe sur ses pieds et nous apprenne comment exploiter l’énergie de point zéro. C’est en réalité une doctrine qui vise à confisquer nos libertés pour étendre sans fin la sphère du pouvoir central au détriment de la sphère privée et éventuellement à supprimer la démocratie. Cette doctrine il faut la combattre sans répit et prouver un jour qu’elle est fausse.

    La réalité, c’est que les ressources de l’univers sont, en regard des besoins de l’humanité, infinies et qu’elles sont très probablement accessibles ici sur Terre. Face au défi que nous devons relever, il serait donc judicieux de décupler ou de centupler le financement de la recherche en physique au CNRS. On finirait bien par pouvoir former des physiciens et par parvenir à dépenser ce budget.

    Malheureusement le gouvernement et les écolos vociférants continuent à infantiliser la population et nous voient plutôt une truelle à la main en train d’isoler des murs. Mêmes si tous utilisent un Internet reposant depuis longtemps sur des technologies quantiques, ils ont tous ont un peu de mal à accepter que leur futur dépende de personnes dont ils ne comprendraient pas les travaux. Tous, vivent dans l’illusion qu’ils comprennent le monde actuel et en détiennent les clefs. Ils ont finalement tellement en commun que lorsque le Président annonce qu’il a viré écologiste, je le crois.

    Nous vivons dans un monde dominé par les intérêts pétroliers qui régissent l’économie. Leur vision, bien relayée par les décroissants et la caisse de résonnance que le gouvernement leur a offerte en créant la CCC, est une perpétuation de cette hégémonie dans un contexte de privations croissantes, jusqu’à ce que le contexte sécuritaire soit dégradé au point que le pouvoir soit confié aux corporations. Une grande partie du chemin a déjà été faite:

    – les big corpo sont riches, très riches, tandis que les états sont endettés, très endettés;
    – les gouvernements nous privent de nos libertés fondamentales de travailler pour pouvoir subvenir à nos besoin et ceux de nos familles, d’entreprendre et de se déplacer, et les activistes écolos construisent aussi sec un lien entre le virus et le changement climatique;
    – les uns réclament à cor et à cris la fin de la mondialisation pour préserver nos classes moyennes de pays riches, les autres tuent le tourisme et replongent dans la misère totale des milliards d’habitants de pays en voie de développement (parce que dans les crises, ce sont toujours les plus pauvres qui trinquent le plus);
    – les gouvernements sont incapables d’assurer la sécurité et font la promotion de la sécurité privée.

    Alors, oui, bien sûr, il faut éviter de gaspiller l’énergie en produisant des GES; oui, bien sûr, il faut réfléchir ses choix de vie pour réduire ses déplacements, et oui encore, beaucoup de gens n’en sont pas encore là dans leur mode de vie et il faut continuer de communiquer en ce sens. Mais se précipiter pour dépenser de grandes quantités d’argent et d’énergie à isoler des bâtiments n’a de sens que social, pour créer du travail pas complètement inutile, et environnemental si la période de transition est longue ou si nous acceptons la fin de la démocratie et la confiscation progressive de toutes nos libertés par les lobbies du pétrole.

    Et donc, ironiquement, en plaidant la rareté des ressources, les écolos sont le faux-nez des pétroliers.

    1. “La thèse de la finitude des ressources énergétiques n’est ni une vérité prouvée, ni une vision à long terme.”… A quelle échelle de temps le long terme ? Quelques années ou quelques millénaires ?
      “C’est au pire un état transitoire jusqu’à ce que la fusion nucléaire soit maîtrisée ou jusqu’à ce que la physique retombe sur ses pieds et nous apprenne comment exploiter l’énergie de point zéro.”… le point zéro de l’illumination ? La fusion nucléaire, c’est dans 50 ans. D’ici là, le monde aura largement cramé, et par le réchauffement, et par la déstabilisation géo-politique. Quant au point zéro….
      “La réalité, c’est que les ressources de l’univers sont, en regard des besoins de l’humanité, infinies et qu’elles sont très probablement accessibles ici sur Terre.” Affirmation péremptoire à l’échelle de nos connaissances et compétences scientifico-techniques. Tu devrais commencer par exploiter la foudre (quelle énergie gaspillée !), par exemple…qu’on rigole. Et quand je dis exploiter, c’est bien à l’échelle planétaire… pas dans un labo… trop facile.
      “Malheureusement le gouvernement et les écolos vociférants continuent à infantiliser la population et nous voient plutôt une truelle à la main en train d’isoler des murs”. La population est infantilisée depuis longtemps. Faut redescendre un peu les pieds sur terre. Elle n’a pas besoin des écolos. Et justement, au vu de cette population, il vaut mieux un peu d’humilité et de respect, et prendre la truelle, voire une bêche…
      “ils ont tous ont un peu de mal à accepter que leur futur dépende de personnes dont ils ne comprendraient pas les travaux.” Je suppose que tu te classes dans la deuxième partie…n’est-il pas ?
      “les gouvernements nous privent de nos libertés fondamentales de travailler pour pouvoir subvenir à nos besoin et ceux de nos familles, d’entreprendre et de se déplacer, et les activistes écolos construisent aussi sec un lien entre le virus et le changement climatique”. Typique de l’idéologiste aussi extrémiste que ceux qu’il dénonce….
      Le reste, comme dit Sébastien, est n’importe quoi, car malheureusement, la période de transition, avant d’être les maîtres du Monde, risque d’être longue (on n’a pas besoin d’une grande modélisation pour en être convaincu). Alors, isolons vite, et reprenons la pelle et la truelle, avec humilité, même quand on peut se targuer d’avoir quelques notions scientifiques d’ingénieur.

  5. Très formaté Schumpeter le Macron. La destruction créatrice. Continuer la croissance en transférant des compétences des secteurs d’activité en perte de vitesse sur celles d’innovation, du numérique qui pourrait sauver le monde…
    Ce qu’il n’a pas compris ou feint de ne pas comprendre, c’est effectivement la limite physique à la croissance infinie, les ordres de grandeurs (ENR vs Fossile,…) c’est aussi que le chacun doit contribuer (le chacun est responsable) est totalement injuste au regard des responsabilités des gens les plus riches dans l’empreinte globale des GES. Les causes les pus évidentes ne sont jamais clairement pointées au risque de remettre en cause ses propres amis. Par ailleurs, la duplicité du discours est décidement navrante (entre ce discours bien convenu qui prétend bien comprendre la réalité environnementale et les actes totalement contradictoires). Sa manière également d’infantiliser les français, les agriculteurs, les gens d’en bas vis à vis d’un Etat qui a imposé des choix, le Diesel, etc.. ce n’est pas l’Etat mais l’économie qu’il soutient qui impose un certain type de consommation, cf l’amortissement des recherches sur la motorisation diesel des années 80 90… Il y a beaucoup de com’, un côté très “j’ai compris les français” mais à la Sarkozy, on est sérieux nous, on a tout compris mais on ne peut pas gruger les français,…ils ne sont pas fous. Lui, en revanche, …si. Avec le risque de le revoir jusqu’à 2027 en effet. Merci pour cette analyse.

  6. Je me demande si le mot “droit” ne démontre pas que Macron n’a pas entièrement compris.

    Mais je pense effectivement que le problème n’est pas là. Macron s’est présenté en 2017 comme celui qui allait gouverner dans l’intérêt exclusif des milliardaires, en particulier français (qui l’ont d’ailleurs créé de toutes pièces). Il l’a dit presque aussi clairement que cela. Et les électeurs l’ont élu sur cette base. Il y avait d’autres candidats, ils ont été rejetés.
    Il applique donc son programme à la lettre, ou pas loin. On ne peut pas lui reprocher ça. Sa politique porte ses fruits (cf. l’évolution de la fortune des milliardaires en question depuis sa prise de fonction). Il fait donc très exactement ce que les électeurs attendent de lui. Ou en tout cas ce qu’ils ont affirmé attendre de lui. Je trouve étrange en démocratie de reprocher aux représentants d’appliquer le programme sur lequel ils ont été élus. Pour moi ses électeurs sont largement plus responsables que lui.
    Quel mandat aurait-il pour mener une politique écologiste ? Alors, oui, il pourrait organiser un referendum et il ne le fait pas, parce que ce ne serait pas dans l’intérêt de ceux qui l’ont porté consciemment et intelligemment au pouvoir.

    Il est évident que l’élection n’est pas complètement libre et que certaines personnes ont la possibilité de manipuler les plus fragiles et les plus stupides pour placer à peu près qui ils veulent à la tête de l’État, et elles ne s’en privent évidemment pas. Mais c’est justement le problème. Sur ce sujet-là comme sur bien d’autres (tous ?), le suffrage universel est un échec monumental.

    1. Il en va de même par exemple pour l’hôpital. Pendant plus de 20 ans les électeurs français ont majoritairement soutenu des politiques de démantèlement (le terme destruction serait même plus adapté) de l’hôpital public. Ces politiques ont été menées avec brio, il faut féliciter nos élus pour ce travail.
      Aujourd’hui les mêmes se plaignent de l’état catastrophique des hôpitaux. Mais de quel droit ? Comment peut-on faire preuve d’autant d’indignité ? Comment peut-on refuser à ce point d’assumer ses actes ?

    2. Le mandat du Président est un mandat représentatif, et non un mandat impératif (article 27 de la Constitution). Rien n’empêche le Président d’appliquer la politique qui lui sied.
      Par ailleurs, je ne pense pas que la majorité des votes du deuxième tour était issue d’une compréhension des objectifs de Macron tels que vous les présentez. Entre ceux qui ont cru en des vertus socialisantes du mouvement EM, et ceux qui ont rejeté MLP, il ne reste pas beaucoup de place pour les quelques qui avaient compris le but (non dissimulé c’est clair, mais pour des attentifs d’émissions qui n’ont rien à voir avec Kho Lanta) et qui y avaient un intérêt.
      Le problème de Macron est de se faire réélire : sur quels votes ? ceux souhaités par les financeurs de campagne (les milliardaires), ou ceux, de plus en plus importants, qui se rendent compte effectivement que le capitalisme n’est certainement pas la voie du futur dans un monde en feu. Il va falloir choisir, car le “en même temps” ne va pas tarder à faire grincer des dents (même ceux qui n’en ont pas).

Nouveau commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Sommaire
Auteur
Thomas Wagner
Prendra sa retraite quand le réchauffement climatique sera de l’histoire ancienne

Article 100% financé par ses lecteurs​

Bon Pote est 100% gratuit et sans pub. Nous soutenir, c’est aider à garder cet espace d’information libre pour tous.

11 Responses

  1. Ce qui est dommage avec les accords de Paris (ou très bien ?) c’est que quelle que soit votre situation actuelle, il faut diminuer de 4% par an les émissions de GES. Ironie du sort, la France est une très bonne élève, surtout grâce à sa part de nucléaire dans son mix énergétique.

    Je vais faire l’analogie de la classe de collège dont tous les élèves sont les signataires des accords de Paris.

    Pour bien comprendre ce que bon pote reproche à la politique française, c’est de ne pas faire mieux (-4%/an GES) alors qu’elle est déjà en tête de son groupe de classe. Pour rester la meilleure, il faut s’améliorer je suis tout à fait d’accord.

    Par contre, je n’irais pas lui taper sur les doigts, sachant que le ventre mou de la classe est très loin, derrière …

    PS :Par contre, je n’irais pas lui taper sur les doigts, sachant que le ventre mou de la classe est très loin, derrière …

  2. Merci beaucoup pour cette analyse et ce travail ! En écoutant le discours, je m’étais fait surprendre et votre article me permet de remettre de la perspective.

  3. Votre analyse pointe parfaitement la schizophrénie de M. Macron qui comme vous l’écrivez a surement conscience des problèmes mais pour qui la notion de sobriété est trop opposée à tout ce qu’il a soutenu jusqu’à aujourd’hui.
    Tout comme la famille française moyenne, on a expliqué à M. Macron depuis ses études et dans ses différents postes qu’il n’y a point de salut hors de la croissance. Et M. Macron a tout bien fait comme on lui a dit, en faisant des fusions-acquisitions, en signant des accords de libre-échange, et maintenant on vient lui dire qu’il n’a rien compris et qu’il faut qu’il change tout alors qu’il est arrivé aux plus hautes responsabilités avec un plan parfait pour transformer la France par l’innovation, la startup nation, qui va nous apporter de la croissance. M. Macron est exactement dans la même situation que la famille française moyenne qu’il décrit.
    Je reste agréablement surpris par certains points de cet interview qui semblent montrer une évolution, pas terminée (est ce que l’évolution se termine d’ailleur un jour?) , mais une évolution positive tout de même. Et il faut tout de même noter la récente annonce de mise en pause de l’accord Mercosur, sur la bases d’exigence environnementale. Ca me semble une très bonne nouvelle.
    Est ce que M. Macron pourrait accélerer sa mue pour que l’on voit du très concret?
    Il ne pourra c’est sur pas l’effectuer avec l’équipe gouvernementale actuelle.

  4. Si la figure politique d’une famille moyenne fictive est une grosse ficelle bien connue, cette critique du Président Macron n’est pas sérieuse. Le GIEC ne se prononce que sur la réalité de l’évolution du climat et ses causes. Il ne fait pas de politique et ne fait pas de propositions sur les activités à conserver et les activités à éliminer, à transformer ou à réduire.

    Les modes d’action de ce gouvernement rejoignent bien au contraire tout à fait les principes idéologiques des écolodécroissants:
    1) Ses ministres prétendent savoir, mieux que tous les habitants, quelles sont les activités essentielles et celles qui ne le sont pas.
    2) ils réfléchissent et décident avec ce qu’ils savent des sciences, et en général, même en ce qui concerne M. Macron c’est très peu de choses.

    La thèse de la finitude des ressources énergétiques n’est ni une vérité prouvée, ni une vision à long terme. C’est au pire un état transitoire jusqu’à ce que la fusion nucléaire soit maîtrisée ou jusqu’à ce que la physique retombe sur ses pieds et nous apprenne comment exploiter l’énergie de point zéro. C’est en réalité une doctrine qui vise à confisquer nos libertés pour étendre sans fin la sphère du pouvoir central au détriment de la sphère privée et éventuellement à supprimer la démocratie. Cette doctrine il faut la combattre sans répit et prouver un jour qu’elle est fausse.

    La réalité, c’est que les ressources de l’univers sont, en regard des besoins de l’humanité, infinies et qu’elles sont très probablement accessibles ici sur Terre. Face au défi que nous devons relever, il serait donc judicieux de décupler ou de centupler le financement de la recherche en physique au CNRS. On finirait bien par pouvoir former des physiciens et par parvenir à dépenser ce budget.

    Malheureusement le gouvernement et les écolos vociférants continuent à infantiliser la population et nous voient plutôt une truelle à la main en train d’isoler des murs. Mêmes si tous utilisent un Internet reposant depuis longtemps sur des technologies quantiques, ils ont tous ont un peu de mal à accepter que leur futur dépende de personnes dont ils ne comprendraient pas les travaux. Tous, vivent dans l’illusion qu’ils comprennent le monde actuel et en détiennent les clefs. Ils ont finalement tellement en commun que lorsque le Président annonce qu’il a viré écologiste, je le crois.

    Nous vivons dans un monde dominé par les intérêts pétroliers qui régissent l’économie. Leur vision, bien relayée par les décroissants et la caisse de résonnance que le gouvernement leur a offerte en créant la CCC, est une perpétuation de cette hégémonie dans un contexte de privations croissantes, jusqu’à ce que le contexte sécuritaire soit dégradé au point que le pouvoir soit confié aux corporations. Une grande partie du chemin a déjà été faite:

    – les big corpo sont riches, très riches, tandis que les états sont endettés, très endettés;
    – les gouvernements nous privent de nos libertés fondamentales de travailler pour pouvoir subvenir à nos besoin et ceux de nos familles, d’entreprendre et de se déplacer, et les activistes écolos construisent aussi sec un lien entre le virus et le changement climatique;
    – les uns réclament à cor et à cris la fin de la mondialisation pour préserver nos classes moyennes de pays riches, les autres tuent le tourisme et replongent dans la misère totale des milliards d’habitants de pays en voie de développement (parce que dans les crises, ce sont toujours les plus pauvres qui trinquent le plus);
    – les gouvernements sont incapables d’assurer la sécurité et font la promotion de la sécurité privée.

    Alors, oui, bien sûr, il faut éviter de gaspiller l’énergie en produisant des GES; oui, bien sûr, il faut réfléchir ses choix de vie pour réduire ses déplacements, et oui encore, beaucoup de gens n’en sont pas encore là dans leur mode de vie et il faut continuer de communiquer en ce sens. Mais se précipiter pour dépenser de grandes quantités d’argent et d’énergie à isoler des bâtiments n’a de sens que social, pour créer du travail pas complètement inutile, et environnemental si la période de transition est longue ou si nous acceptons la fin de la démocratie et la confiscation progressive de toutes nos libertés par les lobbies du pétrole.

    Et donc, ironiquement, en plaidant la rareté des ressources, les écolos sont le faux-nez des pétroliers.

    1. “La thèse de la finitude des ressources énergétiques n’est ni une vérité prouvée, ni une vision à long terme.”… A quelle échelle de temps le long terme ? Quelques années ou quelques millénaires ?
      “C’est au pire un état transitoire jusqu’à ce que la fusion nucléaire soit maîtrisée ou jusqu’à ce que la physique retombe sur ses pieds et nous apprenne comment exploiter l’énergie de point zéro.”… le point zéro de l’illumination ? La fusion nucléaire, c’est dans 50 ans. D’ici là, le monde aura largement cramé, et par le réchauffement, et par la déstabilisation géo-politique. Quant au point zéro….
      “La réalité, c’est que les ressources de l’univers sont, en regard des besoins de l’humanité, infinies et qu’elles sont très probablement accessibles ici sur Terre.” Affirmation péremptoire à l’échelle de nos connaissances et compétences scientifico-techniques. Tu devrais commencer par exploiter la foudre (quelle énergie gaspillée !), par exemple…qu’on rigole. Et quand je dis exploiter, c’est bien à l’échelle planétaire… pas dans un labo… trop facile.
      “Malheureusement le gouvernement et les écolos vociférants continuent à infantiliser la population et nous voient plutôt une truelle à la main en train d’isoler des murs”. La population est infantilisée depuis longtemps. Faut redescendre un peu les pieds sur terre. Elle n’a pas besoin des écolos. Et justement, au vu de cette population, il vaut mieux un peu d’humilité et de respect, et prendre la truelle, voire une bêche…
      “ils ont tous ont un peu de mal à accepter que leur futur dépende de personnes dont ils ne comprendraient pas les travaux.” Je suppose que tu te classes dans la deuxième partie…n’est-il pas ?
      “les gouvernements nous privent de nos libertés fondamentales de travailler pour pouvoir subvenir à nos besoin et ceux de nos familles, d’entreprendre et de se déplacer, et les activistes écolos construisent aussi sec un lien entre le virus et le changement climatique”. Typique de l’idéologiste aussi extrémiste que ceux qu’il dénonce….
      Le reste, comme dit Sébastien, est n’importe quoi, car malheureusement, la période de transition, avant d’être les maîtres du Monde, risque d’être longue (on n’a pas besoin d’une grande modélisation pour en être convaincu). Alors, isolons vite, et reprenons la pelle et la truelle, avec humilité, même quand on peut se targuer d’avoir quelques notions scientifiques d’ingénieur.

  5. Très formaté Schumpeter le Macron. La destruction créatrice. Continuer la croissance en transférant des compétences des secteurs d’activité en perte de vitesse sur celles d’innovation, du numérique qui pourrait sauver le monde…
    Ce qu’il n’a pas compris ou feint de ne pas comprendre, c’est effectivement la limite physique à la croissance infinie, les ordres de grandeurs (ENR vs Fossile,…) c’est aussi que le chacun doit contribuer (le chacun est responsable) est totalement injuste au regard des responsabilités des gens les plus riches dans l’empreinte globale des GES. Les causes les pus évidentes ne sont jamais clairement pointées au risque de remettre en cause ses propres amis. Par ailleurs, la duplicité du discours est décidement navrante (entre ce discours bien convenu qui prétend bien comprendre la réalité environnementale et les actes totalement contradictoires). Sa manière également d’infantiliser les français, les agriculteurs, les gens d’en bas vis à vis d’un Etat qui a imposé des choix, le Diesel, etc.. ce n’est pas l’Etat mais l’économie qu’il soutient qui impose un certain type de consommation, cf l’amortissement des recherches sur la motorisation diesel des années 80 90… Il y a beaucoup de com’, un côté très “j’ai compris les français” mais à la Sarkozy, on est sérieux nous, on a tout compris mais on ne peut pas gruger les français,…ils ne sont pas fous. Lui, en revanche, …si. Avec le risque de le revoir jusqu’à 2027 en effet. Merci pour cette analyse.

  6. Je me demande si le mot “droit” ne démontre pas que Macron n’a pas entièrement compris.

    Mais je pense effectivement que le problème n’est pas là. Macron s’est présenté en 2017 comme celui qui allait gouverner dans l’intérêt exclusif des milliardaires, en particulier français (qui l’ont d’ailleurs créé de toutes pièces). Il l’a dit presque aussi clairement que cela. Et les électeurs l’ont élu sur cette base. Il y avait d’autres candidats, ils ont été rejetés.
    Il applique donc son programme à la lettre, ou pas loin. On ne peut pas lui reprocher ça. Sa politique porte ses fruits (cf. l’évolution de la fortune des milliardaires en question depuis sa prise de fonction). Il fait donc très exactement ce que les électeurs attendent de lui. Ou en tout cas ce qu’ils ont affirmé attendre de lui. Je trouve étrange en démocratie de reprocher aux représentants d’appliquer le programme sur lequel ils ont été élus. Pour moi ses électeurs sont largement plus responsables que lui.
    Quel mandat aurait-il pour mener une politique écologiste ? Alors, oui, il pourrait organiser un referendum et il ne le fait pas, parce que ce ne serait pas dans l’intérêt de ceux qui l’ont porté consciemment et intelligemment au pouvoir.

    Il est évident que l’élection n’est pas complètement libre et que certaines personnes ont la possibilité de manipuler les plus fragiles et les plus stupides pour placer à peu près qui ils veulent à la tête de l’État, et elles ne s’en privent évidemment pas. Mais c’est justement le problème. Sur ce sujet-là comme sur bien d’autres (tous ?), le suffrage universel est un échec monumental.

    1. Il en va de même par exemple pour l’hôpital. Pendant plus de 20 ans les électeurs français ont majoritairement soutenu des politiques de démantèlement (le terme destruction serait même plus adapté) de l’hôpital public. Ces politiques ont été menées avec brio, il faut féliciter nos élus pour ce travail.
      Aujourd’hui les mêmes se plaignent de l’état catastrophique des hôpitaux. Mais de quel droit ? Comment peut-on faire preuve d’autant d’indignité ? Comment peut-on refuser à ce point d’assumer ses actes ?

    2. Le mandat du Président est un mandat représentatif, et non un mandat impératif (article 27 de la Constitution). Rien n’empêche le Président d’appliquer la politique qui lui sied.
      Par ailleurs, je ne pense pas que la majorité des votes du deuxième tour était issue d’une compréhension des objectifs de Macron tels que vous les présentez. Entre ceux qui ont cru en des vertus socialisantes du mouvement EM, et ceux qui ont rejeté MLP, il ne reste pas beaucoup de place pour les quelques qui avaient compris le but (non dissimulé c’est clair, mais pour des attentifs d’émissions qui n’ont rien à voir avec Kho Lanta) et qui y avaient un intérêt.
      Le problème de Macron est de se faire réélire : sur quels votes ? ceux souhaités par les financeurs de campagne (les milliardaires), ou ceux, de plus en plus importants, qui se rendent compte effectivement que le capitalisme n’est certainement pas la voie du futur dans un monde en feu. Il va falloir choisir, car le “en même temps” ne va pas tarder à faire grincer des dents (même ceux qui n’en ont pas).

Nouveau commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

PARCOURS THÉMATIQUE

Pour une presse qui brave demain, votre soutien compte aujourd'hui.

Bon Pote repose entièrement sur le soutien de ses lecteurs en tant que média indépendant. Chaque jour, notre équipe s’efforce d’offrir un contenu précis, de haute qualité, et accessible à tous, afin d’éclairer les enjeux majeurs de notre futur.

À lire également